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Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Lun 2 Nov 2020 - 17:45
Advienne que pourra
EXORDIUM.
Les pas s’enchainaient, l’un devant l’autre, le balancement de la jambe était gracieux, le jeté du bout du pied pareil à celui d’une danseuse, bien qu’engoncé dans des escarpins de cuir sombre ouvragés plutôt qu’un chausson de soie rose. Quand elle parvenait près de l’un des murs, elle faisait volte face, reprenait sa route dans l’autre sens, inlassablement, elle ne se faisait la vigile pourtant que de ses propres impatiences, du temps qui s’égrainait avec une lenteur sadique, alors que le clocher venait tout juste de sonner la huitième heure de l’après-midi. Elle n’avait aucune idée de si Evan avait pu lire la courte missive collante qu’elle avait laissé à son intention le matin même, n’ayant reçu qu’un lapidaire « I’ll be there » suite à sa demande initiale, la seconde lui indiquant une heure pour ne pas être prise en défaut : il n’avait peut être pas reçu celle-ci, peut être était-il venu plus tôt, trop tôt (fichus britanniques, avec leur habitude de diner à l’heure du goûter), l’avait attendu de longues minutes avant de rentrer chez lui, agacé de s’être fait poser un lapin et … non, ce n’était pas plausible, encore moins probable, le sorcier vivait dans son époque, il aurait fini par lui envoyer un texto, comme tout le monde. Il allait finir par arriver, il n’était probablement pas très loin, elle finirait par entendre l’écho de son pas dans le couloir désert, à cette heure : l’hiver approchant à grands pas, les étudiants se faisaient de plus en plus rares entre les murs en dehors des heures de cours, préférant le confort de leurs salles communes ou des bars alentours. Elle-même ne se séparait presque plus de ses écharpes et de ses bonnets quand elle mettait le nez dehors, s’enveloppait dans des manteaux immenses et hors de prix comme ne le font que les New Yorkaises pur jus. La salle de duel, en revanche, était toujours surchauffée, ce qui expliquait pourquoi elle s’était débarrassée de ses différentes couches de vêtements pour ne garder que sa blouse couleur de crème et son pantalon enduit sombre. Après tout, on ne pouvait pas décemment se battre en mouffles. Son regard passa de la grande porte close à l’une des fenêtres hautes, où s’engouffrait parfois une bourrasque de vent, elle sourit à demi : c’est vrai qu’il aurait bien pu arriver par là, aussi. Il en était bien capable, en plus. Il était huit heures passé de cinq minutes à présent, et elle avait l’estomac noué.
Elle en était à son quinzième aller-retour quand un mauvais frisson lui parcourut l’échine, la persuadant presque de renoncer à son entreprise : Elle prenait des risques, trop de risques. Si cela se savait, Death allait la faire passer de vie à trépas, sans passage par la case trentenaire : à l’instar de quelques célébrités moldues et sorcières, elle ferait partie du club des 27 auprès d’Hendrix, Joplin, Cobain et Morrison, le talent musical en moins. Elle mordait l’ongle de son pouce à intervalle régulier alors que la tempête sous son crâne n’en finissait pas d’enfler, s’agitant dans la moindre de ses terminaisons nerveuses : pour la première fois depuis bien, bien longtemps, Alice était fébrile, agitée. Cela se voyait dans ses prunelles assombries comme les eaux d’un loch souffrant les assauts du vent, les iris houleuses, cela se sentait dans sa nuque raide, dans ses gestes qu’elle tâchait d’économiser et pourtant, elle n’était plus très loin de faire une tranchée dans le sol à force de piétiner. Pour tout dire, elle n’était même pas convaincue de faire ce qui était le mieux, sa décision n’était que le fruit de tergiversations intérieures qu’elle n’avait pu partager avec personnes, agglomérat de conseils, de promesses, d’interprétations et de ressentis formant cette espèce de conviction intime qu’il fallait qu’elle le fasse. Qu’il n’y avait plus d’autres cartes dans son jeu qui vaille la peine d’être abattue tant qu’elle ne se serait pas défaussée de celle-là, et pourtant… Pourtant non, elle n’était pas à son aise. Elle jouait un va-tout dont elle ignorait l’ampleur de son impact sur la partie, se sentait comme ces oiseaux qui se présentent devant le vide pour la première fois.
- Will you stop being such a coward, Alice Hangbé, for Merlin sake …
Elle se houspillait comme l’aurait surement fait sa mère, entre ses dents serrées, elle qu’elle évitait soigneusement dernièrement, même pas la pensée. Elle était une Hangbé, elle avait ses raisons, elle n’avait rien à craindre. Personne. Elle inspira profondément, bloquant l’air dans sa poitrine un instant avant de le souffler par la bouche, juste à temps pour pouvoir s’appuyer contre le bureau presque tranquillement, alors que la grande silhouette de son fiancé entrait *enfin* dans son champ de vision. Un sourire fêla ses lèvres closes, malgré le regard troublé.
- Hi there.
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Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Mar 3 Nov 2020 - 19:35
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(tenue) Les lambeaux de la tristesse collés à sa peau toute la semaine, l’auror en devenir était incapable de chasser de son esprit les images de son frère en larmes devant la tombe de Morgane. Vêtu de noir, le cadet portait le deuil comme un drapeau au poids multiplié par la pression du regard paternel sur @Nathaniel Wakefield et lui pendant que les mots cérémoniels avaient été prononcés. Déjà, le Directeur devait songer à remarier le nouveau président du Maggenmagot – même en second mariage, leur nom avait un poids, et Devon Wakefield trouverait certainement un nouveau parti à attacher au clan écossais s’il le souhaitait. Quel politicien savait dire « assez » lorsqu’il s’agissait d’alliances et d’influence? Evan avait tenté de ne pas y penser, de ne pas s’attacher aux conséquences immédiates d’un remariage de la part de Nathaniel. Le musicien se haïssait de même envisager la question – qui avait trouvé le moyen de se frayer un chemin dans ses pensées récurrentes. Le fils aîné, le fils parfait, le fils que son père avait toujours voulu, disponible à nouveau, pour être remarié s’il le fallait, donner son sang et son nom à des héritiers. Your brother’s wife had another miscarriage. It was their last try. Coupable d’y songer, alors même que la vipère étrangère avait su se transmuter en alliée saurienne – avait-il seulement le droit de le faire? Serait-ce si terrible, alors, désormais presque libre du poids de la culpabilité clanique, d’admettre à voix haute l’aveu qui lui brûlait les lèvres sans pouvoir les franchir? (i want this. i want you.)
À trop vouloir se préserver, le Calédonien s’était entremêlé entre les fils de la tapisserie qu’ils tissaient à deux, bien malgré lui. Le lien aux teints de sable, le premier, dont les fibres s’étaient immiscées sous leurs vêtements, entre leurs regards, deux étrangers sur les toits de l’ancien joyau andalou. Les promesses que les yeux s’étaient lancés avant d’en rendre leurs sens débiteurs, leurs bouches exécutantes. Les doigts s’y étaient glissés, tissant dans la cordelette devenue mirabelle un nœud coulant où y piéger le plus volage des rossignols. ((la joie de la revoir, la surprise inespérée couronnée du doute instantané, et son sourire reptilien.)) Les soies violettes les avaient entourés, leurs liens entaillant leurs peaux alors même qu’on les attachait à deux. Ligotés de bordeaux, obligés de céder à la passivité de ces couleurs froides qu’un incendie avait su réchauffer. (( voir en elle autre chose qu’un vipérin parasite, sa crinière devenue couronne héraldique de son ancienne maison )) et toujours, en sous-ton qui ne se dissimulait pas entièrement mais qui n’avait su disparaitre, le carmin dégoulinant de la première nuit – dont les fibres se tissaient désormais de vermeil.
(( You’re prepared to make the bet it won’t be like last time?
I’m staking my legacy on it. ))
Pouvait-il se réfugier derrière l’honneur, les promesses, la parole qu’on donne, alors, plutôt que d’admettre la pensée brûlante? Le souvenir de la jeune femme, protectrice et habile sous les regards des corneilles du cimetière, dirigeant son aisance sociale naturelle vers l’endiguement des visiteurs, séparant les intrigants des âmes sincères pour que les frères puissent être épargnés. Son sourire, les mains enlacées autour de sa balançoire, le reflet dans ses iris aigue-marine lorsque, un an plus tard, leurs intentions mutuelles s’étaient faites jumelles, dansant au font de leurs regards – promettant la fin entendue sans mots, uniquement indécises sur le moment. Pouvait-il nier tout cela, se protéger du bouclier du devoir? Le souhaitait-il seulement? La petite note d’Alice entre les doigts, Evan avait répondu par un simple I’ll be there, sans connaître le moment attendu : tant pis, il reviendrait quelques fois, s’il le fallait, traçant de ses pas les deux étages séparant la salle des duels de la salle de dcfm.
La mine fatiguée et lasse, mais sur ses gardes, l’Écossais pénétra dans leur antre partagé. Il savait Alice attentionnée, aussi était-ce peut-être une surprise de nature à lui remonter le moral, mais connaissant le caractère joueur de la jeune femme, son regard balaya instinctivement les alentours dès son arrivée. Désert, mis à part une petite silhouette dont les talons claquaient sur le sol, énergie statique craquelant presque autour d’elle. « Hi there. » Il sourit en réponse au sien, visage sombre éclairée d’une légère bonne mine qui ne suffisait pas à chasser les ombres creusées sous ses yeux. Cadeau de nuits agitées récentes, de souvenirs de deuil personnel mêlés à la douleur ressentie pour Nathaniel. « Hiya lass. » Evan s’approcha d’elle, le regard sérieux. « Is everything alright? » Son regard balaya la sorcière, tentant de voir les soucis sur les lignes de ses traits, sans pouvoir leur donner forme. En des circonstances moins tendues, moins officiellement cadrées, peut-être aurait-il effleuré sa joue des lèvres, mais la statique imprégnant la pièce le figea dans ses mouvements. Patiemment, il attendit que l’Américaine choisisse de lui révéler les motifs de ce rendez-vous improvisé.
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Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Mer 4 Nov 2020 - 9:22
Advienne que pourra
EXORDIUM.
Longtemps, elle avait hésité à griffonner ces quelques mots sur le papier, avait tourné le problème dans tous les sens, raturé, effacé, repris, soupiré de ne pas trouver le ton juste, la phrase percutante, celle qui en dirait suffisamment, sans trop dévoiler, avant de se rendre à l’évidence qu’une pauvre note de coin de table ne suffirait pas à traduire cette situation inconfortable dans laquelle, elle ne pouvait en convenir, elle s’était vautrée toute seule, comme une grande : après tout, ce qu’elle s’apprêtait à faire n’était le fruit que de sa propre initiative (Vraiment?) . Vrai qu’après tout, elle n’avait pas été mise à jour, contrainte et forcée, au pied du mur, et pourtant… A force d’enfouir les choses, comme on le lui avait toujours appris ( les secrets, les paroles, les sentiments), elles font ce que font tous les organismes vivants que l’on enterre (et qu’y a t’il de plus vivant qu’un coeur qui se serre, que des doigts qui se lient?) : elles finissent par germer, et les racines d’abord superficielles, puis profondes s’étaient enfoncées, ancrées dans son coeur, pour faire s’épanouir quelques décisions orientées dans sa tête, timidement, mais elles étaient bien là. Après l’hiver affamé et implacable des émotions, le printemps des palpitants amenait l’espoir qu’on le veuille ou non même si celui-ci intervenait après le solstice d’automne.
Evan n’avait pas bonne mine, ce n’était pas bien dur à remarquer : si cette rencontre n’avait pas son but, son objectif, sans doute l’aurait-elle pris par le bras et entraîné dans l’ancienne volière vidée de ses nymphettes, pour lui proposer une pause méritée, enveloppé dans la musique à la texture organique de leur vieux gramophone. Il y aurait surement eu de l’alcool, peut-être même l’aurait-elle allongé d’autorité sur ses genoux pour glisser ses doigts experts contre son crâne, sans mot superflu, vérité indéniable de ces corps qui se comprenaient tellement mieux que leurs esprits rebelles à la moindre coercition. Alice battit des cils, chassant les scénarios les plus tentants, ceux qui lui évitaient d’aller jusqu’au bout ( j’ai pensé que tu méritais un peu de détente, à défaut de la vérité). Elle aurait voulu chasser la tension qui nouait ses muscles et voilait la lumière de son regard, alors que sa voix émergeait du fond de sa gorge, diaphragme noué qui la rendait sensiblement plus rauque qu’à l’ordinaire.
- Everything’s fine … I guess. You’ll tell me.
Il fallait qu’elle en finisse vite, elle finirait pas se dégonfler, sinon, et elle se détesterait pour ça. Son regard descendit le long du corps du sorcier, jusqu’à ses mains un peu abîmées, dont elle effleura le dos du bout des doigts sans relever les yeux tout de suite, mouvement rare chez la saurienne aux attitudes d’ordinaire si fières.
- I’ve been thinking about a lot of things, lately. Talked to few people too and … You talked about trust, that night, in London. The fact that you wanted to be able to have faith in me. I don’t know if it’s the proper expression. I’m not really a believer but… Anyway. I’ve been thinking, a lot. You’ve been through rough times lately, and I suppose this is my way to ...Take a step forward.
De sa main gauche (frémissante?) elle attira à elle un dossier, un bête dossier à la couverture de cuir sombre grainé, d’excellente facture. Il n’y avait aucune annotation sur celle-ci, mais Alice la connaissait absolument pas coeur, et pour cause, elle avait pu passer des heures, des jours à compulser son contenu jusqu’à s’en imprégner presque intimement. Elle avait appris le moindre des détails, les listes, les dates, les analyses et les prédictions, pour mieux se cogner contre le mur des réalités et des contradictions de l’âme humaine. Elle l’avait rêvé, fantasmé des jours durant à travers le papier glacé, ses photos mouvantes où il regardait de biais, ou un peu en dessous, celles où il se tenait si droit, presque raide, auprès de son père et de son frère qu’elle avait vu s’effondrer dix jours plus tôt. Il y avait là sa biographie informelle, celle de ce père qui ne connaît qu’une facette parmi tant d’autre, mais aussi celle contée par les informateurs de ce grand frère brillant qui, pour protéger sa sœur, était parti puiser les données dans les sources les plus sombres, les plus secrètes, révélant quelques secrets moins reluisants, des non-dits effacés de la version officielle made in Wakefield. De tout cela, Alice avait monté son grand spectacle, cette rencontre volontairement fortuite, qui lui avait pris tant de temps et d’énergie. Aujourd’hui, elle rendait à Evan ce qui lui appartenait, ce qu’il lui avait reproché depuis le premier jour, son coup d’avance, sa grille de lecture. Elle ne savait comment il allait réagir, mais le passage de l’objet de ses mains aux siennes étreignit sa gorge, avant de la libérer brusquement, dans une sensation d’étrange soulagement (faire les choses bien, pour une fois?).
- The first time you saw me, I wore a white dress in Cordou. The first time I saw you, You wore your emerald green tie, in New-York. First I though my parents had lost their minds. I understood way later.
Elle lâcha le dossier ouvert sur cette première photo agrafée à un document introductif rappelant le pedigree du Calédonien, reculant d’un pas pour se tenir contre le bureau, les bras croisés contre sa poitrine, reflexe protecteur malgré elle qui ne savait pas à quoi s’attendre, ensuite.
- It’s yours now. You can read it, burn it or whatever. It’s on you.
Drôle d’image que de voir le Wakefield tenir entre ses mains l’artefact qui avait accompagné Alice pendant de longs mois. D’une certaine manière, elle avait l’impression de lui abandonné une petite part d’elle-même, alors que les papiers ne parlaient jamais que de lui. Pourtant, Evan pourrait chercher, il n’y avait pas la moindre once de regret dans le regard de l’américaine, moins fière-à-bras qu’à l’habitude, mais certainement pas contrite. Elle attendait, simplement, contrôlant le moindre de ses gestes nerveux, attendant le déluge. Et après, quoi ?
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Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Mer 4 Nov 2020 - 22:15
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(tenue) Lentement, il entra dans son orbite, le regard sérieux, tentant de deviner sur elle les soucis. « Is everything alright? », demanda-t-il, sincèrement curieux (inquiet), la balayant des yeux avec la douceur d’une caresse. « Everything’s fine … I guess. You’ll tell me. » L’ouïe du musicien attrapa au vol les variations dans sa voix, le filet rauque grattant l’air alors qu’il s’en faisait d’ordinaire le velours. Patiemment, il approcha davantage, lui laissant l’espace dans le silence qu’il ne lui accordait pas physiquement. L’espoir que la proximité puisse rassurer (et les gardes rapprochées), et accueillit le contact timide sans l’encourager, sans rechigner, comme s’il s’évertuait à ne pas effaroucher un oiseau. La mention de la confiance lui hérissa la nuque – Merlin, what are you trying to tell me? Le Calédonien ne la lâchait pas du regard, et fixa d’un air interdit le dossier qu’elle garda d’abord contre elle. Dans l’air, les vibrations de sa voix se faisaient nerveuses, les inspirations plus saccadées, légères, comme une nageuse olympique cherchant à trouver le souffle pour toucher au but. « The first time I saw you, You wore your emerald green tie, in New-York. » Le visage traverse d’incompréhension, il la fixait, les sourcils froncés. « what are y – oh. » Son propre sourire de gredin lui était renvoyé en plein cœur du dossier ouvert, posé à plat sur le bureau. Silencieux, il en approcha. Evan Leith Wakefield. Born August 13th, 1987. Second son of Devon and Liese (born Hansberry) Wakefield. Brother of Nathaniel Wakefield. Son nom y trônait, tout près de la première photographie.
« It’s yours now. You can read it, burn it or whatever. It’s on you. » Ses doigts s’y glissèrent, parcourant les feuillets qui avaient tenté de le contenir là où personne d’autre n’y arrivait – même cette version bidimensionnelle semblait vouloir sauter hors de la page pour mieux ironiser, se matérialiser près de son lecteur, s’appuyer sur son épaule et faire mine de lire les lignes d’un air caricaturalement sérieux et intéressé. Oh aren’t we dealing with a charming rebel? I tell you lass, he looks like a dandy, and a good-looking one. Bag him while you can. L’homme de chair et d’os ne souriait pas, lui. « Stubborn, impulsive, seductive. Doesn’t like plans, may be pushed into any endeavour if turned into a spontaneous-looking adventure », lut-il à voix haute. Envoyer leur fille en mission de reconnaissance pas tout à fait honnête était une chose - mais ainsi? Y avait-il eu quoi que ce soit de sincère, dans leur première rencontre? Avait-il été charmé par elle, ou par l'image créée en miroir dressé face à ce qu'Alice avait perçu de lui à travers ce dossier? Simplicité désarmante, et pourtant, les éléments étaient cochés comme une vulgaire liste. Music. Beautiful and seductive woman. An adventure in the streets of an unknown city. Climbing on rooftops. Drinking sangria. Dancing. Taking you home. Was any of it real? Ses iris troubles courent le long des pages, n’absorbant que le quart des informations. On y trouvait des listes d’anciennes amantes, des conquêtes, des qualificatifs dont certains l’épinglaient avec une telle précision qu’il en rougirait. D’autres, désespérément périmés, décrivaient avec habileté le cadet à l’époque de ses premières fiançailles, le jeune adulte rebelle qu’on avait trop tenté de faire marcher au pas avant qu’il ne dévore sa bride, et ne morde la main qui la tenait. D’autres traçaient des traits imprécis en reliant des points qui, eux, l’étaient pourtant : « golden boy type. Will turn anything into a charade if given the chance ». Les repères étaient là, mais le chemin était désespérément faux. Evan s’était éloigné d’Alice, oubliant un instant son existence, presque. Fasciné par ce pantin qu’il l’imaginait coudre de ces informations glanées, tantôt véridiques, tantôt désespérément menteuses. Il avait son visage – presque. Les angles de la mâchoire étaient plus prononcés, la séduction dans le regard plus appuyée, la bonté fondamentale supplantée par les rires superficiels.
La carapace lumineuse, disparue, absente du portrait, l’essence éclatante de l’homme transmutée par une cruelle alchimie en frivolité sur laquelle le dossier ne semblait pas vouloir s’attarder. Les malheurs étaient dispersés en une liste d’aléas de fortune aussi courte que poignante. Pas un mot, pas une note, sur ce qu'il en avait fait - un être qui aurait dû se complaire d'intrigues et de malice tout sauf teintée de gentillesse, qui aurait pu s'enfermer dans le silence, le deuil, les ombres. Un être qui choisissait de partager l'éclat, plutôt que de creuser des ombres. Décès de la mère. Décès de l’épouse. Forme du patronus, intimement liée à la première rencontre de la mort. Rien, presque, sur ces années égarées dans le monde moldu, outre quelques coupures de journaux, dont celle qui portait sur son accession au rang de soliste. « le musicien semble presque s'ennuyer, ponctuant ses gestes de fioritures extravagantes. (...) Au moment de son solo, le musicien se montre complice de la salle, décochant des regards malicieux alors même qu'il fait preuve de son génie. » La comptabilité méthodique de ses occupations depuis son retour universitaire : assistant de musique, membre du club de duels aspirant à en devenir le président l’année suivante, reprise du parcours académique anticipé pour septembre 2019. Des amitiés imposantes, le nom encerclé par deux fois de la directrice des Grymm, que le Calédonien avait le privilège de tutoyer. Parcelles d’idées, fragments de vie, et toujours, le pantin de son(s) creux.
« Collects extravagant neckties. How convenient, for gifts. » Une pensée fugace vers la cravate offerte pour le mariage Blackthorn – pour qu’ils puissent être agencés, toujours, comme les parfaits fiancés qu’ils étaient. Encore, il avait cru pouvoir être libre de ses mouvements. You fool. How many times will you fall for it? S’il était un oiseau en cage (et quelle superbe volière), le rossignol avait entretenu l’espoir naïf de pouvoir trouver un terrain d’entente auprès d’Alice, d’apprendre à la connaître malgré les obstacles initiaux de sa malice, et de sa fierté. (les combinaisons interchangeables) Encore, on lui rappelait qu’il n’était pas digne de confiance. Even purebred stallions get bridled. Et pourtant, il avait espéré davantage – mieux, pour elle, pour lui. (i want this. I want you.) Cette révélation suffirait-elle à l’ébranler?
« What a splendid puppet show I’ve been starring in … » murmura le musicien sans quitter le dossier du regard, ses doigts remarquant à peine leur poids physique pour mieux apprécier celui de leur implication relationnelle – la vipère avait eu tant de clefs pour faire baisser le pont-levis de la forteresse de son fiancé. Levant enfin les yeux, il l’observa en silence, admirant sa façon éhontée de le fixer sans l’ombre d’un remords au fond des prunelles. Aigue-marine charmante, bouche joueuse, regard pragmatique qui ne semblait qu’attendre, qu’attendre, que se languir de … quoi, exactement? Sa voix fendit l’air, rauque d’amertume. « Did you ever think of me … “not as a character, or an abstraction”? », demanda-t-il, écho d’un moment où leurs consciences s’étaient pourtant rejointes avec intimité, par le partage de choses simples dans une relation presque condamnée d’avance par sa complexité. « As a person. » Gardant une distance prudente pour éviter d’être hypnotisé par un quelconque artifice de la sorcière, Evan fronça les sourcils. « Why now? Are there any other surprises you’re keeping hidden, waiting for – what were you waiting for? » Prudemment, son coeur s'était laissé aller à avancer vers elle, un peu, faisant taire sa méfiance initiale justifiée des origines fourbes de leurs fiançailles. Une main solidement posée sur la bride de son myocarde, le fiancé s’était laissé aller à rechercher sa compagnie, à lui laisser des notes inutiles, comme ça, pour se rappeler à sa conscience les jours où ils ne se croisaient pas. What a wicked game to play, to make me feel this way.
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Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Jeu 5 Nov 2020 - 10:20
Advienne que pourra
EXORDIUM.
Sans mot dire d’abord, elle laissa Evan se saisir de l’objet de délit, l’origine de leur monde commun, sous son cuir d’animal aux dents sadiques (coupures de papier, douleur vive et imprévisible). Il avait reculé d’un pas, puis de deux, errant au hasard des lignes concises et des envolées lyriques, fronçant parfois les sourcils, à la manière d’un relecteur exigeant (principal intéressé de cette biographie déplacée). Il marmonnait parfois des extraits, dont Alice ne pouvait que reconnaître qu’elle était capable d’en finir les phrases, reconnaissant même les citations surlignées en couleurs, moyen mnémotechnique scolaire. Elle déglutissait lentement, et le temps semblait s’étirer comme un élastique, prêt à claquer à tout moment, que cela s’accèlere, qu’elle perde tout à fait le contrôle. Ce contrôle qu’elle avait en obsession, toujours, à chaque instant … Jusqu’à Lui. Elle avait essayé pourtant, échoué lamentablement. Et puis il releva la tête, elle fit de même, puisque c’était son regard qu’il cherchait du sien, prunelles inquisitrices, le marteau de la justice prêt à s’abattre, la condamnant avant même qu’elle n’eut temps de plaider. La reprise de ses propres mots, quelques semaines plus tôt, lui tira un rictus sans joie. Sans véhémence non plus. Evan était fatigué, et elle se sentait lasse, depuis un moment, de ce pas de deux qui ne les menait plus à rien. (on a le même tempo mais pas le même pattern.)
- Not at the very beginning. I needed time and personnal efforts to do so.
C’était un fait, elle n’allait pas le nier longtemps : en dehors de la stricte sphère familiale et d’une garde très, très rapprochée, elle avait été éduquée ainsi, et cela lui avait servi bien des fois. People were a mean to an end, parfois agréables, charmants, mais toujours, toujours utiles. Pour son plaisir charnel. Pour les intérêts familiaux. Pour briller en société. (ça c’était après. Après Sebastian, après qu’on lui arrache la seule personne qu’elle avait choisi rien que pour elle, parce qu’il lui faisait du bien, parce qu’elle aimait qui elle était en sa présence. Parce qu’il la voyait, elle). Avec Evan, ses certitudes avaient été ébranlées, encore. Elle avait détesté ça, l’avait maudit souvent, plus encore à mesure qu’elle avait eu cette impression, tenace, que de temps en temps, il pouvait la voir. La voir vraiment. Mais que ça ne suffisait pas.
- Why now ? Because it felt like it was now, or never. I was supposed to make this disappear right after that night. I couldn’t. And after the last weeks, the idea that you could discover it because of someone else became… unacceptable. So here were are. You wanted honesty and transparency, fine,I’m metaphorically naked in front of you.
Malgré tout, elle esquissa un sourire (triste), mais qu’elle se refusait misérable. Elle ne cherchait pas sa pitié, encore moins son pardon. Si il n’y avait eu que cela à quérir, elle avait ce qu’il fallait en elle pour s’excuser platement, l’avait fait parfois. Pas cette fois. C’était hors de question. Parce qu’il pouvait partir à tout moment, claquer la porte derrière lui, et il aurait eu des raisons de le faire, Alice plongea dans le trou du lapin. Les deux pieds joints, le verbe haut, maîtrisé malgré une voix qu’elle aurait voulue plus forte, plus impériale. Mais à présent, il y avait toujours cette nouvelle tessiture, plus ronde, moins mordante quand elle lui parlait, et elle n’y pouvait rien, qu’elle le veuille, ou non. Le regard droit dans le sien, sans bouger de devant le bureau :
- If you’re expecting an apology from me, Evan, you can stop holding your breath. I won’t apologise, and I’m not looking for your forgiveness. What I did, I did because it was what was expected of me, and what I believed was best for me. I owed you nothing at the time, and I hardly owe you anything now.
Elle reprit sa respiration, laps de temps trop court cependant pour laisser au sorcier le temps d’en placer une. Maintenant qu’elle était lancée, elle ne s’arrêterait pas, les chevaux étaient lâchés pour la cavalière noire.
- You were nothing but a photo in a file, a pretty smile in a pic, a prestigious pedigree mixed with a troubled past. Do you really think that, in view of a possible wedding, I shouldn’t have taken the opportunity to find out what you were made of, before I accepted any sort of proposition ? Because whether I liked it or not, from the moment I said Yes - not to you but to my parents, to your family - I was condemned to being Your wife, to taking Your name, to bearing Your children. Don’t make me laugh by saying that things would have been different with you, when we’re both intimately aware that Pureblood society is not sufficiently evolved to even imagine that equality should seep into even our vocabulary. In a few months, I will lose my name, a piece of me, of my identity, I will have to begin a new war so that I am not seen as a mere extension of your self. But you, what are you losing, huh ?
Deux secondes s’égrènent, suspendues au bord des lèvres charnues de l’implacable aux yeux clairs.
- Nothing. Absolutely nothing, you’re even probably winning in peace of mind : you’ll have done your job, or most of it, all that will be missing is a brat or two to entitle you to a royal retirement. And don’t talk to be about you Freedom, that’s bullshit. I’ve never asked it of you, men are always forgiven for everything, as easily as women are condemned. So yes, I wanted to know, before I committed to anything. Maybe I should have warned you, showed my hand from the start, but you know what ? I had absolutely no good reason to do so, no guarantee that you would have done the same for me. I didn’t know who you were, and I know enough men of our rank to be wary of empty smiles. Surprise was the only ace up my sleeve, to see who you really were. And the revelation was much worse than what I feared...
Bras croisés, la sorcière détourna le regard pour fixer quelque chose dans le vague derrière lui, comme s’adressant à quelqu’un d’autre. Pourtant, il n’y avait qu’eux dans la pièce. Personne ne viendrait sauver l’Ecossais du monologue de sa promise.
- You could have been dumb as an ox, easily influenced, weak to the flesh. Men who only think with what’s below their belt, I’m used to those, nothing complicated there. You could also have been too intelligent, cold and calculating, unmoved by bodily pleasures. Men who only think with what’s above their heart, I also know how to handle those. They’re often desperately boring, but a solid contract is enough to keep them under control. But you… You’re an artist. An equation with three, four unknowns. You make no sense and yet you seemed guided by a powerful compass. You’re the nightmare of every wellborn Pureblood. I could have asked for an easier match to handle, a more relaxing one even, because I do deserve it, I’m a rarity. I’m precious. I’m the only woman of my line, the prettiest conscious ornament, and practical too, educated. And yet, and yet I said yes. Even though I had no guarantee that you would also agree. Or even that we would ever truly get along, or if instead you would make my life a living hell every on of God’s days for having dared to take the chance. Because that’s what you are, Evan. A hand of poker, a challenged to be met, an adventure of which I’m the heroine. I’m not apologising for having chosen you. Cry me a fucking river.
La tête se pencha un peu sur le coté, les yeux clairs s’arrachèrent à la contemplation du mur pour une dernière confrontation. Là, Evan Wakefield, ta fiancée est devant toi. Elle n’a aucune intention de partir, et si le discours lui a couté (cher, oh, si cher), elle ne regrettera rien. Les cartes sont sur la table, et si elle a posé sa main, c’était pour que tu y vois les cartes. Les fasse tiennes. (Look at me.)
- Not at the very beginning. I needed time and personnal efforts to do so.
C’était un fait, elle n’allait pas le nier longtemps : en dehors de la stricte sphère familiale et d’une garde très, très rapprochée, elle avait été éduquée ainsi, et cela lui avait servi bien des fois. People were a mean to an end, parfois agréables, charmants, mais toujours, toujours utiles. Pour son plaisir charnel. Pour les intérêts familiaux. Pour briller en société. (ça c’était après. Après Sebastian, après qu’on lui arrache la seule personne qu’elle avait choisi rien que pour elle, parce qu’il lui faisait du bien, parce qu’elle aimait qui elle était en sa présence. Parce qu’il la voyait, elle). Avec Evan, ses certitudes avaient été ébranlées, encore. Elle avait détesté ça, l’avait maudit souvent, plus encore à mesure qu’elle avait eu cette impression, tenace, que de temps en temps, il pouvait la voir. La voir vraiment. Mais que ça ne suffisait pas.
- Why now ? Because it felt like it was now, or never. I was supposed to make this disappear right after that night. I couldn’t. And after the last weeks, the idea that you could discover it because of someone else became… unacceptable. So here were are. You wanted honesty and transparency, fine,I’m metaphorically naked in front of you.
Malgré tout, elle esquissa un sourire (triste), mais qu’elle se refusait misérable. Elle ne cherchait pas sa pitié, encore moins son pardon. Si il n’y avait eu que cela à quérir, elle avait ce qu’il fallait en elle pour s’excuser platement, l’avait fait parfois. Pas cette fois. C’était hors de question. Parce qu’il pouvait partir à tout moment, claquer la porte derrière lui, et il aurait eu des raisons de le faire, Alice plongea dans le trou du lapin. Les deux pieds joints, le verbe haut, maîtrisé malgré une voix qu’elle aurait voulue plus forte, plus impériale. Mais à présent, il y avait toujours cette nouvelle tessiture, plus ronde, moins mordante quand elle lui parlait, et elle n’y pouvait rien, qu’elle le veuille, ou non. Le regard droit dans le sien, sans bouger de devant le bureau :
- If you’re expecting an apology from me, Evan, you can stop holding your breath. I won’t apologise, and I’m not looking for your forgiveness. What I did, I did because it was what was expected of me, and what I believed was best for me. I owed you nothing at the time, and I hardly owe you anything now.
Elle reprit sa respiration, laps de temps trop court cependant pour laisser au sorcier le temps d’en placer une. Maintenant qu’elle était lancée, elle ne s’arrêterait pas, les chevaux étaient lâchés pour la cavalière noire.
- You were nothing but a photo in a file, a pretty smile in a pic, a prestigious pedigree mixed with a troubled past. Do you really think that, in view of a possible wedding, I shouldn’t have taken the opportunity to find out what you were made of, before I accepted any sort of proposition ? Because whether I liked it or not, from the moment I said Yes - not to you but to my parents, to your family - I was condemned to being Your wife, to taking Your name, to bearing Your children. Don’t make me laugh by saying that things would have been different with you, when we’re both intimately aware that Pureblood society is not sufficiently evolved to even imagine that equality should seep into even our vocabulary. In a few months, I will lose my name, a piece of me, of my identity, I will have to begin a new war so that I am not seen as a mere extension of your self. But you, what are you losing, huh ?
Deux secondes s’égrènent, suspendues au bord des lèvres charnues de l’implacable aux yeux clairs.
- Nothing. Absolutely nothing, you’re even probably winning in peace of mind : you’ll have done your job, or most of it, all that will be missing is a brat or two to entitle you to a royal retirement. And don’t talk to be about you Freedom, that’s bullshit. I’ve never asked it of you, men are always forgiven for everything, as easily as women are condemned. So yes, I wanted to know, before I committed to anything. Maybe I should have warned you, showed my hand from the start, but you know what ? I had absolutely no good reason to do so, no guarantee that you would have done the same for me. I didn’t know who you were, and I know enough men of our rank to be wary of empty smiles. Surprise was the only ace up my sleeve, to see who you really were. And the revelation was much worse than what I feared...
Bras croisés, la sorcière détourna le regard pour fixer quelque chose dans le vague derrière lui, comme s’adressant à quelqu’un d’autre. Pourtant, il n’y avait qu’eux dans la pièce. Personne ne viendrait sauver l’Ecossais du monologue de sa promise.
- You could have been dumb as an ox, easily influenced, weak to the flesh. Men who only think with what’s below their belt, I’m used to those, nothing complicated there. You could also have been too intelligent, cold and calculating, unmoved by bodily pleasures. Men who only think with what’s above their heart, I also know how to handle those. They’re often desperately boring, but a solid contract is enough to keep them under control. But you… You’re an artist. An equation with three, four unknowns. You make no sense and yet you seemed guided by a powerful compass. You’re the nightmare of every wellborn Pureblood. I could have asked for an easier match to handle, a more relaxing one even, because I do deserve it, I’m a rarity. I’m precious. I’m the only woman of my line, the prettiest conscious ornament, and practical too, educated. And yet, and yet I said yes. Even though I had no guarantee that you would also agree. Or even that we would ever truly get along, or if instead you would make my life a living hell every on of God’s days for having dared to take the chance. Because that’s what you are, Evan. A hand of poker, a challenged to be met, an adventure of which I’m the heroine. I’m not apologising for having chosen you. Cry me a fucking river.
La tête se pencha un peu sur le coté, les yeux clairs s’arrachèrent à la contemplation du mur pour une dernière confrontation. Là, Evan Wakefield, ta fiancée est devant toi. Elle n’a aucune intention de partir, et si le discours lui a couté (cher, oh, si cher), elle ne regrettera rien. Les cartes sont sur la table, et si elle a posé sa main, c’était pour que tu y vois les cartes. Les fasse tiennes. (Look at me.)
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Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Jeu 5 Nov 2020 - 15:37
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(tenue) Le long monologue le sonna presque. L’assaut répété des affirmations qui claquaient autant qu’elles fendaient l’air, pour mieux l’atteindre, lui. Le visage perplexe, il accueillit son absence d’excuses la bouche entrouverte, sidéré par l’audace de la grymm. Sans-gêne, sans remords – elle prenait tout, et ne donnait rien. Rien d’autre qu’un chapelet d’explications qui ne justifiait pourtant pas comment on pouvait prendre des êtres humains pour une suite de lignes dans un dossier pour mieux en faire usage. Evan avait froncé les sourcils à la mention qu’elle aurait dû faire disparaitre le dossier il y avait longtemps – comme revenir sur la scène du crime, garder un trophée de sa conquête, empailler le produit de sa chasse pour mieux l’exhiber? Pour que tous puissant l’admirer : see how I’ve vanquished my foe. Lorsqu’elle lui demanda ce qu’il perdait, lui, le futur auror ouvrit la bouche, mais n’eut pas le temps de répliquer, leva les yeux au ciel tellement fort qu’il s’en fracturerait la boite crânienne en l’entendant jeter l’idée de liberté du bout des doigts comme un concept malpropre et sans importance. Easy to say, when you had a choice. Et la lente litanie au sujet des Autres l’acheva. Oh, comme les Autres étaient simples, qu’ils étaient idiots, qu’ils étaient stupides, mais toi, Evan, toi, tu es spécial. Et pourtant, une once fut touchée, profondément, secrètement – celle à qui on avait dit toute sa vie you’re too much ou encore you’re not enough. Mais la fierté l’emportait sur la sensibilité, et il releva la tête, si c’était possible alors même qu’il la fixait du regard, sa cruelle sirène qui ne le regardait même pas.
Les échos de ses derniers mots se perdirent dans le silence, s’évanouirent le long des trouées dont il avait trop conscience. Derrière, la porte. Au fond, les fenêtres. La voix rauque, il les fendit. « You can wrap this any way you want. Make words swivel around your tongue, as swords against the nightmares you conjured. » Les dangers réels ou fantasmés – il en reconnaissait une part, scient du visage que pouvait prendre la crainte de se perdre dans une alliance, bien que son empathie ne soit pas sans limites : il ne perdrait jamais son nom, ce nom précieux pour lequel des familles pouvaient le convoiter. Pas pour lui, jamais pour l’être, non : on voulait le géant de deux mètres mais pas ses extravagantes révérences davantage faites pour ironiser que saluer, la chaleur de ses sourires mais pas la malice de ceux qui n’ourlaient qu’un coin de sa bouche, le musicien talentueux mais pas l’artiste chaotique, l’auror altruiste mais pas le griffondor rebelle qui se hérissait contre les harnais trop serrés. « You wanted assurance, you have it. Rest assured that if that’s what you want, I’ll be nothing else than what your precious expectations of me on an empty paper would entitle you to. » La voix était presque silencieuse. Basse, avec dans ses vibrations le grondement d’un félin au sol – non pas terrassé, mais prêt à en découdre. Les aigue-marine le fixaient, plus brillantes qu’à l’ordinaire, peut-être (ou était-ce un reflet?), et il se détourna un instant pour leur échapper, cérulés s’accrochant à la porte, puis la fenêtre. Qu’il serait simple de disparaitre à nouveau. Se transformer, plier bagage et, contrairement à la dernière fois, ne pas se couper du monde. Devenir auror, rompre avec sa famille, laisser son frère se remarier et porter l’odieux de la descendance familiale, encore.
Était-ce un élan de curiosité, une envie d’en découdre pour ces attaques perçues, le besoin de comprendre, de ne pas croire que celle qui avait su se frayer un chemin vers lui, à laquelle il s’était attaché, n’aurait été, finalement, que cette redoutable créature couverte d’écailles d’avril? (both. both is good.) Alors il resta, contrairement à ce que le dossier traître aurait pu faire croire dans ses prédictions – il les avait vus, les mots. Will probably run away if he finds out about this file. Jadis, il aurait certainement fui, levé les bras au ciel, l’air de dire I can’t deal with this. L’avait fait, plus d’une fois, réflexes de fuite et de déni imbriqués dans le rossignol. Dirait-on que les jeunes adultes rebelles s’assagissent, avec l’âge? Approximativement – ils se faisaient moins impulsifs, à tout le moins.
« What in the bleeding world is wrong with all of you? What was the use, then, of seeking me out in Spain, if you had all this? Your family wanted to see if the merchandise was in working order? » Le ton était ironique, blessé – déçu, et il se retourna à nouveau pour la fixer. « Who hurt you into believing people could be summed up into files? “Dumb as an ox, thinking with what's above their heart” ... Is everyone an accessory? A detail in an elaborate pantomime? » Le musicien vit une armée de marionnettes sans visages, ou aux traits juste assez définis pour être différenciés, pour ne pas confondre deux pantins au moment de tirer leurs fils. Déshumanisés, dénués de leurs rêves, de leurs aspirations, de tout ce qui les rendait dignes d’être protégés. L’auror était loin d’être un saint en la matière – s’amusait plus que de raison face à des spectateurs ou des nigauds, mais l’essence y était. (sonder.) La réalisation que chaque individu était une richesse, un univers comprenant une vie aussi vivide et complexe que la sienne – leurs ambitions, leurs craintes, leur bagage familial. Qu’ils étaient tous le personnage principal de leur propre aventure. Contre les ambitions paternelles, contre le destin du frère, alors qu’on l’avait éduqué dans l’espoir qu’il devienne coupant comme une lame, subtil et aiguisé, Evan avait choisi d’aimer l’âme humaine. Avec ses défauts, avec ses aspérités – même lorsqu’elle se présentait sous des traits scalaires.
Un rire sardonique lui échappa. « My father and your glorious family. "an adventure in your story" ... You can monologue all you want about society's cruelty. You can paint it with your words, wrap it up with a bow, turn it into a bleeding mansion for all I care. Do you ever see people as anything else than an accessory? Merlin, who hurt you? » Cette voix qui tonna dans l'espace, vibrations qui prenaient écho dans sa cavité thoracique mais pas son diaphragme, non, plus profondément, plus à l'ouest, de l'imaginer, blessée, se couvrir d'écailles comme d'une armure. Il lui fallait imaginer qu'on ne l'avait pas élevée ainsi, qu'elle n'était pas tout à fait née vipère. Que quelque chose (quelqu'un?) avait peint ses écailles, affûté les crochets qu'elle avait fichés dans sa chair. Réaliser, peut-être pour la première fois, pré-conscience qui ne se suffisait pas à elle-même, demeurant à la frontière de la forteresse. « Nothing is real, is it? I - » Et sa voix, échouée sur les rivages du visage d’Alice, qu’il ne pouvait s’empêcher de quitter des yeux, cherchant des réponses qui refusaient obstinément de venir. « I suppose this simplifies things, actually. » Et la voix qui ne chantait plus, qui se heurtait en échos mats le long des murs de la salle de duels, en ricochets sur sa peau. Mots-grenade.
« If the idea of being married to me is such a fatality, why don't we imitate your brother. One of us on each continent, and we'll tell people how busy the other one is, how great they are at what they do, far, far away. You'll be free to do as you please, if I'm such a bloody burden to you. Nobody will see you as an extention of me. Nobody will even know my name. All this time, you joked and self-deprecated about being the leash at my neck – but it's the other way around, isn't it? » Lui, l’improbable boulet, l’agaçant fiancé, celui qui ne faisait jamais comme on l’aurait souhaité, et qui avait le culot de sourire en coin lorsqu’on le lui reprochait. Rapproché, doucement, il désigna Alice, sa voix prenant enfin les tons graciles qui n’étaient réservés qu’à l’affection. Non pas le séduisant velours qui caresse la nuque, chatouille agréablement les oreilles – l’écho clair des ruisseaux. « Besides, who would ever see you as an extension? How? You glow. Everywhere you go, you shine. » Il en avait fait les frais, dès les débuts de leur alliance : elle était impossible à ignorer, l’agaçante Américaine. Le ton n’était pas agacé, lui. « Who would dare see you that way, Alice? » Dans la question, son optimisme se glissa, sa révérence, ses doutes, sa comprehension privilégiée de la société dans laquelle ils évoluaient.
Las, il soupira. Le poids du deuil renouvelé, du rappel de traumatismes anciens, de la tristesse infinie de voir son frère en si mauvais état lui donnait l’impression d’avoir vieilli de cinquante ans. « You're free, if this is what you want. Free to see whoever you want. Free to go as you please. If i'm the burden you chose but never brought yourself to esteem, so be it. You'll have my name, you'll have our children, you'll have nothing else of mine. » Était-ce ce que les « modernes » souhaitaient, ceux qui se moquaient de l’idéal traditionnel que s’imaginait Evan d’un couple? (
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Ven 6 Nov 2020 - 10:13
Advienne que pourra
EXORDIUM.
«... I’ll be nothing else than what your precious expectations of me on an empty paper would entitle you to. »
A la manière d’un masque de cire sombre, le visage d’Alice se décomposa, les yeux s’écarquillant face au malentendu. Il n’avait rien compris. Rien compris du tout. Comment se faisait il que les mots sortaient, forts et clairs de sa bouche, pour parvenir tordus et dévoyés aux oreilles du calédonien. Faisait il exprès ? Refusait il de comprendre ? Cela n’avait pas de sens, et elle n’avait pas le coeur à la farce, myocarde essoufflé de cet accès d’honnêteté ( vulnérabilité) inédit. Elle le voyait évoluer dans la pièce, balayer les pages du regard, serrant presque les mâchoires quand il malmenait certains feuillets sans considération pour le tout. Elle se mordait l’intérieur de la joue pour ne pas répliquer, c’était de bonne guerre, elle ne lui avait pas permis de le faire, plus tôt. Les paroles se faisaient banderilles, de celles qui estoquent les taureaux dans les arènes andalouses, qui titillent, qui agressent, jusqu’à la passe d’arme douloureuse.
« What in the bleeding world is wrong with all of you? ... who hurt you? »
Douleur du rire qui lui donne envie de lui arracher les cordes vocales. Elle aurait peut être préféré ça, d’ailleurs, à défaut d’une compréhension totale, d’un calumet de la paix : une bonne et franche altercation, des vociférations guerrières, des attaques injustes, moins justes, qu’ils en viennent aux mains pour qu’elles se tiennent moins loin de son coeur. A la place il martèle, mais le ton n’y est pas, faussant le poids des mots, lui interdisant la colère qui aurait pu la protéger, la rage qui durcit les traits et se revêt en bouclier. Il la laisse face aux conséquences, la peine dans ses yeux qui la prend aux tripes. Elle aurait du s’en foutre. Elle. Aurait. Du. S’en.foutre.« i’m not broken. » qu’elle souffle, alors que les épaules qui se tassent malgré elle, tête qui rentre dans les épaules, regard qui fuit. A son corps défendant, ses yeux se font brillants, larmes qui montent, ravalées avec fierté avant même qu’elles n’affleurent la frange de ses cils.
« You know Dad, I think he really like me. Bash, he is kind to me, so kind to me and... ». Son père secoua la tête, et sa mère ricana, avec ce qu’il fallait de tendresse dans la voix pour que cela lui fasse mal. « Of course, my love, he must adore you. It’s not difficult, you were designed to be lovable. He must be idiot to feel otherwise ». Jeune Alice avait ouvert la bouche pour se défendre, parce que ça comptait pour elle. Parce qu’il comptait. « I actually really like him too ». Les regards s’étaient faits équivoques, les sentences, synchrones, bien que sensiblement différentes, d’une bouche à l’autre.
« you don’t have time for such a waste of time, my love. He has nothing to offer to you that you can’t find anywhere else »// « Maybe we should ask Oscar to talk to him ».
Jeune Alice avait tressailli. Compris ce que cela impliquait. Son frère et les poings. Son frère et sa manie de l’oubli. War qui ne laissait rien derrière son passage, pas même un souvenir partagé. « It won’t be necessary. I’ll do what needs to be done ». Son père la regarda de biais, incertain, peu être même un peu inquiet, sa mère claqua la langue de satisfaction devant le visage fermé de sa fille, l’embrassa sur la tempe avant de lui frotter le dos avec quelques mots de réconforts que la grymm n’avait pas entendu, encore moins retenu. Plutôt la déception que l’annihilation et l’oubli. La conversation avait duré cinq minutes, maximum. La machine était trop bien rodée, implacable. Elle n’aurait jamais pu gagner, pas à vingt et un ans, pas comme ça. Elle avait juste voulu éviter que les dégats collatéraux soient trop nombreux.
« I’m not broken », qu’elle souffle à nouveau entre ses dents. Elle n’était pas cassée, parce que déjà à l’époque, elle avait fait de ses fêlures le plus joli de ses artifices, colmatant les brèches avec de l’or, sur les yeux, dans ses cheveux, thérapie par le kintsungi ( le plus joli des bibelots). Elle avait levé des barrières plus hautes que des murailles, pavé le pont levis d’or et de pierres précieuses, pour qui elle laissait entrer, en villégiature : jamais longtemps, jamais trop longtemps. Que personne ne prenne ses aises. Que personne ne songe à allumer le feu dans l’âtre, ne s’imagine pouvoir rester plus de quelques heures. Ça lui avait plutôt réussi, toutes ses années, elle est butée, l’Hangbé, elle avait fini par se persuader toute seule, comme une grande. Jusqu’à ces soirées de solitude, privée de visiteurs nocturnes, et l’esprit tourné vers un seul, qui ne daignait même pas fouler le sentier entourant sa forteresse intérieure, lui qui en avait clamé l’allégeance. Il ne s’agissait plus là que du corps intime, mais aussi des mains qui se serrent, des faces qui s’animent. Des yeux qui allument les feux. Mais pouvait-elle espérer un brasier de celui que les flammes terrorisaient ? Qui l’avait tenu si longtemps du bout des doigts, comme une torche de feu grégeois ?
« Nothing is real, is it? I - »
Elle aurait voulu se rapprocher, le secouer, lui attraper le visage pour qu’il cesse de ne la voir qu’à travers le prisme difformant de sa méfiance, lui rappeler, encore, qu’elle était là, que si elle était là, c’était pour lui, pour eux, d’une certaine manière. D’une étrange, retorse, discutable manière, mais quand même. Elle avait fermé les yeux par la suite, laissant les mots dégoupillés rouler à ses oreilles, exploser sans détonation, impact sourd empreint de fatalité, de lassitude qui ne lui ressemblaient pas, au Wakefield. On avait éreinté le lion, écorché le plumage soyeux de l’oiseau, la voix se faisait lointaine dans une sentence qui, quelques mois avant, n’aurait pas affecté Alice le moins du monde. Après tout, oui, c’était ce qu’elle voulait, au début, ses idées préconçues, un imaginaire ou tout était simple, lisse, contrôlé. Avant qu’elle n’envisage qu’il y ait d’autres possibles. Avant qu’elle ne comprenne à qui elle avait à faire, agrippé à lui suite à un duel échevelé, sans comprendre sur le moment tout ce que cela impliquait.
Les paupières se soulevèrent à mesure que la poitrine s’affaissait. Oreilles bourdonnantes, les paroles douces qui crevaient les tympans d’atterrir à cet instant sans préavis.
« Who would dare see you that way, Alice? »
L’aveuglement était presque attendrissant, s’il n’avait pas été aussi dramatique. Le sanglot s’étrangla dans un ricanement, alors qu’elle détournait la tête à nouveau, démunie. Speechless. Son nom, c’était son identité, sa marque de fabrique, imprimée sur sa peau jusque dans ses pigments. Elle adhérait à ses valeurs, elle chérissait son histoire et, dans quelques années, plus personne ne s’en souviendrait. Si l’appropriation fonctionnait, elle serait une Wakefield par le mariage, un sous produit, pas tout à fait l’une, plus vraiment l’autre. Sa moitié, dévorée à demi, elle qui était un tout, à elle toute seule. Ne pouvait il pas envisager, une seconde, à quel point cela avait pu la terrifier ?
Mais à nouveau Evan reprenait, sans relâche, sans lui laisser le temps de respirer, passant d’une question à une conclusion qui la prenait de court, à nouveau. Liberté. Principe galvaudé de la princesse en laisse : cette liberté que lui proposait le calédonien lui apparaissait bel et bien comme un abandon, en bonne et due forme, passage de tout à rien. Je ne te voulais que pour moi. Va t’en, que m’importe à présent. C’était injuste, il devait le savoir d’ailleurs, puisqu’il lui posait la question, ensuite. Elle avait l’impression de bouillonner, à l’intérieur, de ne pouvoir lui répondre, rétorquer de sa langue aiguisée, à chaud (trop chaud), mais finalement, le mutisme lui permettait de garder la tête froide, de ne pas confondre emportement égotique et colère saine. Dans les yeux d’Evan, pas d’ire, et à bien chercher, elle n’en avait pas non plus. Le feu, à l’intérieur, c’était autre chose.
« Is this what you want? »
Il s’était rapproché d’elle, après ses errances verbales et physiques. Il attendait les réponses, probablement les dernières avant de partir, une bonne fois pour toutes, parce qu’elle avait échoué, encore, à se faire comprendre. Comment pouvait elle se faire si éloquente devant une classe entière, devant un collège de pairs, et ne pas être capable de lui parler ? (mon coeur se serre j’ai du feu dans la voix) Comment pouvait elle être capable d’embrasser, d’enlacer ses frères aussi facilement que l’on respire, de leur crier des je t’aime à chaque fois qu’elle quittait la maison pour faire des cours, sans parvenir à offrir ne serait ce qu’une bribe d’intention claire au grand sorcier ? Parce qu’il est plus facile de donner son amour quand on sait la réciproque acquise par défaut. Parce qu’elle connaissait déjà leur réponse avant même qu’elle sorte de leur bouche, mais lui … ( I don’t owe him. Neither does he.). Ses lèvres restaient scellées, yeux disent le contraire.
« Why didn't you get rid of it, Alice? »
Elle avait voulu, elle n’avait pas pu. Mauvaise habitude de tout garder, de tout collecter, pas comme un trophée puisqu’elle ne l’avait jamais exhibé, jamais montré, à personne, mais une manière de l’apprivoiser, de compléter le tableau, en douceur, en couleurs. Donner de la profondeur au playboy de magazines, corrigé mentalement les erreurs, les caricatures, ça et là. Affiner les traits à coup de post it colorés, puisqu’elle les avait gardés, tous, même les plus mordants des débuts. Peut être aurait elle du les brûler, eux aussi, les offrir à Tante Caroline, exorciser ainsi cet étau qui serrait sa poitrine sans douleur, parfois, quand elle les relisait. Au lieu de se créer des souvenirs, qu’il bafouait en réfutant leur valeur. Ils en avaient, pourtant. Pour elle au moins.
Le silence s’installa entre eux, dans le peu d’espace qui séparait leurs corps raidis de tension sourde. Sensation ambivalente de vide et de trop plein, mais toujours pas de rage. Etrange. Dommage. Ça aurait été plus facile ? (la facilité n’attire que les gens sans imagination). Alors elle reprit, à voix basse, un peu sourde, partageant une sorte de secret, confidence peu reluisante pour partie, aveu pour l’autre.
-This is not what I want. You are right, at some point, I used to think that it was the only way to do it. To not endure a arranged wedding, by staying strangers, maybe ennemies with benefits. It would have been easier for me to hate you. To despise you. But I can’t. I just can’t.
Parce qu’Evan était Evan, que ce qu’elle avait vu, parfois, lui avait plu. Qu’il était courageux. Qu’il était insolent. Qu’il était à la fois fort et doux, et qu’il lui manquait encore tellement de pièces pour compléter le puzzle qu’elle se retrouvait frustrée de ne pas en savoir plus. De ne pas avoir posé les bonnes questions à temps, puisqu’il comptait partir. Quelle est ta chanson préférée ? Manges-tu les fraises avec de la crème ou du citron ? Combien veux tu avoir d’enfants ? Veux tu absolument un fils ? Son regard passa sur la reliure de cuir, doux compagnon de ses nuits d’insomnie, crocodile indolent, caresse tiède de matériel soigné. La vérité sortit toute seule. Peut être parce que la lueur malheureuse dans les prunelles du Calédonien avait fini par teinter les siennes, aussi.
- Because I was scared to forget. I thought I’ll destroy it as soon as I learnt every details by heart. Silly expression, learning by heart. There was no heart involved, at the beginning, and then ...
Elle souffla, expira par la bouche, alors qu’à présent, les mots se bousculaient pour sortir, gonflant sa gorge, brûlant sa poitrine au passage dans sa trachée, son œsophage, plutôt que de descendre froidement de son cerveau. Doucement, presque avec précaution, ses index étaient venus s’accrocher aux passants de son pantalon, sans s’approcher pour autant vraiment de lui, pas plus qu’il ne l’autoriserait, et les joncs dorés à son poignet tintèrent doucement. Elle s’humecta les lèvres, cherchant un courage incongru qu’elle aurait, en observatrice de la scène, surement confondu avec de l’inconscience, de l’audace proche de la bêtise (de la passion ?) avant de répliquer, d’une voix plus ferme, malgré les prunelles luisantes.
- It felt right. When we hunted the wolves. When … when we danced, when I woke up in your bed, when I hold your hand last week. It felt right. I … I know it’s a lot to take, but I wanted to believe that you would understand my ... *ton quoi, Alice?* This is why I wanted to give you the file. I’m done with this guy *elle désigna la photo qui dépassait, presque en marque page*, I do prefer the real one.
Et pour la première fois, la toute première fois depuis Cordoue, elle se hissa sur la pointe de ses pieds déjà juchés sur ses hauts talons, contractant les muscles de son ventre, relevant la tête pour initier un baiser sur les lèvres du sorcier. C’était peut être idiot, ils en avaient déjà échangé quelques uns. C’était surement idiot, parce qu’il n’avait surement pas envie de ça, maintenant. Mais pour une fois, elle joignait le geste à la parole. Il n’y avait pas l’un sans l’autre, ce n’était pas là les belles paroles séduisantes de Malcolm, ni les baisers trompeurs de Pearl. C’était Alice qui sans le vouloir faisait son mea culpa, s’accrochait à lui plus qu’elle n’avait jamais daigné, ni osé le faire auparavant. Elle avait refermé les yeux, retenait sa respiration, n’osant guetter vraiment la réaction du sorcier contre la bouche. Elle avait presque l’impression qu’elle allait mourir, si il la repoussait. C’était faux, bien sur, mais c’était la première fois qu’elle sentait ça. Pourvu que les larmes ne se mettent pas à couler.
A la manière d’un masque de cire sombre, le visage d’Alice se décomposa, les yeux s’écarquillant face au malentendu. Il n’avait rien compris. Rien compris du tout. Comment se faisait il que les mots sortaient, forts et clairs de sa bouche, pour parvenir tordus et dévoyés aux oreilles du calédonien. Faisait il exprès ? Refusait il de comprendre ? Cela n’avait pas de sens, et elle n’avait pas le coeur à la farce, myocarde essoufflé de cet accès d’honnêteté ( vulnérabilité) inédit. Elle le voyait évoluer dans la pièce, balayer les pages du regard, serrant presque les mâchoires quand il malmenait certains feuillets sans considération pour le tout. Elle se mordait l’intérieur de la joue pour ne pas répliquer, c’était de bonne guerre, elle ne lui avait pas permis de le faire, plus tôt. Les paroles se faisaient banderilles, de celles qui estoquent les taureaux dans les arènes andalouses, qui titillent, qui agressent, jusqu’à la passe d’arme douloureuse.
« What in the bleeding world is wrong with all of you? ... who hurt you? »
Douleur du rire qui lui donne envie de lui arracher les cordes vocales. Elle aurait peut être préféré ça, d’ailleurs, à défaut d’une compréhension totale, d’un calumet de la paix : une bonne et franche altercation, des vociférations guerrières, des attaques injustes, moins justes, qu’ils en viennent aux mains pour qu’elles se tiennent moins loin de son coeur. A la place il martèle, mais le ton n’y est pas, faussant le poids des mots, lui interdisant la colère qui aurait pu la protéger, la rage qui durcit les traits et se revêt en bouclier. Il la laisse face aux conséquences, la peine dans ses yeux qui la prend aux tripes. Elle aurait du s’en foutre. Elle. Aurait. Du. S’en.foutre.« i’m not broken. » qu’elle souffle, alors que les épaules qui se tassent malgré elle, tête qui rentre dans les épaules, regard qui fuit. A son corps défendant, ses yeux se font brillants, larmes qui montent, ravalées avec fierté avant même qu’elles n’affleurent la frange de ses cils.
Who hurts you ?
« You know Dad, I think he really like me. Bash, he is kind to me, so kind to me and... ». Son père secoua la tête, et sa mère ricana, avec ce qu’il fallait de tendresse dans la voix pour que cela lui fasse mal. « Of course, my love, he must adore you. It’s not difficult, you were designed to be lovable. He must be idiot to feel otherwise ». Jeune Alice avait ouvert la bouche pour se défendre, parce que ça comptait pour elle. Parce qu’il comptait. « I actually really like him too ». Les regards s’étaient faits équivoques, les sentences, synchrones, bien que sensiblement différentes, d’une bouche à l’autre.
« you don’t have time for such a waste of time, my love. He has nothing to offer to you that you can’t find anywhere else »// « Maybe we should ask Oscar to talk to him ».
Jeune Alice avait tressailli. Compris ce que cela impliquait. Son frère et les poings. Son frère et sa manie de l’oubli. War qui ne laissait rien derrière son passage, pas même un souvenir partagé. « It won’t be necessary. I’ll do what needs to be done ». Son père la regarda de biais, incertain, peu être même un peu inquiet, sa mère claqua la langue de satisfaction devant le visage fermé de sa fille, l’embrassa sur la tempe avant de lui frotter le dos avec quelques mots de réconforts que la grymm n’avait pas entendu, encore moins retenu. Plutôt la déception que l’annihilation et l’oubli. La conversation avait duré cinq minutes, maximum. La machine était trop bien rodée, implacable. Elle n’aurait jamais pu gagner, pas à vingt et un ans, pas comme ça. Elle avait juste voulu éviter que les dégats collatéraux soient trop nombreux.
« I’m not broken », qu’elle souffle à nouveau entre ses dents. Elle n’était pas cassée, parce que déjà à l’époque, elle avait fait de ses fêlures le plus joli de ses artifices, colmatant les brèches avec de l’or, sur les yeux, dans ses cheveux, thérapie par le kintsungi ( le plus joli des bibelots). Elle avait levé des barrières plus hautes que des murailles, pavé le pont levis d’or et de pierres précieuses, pour qui elle laissait entrer, en villégiature : jamais longtemps, jamais trop longtemps. Que personne ne prenne ses aises. Que personne ne songe à allumer le feu dans l’âtre, ne s’imagine pouvoir rester plus de quelques heures. Ça lui avait plutôt réussi, toutes ses années, elle est butée, l’Hangbé, elle avait fini par se persuader toute seule, comme une grande. Jusqu’à ces soirées de solitude, privée de visiteurs nocturnes, et l’esprit tourné vers un seul, qui ne daignait même pas fouler le sentier entourant sa forteresse intérieure, lui qui en avait clamé l’allégeance. Il ne s’agissait plus là que du corps intime, mais aussi des mains qui se serrent, des faces qui s’animent. Des yeux qui allument les feux. Mais pouvait-elle espérer un brasier de celui que les flammes terrorisaient ? Qui l’avait tenu si longtemps du bout des doigts, comme une torche de feu grégeois ?
« Nothing is real, is it? I - »
Elle aurait voulu se rapprocher, le secouer, lui attraper le visage pour qu’il cesse de ne la voir qu’à travers le prisme difformant de sa méfiance, lui rappeler, encore, qu’elle était là, que si elle était là, c’était pour lui, pour eux, d’une certaine manière. D’une étrange, retorse, discutable manière, mais quand même. Elle avait fermé les yeux par la suite, laissant les mots dégoupillés rouler à ses oreilles, exploser sans détonation, impact sourd empreint de fatalité, de lassitude qui ne lui ressemblaient pas, au Wakefield. On avait éreinté le lion, écorché le plumage soyeux de l’oiseau, la voix se faisait lointaine dans une sentence qui, quelques mois avant, n’aurait pas affecté Alice le moins du monde. Après tout, oui, c’était ce qu’elle voulait, au début, ses idées préconçues, un imaginaire ou tout était simple, lisse, contrôlé. Avant qu’elle n’envisage qu’il y ait d’autres possibles. Avant qu’elle ne comprenne à qui elle avait à faire, agrippé à lui suite à un duel échevelé, sans comprendre sur le moment tout ce que cela impliquait.
Les paupières se soulevèrent à mesure que la poitrine s’affaissait. Oreilles bourdonnantes, les paroles douces qui crevaient les tympans d’atterrir à cet instant sans préavis.
« Who would dare see you that way, Alice? »
L’aveuglement était presque attendrissant, s’il n’avait pas été aussi dramatique. Le sanglot s’étrangla dans un ricanement, alors qu’elle détournait la tête à nouveau, démunie. Speechless. Son nom, c’était son identité, sa marque de fabrique, imprimée sur sa peau jusque dans ses pigments. Elle adhérait à ses valeurs, elle chérissait son histoire et, dans quelques années, plus personne ne s’en souviendrait. Si l’appropriation fonctionnait, elle serait une Wakefield par le mariage, un sous produit, pas tout à fait l’une, plus vraiment l’autre. Sa moitié, dévorée à demi, elle qui était un tout, à elle toute seule. Ne pouvait il pas envisager, une seconde, à quel point cela avait pu la terrifier ?
Mais à nouveau Evan reprenait, sans relâche, sans lui laisser le temps de respirer, passant d’une question à une conclusion qui la prenait de court, à nouveau. Liberté. Principe galvaudé de la princesse en laisse : cette liberté que lui proposait le calédonien lui apparaissait bel et bien comme un abandon, en bonne et due forme, passage de tout à rien. Je ne te voulais que pour moi. Va t’en, que m’importe à présent. C’était injuste, il devait le savoir d’ailleurs, puisqu’il lui posait la question, ensuite. Elle avait l’impression de bouillonner, à l’intérieur, de ne pouvoir lui répondre, rétorquer de sa langue aiguisée, à chaud (trop chaud), mais finalement, le mutisme lui permettait de garder la tête froide, de ne pas confondre emportement égotique et colère saine. Dans les yeux d’Evan, pas d’ire, et à bien chercher, elle n’en avait pas non plus. Le feu, à l’intérieur, c’était autre chose.
« Is this what you want? »
Il s’était rapproché d’elle, après ses errances verbales et physiques. Il attendait les réponses, probablement les dernières avant de partir, une bonne fois pour toutes, parce qu’elle avait échoué, encore, à se faire comprendre. Comment pouvait elle se faire si éloquente devant une classe entière, devant un collège de pairs, et ne pas être capable de lui parler ? (mon coeur se serre j’ai du feu dans la voix) Comment pouvait elle être capable d’embrasser, d’enlacer ses frères aussi facilement que l’on respire, de leur crier des je t’aime à chaque fois qu’elle quittait la maison pour faire des cours, sans parvenir à offrir ne serait ce qu’une bribe d’intention claire au grand sorcier ? Parce qu’il est plus facile de donner son amour quand on sait la réciproque acquise par défaut. Parce qu’elle connaissait déjà leur réponse avant même qu’elle sorte de leur bouche, mais lui … ( I don’t owe him. Neither does he.). Ses lèvres restaient scellées, yeux disent le contraire.
« Why didn't you get rid of it, Alice? »
Elle avait voulu, elle n’avait pas pu. Mauvaise habitude de tout garder, de tout collecter, pas comme un trophée puisqu’elle ne l’avait jamais exhibé, jamais montré, à personne, mais une manière de l’apprivoiser, de compléter le tableau, en douceur, en couleurs. Donner de la profondeur au playboy de magazines, corrigé mentalement les erreurs, les caricatures, ça et là. Affiner les traits à coup de post it colorés, puisqu’elle les avait gardés, tous, même les plus mordants des débuts. Peut être aurait elle du les brûler, eux aussi, les offrir à Tante Caroline, exorciser ainsi cet étau qui serrait sa poitrine sans douleur, parfois, quand elle les relisait. Au lieu de se créer des souvenirs, qu’il bafouait en réfutant leur valeur. Ils en avaient, pourtant. Pour elle au moins.
Le silence s’installa entre eux, dans le peu d’espace qui séparait leurs corps raidis de tension sourde. Sensation ambivalente de vide et de trop plein, mais toujours pas de rage. Etrange. Dommage. Ça aurait été plus facile ? (la facilité n’attire que les gens sans imagination). Alors elle reprit, à voix basse, un peu sourde, partageant une sorte de secret, confidence peu reluisante pour partie, aveu pour l’autre.
-This is not what I want. You are right, at some point, I used to think that it was the only way to do it. To not endure a arranged wedding, by staying strangers, maybe ennemies with benefits. It would have been easier for me to hate you. To despise you. But I can’t. I just can’t.
Parce qu’Evan était Evan, que ce qu’elle avait vu, parfois, lui avait plu. Qu’il était courageux. Qu’il était insolent. Qu’il était à la fois fort et doux, et qu’il lui manquait encore tellement de pièces pour compléter le puzzle qu’elle se retrouvait frustrée de ne pas en savoir plus. De ne pas avoir posé les bonnes questions à temps, puisqu’il comptait partir. Quelle est ta chanson préférée ? Manges-tu les fraises avec de la crème ou du citron ? Combien veux tu avoir d’enfants ? Veux tu absolument un fils ? Son regard passa sur la reliure de cuir, doux compagnon de ses nuits d’insomnie, crocodile indolent, caresse tiède de matériel soigné. La vérité sortit toute seule. Peut être parce que la lueur malheureuse dans les prunelles du Calédonien avait fini par teinter les siennes, aussi.
- Because I was scared to forget. I thought I’ll destroy it as soon as I learnt every details by heart. Silly expression, learning by heart. There was no heart involved, at the beginning, and then ...
Elle souffla, expira par la bouche, alors qu’à présent, les mots se bousculaient pour sortir, gonflant sa gorge, brûlant sa poitrine au passage dans sa trachée, son œsophage, plutôt que de descendre froidement de son cerveau. Doucement, presque avec précaution, ses index étaient venus s’accrocher aux passants de son pantalon, sans s’approcher pour autant vraiment de lui, pas plus qu’il ne l’autoriserait, et les joncs dorés à son poignet tintèrent doucement. Elle s’humecta les lèvres, cherchant un courage incongru qu’elle aurait, en observatrice de la scène, surement confondu avec de l’inconscience, de l’audace proche de la bêtise (de la passion ?) avant de répliquer, d’une voix plus ferme, malgré les prunelles luisantes.
- It felt right. When we hunted the wolves. When … when we danced, when I woke up in your bed, when I hold your hand last week. It felt right. I … I know it’s a lot to take, but I wanted to believe that you would understand my ... *ton quoi, Alice?* This is why I wanted to give you the file. I’m done with this guy *elle désigna la photo qui dépassait, presque en marque page*, I do prefer the real one.
Et pour la première fois, la toute première fois depuis Cordoue, elle se hissa sur la pointe de ses pieds déjà juchés sur ses hauts talons, contractant les muscles de son ventre, relevant la tête pour initier un baiser sur les lèvres du sorcier. C’était peut être idiot, ils en avaient déjà échangé quelques uns. C’était surement idiot, parce qu’il n’avait surement pas envie de ça, maintenant. Mais pour une fois, elle joignait le geste à la parole. Il n’y avait pas l’un sans l’autre, ce n’était pas là les belles paroles séduisantes de Malcolm, ni les baisers trompeurs de Pearl. C’était Alice qui sans le vouloir faisait son mea culpa, s’accrochait à lui plus qu’elle n’avait jamais daigné, ni osé le faire auparavant. Elle avait refermé les yeux, retenait sa respiration, n’osant guetter vraiment la réaction du sorcier contre la bouche. Elle avait presque l’impression qu’elle allait mourir, si il la repoussait. C’était faux, bien sur, mais c’était la première fois qu’elle sentait ça. Pourvu que les larmes ne se mettent pas à couler.
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Ven 6 Nov 2020 - 19:00
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(mood) (tenue) Les mots en guise d’armes, il attendait l’assaut adverse, les réponses. Avança vers elle, avec la pression des cérulés qui chutait jusque dans ses yeux. « This is not what I want. You are right, at some point, I used to think that it was the only way to do it. To not endure a arranged wedding, by staying strangers, maybe ennemies with benefits. » (a trick. Another bloody trick. Don’t listen, don’t let her drag you into it Wakefield, she’ll say anything now that you’re really slipping away.) « It would have been easier for me to hate you. To despise you. But I can’t. I just can’t. » You don’t despise me. Gee, thanks, aurait-il pu être tenté d’ironiser, voyant ses paroles comme d’énièmes filets, mais quelque chose dans la voix de la grymm se fêla, malgré tous les artifices qu’elle voulait y mettre, et Evan ferma les yeux, pour cesser de s’accrocher à ses traits. Qu’elle était douée, la sorcière, alchimie du corps qui se pliait à ses moindres désirs, lui laissait prendre toutes les formes qu’elle voulait – mais les voix avaient toujours été traitres, négligées par les artificiers. Qu’il était aisé de croire maitriser la sienne, en juxtaposer les trémolos jusqu’à ce que sa proie puisse croire qu’ils s’accordaient au tempo du cœur – jusqu’à ce qu’on en perde les pédales, qu’on en oublie le rythme. On pouvait s’y exercer cent, mille fois – se croire maître, jusqu’à ce que la voix décide de fléchir.
Et la voix était le plus bel instrument qui soit – des milliers de facettes, autant de nuances. Le violoniste avait entendu celle de la nymphe, chaude, attirante, de celles qui procurent une douce impression de bien-être à la poitrine (et parfois ailleurs), lorsqu’elle lui avait parlé, la lèvre toujours penchée sur sa tasse de chocolat. Répertorié son ton suave, presque indolent, les bras levés avec nonchalance pour laisser apparaitre la ligne de son sternum, sous les paillettes du festival. Devant ses duellistes, elle se faisait contrôlée, suivant un rythme calculé – modulée. En haut d’une tour incendiée, elle s’était perchée, ses notes d’urgence éparpillées le long de la partition. Mille nuances, répertoriées, reconnues, sauf celle du voile qui recouvrait les aigus étranglés qui trahissaient la jeune femme. Pour la musique de sa voix, pour la symphonie brisée qu’elle lui offrait, Evan choisit enfin de la croire.
« There was no heart involved, at the beginning, and then ... » Le brasier l’atteignit en pleine poitrine, et Evan ne chercha pas à l’éteindre. Inadéquat, que d’y voir un incendie qui cherchait à l’engloutir, qui envahissait chaque centimètre de ce qu’il s’était entêté à percevoir comme son territoire, son domaine, son univers – envahisseur américain, invasion familiale, imposition ennemie. Incomplet, que d’imaginer un doux âtre de vestale n’attendant que des mains à réchauffer. Feu follet, alors, de ceux qu’on ne contient pas, qui courent le long des sentiers pour en illuminer les pas, qui rendent la nuit plus douce, qui tirent un brasier ronronnant et puissant dans la nuit obscure. Là où on plonge les armes pour mieux cautériser les plaies.
Evan eut la sensation d’être légèrement tiré – à peine, juste assez pour lui faire ouvrir les yeux, qui coulèrent jusqu’à la silhouette qui s’était rapprochée timidement. Pas tout à fait près, pas exactement éloignée – quelle justesse. Et les accents se firent fermes, décidés, comme si sa voix serrait les poings alors mêmes que les siens étaient accrochés à ses hanches. It felt right. « When we hunted the wolves. When … when we danced, when I woke up in your bed, when I hold your hand last week. It felt right. I … I know it’s a lot to take, but I wanted to believe that you would understand my ... » Évanoui, l’instrument aux mille facettes fléchissait sous le poids des confessions. Sa mâchoire se relâcha, et il hocha la tête. Yes, it did feel right. ((I want this. I want you.)) « This is why I wanted to give you the file. I’m done with this guy. I do prefer the real one. » symétrie d’une nuit lointaine, il la regarda se hisser à lui. Le visage présenté comme une offrande, tellement négligeable face à ce qu'elle venait de lui offrir, mais on ne peut embrasser les aveux, on ne peut leur souffler à l'oreille, caresser leur peau, mordiller leur cou. « You’ll kill me », murmura-t-il contre ses lèvres, une main se glissant contre la cambrure de son dos pour fendre les centimètres qui les séparaient. Avec patience, il repoussa la masse de cheveux d’Alice vers l’arrière, doigts posés sur ses tempes comme il l’avait fait quelques semaines plus tôt. Look at me. Il la regardait, redoutable crotale, laissa ses anneaux entourer sa poitrine. « and I solemnly swear to bring it up anytime we have an argument ». (Chaque fois que tu l’agaceras, que tu auras l’air trop fière, que tu seras un peu trop heureuse d’un mauvais coup, chaque fois qu’il te portera sur les nerfs. Parce que vous avez le temps.) L’embrassa, doucement, avec sur la bouche une promesse – celle de rester.
Les mots avaient déjà explosé, si bien que même hissés en drapeau blanc, on pourrait y voir une pointe effilée à son extrémité, malgré lui – alors il choisit de se taire. Laisser parler sa peau, dans un langage inconnu de la bouche, celui qu'Alice comprenait le mieux. Sur sa langue, goûterait-elle les nuances qui sonneraient creuses, proférées à l'oral? La belle y percevrait-elle la différence, l'écart entre ces nuits sans avenir, de celles où on cherche son plaisir et où les gémissements de l'autre ne servent qu'à être partagés et non offerts? (baetica) Asymétrie, toujours, de retrouver la chair d'autrui, un terrain connu mais pas conquis, avec le sourire au bord des lèvres alors qu'elles effleurent l'intimité, la séduction joueuse, celle qui pétille, celle qui râle, qui gémit de satisfaction mutine. (britannia) et la caresse, le mouvement doux mais possessif, les doigts se faufilant sur le pantalon enduit, se glissant sur les fesses, attrapées avec poigne pour lui faire quitter le sol. Suspendue dans les airs contre son bassin, il ne demanda rien, ne s’assura pas que la porte était verrouillée – tant pis. De quelques pas, Evan rejoignit l’estrade, où il ne la posa pas, la callant entre le bois et ses hanches. Il aurait dû sentir l’urgence – du monde, dehors, de l’université qui se vidait mais où il y avait toujours un importun qui pouvait apparaître sans crier gare. Ne put pas s’en moquer – chaque parcelle de son être, concentrée sur elle. All of me, for all of you. Presque. (caledonia)
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Sam 7 Nov 2020 - 16:19
Advienne que pourra
EXORDIUM.
Le murmure affleura à sa bouche pour remonter jusque ses oreilles dans un souffle chaud, et son coeur loupa un battement : ce n’était pas tant les mots eux-même que le ton, et puis cette grande main chaude qui passait sur sa taille puis dans son dos pour les coller l’un contre l’autre. Un baiser avec un goût de trop peu, d’inachevé dans la question informulée, mais la caresse de ses doigts sur ses tempes se faisait, nonchalante, qu’elle rouvrit les yeux pour tomber dans les siens. Changement d’atmosphère, plongeon dans les cérulées qui se faisaient lagons plutôt que banquises, tachycardie croissante (I see you), mais elle ne détourna pas le regard malgré les reliquats de désarroi liquide accrochés aux coins. Elle laissa échapper un gloussement, étranglé, vite étouffé par un second baiser doux, et même plus : tendre. Ses bras étaient venus entourer le cou du sorcier, se serrant un peu plus contre lui (Feels so right).
Quittant le sol pour s’accrocher à lui, les chevilles croisées enserrant sa taille sans difficulté, exercice connu, maitrisé, Alice avait abandonné la nuque d’Evan pour faire courir ses doigts dans ses cheveux, alors que ses poumons exhalaient lentement son angoisse et sa bouche venait déposer de nouveaux secrets sur la sienne. La peau électrique, le corps avide et pourtant, il y avait cette langueur lente qui contrastait avec d’autres nuits fauves, comme si cette fois, elle s’appliquait à être présente, vraiment présente dans le moment. Dans ce tango à deux, il aurait fallu quelques doses de mauvaise foi pour nier l’attraction de leurs deux corps (craving). Les hanches qui se serrent, en dépit des vêtements, concupiscence inassouvie depuis trop longtemps, et pour cause. Blottie contre lui, Alice sentit sa bouche disparaître dans son cou, se mordit les lèvres, presque incrédule d’un tel revirement de situation qui, pourtant, leur ressemblait tant. Elle avait penché la tête sur le coté pour lui faire plus de place, ses ongles caressant doucement sa nuque, son esprit errant sur chaque point de contact de leurs corps, et ils étaient nombreux. Son regard s’arrêta sur le bureau et le dossier, sommaire conscience de là où ils se trouvaient et dans quelles conditions. Si la tension qu’elle devinait dans le corps du sorcier et le sien se traduisaient en actes, bientôt ils se mettraient dans une position aussi sulfureuse que délicate, ici même. Dans la salle de duel. Non que l’exercice n’ait pas un certain charme, bien sur, l’américaine n’était pas farouche, certainement pas timide, mais …
- Evan …
Non, ce n’était pas bon. La voix s’était faite trop rauque, véritable invitation à l’abandon, presque un râle au pavillon de son oreille. Sois plus précise, Alice.
- Evan … ?
C’était un peu mieux, probablement pas suffisant, d’autant qu’elle sentait la chaleur saisir sa poitrine, étreindre son palpitant et se fondre dans leurs chairs alors qu’Evan la pressait un peu plus contre lui. Sois plus stricte, Alice.
- Evan !
Elle attrapa son visage en coupe, dans ses mains, attrapa ses lèvres pour capter son attention, le ramener dans le monde des vivants s’il s’était déjà perdu dans les bras de Famine et ses appétits, un petit sourire alors qu’elle sentait son souffle passéer entre ses dents, caresser sa langue.
- … It’s friday. (la belle affaire). No, Evan, It’s friday, we are right in front the scale that leads to the attic… The beerflops are probably already here, all the fratboys will be there in a minute, an hour top…
Avec tous les risques que cela impliquait de se faire surprendre (et pire, soupira Famine, interrompre). Elle caressa son nez du sien, déglutissant sa frustration avec le peu de sang froid qui lui restait.
- It won’t be said that righteous president and his new vice president had a very special way to take care of their belongings.
Quoiqu’elle n’eut pas trop de scrupules inhérents à une réputation ou une autre, les conséquences étaient peut-être un peu trop importantes pour prendre un risque, aussi excitant puisse t’il être. Elle attrapa sa lèvre entre ses crocs, pour délia ses jambes pour s’asseoir sur la scène, puis poser les pieds à terre. Sans attendre, sans lui laisser le temps d’objecter, elle lui avait attrapé la main pour quitter la pièce (avant que ne lui prenne l’idée de la plaquer contre un mur. Là, elle n’aurait plus répondu de rien.) Le dossier de cuir s’était réduit à la taille d’un porte feuille pour se ranger dans la poche arrière du pantalon du sorcier, docile animal, alors que son ancienne maitresse avançait d’un bon pas dans le couloir, le menton haut, la prunelle étincelante, mais sans rien laisser transparaitre face aux quelques étudiants qu’ils croisèrent : ils pouvaient entendre les basses et des rires étouffés venant du grenier, preuve s’il en était qu’elle n’avait pas eu tort. Certaines faces connues les saluèrent vaguement intriguées, mais Alice les fit disparaître au détour d’un couloir annexe, plus étroit, dissimulant l’une des cheminées qui servait d’ordinaire aux intervenants extérieurs et aux urgences. Alice le savait, les étudiants ne devaient les utiliser qu’avec parcimonie, normalement, c’était inscrit dans le règlement de la faculté. Elle décréta qu’il s’agissait, effectivement , d’une urgence. Elle alluma la cheminée de l’incendio informulé le plus rapide de la création, et dans un mouvement raide nourrit le brasier d’un peu de poudre de cheminette en marmonnant l’adresse londonienne du sorcier, les faisant disparaître d’un pas de coté, de concert.
Ils sortirent presque gracieusement de l’autre coté, dans l’obscurité totale de la nuit, alors que Big Ben sonnait une nouvelle heure de la soirée. Elle avait pris un risque en préférant la garçonnière du Wakefield, après tout elle ignorait si le placide médicomage qui lui servait de colocataire était dans sa chambre, et prêt à revenir du travail dans le prochain quart d’heure. Mais en ce vendredi 13, elle avait tenté sa chance. Elle n’alluma pas les lumières, se contenta de le chercher, le trouver dans la pénombre. Ses mains glissèrent sous le tissu de sa chemise, sur son ventre, caressant la peau douce, s’attardant sur la texture granuleuse de certaines cicatrices dont elle ignorait encore l’origine. Pas grave, ils auraient encore le temps. Levant le visage vers le sien, ses yeux luisirent dans le noir, alors qu’elle se hissait à nouveau pour pouvoir atteindre sa gorge, ne pouvant guère aller plus loin sans un peu d’aide de sa part.
- … Please tell me he won’t come home tonight...
Quittant le sol pour s’accrocher à lui, les chevilles croisées enserrant sa taille sans difficulté, exercice connu, maitrisé, Alice avait abandonné la nuque d’Evan pour faire courir ses doigts dans ses cheveux, alors que ses poumons exhalaient lentement son angoisse et sa bouche venait déposer de nouveaux secrets sur la sienne. La peau électrique, le corps avide et pourtant, il y avait cette langueur lente qui contrastait avec d’autres nuits fauves, comme si cette fois, elle s’appliquait à être présente, vraiment présente dans le moment. Dans ce tango à deux, il aurait fallu quelques doses de mauvaise foi pour nier l’attraction de leurs deux corps (craving). Les hanches qui se serrent, en dépit des vêtements, concupiscence inassouvie depuis trop longtemps, et pour cause. Blottie contre lui, Alice sentit sa bouche disparaître dans son cou, se mordit les lèvres, presque incrédule d’un tel revirement de situation qui, pourtant, leur ressemblait tant. Elle avait penché la tête sur le coté pour lui faire plus de place, ses ongles caressant doucement sa nuque, son esprit errant sur chaque point de contact de leurs corps, et ils étaient nombreux. Son regard s’arrêta sur le bureau et le dossier, sommaire conscience de là où ils se trouvaient et dans quelles conditions. Si la tension qu’elle devinait dans le corps du sorcier et le sien se traduisaient en actes, bientôt ils se mettraient dans une position aussi sulfureuse que délicate, ici même. Dans la salle de duel. Non que l’exercice n’ait pas un certain charme, bien sur, l’américaine n’était pas farouche, certainement pas timide, mais …
- Evan …
Non, ce n’était pas bon. La voix s’était faite trop rauque, véritable invitation à l’abandon, presque un râle au pavillon de son oreille. Sois plus précise, Alice.
- Evan … ?
C’était un peu mieux, probablement pas suffisant, d’autant qu’elle sentait la chaleur saisir sa poitrine, étreindre son palpitant et se fondre dans leurs chairs alors qu’Evan la pressait un peu plus contre lui. Sois plus stricte, Alice.
- Evan !
Elle attrapa son visage en coupe, dans ses mains, attrapa ses lèvres pour capter son attention, le ramener dans le monde des vivants s’il s’était déjà perdu dans les bras de Famine et ses appétits, un petit sourire alors qu’elle sentait son souffle passéer entre ses dents, caresser sa langue.
- … It’s friday. (la belle affaire). No, Evan, It’s friday, we are right in front the scale that leads to the attic… The beerflops are probably already here, all the fratboys will be there in a minute, an hour top…
Avec tous les risques que cela impliquait de se faire surprendre (et pire, soupira Famine, interrompre). Elle caressa son nez du sien, déglutissant sa frustration avec le peu de sang froid qui lui restait.
- It won’t be said that righteous president and his new vice president had a very special way to take care of their belongings.
Quoiqu’elle n’eut pas trop de scrupules inhérents à une réputation ou une autre, les conséquences étaient peut-être un peu trop importantes pour prendre un risque, aussi excitant puisse t’il être. Elle attrapa sa lèvre entre ses crocs, pour délia ses jambes pour s’asseoir sur la scène, puis poser les pieds à terre. Sans attendre, sans lui laisser le temps d’objecter, elle lui avait attrapé la main pour quitter la pièce (avant que ne lui prenne l’idée de la plaquer contre un mur. Là, elle n’aurait plus répondu de rien.) Le dossier de cuir s’était réduit à la taille d’un porte feuille pour se ranger dans la poche arrière du pantalon du sorcier, docile animal, alors que son ancienne maitresse avançait d’un bon pas dans le couloir, le menton haut, la prunelle étincelante, mais sans rien laisser transparaitre face aux quelques étudiants qu’ils croisèrent : ils pouvaient entendre les basses et des rires étouffés venant du grenier, preuve s’il en était qu’elle n’avait pas eu tort. Certaines faces connues les saluèrent vaguement intriguées, mais Alice les fit disparaître au détour d’un couloir annexe, plus étroit, dissimulant l’une des cheminées qui servait d’ordinaire aux intervenants extérieurs et aux urgences. Alice le savait, les étudiants ne devaient les utiliser qu’avec parcimonie, normalement, c’était inscrit dans le règlement de la faculté. Elle décréta qu’il s’agissait, effectivement , d’une urgence. Elle alluma la cheminée de l’incendio informulé le plus rapide de la création, et dans un mouvement raide nourrit le brasier d’un peu de poudre de cheminette en marmonnant l’adresse londonienne du sorcier, les faisant disparaître d’un pas de coté, de concert.
Ils sortirent presque gracieusement de l’autre coté, dans l’obscurité totale de la nuit, alors que Big Ben sonnait une nouvelle heure de la soirée. Elle avait pris un risque en préférant la garçonnière du Wakefield, après tout elle ignorait si le placide médicomage qui lui servait de colocataire était dans sa chambre, et prêt à revenir du travail dans le prochain quart d’heure. Mais en ce vendredi 13, elle avait tenté sa chance. Elle n’alluma pas les lumières, se contenta de le chercher, le trouver dans la pénombre. Ses mains glissèrent sous le tissu de sa chemise, sur son ventre, caressant la peau douce, s’attardant sur la texture granuleuse de certaines cicatrices dont elle ignorait encore l’origine. Pas grave, ils auraient encore le temps. Levant le visage vers le sien, ses yeux luisirent dans le noir, alors qu’elle se hissait à nouveau pour pouvoir atteindre sa gorge, ne pouvant guère aller plus loin sans un peu d’aide de sa part.
- … Please tell me he won’t come home tonight...
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Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Sam 14 Nov 2020 - 15:02
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(i don't need your name) (tenue) Entre ses lèvres, son prénom n’avait jamais été une si séduisante mélodie. « Evan … » Un grognement échappa à ses lèvres qui coulaient le long de sa clavicule, ses doigts profitant de l’équilibre de la sorcière entre ses hanches et l’estrade pour se glisser sous le haut d’Alice. Il n’y avait aucune tendresse dans ses gestes, absence de révérence – l’urgence de la déshabiller, de faire passer la colère qui n’avait su être criée à son visage en entendant sa voix vaciller, en voyant la faille dans ses yeux. « Evan … ? » Son bras s’enroula autour de sa taille, la pressant contre lui, une main faisant basculer sa tête vers l’arrière. « Evan ! » That’s not the right tone. La tête enserrée par les doigts de la jeune femme, l’Écossais lui jeta un regard interloqué – really? Really?! L’esprit embrumé, il ne saisit pas le début de ses paroles, déjà prêt à s’en moquer, à dire to hell with them, let’s lock the bloody doors mais la grymm lui échappait déjà, le guidant vers la sortie – he’d be damned if he wouldn’t follow
Jamais n’aurait-on vu deux personnes traverser si rapidement les corridors de la faculté, ignorant superbement des visages connus – on aurait certainement remarqué l’intensité dans les gestes, les regards concentrés sur une tâche comme s’ils s’apprêtaient à traquer un adversaire. Inconscients de l’environnement autour d’eux, centrés sur le but – et le géant adressait une prière à des anges invisibles, récitant une litanie qu’il s’imaginait asséner à son colocataire. Listen to me. Listen to me bloody hell I'm really happy for you and Rose and your conjugal bliss and it's amazing and great and fantastic but I swear to Merlin's sodding pants if you aren't out of the flat before I get back I will never fold a bleeding towel again or do any cleaning whatsoever and will walk around the apartment naked until you decide to move out! Les flammèches vertes les engloutirent alors que les pensées du Calédonien se faisaient bien moins élégantes (and that’s saying something). Enveloppés d’obscurité, seules leurs prunelles brillaient – miroir de l’autre. Fallait-il s’étonner que des adultes aussi incapables de parler le même langage se comprennent dans celui des corps? « … Please tell me he won’t come home tonight... » La langueur tendue rendait la voix de la jeune femme rauque – aussi prête à caresser qu’à faire usage de ses aspérités le long de sa peau. D’un lumos discret, le sorcier éclaira le réfrigérateur pour y jeter un œil – la cabine téléphonique était verte. Un soir de juillet, les deux colocataires s’étaient introduits en état d’ébriété dans une boutique de souvenirs attrape-moldu et s’étaient imaginé un système de communication, hilares – les couleurs d’aimants ridicules et réversibles en guise de signal à l’autre, chacun choisissant un symbole londonien. Le lendemain, la tête dans un étau, ils s’étaient félicités de leur génie (lire : Evan avait proclamé être l’homme le plus intelligent depuis la naissance du grand-père de Darius Belby et Aedan avait rigolé au-dessus de sa tasse de café fumant).
Un sourire aux lèvres, doublé d’une humeur pressante qui habitait ses traits. (famished) « it’s just us and those clothes we’re still wearing », souffla le futur auror, soulevant à nouveau la sorcière pour mieux la poser sur le comptoir où elle avait été assise quelques semaines auparavant, sans considération pour tous les meubles plus confortables qui auraient fait l’affaire. L’impatience se sentait dans ses gestes, qui, sans être brusques, n’avaient rien de tendres. Alice et lui parleraient, le lendemain – comme des adultes, comme des amants, comme deux cœurs en berne qui exprimaient si mal leurs émotions, mais pour l’heure, il fit passer le haut de la sorcière par-dessus sa tête, sa crinière libérée balayant ses épaules d’où glissèrent les bretelles du soutien-gorge. L’urgence. L’adrénaline qui faisait remonter un grain de colère qui n’avait pas su être exprimée, amadouée par la vulnérabilité d’Alice – mais il y avait pire façon de faire passer son emportement. Surtout, elle n’avait plus rien de vulnérable. Son sourire avait retrouvé son allure féline, il sentait la pointe de ses ongles le long de sa peau, ses dents sur sa bouche. Un bruit de chute résonna dans la pièce – les talons de la sorcière, échoués au sol. Une plainte rauque franchit ses lèvres, et ses doigts firent glisser ses pantalons le long de ses jambes, leur texture enduite caressant ses paumes. Une fraction de secondes, il échappa à ses lèvres, ses hanches collées à son bassin, et l’observa. (Désolé si j’ai fucké tes plans.)
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Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Sam 14 Nov 2020 - 18:38
Advienne que pourra
EXORDIUM.
I wanna be your healingElle n’avait pas compris le mouvement de baguette du Wakefield en direction de la cuisine. S’en foutait complètement. Tout ce qui comptait était le résultat, ce sifflement coincé entre ses dents serrées dans un rictus tendu par, pour une fois, autre chose que de la défiance. « it’s just us and those clothes we’re still wearing ». elle avait hoché la tête, avec dans les yeux ce que ses lèvres étaient trop occupées ailleurs pour articuler. Not for long. Elle avait accroché ses jambes autour de la taille du propriétaire des lieux alors même qu’il se penchait pour la porter ( à croire que le mouvement était déjà bien rôdé … Well), et se retrouva assise sur le comptoir, entre deux pots d’épices qui avaient surement été oubliés là après une recette quelconque. Sa blouse avait volé par dessus sa tête comme un vulgaire chiffon, drapeau blanc agité un instant signant la trêve des mots, déclarant le début des hostilités des corps. Elle devina les mains du géant passer d’un élément à l’autre avec une maestria qui confinait à un savant mélange d’expérience et d’empressement, alors qu’elle-même s’amusait à l’agacer de sa bouche contre la sienne, les crocs pointus s’enfonçant dans les lippes, lui agrippant la langue sans lui venir une seconde en aide. Il y a quelques habitudes des hommes qu’elle considérait comme universelles ou presque, celle de déshabiller une femme comme on déballe un cadeau en étant une. Tiré sur un pan, même d’une main secourable, ne ferait que contrarier ses manies et sa manière de faire, qu’il se débrouille (bien, d’ailleurs, mais ça, elle le savait déjà). Sans se presser, elle avait frotté ses chevilles contre ses propres talons pour faire tomber ses chaussures dans un bruit mat sur le parquet. L’instant d’après, elle se retrouvait délestée de son pantalon, qui eut la grâce de couler le long de ses jambes comme de l’encre liquide, découvrant une peau familière au Wakefield, mais qui pourtant s’électrisait, encore sous son toucher autoritaire. Pressant.
Alice n’était plus qu’en sous-vêtements quand Evan lui échappa, un instant, reculant son visage du sien pour la dévisager, bien qu’elle soit à peu près sure, dans la pénombre, que ce n’était pas uniquement son joli minois qu’il observait. Elle le laissa faire sans déplaisir, s’étirant comme un chat, un bras en l’air, l’autre se maintenant le coude, gestuelle usitée à plus d’une reprise (remember, Wakefield ? Musarum, those jacket ? ), avant de venir déboutonner sa chemise, bouton après bouton, ses doigts s’égarant de temps à autre sur sa peau, du bout des ongles, sans jamais remonter son regard dans le sien, le laissant à sa contemplation, à sa frustration, encore quelques secondes. Ce ne fut que lorsqu’elle atteignit le dernier fermoir, celui du bas, qu’elle glissa l’index du nombril du sorcier à la boucle de sa ceinture pour la défaire d’un mouvement souple, de celle qui, à son instar, ne l’avait pas attendu pour maîtriser ce genre de jeux. Ils n’étaient pas encore à égalité, pas tout à fait, mais elle ne doutait pas un instant qu’il ne lui ferait pas l’affront de la faire patienter plus longtemps. Ses mains étaient remontées, chaudes, sur sa peau des hanches jusqu’aux épaules pour faire tomber la chemise, la gauche déviant jusqu’à sa nuque alors que son regard brillant retrouvait son miroir. Fiévreux, sans concession. Les doigts s’enfoncèrent dans la peau, à la naissance de sa chevelure, alors que ses jambes venaient raffermir leur prise sur les hanches du sorcier, l’entravant dans un mouvement de hanches alors qu’elle fondait à nouveau sur ses lèvres avec l’appétit de celle qui rompt le jeûne subi. Elle n’avait pas envie de fermer les yeux, les gardant ouvert la plupart du temps pour profiter du spectacle. Sa main libre invitant la sienne à trouver sa place à la lisière d’un sous vêtement, elle soupira doucement, un seul mot, un appel, un ordre. Un Prénom.
- Evan …
Elle savait qu’il n’avait pas besoin de plus, par expérience, par jeu aussi, et parce qu’il saurait deviner la suite sans qu’elle ait besoin d’en dire un mot, les ayant déjà entendus sous une autre lune, un autre toit hidalgo. I don’t expect you to be gentle. Please, please don’t.
Alice n’était plus qu’en sous-vêtements quand Evan lui échappa, un instant, reculant son visage du sien pour la dévisager, bien qu’elle soit à peu près sure, dans la pénombre, que ce n’était pas uniquement son joli minois qu’il observait. Elle le laissa faire sans déplaisir, s’étirant comme un chat, un bras en l’air, l’autre se maintenant le coude, gestuelle usitée à plus d’une reprise (remember, Wakefield ? Musarum, those jacket ? ), avant de venir déboutonner sa chemise, bouton après bouton, ses doigts s’égarant de temps à autre sur sa peau, du bout des ongles, sans jamais remonter son regard dans le sien, le laissant à sa contemplation, à sa frustration, encore quelques secondes. Ce ne fut que lorsqu’elle atteignit le dernier fermoir, celui du bas, qu’elle glissa l’index du nombril du sorcier à la boucle de sa ceinture pour la défaire d’un mouvement souple, de celle qui, à son instar, ne l’avait pas attendu pour maîtriser ce genre de jeux. Ils n’étaient pas encore à égalité, pas tout à fait, mais elle ne doutait pas un instant qu’il ne lui ferait pas l’affront de la faire patienter plus longtemps. Ses mains étaient remontées, chaudes, sur sa peau des hanches jusqu’aux épaules pour faire tomber la chemise, la gauche déviant jusqu’à sa nuque alors que son regard brillant retrouvait son miroir. Fiévreux, sans concession. Les doigts s’enfoncèrent dans la peau, à la naissance de sa chevelure, alors que ses jambes venaient raffermir leur prise sur les hanches du sorcier, l’entravant dans un mouvement de hanches alors qu’elle fondait à nouveau sur ses lèvres avec l’appétit de celle qui rompt le jeûne subi. Elle n’avait pas envie de fermer les yeux, les gardant ouvert la plupart du temps pour profiter du spectacle. Sa main libre invitant la sienne à trouver sa place à la lisière d’un sous vêtement, elle soupira doucement, un seul mot, un appel, un ordre. Un Prénom.
- Evan …
Elle savait qu’il n’avait pas besoin de plus, par expérience, par jeu aussi, et parce qu’il saurait deviner la suite sans qu’elle ait besoin d’en dire un mot, les ayant déjà entendus sous une autre lune, un autre toit hidalgo. I don’t expect you to be gentle. Please, please don’t.
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Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Lun 28 Déc 2020 - 18:04
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(i don't need your name) (tenue) Dans l’impatience, les mouvements pas tout à fait tendres. L’approximation dans le désir, les émotions qui embrouillent les gestes, un peu – il y a un désir de conquête davantage qu’un instinct de tendresse, une colère qui a besoin d’être exprimée ailleurs que dans la salle de duels. Le temps d’un battement de
Le bout des ongles de l’amphisbène le frôle, l’agace presque autant qu’il n’alimente le brasier logé dans son bas-ventre, lui arrache un grognement indocile. L’observe l’ignorer sciemment, occupée à sa besogne de lui faire perdre sa lorica soyeuse pour révéler les blessures anciennes. La peau parcourue de cicatrices – celles qui s’offrent au jour sans devoir être expliquées, les traces de coups reçus ici et là, celles qui s’affirment davantage encore, mystérieuses, le long de son avant-bras droit, celles, cruelles, d’un autre incendie que celui qui lui ravage à présent les entrailles.
La retenue est herculéenne, n’attend qu’un infime indice, un soupir, une plainte d’assentiment – sa fébrilité enjoint à davantage que la chaleur de ses jambes. Sur sa langue, il entend (enfin) la demande, reconnait le ton ibérique. « Evan … » Les femmes de sa trempe méritent la révérence, mais la lueur dans le regard est sans équivoque – et si elle trouve son plaisir à de nombreuses coupes, ses mots silencieux invitent à celle qui lui brûlera les lèvres. Celle qui demande à pincer, à mordre et (certainement) à déplorer des bris matériels le lendemain.
ses respirations sont désordre, bras-étau.
ses soupirs en guise d’ordonnance,
et la symétrie dans l’éclat qui accepte les éraflures –
son sourire, une infime parcelle de vie qui s’écrase
sur les berges de son intransigeance.
L’approbation se lit entre les cils qui bordent un regard tentateur, les sens affamés d’un déchaînement qui n’a jamais été tout à fait accordé – pas en août, pas en septembre. (le piment du consentement.) Sur sa bouche, les marques de crocs qui s’imposent à son souvenir, somment de les imaginer ailleurs, et plus bas. (everybody knows a little teeth doesn’t hurt.) L’imagination ne peut être conceptualisée – trop empressé d’être mis à mal et de lui rendre la pareille, l’expectative est abandonnée alors même qu’on l’effleure à peine.
D’une pression des orteils contre les talons, le blond se débarrasse de ses chaussures, chaussettes retirées d’un geste presque agacé (idiotic piece of clothing slowing him down) que ponctue le bruit métallique de la ceinture contre le carrelage. Ses doigts se serrent contre sa taille, creusent entre les lignes des obliques – (presque) trop fort. « You’ll get your turn. » Le ton est impérieux et sans compromis autre que l’attente d’approbation – l’annonce à accepter toute entière ou les vêtements à revêtir à nouveau, avant de tourner les talons. La réciprocité s’incarnerait certainement plus tard, au-delà du plaisir qu’elle pourrait trouver dans des coups de bassin virulents. Not being gentle was one thing – this was something else. L’assentiment d’Alice fait sauter la dernière barrière de sa retenue, et de ses sous-vêtements à lui.
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Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Mar 29 Déc 2020 - 10:18
Advienne que pourra
EXORDIUM.
XxX
Cela dura plus longtemps qu’elle l’aurait imaginé, à moins que cela soit le temps qui se soit étiré dans une fusion incandescente et la rage bouillonnante, jusqu’à la reddition, l’épuisement de l’humeur belliqueuse du grand sorcier coincé entre ses cuisses, les plumes ébouriffées dans la bataille. Elle n’osa pas bouger, pas tout de suite, le garde contre elle, au creux des salières, non loin de l’oreiller inondé de sa chevelure fauve. Le prochain mouvement est lent, presque hésitant, longeant la lisière de la coiffe blonde, caressant les contours d’une oreille, d’un lobe, du bout des doigts. Il y eut un baiser, langoureux, profond. Les yeux fermés. De ceux qui prennent et qui offrent. Famine était repue, pour le moment, et pourtant, elle n’avait pas envie de partir. Pas cette fois. Alors elle rouvrit les paupières, cherchant l’éclat dans la pénombre, une question muette dans le regard et au bord des lèvres closes. Are you ok ?
Cela dura plus longtemps qu’elle l’aurait imaginé, à moins que cela soit le temps qui se soit étiré dans une fusion incandescente et la rage bouillonnante, jusqu’à la reddition, l’épuisement de l’humeur belliqueuse du grand sorcier coincé entre ses cuisses, les plumes ébouriffées dans la bataille. Elle n’osa pas bouger, pas tout de suite, le garde contre elle, au creux des salières, non loin de l’oreiller inondé de sa chevelure fauve. Le prochain mouvement est lent, presque hésitant, longeant la lisière de la coiffe blonde, caressant les contours d’une oreille, d’un lobe, du bout des doigts. Il y eut un baiser, langoureux, profond. Les yeux fermés. De ceux qui prennent et qui offrent. Famine était repue, pour le moment, et pourtant, elle n’avait pas envie de partir. Pas cette fois. Alors elle rouvrit les paupières, cherchant l’éclat dans la pénombre, une question muette dans le regard et au bord des lèvres closes. Are you ok ?
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Mar 29 Déc 2020 - 15:39
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(coming back) La rage et la concupiscence s'étaient liées dans leurs mouvements, les plaqués hargneux et le besoin de se lier à elle plutôt que de l'évacuer ailleurs. Un désir de vengeance, et l'envie de la garder, proche. Mine. Alice n’avait écopé de rien – à présent qu’il s’extirpait avec peine de la rage charnelle qui l’avait possédé, il le réalisait. Les mouvements lents de sa poitrine soulevant sa joue le berçaient doucement, l’appelaient. Reviens. Préférant laisser les dernières mesures de tension et de colère s’évaporer dans le silence, Evan demeura obstinément muet, frustration agressive dissipée entre les draps et dans l’air moite de sa chambre, mais il restait les dernières accusations, et que dire, réellement, d’utile, qui ne ressemblerait pas à une nouvelle salve de reproches où on blâmerait le scorpion d’avoir piqué sa proie? It’s in my nature, said she, as she stung her prey.
Lorsque les doigts de la Grymm s’étaient glissés sur sa nuque pour l’inciter à revenir, il l’avait embrassée, le cœur pris dans une tourmente supplémentaire. Are you ok? La négation nageait dans son regard de ciel, ceint de vents contraires. I don’t know if I’ll ever be. Même coincée entre ses bras en guise d’étau, l’Américaine n’avait pas réellement subi, révélant une profondeur nouvelle qui lui était demeurée interdite les deux fois précédentes. Aurait-il préféré qu’elle accueille les assauts sans attiser son agressivité lascive? L’alternative lui donnait le vertige.
Monstre d’orgueil et d’avarice, et pourtant – ne fallait-il pas un être retors pour accepter un travers de combattivité que d’autres auraient encaissé, le faire sien, pour mieux le lui offrir de nouveau? Evan l’avait vue lionne, sous la lune. Le courage d’affronter ses peurs les plus profondes, de le secourir, lui, de se faire partenaire pour la première fois. Crotale, sous les regards de leurs parents. Traitresse, égoïste, manipulatrice. Both. Séduit par le fauve, Evan avait tenté d’ignorer le serpent, croire qu’il ne s’agissait que d’un costume tissé d’une éducation et des dogmes sociaux qui pouvaient au besoin être mis de côté – mais ses anneaux s’étaient enroulés autour de lui. Non pas pour l’étouffer – pour qu’il soit à elle. Donnant son accord, l’accompagnant dans sa descente, expier la violence par les vices. Les murmures tentateurs prononcés d’une bouche recourbée et joueuse – et dans la provocation d’Alice, il y avait eu sa générosité, de celles qui prennent pour donner.
On l’avait choisi, jadis, une demie-vie auparavant – celle menée en secret, où il avait abandonné ses attributs les plus paradoxaux pour se laisser choisir. Aliéné, le complexe du fils mal-aimé, pour s’offrir entier, mais pas tout à fait. Car son existence contraire (et contrariante) n’avait rien de mensongère – l’héritier et le rebelle. On l’avait choisi, mais avait-il réellement tout offert, coupé de la moitié de son existence?
Le Calédonien résista à la tentation de l’installer contre lui, posture trop aisée de l’anonymat des visages. Il se contenta de relever un coude, la tête appuyée sur sa paume et regrettant un peu son dernier perchoir – mais il fallait affronter l’honnêteté, à présent qu’elle s’était enfin glissée entre eux. La garder dans l’enclos de leurs prunelles jointes. « Is there anything else, Alice? », l’interrogea son fiancé. Don’t you also have something to tell her, then? L’Américaine avait été honnête, et il avait accepté le trenchant des blessures qui avait accompagné les cinglantes révélations – mais elle n’était pas la seule fautive, peut-être sans le savoir. Sa bouche s’entrouvrit, et l’éclat dans les iris d’Alice se fit crochet, attrapant leur prise qui n’était pas tout à fait prête à se laisser haranguer. « It was cruel », lâcha le futur auror. « I don’t care if it was justified – fine, it was. I hate that you did this, that your whole family and most likely my father participated. I understand why. I get it. I do. But it was cruel. » L’insistance, légère, qui camouflait l’aveu à venir.
Il aurait voulu la caresser, laisser tomber ses propres excuses et l’offrande de vérité qui devait être réciproque. La tentation était là : même rassasiés, les appétits de la jeune femme pouvaient être réveillés, et il serait si aisé de la toucher, qu’ils se laissent tous deux distraire : spécialistes de l’évitement lorsqu’il s’agissait des aveux, ni l’un ni l’autre tout à fait dupe, mais plus qu’heureux de s’enliser ensemble. Fair is fair, Wakefield. « But it didn’t say why I came back, or why I even agreed to be married again ». L’entrée, prudente, et il glissa un regard vers Alice. Y lut une faim particulière – la bête était curieuse, et il offrait un morceau du puzzle demeuré obstinément manquant au sein du dossier dont elle avait religieusement appris les contenus. « You’ll have understood that my relationship with my father is complex. (l’ironie du siècle) My mum and I were very close. She was … soft. Kind. An artist, but without the pride that makes one want to make a career out of it. She was just happy to enjoy it. » Un petit sourire étira ses lèvres, accompagnant l’amour dans la voix. « She died when I was fifteen. » Il avait perdu davantage que sa mère – son ancre dans une famille où il se voyait comme un éternel incompris, pas tout à fait aimé. « And I became … complicated. I tried to do what he expected of me. I really did. I tried to muffle every bone in me that wanted nothing to do with tradition. I only wanted to play music and be done with the sodding expectations of my family. They’re all jurists and politicians, surely you know that. As an auror, I’m technically beneath my good name. I was engaged to an Austrian girl, an Aldermann. We had met a few times in balls on my mum’s side, she was everything my father wanted. Polite, charming, beautiful, a political pedigree – not a rebellious bone in her body, he had enough of that with me. Guess he didn’t take into account how close I was to exploding, at the time. »
Le Calédonien était un conteur – et les conteurs avaient besoin d’installer leur contexte, si étrange puisse-t-il paraitre lorsqu’on était nu comme un ver après de violents ébats. « Anyways, you know the rest. I left, and joined Jaï, who I had helped escape her own marriage. I think my father partially blames her as my inspiration – which wouldn’t be entirely false. We were two heirs, used to a … well, privileged lifestyle, and we didn’t know how to do anything. We were poor, and basically useless. Her couch was my room, and you’d be disgusted if you heard what we’d call dinner. But we were strangely happy, and we don’t really talk about it with other people. It was another life, another world ». Son sourire se fit nostalgique, affectueux – l’amour fraternel et loyal qu’il vouait à sa cousine n’était pas un secret, dans les cercles universitaires.
Il aurait pu se taire, se limiter à cette cassure familiale, au fait qu’il avait voulu réintégrer les rangs des Wakefield après trop de temps passé loin – mais Alice avait été honnête. Brutalement, maladroitement franche, et l’honneur demandait toujours la réciprocité, qu’il s’agisse de coups ou de caresses. « I met my wife, then. » Elena. Il ne voulait pas parler d’elle – pas trop. Pas de sa façon d’effleurer le plancher comme une fée, pas de ses rires lorsqu’elle nourrissait les pigeons des miettes de ses sandwichs entre deux répétitions, ses ronflements disproportionnés pour son gabarit de ballerine. Pas de son ambition de danseuse, de ses succès. Ils étaient à eux, et Evan ne les devait à personne. Mais il devait un début d’explication à Alice, et en donna le plus possible en préservant la mémoire de son épouse. Tut la profondeur de ses sentiments – l’Américaine était loin d’être idiote, elle les devinerait au contexte et à son ton. « She died. » She died, and I almost followed her.
« It took me a long time to want to come back. I didn’t belong to anyone, anymore. I was on the road with other musicians for a while, then in Wien for a few years. It was fulfilling, but lonely. As contrary as I was to my family – they’re mine, you know? I wanted to come back. To belong to them, even with the shame I’d caused. I said yes to another engagement, because I thought it would be easy. To find another arrangement and live out one of those cordial pureblood marriages. To be safe from matters of the heart. I suppose I wasn’t entirely honest with you either, then. Though, who would have been? With your cat smiles and your way of wanting the world to be aware of the fact you always have a string to pull, you didn’t make yourself the most forgiving match. » Ça avait le son d’un reproche, et c’en était un, mais pas que. Ses doigts tracèrent le contour des clavicules, prirent le détour des bretelles du soutien-gorge qui n’avait jamais été retiré. « And I can’t stay indifferent to you », souffla-t-il. « Alice Hangbé, you’re the most frustrating person I’ve ever met, and I was quite happy holding that title myself. » How’s that for pillow talk?
Lorsque les doigts de la Grymm s’étaient glissés sur sa nuque pour l’inciter à revenir, il l’avait embrassée, le cœur pris dans une tourmente supplémentaire. Are you ok? La négation nageait dans son regard de ciel, ceint de vents contraires. I don’t know if I’ll ever be. Même coincée entre ses bras en guise d’étau, l’Américaine n’avait pas réellement subi, révélant une profondeur nouvelle qui lui était demeurée interdite les deux fois précédentes. Aurait-il préféré qu’elle accueille les assauts sans attiser son agressivité lascive? L’alternative lui donnait le vertige.
Monstre d’orgueil et d’avarice, et pourtant – ne fallait-il pas un être retors pour accepter un travers de combattivité que d’autres auraient encaissé, le faire sien, pour mieux le lui offrir de nouveau? Evan l’avait vue lionne, sous la lune. Le courage d’affronter ses peurs les plus profondes, de le secourir, lui, de se faire partenaire pour la première fois. Crotale, sous les regards de leurs parents. Traitresse, égoïste, manipulatrice. Both. Séduit par le fauve, Evan avait tenté d’ignorer le serpent, croire qu’il ne s’agissait que d’un costume tissé d’une éducation et des dogmes sociaux qui pouvaient au besoin être mis de côté – mais ses anneaux s’étaient enroulés autour de lui. Non pas pour l’étouffer – pour qu’il soit à elle. Donnant son accord, l’accompagnant dans sa descente, expier la violence par les vices. Les murmures tentateurs prononcés d’une bouche recourbée et joueuse – et dans la provocation d’Alice, il y avait eu sa générosité, de celles qui prennent pour donner.
On l’avait choisi, jadis, une demie-vie auparavant – celle menée en secret, où il avait abandonné ses attributs les plus paradoxaux pour se laisser choisir. Aliéné, le complexe du fils mal-aimé, pour s’offrir entier, mais pas tout à fait. Car son existence contraire (et contrariante) n’avait rien de mensongère – l’héritier et le rebelle. On l’avait choisi, mais avait-il réellement tout offert, coupé de la moitié de son existence?
Le Calédonien résista à la tentation de l’installer contre lui, posture trop aisée de l’anonymat des visages. Il se contenta de relever un coude, la tête appuyée sur sa paume et regrettant un peu son dernier perchoir – mais il fallait affronter l’honnêteté, à présent qu’elle s’était enfin glissée entre eux. La garder dans l’enclos de leurs prunelles jointes. « Is there anything else, Alice? », l’interrogea son fiancé. Don’t you also have something to tell her, then? L’Américaine avait été honnête, et il avait accepté le trenchant des blessures qui avait accompagné les cinglantes révélations – mais elle n’était pas la seule fautive, peut-être sans le savoir. Sa bouche s’entrouvrit, et l’éclat dans les iris d’Alice se fit crochet, attrapant leur prise qui n’était pas tout à fait prête à se laisser haranguer. « It was cruel », lâcha le futur auror. « I don’t care if it was justified – fine, it was. I hate that you did this, that your whole family and most likely my father participated. I understand why. I get it. I do. But it was cruel. » L’insistance, légère, qui camouflait l’aveu à venir.
Il aurait voulu la caresser, laisser tomber ses propres excuses et l’offrande de vérité qui devait être réciproque. La tentation était là : même rassasiés, les appétits de la jeune femme pouvaient être réveillés, et il serait si aisé de la toucher, qu’ils se laissent tous deux distraire : spécialistes de l’évitement lorsqu’il s’agissait des aveux, ni l’un ni l’autre tout à fait dupe, mais plus qu’heureux de s’enliser ensemble. Fair is fair, Wakefield. « But it didn’t say why I came back, or why I even agreed to be married again ». L’entrée, prudente, et il glissa un regard vers Alice. Y lut une faim particulière – la bête était curieuse, et il offrait un morceau du puzzle demeuré obstinément manquant au sein du dossier dont elle avait religieusement appris les contenus. « You’ll have understood that my relationship with my father is complex. (l’ironie du siècle) My mum and I were very close. She was … soft. Kind. An artist, but without the pride that makes one want to make a career out of it. She was just happy to enjoy it. » Un petit sourire étira ses lèvres, accompagnant l’amour dans la voix. « She died when I was fifteen. » Il avait perdu davantage que sa mère – son ancre dans une famille où il se voyait comme un éternel incompris, pas tout à fait aimé. « And I became … complicated. I tried to do what he expected of me. I really did. I tried to muffle every bone in me that wanted nothing to do with tradition. I only wanted to play music and be done with the sodding expectations of my family. They’re all jurists and politicians, surely you know that. As an auror, I’m technically beneath my good name. I was engaged to an Austrian girl, an Aldermann. We had met a few times in balls on my mum’s side, she was everything my father wanted. Polite, charming, beautiful, a political pedigree – not a rebellious bone in her body, he had enough of that with me. Guess he didn’t take into account how close I was to exploding, at the time. »
Le Calédonien était un conteur – et les conteurs avaient besoin d’installer leur contexte, si étrange puisse-t-il paraitre lorsqu’on était nu comme un ver après de violents ébats. « Anyways, you know the rest. I left, and joined Jaï, who I had helped escape her own marriage. I think my father partially blames her as my inspiration – which wouldn’t be entirely false. We were two heirs, used to a … well, privileged lifestyle, and we didn’t know how to do anything. We were poor, and basically useless. Her couch was my room, and you’d be disgusted if you heard what we’d call dinner. But we were strangely happy, and we don’t really talk about it with other people. It was another life, another world ». Son sourire se fit nostalgique, affectueux – l’amour fraternel et loyal qu’il vouait à sa cousine n’était pas un secret, dans les cercles universitaires.
Il aurait pu se taire, se limiter à cette cassure familiale, au fait qu’il avait voulu réintégrer les rangs des Wakefield après trop de temps passé loin – mais Alice avait été honnête. Brutalement, maladroitement franche, et l’honneur demandait toujours la réciprocité, qu’il s’agisse de coups ou de caresses. « I met my wife, then. » Elena. Il ne voulait pas parler d’elle – pas trop. Pas de sa façon d’effleurer le plancher comme une fée, pas de ses rires lorsqu’elle nourrissait les pigeons des miettes de ses sandwichs entre deux répétitions, ses ronflements disproportionnés pour son gabarit de ballerine. Pas de son ambition de danseuse, de ses succès. Ils étaient à eux, et Evan ne les devait à personne. Mais il devait un début d’explication à Alice, et en donna le plus possible en préservant la mémoire de son épouse. Tut la profondeur de ses sentiments – l’Américaine était loin d’être idiote, elle les devinerait au contexte et à son ton. « She died. » She died, and I almost followed her.
« It took me a long time to want to come back. I didn’t belong to anyone, anymore. I was on the road with other musicians for a while, then in Wien for a few years. It was fulfilling, but lonely. As contrary as I was to my family – they’re mine, you know? I wanted to come back. To belong to them, even with the shame I’d caused. I said yes to another engagement, because I thought it would be easy. To find another arrangement and live out one of those cordial pureblood marriages. To be safe from matters of the heart. I suppose I wasn’t entirely honest with you either, then. Though, who would have been? With your cat smiles and your way of wanting the world to be aware of the fact you always have a string to pull, you didn’t make yourself the most forgiving match. » Ça avait le son d’un reproche, et c’en était un, mais pas que. Ses doigts tracèrent le contour des clavicules, prirent le détour des bretelles du soutien-gorge qui n’avait jamais été retiré. « And I can’t stay indifferent to you », souffla-t-il. « Alice Hangbé, you’re the most frustrating person I’ve ever met, and I was quite happy holding that title myself. » How’s that for pillow talk?
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Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Mar 29 Déc 2020 - 17:48
Advienne que pourra
EXORDIUM.
I wanna be your healingDans le clair obscur de la pièce, les corps s’étaient entremêlés jusqu’à se fondre, annihilant la frontière distinguant la fin de l’un, le commencement de l’autre, les muscles roulant en force sous le vélin de peaux douces par endroit, tellement écorchées par d’autres. Ils auraient pu sonner la fin de la partie, se laisser entraîner par le sommeil du juste, le repos du guerrier, mais leur jeu en décidait autrement, et l’Américaine l’avait compris en peu de temps, et encore moins de mots, comme si le silence même présageait les confessions à venir. Elle cherchait à lire en vain dans ses yeux, le manque d’habitude se faisait ressentir, et quand il bascula sur le côté, elle dut se faire violence pour ne pas le retenir, remontant simplement le drap sur elle dans un frisson. Come back, I’m cold without you on top of me. La première question la prit de court, froncement de sourcil, imperceptible dans le noir, alors malgré la gorge sèche, elle souffla un « no. » sans fioriture, se suffisant à lui-même. Elle n’avait pas envie de chercher, non plus, elle qui s’était tant fait violence un peu plus tôt, lui laissant la parole en son royaume. Elle encaissa les reproches, comme une grande fille qu’elle était, le fixant de ses grands yeux de chat dans le noir. Peut être, un jour, lui demanderait-elle pardon, pour les mensonges, pour les fils tissés avec tant de soin dans chaque recoin de son univers pour le guider jusqu’à elle, mais pardon ne valait pas excuses, elle ne se sentirait jamais coupable des moyens usités pour de telles fins. Peut-être, un jour, comprendrait-il, pour justement la pardonner. Elle laissa glisser la conversation là où il l’emmenait, sans mot dire. Sage.
Reproduisant inconsciemment sa posture, elle lui faisait face, partiellement enveloppée dans l’ersatz de vêtement fluide, l’oreiller roulé sous la tempe pour surélever un peu sa tête. Les lèvres closes, Alice laissait le récit s’installer, emplir la pièce, un frisson lui parcourant l’échine alors qu’elle avait cette étrange sensation de déjà-vu, alors qu’il lui comptait une histoire qu’elle connaissait par coeur, mais qui n’avait pas la même saveur conté par son héros principal. Tour à tour il se faisait fils aimant puis abandonné, déserteur de son propre héritage au sein d’intrigues sans couleur, avanie à son âme d’aventurier poète. Elle avait souri à la mention d’une reine parmi les reines, aussi glorieuse qu’inefficace dans le quotidien qu’elle avait pourtant rendu supportable dans l’algarade londonienne. Et puis, l’Aveu. Dans les trémolos discrets de sa voix, le poids du deuil et d’un amour qui n’aurait jamais de fin, encré à même le palpitant comme une cicatrice. Ça, ce n’était pas dans le dossier, et pour cause. Les questions se bousculaient sur le bout de sa langue, mais elle les garda toutes, absolument toutes, parce qu’il y avait un temps pour tout et tous, et que celui de l’instant n’appartenait qu’au Wakefield. Tell me a sad story in seven words : I met my wife then. She died. Tout était dit, sans rien dévoiler. Une simple phrase qui suffit pourtant à expliquer tellement de choses et, à cette seconde précise, elle baissa les yeux. Détourna le regard du veuf dans les bras desquels on l’avait jeté, avec pour seul corpus une littérature qui ne valait rien, sans ces sept mots. Si elle avait su … Alors quoi ? C’était trop tard, maintenant, personne ne pourrait rien y changer, ni elle, ni lui, ni personne. Elle s’agrippa aux autres mots pour reprendre pied, s’échappant de ses propres pensées indisciplinées pour recueillir la conclusion de ces confessions. Le besoin d’une ancre, d’un port où s’arrimer, quand le vent souffle trop fort, quand la coque se fend et que les voiles fatiguent, il était revenu pour les mêmes raisons qu’elle n’était jamais partie. En cela, ils étaient pareils, différemment. Elle comprenait, un peu plus, en dépit d’une logique qui persistait encore parfois à se soustraire à son entendement. Cela viendrait un jour, s’ils ne se lassaient pas avant. (elle n’en avait pas l’intention, l’opiniâtre amerloque).
A l’ultime confesse, les prunelles se relèvent dans les siennes, les doigts qui jouent sur sa peau rafraîchie électrisent, et elle meurt d’envie de murmurer à son tour : Dearest, c’est bien pour cela qu’ils m’ont choisi, en maîtres de roublardises et marionnettistes accomplis, eux qui ont une génération entière d’avance en termes d’intrigues et d’instigation au coeur de l’âme humaine : Une blanche et placide colombe n’aurait jamais pu voler dans les mêmes airs que toi, si vif. Le génie résidait dans l’appareillage improbable d’une autre joueuse tordant les règles à l’envie. Comme toi, la première fois. Tout juste ont-ils occulté le risque qu’un jour, les tricheurs se mettent à jouer cartes sur table, à moins qu’il s’agisse, là encore, d’un pari assumé ? Allez savoir, l'oiseau et son serpents n’étaient pas encore si cyniques, au final. Tout juste restait-il un tout nouveau titre honorifique dont il l’adoubait d’une caresse, refermant la parenthèse de sa voix de stentor. Elle se rengorgea dans une risette charmante, épitomé même de l’espièglerie agaçante faite femme.
- I’ll work hard to deserve this title.
Elle fronça le nez, quittant le masque d’un frémissement des narines. Elle se rapprocha un peu, cogna ses pieds froids contre les genoux du sorcier, alors qu’elle posait son front contre le sien, caresse des longs cils sur les paupières, murmure en bouche à bouche.
- I’m sorry for your loss. It’s unspeakable. No one should live this.
Parlait-elle de sa mère ? Parlait elle de son épouse ? Il y avait des deux dans la tristesse de son timbre chaud. Elle ne pouvait pas dire qu’elle savait ce qu’il ressentait, mais elle pouvait compatir. Jamais elle n’aurait pu s’imaginer vivre les dix dernières années sans sa propre mère, cette unique pensée suffisait à lui nouer la gorge, et puis, sa femme… Il avait eu un amour. Il avait su ce que c’était, et ça avait été sa bénédiction et sa malédiction tout à la fois, merveilleux et terrible. Elle soupira, son souffle fuyant dans le cou du sorcier alors qu’elle osait, à nouveau, l’inédit, une dernière fois pour ce soir.
- Can I stay with you for the night ?
Elle n’était pas restée la dernière fois, elle ne restait pas, normalement. Mais de toute façon, il n’y avait plus une once de normalité dans cette soirée, elle avait un fiancé veuf, elle sentait encore l’empreinte de son corps dans le sien et son parfum sur sa peau, et là où elle aurait du vouloir fuir, son coeur lui intimait de rester. De risquer.
Reproduisant inconsciemment sa posture, elle lui faisait face, partiellement enveloppée dans l’ersatz de vêtement fluide, l’oreiller roulé sous la tempe pour surélever un peu sa tête. Les lèvres closes, Alice laissait le récit s’installer, emplir la pièce, un frisson lui parcourant l’échine alors qu’elle avait cette étrange sensation de déjà-vu, alors qu’il lui comptait une histoire qu’elle connaissait par coeur, mais qui n’avait pas la même saveur conté par son héros principal. Tour à tour il se faisait fils aimant puis abandonné, déserteur de son propre héritage au sein d’intrigues sans couleur, avanie à son âme d’aventurier poète. Elle avait souri à la mention d’une reine parmi les reines, aussi glorieuse qu’inefficace dans le quotidien qu’elle avait pourtant rendu supportable dans l’algarade londonienne. Et puis, l’Aveu. Dans les trémolos discrets de sa voix, le poids du deuil et d’un amour qui n’aurait jamais de fin, encré à même le palpitant comme une cicatrice. Ça, ce n’était pas dans le dossier, et pour cause. Les questions se bousculaient sur le bout de sa langue, mais elle les garda toutes, absolument toutes, parce qu’il y avait un temps pour tout et tous, et que celui de l’instant n’appartenait qu’au Wakefield. Tell me a sad story in seven words : I met my wife then. She died. Tout était dit, sans rien dévoiler. Une simple phrase qui suffit pourtant à expliquer tellement de choses et, à cette seconde précise, elle baissa les yeux. Détourna le regard du veuf dans les bras desquels on l’avait jeté, avec pour seul corpus une littérature qui ne valait rien, sans ces sept mots. Si elle avait su … Alors quoi ? C’était trop tard, maintenant, personne ne pourrait rien y changer, ni elle, ni lui, ni personne. Elle s’agrippa aux autres mots pour reprendre pied, s’échappant de ses propres pensées indisciplinées pour recueillir la conclusion de ces confessions. Le besoin d’une ancre, d’un port où s’arrimer, quand le vent souffle trop fort, quand la coque se fend et que les voiles fatiguent, il était revenu pour les mêmes raisons qu’elle n’était jamais partie. En cela, ils étaient pareils, différemment. Elle comprenait, un peu plus, en dépit d’une logique qui persistait encore parfois à se soustraire à son entendement. Cela viendrait un jour, s’ils ne se lassaient pas avant. (elle n’en avait pas l’intention, l’opiniâtre amerloque).
A l’ultime confesse, les prunelles se relèvent dans les siennes, les doigts qui jouent sur sa peau rafraîchie électrisent, et elle meurt d’envie de murmurer à son tour : Dearest, c’est bien pour cela qu’ils m’ont choisi, en maîtres de roublardises et marionnettistes accomplis, eux qui ont une génération entière d’avance en termes d’intrigues et d’instigation au coeur de l’âme humaine : Une blanche et placide colombe n’aurait jamais pu voler dans les mêmes airs que toi, si vif. Le génie résidait dans l’appareillage improbable d’une autre joueuse tordant les règles à l’envie. Comme toi, la première fois. Tout juste ont-ils occulté le risque qu’un jour, les tricheurs se mettent à jouer cartes sur table, à moins qu’il s’agisse, là encore, d’un pari assumé ? Allez savoir, l'oiseau et son serpents n’étaient pas encore si cyniques, au final. Tout juste restait-il un tout nouveau titre honorifique dont il l’adoubait d’une caresse, refermant la parenthèse de sa voix de stentor. Elle se rengorgea dans une risette charmante, épitomé même de l’espièglerie agaçante faite femme.
- I’ll work hard to deserve this title.
Elle fronça le nez, quittant le masque d’un frémissement des narines. Elle se rapprocha un peu, cogna ses pieds froids contre les genoux du sorcier, alors qu’elle posait son front contre le sien, caresse des longs cils sur les paupières, murmure en bouche à bouche.
- I’m sorry for your loss. It’s unspeakable. No one should live this.
Parlait-elle de sa mère ? Parlait elle de son épouse ? Il y avait des deux dans la tristesse de son timbre chaud. Elle ne pouvait pas dire qu’elle savait ce qu’il ressentait, mais elle pouvait compatir. Jamais elle n’aurait pu s’imaginer vivre les dix dernières années sans sa propre mère, cette unique pensée suffisait à lui nouer la gorge, et puis, sa femme… Il avait eu un amour. Il avait su ce que c’était, et ça avait été sa bénédiction et sa malédiction tout à la fois, merveilleux et terrible. Elle soupira, son souffle fuyant dans le cou du sorcier alors qu’elle osait, à nouveau, l’inédit, une dernière fois pour ce soir.
- Can I stay with you for the night ?
Elle n’était pas restée la dernière fois, elle ne restait pas, normalement. Mais de toute façon, il n’y avait plus une once de normalité dans cette soirée, elle avait un fiancé veuf, elle sentait encore l’empreinte de son corps dans le sien et son parfum sur sa peau, et là où elle aurait du vouloir fuir, son coeur lui intimait de rester. De risquer.
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Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Jeu 31 Déc 2020 - 1:37
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(shattered and hollow) Le toucher digital qui se tentait des frontières de la dentelle, suivait les limes des tracés des clavicules, mais c’était la bouche qui avouait le danger, dénonçait l’indifférence. Les marées se décuplaient dans les iris de la juriste, se démultipliaient en de nombreux échos, tantôt rieurs, tantôt provocants. La saveur satisfaite de qui savait sachait mieux que les autres. « I’ll work hard to deserve this title. » Le Calédonien rit – out of everything I’ve said, this is what you choose to catch? « Lass, six months of hard work granted it to you for a lifetime » et son front contre le sien, l’obligeant à la fixer. La tristesse se glissait de son regard pour s’accrocher à ses doigts, qui se glissèrent sur sa nuque. Il était si improbable de dulcifier ce qui ne pouvait l’être – mais ses paroles simples eurent au moins le mérite d’accepter la nouveauté sans reproches. Un mouvement à peine perceptible – qu’y avait-il à répondre? Tout était dit. Tu as été liée à quelqu’un qui a déjà aimé, et qui en a souffert, et personne ne t’a prévenue, pas même lui.
« Can I stay with you for the night ? » Un sourire supris fendit son visage – le souvenir de draps solitaires lors d’une nuit de septembre tellement différente, mais figurant les mêmes protagonistes, se rappela à sa mémoire. Basculant sur le dos pour mieux caller sa tête contre un oreiller, le géant tapota doucement les draps près de lui, le bras ouvert en guise de refuge. « only if you promise not to leave like a thief in the morning », souffla-t-il avec une légère pointe d’amusement dans la voix – Alice pourrait bien s’éclipser lorsqu’elle le voudrait, même sans le réveiller. (stay.)
On ne pouvait deviner si l’autre bougeait beaucoup, en sommeillant, ou si peu – lorsqu’on n’avait pas l’habitude de dormir avec quelqu’un, il était si aisé de prendre la posture d’une statue, de se faire discret, presque comme si l’on ressentait le besoin de se mettre en scène même en dormant.
Il y avait des questions à poser – des interrogations tellement banales, qui ne l’avaient jamais exactement intéressé jusqu’à tout récemment, et il voulait les lui demander, tout de suite, son esprit se refusant au sommeil. Non pas que le repos silencieux n’avait pas quelque chose d’intime, de paisible : les bras du Calédonien se refermèrent sur la silhouette appuyée sur lui – peu importait qu’il n’appréciait pas dormir sur le dos. Même s’il avait pu occuper sa position de prédilection (en diagonale dans le lit, prenant essentiellement toute la place et à demi sur le ventre et sur le côté), il n’aurait pas pu rejoindre le royaume d’Hypnos. Pourtant, le scénario ne se distinguait pas de l’habitude, si peu récente soit-elle : célibataire, l’Écossais n’avait pas multiplié les conquêtes simultanées. Un certain secrétaire l’avait même qualifié de serial monogamist, et il y avait une réalité dans ses propos (comme souvent, mais n’allez pas le lui rapporter) : une recherche d'intimité pas tout à fait généreuse, et infiniment plus traitre que des amants qui se glisseraient hors du lit au petit matin, sans bruit. L'illusion du cœur disponible, qui offre le café le matin, sa chemise pour le plaisir de voir une paire de jambes féminines en sortir en dessous.
And yet.
Rien d’habituel, de la tenir, ainsi. De la sentir se soulever sous son torse, dont il tentait de contrôler les inspirations pour ne pas la faire chavirer. C’était facile – et effrayant à la fois. This could be how we’d sleep. La menace proférée plus tôt semble tellement loin, de faire continent à part. Esseulés dans le lit qui leur sert d’île, à l’abri des requins qui leur tournaient autour, chacun voulant une part de chair à accumuler dans l’éternel boulier des grandes familles. Rien de commun, de la sentir, contre lui. De se demander à quoi l’amphisbène pensait, si elle rêvait, si elle était nerveuse, si elle s’autorisait à dormir, après, ou si ce n’était qu’à lui qu’elle avait réservé l’abandon, quelques semaines plus tôt. Si les gestes connus, répétés, affutés par l’expérience du vice s’étaient transmutés en une chorégraphie inconnue dont elle ne maitrisait pas (plus?) les codes.
L’extraordinaire du commun.
Le temps se suspend – les heures secrètes, à nouveau.
Le silence se berce des respirations régulières de la jeune femme, et l’auror se tait, n’ose bouger, de crainte de crever l’instant. La lumière des réverbères longeant le canal trace des lueurs de perle le long de la peau d’Alice, et il observe ses épaules se soulever à un rythme régulier, devine une légère chair de poule qui court le long de son dos, la silhouette se recroquevillant légèrement contre lui. Ses bras se serrent davantage, instinctivement – et le cœur aussi, plus touché qu’il ne l’aurait cru. Avec précaution, il tente d’attraper un pan de l’édredon jeté sans ménagement au pied du lit pendant leurs ébats entre deux orteils. Le trajet lui parait éternel, à deux doigts de la crampe de mollet avant d’atteindre la mi-cuisse. Les épaules de la jeune femme recouvertes, sa main rejoint à nouveau sa nuque. Il aimerait murmurer son nom, lui demander si elle dort, si elle reviendra, s’il faudra attendre un nouveau conflit pour qu’ils se retrouvent à nouveau ainsi. Si elle a tout de ces trésors de sable, qui se glissent entre les doigts lorsqu’on tente de les retenir. Entre deux expirations, il veut la distiller de baisers, la serrer davantage. Les sens éveillés, trop, presque, mais il a le cœur affamé et rebelle à la fois, et même en voulant s’y refuser, s’étreint l’âme de la sentir ainsi.
« Can I stay with you for the night ? » Un sourire supris fendit son visage – le souvenir de draps solitaires lors d’une nuit de septembre tellement différente, mais figurant les mêmes protagonistes, se rappela à sa mémoire. Basculant sur le dos pour mieux caller sa tête contre un oreiller, le géant tapota doucement les draps près de lui, le bras ouvert en guise de refuge. « only if you promise not to leave like a thief in the morning », souffla-t-il avec une légère pointe d’amusement dans la voix – Alice pourrait bien s’éclipser lorsqu’elle le voudrait, même sans le réveiller. (stay.)
On ne pouvait deviner si l’autre bougeait beaucoup, en sommeillant, ou si peu – lorsqu’on n’avait pas l’habitude de dormir avec quelqu’un, il était si aisé de prendre la posture d’une statue, de se faire discret, presque comme si l’on ressentait le besoin de se mettre en scène même en dormant.
Il y avait des questions à poser – des interrogations tellement banales, qui ne l’avaient jamais exactement intéressé jusqu’à tout récemment, et il voulait les lui demander, tout de suite, son esprit se refusant au sommeil. Non pas que le repos silencieux n’avait pas quelque chose d’intime, de paisible : les bras du Calédonien se refermèrent sur la silhouette appuyée sur lui – peu importait qu’il n’appréciait pas dormir sur le dos. Même s’il avait pu occuper sa position de prédilection (en diagonale dans le lit, prenant essentiellement toute la place et à demi sur le ventre et sur le côté), il n’aurait pas pu rejoindre le royaume d’Hypnos. Pourtant, le scénario ne se distinguait pas de l’habitude, si peu récente soit-elle : célibataire, l’Écossais n’avait pas multiplié les conquêtes simultanées. Un certain secrétaire l’avait même qualifié de serial monogamist, et il y avait une réalité dans ses propos (comme souvent, mais n’allez pas le lui rapporter) : une recherche d'intimité pas tout à fait généreuse, et infiniment plus traitre que des amants qui se glisseraient hors du lit au petit matin, sans bruit. L'illusion du cœur disponible, qui offre le café le matin, sa chemise pour le plaisir de voir une paire de jambes féminines en sortir en dessous.
And yet.
Rien d’habituel, de la tenir, ainsi. De la sentir se soulever sous son torse, dont il tentait de contrôler les inspirations pour ne pas la faire chavirer. C’était facile – et effrayant à la fois. This could be how we’d sleep. La menace proférée plus tôt semble tellement loin, de faire continent à part. Esseulés dans le lit qui leur sert d’île, à l’abri des requins qui leur tournaient autour, chacun voulant une part de chair à accumuler dans l’éternel boulier des grandes familles. Rien de commun, de la sentir, contre lui. De se demander à quoi l’amphisbène pensait, si elle rêvait, si elle était nerveuse, si elle s’autorisait à dormir, après, ou si ce n’était qu’à lui qu’elle avait réservé l’abandon, quelques semaines plus tôt. Si les gestes connus, répétés, affutés par l’expérience du vice s’étaient transmutés en une chorégraphie inconnue dont elle ne maitrisait pas (plus?) les codes.
L’extraordinaire du commun.
Le temps se suspend – les heures secrètes, à nouveau.
Le silence se berce des respirations régulières de la jeune femme, et l’auror se tait, n’ose bouger, de crainte de crever l’instant. La lumière des réverbères longeant le canal trace des lueurs de perle le long de la peau d’Alice, et il observe ses épaules se soulever à un rythme régulier, devine une légère chair de poule qui court le long de son dos, la silhouette se recroquevillant légèrement contre lui. Ses bras se serrent davantage, instinctivement – et le cœur aussi, plus touché qu’il ne l’aurait cru. Avec précaution, il tente d’attraper un pan de l’édredon jeté sans ménagement au pied du lit pendant leurs ébats entre deux orteils. Le trajet lui parait éternel, à deux doigts de la crampe de mollet avant d’atteindre la mi-cuisse. Les épaules de la jeune femme recouvertes, sa main rejoint à nouveau sa nuque. Il aimerait murmurer son nom, lui demander si elle dort, si elle reviendra, s’il faudra attendre un nouveau conflit pour qu’ils se retrouvent à nouveau ainsi. Si elle a tout de ces trésors de sable, qui se glissent entre les doigts lorsqu’on tente de les retenir. Entre deux expirations, il veut la distiller de baisers, la serrer davantage. Les sens éveillés, trop, presque, mais il a le cœur affamé et rebelle à la fois, et même en voulant s’y refuser, s’étreint l’âme de la sentir ainsi.
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Jeu 31 Déc 2020 - 10:10
Advienne que pourra
EXORDIUM.
I wanna be your healingElle n’avait rien promis. Pas avec des mots, en tout cas. Elle était venue se nicher dans le creux de son coude, au pli de ses côtes, lui avait offert un dernier regard dans la nuit, avec de fermer les yeux. Le pari n’aurait pas été pris qu’elle puisse s’endormir si vite, mais les émotions du jour avaient drainé la moindre once d’énergie dans ce concentré de femme : Si elle aurait aimé se targuer de passer une nuit aux pensées tempétueuses, il n’en fut rien, et le sommeil l’emporta loin en quelques respirations lentes, paisibles. Tout juste eut-il quelques mouvements de ses muscles, spontanés, qui se dénouèrent au contact de la peau tiède et de l’édredon. Un mouvement qui la fait se détourner un peu, mais sans le quitter tout à fait, la cambrure de son dos nu épousant les contours du corps de l’auror, gaspillant bien la moitié du lit qui demeura froid et inoccupé. Elle ne s’en souviendrait pas, elle ne se souvenait jamais, mais elle rêva cette nuit-là, son inconscient cherchait à dénouer la pelote des fils laineux de ses émotions et sentiments drôlement tricotés. Elle s’était retrouvée sur une plage bien connue, du sable blanc et fin entre les orteils, et une main douce et familière qui la flattait entre les omoplates. Brave, brave little girl. Elle avait posé sa tête sur l’épaule de sa tante, écouté des mots tendres qui s’effaceraient dès lors qu’elle rouvrirait les yeux, ne lui laissant qu’une impression de sérénité et de bien-être.
Plus tard dans la nuit, à l’orée du matin, elle s’était agitée de nouveau, la conscience affleurant à ses paupières sans se décider encore à les franchir. Elle s’était retournée à nouveau, posant une main sur le torse large de son oreiller particulier, et sa jambe était remontée s’accrocher autour de celle d’Evan, sponte sua, l’entravant du moindre mouvement, si tant était qu’il avait voulu bouger un jour, le drapant du soyeux sedan de sa peau sans écaille. Elle avait frissonné, le grain de sa peau se troublant sur l’échine, aux premières lueurs, mais avant d’avoir vraiment froid, le drap l’avait recouverte pour la préserver des morsures de novembre. Sans empressement, l’éveil remua son corps, affina des pensées encore éparses, des sensations moins floues. L’inédit de la couche partagée, territoire sauvagement gardé des années durant. Elle se laissa distraire à l’aveugle un instant par le mouvement des respirations qui n’étaient pas les siennes, le battement d’un coeur pas tout à fait acquis, pas même apprivoisé (pour le moment). Perçoit les vibrations d’un corps plus alerte que le sien, alangui. Devine. Alors se resserre un peu plus, se ressert à nouveau, à la coupe de sa bouche, si proche, accessible tentatrice. Parce qu’ils n’en ont pas eu assez, la veille, parce qu’il lui a promis que cela serait son tour, plus tard, et que plus tard, c’est maintenant. Evan est un vêtement chaud qu’elle porte à merveille, et elle l’attire contre elle, en elle, sans mot dire, rabattant la couverture sur leurs têtes comme un ciel de tissu les coupant du reste du monde. C’est bien plus doux, plus lent, moins empressé, ça lui convient tout autant, en réalité, elle n’a jamais eu de préférence réelle, tout juste l’appétence pour ce corps là qui croit, à mesure qu’elle y goute. Elle n’y pense pas, l’évidence la frapperait surement bien plus tard, quand il serait loin et que la faim se refera sentir…
Avait elle été un cliché ambulant à lui voler chaussettes (qui lui faisaient presque des mi bas) et une chemise au saut du lit, après une douche rapide ? Evidemment. Elle avait poussé le vice jusqu’à nouer négligemment une cravate, à demi, une violette et rose pas plus laide qu’une autre, certainement pas plus belle en tout cas. Elle n’avait pas attendu qu’il termine sa propre toilette pour aller fureter dans la cuisine à la recherche de quelque chose à boire, à manger. A girl needs her coffee, et elle priait tous les dieux de chaque panthéon connu que cette collocation renferme autre chose que du soluble imbuvable, sans quoi elle serait condamnée au chocolat chaud qui, si il était délicieux, manquait cruellement de caféine. Les poings sur les hanches, elle se hissait sur la pointe des pieds dans l’espoir d’apercevoir une étiquette rassurante derrière les paquets de céréales, en vain. Pourquoi fallait il que les gens grands mettent toujours le pot de café sur la plus haute étagère ? C’était un complot, à coup sur.
Plus tard dans la nuit, à l’orée du matin, elle s’était agitée de nouveau, la conscience affleurant à ses paupières sans se décider encore à les franchir. Elle s’était retournée à nouveau, posant une main sur le torse large de son oreiller particulier, et sa jambe était remontée s’accrocher autour de celle d’Evan, sponte sua, l’entravant du moindre mouvement, si tant était qu’il avait voulu bouger un jour, le drapant du soyeux sedan de sa peau sans écaille. Elle avait frissonné, le grain de sa peau se troublant sur l’échine, aux premières lueurs, mais avant d’avoir vraiment froid, le drap l’avait recouverte pour la préserver des morsures de novembre. Sans empressement, l’éveil remua son corps, affina des pensées encore éparses, des sensations moins floues. L’inédit de la couche partagée, territoire sauvagement gardé des années durant. Elle se laissa distraire à l’aveugle un instant par le mouvement des respirations qui n’étaient pas les siennes, le battement d’un coeur pas tout à fait acquis, pas même apprivoisé (pour le moment). Perçoit les vibrations d’un corps plus alerte que le sien, alangui. Devine. Alors se resserre un peu plus, se ressert à nouveau, à la coupe de sa bouche, si proche, accessible tentatrice. Parce qu’ils n’en ont pas eu assez, la veille, parce qu’il lui a promis que cela serait son tour, plus tard, et que plus tard, c’est maintenant. Evan est un vêtement chaud qu’elle porte à merveille, et elle l’attire contre elle, en elle, sans mot dire, rabattant la couverture sur leurs têtes comme un ciel de tissu les coupant du reste du monde. C’est bien plus doux, plus lent, moins empressé, ça lui convient tout autant, en réalité, elle n’a jamais eu de préférence réelle, tout juste l’appétence pour ce corps là qui croit, à mesure qu’elle y goute. Elle n’y pense pas, l’évidence la frapperait surement bien plus tard, quand il serait loin et que la faim se refera sentir…
Avait elle été un cliché ambulant à lui voler chaussettes (qui lui faisaient presque des mi bas) et une chemise au saut du lit, après une douche rapide ? Evidemment. Elle avait poussé le vice jusqu’à nouer négligemment une cravate, à demi, une violette et rose pas plus laide qu’une autre, certainement pas plus belle en tout cas. Elle n’avait pas attendu qu’il termine sa propre toilette pour aller fureter dans la cuisine à la recherche de quelque chose à boire, à manger. A girl needs her coffee, et elle priait tous les dieux de chaque panthéon connu que cette collocation renferme autre chose que du soluble imbuvable, sans quoi elle serait condamnée au chocolat chaud qui, si il était délicieux, manquait cruellement de caféine. Les poings sur les hanches, elle se hissait sur la pointe des pieds dans l’espoir d’apercevoir une étiquette rassurante derrière les paquets de céréales, en vain. Pourquoi fallait il que les gens grands mettent toujours le pot de café sur la plus haute étagère ? C’était un complot, à coup sur.
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Sam 27 Fév 2021 - 20:00
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(alice) Éveillé, il avait senti ses muscles se délier comme seule la conscience le fait, la mollesse du sommeil laissant ses muscles se libérer des bras de Morphée pour mieux se fondre dans les siens. Laissant la jeune femme s’emparer doucement de lui, il avait épousé le rythme qu’elle leur imposait de ses hanches, les corps fusionnés entre son bassin qui se soulevait sous elle, et ses mains posées sur sa taille, qui ne demandaient qu’à approfondir le mouvement. À des lieues de la furie dégoulinante de luxure et de rage qui s’était emparée de lui quelques heures auparavant, il l’avait regardée, une main posée sur sa gorge, voyageant entre le bijou fin ornant sa poitrine et la commissure de ses lèvres, plus bas. Evan s’était fait attentionné, écoutant chaque réponse que lui offraient les soupirs d’Alice, et s’endormit enfin avec elle, sans se donner la peine de lui faire quitter son trône – leurs corps enchâssés l’un dans l’autre, au point que seuls les coloris auraient trahi là où le corps de l’une commençait et celui de l’autre prenait fin. Frontières brouillées, qu’ils portaient désormais en leurs membres.
L’auror avait vaguement eu conscience qu’elle s’était levée, l’air frais de novembre de la pièce se chargeant de l’humidité de la douche – s’il avait été tout à fait éveillé, il l’aurait rejointe, toquant à la porte pour mieux souffler would you like some company?, sans songer à se soucier des limites de l’intime qu’il aurait pu franchir avec son Américaine.
De vagues jurons marmonnés finirent par le tirer du lit, et il se dirigea vers la cuisine, sourire amusé à la bouche et un boxer lui ceignant les hanches. La scène qui l’attendait aurait pu être tirée d’un mauvais roman arlequin (le genre qu’il avait déclamé jadis à un @Sebastian Donovan rougissant et un @Oswald Burgess hilare dans les vestiaires des rouges, adolescent) – mais puisqu’elle se déroulait chez lui, et que la paire de jambes musclées dépassait de sa chemise, le Calédonien se contenta de s’appuyer contre un mur, le contact rugueux de la brique industrielle de l’ancienne usine de textiles reconvertie effleurant la peau de son dos. Silencieusement, il l’observait, avec un air qui ne l’aurait pas distingué d’une version de lui, dix ans plus jeune. La figure tendue, elle ressemblait à une de ces statues sur le point de se lancer dans une course effrénée, courbure callipyge offerte par sa chemise qui daignait se relever sous l’effort d’ascension.
« Incredible, how one accio might fix the trick – but then again, I wouldn’t have this view, so might as well forget you have magic », souligna le Calédonien, moue languide et insupportablement charmante peignant son visage. Ses cérulés se posèrent à nouveau sur la peau de l’Américaine, satiété des corps pas tout à fait atteinte mais (relativement) tenue en respect par l’épisode tout récent de la nuit, et il s’approcha d’elle. Evan ne connaissait pas ses habitudes en matière de petit déjeuner, mais il était scient de son criant besoin de caféine de qualité – heureusement, si le musicien n’aurait su la rassasier autrement qu’avec leurs corps, il était passé maître dans l’art de faire un café, habileté doublement forcée par les exigences quasi-militaires de sa supérieure, @Lian Zhao « I’ve got Sumatra or Ethiopia. Which one would you like? » se penchant, il tira les paquets de sous le comptoir – même pas hors d’atteinte. Le moulin à café manuel entre les doigts, il fixa Alice.
Malgré ses airs décontractés, l’aisance avec laquelle elle avait enfilé ses vêtements, s’affublant même d’une de ses cravates préférées, un malaise certain se dégageait d’elle – imaginé? Le futur auror la savait calculée, mais qu’elle aille jusqu’à chausser ses chaussettes lui parut suspicieux. Jeu du vice? La scène de la veille avait été trop sincère, trop viscérale, pour faire comme si de rien n’était et de revenir aux jeux de manipulation et de charme vide. Ses avant-bras circulant au rythme des grains qui se brisaient entre les lames du moulin, il jeta un regard à la jeune femme, prunelles de ciel accrochées aux siennes. « You don’t stay until morning often, do you? » Sa voix était douce, et il l'imagina, parfois filer en catimini, ou d'autres fois, de manière bien plus assumée, mais jamais rester jusqu'à la conversation du matin, celle qui pouvait se montrer aussi teintée de malaises que d'une intimité en devenir.
L’auror avait vaguement eu conscience qu’elle s’était levée, l’air frais de novembre de la pièce se chargeant de l’humidité de la douche – s’il avait été tout à fait éveillé, il l’aurait rejointe, toquant à la porte pour mieux souffler would you like some company?, sans songer à se soucier des limites de l’intime qu’il aurait pu franchir avec son Américaine.
De vagues jurons marmonnés finirent par le tirer du lit, et il se dirigea vers la cuisine, sourire amusé à la bouche et un boxer lui ceignant les hanches. La scène qui l’attendait aurait pu être tirée d’un mauvais roman arlequin (le genre qu’il avait déclamé jadis à un @Sebastian Donovan rougissant et un @Oswald Burgess hilare dans les vestiaires des rouges, adolescent) – mais puisqu’elle se déroulait chez lui, et que la paire de jambes musclées dépassait de sa chemise, le Calédonien se contenta de s’appuyer contre un mur, le contact rugueux de la brique industrielle de l’ancienne usine de textiles reconvertie effleurant la peau de son dos. Silencieusement, il l’observait, avec un air qui ne l’aurait pas distingué d’une version de lui, dix ans plus jeune. La figure tendue, elle ressemblait à une de ces statues sur le point de se lancer dans une course effrénée, courbure callipyge offerte par sa chemise qui daignait se relever sous l’effort d’ascension.
« Incredible, how one accio might fix the trick – but then again, I wouldn’t have this view, so might as well forget you have magic », souligna le Calédonien, moue languide et insupportablement charmante peignant son visage. Ses cérulés se posèrent à nouveau sur la peau de l’Américaine, satiété des corps pas tout à fait atteinte mais (relativement) tenue en respect par l’épisode tout récent de la nuit, et il s’approcha d’elle. Evan ne connaissait pas ses habitudes en matière de petit déjeuner, mais il était scient de son criant besoin de caféine de qualité – heureusement, si le musicien n’aurait su la rassasier autrement qu’avec leurs corps, il était passé maître dans l’art de faire un café, habileté doublement forcée par les exigences quasi-militaires de sa supérieure, @Lian Zhao « I’ve got Sumatra or Ethiopia. Which one would you like? » se penchant, il tira les paquets de sous le comptoir – même pas hors d’atteinte. Le moulin à café manuel entre les doigts, il fixa Alice.
Malgré ses airs décontractés, l’aisance avec laquelle elle avait enfilé ses vêtements, s’affublant même d’une de ses cravates préférées, un malaise certain se dégageait d’elle – imaginé? Le futur auror la savait calculée, mais qu’elle aille jusqu’à chausser ses chaussettes lui parut suspicieux. Jeu du vice? La scène de la veille avait été trop sincère, trop viscérale, pour faire comme si de rien n’était et de revenir aux jeux de manipulation et de charme vide. Ses avant-bras circulant au rythme des grains qui se brisaient entre les lames du moulin, il jeta un regard à la jeune femme, prunelles de ciel accrochées aux siennes. « You don’t stay until morning often, do you? » Sa voix était douce, et il l'imagina, parfois filer en catimini, ou d'autres fois, de manière bien plus assumée, mais jamais rester jusqu'à la conversation du matin, celle qui pouvait se montrer aussi teintée de malaises que d'une intimité en devenir.
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Lun 1 Mar 2021 - 13:40
Advienne que pourra
EXORDIUM.
Coffee? A la recherche d’un peu d’or noir, peu en importait la consistance, elle en ferait son affaire, Alice n’avait pas entendu le calédonien se lever dans la chambre à coté, ni s’installer contre l’encadrement de la porte, les bras croisés et l’air satisfait. Elle était d’ailleurs en train d’envisager tout à fait sérieusement de partir à l’ascension du plan de travail pour atteindre les plus hautes portes de placards quand la voix d’Evan derrière elle la fit bondir comme un chat pris en défaut. Bond gracieux, s’il en était, on ne pouvait le lui retirer, mais au ressort comique indéniable pour le voyeur, le devinait elle, puisqu’il souriait plus largement encore que ce que son seul commentaire le nécessitait.
- Yeah, and then if you’re the kind of people to buy your supplies Xxl, I would be dead, hit by a hundred pounds bag of beans by now.
Bien sur, Evan était comme tout le monde, avec ses paquets de grains à moudre d’une taille somme toute inoffensive, et elle s’était écartée un peu pour le laisser se pencher pour récupérer l’objet du désir, lui offrant au passage une vue sur une chute de reins sur laquelle le regard de l’Américaine s’attarda sans la moindre vergogne, une moue sincèrement appréciative passant fugacement sur ses lèvres avant qu’il ne se redresse avec un choix à faire, décisif s’il en était.
- Sumatra. Ethiopians are pricks.
Cela coulait de source, pourtant, non ? Probablement pas, mais elle, elle savait. Elle avait repéré la bouilloire et entrepris de la remplir d’eau pour s’assurer que la boisson ne serait pas faite avec un liquide tiède ou pire, bouilli. D’ordinaire, quand elle préparait le café, chez elle, elle mettait volontairement sa musique au volume maximum des baffles pour réveiller Jack, elle braillait chantonnait des paroles, parfois dans un yaourt incompréhensible, mais qu’importait, son frangin pouvait deviner son humeur rien qu’au choix de la playlist matinale. Elle dansait pendant la moitié du process, passant d’une jambe à l’autre tout en parvenant au tour de force de ne rien renverser sur le sol (tout est dans la dissociation du mouvement des hanches, vous dirait elle). Là, pour une fois, elle entendait l’eau couler, le grain crisser dans le broyeur, c’était un peu étrange. Ou plutôt, inhabituel, dans le sens le plus premier degré du terme. (So this is how it feels like?) La remarque d’Evan la traversa comme un courant d’air tiède, et elle sourit, un peu : ainsi, c’était si évident que ça … Elle acheva de réchauffer l’eau par apposition de ses mains contre le contenant transparent, avec de le poser sur un dessous de plat et de s’installer contre l’un des tabourets de bar, pas tout à fait assise, une chaussette coincée contre son genou. Elle s’était penchée un peu pour s’assurer que le grain était à présent suffisamment fin, humant l’odeur de la poudre brune de loin avant de répondre, sans quitter l’objet des yeux :
- I never stayed.
Puisqu’il avait raison, elle n’avait pas cherché à le convaincre du contraire. Elle ne restait pas, jamais, même avec ses amants de longues dates qui, d’ailleurs, le savaient et ne lui en avaient jamais tenu rigueur. La sirène prenait ce qu’elle était venue chercher, parfois s’éternisait un peu, mais elle disparaissait avant les premiers rayons du soleil, hybride de rêve et de fantasmes qui s’évapore quand le sommeil s’étiole. Si d’aventure elle ramenait quelqu’un dans son antre, elle n’avait pas l’incorrection de l’en chasser aux premières heures, il n’avait pas été rare que quelques uns et quelques unes s’invitent jusqu’au petit jour pour une ultime collation, charnelle ou céréalière. Ils trouvaient néanmoins assez rapidement, en général, la porte de la sortie, et elle demeurait toujours maîtresse en sa demeure, et vaquait bien vite à ses occupations habituelles sans se soucier d’un tiers trop présent. La situation était donc plutôt inédite, et elle ne pouvait nier qu’elle ne savait pas vraiment quoi faire d’autre que de suivre son instinct. Pas celui qui lui intima de s’enfuir en courant, l’Autre.
- I think it’s one of my favourites.
Elle tenait le bout de la cravate entre ses doigts , négligemment nouée autour de son cou. Etait elle sensée parler d’autre chose, à cet instant ? Lui donner un avis sur ce qui s’était dit, ce qu’il s’était passé la veille ? Lui demander ce qui les attendait, à présent ? Elle avait la sensation qu’elle avançait sur la pointe des pieds sur le parquet qui grinçait d’une maison de guingois, dans le noir, les bouts des doigts à la recherche d’une forme familière. Rien n’était commun ni connu, mais elle n’avait pas envie de partir. Pas tout de suite.
- Yeah, and then if you’re the kind of people to buy your supplies Xxl, I would be dead, hit by a hundred pounds bag of beans by now.
Bien sur, Evan était comme tout le monde, avec ses paquets de grains à moudre d’une taille somme toute inoffensive, et elle s’était écartée un peu pour le laisser se pencher pour récupérer l’objet du désir, lui offrant au passage une vue sur une chute de reins sur laquelle le regard de l’Américaine s’attarda sans la moindre vergogne, une moue sincèrement appréciative passant fugacement sur ses lèvres avant qu’il ne se redresse avec un choix à faire, décisif s’il en était.
- Sumatra. Ethiopians are pricks.
Cela coulait de source, pourtant, non ? Probablement pas, mais elle, elle savait. Elle avait repéré la bouilloire et entrepris de la remplir d’eau pour s’assurer que la boisson ne serait pas faite avec un liquide tiède ou pire, bouilli. D’ordinaire, quand elle préparait le café, chez elle, elle mettait volontairement sa musique au volume maximum des baffles pour réveiller Jack, elle braillait chantonnait des paroles, parfois dans un yaourt incompréhensible, mais qu’importait, son frangin pouvait deviner son humeur rien qu’au choix de la playlist matinale. Elle dansait pendant la moitié du process, passant d’une jambe à l’autre tout en parvenant au tour de force de ne rien renverser sur le sol (tout est dans la dissociation du mouvement des hanches, vous dirait elle). Là, pour une fois, elle entendait l’eau couler, le grain crisser dans le broyeur, c’était un peu étrange. Ou plutôt, inhabituel, dans le sens le plus premier degré du terme. (So this is how it feels like?) La remarque d’Evan la traversa comme un courant d’air tiède, et elle sourit, un peu : ainsi, c’était si évident que ça … Elle acheva de réchauffer l’eau par apposition de ses mains contre le contenant transparent, avec de le poser sur un dessous de plat et de s’installer contre l’un des tabourets de bar, pas tout à fait assise, une chaussette coincée contre son genou. Elle s’était penchée un peu pour s’assurer que le grain était à présent suffisamment fin, humant l’odeur de la poudre brune de loin avant de répondre, sans quitter l’objet des yeux :
- I never stayed.
Puisqu’il avait raison, elle n’avait pas cherché à le convaincre du contraire. Elle ne restait pas, jamais, même avec ses amants de longues dates qui, d’ailleurs, le savaient et ne lui en avaient jamais tenu rigueur. La sirène prenait ce qu’elle était venue chercher, parfois s’éternisait un peu, mais elle disparaissait avant les premiers rayons du soleil, hybride de rêve et de fantasmes qui s’évapore quand le sommeil s’étiole. Si d’aventure elle ramenait quelqu’un dans son antre, elle n’avait pas l’incorrection de l’en chasser aux premières heures, il n’avait pas été rare que quelques uns et quelques unes s’invitent jusqu’au petit jour pour une ultime collation, charnelle ou céréalière. Ils trouvaient néanmoins assez rapidement, en général, la porte de la sortie, et elle demeurait toujours maîtresse en sa demeure, et vaquait bien vite à ses occupations habituelles sans se soucier d’un tiers trop présent. La situation était donc plutôt inédite, et elle ne pouvait nier qu’elle ne savait pas vraiment quoi faire d’autre que de suivre son instinct. Pas celui qui lui intima de s’enfuir en courant, l’Autre.
- I think it’s one of my favourites.
Elle tenait le bout de la cravate entre ses doigts , négligemment nouée autour de son cou. Etait elle sensée parler d’autre chose, à cet instant ? Lui donner un avis sur ce qui s’était dit, ce qu’il s’était passé la veille ? Lui demander ce qui les attendait, à présent ? Elle avait la sensation qu’elle avançait sur la pointe des pieds sur le parquet qui grinçait d’une maison de guingois, dans le noir, les bouts des doigts à la recherche d’une forme familière. Rien n’était commun ni connu, mais elle n’avait pas envie de partir. Pas tout de suite.
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Ven 5 Mar 2021 - 19:48
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(alice) I never stayed. Le regard de son fiancé se posa sur le visage de l’Américaine, sur ses traits réguliers qui semblaient s’éloigner du point focal de son nez retroussé – les grands yeux, la lippe aussi prompte à s’étirer sous l’impulsion de la séduction ou d’une habile moquerie, les sourcils superbement arqués. Les poignets s’activant autour du moulin dans lequel il avait laissé glisser les grains de Sumatra, le musicien prit réellement la mesure de la différence d’âge entre eux pour la première fois – ou à tout le moins, du terrain de l’expérience dans ce domaine quasi-intime. Le Calédonien n’eut pas besoin de hocher la tête pour forcer le trait – il avait posé la question mais avait lu la réponse dans la posture de la jeune femme, dans son incarnation de fantasme du lendemain cousue de fil blanc, dans sa manière de tenter de détourner le sujet en posant les doigts sur sa cravate. « I think it’s one of my favourites. » Evan sourit, ses lèvres se pressant l’une contre l’autre, un sourcil suggestivement haussé. La conscience de la manœuvre n’enlevait rien à son charme – il choisit de ne pas s’y glisser, malgré tout, si tentante puisse être la figure qui se tenait face à lui. Qu’il serait aisé, pourtant, de se laisser aller au vice : la sirène y invitait.
« You only like it because you have excellent taste », fit-il, s’approchant d’Alice pour mieux tendre le bras derrière elle, éteignant la bouilloire qui sifflait. Se penchant, l’Écossais posa une main sur l’ornement au cou de la demoiselle, pour mieux souffler à son oreille. « And we can small talk all you want, lass. We can talk about our favorite brands of coffee, why people who put milk in their mugs are closer to mountain trolls than actual human beings and speak of all the ways I could pull you over using this necktie. » Il fallait admettre que l’idée était tentante, et qu’il aurait été aisé d’y céder, en se disant qu’ils parleraient bien une autre fois – mais si la volonté du Calédonien pouvait être exceptionnellement mauvaise par occasion, il n’en demeurait pas moins qu’elle était plutôt solide. ((Et pourtant, quelle faiblesse face à la viperine figure qui se tenait face à lui – l’équilibre qui ne se retrouvait qu’ensachant espérant que cette faille résonne en elle, quelque part, au-delà des appétits qu’il lui reconnaissait désormais. Il ne voulait pas être un corps à désirer parmi tant d’autres possibilités.))
Le Calédonien se tut, faisant glisser les grains moulus dans la cafetière à piston, bientôt rejoints par l’eau bouillante. Regard vers l’horloge pour garder le temps – éviter les cafés trop légers tout comme sur infusés. Il s’écarta de quelques pas, prenant place sur un des deux tabourets trônant face au plan de travail de la cuisine, pour laisser un espace suffisant à Alice – incertain de ce qui conviendrait à la sorcière, qu’il n’a pas vue en situation de vulnérabilité assez souvent pour deviner ses besoins. La proximité rassurante, ou le besoin d’air pour rassembler ses pensées? Dans le doute, le rossignol préféra lui offrir ce qu’il aurait voulu obtenir, en situation inverse, et la laissa choisir son perchoir : près de lui, là où les regards se posent sur des œuvres par trop proche pour ne pas provoquer une myopie accidentelle, ou profitant d’une distance sécuritaire. « It would be nice, and we might rechristen the kitchen island, as if we hadn’t done it properly yesterday. But truth be told, we still have things to discuss, and we might as well do it now – yes, before we’ve even had a proper cuppa, because I’m a cruel barbarian, apparently. » Son air était bienveillant, et le ton était doux, bien que légèrement relevé d’un humour auto-dérisoire. « We need to be able to speak about … this without it poisoning the rest. » Evan désigna le plan de travail, comme s’il constituait un trait d’union boisé entre eux. Soupira, une main se posant sur sa nuque – la communication avait beau être nécessaire, elle n’en était pas plus aisée pour lui parce qu’il avait été le premier à la réclamer. S’il avait davantage d’expérience en la matière, le passif entre eux était tellement lourd – prenait la forme de tant de mensonges et de manœuvres d’escroc pour ne pas admettre ce que l’une ou l’autre souhaitait dans un éternel jeu de balancement entre les désirs et la défaite.
Et il avait été ainsi, jadis, plus d’une fois, tellement occupé à vouloir avoir raison, à vouloir gagner – parce que malgré son caractère rebelle face aux modèles masculins de sa famille, on ne pouvait nier l’intelligence partagée des Wakefield, bien qu’elle s’incarnât en trois teintes bien différentes. Celle du cadet était vif-argent, coulait rapidement comme une eau fuyante qui échappait aux arguments – rien n’y collait. Teflon mind. Le musicien pouvait renier le caractère de renard roublard de son père, l’attitude posée et calculée de son aîné, mais si on lui demandait franchement, oserait-il nier être fait du même bois qu’eux, avec un vernis autrement plus agréable, seulement? You can’t always be thinking about winning, Evan, lui avait-elle dit, jadis. If that’s all you want, you’ll never actually win. Gagner pour l’honneur, pour l’ego, mais pas gagner, pas tout à fait, car on finissait toujours par perdre celle qui comptait. Alors il choisit de se dévoiler en premier, même si ça pouvait signifier perdre. « Waking up to the sight of you feels good, and I’d like it to happen again. » Evan offrit un sourire honnête à Alice, avant de reprendre. « More importantly, I’d like to be able to tell you I want you without feeling like by admitting it I’m losing in some grand war. » Mais avec Elena, ç’avait été si simple, d’admettre qu’il ne fallait pas toujours y penser – car il n’y avait eu qu’eux, n’est-ce pas? Ici, il n’y avait qu’eux – derrière, il y avait les ombres des autres. Ceux qui avaient constitué les lignes construisant un pantin grotesque de son être. Pour le reste, fais c’que tu veux vraiment.
« You only like it because you have excellent taste », fit-il, s’approchant d’Alice pour mieux tendre le bras derrière elle, éteignant la bouilloire qui sifflait. Se penchant, l’Écossais posa une main sur l’ornement au cou de la demoiselle, pour mieux souffler à son oreille. « And we can small talk all you want, lass. We can talk about our favorite brands of coffee, why people who put milk in their mugs are closer to mountain trolls than actual human beings and speak of all the ways I could pull you over using this necktie. » Il fallait admettre que l’idée était tentante, et qu’il aurait été aisé d’y céder, en se disant qu’ils parleraient bien une autre fois – mais si la volonté du Calédonien pouvait être exceptionnellement mauvaise par occasion, il n’en demeurait pas moins qu’elle était plutôt solide. ((Et pourtant, quelle faiblesse face à la viperine figure qui se tenait face à lui – l’équilibre qui ne se retrouvait qu’en
Le Calédonien se tut, faisant glisser les grains moulus dans la cafetière à piston, bientôt rejoints par l’eau bouillante. Regard vers l’horloge pour garder le temps – éviter les cafés trop légers tout comme sur infusés. Il s’écarta de quelques pas, prenant place sur un des deux tabourets trônant face au plan de travail de la cuisine, pour laisser un espace suffisant à Alice – incertain de ce qui conviendrait à la sorcière, qu’il n’a pas vue en situation de vulnérabilité assez souvent pour deviner ses besoins. La proximité rassurante, ou le besoin d’air pour rassembler ses pensées? Dans le doute, le rossignol préféra lui offrir ce qu’il aurait voulu obtenir, en situation inverse, et la laissa choisir son perchoir : près de lui, là où les regards se posent sur des œuvres par trop proche pour ne pas provoquer une myopie accidentelle, ou profitant d’une distance sécuritaire. « It would be nice, and we might rechristen the kitchen island, as if we hadn’t done it properly yesterday. But truth be told, we still have things to discuss, and we might as well do it now – yes, before we’ve even had a proper cuppa, because I’m a cruel barbarian, apparently. » Son air était bienveillant, et le ton était doux, bien que légèrement relevé d’un humour auto-dérisoire. « We need to be able to speak about … this without it poisoning the rest. » Evan désigna le plan de travail, comme s’il constituait un trait d’union boisé entre eux. Soupira, une main se posant sur sa nuque – la communication avait beau être nécessaire, elle n’en était pas plus aisée pour lui parce qu’il avait été le premier à la réclamer. S’il avait davantage d’expérience en la matière, le passif entre eux était tellement lourd – prenait la forme de tant de mensonges et de manœuvres d’escroc pour ne pas admettre ce que l’une ou l’autre souhaitait dans un éternel jeu de balancement entre les désirs et la défaite.
Et il avait été ainsi, jadis, plus d’une fois, tellement occupé à vouloir avoir raison, à vouloir gagner – parce que malgré son caractère rebelle face aux modèles masculins de sa famille, on ne pouvait nier l’intelligence partagée des Wakefield, bien qu’elle s’incarnât en trois teintes bien différentes. Celle du cadet était vif-argent, coulait rapidement comme une eau fuyante qui échappait aux arguments – rien n’y collait. Teflon mind. Le musicien pouvait renier le caractère de renard roublard de son père, l’attitude posée et calculée de son aîné, mais si on lui demandait franchement, oserait-il nier être fait du même bois qu’eux, avec un vernis autrement plus agréable, seulement? You can’t always be thinking about winning, Evan, lui avait-elle dit, jadis. If that’s all you want, you’ll never actually win. Gagner pour l’honneur, pour l’ego, mais pas gagner, pas tout à fait, car on finissait toujours par perdre celle qui comptait. Alors il choisit de se dévoiler en premier, même si ça pouvait signifier perdre. « Waking up to the sight of you feels good, and I’d like it to happen again. » Evan offrit un sourire honnête à Alice, avant de reprendre. « More importantly, I’d like to be able to tell you I want you without feeling like by admitting it I’m losing in some grand war. » Mais avec Elena, ç’avait été si simple, d’admettre qu’il ne fallait pas toujours y penser – car il n’y avait eu qu’eux, n’est-ce pas? Ici, il n’y avait qu’eux – derrière, il y avait les ombres des autres. Ceux qui avaient constitué les lignes construisant un pantin grotesque de son être. Pour le reste, fais c’que tu veux vraiment.
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Dim 7 Mar 2021 - 14:46
Advienne que pourra
EXORDIUM.
Coffee?
Il aurait pu se moquer d’elle, cela aurait surement été de bonne guerre, même en période de cessez-le-feu, puisque son inconfort était si tangible qu’il aurait pu le boire à même sa bouche. Il ne le fit pas néanmoins, se contentant de souffler ses insanités séduisantes dans son oreille. Elle avait tourné la tête sensiblement sur le coté, juste avant qu’il ne se dérobe, effleurer l’arrête de sa mâchoire volontaire de l’index.
- Sounds like such a lovely plan.
Lasse, la superbe lamia laissa le lion lui filer d’entre les doigts sans le quitter du regard, guettant la prochaine étape de cette conversation qu’elle appréhendait presque plus que celle de la veille, qui lui avait déjà tant coûté pourtant. Hier, les mots avaient été prévus, lus et relus, raturés, corrigés, apurés, jusqu’à un certain point en tout cas, elle s’y était préparée, dans l’espoir d’une issue favorable, et maintenant … Quoi ? Elle ne savait pas, et l’inconnu était aussi séduisant qu’anxiogène pour la joueuse à qui on avait appris à anticiper chaque mouvement. A nouveau, son plateau avait changé au cours de la nuit et avec lui, des règles dont elle ne pouvait que les deviner, un peu. Truth be told, we still have things to discuss. La voix de la sagesse dans la bouche d’un artiste, on aura tout vu. Elle avait commencé par croiser les bras sur la poitrine, jouant toujours avec la pointe de soie de la cravate bariolée, installée dans un coin de la cuisine. Et puis Evan s’était installé sur l’autre mange-debout, et cette main passée dans sa nuque trancha un lien du nœud gordien dans son estomac : au moins n’était-il pas si à l’aise que ça, lui non plus. Immobile, elle accueillait les confessions amènes du sorcier, qui faisaient un truc étrange à l’intérieur, et qu’elle gravait dans un coin de son esprit pour se les remémorer, plus tard, une fois, deux fois, jusqu’à mille, probablement. Il voulait se réveiller à nouveau à ses cotés, il aimait pouvoir lui parler, lui parler vraiment, c’était ce qu’elle comprenait, en tout cas. Elle avait plissé le nez, s’était tue d’abord, et puis avait quitté son perchoir : parfois, les oiseaux avaient besoin de se rejoindre sur la même branche pour chanter de concert.
Là où elle lui avait été d’abord reconnaissante de la distance qu’il lui offrait, avant de se rendre compte que finalement, il s’agissait plus d’un postulat de principe que d’une préférence personnelle. L’Hangbé était une créature sensuelle, ne s’ancrait confortablement que dans le contact. Alors que la cafetière exhalait des premières vapeurs odorantes, Alice avait soulevé les bras du trentenaire pour venir s’y faufiler, les omoplates collées contre son torse, alors qu’elle cherchait quelque chose où déposer son regard, loin devant elle. Il lui avait laissé le choix de la distance, elle avait décidé de l’effacer. Parce qu’elle avait besoin du peau à peau pour ne pas basculer dans ses mauvaises habitudes. Parce qu’il lui était trop facile de mentir droit dans les yeux, qu’elle l’avait déjà fait plus d’une fois, alors que le pouls qu’il pourrait percevoir à ses poignets, contre les siens, lui, ne ferait jamais illusion. Elle avait calqué inconsciemment sa respiration sur celle qui soulevait la poitrine dans son dos.
- I already told you yesterday, It felt … right, and I haven’t change my minds. I want to …
La phrase resta en suspens une seconde de plus, alors que ses prunelles attrapaient un rayon de soleil qui éclaboussait le canapé un peu plus loin dans la pièce à vivre, les poussières en suspension dans l’air qui dansaient en électrons libres.
- I’m not interested in war. Not against you. But I’m a good accomplice, you already know that.
Elle bascula la tête en arrière, un petit peu, se risquant à en vouloir plus, alors que l’arrière de son crâne reposant contre lui à présent, et qu’elle serrait un peu plus ses avant bras de ses doigts. Il fallait parler, parler encore, a priori, sans trop savoir où s’arrêter, exercice terrifiant.
- I won’t be your shadow. I already have a pretty exciting life, good friends and hobbies that fueled my schedule, but I … Can make place for you. Special one.
Il aurait pu se moquer d’elle, cela aurait surement été de bonne guerre, même en période de cessez-le-feu, puisque son inconfort était si tangible qu’il aurait pu le boire à même sa bouche. Il ne le fit pas néanmoins, se contentant de souffler ses insanités séduisantes dans son oreille. Elle avait tourné la tête sensiblement sur le coté, juste avant qu’il ne se dérobe, effleurer l’arrête de sa mâchoire volontaire de l’index.
- Sounds like such a lovely plan.
Lasse, la superbe lamia laissa le lion lui filer d’entre les doigts sans le quitter du regard, guettant la prochaine étape de cette conversation qu’elle appréhendait presque plus que celle de la veille, qui lui avait déjà tant coûté pourtant. Hier, les mots avaient été prévus, lus et relus, raturés, corrigés, apurés, jusqu’à un certain point en tout cas, elle s’y était préparée, dans l’espoir d’une issue favorable, et maintenant … Quoi ? Elle ne savait pas, et l’inconnu était aussi séduisant qu’anxiogène pour la joueuse à qui on avait appris à anticiper chaque mouvement. A nouveau, son plateau avait changé au cours de la nuit et avec lui, des règles dont elle ne pouvait que les deviner, un peu. Truth be told, we still have things to discuss. La voix de la sagesse dans la bouche d’un artiste, on aura tout vu. Elle avait commencé par croiser les bras sur la poitrine, jouant toujours avec la pointe de soie de la cravate bariolée, installée dans un coin de la cuisine. Et puis Evan s’était installé sur l’autre mange-debout, et cette main passée dans sa nuque trancha un lien du nœud gordien dans son estomac : au moins n’était-il pas si à l’aise que ça, lui non plus. Immobile, elle accueillait les confessions amènes du sorcier, qui faisaient un truc étrange à l’intérieur, et qu’elle gravait dans un coin de son esprit pour se les remémorer, plus tard, une fois, deux fois, jusqu’à mille, probablement. Il voulait se réveiller à nouveau à ses cotés, il aimait pouvoir lui parler, lui parler vraiment, c’était ce qu’elle comprenait, en tout cas. Elle avait plissé le nez, s’était tue d’abord, et puis avait quitté son perchoir : parfois, les oiseaux avaient besoin de se rejoindre sur la même branche pour chanter de concert.
Là où elle lui avait été d’abord reconnaissante de la distance qu’il lui offrait, avant de se rendre compte que finalement, il s’agissait plus d’un postulat de principe que d’une préférence personnelle. L’Hangbé était une créature sensuelle, ne s’ancrait confortablement que dans le contact. Alors que la cafetière exhalait des premières vapeurs odorantes, Alice avait soulevé les bras du trentenaire pour venir s’y faufiler, les omoplates collées contre son torse, alors qu’elle cherchait quelque chose où déposer son regard, loin devant elle. Il lui avait laissé le choix de la distance, elle avait décidé de l’effacer. Parce qu’elle avait besoin du peau à peau pour ne pas basculer dans ses mauvaises habitudes. Parce qu’il lui était trop facile de mentir droit dans les yeux, qu’elle l’avait déjà fait plus d’une fois, alors que le pouls qu’il pourrait percevoir à ses poignets, contre les siens, lui, ne ferait jamais illusion. Elle avait calqué inconsciemment sa respiration sur celle qui soulevait la poitrine dans son dos.
- I already told you yesterday, It felt … right, and I haven’t change my minds. I want to …
La phrase resta en suspens une seconde de plus, alors que ses prunelles attrapaient un rayon de soleil qui éclaboussait le canapé un peu plus loin dans la pièce à vivre, les poussières en suspension dans l’air qui dansaient en électrons libres.
- I’m not interested in war. Not against you. But I’m a good accomplice, you already know that.
Elle bascula la tête en arrière, un petit peu, se risquant à en vouloir plus, alors que l’arrière de son crâne reposant contre lui à présent, et qu’elle serrait un peu plus ses avant bras de ses doigts. Il fallait parler, parler encore, a priori, sans trop savoir où s’arrêter, exercice terrifiant.
- I won’t be your shadow. I already have a pretty exciting life, good friends and hobbies that fueled my schedule, but I … Can make place for you. Special one.
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Ven 19 Mar 2021 - 16:42
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(alice) Ses bras se refermèrent – un automatisme qui ne lui appartenait pas encore, à l’amphisbène qui s’était glissée entre ses membres pour mieux accorder ses inspirations aux siennes. Presque mécaniquement mais non sans tendresse, les avant-bras se rejoignirent autour de la taille de l’Américaine, car c’était ainsi qu’on enlaçait une silhouette par derrière lorsqu’elle le réclamait. Par réflexe, il faillit poser le menton sur son épaule – que les regards puissent se joindre comme le faisaient leurs souffles et leurs cœurs qui battaient la mesure silencieuse de l’instant. Le Calédonien s’en empêcha, une joue mordue sans heurt en guise de rappel que certaines choses pouvaient être profanées sans le faire exprès, et que des postures n’auraient pas dû être calquées en guise de moules qui feraient passer un myocarde d’une relation à l’autre comme si ses membres n’avaient attendu qu’un autre corps en guise de remplacement. I’m sorry. Les excuses muettes dont la saurienne ne recevrait aucune syllabe, distraite par un soupir d’aise à la rencontre de la senteur de sa peau, de sa chaleur contre la sienne – dehors, il faisait froid, et le vent se levait. La couronne capillaire de la lionne en habits de vipère accueillit sa mâchoire et un soupir plus long. Les regards clairs couraient dans la même direction – les angles demeurant résolument différents.
« I already told you yesterday, It felt … right, and I haven’t change my minds. I want to … » Sa conscience se suspendit aux mots d’Alice alors même qu’ils s’échouaient dans l’air chargé des rayons matutinaux. L’offrande des désirs de l’âme (du cœur?), si rare qu’on aurait eu plus de succès dans la traque de ces créatures marines qui peuplaient l’imaginaire des marins de jadis. Rentrés bredouille, à l’image du duelliste qui se contenta de la serrer davantage – pour lui témoigner sa bravoure, ou pour se rassurer lui-même qu’il n’était pas à même de perdre pied sur un terrain qu’il s’était convaincu de ne jamais fouler les sentiers à nouveau? « I’m not interested in war. Not against you. But I’m a good accomplice, you already know that. » Les anneaux serraient ses membres, pression articulée là où les mots ne l’étaient que si peu, lorsqu’on les mesurait à l’aune de l’esprit de l’Américaine. Damn. Sa tête avait basculé – à peine, tout ce qu’il fallait pour offrir une vue tentatrice sur un décolleté bien plus discret que nombre des tenues de la nymphe. Mais ils étaient chez lui, et sa gorge s’ornait des propres tissus bariolés tant décriés par d’innombrables figures d’autorité. How easy it might be, to fall into comfortable habits with you. Les habitus de la peau, les demandes de la chair – à satisfaire autant que les désirs le demandaient, mais, si petite soit-elle, l’ouverture d’Alice était trop belle pour être gâchée (n’est-ce pas?).
« I won’t be your shadow. I already have a pretty exciting life, good friends and hobbies that fueled my schedule, but I … Can make place for you. Special one. » Evan avait ri, en entendant l’idée d’avoir une ombre. D’un mouvement discret de jambes, il la cueillit derrière les genoux pour mieux l’installer sur son trône, lueur amusée dans le regard. « You’re much too short to be my shadow anyhow, nobody would believe it » et les mots furent lancés avec un éclatant sourire creusant les généreuses pattes d’oie à la commissure céruléenne du regard. « Might be a strange change of pace, though. First I had no idea you existed until we got engaged, and ever since you seem to be everywhere. Did we just happen to have a few interests in common, or should I start looking for another vice-president? » Il avait envie de la regarder, observer les réactions se multiplier dans son regard. Le désir de remarquer quelles blagues étaient les plus judicieuses, à quel moment – aimes-tu lorsque les moqueries soulèvent l’atmosphère, Alice? Te donnent-elles du courage, ou préfèrerais-tu les entendre disparaitre pour ne pas être distraite? Si mon souffle s’approchait un peu trop de ton oreille, saisirais-tu n’importe quelle excuse pour échapper à la conversation? Le Calédonien lui lança d’autres occasions, alors, incertain de la prise que l’alliciante saisirait pour gravir l’éperon de la discussion. « What if I’d like to see more of you, hm? » Les mots qui s’étaient glissés dans la litanie de ses jours depuis l’enterrement, presque effacés de sa mémoire avec les révélations de la veille. I want you.
« I already told you yesterday, It felt … right, and I haven’t change my minds. I want to … » Sa conscience se suspendit aux mots d’Alice alors même qu’ils s’échouaient dans l’air chargé des rayons matutinaux. L’offrande des désirs de l’âme (du cœur?), si rare qu’on aurait eu plus de succès dans la traque de ces créatures marines qui peuplaient l’imaginaire des marins de jadis. Rentrés bredouille, à l’image du duelliste qui se contenta de la serrer davantage – pour lui témoigner sa bravoure, ou pour se rassurer lui-même qu’il n’était pas à même de perdre pied sur un terrain qu’il s’était convaincu de ne jamais fouler les sentiers à nouveau? « I’m not interested in war. Not against you. But I’m a good accomplice, you already know that. » Les anneaux serraient ses membres, pression articulée là où les mots ne l’étaient que si peu, lorsqu’on les mesurait à l’aune de l’esprit de l’Américaine. Damn. Sa tête avait basculé – à peine, tout ce qu’il fallait pour offrir une vue tentatrice sur un décolleté bien plus discret que nombre des tenues de la nymphe. Mais ils étaient chez lui, et sa gorge s’ornait des propres tissus bariolés tant décriés par d’innombrables figures d’autorité. How easy it might be, to fall into comfortable habits with you. Les habitus de la peau, les demandes de la chair – à satisfaire autant que les désirs le demandaient, mais, si petite soit-elle, l’ouverture d’Alice était trop belle pour être gâchée (n’est-ce pas?).
« I won’t be your shadow. I already have a pretty exciting life, good friends and hobbies that fueled my schedule, but I … Can make place for you. Special one. » Evan avait ri, en entendant l’idée d’avoir une ombre. D’un mouvement discret de jambes, il la cueillit derrière les genoux pour mieux l’installer sur son trône, lueur amusée dans le regard. « You’re much too short to be my shadow anyhow, nobody would believe it » et les mots furent lancés avec un éclatant sourire creusant les généreuses pattes d’oie à la commissure céruléenne du regard. « Might be a strange change of pace, though. First I had no idea you existed until we got engaged, and ever since you seem to be everywhere. Did we just happen to have a few interests in common, or should I start looking for another vice-president? » Il avait envie de la regarder, observer les réactions se multiplier dans son regard. Le désir de remarquer quelles blagues étaient les plus judicieuses, à quel moment – aimes-tu lorsque les moqueries soulèvent l’atmosphère, Alice? Te donnent-elles du courage, ou préfèrerais-tu les entendre disparaitre pour ne pas être distraite? Si mon souffle s’approchait un peu trop de ton oreille, saisirais-tu n’importe quelle excuse pour échapper à la conversation? Le Calédonien lui lança d’autres occasions, alors, incertain de la prise que l’alliciante saisirait pour gravir l’éperon de la discussion. « What if I’d like to see more of you, hm? » Les mots qui s’étaient glissés dans la litanie de ses jours depuis l’enterrement, presque effacés de sa mémoire avec les révélations de la veille. I want you.
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Ven 19 Mar 2021 - 18:57
Advienne que pourra
EXORDIUM.
A l'horizontale
A cet instant précis, Alice aurait aimé pouvoir fermer la bouche. La clore à double tour, jeter la clé au fond d’un tiroir quelconque et profiter du silence qui lui convenait assez peu d’ordinaire. N’écouter que les souffles qui s’accordent, et celui d’Eole qui bat les fenêtres et se voit refuser la chaleur de gîte où elle aurait bien remis le couvert. Mettre l’inconfort de la nouveauté de côté pour rebasculer aux bonnes habitudes à l’horizontale (tremper ses lèvres ou tempérer la fièvre). A la grâce de ses nerfs à vif et de ses sens écorchés, il eut la bonne idée de ne plus se contenter de l’envelopper, souffle et épiderme, pour glisser un pas de coté verbal, une encoche pour égratigner un peu la solennité un peu paumée de ses propos. L’humour était familier, qu’elle projetait entre d’autres dents blanches et écossaises du coté avunculaire, délicieuse acidité blonde, dear, dear Jaïna. Un langage qu’elle maîtrisait depuis des années, donc.
- I’m at the right size to get you close to the zenith, where the shadows almost disappear. Unless you’d rather like to be mine at dusk or dawn, you’re tall enough to fit.
(mine) Elle sentit les bras la soulever sans le moindre effort, ce qui ne manquait jamais de l’agacer un tout petit peu, comme à chaque fois qu’une grande personne faisait démonstration de sa force sur sa petite personne. Une sale habitude qu’elle subissait depuis l’enfance, vraiment, bien que ces paluches là soient autrement moins … fraternelles qu’ailleurs. Son rire embauma son égo à peine froissé, et ce sourire qui la percutait encore par sa lumière. Elle le savait souriant, ce n’était en rien une surprise, et pourtant, d’ordinaire, ils ne lui étaient pas destinés à elle, n’étaient que réponse à des tiers, scènes de grâce auxquels elle assistait en tiers lointain (sauf là-bas, Cordoba). Ses prunelles dans les siennes, dans une contre plongée distrayante, elle le laissait égrener ses interrogations, fantaisistes ou non, se demander s’il doit d’ores et déjà lui chercher des suppléants, ça et là. Dans une étude appliquée de sa manucure carmine, elle fait cliqueter deux ongles entre eux, avant de les faire glisser sur son poignet à lui, là où la peau est la plus fine.
- If you need to be reassured, you just were one of the numerous Jaïna’s cousins to me too, for a long, long time. I didn’t wait for you to be one of the finest duellist at Ilvermorny. And if you want a new second, he or she must defeats me … Good lucky with that.
Depuis plus de six mois qu’elle était à la tête de son groupe d’escrimeurs ensorceleurs, elle s’était attachée à sa tâche, mais aussi à ses gens. Elle en appréciait chacun des membres, même les têtes les plus dures et les caractères les plus opiniâtres. Dans une heureuse coïncidence (ou un calcul remarquable de leurs ascendants), les fiancés disposaient en effet de bien plus de centres d’intérêt que l’on pourrait parier entre deux sangs purs bien nés, séparés d’une demi décennie et de milliers de kilomètres de cultures. Un frisson évident remonta le long de sa nuque, quand les notes graves et mélodieuses descendaient au creux de son oreille, battant pavillon écossais sans trompette ni tambour, et pourtant. Les dents mordent les lippes, les siennes, à défaut du calédonien. L’impression d’évoluer sur un fil, en forme de point d’interrogation, mais s’arrêter, c’était perdre l’équilibre à coup sur, même le plus amateur des funambules le savait.
- What if … Hmm …
Saut de chat en point de suspension, et elle prenait ses mains dans les siennes, ne les couvrant qu’à moitié, et encore. De griffures à caresses, il n’y avait là qu’une question d’intention.(Maintenant qu'on en est là , Est-ce qu'on sait quand c'est là ? Qu'y a-t-il au-delà ? )
- I guess, you’ll just have to come and get it. Lucky you, since I seem to be everywhere, I won’t be hard to find.
Pour ce qui était de l’attraper, c’était parfois une autre histoire, il le savait bien. Pourtant, l’insolente se faisait moins vaporeuse, moins évanescente qu’elle avait pu l’être quelques mois plus tôt, s’échappant comme la fumée de la bougie soufflée d’une confidence de trop. Du corps et des chairs, plus faciles à saisir que sans le roulement des écailles irisées (visqueuses).
- What if I’d like to see more of you ?
A cet instant précis, Alice aurait aimé pouvoir fermer la bouche. La clore à double tour, jeter la clé au fond d’un tiroir quelconque et profiter du silence qui lui convenait assez peu d’ordinaire. N’écouter que les souffles qui s’accordent, et celui d’Eole qui bat les fenêtres et se voit refuser la chaleur de gîte où elle aurait bien remis le couvert. Mettre l’inconfort de la nouveauté de côté pour rebasculer aux bonnes habitudes à l’horizontale (tremper ses lèvres ou tempérer la fièvre). A la grâce de ses nerfs à vif et de ses sens écorchés, il eut la bonne idée de ne plus se contenter de l’envelopper, souffle et épiderme, pour glisser un pas de coté verbal, une encoche pour égratigner un peu la solennité un peu paumée de ses propos. L’humour était familier, qu’elle projetait entre d’autres dents blanches et écossaises du coté avunculaire, délicieuse acidité blonde, dear, dear Jaïna. Un langage qu’elle maîtrisait depuis des années, donc.
- I’m at the right size to get you close to the zenith, where the shadows almost disappear. Unless you’d rather like to be mine at dusk or dawn, you’re tall enough to fit.
(mine) Elle sentit les bras la soulever sans le moindre effort, ce qui ne manquait jamais de l’agacer un tout petit peu, comme à chaque fois qu’une grande personne faisait démonstration de sa force sur sa petite personne. Une sale habitude qu’elle subissait depuis l’enfance, vraiment, bien que ces paluches là soient autrement moins … fraternelles qu’ailleurs. Son rire embauma son égo à peine froissé, et ce sourire qui la percutait encore par sa lumière. Elle le savait souriant, ce n’était en rien une surprise, et pourtant, d’ordinaire, ils ne lui étaient pas destinés à elle, n’étaient que réponse à des tiers, scènes de grâce auxquels elle assistait en tiers lointain (sauf là-bas, Cordoba). Ses prunelles dans les siennes, dans une contre plongée distrayante, elle le laissait égrener ses interrogations, fantaisistes ou non, se demander s’il doit d’ores et déjà lui chercher des suppléants, ça et là. Dans une étude appliquée de sa manucure carmine, elle fait cliqueter deux ongles entre eux, avant de les faire glisser sur son poignet à lui, là où la peau est la plus fine.
- If you need to be reassured, you just were one of the numerous Jaïna’s cousins to me too, for a long, long time. I didn’t wait for you to be one of the finest duellist at Ilvermorny. And if you want a new second, he or she must defeats me … Good lucky with that.
Depuis plus de six mois qu’elle était à la tête de son groupe d’escrimeurs ensorceleurs, elle s’était attachée à sa tâche, mais aussi à ses gens. Elle en appréciait chacun des membres, même les têtes les plus dures et les caractères les plus opiniâtres. Dans une heureuse coïncidence (ou un calcul remarquable de leurs ascendants), les fiancés disposaient en effet de bien plus de centres d’intérêt que l’on pourrait parier entre deux sangs purs bien nés, séparés d’une demi décennie et de milliers de kilomètres de cultures. Un frisson évident remonta le long de sa nuque, quand les notes graves et mélodieuses descendaient au creux de son oreille, battant pavillon écossais sans trompette ni tambour, et pourtant. Les dents mordent les lippes, les siennes, à défaut du calédonien. L’impression d’évoluer sur un fil, en forme de point d’interrogation, mais s’arrêter, c’était perdre l’équilibre à coup sur, même le plus amateur des funambules le savait.
- What if … Hmm …
Saut de chat en point de suspension, et elle prenait ses mains dans les siennes, ne les couvrant qu’à moitié, et encore. De griffures à caresses, il n’y avait là qu’une question d’intention.(Maintenant qu'on en est là , Est-ce qu'on sait quand c'est là ? Qu'y a-t-il au-delà ? )
- I guess, you’ll just have to come and get it. Lucky you, since I seem to be everywhere, I won’t be hard to find.
Pour ce qui était de l’attraper, c’était parfois une autre histoire, il le savait bien. Pourtant, l’insolente se faisait moins vaporeuse, moins évanescente qu’elle avait pu l’être quelques mois plus tôt, s’échappant comme la fumée de la bougie soufflée d’une confidence de trop. Du corps et des chairs, plus faciles à saisir que sans le roulement des écailles irisées (visqueuses).
- What if I’d like to see more of you ?
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Sam 20 Mar 2021 - 14:02
Advienne que pourra
EXORDIUM.
(open up) Je ne te connais pas, lui avait dit une autre, dans ce qui lui paraissait désormais être une autre vie – à peine six mois auparavant. Je ne fais que te deviner. Volatile et digne des eaux qui couraient pour se glisser dans toutes les failles, le voilà, lui, entourant son Américaine de ses bras, à tenter de cartographier ses contours fuyants sans l’aide de ses doigts. « I’m at the right size to get you close to the zenith, where the shadows almost disappear. Unless you’d rather like to be mine at dusk or dawn, you’re tall enough to fit. » Dans son ton, le mystère et les promesses – si elle avait pu lui asséner ses paroles de loin, avec en guise de parure la provocation au creux de ses prunelles qui avait un talent tout particulier pour le piquer, lui, leur conversation se serait certainement achevée. Débarrassés de leurs quelques vêtements et, surtout, de ces mots dont leurs esprits avares de sentiments doux auraient préféré faire l’économie. À tant compter, on en venait à se vendre soi-même (un acheté, une offerte.) Éclatant, son sourire décora son visage, et le Calédonien reprit de plus belle, tendant une autre perche à l’anguipède plutôt que d’accepter de se perdre dans les méandres tout juste assez métaphoriques pour se défendre de suggestion. Le duelliste commençait (à peine) à connaître l’aspic, qui ne le laisserait pas s’échapper à nouveau s’il acceptait de mettre de côté les mots qu’ils devaient mutuellement prononcer. Exorcisée, la colère s’était évanouie entre les jambes de la Mélusine qui l’avait accompagné – le vice pour purger l’âme. Il demeurait le sentiment de traitrise, qui ne serait embaumé que par la franchise. Demander du crédit à l’avare, c’était bien beau, encore fallait-il qu’elle accepte de le débiter. « Might be a strange change of pace, though. First I had no idea you existed until we got engaged, and ever since you seem to be everywhere. Did we just happen to have a few interests in common, or should I start looking for another vice-president? »
Un frisson léger remonta le long de son épiderme, épicentre prisonnier des griffes grenat – douces, mais avec un relent piquant qui lui murmurait à l’oreille qu’entre les coups et les caresses, il n’y avait qu’un souffle. « If you need to be reassured, you just were one of Jaïna’s numerous cousins to me too, for a long, long time. I didn’t wait for you to be one of the finest duellists at Ilvermorny. And if you want a new second, he or she must defeat me … Good luck with that. » Son expiration s’épaissit en guise de réponse amusée, mais il souriait, le regard plongeant vers la profondeur turquoise qui le fixait en retour. Abyssus abyssum invocat. Le club de duels n’avait pas l’exclusivité des bretteurs d’envergure, mais il y avait une habitude d’abord issue de moqueries et de piques jacassantes qui s’était muée en étrange réconfort qu’on ne nommait pas, cachée dans le tiroir réservé aux deux gestionnaires du club. Des notes qui restaient accrochées, qu’on arrachait pourtant si aisément – à leur image (pour l’instant). Les reflets lumineux du miroir aux alouettes disaient parfois la vérité, même s’ils avaient été conçus pour accompagner la chasse.
Evan cueillit les lèvres de l’amphisbène, un baiser léger, par envie, qu’il se garda d’approfondir afin d’éviter les écueils prévisibles de leurs tentations mutuelles. « What if I’d like to see more of you, hm? », demanda le futur auror, cherchant une réponse dans ses yeux dont il ne maîtrisait pas les codes. « What if … Hmm … » Ses mains se tournèrent, présentant ses paumes à celles de la jeune femme qui s’en était saisie. « I guess, you’ll just have to come and get it. Lucky you, since I seem to be everywhere, I won’t be hard to find. » Evan rit – elle avait raison. Figure inexistante dans son univers avant leurs fiançailles, la sorcière semblait avoir retrouvé ses habitudes et leurs chemins se croisaient si souvent qu’il aurait suffi de chercher la signature olfactive de l’Américaine pour la trouver avec aisance. Un jour, il lui demanderait si elle s’était vêtue d’un costume d’inspectrice privée dans ses filatures, comment elle avait expliqué ses disparitions à leurs proches communs – comment se faisait-il, alors, que depuis son retour, il ne l’avait jamais vue auprès de Jaïna, ou chez les duellistes? Avait-il fallu qu’elle calcule ses moindres pas, tous ses gestes? Il aurait voulu savoir ce que ça faisait, de se mesurer ainsi au diapason de quelqu’un qu’on ne connaissait qu’à travers les lignes dimensionnelles d’un simple dossier, et, oubliant presque les confessions émotives de la veille – Would you say it’s been worth it, Alice? « What if I’d like to see more of you ? »
Il sourit, à nouveau, de cet air moqueur mais affectueux qu’il réservait à ses proches – décoration des traits qu’elle n’aurait jamais réellement vue lui être adressée. « You’ve never seemed to have trouble finding me, lass. » Evan l’avait vu, dans le dossier : tracées comme une carte du ciel à la précision astronomique, ses habitudes, ses préférences, là où il aimait s’arrêter, rejoindre ses amis, bien que quelques interstices aient démontré qu’il y avait bien certains endroits qu’elle n’avait pas remarqués – la taverne du troll et les cuisines universitaires trônant en tête de liste, gardant secrète une amitié profonde pour un cœur qu’elle avait aimé. « But if you’d like to see more of me, all you have to do is say so. » Le défi, tendu comme une perche – dis-le, dis-le moi. Une piqûre à l’orgueil, peut-être – certainement. Pour ce qu’elle avait fait, et assumé, il ne ferait pas de présents à sa fierté, tout juste l’offrande de ne pas se dresser en ennemi prêt à voir en ses failles une admission de défaite – mais il n’édulcorerait pas le chemin vers une sincérité qui avait cruellement manqué à leurs rencontres depuis le début.
Un frisson léger remonta le long de son épiderme, épicentre prisonnier des griffes grenat – douces, mais avec un relent piquant qui lui murmurait à l’oreille qu’entre les coups et les caresses, il n’y avait qu’un souffle. « If you need to be reassured, you just were one of Jaïna’s numerous cousins to me too, for a long, long time. I didn’t wait for you to be one of the finest duellists at Ilvermorny. And if you want a new second, he or she must defeat me … Good luck with that. » Son expiration s’épaissit en guise de réponse amusée, mais il souriait, le regard plongeant vers la profondeur turquoise qui le fixait en retour. Abyssus abyssum invocat. Le club de duels n’avait pas l’exclusivité des bretteurs d’envergure, mais il y avait une habitude d’abord issue de moqueries et de piques jacassantes qui s’était muée en étrange réconfort qu’on ne nommait pas, cachée dans le tiroir réservé aux deux gestionnaires du club. Des notes qui restaient accrochées, qu’on arrachait pourtant si aisément – à leur image (pour l’instant). Les reflets lumineux du miroir aux alouettes disaient parfois la vérité, même s’ils avaient été conçus pour accompagner la chasse.
Evan cueillit les lèvres de l’amphisbène, un baiser léger, par envie, qu’il se garda d’approfondir afin d’éviter les écueils prévisibles de leurs tentations mutuelles. « What if I’d like to see more of you, hm? », demanda le futur auror, cherchant une réponse dans ses yeux dont il ne maîtrisait pas les codes. « What if … Hmm … » Ses mains se tournèrent, présentant ses paumes à celles de la jeune femme qui s’en était saisie. « I guess, you’ll just have to come and get it. Lucky you, since I seem to be everywhere, I won’t be hard to find. » Evan rit – elle avait raison. Figure inexistante dans son univers avant leurs fiançailles, la sorcière semblait avoir retrouvé ses habitudes et leurs chemins se croisaient si souvent qu’il aurait suffi de chercher la signature olfactive de l’Américaine pour la trouver avec aisance. Un jour, il lui demanderait si elle s’était vêtue d’un costume d’inspectrice privée dans ses filatures, comment elle avait expliqué ses disparitions à leurs proches communs – comment se faisait-il, alors, que depuis son retour, il ne l’avait jamais vue auprès de Jaïna, ou chez les duellistes? Avait-il fallu qu’elle calcule ses moindres pas, tous ses gestes? Il aurait voulu savoir ce que ça faisait, de se mesurer ainsi au diapason de quelqu’un qu’on ne connaissait qu’à travers les lignes dimensionnelles d’un simple dossier, et, oubliant presque les confessions émotives de la veille – Would you say it’s been worth it, Alice? « What if I’d like to see more of you ? »
Il sourit, à nouveau, de cet air moqueur mais affectueux qu’il réservait à ses proches – décoration des traits qu’elle n’aurait jamais réellement vue lui être adressée. « You’ve never seemed to have trouble finding me, lass. » Evan l’avait vu, dans le dossier : tracées comme une carte du ciel à la précision astronomique, ses habitudes, ses préférences, là où il aimait s’arrêter, rejoindre ses amis, bien que quelques interstices aient démontré qu’il y avait bien certains endroits qu’elle n’avait pas remarqués – la taverne du troll et les cuisines universitaires trônant en tête de liste, gardant secrète une amitié profonde pour un cœur qu’elle avait aimé. « But if you’d like to see more of me, all you have to do is say so. » Le défi, tendu comme une perche – dis-le, dis-le moi. Une piqûre à l’orgueil, peut-être – certainement. Pour ce qu’elle avait fait, et assumé, il ne ferait pas de présents à sa fierté, tout juste l’offrande de ne pas se dresser en ennemi prêt à voir en ses failles une admission de défaite – mais il n’édulcorerait pas le chemin vers une sincérité qui avait cruellement manqué à leurs rencontres depuis le début.
- InvitéInvité
Re: Mon coeur se serre j'ai du feu dans la voix ~Evalice ix (terminé)
Sam 20 Mar 2021 - 20:07
Advienne que pourra
EXORDIUM.
A l'horizontale
A la faveur d’un élandu coeur de générosité, les lèvres tièdes du Calédonien s’étaient posées sur les siennes sans s’attarder, faisant battre ses cils comme ailes d’un papillon surpris par une bourrasque, pas suffisamment pour s’envoler cependant. Elle en aurait bien repris un peu, toute insatiable qu’elle était, mais la chasteté d’un bécot léger était une friandise, inhabituelle, dont elle allait devoir se contenter pour le moment (Famine, supplément Gourmandise). La franchise contrainte dans un effort réel, le verbiage bien plus aisément nubileux que ce qu’il attendait d’elle, elle pesait les mots comme d’autres trient le grain de l’ivraie. Elle tressait ses réponses à la façon du vorge dont on fait les paniers colorés que l’on remplit de belles choses comme de poissons odorants, sur les berges des fleuves où tous ses ancêtres avaient grandi, sur un continent ou un autre : avec soin et, aussi, la volonté sincère de bien faire, sans que le savoir-faire, lui, soit tout à fait au rendez vous (ça viendra, mon bijou).
Elle avait gardé le nez levé vers lui en lui retournant la question, dans un souffle qui nécessitait plus de bravoure que prévu. Son corps immobile contre celui, chaud, de l’écossais si peu vêtu que cela en aurait été tout à fait distrayant, si elle ne sentait pas là que se jouait plus que les commentaires gouailleurs que cette absence d’apparat lui inspirait. La réplique en écho de la sienne, entre Facétie et Raillerie, concédait une ouverture qu’elle considéra un instant comme attrape-souris aux odeurs alléchantes, qui lui fit froncer le nez et les sourcils, un peu.
- Would it be that easy, Mister President ? All I have to do is ask ?
Elle avait, malgré tout, bien du mal à y croire, et pour cause : si elle avait pris tant de risques, la veille, qu’elle avait manqué de peu de se fracasser contre un mur irascible et dramatique, c’était justement parce qu’il lui avait bien signifié, à de nombreuses reprises, sciemment ou non, que si elle était libre de quérir, il l’était tout autant de décliner, en dehors des ersatz de cadrature légale qu’ils s’étaient infligés. Elle avait tâtonné, plusieurs fois, mais sans trouver de résonance franche à ses propres envies, s’était rendue à l’évidence que rien, jamais, ne serait facile avec lui, et pour cause. En ignorant trop de choses, Evan déséquilibrait leur relation, forçait à trop de calculs auxquels elle ne trouvait plus l’amusement des débuts (Comme c’est pratique, mon Bijou, de lui rejeter la faute, l’amende honorable serait-elle trop chère à payer ? ). Elle n’avait trouvé d’autres solutions que de révéler, tout, ou presque, puisque tout revenait à un ouvrage assidûment suivi et augmenté au gré de ses découvertes personnelles, jusqu’à une carte du Tendre on ne pouvait plus personnalisée qu’elle abhorrait, tant elle contenait de culs-de-sac et de détours insolubles pour l’impatiente. Elle avait préféré brûler le plan, jeter la boussole, naviguer à vue et avec l’aide des étoiles (et de ses habitants) plutôt que de finir les pieds dans l’eau du lac de l’Indifférence. Rien ne serait jamais pire que la tiédeur, jamais.
- When should we start ?
Pas comment, pas pourquoi, juste Quand. Le reste était l’ordre du détail, alors que ses doigts avaient quitté le lit de ses avants bras nerveux pour remonter le long d’un biceps, d’une épaule, d’une clavicule, pour perdre à l’orée de sa chevelure, quelque part sur sa nuque. Avisé qu’il était d’être un peu penché au dessus d’elle, sans quoi elle n’aurait surement pas eu les bras assez longs pour l’enlacer ainsi à l’envers. Elle n’eut cependant pas l’occasion de s’éterniser dans cette posture plus suggestive que prévue par ailleurs, les effluves puissantes de la boisson qui frémissait dans leur dos s’accompagnant à présent du sifflement caractéristique de la machine qui avait fini de faire son œuvre.
- … But first. Coffee.
Elle glissa avec aisance sur le sol, le froid mordit son épaule dénudée par le mouvement de s’être enfuie si prestement, mais elle l’ignora pour se saisir de la cafetière. Elle versa une tasse, puis une autre, qu’elle posa sur le comptoir. Elle porta la sienne à ses lèvres sans un regard pour le sucrier, ni une considération pour l’incandescence supposée du breuvage. Le liquide, noir, dans la faïence, blanche, contre la peau, noire : Décharge de dopamine et ronronnement satisfait, ça cliquette contre la porcelaine, instrument de musique qui n’attend qu’à ce qu’on y touche. Pas de piano bar, Piano comptoir, et une nouvelle gorgée alors qu’elle s’installe à nouveau face à lui, cette fois. Le café, c’est sérieux, il ne s’agirait pas d’en restreindre la dégustation par une proximité peu pratique. Néanmoins, Evan n’avait toujours pas répondu, elle guettait sa réaction, par dessus les volutes.
A la faveur d’un élan
Elle avait gardé le nez levé vers lui en lui retournant la question, dans un souffle qui nécessitait plus de bravoure que prévu. Son corps immobile contre celui, chaud, de l’écossais si peu vêtu que cela en aurait été tout à fait distrayant, si elle ne sentait pas là que se jouait plus que les commentaires gouailleurs que cette absence d’apparat lui inspirait. La réplique en écho de la sienne, entre Facétie et Raillerie, concédait une ouverture qu’elle considéra un instant comme attrape-souris aux odeurs alléchantes, qui lui fit froncer le nez et les sourcils, un peu.
- Would it be that easy, Mister President ? All I have to do is ask ?
Elle avait, malgré tout, bien du mal à y croire, et pour cause : si elle avait pris tant de risques, la veille, qu’elle avait manqué de peu de se fracasser contre un mur irascible et dramatique, c’était justement parce qu’il lui avait bien signifié, à de nombreuses reprises, sciemment ou non, que si elle était libre de quérir, il l’était tout autant de décliner, en dehors des ersatz de cadrature légale qu’ils s’étaient infligés. Elle avait tâtonné, plusieurs fois, mais sans trouver de résonance franche à ses propres envies, s’était rendue à l’évidence que rien, jamais, ne serait facile avec lui, et pour cause. En ignorant trop de choses, Evan déséquilibrait leur relation, forçait à trop de calculs auxquels elle ne trouvait plus l’amusement des débuts (Comme c’est pratique, mon Bijou, de lui rejeter la faute, l’amende honorable serait-elle trop chère à payer ? ). Elle n’avait trouvé d’autres solutions que de révéler, tout, ou presque, puisque tout revenait à un ouvrage assidûment suivi et augmenté au gré de ses découvertes personnelles, jusqu’à une carte du Tendre on ne pouvait plus personnalisée qu’elle abhorrait, tant elle contenait de culs-de-sac et de détours insolubles pour l’impatiente. Elle avait préféré brûler le plan, jeter la boussole, naviguer à vue et avec l’aide des étoiles (et de ses habitants) plutôt que de finir les pieds dans l’eau du lac de l’Indifférence. Rien ne serait jamais pire que la tiédeur, jamais.
- When should we start ?
Pas comment, pas pourquoi, juste Quand. Le reste était l’ordre du détail, alors que ses doigts avaient quitté le lit de ses avants bras nerveux pour remonter le long d’un biceps, d’une épaule, d’une clavicule, pour perdre à l’orée de sa chevelure, quelque part sur sa nuque. Avisé qu’il était d’être un peu penché au dessus d’elle, sans quoi elle n’aurait surement pas eu les bras assez longs pour l’enlacer ainsi à l’envers. Elle n’eut cependant pas l’occasion de s’éterniser dans cette posture plus suggestive que prévue par ailleurs, les effluves puissantes de la boisson qui frémissait dans leur dos s’accompagnant à présent du sifflement caractéristique de la machine qui avait fini de faire son œuvre.
- … But first. Coffee.
Elle glissa avec aisance sur le sol, le froid mordit son épaule dénudée par le mouvement de s’être enfuie si prestement, mais elle l’ignora pour se saisir de la cafetière. Elle versa une tasse, puis une autre, qu’elle posa sur le comptoir. Elle porta la sienne à ses lèvres sans un regard pour le sucrier, ni une considération pour l’incandescence supposée du breuvage. Le liquide, noir, dans la faïence, blanche, contre la peau, noire : Décharge de dopamine et ronronnement satisfait, ça cliquette contre la porcelaine, instrument de musique qui n’attend qu’à ce qu’on y touche. Pas de piano bar, Piano comptoir, et une nouvelle gorgée alors qu’elle s’installe à nouveau face à lui, cette fois. Le café, c’est sérieux, il ne s’agirait pas d’en restreindre la dégustation par une proximité peu pratique. Néanmoins, Evan n’avait toujours pas répondu, elle guettait sa réaction, par dessus les volutes.
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