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- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 8292
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Night Vision (ft. Nathanael)
Mer 4 Nov 2020 - 14:26
Night Vision ft. @Nathanael CohenQue d’événements étranges il lui arrive, ces derniers temps. Il a l’impression que tout a démarré le jour des fiançailles, comme une succession de malchance, ou de mauvais choix. Comme si ce jour-là, l’univers s’était enfin réveillé et l’avait aperçu, lui, parmi les autres pour lui faire la misère. Mais ce serait sous-entendre qu’il est plus important et Maximilien n’est pas comme ça. Ce doit simplement être la malchance… Oui, c’est ce qu’il se dit en faisant le chemin habituel pour la forêt. Il repère sa cachette favorite et regarde autour de lui les arbres qui se dressent. Le ciel qui s’assombrit. Il ne fait jamais ça, normalement. Voler en pleine nuit - ou du moins, tenter de le faire. Il craint trop les autres animaux nocturnes, les disputes que cela peut engendrer. D’ordinaire, il choisit la journée pour ses tentatives. Seulement, la dernière qu’il a fait au plein jour s’est soldée, récemment, par une balle dans la jambe et le ventre. Rien de très glorieux. Les chasseurs ne sont que rarement là la nuit, raison de son choix ce soir. Il pourra mieux se dissimuler entre les arbres de cette manière.
Maximilien écoute les bruits de la forêt, qui ne dort jamais. Il y a toujours quelqu’un pour y vivre, y bouger, de jour comme de nuit. L’environnement, malgré les bruits des animaux et du vent, est calme. Il s’y sent bien. Alors pourquoi tout est tellement si compliqué à chaque fois ? Il pensait avoir résolu une partie du problème avec Susan la dernière fois mais ce p*tain de chasseur l’a fait régresser dans ses transformations. Il en a un traumatisme, maintenant. Depuis, il n’a pas pu se transformer une seule fois - ou du moins, pas correctement. Enfin, cela ne fait que quelques jours, il se donne encore un peu de délai avant d’en conclure qu’il est totalement bousillé. Si son grand-père vient à apprendre ça, il va se faire passer un savon…
“Bon allez, ça va le faire. Tu peux y arriver, ce n’est pas la première fois.” Et pourtant c’est tout comme. Il ressent les mêmes choses que lors de sa toute première transformation succédant aux différentes étapes pour devenir un animagus. Cela avait été douloureux mais ça l’est presque plus encore aujourd’hui. Maximilien range sa baguette dans sa sacoche, qu’il va dissimuler dans un tronc d’arbre de la forêt. Cachette qu’il utilise de plus en plus tellement elle a prouvé son efficacité. Il faut dire que depuis l’incident avec Summer, il a dû changer certains techniques de dissimulation pour ne plus se faire prendre. Rejoignant quelques mètres plus loin une minuscule clairière - un espace de verdure entouré de grands arbres qui ne doit pas pouvoir contenir plus de vingt personnes - il se positionne au centre et ferme les yeux. Une grande inspiration, suivi d’une profonde expiration. Il répète ce duo pendant plusieurs secondes. Tente de se détendre le plus possible. Pendant un instant, sa main se porte là où se tenait sa blessure il y a quelques jours, puis il secoue la tête et se reconcentre. Il n’a même pas saigné si longtemps que ça mais ce quart d’heure a été sûrement le plus long de toute sa vie.
“Allez. Allez. Allez. Viens s’te plaît.” Il s’encourage dans sa langue natale car il n’y a personne ici pour l’entendre. En théorie. Et le français est bien plus rassurant pour lui que l’anglais, raison de plus. Maximilien fait travailler son esprit, utilise les mêmes petits tours pour faciliter ses transformations. Respirer, se détendre, se portrayer dans son esprit en tant que son animagus. Sauf que cela n’a plus le même effet. La concentration est bien plus difficile et les souvenirs de son accident ne cessent de le hanter. À chaque fois qu’il s’imagine en aigle, il se voit tirer dessus… et ressentir cette douleur. On ne peut pas dire que ce soit un moteur très efficace ! Il sent parfois les plumes commencer à recouvrir sa peau mais pour disparaître tout aussitôt. Alors le français force, encore et encore, jusqu’à en avoir une perle de sueur sur le front.
“ALLEZ.” Il crie - de toute façon qui peut l’entendre ? - et ce coup de boost semble fonctionner… pour quelques secondes. Son corps humain se transforme totalement en celui de l’aigle et il a à peine le temps de prendre un peu de hauteur en battant des ailes que l’effet inverse se produit. Il redevient humain, à quelques mètres du sol et tombe comme une pierre sur l’herbe de la clairière dans un gémissement de douleur.
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
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- InvitéInvité
Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Ven 6 Nov 2020 - 0:31
La lettre trônait sur le bureau telle la reine qu’elle était : imposante, dangereuse, implacable et couronnée de son épineuse amertume. Lové dans une chaise, Nathanael fixait l’objet de son trouble de manière circonspecte, encore incertain des émotions qui l’assaillaient jusqu’à lui disputer les rares heures de sommeil qu’il daignait s’accorder. Dormir avait toujours était synonyme de perte de temps, aussi avait-il soigneusement entreprit de consacrer à ce besoin élémentaire que le strict minimum : un repos par tranches de trois heures, jonglant avec son cycle de fatigue comme s’il s’était agi d’un art à dominer. Dans le train du sommeil, métaphore aimée de ceux le décrivant, Nael ne traversait qu’un wagon à la fois, scrupuleusement interrompu par deux autres heures d’activités diverses. C’était un exercice bien rodé, infaillible et efficace, d’autant plus qu’il avait le don de plonger en Morphée avec aisance.
Mais cette nuit, ses plans étaient mis à mal. Alors, avec un soupire aussi las que ne l’étaient alors ses pensées, le jeune concierge mit fin à ses réflexions et se redressa d’un mouvement souple pour se diriger vers l’armoire. Il passa un pull beige à larges mailles à même la peau, enfila un pantalon sombre et se glissa dans ses chaussures. L’instant d’après, il refermait la porte de sa chambre et prenait la direction de la forêt bordant l’université, bien décidé à mettre une distance aussi physique que morale entre le bout de papier et lui. Si son père avait toujours su manier les mots, Nael avait fini par découvrir que sa mère n’était pas en reste. Ils n’excellaient pas dans les mêmes domaines, mais la tendre et culpabilisante syntaxe de Rachel n’avait jamais rien eu à envier à celle, directive et pleine de reproches, de Jacob. C’était peut-être plus difficile à contrer pour un esprit aussi cartésien que le sien : sa mère ne lui offrait rien de concrètement insurmontable, mais elle lui agitait sous les yeux ses émotions et, d’elles, Nathanael n’avait jamais su correctement se défendre. On pouvait nier les arguments faisant appel à la logique, on pouvait débattre des oppositions, mais que faire des sentiments de ceux qu’on aimait et qu’on ne voulait pas faire souffrir ? Sa mère était déçue. De lui. Que pouvait-il répondre à ça, quand bien même ne regrettait-il ni ses mots, ni ses choix ?
Nael soupira avant d’offrir son visage à la nuit et au vent capricieux qui faisait frémir son épiderme. Il était fatigué, du reste, en cette soirée, mais d’une fatigue qui n’avait rien à voir avec un épuisement physique : il s’agissait de quelque chose de plus latent, se glissant insidieusement dans sa pensée jusqu’à venir alourdir ses sens.
La nuit de Novembre était sans feux, immobile, avec de lointains spasmes d’éclairs silencieux sur un ciel violacé. Des insectes nocturnes tournaient aveuglément autour de lanternes longeant les chemins pavés du parc, dont l’aura s’enfonçait brutalement dans la noirceur absolue de la forêt. Nathanael bâilla et les formes illuminées frissonnèrent et se fondirent dans le prisme de ses larmes. Son regard ennuyé se promenait d’un relief à l’autre, se forçant à l’obscurité jusqu’à s’accoutumer à la monochromie des chats. Bientôt et brusquement, son talon cessa de battre la pierre et s’enfonça dans la mousse à l’odeur de champignon, d’humidité, et un peu déjà de neige. L’air était lourd, se respirait mal et pourtant, son souffle glacé faisait indéniablement du bien. Il leva la tête, regardant les cimes de pins se découper doucement dans le firmament au violet d’évêque. De temps en temps, quelque chose volait d’un pin à l’autre tel une convulsion sylvestre. Nathanael se laissa écraser pour de bon, sentant son souffle se perdre derrière cette succession de gris, de noir et de bruits, de murmures sauvages qui paraissaient décider de son sort en le regardant parfois d’yeux brûlants comme de l’or liquide depuis les boyaux de cette sylve sans fond.
Mais tout en avançant aveuglément, ébloui par la nuit comme les insectes l’étaient par la lumière, Nathanael comprit bientôt qu’un bruissement dans ce tumulte était humain. Irrémédiablement attiré par son espèce, les feuillages bleuissant autour de lui d’un éclat de lune, le concierge s’avança entre les branches aux effluves de térébenthine jusqu’à une sorte de clairière. En son centre, un jeune-homme.
Il avait tout pour lui : des cheveux d’un châtain doux, des yeux en chocolat, un nez qui ne manquait pas de caractère, un menton volontaire pincé d’une petite fossette. Pourtant, il était un peu négligé aux entournures : une barbe de quelques heures bleuissait sa mâchoire, l’air avait ébouriffé ses mèches caramel et ses vêtements paraissaient froissés. Néanmoins, cette apparence échevelée avait été comme concocté par un styliste à mille livres la journée. À l’abris du sapin qui le dissimulait, Nael s’alanguie contre le tronc avec nonchalance, son épaule se reposant dessus, ses bras croisés tout contre son torse. Il aurait dû s’inquiéter de ce subit élan de voyeurisme, mais quelque chose en lui se refusait à détourner les yeux. Comme une impression de... déjà vue ?
« Bon allez, ça va le faire. Tu peux y arriver, ce n’est pas la première fois » râla l’adolescent.
Sa voix était grave et chantante, tout comme la langue dans laquelle il avait choisi de s’exprimer. Français, donc, imprima le concierge dans sa mémoire. Ses yeux noirs fixaient intensément la silhouette, comme réquisitionnés de force par le spectacle. De son poste d’observation, Nathanael pouvait le voir inspirer à grand renfort de concentration de l’air par un nez sifflant, puis l’expirer avec minutie par sa bouche. Ça lui fit immédiatement penser aux techniques de relaxation et, ensorcelé, le concierge se rendit compte qu’il avait lui-même retenu son souffle, comme s’il s’attendait à ce que quelque chose n’advienne d’une telle préparation monastique. Le gosse était dans sa bulle, mais cette dernière semblait fragile cependant : il était agité de petits tics nerveux, comme si le proverbial vide nécessaire à toute cette mise en scène ne voulait pas s’offrir à lui. C’était presque imperceptible, mais il aurait juré que les mains tremblotaient et qu’une tension venait de faire jaillir les tendons du cou du jeune homme. Mais il lui aurait fallu se rapprocher pour vérifier et Nathanael n’avait pas la moindre envie de dévoiler sa présence.
« Allez. Allez. Allez. Viens s’te plaît »
La voix s’était faite suppliante, un brin cassée. Fragile et désespérée. Et puis le jeune homme secoua la tête, comme déçu de lui-même. Le concierge s’autorisa un regard circulaire avant d’en revenir à sa première supposition : non, le petit n’attendait personne. Il voulait que quelque chose vienne, mais cela n’avait rien d’humain. C’était quelque chose d’interne, il en avait l’intime conviction : il exultait l’impatience et la frustration, se dandinant désagréablement d’un pied à l’autre, incapable d’atteindre le niveau de concentration dont il semblait pourtant en exiger l’aboutissement. Nathanael se sentit soudain pris d’un malaise fugace, comme s’il assistait à quelque chose d’intime sans y avoir été convié. Mais la curiosité était plus forte, et ses yeux continuèrent-à le dévisager. Le décortiquer. S’abstraire dans la vie des autres : un rare remède à la morosité de sa propre existence. Alors, inconsciemment, ses inquiétudes, il les fit siennes.
« ALLEZ ! » rugit-t-il.
Nael se décolla du tronc de l’arbre dans un sursaut, sa bouche s’arrondissant en un petit « o » parfait. Tout alla vite, trop vite pour ses yeux encore si peu habitués aux manifestations fantastiques : la silhouette s’était floutée et l’air avait tremblé, comme le faisait parfois l’atmosphère autours de l’asphalte d’une route échauffée par un soleil cuisant. Un aigle venait tout simplement de se matérialiser à la place du gamin, ses grandes ailes battant frénétiquement alors qu’il s’élançait vers le ciel. L’instant d’après, il chuta lamentablement au sol dans un croassement dont les ultimes notes n’avaient plus rien du rapace mais tout du gémissement humain.
« Merde ! » s’écria le concierge, se rendant compte qu’il s’était élancé vers le gamin qu’en ayant anéanti la moitié de la distance les séparant.
Réfrénant un sentiment d’inquiétude, il stoppa sa course pour s’approcher à pas plus précautionneux, avant de s’agenouiller auprès du jeune homme qui gisait face contre terre, le corps tremblant. Ses doigts se glissèrent vers une plume échouée au sol, qu’il se permit de récupérer pour venir en palper la texture, à mi-chemin entre la stupéfaction et l’incrédulité. Il avait déjà vu ce gamin. Il avait déjà vu une crise... semblable. Il inclina la tête vers lui, accrochant du regard les traits tirés, la fine pellicule de sueur qui recouvrait le visage de l’étudiant, avant de calculer mentalement la hauteur qui avait séparé l’oiseau du sol avant que la gravité ait œuvré sans la moindre pitié.
« Rien de cassé ? » demanda-t-il alors simplement d’une voix blanche, aussi stupéfaite que ne devait l’être son déjà-vu.
@maximilien leroy
Mais cette nuit, ses plans étaient mis à mal. Alors, avec un soupire aussi las que ne l’étaient alors ses pensées, le jeune concierge mit fin à ses réflexions et se redressa d’un mouvement souple pour se diriger vers l’armoire. Il passa un pull beige à larges mailles à même la peau, enfila un pantalon sombre et se glissa dans ses chaussures. L’instant d’après, il refermait la porte de sa chambre et prenait la direction de la forêt bordant l’université, bien décidé à mettre une distance aussi physique que morale entre le bout de papier et lui. Si son père avait toujours su manier les mots, Nael avait fini par découvrir que sa mère n’était pas en reste. Ils n’excellaient pas dans les mêmes domaines, mais la tendre et culpabilisante syntaxe de Rachel n’avait jamais rien eu à envier à celle, directive et pleine de reproches, de Jacob. C’était peut-être plus difficile à contrer pour un esprit aussi cartésien que le sien : sa mère ne lui offrait rien de concrètement insurmontable, mais elle lui agitait sous les yeux ses émotions et, d’elles, Nathanael n’avait jamais su correctement se défendre. On pouvait nier les arguments faisant appel à la logique, on pouvait débattre des oppositions, mais que faire des sentiments de ceux qu’on aimait et qu’on ne voulait pas faire souffrir ? Sa mère était déçue. De lui. Que pouvait-il répondre à ça, quand bien même ne regrettait-il ni ses mots, ni ses choix ?
Nael soupira avant d’offrir son visage à la nuit et au vent capricieux qui faisait frémir son épiderme. Il était fatigué, du reste, en cette soirée, mais d’une fatigue qui n’avait rien à voir avec un épuisement physique : il s’agissait de quelque chose de plus latent, se glissant insidieusement dans sa pensée jusqu’à venir alourdir ses sens.
La nuit de Novembre était sans feux, immobile, avec de lointains spasmes d’éclairs silencieux sur un ciel violacé. Des insectes nocturnes tournaient aveuglément autour de lanternes longeant les chemins pavés du parc, dont l’aura s’enfonçait brutalement dans la noirceur absolue de la forêt. Nathanael bâilla et les formes illuminées frissonnèrent et se fondirent dans le prisme de ses larmes. Son regard ennuyé se promenait d’un relief à l’autre, se forçant à l’obscurité jusqu’à s’accoutumer à la monochromie des chats. Bientôt et brusquement, son talon cessa de battre la pierre et s’enfonça dans la mousse à l’odeur de champignon, d’humidité, et un peu déjà de neige. L’air était lourd, se respirait mal et pourtant, son souffle glacé faisait indéniablement du bien. Il leva la tête, regardant les cimes de pins se découper doucement dans le firmament au violet d’évêque. De temps en temps, quelque chose volait d’un pin à l’autre tel une convulsion sylvestre. Nathanael se laissa écraser pour de bon, sentant son souffle se perdre derrière cette succession de gris, de noir et de bruits, de murmures sauvages qui paraissaient décider de son sort en le regardant parfois d’yeux brûlants comme de l’or liquide depuis les boyaux de cette sylve sans fond.
Mais tout en avançant aveuglément, ébloui par la nuit comme les insectes l’étaient par la lumière, Nathanael comprit bientôt qu’un bruissement dans ce tumulte était humain. Irrémédiablement attiré par son espèce, les feuillages bleuissant autour de lui d’un éclat de lune, le concierge s’avança entre les branches aux effluves de térébenthine jusqu’à une sorte de clairière. En son centre, un jeune-homme.
Il avait tout pour lui : des cheveux d’un châtain doux, des yeux en chocolat, un nez qui ne manquait pas de caractère, un menton volontaire pincé d’une petite fossette. Pourtant, il était un peu négligé aux entournures : une barbe de quelques heures bleuissait sa mâchoire, l’air avait ébouriffé ses mèches caramel et ses vêtements paraissaient froissés. Néanmoins, cette apparence échevelée avait été comme concocté par un styliste à mille livres la journée. À l’abris du sapin qui le dissimulait, Nael s’alanguie contre le tronc avec nonchalance, son épaule se reposant dessus, ses bras croisés tout contre son torse. Il aurait dû s’inquiéter de ce subit élan de voyeurisme, mais quelque chose en lui se refusait à détourner les yeux. Comme une impression de... déjà vue ?
« Bon allez, ça va le faire. Tu peux y arriver, ce n’est pas la première fois » râla l’adolescent.
Sa voix était grave et chantante, tout comme la langue dans laquelle il avait choisi de s’exprimer. Français, donc, imprima le concierge dans sa mémoire. Ses yeux noirs fixaient intensément la silhouette, comme réquisitionnés de force par le spectacle. De son poste d’observation, Nathanael pouvait le voir inspirer à grand renfort de concentration de l’air par un nez sifflant, puis l’expirer avec minutie par sa bouche. Ça lui fit immédiatement penser aux techniques de relaxation et, ensorcelé, le concierge se rendit compte qu’il avait lui-même retenu son souffle, comme s’il s’attendait à ce que quelque chose n’advienne d’une telle préparation monastique. Le gosse était dans sa bulle, mais cette dernière semblait fragile cependant : il était agité de petits tics nerveux, comme si le proverbial vide nécessaire à toute cette mise en scène ne voulait pas s’offrir à lui. C’était presque imperceptible, mais il aurait juré que les mains tremblotaient et qu’une tension venait de faire jaillir les tendons du cou du jeune homme. Mais il lui aurait fallu se rapprocher pour vérifier et Nathanael n’avait pas la moindre envie de dévoiler sa présence.
« Allez. Allez. Allez. Viens s’te plaît »
La voix s’était faite suppliante, un brin cassée. Fragile et désespérée. Et puis le jeune homme secoua la tête, comme déçu de lui-même. Le concierge s’autorisa un regard circulaire avant d’en revenir à sa première supposition : non, le petit n’attendait personne. Il voulait que quelque chose vienne, mais cela n’avait rien d’humain. C’était quelque chose d’interne, il en avait l’intime conviction : il exultait l’impatience et la frustration, se dandinant désagréablement d’un pied à l’autre, incapable d’atteindre le niveau de concentration dont il semblait pourtant en exiger l’aboutissement. Nathanael se sentit soudain pris d’un malaise fugace, comme s’il assistait à quelque chose d’intime sans y avoir été convié. Mais la curiosité était plus forte, et ses yeux continuèrent-à le dévisager. Le décortiquer. S’abstraire dans la vie des autres : un rare remède à la morosité de sa propre existence. Alors, inconsciemment, ses inquiétudes, il les fit siennes.
« ALLEZ ! » rugit-t-il.
Nael se décolla du tronc de l’arbre dans un sursaut, sa bouche s’arrondissant en un petit « o » parfait. Tout alla vite, trop vite pour ses yeux encore si peu habitués aux manifestations fantastiques : la silhouette s’était floutée et l’air avait tremblé, comme le faisait parfois l’atmosphère autours de l’asphalte d’une route échauffée par un soleil cuisant. Un aigle venait tout simplement de se matérialiser à la place du gamin, ses grandes ailes battant frénétiquement alors qu’il s’élançait vers le ciel. L’instant d’après, il chuta lamentablement au sol dans un croassement dont les ultimes notes n’avaient plus rien du rapace mais tout du gémissement humain.
« Merde ! » s’écria le concierge, se rendant compte qu’il s’était élancé vers le gamin qu’en ayant anéanti la moitié de la distance les séparant.
Réfrénant un sentiment d’inquiétude, il stoppa sa course pour s’approcher à pas plus précautionneux, avant de s’agenouiller auprès du jeune homme qui gisait face contre terre, le corps tremblant. Ses doigts se glissèrent vers une plume échouée au sol, qu’il se permit de récupérer pour venir en palper la texture, à mi-chemin entre la stupéfaction et l’incrédulité. Il avait déjà vu ce gamin. Il avait déjà vu une crise... semblable. Il inclina la tête vers lui, accrochant du regard les traits tirés, la fine pellicule de sueur qui recouvrait le visage de l’étudiant, avant de calculer mentalement la hauteur qui avait séparé l’oiseau du sol avant que la gravité ait œuvré sans la moindre pitié.
« Rien de cassé ? » demanda-t-il alors simplement d’une voix blanche, aussi stupéfaite que ne devait l’être son déjà-vu.
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Ven 6 Nov 2020 - 11:06
Night Vision ft. @Nathanael CohenSon corps est sujet à une tension constante, alors qu’il s’efforce d’accéder à cet état animal qui le traumatise depuis quelques jours. Il pensait, avec naïveté, que la noirceur de la nuit en ferait un cocon propice à sa transformation. Une compagne discrète, silencieuse et secrète. Mais même les quelques étoiles qui commencent à se profiler dans le ciel semblent se moquer de lui. De son incapacité à faire une chose pourtant si simple, pour un animagus de son âge. La frustration est à son comble et ne fait qu’entretenir cette impatience qui court dans ses veines. Il ne prévoit pas d’échouer, encore. Du moins, pas ce soir. Tous les éléments sont là pour une complète réussite mais au fond de lui-même, il a parfaitement conscience que la seule imperfection dans ce beau tableau, c’est lui.
L’air vivifiant de novembre lui donne une impulsion supplémentaire et il s’encourage à se dépasser. Cela est plus que nécessaire. Mais avant d’en arriver à un tel point, il laisse son regard parcourir les hauteurs. Que ne donnerait-il pas pour pouvoir, de nouveau, s’y promener. Sentir le vent dans son plumage, virevolter entre les nuages. Ses poumons se gonflent alors qu’il se donne une claque mentale, suivie d’une engueulade bien méritée. Et cela semble fonctionner puisque, bientôt, des ailes replacent ses bras et que son corps tout entier prend celui d’un bel aigle royal. Majestueux, puissant. C’est ce qu’il est sensé être, ce qu’on lui a appris à être. La réalité n’est que pure déception. Car Maximilien n’a le temps que de grimper quelques mètres pour, aussitôt, perdre le contrôle de son animal et s’échouer au sol, sous sa forme humaine. Rien de plus frustrant et blessant que de se retrouver face à sa propre vérité. Il n’y arrive plus. Un gémissement passe la barrière de ses lèvres, témoin de son mal physique mais, surtout, de sa blessure mentale.
Visage face au sol, il envisage de rester ainsi quelques minutes, pas certain de ne pas s’être foulé quelque chose au passage. Sa baguette n’est qu’à quelques mètres et suffirait à réparer les dommages, mais cette douleur n’est que plus utile à cet instant. Elle lui permet d’effacer quelques minutes celle de ne pas être un sorcier à la hauteur. Seulement, un juron typiquement français le tire de sa bulle. Il entend des pas s’approcher et n’ose pas tout de suite révéler son visage. La curiosité étant trop grande, il finit par tourner la tête sur le côté et plisse les yeux pour apercevoir la silhouette qui se trouve au-dessus de lui. Grande, imposante de là où il se trouve. Elle s’accompagne d’un langage familier teinté d’une certaine… inquiétude ?
“Je ne pense pas…” Répond-il simplement avec un semblant de sincérité. Bien que son corps soit douloureux, il ne se donne pour conséquence de cette chute que quelques bleus que la magie pourra faire disparaître tout aussi vite qu’ils sont apparus. Rien de bien insurmontable, surtout, si l’on sait ce par quoi il est passé quelques jours plus tôt. Des blessures bien plus graves et mortelles qui lui coûtent encore aujourd’hui. Maximilien se met en position assise - non sans un grognement - et relève la tête vers l’homme qui ne lui paraît plus aussi inconnu. Ses esprits retrouvés, il se demande légitimement depuis quand il est là et ce qu’il a bien pu voir. Le spectacle auquel il vient d’assister n’est sûrement pas des plus divertissants et glorieux… Le français ressent un léger agacement à s’être fait épier de la sorte et cela se transmet dans sa voix.
“Depuis quand êtes-vous là ? Vous m’espionnez ?” Car il est bien trop étrange, à la réflexion, qu’il soit arrivé si vite sans assister au reste. Son animagus devant rester un secret, Maximilien est d’autant plus angoissé à l’idée qu’une énième personne en ait connaissance. Dernièrement, il éprouve de plus en plus de mal à se dissimuler. Déjà Summer, Susan, Peter… puis maintenant cet homme dont le visage ne lui est pas étranger. Prenant conscience de son ton désagréable, il secoue la tête.
“Désolé, je n’emploie pas ce ton d’ordinaire. C’est… le choc.” Et l’immense déception qui lui envahit le cœur.
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- InvitéInvité
Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Dim 8 Nov 2020 - 0:45
Nathanael coula sur l’adolescent un regard incertain, teinté d’une inquiétude parcimonieuse. Le malaise l’enrobait tel un linceul et si on lui avait demandé de dresser la liste de ce qui l’avait fait bondir vers l’étudiant, il serait resté coi de nombreuses secondes. Évidemment, le fait que le môme soit tombé de plusieurs mètres aurait pu suffire à expliquer la sollicitude du concierge, mais c’était trop réducteur et il savait qu’il y avait eu autre chose. Les tenants et aboutissants de son caractère se devaient d’être minutieusement compris, analysés, disséqués. La précision, il s’agissait de ce qu’il adulait le plus. Et il n’arrivait pas à précisément identifier ce qui l’avait ainsi prostré au sol, au-dessus d’un inconnu pour partager des problèmes qui n’étaient manifestement pas les siens. Le sol était durci par une gelée verdâtre de mousses congelées et mélangées à de la terre, s’imbibant dans ses chaussures en cuir d’un froid paralysant, le vent le faisait frissonner jusqu’à la moelle. Pourtant, malgré l’inconfort notable de sa situation, Nathanael ne s’était toujours pas redressé.
« Je ne pense pas. » articula le potentiel blessé dans un français parfait.
La voix lui sembla faiblarde et Nathanael inclina soucieusement la tête. Il avait l’air livide, presque maladif. Tout à fait à bout de force, en fait. Le déjà vu grossit, s’amplifia jusqu’à prendre correctement vie dans les pensées du concierge. Le souvenir d’yeux jaunes, recouverts horizontalement par une membrane nictitante, lui revint et se transposa à ceux que l’adolescent tournaient à présent vers lui. Il n’y avait rien d’anormal dans ce regard entièrement humain, mais la confusion s’était suffisamment établie pour que Nathanael réussisse à lier le déjà-vu avec les évènements actuels. Là-bas et ici, jadis et maintenant, un oiseau. Il avait déjà vu ces yeux d’oiseau.
Ce gamin était celui qui l’avait poussé à consciencieusement braquer la bibliothèque de l’université de tout un pan de section pour essayer de comprendre le phénomène auquel il avait assisté. Le sujet des Animagi l’avait intrigué. Peut-être même plus que celui des lycanthropes, parce qu’il renfermait une volonté de faire muter la part animale à l’intérieur de soi, et qui n’avait rien d’une malédiction subie. Ayant avalé et digéré chacun des chapitres concernant cette forme de magie, Nathanael regardait à présent l’étudiant comme si quelque chose était susceptible de s’inscrire sur son front pour expliquer pourquoi ce spécimen-là ne réussissait pas à illustrer la théorie.
Dans le bar, la transformation avait débordé, comme si l’animal piégé au fond de son esprit avait rugi, cherchant émancipation d’un corps devenu trop renfermé, trop petit, trop poli. La colère l’avait désordonné, et, comme du petit lait porté trop vivement à ébullition, l’oiseau avait fait trembler la surface de son humanité, menaçant de déchirer son enveloppe charnelle et humblement insuffisante. Et là, la bête à l’intérieur du jeune homme le boudait : capricieuse, elle avait mis du temps à répondre à l’appel pour finalement ne pas se montrer au-delà de que quelques battements d’ailes. Comme si ce monde n’avait rien de bon à lui offrir et que la liberté ne valait pas ce prix.
C’était égoïste et probablement inadapté, mais cet échec frustrait le concierge : quelque chose paraissait ne pas se soustraire aux lois de la nature magique, à ça qui normalement aurait dû advenir. Il avait l’impression d’avoir contemplé un phénomène défiant les lois de la physique, comme si quelqu’un avait essayé d’éteindre de l’eau avec du feu.
Mais, visiblement, quelque chose était cassé. Et cela n’avait rien à voir avec des os.
« Depuis quand êtes-vous là ? Vous m’espionnez ? » s’agaça soudainement le jeune homme.
Nathanael manqua un sursaut devant une question aussi franche et à la limite de l’agressivité, puis se reprit tout aussi vite que l’adolescent, qui lissa rapidement ses traits pour lui présenter ses excuses. Cela n’avait pas duré longtemps, mais cela avait été suffisamment curieux - comme tout le reste - pour que les lèvres de Nathanael ne se plissent paresseusement pour venir esquisser les prémices d’un sourire. Une colère légitime, brusquement gommée par une politesse à toute épreuve : son visage s’était brusquement allumé avant de s’éteinte, comme une porte rabattue après un courant d’air, comme une habitude giflant l’impulsivité.
«Oui. » fit alors simplement Nathanael, l’aveu du voyeurisme dépouillant sa continuité de son sens. Penaud et si peu ennuyé, il paraissait ne faire aucun cas de son manque de savoir-vivre.
Sans plus de cérémonie, il se releva d’un mouvement souple, tout en emportant l’animagus cassé avec lui, vers la cime des arbres. Sa main avait agrippé ses poignets pour l’aider à se relever et reprendre la contenance qu’il paraissait vouloir démontrer. Au vu de la situation, il valait mieux être debout, tant pour le moral que pour la politesse. Cependant, debout où assis, le concierge n’était que très peu coutumier des convenances, et jugea que tant qu’à manquer de tact, autant le faire jusqu’au bout. Sans se soucier de l’étrange familiarité avec laquelle il se comportait, Nathanael épousseta les vêtements de l’étudiant pour les débarrasser des feuilles qui s’y étaient accrochées, puis, avec autorité, il s’empara des poignets qu’il palpa attentivement. Content de ne pas lui avoir arraché de cris douloureux, Nael fit glisser ses mains sur les coudes, puis les côtes, juste le nombre de secondes nécessaires pour faire un état des lieux exhaustif de la situation. Assez présent pour offusquer, mais trop rapide pour une réaction efficace : Nathanael profita de la confusion pour effectuer un bref examen pour compléter l’opinion d’un Animagus bien agité. Il n’y avait en effet rien de cassé.
« Drogue ? » demanda-t-il avec l’indifférence d’un médecin, considérant cette raison comme la dernière capable de perturber une tentative aussi périlleuse.
Puis il releva alors les yeux vers son visage, vit ses pupilles, agiles et concentrées, et haussa finalement des épaules dans un geste insouciant.
Une rougeur s’était enflammée entre les deux sourcils de l’étudiant, promettant un bel hématome. Il avait dû se cogner sur une petite pierre, mais cela ne semblait pas bien méchant. La position de la blessure le fit légèrement sourire. Peut-être parce que l’entaille était belle et bien là, finalement, logée sur le front, comme pour signifier de façon romanesque que c’était dans sa tête que la solution à tout ça se trouvait. Nathanael leva alors deux doigts et, avant même que l’étudiant ne puisse reculer, il le tapa gentiment en plein sur l’hématome.
« Recommence. » proposa-t-il alors sans plus de détails, avant de reculer de plusieurs pas, un regard perçant couvant un jeune homme qu’il voulait voir réussir, qu’il voulait voir voler.
@maximilien leroy
« Je ne pense pas. » articula le potentiel blessé dans un français parfait.
La voix lui sembla faiblarde et Nathanael inclina soucieusement la tête. Il avait l’air livide, presque maladif. Tout à fait à bout de force, en fait. Le déjà vu grossit, s’amplifia jusqu’à prendre correctement vie dans les pensées du concierge. Le souvenir d’yeux jaunes, recouverts horizontalement par une membrane nictitante, lui revint et se transposa à ceux que l’adolescent tournaient à présent vers lui. Il n’y avait rien d’anormal dans ce regard entièrement humain, mais la confusion s’était suffisamment établie pour que Nathanael réussisse à lier le déjà-vu avec les évènements actuels. Là-bas et ici, jadis et maintenant, un oiseau. Il avait déjà vu ces yeux d’oiseau.
Ce gamin était celui qui l’avait poussé à consciencieusement braquer la bibliothèque de l’université de tout un pan de section pour essayer de comprendre le phénomène auquel il avait assisté. Le sujet des Animagi l’avait intrigué. Peut-être même plus que celui des lycanthropes, parce qu’il renfermait une volonté de faire muter la part animale à l’intérieur de soi, et qui n’avait rien d’une malédiction subie. Ayant avalé et digéré chacun des chapitres concernant cette forme de magie, Nathanael regardait à présent l’étudiant comme si quelque chose était susceptible de s’inscrire sur son front pour expliquer pourquoi ce spécimen-là ne réussissait pas à illustrer la théorie.
Dans le bar, la transformation avait débordé, comme si l’animal piégé au fond de son esprit avait rugi, cherchant émancipation d’un corps devenu trop renfermé, trop petit, trop poli. La colère l’avait désordonné, et, comme du petit lait porté trop vivement à ébullition, l’oiseau avait fait trembler la surface de son humanité, menaçant de déchirer son enveloppe charnelle et humblement insuffisante. Et là, la bête à l’intérieur du jeune homme le boudait : capricieuse, elle avait mis du temps à répondre à l’appel pour finalement ne pas se montrer au-delà de que quelques battements d’ailes. Comme si ce monde n’avait rien de bon à lui offrir et que la liberté ne valait pas ce prix.
C’était égoïste et probablement inadapté, mais cet échec frustrait le concierge : quelque chose paraissait ne pas se soustraire aux lois de la nature magique, à ça qui normalement aurait dû advenir. Il avait l’impression d’avoir contemplé un phénomène défiant les lois de la physique, comme si quelqu’un avait essayé d’éteindre de l’eau avec du feu.
Mais, visiblement, quelque chose était cassé. Et cela n’avait rien à voir avec des os.
« Depuis quand êtes-vous là ? Vous m’espionnez ? » s’agaça soudainement le jeune homme.
Nathanael manqua un sursaut devant une question aussi franche et à la limite de l’agressivité, puis se reprit tout aussi vite que l’adolescent, qui lissa rapidement ses traits pour lui présenter ses excuses. Cela n’avait pas duré longtemps, mais cela avait été suffisamment curieux - comme tout le reste - pour que les lèvres de Nathanael ne se plissent paresseusement pour venir esquisser les prémices d’un sourire. Une colère légitime, brusquement gommée par une politesse à toute épreuve : son visage s’était brusquement allumé avant de s’éteinte, comme une porte rabattue après un courant d’air, comme une habitude giflant l’impulsivité.
«Oui. » fit alors simplement Nathanael, l’aveu du voyeurisme dépouillant sa continuité de son sens. Penaud et si peu ennuyé, il paraissait ne faire aucun cas de son manque de savoir-vivre.
Sans plus de cérémonie, il se releva d’un mouvement souple, tout en emportant l’animagus cassé avec lui, vers la cime des arbres. Sa main avait agrippé ses poignets pour l’aider à se relever et reprendre la contenance qu’il paraissait vouloir démontrer. Au vu de la situation, il valait mieux être debout, tant pour le moral que pour la politesse. Cependant, debout où assis, le concierge n’était que très peu coutumier des convenances, et jugea que tant qu’à manquer de tact, autant le faire jusqu’au bout. Sans se soucier de l’étrange familiarité avec laquelle il se comportait, Nathanael épousseta les vêtements de l’étudiant pour les débarrasser des feuilles qui s’y étaient accrochées, puis, avec autorité, il s’empara des poignets qu’il palpa attentivement. Content de ne pas lui avoir arraché de cris douloureux, Nael fit glisser ses mains sur les coudes, puis les côtes, juste le nombre de secondes nécessaires pour faire un état des lieux exhaustif de la situation. Assez présent pour offusquer, mais trop rapide pour une réaction efficace : Nathanael profita de la confusion pour effectuer un bref examen pour compléter l’opinion d’un Animagus bien agité. Il n’y avait en effet rien de cassé.
« Drogue ? » demanda-t-il avec l’indifférence d’un médecin, considérant cette raison comme la dernière capable de perturber une tentative aussi périlleuse.
Puis il releva alors les yeux vers son visage, vit ses pupilles, agiles et concentrées, et haussa finalement des épaules dans un geste insouciant.
Une rougeur s’était enflammée entre les deux sourcils de l’étudiant, promettant un bel hématome. Il avait dû se cogner sur une petite pierre, mais cela ne semblait pas bien méchant. La position de la blessure le fit légèrement sourire. Peut-être parce que l’entaille était belle et bien là, finalement, logée sur le front, comme pour signifier de façon romanesque que c’était dans sa tête que la solution à tout ça se trouvait. Nathanael leva alors deux doigts et, avant même que l’étudiant ne puisse reculer, il le tapa gentiment en plein sur l’hématome.
« Recommence. » proposa-t-il alors sans plus de détails, avant de reculer de plusieurs pas, un regard perçant couvant un jeune homme qu’il voulait voir réussir, qu’il voulait voir voler.
@maximilien leroy
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- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 8292
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Dim 8 Nov 2020 - 13:06
Night Vision ft. @Nathanael CohenIl n’a pas non plus pour habitude de se faire surprendre. Si Maximilien a choisi cet endroit pour effectuer ses transformations, ce n’est pas sans raison. Il aspire à une certaine intimité, cumulée à une discrétion qui a toujours fait partie de sa vie, d’aussi loin qu’il se souvienne. On lui a expressément appris à ne pas dévoiler trop vite sa nature afin de conserver un certain effet de surprise à ceux qui pourraient devenir des ennemis. Et il commence à penser que Charles Leroy sait parfaitement de quoi il parle. Se faire découvrir de la sorte n’a donc rien d’agréable, d’autant plus quand ses performances ne sont pas excellentes. Quelle image du sorcier renvoit-il exactement ? Il est bien plus en colère contre lui-même que contre l’homme qui se tient au-dessus de lui et qui, de toute évidence, n’a rien à faire là. Il pourrait supposer qu’il est l’un des siens mais ce serait céder trop facilement à la naïveté. Non pas qu’il n’en soit pas capable, cela dit. Maximilien reste une âme pure trop facilement salie par les mensonges des autres. La colère qu’il exprime est donc toute aussi naturelle que les excuses qui la suivent, trahissant une volonté de perfection chez le sorcier de sang-pur. C’est ainsi qu’on l’a éduqué et il a bien du mal à se soustraire à cette éducation trop polie et soucieuse des convenances. S’il le pouvait, il dirait à l’inconnu d’aller “se faire voir” mais de tels propos dans la bouche de Maximilien tiennent du miracle - ou il faudrait l’énerver bien plus que cela pour qu’il en vienne à de tels mots injurieux. Même Summer n’a pas réussi à les lui faire dire et, pourtant, personne ne l’avait autant mis en colère !
La réponse nette et franche de l’homme ne manque pas de le surprendre. Il s’attendait à des excuses plates, peut-être sans réelle conviction. Mais ce ‘oui’ affirmé le laisse pantois quelques secondes et il est bien incapable d’y répondre sur le coup. Il avoue donc sans détour l’avoir épié… mais à quelle fin ? Le français sait qu’il devrait poser la question et/ou s’énerver, mais il est à son tour bien trop curieux. C’est la première fois qu’il a affaire à une telle personnalité et il est une évidence flagrante : on ne lui a pas appris à converser avec un tel caractère. Toute son éducation a été basée sur le fait que les autres ne disent jamais réellement ce qu’ils pensent et Maximilien a toujours imaginé que cela était ainsi. Que personne ne parlait avec une réelle franchise, par souci de son image. Un tel vent de franchise ne manque pas d’être rafraîchissant, bien que perturbant. C’est bien pour cela qu’il laisse l’autre homme le relever, titubant légèrement sur ses jambes fragilisées par la chute qu’elles viennent d’encaisser. L’incompréhension doit se lire sur son visage car, jusqu’à présent, il n’y a eu que ses parents ou des domestiques pour l’épousseter de la sorte. Il se sent comme un fils honteux face à son père, alors que la personne face à lui ne doit pas être beaucoup plus vieille. Ses yeux s’écarquillent lorsque l’inconnu se met cette fois à le palper, démarrant par ses poignets pour terminer sur ses côtes. Sa surprise est telle qu’il reste paralysé sur place, à chemin entre l’offusquement et l’abrutissement.
“Quoi ?!” Sa voix étranglée trahit l’innocence du personnage. Il est encore plus choqué par l’insinuation de l’homme que par son comportement. Lui, se droguer ? C’est bien mal le connaître. Cette scène semble tirée d’un étrange film dont il n’est pas certain de vouloir connaître la suite et il croise ses bras sur son torse, comme pour se protéger d’une force extérieure. Personne n’est, d’ailleurs, autorisée à le toucher de la sorte mais c’est comme si, connaissant par avance ces règles, le brun se fait un plaisir à les envoyer valser sur son chemin. La pichenette qu’il lui donne sur le front lui provoque une vive et fugace douleur qu’il n’avait pas sentie auparavant, le faisant lâcher un faible “aie”. Il est blessé, semble-t-il, mais ce n’est pas sa principale préoccupation actuellement.
“Qu’est-ce qui vous prend ? Et vous êtes qui, d’ailleurs ? La drogue, la fouille, maintenant ça ? T… ça ne vous concerne pas.” Il se recule d’un pas, conscient de la nature très enfantine de son discours. On dirait un marmot pris sur le fait et dont le vocabulaire ne lui permet pas de se défendre. Maximilien se sent de plus en plus ridicule et n’a aucune idée de la façon dont il peut redorer son blason. Ni même s’il le doit car, après tout, cet homme ne peut pas le juger avec si peu d’éléments. Il a bien envisagé quelques secondes qu’il soit l’un des professeurs d’Hungcalf, d’où sa présence et cette attitude faussement concernée… sauf que cette hypothèse lui semble plus qu’improbable. Son visage ne lui est pourtant pas étranger et la confusion ne l’aide pas à avoir les idées claires. La chute non plus.
“Écoutez, j’ai été bien gentil jusque là sauf que… stop. Je ne sais pas ce que vous pensez avoir vu mais c’est faux, d’accord ? Je ne suis pas sous drogue, je vais très bien et il n’y a rien à recommencer.” Le déni, encore le déni. Cela devient une habitude, chez lui.
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
- merci :
- InvitéInvité
Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Lun 9 Nov 2020 - 0:53
« Qu’est-ce qui vous prend ? Et vous êtes qui, d’ailleurs ? La drogue, la fouille, maintenant ça ? T… ça ne vous concerne pas. »
Nael accusa les reproches et les questions comme s’il s’était agi d’une énième bourrasque du vent automnal : cela l’effleura juste assez pour picoter sa curiosité, mais pas suffisamment pour qu’il s’en sente gêné. Les bras croisés, il fixait l’adolescent du regard paisible de celui qui ne se sentait ni confondu par les réprimandes, ni particulièrement préoccupé par sa propre situation. Tel le spectateur obstinément critique qu’il s’avérait être, le concierge se contenta d’emmagasiner la foule d’informations que l’étudiant lui livrait malgré lui : à l’agacement dans sa voix, mal mesurée et pas mieux maitrisée, il devina une impulsivité trop longtemps muselée. A la succession précipitée de questions n’attendant même pas que l’on y réponde, il appréhenda un caractère qui ne demandait qu’à déborder. Il luttait pour conserver une façade de civilité, mais rien ne tenait la route : de l’attitude défaite à la pointe d’irritation qui infléchissait sa voix à chaque attaque, l’adolescent n’avait jamais si bien illustré la paradoxale complexité d’une cocotte-minute. Le jeune homme recula d’ailleurs d’un pas, sûrement conscient qu’il effleurait les limites de la politesse qu’il essayait - bien mal - de maintenir entre eux. Nathanael, lui, ne bougea pas : il ne se sentait pas coupable d’autre chose que d’une balade en forêt qui s'était achevée par une intervention médicale auprès d'un blessé titubant. L’Animagus n’avait qu’à partir, s’il était si énervé que ça. Cependant, il restait, comme si lui-même voulait croire à la prétendue justesse de son exaspération. Sa leucorrhée verbale souffrait de précision, comme s’il maîtrisait l’alphabet de sa confusion mais n’arrivait pas encore à assembler les lettres pour former avec justesse l’objet de son trouble.
L’étudiant enchaîna donc, se perdant tout seul dans les méandres de sa frustration offusquée, que Nathanael choisit d’accueillir en enfonçant ses mains de façon nonchalante dans les poches de son pantalon. C’était qu’il faisait froid et qu’ils n’étaient visiblement pas assez vêtus, l’un comme l’autre, pour affronter cette nuit. D’ailleurs, à force de s’agiter, intarissable, la bouche violacée du jeune animagus créait des petits nuages de condensation, brouillant les traits de son visage, comme les vestiges d’une colère sourde refusant de se dissiper.
« Écoutez, j’ai été bien gentil... » Le concierge arqua l’un de ses sourcils, interdit : gentil ?
« ... jusque-là sauf que… stop » Il inclina la tête sur le côté, dubitatif : c’est à dire qu’il n’avait pas bougé d’un iota, aucun souffle n’avait agité ses cordes vocales depuis une longue minute. Que devait-il stopper, du coup ?
« Je ne sais pas ce que vous pensez avoir vu mais c’est faux, d’accord ? » persista-t-il.
Faux ? Il était perdu, soudain, et ses yeux filèrent de la cime des arbres à l’adolescent, essayant de correctement décortiquer le sens de tout ça. Il voulut répliquer, mais sa nature économe l’incita à attendre que l’autre s’épuise en premier.
« Je ne suis pas sous drogue. » il était ravi de l’apprendre « je vais très bien » il n’en avait pas l’air « et il n’y a rien à recommencer. »
Ah.
Une longue minute fut nécessaire pour que Nathanael n’ose enfin ouvrir la bouche : de longues secondes à attendre de savoir si le silence était seulement une pause dans un flot ininterrompu de suppositions qui s’auto-alimentaient sans requérir sa participation, ou si la tirade était enfin achevée. Il redressa la tête, cherchant son regard, attendant patiemment de savoir si un contact visuel risquait de rallumer les braises de son élocution débordante. Lorsqu’il fut certain d’avoir enfin le droit et la place de s’exprimer, il se glissa dans la rhétorique comme dans un bon bain.
« Si tu ne sais pas ce que j’ai vu, comment peux-tu prétendre que c’est faux ? » questionna-t-il, dubitatif.
Puis, lentement, détachant soigneusement chacun de ses mots là ou l’étudiant n’avait été que précipitation désorganisée, le concierge repris avec franchise :
« Je suis Nathanael. Je me promenais dans la forêt parce que je n’arrivais pas à dormir. » lâcha-t-il simplement.
Méticuleusement, il entreprit de répondre à chacun des interrogations du jeune homme, sans prendre en compte leur hiérarchie, leur pertinence, ou leur présence aussi anodine que bredouillée, comme si chaque chose, qu’elle fut pensée ou murmurée, hachée ou affirmée, avait sa propre importance.
« J’ai entendu du bruit, je suis venu, je t’ai vu. » déclara-t-il, se faisant soudainement l’impression de César et de son fameux Veni, Vidi, Vici. Mais il n’avait rien vaincu, pour le moment, et n’avait d’ailleurs engagé aucun autre combat que celui d’avoir voulu prêter assistance. Mais, soit.
« Tu es un Animagus. » annonça-t-il, pointant chaque évènement comme une évidence. Il l’avait vu, cela s’arrêtait à cela parce qu’il n’y avait rien d’autre à en redire, du reste.
« Mais tu n’arrives pas à te transformer. » poursuivit-il sur le ton de l’énumération descriptive, presque naturaliste et donc, exempte du moindre jugement.
La vérité se passait de toute opinion, et c’était bien à cet exercice que Nael se prêtait. D’un jargon minimaliste et précis, il esquissa les reliefs de la réalité avec autant de justesse que possible pour leur éviter de souffrir la contestation de sentiments ou de goûts. Puis, vint son interprétation, dont il endossa la pure présomption :
« J’ai cru que tu t’étais blessé, alors j’ai préféré vérifier que tu n’avais rien de cassé. J’ai pensé à la drogue parce que ça aurait pu expliquer tes difficultés et ton agitation. Mais tu ne te drogues pas, ça se voit à tes yeux. Tu es alerte, mais tu as en revanche l’air un peu malade, fit-il en haussant humblement les épaules, soulignant subtilement que le jeune homme se prêtait plus de courage qu’il n’en possédait. Je crois que tu es offusqué, mais en fait, j’ai l’impression que tu as surtout honte. » dit-il d’une voix pleine de douceur au souvenir de la chute de l’oiseau.
Plus que le volatile, c’était l’orgueil qui s’était fait mettre à terre devant témoin.
« Mais il ne faut pas. Il faut réessayer, c’est tout. »
Il pencha légèrement la tête vers l’avant pour offrir à son regard le mystère d’un rideau de cils noirs, observa le jeune homme, puis le mit au défi encore une fois.
« Recommence. » l’encouragea-t-il.
@Maximilien Leroy
Nael accusa les reproches et les questions comme s’il s’était agi d’une énième bourrasque du vent automnal : cela l’effleura juste assez pour picoter sa curiosité, mais pas suffisamment pour qu’il s’en sente gêné. Les bras croisés, il fixait l’adolescent du regard paisible de celui qui ne se sentait ni confondu par les réprimandes, ni particulièrement préoccupé par sa propre situation. Tel le spectateur obstinément critique qu’il s’avérait être, le concierge se contenta d’emmagasiner la foule d’informations que l’étudiant lui livrait malgré lui : à l’agacement dans sa voix, mal mesurée et pas mieux maitrisée, il devina une impulsivité trop longtemps muselée. A la succession précipitée de questions n’attendant même pas que l’on y réponde, il appréhenda un caractère qui ne demandait qu’à déborder. Il luttait pour conserver une façade de civilité, mais rien ne tenait la route : de l’attitude défaite à la pointe d’irritation qui infléchissait sa voix à chaque attaque, l’adolescent n’avait jamais si bien illustré la paradoxale complexité d’une cocotte-minute. Le jeune homme recula d’ailleurs d’un pas, sûrement conscient qu’il effleurait les limites de la politesse qu’il essayait - bien mal - de maintenir entre eux. Nathanael, lui, ne bougea pas : il ne se sentait pas coupable d’autre chose que d’une balade en forêt qui s'était achevée par une intervention médicale auprès d'un blessé titubant. L’Animagus n’avait qu’à partir, s’il était si énervé que ça. Cependant, il restait, comme si lui-même voulait croire à la prétendue justesse de son exaspération. Sa leucorrhée verbale souffrait de précision, comme s’il maîtrisait l’alphabet de sa confusion mais n’arrivait pas encore à assembler les lettres pour former avec justesse l’objet de son trouble.
L’étudiant enchaîna donc, se perdant tout seul dans les méandres de sa frustration offusquée, que Nathanael choisit d’accueillir en enfonçant ses mains de façon nonchalante dans les poches de son pantalon. C’était qu’il faisait froid et qu’ils n’étaient visiblement pas assez vêtus, l’un comme l’autre, pour affronter cette nuit. D’ailleurs, à force de s’agiter, intarissable, la bouche violacée du jeune animagus créait des petits nuages de condensation, brouillant les traits de son visage, comme les vestiges d’une colère sourde refusant de se dissiper.
« Écoutez, j’ai été bien gentil... » Le concierge arqua l’un de ses sourcils, interdit : gentil ?
« ... jusque-là sauf que… stop » Il inclina la tête sur le côté, dubitatif : c’est à dire qu’il n’avait pas bougé d’un iota, aucun souffle n’avait agité ses cordes vocales depuis une longue minute. Que devait-il stopper, du coup ?
« Je ne sais pas ce que vous pensez avoir vu mais c’est faux, d’accord ? » persista-t-il.
Faux ? Il était perdu, soudain, et ses yeux filèrent de la cime des arbres à l’adolescent, essayant de correctement décortiquer le sens de tout ça. Il voulut répliquer, mais sa nature économe l’incita à attendre que l’autre s’épuise en premier.
« Je ne suis pas sous drogue. » il était ravi de l’apprendre « je vais très bien » il n’en avait pas l’air « et il n’y a rien à recommencer. »
Ah.
Une longue minute fut nécessaire pour que Nathanael n’ose enfin ouvrir la bouche : de longues secondes à attendre de savoir si le silence était seulement une pause dans un flot ininterrompu de suppositions qui s’auto-alimentaient sans requérir sa participation, ou si la tirade était enfin achevée. Il redressa la tête, cherchant son regard, attendant patiemment de savoir si un contact visuel risquait de rallumer les braises de son élocution débordante. Lorsqu’il fut certain d’avoir enfin le droit et la place de s’exprimer, il se glissa dans la rhétorique comme dans un bon bain.
« Si tu ne sais pas ce que j’ai vu, comment peux-tu prétendre que c’est faux ? » questionna-t-il, dubitatif.
Puis, lentement, détachant soigneusement chacun de ses mots là ou l’étudiant n’avait été que précipitation désorganisée, le concierge repris avec franchise :
« Je suis Nathanael. Je me promenais dans la forêt parce que je n’arrivais pas à dormir. » lâcha-t-il simplement.
Méticuleusement, il entreprit de répondre à chacun des interrogations du jeune homme, sans prendre en compte leur hiérarchie, leur pertinence, ou leur présence aussi anodine que bredouillée, comme si chaque chose, qu’elle fut pensée ou murmurée, hachée ou affirmée, avait sa propre importance.
« J’ai entendu du bruit, je suis venu, je t’ai vu. » déclara-t-il, se faisant soudainement l’impression de César et de son fameux Veni, Vidi, Vici. Mais il n’avait rien vaincu, pour le moment, et n’avait d’ailleurs engagé aucun autre combat que celui d’avoir voulu prêter assistance. Mais, soit.
« Tu es un Animagus. » annonça-t-il, pointant chaque évènement comme une évidence. Il l’avait vu, cela s’arrêtait à cela parce qu’il n’y avait rien d’autre à en redire, du reste.
« Mais tu n’arrives pas à te transformer. » poursuivit-il sur le ton de l’énumération descriptive, presque naturaliste et donc, exempte du moindre jugement.
La vérité se passait de toute opinion, et c’était bien à cet exercice que Nael se prêtait. D’un jargon minimaliste et précis, il esquissa les reliefs de la réalité avec autant de justesse que possible pour leur éviter de souffrir la contestation de sentiments ou de goûts. Puis, vint son interprétation, dont il endossa la pure présomption :
« J’ai cru que tu t’étais blessé, alors j’ai préféré vérifier que tu n’avais rien de cassé. J’ai pensé à la drogue parce que ça aurait pu expliquer tes difficultés et ton agitation. Mais tu ne te drogues pas, ça se voit à tes yeux. Tu es alerte, mais tu as en revanche l’air un peu malade, fit-il en haussant humblement les épaules, soulignant subtilement que le jeune homme se prêtait plus de courage qu’il n’en possédait. Je crois que tu es offusqué, mais en fait, j’ai l’impression que tu as surtout honte. » dit-il d’une voix pleine de douceur au souvenir de la chute de l’oiseau.
Plus que le volatile, c’était l’orgueil qui s’était fait mettre à terre devant témoin.
« Mais il ne faut pas. Il faut réessayer, c’est tout. »
Il pencha légèrement la tête vers l’avant pour offrir à son regard le mystère d’un rideau de cils noirs, observa le jeune homme, puis le mit au défi encore une fois.
« Recommence. » l’encouragea-t-il.
@Maximilien Leroy
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 8292
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Mar 10 Nov 2020 - 13:04
Night Vision ft. @Nathanael CohenUn autre aurait été plus agressif, il en est persuadé. Un autre aurait peut-être même usé d’un peu de violence physique ou verbale pour que cet homme s’en aille, lui accordant ainsi paix et intimité. Mais Maximilien n’est pas violent pour un sou et ne s’est littéralement jamais servi de ses poings à ce genre de fin. Que peut-il donc espérer ? Un peu de compréhension de la part de l’inconnu. Car quoi qu’il ait vu, il doit bien comprendre qu’il n’y a là aucun mérite mais que de la honte. Son ton sec reste cordial alors que son cerveau lui hurle de le pousser et de s’enfuir en courant dans la direction opposée. Et la stoïcité de l’être qui lui fait face ne fait que rajouter à sa confusion. Qu’attend-il de lui, au juste ? Des remerciements ? Ses pensées ne sont que des vagues soumises à la tempête de ses sentiments dont l’écume vient s’échouer au bord de ses lèvres. Le mensonge reste la seule option valable pour le sortir de cette situation, bien qu’il se doute que l’homme n’en croira pas un mot. Personne n’est aussi naïf que lui - pas dans cette forêt en tout cas. Il ne peut espérer qu’un peu de compassion de sa part, acceptant le mensonge comme une vérité pour lui donner cette satisfaction de ne pas être jugé.
Ses dernières paroles viennent finalement mettre un terme à son agitation, alors qu’il fixe les lèvres du brun face à lui, espérant y voir s’y incruster les propos d’une personne honteuse de son voyeurisme. Le silence semble s’éterniser - un peu trop. Son regard sur lui n’arrange pas cette sensation de gêne qui le submerge chaque seconde un peu plus. Lorsqu’il se met à parler, son ton est calme, détaché. Comme s’il ne faisait qu’une simple énumération sans réel sens. Et de sa place, droit comme un piquet mais transi de froid, Maximilien ne peut que l’écouter sans broncher.
Ledit Nathanael lui fait savoir la raison de sa présence, de cause à conséquence. Son affirmation quand à sa particularité fait, bien évidemment, tressaillir le français qui trahit ainsi sa vérité. Lui qui a toujours si bien travaillé son impassibilité en est dénué ce soir. Et la réalité des propos de Nathanael ne font que le blesser davantage. Car cela en est bien une : il n’arrive pas à se transformer comme il le voudrait. Comme il a toujours eu l’habitude de le faire, jusqu’à il y a quelques mois. Et de cette frustration découle une grande colère qu’il se retient de déverser sur une personne de passage, dont l’existence n’apporte absolument rien à sa vie. Seulement, le secret est encore bafoué et il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Il pensait pourtant avoir accru sa vigilance depuis l’incident avec Summer mais la présence de Nathanael ce soir lui prouve qu’il est bien loin d’être au point à ce sujet. Comme un enfant mécontent, il se trouve las d’entendre des propos qui décrivent aussi justement les événements qui viennent de se produire. Si bien que Maximilien n’a plus rien à dire, de peur de se dévoiler davantage. Cet homme en sait déjà bien trop sur son état. A-t-il l’air si malade que cela ? Il se retient d’inspecter son propre visage pour ne pas lui donner raison sur ses présomptions. Le français clôt ses paupières quelques secondes car les derniers propos de Nathanel ne sont qu’écorchures à ses oreilles.
“Beaucoup de vos affirmations sont justes, il serait idiot de ma part de dire le contraire. Mais sauf preuve du contraire, vous ne me connaissez pas, Nathanael. Je comprends le caractère… bienveillant de vos actes et de vos propos, et je vous remercie pour l’aide que vous avez bien voulu m’apporter. Mais ces déductions ne me définissent pas et je trouve un peu présomptueux de votre part d’avancer que je n’ai pas à être honteux de ce que je viens de subir, étant donné que vous n’en connaissez pas le contexte. À moins que vous ne m’observiez depuis plusieurs semaines à mon insu ?” Il laisse sans le vouloir un nouvel indice à Nathanael sur la durée de vie de son problème mais tout cela est dit sur un ton le plus calme et réfléchi possible. L’idée n’est pas d’offusquer le brun à son tour, mais bien de le remercier tout en lui demandant de rester à sa place. Pourtant, il n’y a pas que cela qui vient le perturber à cet instant. Cette intimation de réitérer l’expérience - une seconde fois - ne fait que mettre le doigt sur une vérité qu’il a bien du mal à admettre. Et il serait bien incapable de la dire à voix haute sans laisser transparaître un peu de cette colère qu’il contient depuis des années. Comprenant que Nathanel est susceptible de ne pas lâcher le morceau avant d’avoir pu prouver le bien-fondé de ses théories, il décide de lui couper l’herbe sous le pied, trahissant une certaine précipitation et un aveu brûlant.
“Et quand bien même je le voudrais, je ne peux pas recommencer.”
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Mer 11 Nov 2020 - 22:29
Un semblant de contenance fut retrouvé, son pragmatisme méthodique et plutôt simpliste ne laissant que peu de place aux fioritures. Le jeune homme persistait dans un vouvoiement galant là où Nathanael avait déjà naturellement revêtu la familiarité indifférente au rang et au statut. Il s’inondait en phrases longues et construites mais désordonnées, tâchant de garder bonne figure pour protéger une faiblesse qui ne savait pas encore comment se défendre. Quand bien même le sens courtois de ce qui lui était apporté lui parvenait sans perte de sens, le concierge se focalisait davantage sur les détails et les incohérences. Comprenant que trop mal les complaisances et la politesse, il se contentait, à tort pour la pudicité de chacun, de n’écouter que le vrai sens des mots. Le jeune homme avait beau le repousser, il éternisait son adieu en insinuant à son sujet ou en posant des questions telles qu’il fallait soit s’offusquer, soit répondre. En dehors des humains, il n’y avait que les chats qui retenaient leur cible de leurs pattes avant tout en la repoussant de leurs pattes arrière. Souvent, c’était pour mieux blesser. Chez les humains, c’était parfois une lutte contre une conviction imposée, un aveu : celui de ne pas vouloir être seul, malgré la honte, ou simplement celui de chercher un ennemi plus imposant que soi-même.
Quand l’air parût enfin lui manquer, le concierge recommença son labeur, toujours avec la même patience et le même calme. Il se fit précautionneux dans le choix de ses mots, ayant l’intuition que si l’animagus conjecturait autant d’une phrase à l’autre, c’était parce qu’il redoutait les réponses, et qu’on lui pointe du doigt ses propres contradictions.
« Je ne te suis pas. » le rassura-t-il.
Il avait commencé par ce sujet-là parce que l’inquiétude lui avait semblé être la seule émotion véridique dans toute cette flopée d’interrogations et de tergiversations. A la honte, venait de se rajouter l’anxiété persistante d’être encore plus humilié qu’il ne l’aurait souhaité : il y avait eu d’autres échecs, avant, d’autres difficultés.
« Je vais me répéter, mais il n’y a pas d’originalité dans la vérité : je n’avais pas l’intention de te laisser évanoui et en hypothermie. Le complot s’arrête là. »
Les mains toujours soigneusement enfoncées dans ses poches, Nael s’autorisa quelques pas dans sa direction, avisant d’un regard tous les détails qui ne collaient pas avec le discours du jeune homme. Son visage semblait à des lieux du calme qu’il voulait afficher : il avait l’air sur le point de s’écrouler ou bien d’exploser, Nael n’aurait su dire - pas plus que l’étudiant n’aurait su lui répondre, d’ailleurs - et puis il était transi de froid. A trop vouloir se défendre, à trop esquiver des estocades que seul son imaginaire anxieux percevait, il n’avait fait qu’aggraver toutes ses blessures, sur lesquels quelqu’un de malavisés n’aurait eu plus qu’à souffler pour les faire saigner à nouveau. Quelle étonnante fragilité jetée à la vue du premier inconnu qui le croisait en mauvaise posture !
Néanmoins, tant qu’il y avait des questions ou des propos à débattre, il y avait des réponses. Alors, le concierge baissa ses paupières mélancoliques aux longs cils sur un regard songeur, la lèvre détendue et les épaules lâches.
Il n’était pas d’accord.
C’était la plus vieille histoire du monde, pour ne pas dire l’origine de toute l’humanité : la honte n’avait besoin d’aucun autre contexte que sa propre existence. La seule raison pour laquelle Adam et Eve s’étaient cachés en entant la voix de Dieu dans le jardin d’Eden après que la pomme leur eut fait prendre conscience d’eux-mêmes, c’était à cause de la certitude d’être faibles et vulnérables, et donc imparfaits dans leur nudité face à leur créateur. Comment diable un être comme moi est-il supposé survivre plus longtemps dans ce monde compte tenu toutes mes incohérences, mes faiblesses et mes manquements ? Alors on partait en forêt et on se cachait pour ne pas subir les jugements ni contempler nos défauts se confirmer un peu plus à chaque instant. Un jour ou l’autre, on mangeait tous notre pomme et on se rendait compte qu’on était complètement nu, puis on commençait par avoir honte d’être si vulnérable à la vie.
« Je crois qu’il suffit d’avoir conscience qu’on est faible pour avoir honte, indépendamment du contexte, tant qu’il y a quelqu’un pour nous humilier, ne serait-ce que du regard. » dit-il d’un ton morose et comme tourné vers soi, vers le passé.
Dans la Bible, Adam s’était empressé d’accuser la femme, avant d’accuser Dieu de sa propre lâcheté… Il n’y avait pas non plus besoin de contexte pour faire pire. Seulement, contrairement à l’interprétation chrétienne de l’homme et de la femme, la Torah disait qu’au début, il y avait eu une créature renfermant en son sein tant l’homme que la femme, mais Dieu se rendit compte qu’une telle opposition ne pouvait exister en un seul corps, alors Il sépara sa créature en deux. Parce que dans leur opposition, tous deux pouvaient se guider, chacun se voyant dans les yeux de l’autre… Lorsqu’on voulait guérir de sa vulnérabilité, il valait mieux ne pas être seul.
Tout n’était qu’une question de point de vue, après tout. Mais encore fallait-il accepter que l’autre nous regarde et soit notre soutient, notre contrepoids. Alors, pour l’instant, Nael choisi de garder ses yeux baissés pour faire amende à son tour de vulnérabilité, puis laisser à l’étudiant le choix d’être observé. Ou pas. La honte se résumait au regard des autres sur soi, puis au regard que l’on portait sur sa propre personne également. Et parce que le concierge se doutait que ce qui lui était le plus douloureux et dont le jeune homme ne pouvait pour l’instant pas se défaire, c’était la vision qu’il avait de lui-même, Nael occulta la sienne pour lui permettre de souffler. C’était une question d’instinct, après tout : un regard avait le pouvoir de vous faire frémir, même de dos, d’arrêter un enfant capricieux, même sans ouvrir la bouche, de vous faire trembler d’émoi comme de vous anéantir.
Outre cette appartenance à la culture chrétienne, ses racines juives l’avaient infectées avec un positivisme un peu fataliste : tout arrivait toujours pour le bien, parfois c’était manifeste, parfois le bénéfice nous échappait. Son insouciance, loin d’être aveugle, était partiellement due à son caractère et partiellement à cette perspective que rien n’arrivait par hasard pour peu qu’on sût en faire quelque chose d’utile. Là où le jeune homme paraissait ne voir qu’une embuscade, un complot, une énième humiliation inutile, Nathanael voyait une façon qu’avait la vie de pointer du doigt sur un obstacle. Après tout, si l’animagus en était là, c’était, il fallait le croire, pour des raisons qui allaient probablement au-delà de son impossibilité à se transformer. Alors, naïvement, lorsqu’il lui répondit finalement ne pas être capable de recommencer, Nathanael demanda simplement :
« Pourquoi ? » questionna-t-il. « Pourquoi tu ne peux plus te transformer ? »
@Maximilien Leroy
Quand l’air parût enfin lui manquer, le concierge recommença son labeur, toujours avec la même patience et le même calme. Il se fit précautionneux dans le choix de ses mots, ayant l’intuition que si l’animagus conjecturait autant d’une phrase à l’autre, c’était parce qu’il redoutait les réponses, et qu’on lui pointe du doigt ses propres contradictions.
« Je ne te suis pas. » le rassura-t-il.
Il avait commencé par ce sujet-là parce que l’inquiétude lui avait semblé être la seule émotion véridique dans toute cette flopée d’interrogations et de tergiversations. A la honte, venait de se rajouter l’anxiété persistante d’être encore plus humilié qu’il ne l’aurait souhaité : il y avait eu d’autres échecs, avant, d’autres difficultés.
« Je vais me répéter, mais il n’y a pas d’originalité dans la vérité : je n’avais pas l’intention de te laisser évanoui et en hypothermie. Le complot s’arrête là. »
Les mains toujours soigneusement enfoncées dans ses poches, Nael s’autorisa quelques pas dans sa direction, avisant d’un regard tous les détails qui ne collaient pas avec le discours du jeune homme. Son visage semblait à des lieux du calme qu’il voulait afficher : il avait l’air sur le point de s’écrouler ou bien d’exploser, Nael n’aurait su dire - pas plus que l’étudiant n’aurait su lui répondre, d’ailleurs - et puis il était transi de froid. A trop vouloir se défendre, à trop esquiver des estocades que seul son imaginaire anxieux percevait, il n’avait fait qu’aggraver toutes ses blessures, sur lesquels quelqu’un de malavisés n’aurait eu plus qu’à souffler pour les faire saigner à nouveau. Quelle étonnante fragilité jetée à la vue du premier inconnu qui le croisait en mauvaise posture !
Néanmoins, tant qu’il y avait des questions ou des propos à débattre, il y avait des réponses. Alors, le concierge baissa ses paupières mélancoliques aux longs cils sur un regard songeur, la lèvre détendue et les épaules lâches.
Il n’était pas d’accord.
C’était la plus vieille histoire du monde, pour ne pas dire l’origine de toute l’humanité : la honte n’avait besoin d’aucun autre contexte que sa propre existence. La seule raison pour laquelle Adam et Eve s’étaient cachés en entant la voix de Dieu dans le jardin d’Eden après que la pomme leur eut fait prendre conscience d’eux-mêmes, c’était à cause de la certitude d’être faibles et vulnérables, et donc imparfaits dans leur nudité face à leur créateur. Comment diable un être comme moi est-il supposé survivre plus longtemps dans ce monde compte tenu toutes mes incohérences, mes faiblesses et mes manquements ? Alors on partait en forêt et on se cachait pour ne pas subir les jugements ni contempler nos défauts se confirmer un peu plus à chaque instant. Un jour ou l’autre, on mangeait tous notre pomme et on se rendait compte qu’on était complètement nu, puis on commençait par avoir honte d’être si vulnérable à la vie.
« Je crois qu’il suffit d’avoir conscience qu’on est faible pour avoir honte, indépendamment du contexte, tant qu’il y a quelqu’un pour nous humilier, ne serait-ce que du regard. » dit-il d’un ton morose et comme tourné vers soi, vers le passé.
Dans la Bible, Adam s’était empressé d’accuser la femme, avant d’accuser Dieu de sa propre lâcheté… Il n’y avait pas non plus besoin de contexte pour faire pire. Seulement, contrairement à l’interprétation chrétienne de l’homme et de la femme, la Torah disait qu’au début, il y avait eu une créature renfermant en son sein tant l’homme que la femme, mais Dieu se rendit compte qu’une telle opposition ne pouvait exister en un seul corps, alors Il sépara sa créature en deux. Parce que dans leur opposition, tous deux pouvaient se guider, chacun se voyant dans les yeux de l’autre… Lorsqu’on voulait guérir de sa vulnérabilité, il valait mieux ne pas être seul.
Tout n’était qu’une question de point de vue, après tout. Mais encore fallait-il accepter que l’autre nous regarde et soit notre soutient, notre contrepoids. Alors, pour l’instant, Nael choisi de garder ses yeux baissés pour faire amende à son tour de vulnérabilité, puis laisser à l’étudiant le choix d’être observé. Ou pas. La honte se résumait au regard des autres sur soi, puis au regard que l’on portait sur sa propre personne également. Et parce que le concierge se doutait que ce qui lui était le plus douloureux et dont le jeune homme ne pouvait pour l’instant pas se défaire, c’était la vision qu’il avait de lui-même, Nael occulta la sienne pour lui permettre de souffler. C’était une question d’instinct, après tout : un regard avait le pouvoir de vous faire frémir, même de dos, d’arrêter un enfant capricieux, même sans ouvrir la bouche, de vous faire trembler d’émoi comme de vous anéantir.
Outre cette appartenance à la culture chrétienne, ses racines juives l’avaient infectées avec un positivisme un peu fataliste : tout arrivait toujours pour le bien, parfois c’était manifeste, parfois le bénéfice nous échappait. Son insouciance, loin d’être aveugle, était partiellement due à son caractère et partiellement à cette perspective que rien n’arrivait par hasard pour peu qu’on sût en faire quelque chose d’utile. Là où le jeune homme paraissait ne voir qu’une embuscade, un complot, une énième humiliation inutile, Nathanael voyait une façon qu’avait la vie de pointer du doigt sur un obstacle. Après tout, si l’animagus en était là, c’était, il fallait le croire, pour des raisons qui allaient probablement au-delà de son impossibilité à se transformer. Alors, naïvement, lorsqu’il lui répondit finalement ne pas être capable de recommencer, Nathanael demanda simplement :
« Pourquoi ? » questionna-t-il. « Pourquoi tu ne peux plus te transformer ? »
@Maximilien Leroy
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Jeu 12 Nov 2020 - 20:14
Night Vision ft. @Nathanael CohenL’incompréhension est totale pour le français, tellement la situation lui paraît irréaliste. S’il vient ici, ce n’est certainement pas pour entretenir ce type de conversation avec un total étranger. La faute à son éducation qui ne lui permet pas de faire faux bond à Nathanael sans un minimum de politesse. Il déclame le discours le plus cohérent possible - pour lui en tout cas. Rien ne semble faire effet et Maximilien envisage le mutisme complet. C’est peut-être là le seul moyen de faire déguerpir le brun. Qu’il y ait complot ou pas lui semble bien futile maintenant que le froid lui mange la peau, le faisant frissonner chaque minute un peu plus. À ce stade, il a simplement envie de rentrer dans sa chambre, se faire un thé et se blottir sous la couette avec pour seul objectif d’oublier cette soirée au ton burlesque. Quand bien même Nathanael n’aurait aucune intention cachée, son acharnement à rester au lieu de partir, comme la façon de réagir de Maximilien l’indique, est plus que suspecte. Il n’est même pas certain de vouloir croire sa “vérité”. Toujours est-il que ne pas relever ses propos est le meilleur moyen de ne pas continuer cette conversation et il s’y emploie avec ferveur. Il ne jette parfois que quelques coups d’œil à l’autre homme, lui préférant la cime des arbres ou ses propres pieds.
Le français ferme légèrement les yeux alors qu’il se lance dans un discours un peu trop philosophique pour l’heure. Son point de vue n’est peut-être pas erroné, mais Maximilien y accorde peu d’importance étant donné les circonstances. La dernière chose qu’il souhaite, c’est se faire remarquer ses incohérences et qu’on lui donne un cours au ton moralisateur au passage. Il ne sait pas qui est Nathanael, mais sa propension aux grands discours l’ennuie déjà. S’il veut entendre quelqu’un lui marteler le crâne avec des mots savants, il lui suffit tout simplement d’aller chez son grand-père, dans le sud de la France.
Le froid est tel qu’il ne saisit même pas l’opportunité de réfléchir à tout cela. L’impression que chacun de ses mots est vain ne l’y aide pas. Le jeune homme espère simplement que son interlocuteur ne rebondira pas sur ses derniers propos, mais c’est perdu d’avance. Il l’aura cherché, il faut dire. Quelle idée de se dévoiler de la sorte s’il ne souhaite pas continuer cet échange ? À croire que son subconscient a choisi une autre alternative… La question finit inévitablement par tomber et il hésite aussitôt sur la réponse à apporter. Sa morale voudrait qu’il ne mente pas mais son éducation lui demande constamment de mentir pour préserver les apparences. Dualité qui l’a toujours torturée. Maximilien n’aime pas mentir délibérément. Il est toujours parti du principe que tout secret finit par se savoir et cela vaut même pour les siens. Car oui, il en a. Il se fait donc un petit résumé mental de la situation, de ce que cela impliquerait de dire la vérité à Nathanael. Il ne peut pas lui demander son silence, certain que l’homme n’est pas de ceux qui tolèrent la présence de secrets dans leur vie. Ou peut-être est-ce juste la sensation qu’il donne. Toujours est-il qu’il en a déjà vu plus qu’il ne l’aurait dû donc la logique voudrait que mentir, maintenant, soit complètement inutile. Ce choix lui torture l’esprit de longues secondes durant, avant qu’il ne finisse par trancher. Pas certain, pour autant, d’avoir pris la bonne direction.
“Je ne le contrôle plus. J’ai… rencontré des soucis, dernièrement. Des transformations intempestives. J’ai travaillé sur le sujet, pratiqué afin de rétablir cette… relation entre moi et l’animal. Mais… comment dire… lors de mon dernier vol, j’ai eu un accident. Depuis, les ennuis ont repris, mais à l’inverse. Je suis incapable de le faire apparaître. Ce que vous avez vu, plus tôt, c’est le maximum que je puisse donner.” Il s’attend, bien sûr, à la critique. Au ‘recommence jusqu’à ce que ça marche’. Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas pensé, soyons clairs. Ce n’est pas non plus comme s’il ne faisait aucun effort pour y parvenir. Quand Maximilien affirme avoir donné son maximum, c’est qu’il a dépassé ses limites psychiques et physiques dans ce but ultime. Que peut-il réellement faire de plus, à part prendre le temps de soigner ce traumatisme ? Il n’est pas certain que forcer les choses aidera. Peut-être que si, c’est un risque à prendre. Mais pas seul. Pas comme ça, dans le froid, alors que ses pensées sont ailleurs. Se dirigent vers cette nuit, le font visualiser tout ce sang versé. Cette souffrance qui lui a paralysé le corps. Il n’est simplement pas prêt à revivre ça et pourtant, ce soir, il a voulu combattre cette peur. On ne peut pas lui en vouloir pour ça, ou le traiter de lâche. Il n’est peut-être pas l’étudiant le plus courageux du campus, il ne fonce pas tête baissée face au danger.
“Alors à part si vous avez des astuces pour régler ça dans les dix prochaines minutes… on perd un peu de notre temps vous et moi.”
il est libre max
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Sam 14 Nov 2020 - 18:54
Lentement mais sûrement, le mercure entamait une dégringolade dont Nathanael n’était pas convaincu de vouloir en tester l’aboutissement. Le ciel se faisait de plus en plus bas et lourd et cette atmosphère cotonneuse promettait d’éclater en petits confettis de neige gelée, si l’on s’attardait de trop sur le sombre terrain qu’était la forêt. Le mois de Novembre aiguisait sur eux ses froides lames, inconscient de leurs lèvres qui bleuissaient à l’unisson des frissons qui les agitaient. La seule flamme qui persistait, faiblement néanmoins, c’était celle de l’étudiant qui cherchait à décrire sans vraiment se raconter, à s’expliquer sans vraiment s’impliquer, à se livrer sans vraiment se confier. Le tout n’était que désordre et manque de précision, comme s’il tournait sempiternellement autour d’une voie rapide mais se refusait à l’emprunter, préférant les axes autour, prêt à y perdre un nombre incalculable d’heures pour ne pas avoir à payer le prix fort. Celui de la réalité, de celle que l’on ne formulait jamais correctement, comme si l’on savait inconsciemment que certains mots étaient trop dangereux. Que les prononcer risquait de trop nous confronter, de trop livrer de cette vulnérabilité. Cette sensibilité que l’on chérissait comme un trésor défendu au milieu des murailles que l’on créait autour de soi.
Ainsi, l’étudiant esquivait les détails, stoppant l’élan de ses phrases par des silences impromptus que Nael se garda pourtant d’interrompre. Il écouta ses hésitations avec encore plus d’attention que le reste, comme si la réponse s’y trouvait jalousement enfermée. Tant de concentration à éviter le coeur du sujet attisa l’intérêt de Nathanael. Peut-être parce que là s’illustrait la honte : dans cet accident dont il ne donnait pas les détails, dans cette relation avec l’animal qu’il avait tant de mal à qualifier, dans le passage d’un extrême à l’autre. Le concierge nota soigneusement les détails. Il se doutait qu’il venait à peine d’effleurer la surface néanmoins, touchant du regard une blessure que le jeune homme cherchait à étouffer, quitte à s’asphyxier lui-même avec. Nael ne fut pas dupe un seul instant : la confession n’avait pris ses racines que dans une improbable coïncidence doublée d’une persistante curiosité, exempte de pudeur et de politesse de sa part. Elle était un peu forcée et presque aussitôt regrettée. Presque résignée, aussi : quelque chose avait semblé le mettre au défi, lui l’inconnu qui se permettait d’empiéter dans son jardin secret : de rire de lui, ou de le contredire de nouveau. Les yeux chocolat brulaient, déjà accusateurs, méfiants « Et bien vas-y, moque-toi ! ».
Mais Nael n’en fit rien, là non plus : il se contenta de rester là, ses pieds solidement ancrés dans le sol, évaluant seulement à quel point tout ne semblait que maucais calcul et abandon involontaire dans ses confessions. L’Animagus lui donnait l’impression d’être face à un dilemme, pesant et soupesant avec justesse ce qu’il pouvait raconter sans trop se mettre en danger, prenant en compte les risques et les aboutissements, tout en manquant de précision, tout en trahissant à chaque fois son secret. Comme s’il était acculé devant des preuves, mais qu’il n'allait rien révéler de plus que ce qu'il avait déjà rendu involontairement manifeste. Il n’avoua que ce qu’il ne pouvait pas nier sans paraître ridicule, ou menteur. Tant de crainte était à la fois frustrant, parce que Nathanael ne songeait pas un instant pouvoir être menaçant, et diablement intéressant. C’était le propre des non-dits : les silences appelaient à eux, parce qu’ils concentraient souvent en eux l'essence de chaque secret. Ils paraissaient précieux, parce qu’enfermés dans un coffre, camouflés à la vue de tous. Et moins on savait ce qui y était enfermé, plus l’intérêt grimpait : on avait tous des âmes de voleurs, et il n’y avait pas de pierre plus précieuse que celle qui ne se donnait pas facilement.
Il l’écouta dire qu’il avait donné son maximum, notant à quel point l’étudiant cherchait à accepter un échec qui pourtant, ne lui convenait pas.
Il n’avait pas fait de son mieux, non.
Il avait juste atteint ses limites et comme toute personne confrontée à un mur, il pensait qu’il était arrivé et que l’impasse de la fatalité n'était pas franchissable.
Pourtant, les murs, ça s’abattait. Ca se franchissait. Il n’y avait pas d’impasse, il y avait en revanche des pauses. Certains faisaient demi-tour et ne revenaient jamais. Ceux-là ne progressaient pas, ou plus, ou bien avec lenteur. D’autres cherchaient à revenir sur leurs pas pour contourner le problème. Et puis, il y avait ceux qui finissaient par traverser, purement et simplement.
« Alors à part si vous avez des astuces pour régler ça dans les dix prochaines minutes… on perd un peu de notre temps vous et moi. »
Nathanael fit une moue sceptique, les sourcils relevés, une solution pragmatique au bord des lèvres à proposer :
« Je peux te tuer. Et alors tes problèmes seront réglés en moins de dix minutes. » dit-il avec un sérieux flirtant tant avec un cynisme douteux qu’avec la réalité.
Il était un esprit suffisamment pratique pour envisager une pareille option simplement par respect des règles, mais qui était véritablement capable de moralement offrir une telle échappatoire en connaissance de cause ? Nathanael était pourtant souvent là, dans cette zone mystérieuse que d’aucuns trouvaient insupportable et l’appartenance à laquelle l’avait plus d’une fois rendu désagréable. C’était une périphérie qui se déliait autour de lui, aussi subtile qu’un parfum, perçue peu à peu des gens présents, et qui les troublait, parfois antipathiquement. Ils s’en expliquaient comme ils les pouvaient : « Pour qui il se prend, c’est qui ce type ? », lui reconnaissant involontairement néanmoins la fidélité du propos. L’efficacité requise aboutissait à une absurdité extrême, sans que jamais quiconque ne fut parvenu à avoir le fin mot sur l’honnêteté de son réalisme aussi excessif qu’effectif. C’était un vide impénétrable qui avait offert au concierge une stabilité étrange dans ses équilibres paradoxaux, sa pensée trop franche et méthodique faisant de lui un homme potentiellement capable de tout.
Un sourcil s’était relevé néanmoins, dubitatif : un défi stupide avait entrainé une solution stupide. Comme la maxime : à question bête, réponse bête. Cela lui avait parru tout à fait adapé. Ce qui était une perte de temps, c’étaient les provocations impossibles. Et pourquoi dix minutes, d’abord ? Qu’y avait-il, dans dix minutes, de si spécifique ? Qu’est-ce que le jeune homme faisait donc ici, si la solution à ses problèmes n’était pas là dans les dix minutes ? Etait-il venu, comme susdit, perdre son temps ? Egrainer sa honte dans les méandres du temps dans l’espoir que ce ne soit pas une boucle… il avait essayé, pourtant, de voler. Peut-être était-il de ceux pour qui tout jusqu’à la réussite représentait une perte de temps ? Le temps n’avait pourtant pas de perte, qu’une énergie mal employée.
Nathanael pinça sa bouche amincie, regarda le jeune homme tumultueux d’une expression attendrie et songeuse. L’impatience. Il aurait voulu voler ce soir, sans travail, sans gaspillage, en dix minutes et sans perdre de temps, distillant les ennuis d’une vie en une poignée de mouvements insignifiants. A raffiner une décoction on n’obtenait que de l’essence : un concentré de parfum. Pour lui, chaque seconde devait être comme une goûte, embaumée à l’excès, lourde et vertigineuse, étouffant son cœur du temps qu’il ne se donnait pas. Dix minutes, ça ne suffisait pas ; il fallait alors rendre ce temps long plus supportable.
Nathanael haussa les épaules, désinvolte, se débarrassant de sa gravité d’un mouvement libéré.
« Tu veux des pancakes ? » demanda-t-il soudain, penaud, mais sans arrière-pensée.
Les sourcils relevés, il attendit une réponse, mais décida d’attiser les sens d’une voix devenue douce :
«Avec du miel, de la crème anglaise ou du chocolat… A moins que tu ne sois un jeune homme à whisky ? Vodka ? Un homme de murge et de saumure d'oignon ? Je préfère le réconfort d'un pancake, mais c'est à toi de décider ? »
Une question, franche, formulée avec la modulation adéquate et sans équivoque. Puis une décision à prendre. Nathanael avait bien compris que si le jeune homme échappait aux suppositions, il n'avait jusque là pas dérogé ni aux questions, ni au pouvoir du choix.
@Maximilien Leroy
Ainsi, l’étudiant esquivait les détails, stoppant l’élan de ses phrases par des silences impromptus que Nael se garda pourtant d’interrompre. Il écouta ses hésitations avec encore plus d’attention que le reste, comme si la réponse s’y trouvait jalousement enfermée. Tant de concentration à éviter le coeur du sujet attisa l’intérêt de Nathanael. Peut-être parce que là s’illustrait la honte : dans cet accident dont il ne donnait pas les détails, dans cette relation avec l’animal qu’il avait tant de mal à qualifier, dans le passage d’un extrême à l’autre. Le concierge nota soigneusement les détails. Il se doutait qu’il venait à peine d’effleurer la surface néanmoins, touchant du regard une blessure que le jeune homme cherchait à étouffer, quitte à s’asphyxier lui-même avec. Nael ne fut pas dupe un seul instant : la confession n’avait pris ses racines que dans une improbable coïncidence doublée d’une persistante curiosité, exempte de pudeur et de politesse de sa part. Elle était un peu forcée et presque aussitôt regrettée. Presque résignée, aussi : quelque chose avait semblé le mettre au défi, lui l’inconnu qui se permettait d’empiéter dans son jardin secret : de rire de lui, ou de le contredire de nouveau. Les yeux chocolat brulaient, déjà accusateurs, méfiants « Et bien vas-y, moque-toi ! ».
Mais Nael n’en fit rien, là non plus : il se contenta de rester là, ses pieds solidement ancrés dans le sol, évaluant seulement à quel point tout ne semblait que maucais calcul et abandon involontaire dans ses confessions. L’Animagus lui donnait l’impression d’être face à un dilemme, pesant et soupesant avec justesse ce qu’il pouvait raconter sans trop se mettre en danger, prenant en compte les risques et les aboutissements, tout en manquant de précision, tout en trahissant à chaque fois son secret. Comme s’il était acculé devant des preuves, mais qu’il n'allait rien révéler de plus que ce qu'il avait déjà rendu involontairement manifeste. Il n’avoua que ce qu’il ne pouvait pas nier sans paraître ridicule, ou menteur. Tant de crainte était à la fois frustrant, parce que Nathanael ne songeait pas un instant pouvoir être menaçant, et diablement intéressant. C’était le propre des non-dits : les silences appelaient à eux, parce qu’ils concentraient souvent en eux l'essence de chaque secret. Ils paraissaient précieux, parce qu’enfermés dans un coffre, camouflés à la vue de tous. Et moins on savait ce qui y était enfermé, plus l’intérêt grimpait : on avait tous des âmes de voleurs, et il n’y avait pas de pierre plus précieuse que celle qui ne se donnait pas facilement.
Il l’écouta dire qu’il avait donné son maximum, notant à quel point l’étudiant cherchait à accepter un échec qui pourtant, ne lui convenait pas.
Il n’avait pas fait de son mieux, non.
Il avait juste atteint ses limites et comme toute personne confrontée à un mur, il pensait qu’il était arrivé et que l’impasse de la fatalité n'était pas franchissable.
Pourtant, les murs, ça s’abattait. Ca se franchissait. Il n’y avait pas d’impasse, il y avait en revanche des pauses. Certains faisaient demi-tour et ne revenaient jamais. Ceux-là ne progressaient pas, ou plus, ou bien avec lenteur. D’autres cherchaient à revenir sur leurs pas pour contourner le problème. Et puis, il y avait ceux qui finissaient par traverser, purement et simplement.
« Alors à part si vous avez des astuces pour régler ça dans les dix prochaines minutes… on perd un peu de notre temps vous et moi. »
Nathanael fit une moue sceptique, les sourcils relevés, une solution pragmatique au bord des lèvres à proposer :
« Je peux te tuer. Et alors tes problèmes seront réglés en moins de dix minutes. » dit-il avec un sérieux flirtant tant avec un cynisme douteux qu’avec la réalité.
Il était un esprit suffisamment pratique pour envisager une pareille option simplement par respect des règles, mais qui était véritablement capable de moralement offrir une telle échappatoire en connaissance de cause ? Nathanael était pourtant souvent là, dans cette zone mystérieuse que d’aucuns trouvaient insupportable et l’appartenance à laquelle l’avait plus d’une fois rendu désagréable. C’était une périphérie qui se déliait autour de lui, aussi subtile qu’un parfum, perçue peu à peu des gens présents, et qui les troublait, parfois antipathiquement. Ils s’en expliquaient comme ils les pouvaient : « Pour qui il se prend, c’est qui ce type ? », lui reconnaissant involontairement néanmoins la fidélité du propos. L’efficacité requise aboutissait à une absurdité extrême, sans que jamais quiconque ne fut parvenu à avoir le fin mot sur l’honnêteté de son réalisme aussi excessif qu’effectif. C’était un vide impénétrable qui avait offert au concierge une stabilité étrange dans ses équilibres paradoxaux, sa pensée trop franche et méthodique faisant de lui un homme potentiellement capable de tout.
Un sourcil s’était relevé néanmoins, dubitatif : un défi stupide avait entrainé une solution stupide. Comme la maxime : à question bête, réponse bête. Cela lui avait parru tout à fait adapé. Ce qui était une perte de temps, c’étaient les provocations impossibles. Et pourquoi dix minutes, d’abord ? Qu’y avait-il, dans dix minutes, de si spécifique ? Qu’est-ce que le jeune homme faisait donc ici, si la solution à ses problèmes n’était pas là dans les dix minutes ? Etait-il venu, comme susdit, perdre son temps ? Egrainer sa honte dans les méandres du temps dans l’espoir que ce ne soit pas une boucle… il avait essayé, pourtant, de voler. Peut-être était-il de ceux pour qui tout jusqu’à la réussite représentait une perte de temps ? Le temps n’avait pourtant pas de perte, qu’une énergie mal employée.
Nathanael pinça sa bouche amincie, regarda le jeune homme tumultueux d’une expression attendrie et songeuse. L’impatience. Il aurait voulu voler ce soir, sans travail, sans gaspillage, en dix minutes et sans perdre de temps, distillant les ennuis d’une vie en une poignée de mouvements insignifiants. A raffiner une décoction on n’obtenait que de l’essence : un concentré de parfum. Pour lui, chaque seconde devait être comme une goûte, embaumée à l’excès, lourde et vertigineuse, étouffant son cœur du temps qu’il ne se donnait pas. Dix minutes, ça ne suffisait pas ; il fallait alors rendre ce temps long plus supportable.
Nathanael haussa les épaules, désinvolte, se débarrassant de sa gravité d’un mouvement libéré.
« Tu veux des pancakes ? » demanda-t-il soudain, penaud, mais sans arrière-pensée.
Les sourcils relevés, il attendit une réponse, mais décida d’attiser les sens d’une voix devenue douce :
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Une question, franche, formulée avec la modulation adéquate et sans équivoque. Puis une décision à prendre. Nathanael avait bien compris que si le jeune homme échappait aux suppositions, il n'avait jusque là pas dérogé ni aux questions, ni au pouvoir du choix.
@Maximilien Leroy
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 8292
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Dim 15 Nov 2020 - 10:25
Night Vision ft. @Nathanael CohenDévoiler une telle vulnérabilité n’est pas dans ses habitudes et vu les réponses de l’homme qui lui fait face, Maximilien n’est pas certain de vouloir réitérer l’expérience à l’avenir. Ce n’est pas comme si on cherchait réellement à le comprendre, ne voyant que le problème qui l’habite plutôt que la personne qui souffre derrière. Il ne pense pas être de ces personnes démissionnaires qui abandonnent face au danger, sinon il ne tenterait pas de devenir reporter. Aller à l’avant des informations, des découvertes et cela, au mépris du risque, c’est un aspect du métier qui l’a attiré. Mais il y a une différence entre faire face aux dangers d’une autre personne et faire face aux siens. Ceux-là, il préfère les régler en privé plutôt que dans la presse. A-t-il fait de son mieux ce soir ? Il en est persuadé, n’ayant pas arrêté au premier refus de l’aigle mais ayant persévéré jusqu’à ce que ce dernier se montre au moins quelques secondes. Devrait-il recommencer séance tenante ? Non, il ne le fera pas. Et il a l’impression de pouvoir sentir le jugement dans les yeux de Nathanael qui, n’ayant jamais été confronté à ça, ne peut possiblement pas comprendre le conflit qui l’habite. Oh, il peut en avoir une vague idée, compatir… comme beaucoup le font. Mais cette sensation ? Cette liaison à l’animal ? À moins d’être un animagus lui-même, le français ne voit pas comment il pourrait n’avoir qu’une petite idée des sentiments qui le torturent.
Donc, dix minutes. C’est le temps qu’il s’accorde pour clore cette discussion qui, à ses yeux, n’aidera en rien son problème. Il peut faire preuve de toute la gentillesse du monde, le brun ne possède pas les capacités nécessaires à cette entreprise. Dix minutes, car ses membres sont déjà gelés et que dépasser ce temps ne fera que le rendre plus malade encore. Dix minutes, parce qu’il ne souhaite qu’une chose : retourner au chaud dans son lit et s’échapper de ses propres pensées. Il ne sait pas quelle est la relation de Nathanael au froid mais, pour sa part, il préfère ne pas le côtoyer indéfiniment.
Maximilien pose son regard noisette sur celui, plus sombre, de son interlocuteur. La réponse de ce dernier ayant réveillé des envies qu’il a mis tant de mal à étouffer. Le sérieux de son ton s’accorde parfaitement avec ses propos et il le regarde quelques secondes. Ce n’est pas comme s’il n’y avait jamais pensé, à mourir. Geste pour les lâches, certains diront. Une forme d’abandon égocentrique pour ceux qui sont trop faibles pour se battre dans leur vie. Peut-être fait-il partie de ces faibles-là, peut-être…
“Faites attention. Je pourrais vous prendre au mot.” Ses mots passent la barrière de ses lèvres tandis que son regard reste rivé dans celui de Nathanael, peu enclin à s’échapper. Ceci est à prendre sur le ton de plaisanterie ou du sérieux, comment savoir ? Ce n’est pas le français qui lèvera le doute à ce sujet. Il préfère laisser le spectre d’une supposée mort planer au-dessus de leurs silhouettes engourdies par le froid. Et le silence qui suit ces mots leur donne encore plus de sens et de mystère. Maximilien est-il suicidaire ? Il n’a jamais rien tenté de la sorte, seules de sombres pensées ont pu occuper son esprit ces dernières années. Le sorcier préfère se voir comme une personne à qui la Mort ne fait pas peur, essentiellement parce qu’elle serait un doux soulagement à son âme. Il a pu en faire l’expérience il y a quelques jours de cela, alors qu’il se vidait de son sang sur le sol de la chambre de Peter Drummond. Il a vu des choses que beaucoup ne doivent même pas suspecter et la douleur avait fait place à un vide apaisant qui accueillait son esprit tourmenté, le délaissant alors de tous ses maux. Il n’ira pas jusqu’à dire qu’il s’est laissé faire cette soirée-là, qu’il s’est laissé engloutir par cette torpeur séduisante de calme et de sérénité… mais peut-être serait-ce mentir ? Si Peter n’avait pas fait une erreur avec son sort, il ne se tiendrait sûrement pas là ce soir, face à un homme à qui il ne doit rien. Ni justification, ni explication. Il n’est même pas certain de le voir comme un sauveur, présentement, quand tant d’autres personnes le qualifieraient de ce titre pour son action héroïque.
La question de Nathanael, jurant avec le reste de la conversation, le tire de ses pensées alors qu’il avait gardé ses yeux sur lui. La surprise est telle qu’il ne sait que répondre sur le moment. Est-il en train de s’exercer à une nouvelle plaisanterie de son cru ? L’idée de repartir avec le brun ne l’enchante pas particulièrement, bien que l’attrait des pancakes soit plus que fort. Il est vrai qu’il donnerait beaucoup pour un peu de réconfort alimentaire et il a toujours aimé les pancakes. Vu le dernier sujet de leur conversation, doit-il réellement accepter ? Une chose est sûre, quoi que soit sa décision, il n’optera certainement pas pour l’alcool.
“Pourquoi pas. Des pancakes. Je dois juste aller chercher mes affaires.” Pourquoi fait-il ça ? Pourquoi le suivre ? Il n’en a aucune idée. Une impulsion soudaine. Une envie de s’échapper de cette conversation où il semble que ni l’un ni l’autre ne se comprend réellement. Des façons de penser différentes, des visions opposées… Il aurait tout simplement pu rentrer chez lui, me direz-vous. Oui, il aurait pu. Mais il ne le fait pas. Maximilien ne sait pas pourquoi il a fait ce choix mais estime qu’il le découvrira bien assez tôt. À ses dépends ou non. En attendant, il se décide enfin à bouger et disparaît quelques instants dans la nuit noire pour revenir à son point de départ, un sac sur son épaule et la baguette à la main. Sait-on jamais.
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
- merci :
- InvitéInvité
Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Ven 20 Nov 2020 - 13:45
« Faites attention. Je pourrais vous prendre au mot. »
La phrase claqua, aussi sèche que le vent qui cinglait leur visage. L’étudiant avait dit cela sur un ton de quasi-défi, ses yeux plantés dans les siens avec un air de bravade qui laissa Nathanael pantois quelques secondes. Quelque part, il fut tenté de continuer sur cette pente visiblement glissante, pour voir jusqu’à quel point le jeune homme pouvait dégringoler ou pousser la témérité. Après tout, un suicide bien propre, bien net, n’était-il pas la meilleure manière de conclure toute cette pathétique désespérance ? Parce que c’était ce que suggérait ce regain d’énergie, visiblement. Cette façon de le mettre en garde, comme s’il était tenté par la possibilité de fermer définitivement ses yeux, était on ne peut plus claire. Nael inclina la tête, avisant cette juvénile silhouette déjà lasse de la vie, une impression de gâchis soigneusement enfermée au creux de ses lèvres et qu’il se garda de laisser échapper. Décidément, la grande faucheuse attirait toujours de cette manière romantique la jeunesse sous sa faux, gardant sous ses bras les âmes perdues qui espéraient le repos entre ses draps éternels. Ce qu’elle oubliait souvent de préciser à ses admirateurs, c’était le mal qu’ils laissaient derrière eux à ceux qui ne s’endormiraient pas en même temps, les condamnant à rester éveillés dans leur cauchemar, à moins d’entreprendre le même chemin.
Nathanael freina néanmoins ses ardeurs, se contentant de longs regards le dispensant, à son humble avis, de tout commentaire. Il refusait d’entrer dans ce jeu. Catégoriquement. On ne négociait pas ce genre de sujet, parce qu’il était trop intime pour être raisonné, souvent trop impulsif pour pouvoir être argumenté, jamais complètement abouti lorsqu’il était ainsi énoncé à un pareil inconnu. Surtout par bravade. L’étudiant paraissait beau y avoir déjà songé, cette interjection laissait à supposer que dans cet élan généralement solitaire, il ne négligerait pas un peu d’aide. Mais un meurtre, ce n’était plus un suicide, ce n’était plus vraiment un choix non plus, plutôt une soumission. S’il voulait mourir, il devait vouloir mourir comme certains espéraient se faire renverser par un bus, sans nécessairement s’arrêter en plein milieu de la route pour encourager le destin. Ils attendaient le hasard, ou bien une main volontaire qui serait suffisamment magnanime pour frapper. Seulement au bon moment.
Les pancakes, donc, lui parurent être la seule chose à proposer.
Étonnamment, l’étudiant accepta sans faire plus d’histoires, comme si cette proposition avait été pour lui une échappatoire bienvenue à un spleen baudelairien. Là encore, Nathanael douta de son ambition et supposa l’orgueil : celui-là même qui lui avait arraché sa première incivilité et qui venait de le forcer à ne pas faiblir devant une mort proposée. Sans rien dire ni relever son manque d’insistance quant à cet homicide inabouti, le concierge l’attendit récupérer ses affaires avant de prendre une direction que seul son sens de l’orientation connaissait, à travers bois et épines. Le trajet fut étrangement silencieux, seulement ponctué des bruissements que leurs pas faisaient sur le manteau mousseux de la forêt. Nathanael avait fini par extirper de la poche de son pantalon son smartphone, ses doigts glacés glissant sur l’écran tactile pour en allumer par réflexe le flash de l’appareil photo. C’était la baguette magique des moldus pour s’éclairer dans le noir, et même si le néo-sorcier avait appris à maîtriser le Lumos, c’était une habitude dont il ne parvenait pas encore à se défaire.
Plusieurs minutes furent nécessaires pour gagner un petit portillon à moitié rouillé et cadenassé pour la forme, tant le grillage faisant office de clôture n’était pas assez haut pour dissuader quiconque de l’escalader. Néanmoins, le concierge tira le trousseau dont il ne se séparait pas non plus et inséra une petite clé dans la serrure avant de tirer dans un grincement le battant, invitant l’étudiant à s’engager sur le sentier qui lézardait dans l’obscurité jusqu’à Inverness. Sans un mot là encore, blotti dans le mutisme comme dans convenance méthodique, il referma le tout avant de prendre la tête de leur expédition. Il était un homme pratique, dans le sens le plus cru du terme, et contrairement à certains, ne succombait que peu aux bavardages dans un désir de combler le vide. Mais parce que son mutisme était assumé, ses silences finissaient par être étrangement confortables car il n’en éprouvait aucune gêne.
Rapidement, des réverbères en contrebas annoncèrent leur retour à la civilisation et Nathanael se frictionna les mains contre son pull en laine pour éviter l’engourdissement, tandis qu’il s’engageait dans une ruelle faiblement éclairée par quelques vitrines marchandes qu’aucune préoccupation écologique ne parviendrait à faire éteindre. Quand, enfin, il tira la lourde porte en chêne, il se trouva tout à fait frigorifié. Un regard au jeune homme qui l’avait suivi à son tour lui indiqua qu’il n’était pas le seul. Ce fut pour cette raison qu’après avoir salué le gérant avec convivialité, sa main dirigea son invité d’une main experte vers le fond du café. Ils durent jouer des hanches pour se faufiler entre les tables, mais Nael n’eut aucun regard pour les quelques tables vides. Il leur fallu grimper un escalier puis bifurquer à gauche pour qu’enfin le concierge n’atteignit son but. Avec un petit soupire de contentement, et sans grand égard pour la proximité qu’il avait infligée au jeune homme – le concept d’espace vital lui étant parfois curieusement étranger – Nathanael se laissa gracieusement tomber sur l’une des chaises. Un long frisson le parcourut lorsque les flammes de la cheminée vinrent lécher ses jambes tendues.
« Alors, qu’est-ce que je vous sers Messieurs ? » les apostropha un serveur au ventre tout aussi brioché que ne l’étaient ses joues par les ravages de pancakes. Des sourcils en accent circonflexe se pavanaient au-dessus de petits yeux d’un bleu d’une incroyable transparence, seule source de subtilité dans son visage aux traits grossiers. Néanmoins, sa bonhomie suffisait à le rendre agréable.
Nathanael ne jeta pas un seul coup d’œil à la carte et débita, comme s’il connaissait la carte par cœur, ou choisissait invariable la même chose :
« Je vais vous prendre verre de Singleton, s’il-vous-plait. » annonça-t-il puis, lovant sa joue au creux de sa paume, le coude replié contre la table, il jeta un regard attentif au jeune homme et les ombres projetées par la cheminée firent par contraste brûler ses yeux de braises dorées. Il ne bougea pas davantage, ne paraissant pas insister ni s’impatienter, juste attendre, juste contempler son indécision. Puis, le choix finit par être fait, mais Nathanael demeura ainsi, un peu avachi.
Le jeune homme s’était laissé couler dans le silence que leur marche silencieuse avait engendré, et n’avait pas vraiment l’air de souhaiter engager la conversation. Peut-être avait-il trouvé une forme de réconfort dans cette absence, ou peut-être son orgueil l’avait gardé sauvage tout du long. A se demander pourquoi il était là, si ce n’était la volonté de se faire ballotter entre des flots pour voir jusqu’où son propre naufrage allait le faire échouer. Maintenant qu’ils n’étaient plus dans la pénombre de la forêt, le concierge put mieux détailler ses traits. Ce qu’il fit, notant à quel point il avait été très loin du compte. L’étudiant semblait aller bien plus mal que ce qu’il avait envisagé : une ancienne emprunte avait marqué son visage et paraissait le vieillir prématurément, alors que son insolence et les espoirs propres à son âge prêtaient à son regard une fraicheur de duvet. Sur ses traits, la jeunesse se disputait des sentiments plus durs, barbares et impitoyables. Dans ses yeux, ce qui lui restait de l’enfance rencontrait le tragique de l’existence sans parvenir à pleinement s’y résoudre. Derrière sa révolte, il y avait une encore suffisamment de douceur pour attendre un peu de consolation.
« C’est à cause de Peter ? » dit le concierge d’une voix trainante et grave, en parfaite conformité avec son attitude et en total décalage avec le sens et l’implication qu’il supposait à sa question.
Après tout, c’était bien le genre de Nael : arracher les pansements d’un geste vif, à peine la cicatrisation amorcée, au lieu d’attendre que la plaie ne guérisse patiemment. Pire que ça : il travaillait avec les ongles, grattant du bout des doigts les cicatrices à peines refermées, persuadé que les plaies guérissaient que lorsqu’on se débarrassait des anciennes erreurs.
La phrase claqua, aussi sèche que le vent qui cinglait leur visage. L’étudiant avait dit cela sur un ton de quasi-défi, ses yeux plantés dans les siens avec un air de bravade qui laissa Nathanael pantois quelques secondes. Quelque part, il fut tenté de continuer sur cette pente visiblement glissante, pour voir jusqu’à quel point le jeune homme pouvait dégringoler ou pousser la témérité. Après tout, un suicide bien propre, bien net, n’était-il pas la meilleure manière de conclure toute cette pathétique désespérance ? Parce que c’était ce que suggérait ce regain d’énergie, visiblement. Cette façon de le mettre en garde, comme s’il était tenté par la possibilité de fermer définitivement ses yeux, était on ne peut plus claire. Nael inclina la tête, avisant cette juvénile silhouette déjà lasse de la vie, une impression de gâchis soigneusement enfermée au creux de ses lèvres et qu’il se garda de laisser échapper. Décidément, la grande faucheuse attirait toujours de cette manière romantique la jeunesse sous sa faux, gardant sous ses bras les âmes perdues qui espéraient le repos entre ses draps éternels. Ce qu’elle oubliait souvent de préciser à ses admirateurs, c’était le mal qu’ils laissaient derrière eux à ceux qui ne s’endormiraient pas en même temps, les condamnant à rester éveillés dans leur cauchemar, à moins d’entreprendre le même chemin.
Nathanael freina néanmoins ses ardeurs, se contentant de longs regards le dispensant, à son humble avis, de tout commentaire. Il refusait d’entrer dans ce jeu. Catégoriquement. On ne négociait pas ce genre de sujet, parce qu’il était trop intime pour être raisonné, souvent trop impulsif pour pouvoir être argumenté, jamais complètement abouti lorsqu’il était ainsi énoncé à un pareil inconnu. Surtout par bravade. L’étudiant paraissait beau y avoir déjà songé, cette interjection laissait à supposer que dans cet élan généralement solitaire, il ne négligerait pas un peu d’aide. Mais un meurtre, ce n’était plus un suicide, ce n’était plus vraiment un choix non plus, plutôt une soumission. S’il voulait mourir, il devait vouloir mourir comme certains espéraient se faire renverser par un bus, sans nécessairement s’arrêter en plein milieu de la route pour encourager le destin. Ils attendaient le hasard, ou bien une main volontaire qui serait suffisamment magnanime pour frapper. Seulement au bon moment.
Les pancakes, donc, lui parurent être la seule chose à proposer.
Étonnamment, l’étudiant accepta sans faire plus d’histoires, comme si cette proposition avait été pour lui une échappatoire bienvenue à un spleen baudelairien. Là encore, Nathanael douta de son ambition et supposa l’orgueil : celui-là même qui lui avait arraché sa première incivilité et qui venait de le forcer à ne pas faiblir devant une mort proposée. Sans rien dire ni relever son manque d’insistance quant à cet homicide inabouti, le concierge l’attendit récupérer ses affaires avant de prendre une direction que seul son sens de l’orientation connaissait, à travers bois et épines. Le trajet fut étrangement silencieux, seulement ponctué des bruissements que leurs pas faisaient sur le manteau mousseux de la forêt. Nathanael avait fini par extirper de la poche de son pantalon son smartphone, ses doigts glacés glissant sur l’écran tactile pour en allumer par réflexe le flash de l’appareil photo. C’était la baguette magique des moldus pour s’éclairer dans le noir, et même si le néo-sorcier avait appris à maîtriser le Lumos, c’était une habitude dont il ne parvenait pas encore à se défaire.
Plusieurs minutes furent nécessaires pour gagner un petit portillon à moitié rouillé et cadenassé pour la forme, tant le grillage faisant office de clôture n’était pas assez haut pour dissuader quiconque de l’escalader. Néanmoins, le concierge tira le trousseau dont il ne se séparait pas non plus et inséra une petite clé dans la serrure avant de tirer dans un grincement le battant, invitant l’étudiant à s’engager sur le sentier qui lézardait dans l’obscurité jusqu’à Inverness. Sans un mot là encore, blotti dans le mutisme comme dans convenance méthodique, il referma le tout avant de prendre la tête de leur expédition. Il était un homme pratique, dans le sens le plus cru du terme, et contrairement à certains, ne succombait que peu aux bavardages dans un désir de combler le vide. Mais parce que son mutisme était assumé, ses silences finissaient par être étrangement confortables car il n’en éprouvait aucune gêne.
Rapidement, des réverbères en contrebas annoncèrent leur retour à la civilisation et Nathanael se frictionna les mains contre son pull en laine pour éviter l’engourdissement, tandis qu’il s’engageait dans une ruelle faiblement éclairée par quelques vitrines marchandes qu’aucune préoccupation écologique ne parviendrait à faire éteindre. Quand, enfin, il tira la lourde porte en chêne, il se trouva tout à fait frigorifié. Un regard au jeune homme qui l’avait suivi à son tour lui indiqua qu’il n’était pas le seul. Ce fut pour cette raison qu’après avoir salué le gérant avec convivialité, sa main dirigea son invité d’une main experte vers le fond du café. Ils durent jouer des hanches pour se faufiler entre les tables, mais Nael n’eut aucun regard pour les quelques tables vides. Il leur fallu grimper un escalier puis bifurquer à gauche pour qu’enfin le concierge n’atteignit son but. Avec un petit soupire de contentement, et sans grand égard pour la proximité qu’il avait infligée au jeune homme – le concept d’espace vital lui étant parfois curieusement étranger – Nathanael se laissa gracieusement tomber sur l’une des chaises. Un long frisson le parcourut lorsque les flammes de la cheminée vinrent lécher ses jambes tendues.
« Alors, qu’est-ce que je vous sers Messieurs ? » les apostropha un serveur au ventre tout aussi brioché que ne l’étaient ses joues par les ravages de pancakes. Des sourcils en accent circonflexe se pavanaient au-dessus de petits yeux d’un bleu d’une incroyable transparence, seule source de subtilité dans son visage aux traits grossiers. Néanmoins, sa bonhomie suffisait à le rendre agréable.
Nathanael ne jeta pas un seul coup d’œil à la carte et débita, comme s’il connaissait la carte par cœur, ou choisissait invariable la même chose :
« Je vais vous prendre verre de Singleton, s’il-vous-plait. » annonça-t-il puis, lovant sa joue au creux de sa paume, le coude replié contre la table, il jeta un regard attentif au jeune homme et les ombres projetées par la cheminée firent par contraste brûler ses yeux de braises dorées. Il ne bougea pas davantage, ne paraissant pas insister ni s’impatienter, juste attendre, juste contempler son indécision. Puis, le choix finit par être fait, mais Nathanael demeura ainsi, un peu avachi.
Le jeune homme s’était laissé couler dans le silence que leur marche silencieuse avait engendré, et n’avait pas vraiment l’air de souhaiter engager la conversation. Peut-être avait-il trouvé une forme de réconfort dans cette absence, ou peut-être son orgueil l’avait gardé sauvage tout du long. A se demander pourquoi il était là, si ce n’était la volonté de se faire ballotter entre des flots pour voir jusqu’où son propre naufrage allait le faire échouer. Maintenant qu’ils n’étaient plus dans la pénombre de la forêt, le concierge put mieux détailler ses traits. Ce qu’il fit, notant à quel point il avait été très loin du compte. L’étudiant semblait aller bien plus mal que ce qu’il avait envisagé : une ancienne emprunte avait marqué son visage et paraissait le vieillir prématurément, alors que son insolence et les espoirs propres à son âge prêtaient à son regard une fraicheur de duvet. Sur ses traits, la jeunesse se disputait des sentiments plus durs, barbares et impitoyables. Dans ses yeux, ce qui lui restait de l’enfance rencontrait le tragique de l’existence sans parvenir à pleinement s’y résoudre. Derrière sa révolte, il y avait une encore suffisamment de douceur pour attendre un peu de consolation.
« C’est à cause de Peter ? » dit le concierge d’une voix trainante et grave, en parfaite conformité avec son attitude et en total décalage avec le sens et l’implication qu’il supposait à sa question.
Après tout, c’était bien le genre de Nael : arracher les pansements d’un geste vif, à peine la cicatrisation amorcée, au lieu d’attendre que la plaie ne guérisse patiemment. Pire que ça : il travaillait avec les ongles, grattant du bout des doigts les cicatrices à peines refermées, persuadé que les plaies guérissaient que lorsqu’on se débarrassait des anciennes erreurs.
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
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» situation : en couple
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Ven 20 Nov 2020 - 17:33
Night Vision ft. @Nathanael CohenDrôle d’initiative que d’aller manger des pancakes à cet instant. Maximilien n’est pas vraiment certain de cerner les intentions de Nathanael mais se dit que la situation ne peut décidément pas s’aggraver davantage. Le suivre n’est donc qu’une résignation incohérente qui clôt le chapitre de la volonté de se laisser mourir. Le français n’est pas certain de vouloir alimenter le débat à ce sujet ni de le ramener sur le tapis, sachant que l’homme face à lui n’y a jamais apporté de nouvel élément depuis sa déclaration. Étrange conversation et plus étrange encore est la décision de l’accompagner presque aveuglément. Ses affaires récupérées, les pas de Maximilien ne font que suivre ceux de son aîné dans un silence des plus religieux. L’attention du français se porte sur leurs respirations et leur cadence marquée par le bruit de leurs pas. Il ne lui vient pas à l’idée un seul instant d’initier une conversation qui, somme toute, serait bien futile. Il est partisan de la notion selon laquelle un court silence vaut mieux qu’un long discours et cela s’applique à cet instant. Il n’a pas réellement conscience de la distance qu’ils parcourent, simplement éclairés par le smartphone de son prédécesseur dans la marche. Il aurait tout aussi bien pu sortir sa baguette, mais l’idée de faire de la magie ne l’enchante pas actuellement et il préfère laisser Nathanael aux commandes, vu que cela semble tout à fait lui convenir.
De l’obscurité ils passent peu à peu à la lumière en se rapprochant d’Inverness, chaque mètre lui semblant être une éternité. Le froid a complètement engourdi ses membres et Maximilien ne sait même pas comment il fait encore pour marcher, ne sentant plus le bout de ses doigts de pied. Son regard reste rivé sur le sol ou l’horizon, perdu et l’esprit vide. Son accompagnant finit par s’arrêter devant une porte faite de bois donc la lourdeur manque de le faire basculer lorsqu’elle atterrit sur son épaule. À la suite du jeune homme, il se laisse guider à travers la petite boutique, passant devant des tables vides qui auraient fort bien pu les accueillir. Le français se laisse envahir par la chaleur de l’endroit, grimaçant en sentant le contraste des deux températures se battre l’une contre l’autre dans son corps. Ce dernier finit par atteindre une température plus qu’acceptable alors qu’il atteint le palier de l’étage supérieur. Les deux hommes s’installent à l’une des tables présentes près de la cheminée et Maximilien frissonne en sentant cette nouvelle chaleur terminer de réchauffer son corps meurtri. Presque aussitôt, ils sont apostrophés par l’un des serveurs dont l’étrange silhouette va de paire avec son évidente sympathie. Il jette un regard à Nathanael, le laissant passer sa propre commande tandis que le jeune français parcourt le menu d’un air fatigué. Quand il arrive son tour de passer commande, il se racle la gorge et dit d’une voix éraillée par ces longues minutes de marche intensive dans la nuit glaciale.
“Des pancakes au sirop d’érable, je vous prie. Et un thé.” Il désigne du doigt la pancarte indiquant les boissons chaudes du jour - ou du soir dans le cas présent - et rend le menu au serveur, son dos retrouvant le support de la chaise sur laquelle il est assis. Son regard parcourt la salle, en détaillant chaque centimètre carré avant de se poser sur la silhouette de Nathanael. Elle paraît bien moins grande à la lueur artificielle qu’à celle de la Lune, entre les arbres. Un drôle d’effet optique. Cela lui permet de détailler les traits de son visage, qui ne lui paraissent pas totalement britanniques. Mais il y a ce regard, sombre, qu’il avait déjà deviné dans la forêt. Celui qu’il ne peut totalement croiser pour le moment.
Et puis la question, lancée dans son plus simple appareil. Étrange. Intrusive. Dérangeante. Maximilien relève les yeux sur l’homme qui lui fait face, de nombreux sentiments traversant son corps fatigué par cette journée. Il pense d’abord avoir imaginé cette question mais le regard de Nathanael laisse bien penser qu’il en a posé une. Est-ce qu’il en a modifié le contenu, par inadvertance ? Car il n’y a aucune raison que cet homme sache quoi que ce soit à propos de Peter et de l’accident qui s’est produit il y a quelques jours. À moins qu’il n’en ait parlé dans la forêt ? Sa mémoire lui jouerait-elle des tours ? Le silence s’installe alors que le français fait tout son possible pour démêler cette information d’apparence anodine. Il regarde Nathanel avec incompréhension.
“Peter ?” Est le seul mot qui arrive à sortir de sa bouche. Il s’imagine un instant que, par le plus pur des hasard, le Wright soit un ami de cet homme et qu’il lui aurait parlé de cet accident, quand bien même il lui ait fait promettre de tenir sa langue. Alors, une colère fait petit à petit sa place. Est-ce qu’il n’y a pas moyen de faire confiance à qui que ce soit dans le monde sorcier ? Ses sourcils se froncent, il chasse la colère ou du moins, l’atténue. Parce qu’il n’y est pour rien, Nathanael, si Peter n’a pas su tenir sa langue.
“Tu connais Peter ? Qu’est-ce qu’il t’a dit au juste ? Parce que ce n’est sûrement pas ce que tu crois.” On peut voir un peu de peur dans son regard. Celle de constater que le Wright ait pu se moquer de lui, d’une façon ou d’une autre, avec son entourage. Il n’imagine pas un seul instant qu’un autre Peter puisse être le sujet de cette conversation. Et sans s’en rendre compte, il a opté pour le tutoiement avec Nathanael.
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Sam 28 Nov 2020 - 1:37
Il avait ténu son engagement en commandant précisément des pancakes, comme s’il n’y avait rien eu d’autre sur la carte, comme si la suggestion faite dans les bois avait été la bonne. Nathanael l’aurait pourtant tout autant vu prendre quelque chose de moins aléatoire que sa proposition, quelque chose de finalement plus cher à son coeur. Mais le jeune homme suivait étrangement ses directives, comme si remettre sa vie entre les mains de quelqu’un d’autre, quelqu’un qui avait la réponse facile, était tout ce qu’il avait attendu de pouvoir faire. Pour sa part, il n’avait pas beaucoup de choix, rien sur ce menu n’était casher. Principe de vie qui aurait pu être gênant si Nathanael n’avait pas été davantage gourmet que gourmand : il avait du goût, mais n’avait presque jamais faim. L’alcool en revanche était un élément central de sa religion, et parce qu’il n’était pas rare de voir un rabbin siroter un Jack Daniel’s, le concierge avait récupéré ce lien social que la nourriture ne lui offrait que dans le cadre de sa communauté ou de sa propre cuisine. L’odeur du café était onctueuse néanmoins, un peu sucrée et avec un souffle plus lourd d’épices : avec l’ombre d’une neige prochaine, certaines arômes étaient réapparus, chauds et doux comme des marrons grillés.
Dans l’attente, Nathanael s’était senti dévisagé. Comme toute nature sensible à l’espace que son entité pouvait occuper, il n’avait pas eu besoin de le voir pour s’en rendre compte. La brûlure fut fugace mais bien présente, longeant son visage aux yeux éternellement absents. Comme à chaque fois, il s’était immobilisé, pour faciliter l’étude ou parce qu’il ne voulait pas brusquer cette consciente contemplation. En sentant l’attention le quitter, il avait à son tour posé son regard sur l’étudiant, aussi farouche que son âge pouvait le lui permettre. Il ne put s’empêcher de troubler ces traits réguliers et la douceur de ces yeux, posant cette question qui lui était venue en élan opportuniste : il ne savait pas qui était Peter, il savait seulement que sa fin était la cause d’une tragédie dans la vie du jeune homme. Suffisamment pour que son souvenir ne veuille se faire ressusciter à tout prix. C’était du moins ce qu’il avait cru comprendre la dernière fois qu’il avait vu l’animagus. Car il l’avait déjà rencontré, il y a longtemps et par pur hasard, sans qu’ils ne se soient néanmoins pas même concrètement regardés. Une conversation entendue en tapinois et saisie seulement par fragments lui avait appris ce à quoi il essayait de donner sens aujourd’hui. Cette disparition avait fait naître dans le caractère du jeune homme un désespoir naïf, opportuniste, assez pour être abusé par quelqu’un capable d’exploiter un deuil facile. Nathanael n’était pas dupe, ni inconscient au point d’oublier que son propre mode de vie était perçu par certains comme une façon d’offrir un espoir mensonger, mais il ne promettait en tout cas pas de pouvoir communiquer avec les morts, et encore moins ne dévoilait-il la supercherie pour se moquer de l’innocence crédule. Il y songea d’ailleurs, avec un sentiment amer, à cette moquerie subie par l’animagus, et tenta de tisser aveuglément un lien en espérant qu’il tienne.
La fougue ne se fit pas attendre et le jeune homme darda sur lui des yeux de fauve, que Nathanael soutint par principe, sachant à quel point il était important d’affronter un regard pour supporter l’audace de son point de vue. Son sérieux parut troubler l’étudiant, jusqu’à le désarmer complètement alors qu’il sombrait dans le doute. Nathanael savait que sa connaissance lui avait été involontairement offerte et jouait sur ce maigre avantage pour tailler une fente dans ce mur de défiance. C’était un peu facile, il le concevait, mais il se consolait de n’être au moins ni un menteur, ni un manipulateur ; son avantage tenait en réalité qu’à l’ignorance du peu de savoir qu’il possédait.
« Peter ? » balbutia le jeune homme.
Nathanael demeura impassible, laissant la confusion faire son office sans l’aider à démasquer sa propre inconscience. Ca lui avait néanmoins confirmé que Peter avait laissé une emprunte capable de troubler le présent du jeune homme. Il observait seulement patiemment les conséquences de sa question pour tenter de comprendre qui étaient ces deux individus et qu’avaient-ils été l’un pour l’autre. Un inconnu en plein milieu de la forêt capable d’exhumer une faille aussi personnelle avait indéniablement de quoi surprendre, mais il y avait une autre agitation dans les pensées du jeune homme : des pensées qui froncèrent son visage tout en lui prêtant un air quelque peu égaré. Le changement que ce prénom avait opéré était déconcertant, un brin touchant, au point de faire oublier l’orgueil et craqueler le vernis d’un tableau qui se voulait bien composé.
« Tu connais Peter ? Qu’est-ce qu’il t’a dit au juste ? Parce que ce n’est sûrement pas ce que tu crois. »
La situation s’était soudain corsée, l’étudiant ayant décidé de mettre la méfiance de côté pour questionner le concierge comme un confident presque plus au fait de la situation qu’il ne semblait l’être lui-même. Quoi que surpris, Nathanael se contenta d’un léger haussement des sourcils pour exprimer sa surprise, plutôt que son ignorance. Visiblement, il était question d’une histoire, voir même d’un quiproquo, dont seul un ami proche pouvait être au courant. Parfaitement conscient qu’il avait entre les doigts des brisures dont il ne connaissait pas la forme définitive, le concierge se résolut à demeurer extrêmement souple dans ses conclusions : soit Peter était mort comme l’était celui dans ses souvenirs, soit Peter était encore vivant et ce qu’il avait entendu jadis avait été mal compris. Dans tous les cas, son attention fut monopolisée par la prétendue méprise et calmement, comme s’il était absolument au courant de tout, Nathanael demanda alors avec son élégance grave et pleine d’une assurance qu’il ne possédait en réalité pas :
« Si ce n’est sûrement pas ce que je crois, c’est quoi alors ? »
Dans l’attente, Nathanael s’était senti dévisagé. Comme toute nature sensible à l’espace que son entité pouvait occuper, il n’avait pas eu besoin de le voir pour s’en rendre compte. La brûlure fut fugace mais bien présente, longeant son visage aux yeux éternellement absents. Comme à chaque fois, il s’était immobilisé, pour faciliter l’étude ou parce qu’il ne voulait pas brusquer cette consciente contemplation. En sentant l’attention le quitter, il avait à son tour posé son regard sur l’étudiant, aussi farouche que son âge pouvait le lui permettre. Il ne put s’empêcher de troubler ces traits réguliers et la douceur de ces yeux, posant cette question qui lui était venue en élan opportuniste : il ne savait pas qui était Peter, il savait seulement que sa fin était la cause d’une tragédie dans la vie du jeune homme. Suffisamment pour que son souvenir ne veuille se faire ressusciter à tout prix. C’était du moins ce qu’il avait cru comprendre la dernière fois qu’il avait vu l’animagus. Car il l’avait déjà rencontré, il y a longtemps et par pur hasard, sans qu’ils ne se soient néanmoins pas même concrètement regardés. Une conversation entendue en tapinois et saisie seulement par fragments lui avait appris ce à quoi il essayait de donner sens aujourd’hui. Cette disparition avait fait naître dans le caractère du jeune homme un désespoir naïf, opportuniste, assez pour être abusé par quelqu’un capable d’exploiter un deuil facile. Nathanael n’était pas dupe, ni inconscient au point d’oublier que son propre mode de vie était perçu par certains comme une façon d’offrir un espoir mensonger, mais il ne promettait en tout cas pas de pouvoir communiquer avec les morts, et encore moins ne dévoilait-il la supercherie pour se moquer de l’innocence crédule. Il y songea d’ailleurs, avec un sentiment amer, à cette moquerie subie par l’animagus, et tenta de tisser aveuglément un lien en espérant qu’il tienne.
La fougue ne se fit pas attendre et le jeune homme darda sur lui des yeux de fauve, que Nathanael soutint par principe, sachant à quel point il était important d’affronter un regard pour supporter l’audace de son point de vue. Son sérieux parut troubler l’étudiant, jusqu’à le désarmer complètement alors qu’il sombrait dans le doute. Nathanael savait que sa connaissance lui avait été involontairement offerte et jouait sur ce maigre avantage pour tailler une fente dans ce mur de défiance. C’était un peu facile, il le concevait, mais il se consolait de n’être au moins ni un menteur, ni un manipulateur ; son avantage tenait en réalité qu’à l’ignorance du peu de savoir qu’il possédait.
« Peter ? » balbutia le jeune homme.
Nathanael demeura impassible, laissant la confusion faire son office sans l’aider à démasquer sa propre inconscience. Ca lui avait néanmoins confirmé que Peter avait laissé une emprunte capable de troubler le présent du jeune homme. Il observait seulement patiemment les conséquences de sa question pour tenter de comprendre qui étaient ces deux individus et qu’avaient-ils été l’un pour l’autre. Un inconnu en plein milieu de la forêt capable d’exhumer une faille aussi personnelle avait indéniablement de quoi surprendre, mais il y avait une autre agitation dans les pensées du jeune homme : des pensées qui froncèrent son visage tout en lui prêtant un air quelque peu égaré. Le changement que ce prénom avait opéré était déconcertant, un brin touchant, au point de faire oublier l’orgueil et craqueler le vernis d’un tableau qui se voulait bien composé.
« Tu connais Peter ? Qu’est-ce qu’il t’a dit au juste ? Parce que ce n’est sûrement pas ce que tu crois. »
La situation s’était soudain corsée, l’étudiant ayant décidé de mettre la méfiance de côté pour questionner le concierge comme un confident presque plus au fait de la situation qu’il ne semblait l’être lui-même. Quoi que surpris, Nathanael se contenta d’un léger haussement des sourcils pour exprimer sa surprise, plutôt que son ignorance. Visiblement, il était question d’une histoire, voir même d’un quiproquo, dont seul un ami proche pouvait être au courant. Parfaitement conscient qu’il avait entre les doigts des brisures dont il ne connaissait pas la forme définitive, le concierge se résolut à demeurer extrêmement souple dans ses conclusions : soit Peter était mort comme l’était celui dans ses souvenirs, soit Peter était encore vivant et ce qu’il avait entendu jadis avait été mal compris. Dans tous les cas, son attention fut monopolisée par la prétendue méprise et calmement, comme s’il était absolument au courant de tout, Nathanael demanda alors avec son élégance grave et pleine d’une assurance qu’il ne possédait en réalité pas :
« Si ce n’est sûrement pas ce que je crois, c’est quoi alors ? »
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
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» miroir du riséd : francisco lachowski
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» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
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» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Dim 29 Nov 2020 - 12:14
Night Vision ft. @Nathanael CohenEntendre ce prénom, prononcé de la sorte, ne peut avoir d’autre effet que son incompréhension. Un mélange de doute et de surprise vient s’y ajouter, alors qu’il tente de démêler ce que tout cela implique. Il en vient presque à supposer qu’il a déjà rencontré Nathanael sans y prêter plus d’attention… et ne connaissant pas l’entourage de Peter, il est bien incapable de définir si ce dernier en est un ami proche ou non. Mais la perspective de s’être fait trahir est bien difficile à encaisser pour le français, qui en a déjà beaucoup supporté ces derniers temps. Cette sensation de ne pouvoir faire confiance à personne comprime sa poitrine, lui faisant revivre ce malheureux épisode impliquant Summer et sa naïveté. À croire qu’il est incapable de faire la différence entre une personne digne de confiance et un imposteur. Et quand il regarde Nathanel, il est tout aussi indécis quant à cette question. Que doit-il répondre, au risque d’en révéler plus qu’il ne saurait vraiment ? Et s’il sait déjà tout, à quoi bon se retenir ? Cela ne fait qu’ajouter un peu de grain à ce moulin bien tourmenté que sont ses pensées. À dire vrai, il serait plus enclin à s’allonger sous la table et fermer les yeux pour dormir…
Manquant de prudence, il laisse échapper l’information selon laquelle il se serait passé quelque chose entre Peter et lui - ce qui n’est nullement le cas. Mais une oreille pervertie pourrait le prendre de cette façon. Cherchant à tout prix à se dédouaner des problèmes qui ne vont pas tarder à lui exploser à la figure, Maximilien en dévoile peut-être un peu trop au concierge et avec un peu d’attention, il aurait remarqué que ce dernier n’est, en fin de compte, au courant de rien. Mais la fatigue, le froid et l’impuissance font que le jugement du français est troublé. Ajoutons à cela le charisme de Nathanael, dont le calme olympien laisse à suggérer qu’il est, en effet, au courant de tout ce qui s’est passé dernièrement dans sa vie. Angoissant pour un esprit aussi tourmenté que Maximilien.
Pourtant, ce dernier a un sursaut de conscience alors qu’il s’apprête à révéler des informations compromettantes à l’homme face à lui. Sa bouche s’ouvre pour se refermer aussitôt, comme s’il était rappelé à la réalité. Au doute. Il est presque soulagé de s’être empêché d’en dire trop…
“Je ne suis pas certain que l’on parle de la même chose, toi et moi… De quel Peter parles-tu ? Parce qu’il y en a sûrement plus d’un dans tout Hungcalf !” Le français tente, tant bien que mal, de réparer sa bêtise mais il lui faudra bien plus d’effort pour cela. Prendre l’excuse de la multiplicité du prénom ne tiendra pas longtemps, il en est bien conscient. Et par la force des choses, il en vient lui-même à envisager que ce ne soit pas Drummond auquel le concierge fait allusion. Mais dans ce cas-là comme dans l’autre, comment peut-il être au courant ? Pour son frère ? Là encore, Maximilien a sa petite idée sur la question, ignorant qu’il est à des lieux de la vérité. Summer aussi n’aura pas su tenir sa langue mais ce ne serait pas une surprise pour le Summerbee, qui n’a de toute évidence jamais eu confiance en elle après cet incident. Persuadé qu’elle finirait par cracher le morceau de sa petite torture psychique envers l’étudiant. Il est possible qu’elle ait tout raconté Nathanael qui aurait tout aussi bien pu être au courant de sa condition magique bien avant de l’avoir pris en flagrant délit dans la forêt. Et de la même manière, Summer aurait pu lui raconter son petit délire concernant son frère décédé, Peter. Oui, trop de Peter dans sa vie pour qu’il n’en ressorte pas complètement fou.
Le français retient un soupir de soulagement tandis que le serveur revient à leur table avec leurs commandes. L’odeur si caractéristique des pancakes mêlée à celle du sirop d’érable lui ouvre soudainement un appétit qu’il ne pensait pas avoir. Remerciant l’homme d’un signe de tête, il passe aussitôt ses mains autour de la tasse pour les réchauffer, portant ensuite le breuvage à ses narines. L’odeur est plaisante, un soupçon d’épices venant chatouiller ses sens.
“Pourquoi tout cela t’intéresse-t-il, de toute façon ?” Demande le Summerbee, jouant désormais avec sa fourchette entre ses doigts. Simple curiosité de la part de Nathanael ? Ou y a-t-il plus que cela ?
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Jeu 10 Déc 2020 - 16:17
D’abord, ses yeux s’étaient figés. Puis, tout son corps avait semblé s’agiter de lui-même, usant et répétant de tout cet enchaînement apeuré dont témoignait ceux que l’on venait de pousser dans une zone inconfortable. De légères crispations au bout des doigts, une tension malmenant les muscles de ses épaules, des lèvres tantôt pincées trop fortement, tantôt cherchant à articuler un peu trop vite des questions qui livraient en définitive beaucoup de réponses impromptues. L’étudiant avait réagi de la même façon que l’on trébuchait sur la première marche d’un escalier, par mauvais calcul : un moment de flottement, un sursaut inutile afin de se raccrocher à la rambarde, puis la dégringolade jusqu’en bas. Tour à tour, Nathanael regarda sa bouche amorcer une ouverture, butter sur les mots, trébucher sur ses incertitudes, puis se refermer.
« Je ne suis pas certain que l’on parle de la même chose, toi et moi… » balbutia finalement maladroitement l’animagus.
Nathanael se cala mieux dans sa chaise, faisant rouler ses épaules contre le bois. Sa main entreprit de faire tournoyer sa boisson dans sa prison de cristal tandis qu’il fixait avec douceur son vis à vis. Il s’enfonçait dans ses explications, ouvrant des portes auxquelles Nathanael n’avait jusqu’alors que vaguement entrevu la possibilité. Et à peine avait-il ouvert l’une d’entre elles, un prénom surpris au détour d’une soirée étouffante en août dernier, que l’étudiant lui en suggérait une autre. Intéressant.
« De quel Peter parles-tu ? Parce qu’il y en a sûrement plus d’un dans tout Hungcalf. » énonça l’animagus.
Ils étaient comme deux joueurs aux cartes, refusant de dévoiler leur main. Nathanael garda ses lèvres closes, amorçant un autre mouvement du poignet, machinalement. La boisson embrassa les parois du verre, glissant paresseusement pour faire briller la couleur mielleuse de sa robe. Mais Nael ne vit ça que d’un œil, son attention toute entière fixée sur celui qui lui faisait face. Il avait presque quelque chose d’attendrissant, à se crisper ainsi sur sa chaise tout en essayant de marcher sur des œufs sans savoir s’il devait être prudent ou non, s’il pouvait bluffer ou pas. Alors il était là, lui servant des évidences si... évidentes ! Jouant avec les mots et profitant de l’absence des détails pour se défiler, ou en tout cas gagner un peu de répit.
Le silence semblait être la clé ouvrant le plus de serrures, tant le jeune homme faisait preuve de maladresses sans avoir réellement besoin de s’y appliquer. Néanmoins, et parce qu’il y avait quelque chose de sensiblement touchant dans ce visage à la lèvre tremblotante, Nathanael s’éclaircit doucement la gorge avant de lui répondre d’une voix pleine d’une certitudes dont il ignorait pourtant encore l’exactitude :
« De celui qui te trouble le plus. A moins que tous les Peter de l’Université provoquent en toi… il chercha, goûta le mot le plus adéquat pour sous-entendre suffisamment sans en dévoiler trop, puis conclut avec l’ombre d’un sourire sur les lèvres : Ce genre d’émotions ? »
Il n’était pas certain qu’il s’agissait d’un duo, mais puisque les probabilités avaient toujours été d’une grande utilité lorsqu’il était question de parier, Nathanael avait opté invraisemblablement pour de deux homonymes. C’était une théorie ne reposant sur pas grand chose, mais au petit jeu des devinettes, le concierge avait toujours été doué pour suggérer puis rebondir doucement. Il n’arrachait pas les informations de manière abrupte : il se contentait en général d’arrondir les angles afin que la conversation prenne les courbes les plus adéquates, négociant habilement les virages en mêlant ostensiblement information avérée et hypothèses les plus évasives possibles, laissant l’autre bâtir un chemin qu’il faisait semblant de dominer. L’idée n’était pas de forcer, mais d’organiser la réflexion, d’éviter les murs et, au besoin, d’aider à les abattre. Mais c’était l’étudiant seul qui déterminait la direction, et tout comme l’eau d’une rivière finissait toujours par rejoindre son océan, Nathanael était intimement persuadé que le fil de la discussion finirait par les mener vers la source de tous les maux étudiants.
« Pourquoi tout cela t’intéresse-t-il, de toute façon ? »
Surpris, il haussa d’abord des sourcils, puis enfin, dévia son regard de l’étudiant pour observer le trouble inconnu. Quoi que sachant cette question formulée pour détourner l’attention d’un protagoniste à l’autre, il s’y pencha sérieusement, comme à chaque fois.
C’était presque une question philosophique. Parce qu’à priori, ils étaient des inconnus et n’avaient aucune attache émotionnelle : la réponse ne pouvait donc pas être spécifique. Ou bien y avait-il corrélation ? Brusquement, le concierge jeta à nouveau son dévolu sur le jeune homme, le toisant avec une expression qui paraissait voir à travers les choses et les gens. Il chercha dans cette allure masculine ce qui avait bien pu l’intriguer, si c’était simplement parce qu’il était beau, ou parce qu’il y avait eu une mièvre identification entre la jeunesse mélancolique du concierge et celle, plus mélancolique encore, de l’étudiant qui en marchant dans les pas de l’aîné avait attiré son involontaire sympathie.
Dans la réflexion, ses épais sourcils se froncèrent, puis il revint à la contemplation oisive de la cheminée, le reflet des flammes dansant sur ses pupilles sans lumière. Le facteur de la sensibilité n’était pas à négliger et comprenait probablement toutes les subtilités de son intérêt. Mais il y avait aussi autre chose : la volonté d’agir lorsqu’il en avait les moyens. En contradiction parfaite avec les principes religieux, Nathanael ne supportait pas la passivité, ni l’idée de laisser son destin aux mains de la fatalité. Il savait faire la distinction entre, comme le disait cette expression mystérieuse, ses oignons et ceux des autres, et évitait de se mêler à absolument tout ce qui souffrait d’inertie. Mais il n’était pas de ceux qui détournaient les yeux. Si son caractère et sa prudence lui suggéraient d’agir, il le faisait, et il l’avait fait, et continuait à le faire…
« Parce que tu me laisses faire. Finit-il par répondre après un silence modéré. Cela lui parut néanmoins être une conclusion passive à ses réflexions, suggérant qu’il était là part défaut. Tu me laisses m’intéresser à toi, orna-t-il son propos en ramenant doucement son regard vers l’étudiant. Et je n’ai pas envie de te laisser tout seul quelqu’un qui a besoin de compagnie, dit-il avec un ton suffisamment égal pour se défendre de toute prétention. En parlant d’intérêt, tu t’appelles comment ? Pas Peter, j’espère. »
« Je ne suis pas certain que l’on parle de la même chose, toi et moi… » balbutia finalement maladroitement l’animagus.
Nathanael se cala mieux dans sa chaise, faisant rouler ses épaules contre le bois. Sa main entreprit de faire tournoyer sa boisson dans sa prison de cristal tandis qu’il fixait avec douceur son vis à vis. Il s’enfonçait dans ses explications, ouvrant des portes auxquelles Nathanael n’avait jusqu’alors que vaguement entrevu la possibilité. Et à peine avait-il ouvert l’une d’entre elles, un prénom surpris au détour d’une soirée étouffante en août dernier, que l’étudiant lui en suggérait une autre. Intéressant.
« De quel Peter parles-tu ? Parce qu’il y en a sûrement plus d’un dans tout Hungcalf. » énonça l’animagus.
Ils étaient comme deux joueurs aux cartes, refusant de dévoiler leur main. Nathanael garda ses lèvres closes, amorçant un autre mouvement du poignet, machinalement. La boisson embrassa les parois du verre, glissant paresseusement pour faire briller la couleur mielleuse de sa robe. Mais Nael ne vit ça que d’un œil, son attention toute entière fixée sur celui qui lui faisait face. Il avait presque quelque chose d’attendrissant, à se crisper ainsi sur sa chaise tout en essayant de marcher sur des œufs sans savoir s’il devait être prudent ou non, s’il pouvait bluffer ou pas. Alors il était là, lui servant des évidences si... évidentes ! Jouant avec les mots et profitant de l’absence des détails pour se défiler, ou en tout cas gagner un peu de répit.
Le silence semblait être la clé ouvrant le plus de serrures, tant le jeune homme faisait preuve de maladresses sans avoir réellement besoin de s’y appliquer. Néanmoins, et parce qu’il y avait quelque chose de sensiblement touchant dans ce visage à la lèvre tremblotante, Nathanael s’éclaircit doucement la gorge avant de lui répondre d’une voix pleine d’une certitudes dont il ignorait pourtant encore l’exactitude :
« De celui qui te trouble le plus. A moins que tous les Peter de l’Université provoquent en toi… il chercha, goûta le mot le plus adéquat pour sous-entendre suffisamment sans en dévoiler trop, puis conclut avec l’ombre d’un sourire sur les lèvres : Ce genre d’émotions ? »
Il n’était pas certain qu’il s’agissait d’un duo, mais puisque les probabilités avaient toujours été d’une grande utilité lorsqu’il était question de parier, Nathanael avait opté invraisemblablement pour de deux homonymes. C’était une théorie ne reposant sur pas grand chose, mais au petit jeu des devinettes, le concierge avait toujours été doué pour suggérer puis rebondir doucement. Il n’arrachait pas les informations de manière abrupte : il se contentait en général d’arrondir les angles afin que la conversation prenne les courbes les plus adéquates, négociant habilement les virages en mêlant ostensiblement information avérée et hypothèses les plus évasives possibles, laissant l’autre bâtir un chemin qu’il faisait semblant de dominer. L’idée n’était pas de forcer, mais d’organiser la réflexion, d’éviter les murs et, au besoin, d’aider à les abattre. Mais c’était l’étudiant seul qui déterminait la direction, et tout comme l’eau d’une rivière finissait toujours par rejoindre son océan, Nathanael était intimement persuadé que le fil de la discussion finirait par les mener vers la source de tous les maux étudiants.
« Pourquoi tout cela t’intéresse-t-il, de toute façon ? »
Surpris, il haussa d’abord des sourcils, puis enfin, dévia son regard de l’étudiant pour observer le trouble inconnu. Quoi que sachant cette question formulée pour détourner l’attention d’un protagoniste à l’autre, il s’y pencha sérieusement, comme à chaque fois.
C’était presque une question philosophique. Parce qu’à priori, ils étaient des inconnus et n’avaient aucune attache émotionnelle : la réponse ne pouvait donc pas être spécifique. Ou bien y avait-il corrélation ? Brusquement, le concierge jeta à nouveau son dévolu sur le jeune homme, le toisant avec une expression qui paraissait voir à travers les choses et les gens. Il chercha dans cette allure masculine ce qui avait bien pu l’intriguer, si c’était simplement parce qu’il était beau, ou parce qu’il y avait eu une mièvre identification entre la jeunesse mélancolique du concierge et celle, plus mélancolique encore, de l’étudiant qui en marchant dans les pas de l’aîné avait attiré son involontaire sympathie.
Dans la réflexion, ses épais sourcils se froncèrent, puis il revint à la contemplation oisive de la cheminée, le reflet des flammes dansant sur ses pupilles sans lumière. Le facteur de la sensibilité n’était pas à négliger et comprenait probablement toutes les subtilités de son intérêt. Mais il y avait aussi autre chose : la volonté d’agir lorsqu’il en avait les moyens. En contradiction parfaite avec les principes religieux, Nathanael ne supportait pas la passivité, ni l’idée de laisser son destin aux mains de la fatalité. Il savait faire la distinction entre, comme le disait cette expression mystérieuse, ses oignons et ceux des autres, et évitait de se mêler à absolument tout ce qui souffrait d’inertie. Mais il n’était pas de ceux qui détournaient les yeux. Si son caractère et sa prudence lui suggéraient d’agir, il le faisait, et il l’avait fait, et continuait à le faire…
« Parce que tu me laisses faire. Finit-il par répondre après un silence modéré. Cela lui parut néanmoins être une conclusion passive à ses réflexions, suggérant qu’il était là part défaut. Tu me laisses m’intéresser à toi, orna-t-il son propos en ramenant doucement son regard vers l’étudiant. Et je n’ai pas envie de te laisser tout seul quelqu’un qui a besoin de compagnie, dit-il avec un ton suffisamment égal pour se défendre de toute prétention. En parlant d’intérêt, tu t’appelles comment ? Pas Peter, j’espère. »
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 8292
Inventaire Sorcier
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Sam 12 Déc 2020 - 15:14
Night Vision ft. @Nathanael CohenImpossible de réparer les pots cassés désormais, Maximilien en a bien conscience. Il ne sait pas si c’est la fatigue qui lui fait dire tant de bêtises ou s’il est naturellement imprudent. La situation n’est clairement pas en sa faveur et tout chez Nathanel, jusqu’à son silence, lui cause un grand stress. Il ne parvient pas à déceler ce que ce dernier pense, ressent ou s’il n’est pas en train de le juger injustement. Mais pire encore, le français vient de mettre sur le tapis deux informations qu’il aurait préféré garder secrète… Du moins, c’est ce dont il se convainc. Est-ce que toutes ces erreurs ne résulteraient pas d’une envie sous-jacente de s’épancher sur ses problèmes personnels auprès d’un total inconnu ? Il tente néanmoins de se rattraper, bien que très maladroitement.
Maximilien reste stoïque face aux propos du concierge, qui soulèvent pourtant certaines questions. Il n’a jamais envisagé le fait qu’il puisse être plus chamboulé par le Drummond que par son propre frère, dont le décès hante encore ses nuits. Quant à répondre à cette question, il se trouve sans voix. Il serait pourtant bon de savoir lequel des Peter lui provoque le plus de chamboulement. Il aurait tendance à donner l’avantage à son aîné, de part la brutalité de sa disparition… mais ce serait donner trop peu d’importance à ce mélange de sentiments qui grandit en lui depuis quelques semaines. Sauf que Maximilien ne souhaite donner aucun crédit à ces émotions perturbantes. Il se trouve donc tout bonnement dans l’incapacité de répondre à cette question et en contrepartie, s’enquiert des intentions de Nathanel à son sujet. Ce dernier fait preuve d’un grand intérêt à son égard, qu’il trouve injustifié. Ou dont, justement, il ne comprend pas le sens. Qu’a-t-il réellement à gagner à rester en sa compagnie ? À connaître de tels aspects de son intimité ? Il pourrait envisager qu’il s’agisse d’un espion de son grand-père, s’il n’était pas trop naïf pour ça. Ce ne serait pourtant pas une pratique inhabituelle chez le doyen Leroy.
Le concierge prend son temps pour répondre, contemplant les flammes du foyer avant de revenir à lui. Patient, Maximilien s’abstient de toute réflexion, se contentant de l’observer à son tour. Peut-être aurait-il préféré qu’il en demeure ainsi, car l’affirmation de Nathanael ne manque pas de l’offusquer… avant qu’il ne comprenne qu’elle n’est que pure vérité. Il l’a laissé faire, il le laisse encore, incapable de comprendre pourquoi il en est ainsi. L’idée vient à germer qu’il est probablement intrigué par l’intérêt qu’on peut avoir à son égard. Nul besoin de spécifier à voix haute que Maximilien ne s’est jamais trouvé digne d’intérêt et que ce dont fait preuve l’homme depuis leur rencontre ne manque pas de l’intriguer à son tour. Il n’est pas certain que ce dernier puisse trouver ce qu’il recherche en le français…
Le Summerbee en vient à se demander si tout son être ne crie pas le besoin d’attention, si l’on se réfère aux propos de Nathanael. Il n’a pas la sensation de transpirer le mal-être et, pourtant, celui-ci lui fait clairement savoir que c’est la raison de sa présence ici. A-t-il réellement besoin de cette compagnie, lui qui s’est habitué à faire face à ses réflexions, seul ? Et qu’est-ce que cet homme peut bien lui apporter qu’un autre ne ferait pas ? Maximilien ne quitte pas son regard, cherchant une réponse dans ses prunelles foncées. Un léger sourire, presque imperceptible, vient hausser le rebord de sa lèvre à la tentative d’humour de son compagnon de table.
“Maximilien. Toi ?” Même s’il estime que ce retour de question n’est pas nécessaire, supposant que Nathanael l’aurait fait quoi qu’il en soit. Par politesse, sûrement, ou simple réciprocité. “Peut-être ai-je besoin de compagnie, oui. Je ne me suis jamais posé la question.” Le jeune homme hausse doucement les épaules avant de prendre sa fourchette. Se découpant quelques morceaux de pancakes, il les met à sa bouche et en savoure les saveurs sur son palais. La douceur le réconforte, alliée à la chaleur émanant de sa tasse de thé. Il se fait la réflexion, un court instant, qu’il n’est jamais venu dans cet endroit auparavant et qu’il y a de fortes chances qu’il y revienne dans le futur. Au moins pour ses pancakes vraiment moelleux !
“Tu ne te dis pas que tu en cherches peut-être aussi ? Un genre de… donnant-donnant. Ce qui t’aurait poussé à faire tout ça.” Aurait-il pu voir chez Maximilien ce qui lui manque également ? Le français observe de nouveau son compagnon un peu plus en détail, prenant une gorgée de sa boisson. Son corps est désormais réchauffé et il se sent un peu plus à l’aise dans ses vêtements. Peut-être reprend-il même quelques couleurs… “Tu travailles à Inverness ?” L’homme lui semble bien trop mature pour être un étudiant mais les apparences sont souvent trompeuses, il s’attend donc à recevoir une négation en guise de réponse. Après tout, il n’y a pas d’âge pour étudier, n’est-ce pas ?
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Lun 15 Fév 2021 - 17:22
Pourquoi tout cela t’intéresse-t-il, de toute façon ?... La question l’avait véritablement trahi. Aussi longuement que lascivement, Nathanael songea à cet élan de méfiance qui hérissait d’habitude les natures peu confiantes. Certains cherchaient l’attention sans pudeur, mais avec une monstrueuse prétention décomplexée, s’offrant à un bain de curiosité et d’admiration comme à un rayon de soleil ou au souffle de la mer, en acceptant la caresse doucereuse tel un baume imputable à la qualité de leur âme. Pour eux, la question n’était pas de questionner la présence, mais de se plaindre de l’absence. Le jeune homme avait lui, eu ce brusque mouvement de repli, une sorte de découragement, comme s’il ne savait dire de lui-même ce qui en sa personne pouvait gagner l’attention si patiente et concentrée d’un inconnu. Nathanael avisa, par de brefs regards glissant, celui qui doutait plus de lui-même que des autres, jugeant peut-être que quelque chose en lui ne méritait pas ce désintéressement, et que l’intérêt qui lui était porté se voilait d’un mauvais mensonge, d’une trahison. Il ne devait pas avoir l’habitude d’être aimé pour soupçonner autant sa propre valeur.
Il regarda à nouveau le feu, se prêtant plus facilement à l’hypnose d’une agitation langoureuse plutôt qu’à un vide vertigineux. Ici, au milieu de cette jaune et haletante impétuosité, il se dit spontanément qu’un trouble pareil ne pouvait être la réplique que d’un profond désabusement, né de la mort ou de l’amour. Lorsqu’on perdait celui pour qui on se sentait enfin suffisant, ou lorsqu’on rencontrait celui pour qui on pensait ne pas être assez. Ce soir encore, le jeune homme paraissait ne pas être assez ; pas assez intéressant, captivant ou séduisant. Pas assez pour les autres, mais pas assez pour soi-même surtout. Que voyait-il donc de lui-même pour déjà se défendre de s’estimer si peu ?
« Maximilien. Toi ? demanda-t-il avec une brusquerie qui hésitait à abandonner sa vigilance.
- Max, Max… goûta-t-il le prénom du bout des lèvres en murmurant, puis répondit : Nathanael » sans moduler le ton d’une voix naturellement torpide.
Ils auraient peut-être pu continuer à exister ainsi sans identité jusqu’à la fin de la soirée, mais seul ce prénom eut le don d’ancrer son être et de lui rendre son individualité.
Le bredouillement incertain de Maximilien le laissa passablement satisfait, abandonnant là les questionnements sur la légitimité de leur présence respective en ces lieux, la motivation de leur intérêt, ou en tout cas l’incertitude d’être parfaitement écouté. Peut-être n’était-il pas tout à fait convaincu, mais au moins lui laissait-il le bénéfice du doute… le bénéfice d’être également là par carence :
« Tu ne te dis pas que tu en cherches peut-être aussi ? Un genre de… donnant-donnant. Ce qui t’aurait poussé à faire tout ça. »
Nathanael le toisa, attentif, le sérieux de son caractère souligné par l’ombrage de ses sourcils singulièrement froncés, effilés et assez lourds pour mordre la courbe de ses cils. La question méritait son uniquement considération ; ce qu’il fit en se plongeant à nouveau dans les flammes.
Il se voulait méticuleusement solitaire, plus ou moins lucide sur une condition qui était le fruit d’un probable choix forcé, d’une commodité un peu amère. Il aurait voulu être plus sociable, éprouver moins de colère, être plus à l’aise et moins humilié ou vexé. Mais par la force des choses, il était aujourd’hui retranché dans une forme de misanthropie maladroite. Et c’était entièrement sa faute. Que ce fut une trop grande émotivité vis à vis des moqueries, ou une incapacité à comprendre ou à communiquer avec les autres, Nathanael savait seulement qu’il échouait souvent là où les autres réussissaient avec élégance. Tout sa vie, il avait eu l’impression d’être derrière une fenêtre, sans savoir comment passer de l’autre côté ; ce côté où tout semblait sans efforts. Le fait d’avoir sauté des classes et de s’être retrouvé avec deux ans de décalage avec les autres n’avait fait qu’épaissir le verre.
Pourtant la biologie était là pour le contredire, car le prix à payer pour l’énorme capacité corticale de l’espère humaine était une dépendance accrue au contact humain. L’homme avait le temps de maturation le plus long du règne terrestre : entre seize à dix-huit ans, pendant lesquels le lien avec la mère demeurait aussi étroit qu’avec la nécessité d’une communauté, seule capable de forger un esprit humain dans la coopération. Alors, il aurait été prétentieux de sous-tendre qu’il ne cherchait pas ce qui pourtant paraissait le repousser. Que toute cette colère n’avait pas créé un profond besoin de se faire un jour entendre. Sa solitude choisie avait pendant un temps conservé son sens, la force d’une décision personnelle. Mais jamais rien dans cette solitude n’avait véritablement contribué à le rendre plus heureux. Parfois, il avait conscience d’être jaloux, et de vouloir punir ceux qui possédaient cette habilité à être normal, et que tout ce temps passé dans les sciences était un temps qu’il aurait pu consacrer à créer une famille, à avoir des amis…
« Si. J’en cherche. Tout le temps, dit-il avec son honnêteté naturelle, irréfléchie. Mais ça n’a rien avoir avec ce qui m’a poussé à faire ça, conclut-il finalement, avant de murmurer : A moins qu’aider les autres revienne à s’aider soi-même... »
Là, il se tut pendant un long moment, manifestement plongé dans la réflexion substantielle qu’avait induit l’innocente question de l’étudiant. Cette quête-là, celle de la sociabilité, était quelque chose qu’il avait intériorisé, sans toujours formuler ce besoin, preuve d’un désir indissociable de la condition humaine.
« Tu travailles à Iverness ?
- A l’Université, répondit-il brièvement, regardant soudain l’étudiant non plus comme une personne, mais comme le but potentiel de sa propre ambition. Concierge, puis il enchaîna, sans interlude ni liaison, dissuasivement honnête : Je ne peux pas te dire que je suis là parce que je t’apprécie personnellement, si c’est ce que tu veux entendre. D’une part parce qu’on ne se connaît pas, puis parce que tu ne me croirais de toute façon pas. »
Puis sans prévenir, avançant déjà son verre à sa bouche avant de boire, il marmonna :
« Baroukh ata A-donaï E-lohénou Melekh haolam boré peri ha-guéfène*, observant la tradition séculaire de bénir tout ce qui était consommé. Quoi que puisse valoir cette assurance, je ne suis pas là pour te faire du mal. Je ne crois pas non plus être là par orgueil. Mais ça ne m’étonne pas que tu aies du mal avec tes transformations et avec Peter vu comme tu doutes de toi » lâcha-t-il, nature peinture.
* prière en hébreu pour bénir l’alcool
@Maximilien Leroy Pardon pour le délai
Il regarda à nouveau le feu, se prêtant plus facilement à l’hypnose d’une agitation langoureuse plutôt qu’à un vide vertigineux. Ici, au milieu de cette jaune et haletante impétuosité, il se dit spontanément qu’un trouble pareil ne pouvait être la réplique que d’un profond désabusement, né de la mort ou de l’amour. Lorsqu’on perdait celui pour qui on se sentait enfin suffisant, ou lorsqu’on rencontrait celui pour qui on pensait ne pas être assez. Ce soir encore, le jeune homme paraissait ne pas être assez ; pas assez intéressant, captivant ou séduisant. Pas assez pour les autres, mais pas assez pour soi-même surtout. Que voyait-il donc de lui-même pour déjà se défendre de s’estimer si peu ?
« Maximilien. Toi ? demanda-t-il avec une brusquerie qui hésitait à abandonner sa vigilance.
- Max, Max… goûta-t-il le prénom du bout des lèvres en murmurant, puis répondit : Nathanael » sans moduler le ton d’une voix naturellement torpide.
Ils auraient peut-être pu continuer à exister ainsi sans identité jusqu’à la fin de la soirée, mais seul ce prénom eut le don d’ancrer son être et de lui rendre son individualité.
Le bredouillement incertain de Maximilien le laissa passablement satisfait, abandonnant là les questionnements sur la légitimité de leur présence respective en ces lieux, la motivation de leur intérêt, ou en tout cas l’incertitude d’être parfaitement écouté. Peut-être n’était-il pas tout à fait convaincu, mais au moins lui laissait-il le bénéfice du doute… le bénéfice d’être également là par carence :
« Tu ne te dis pas que tu en cherches peut-être aussi ? Un genre de… donnant-donnant. Ce qui t’aurait poussé à faire tout ça. »
Nathanael le toisa, attentif, le sérieux de son caractère souligné par l’ombrage de ses sourcils singulièrement froncés, effilés et assez lourds pour mordre la courbe de ses cils. La question méritait son uniquement considération ; ce qu’il fit en se plongeant à nouveau dans les flammes.
Il se voulait méticuleusement solitaire, plus ou moins lucide sur une condition qui était le fruit d’un probable choix forcé, d’une commodité un peu amère. Il aurait voulu être plus sociable, éprouver moins de colère, être plus à l’aise et moins humilié ou vexé. Mais par la force des choses, il était aujourd’hui retranché dans une forme de misanthropie maladroite. Et c’était entièrement sa faute. Que ce fut une trop grande émotivité vis à vis des moqueries, ou une incapacité à comprendre ou à communiquer avec les autres, Nathanael savait seulement qu’il échouait souvent là où les autres réussissaient avec élégance. Tout sa vie, il avait eu l’impression d’être derrière une fenêtre, sans savoir comment passer de l’autre côté ; ce côté où tout semblait sans efforts. Le fait d’avoir sauté des classes et de s’être retrouvé avec deux ans de décalage avec les autres n’avait fait qu’épaissir le verre.
Pourtant la biologie était là pour le contredire, car le prix à payer pour l’énorme capacité corticale de l’espère humaine était une dépendance accrue au contact humain. L’homme avait le temps de maturation le plus long du règne terrestre : entre seize à dix-huit ans, pendant lesquels le lien avec la mère demeurait aussi étroit qu’avec la nécessité d’une communauté, seule capable de forger un esprit humain dans la coopération. Alors, il aurait été prétentieux de sous-tendre qu’il ne cherchait pas ce qui pourtant paraissait le repousser. Que toute cette colère n’avait pas créé un profond besoin de se faire un jour entendre. Sa solitude choisie avait pendant un temps conservé son sens, la force d’une décision personnelle. Mais jamais rien dans cette solitude n’avait véritablement contribué à le rendre plus heureux. Parfois, il avait conscience d’être jaloux, et de vouloir punir ceux qui possédaient cette habilité à être normal, et que tout ce temps passé dans les sciences était un temps qu’il aurait pu consacrer à créer une famille, à avoir des amis…
« Si. J’en cherche. Tout le temps, dit-il avec son honnêteté naturelle, irréfléchie. Mais ça n’a rien avoir avec ce qui m’a poussé à faire ça, conclut-il finalement, avant de murmurer : A moins qu’aider les autres revienne à s’aider soi-même... »
Là, il se tut pendant un long moment, manifestement plongé dans la réflexion substantielle qu’avait induit l’innocente question de l’étudiant. Cette quête-là, celle de la sociabilité, était quelque chose qu’il avait intériorisé, sans toujours formuler ce besoin, preuve d’un désir indissociable de la condition humaine.
« Tu travailles à Iverness ?
- A l’Université, répondit-il brièvement, regardant soudain l’étudiant non plus comme une personne, mais comme le but potentiel de sa propre ambition. Concierge, puis il enchaîna, sans interlude ni liaison, dissuasivement honnête : Je ne peux pas te dire que je suis là parce que je t’apprécie personnellement, si c’est ce que tu veux entendre. D’une part parce qu’on ne se connaît pas, puis parce que tu ne me croirais de toute façon pas. »
Puis sans prévenir, avançant déjà son verre à sa bouche avant de boire, il marmonna :
« Baroukh ata A-donaï E-lohénou Melekh haolam boré peri ha-guéfène*, observant la tradition séculaire de bénir tout ce qui était consommé. Quoi que puisse valoir cette assurance, je ne suis pas là pour te faire du mal. Je ne crois pas non plus être là par orgueil. Mais ça ne m’étonne pas que tu aies du mal avec tes transformations et avec Peter vu comme tu doutes de toi » lâcha-t-il, nature peinture.
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Mer 17 Fév 2021 - 16:15
Night Vision ft. @Nathanael CohenMaximilien n’a jamais réfléchi à l’aura qu’il peut dégager malgré lui, persuadé que tout le monde perçoit ce qu’il veut bien laisser voir. Donc, bien sûr, les propos de Nathanael le déstabilisent - comme il sait si bien le faire depuis le début de leur rencontre. L’effet de l’homme sur lui est indéniable et plutôt effrayant. Mais le sorcier tente de ne pas perdre la face, renvoyant ses questions dans une vaine tentative d’équilibrer le rapport de force. Ils en viennent à partager le secret de leur prénom et il se rappelle alors qu’un peu plus tôt, dans la forêt, Nathanel lui a déjà donné son identité. Cependant, ce souvenir semble bien flou et il lui faut réentendre le prénom pour se le remémorer. Cela ne s’arrête pas là et dans un essai de comprendre le but de cette rencontre, il s’interroge sur les motivations du jeune homme qui lui fait face. Car ses actions ont forcément un moteur, n’est-ce pas ? Il est curieux de découvrir lequel et pour cela, s’arme d’une patience qu’il n’a plus. Il le voit réfléchir à sa proposition et se demande si, réellement, Nathanael se remet en question ou si tout cela n’est qu’un effet théâtral de son goût. En attendant, le français réchauffe le bout de ses doigts sur la tasse brûlante avant d’y plonger ses lèvres. Il tente de toutes ses forces d’oublier l’épisode précédent, sachant pertinemment qu’il n’y parviendra jamais. Cet échec cuisant restera à tout jamais gravé dans sa peau, comme les balles qui l’ont transpercé quelques jours plus tôt.
La réponse de Nathanael est particulièrement honnête et cette franchise ne manque pas de le secouer. “N’est-ce pas souvent le cas ?” Maximilien n’est pas fin philosophe, il laisse volontiers cela à son interlocuteur, qui semble bien plus à l’aise sur le sujet qu’il ne le sera jamais. Se débattre avec ses propres émotions lui prend trop de temps pour qu’il se penche véritablement sur celles des autres, jusqu’à les décrypter. Et dans son état actuel, il est bien incapable de se lancer sur un tel sujet philosophique. La simplicité reste son atout majeur et il aimerait que cela reste ainsi. Son cerveau, déjà sur le point d’exploser, ne supportera pas des réflexions plus poussées. Il aimerait juste se reposer.
Maximilien continue donc une conversation un peu plus légère dans le but de connaître un peu mieux Nathanael, cela peu importe où ça les mène. Sûrement nulle part. Des informations lancées dans le vent qui n’auront aucune incidence sur leur vie, possiblement. Il apprend donc qu’il est concierge à l’université et le sorcier se fait la réflexion plutôt commune qu’il n’a jamais réellement fait attention à ce poste. Sûrement aurait-il dû et il s’en veut un peu de ne pas avoir su replacer Nathanael dans ce contexte. Comme s’il se sentait supérieur à lui, alors qu’il n’en est rien.
“Oh non. Quand bien même je savais ce que je veux entendre, je ne pense pas que ce soit ça.” Comme il le souligne si bien, ils ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam, bien qu’ils foulent le même sol depuis un certain temps sûrement. Maximilien n’est pas désespéré au point d’attendre d’un inconnu une telle chose et ne s’offusque donc nullement des propos du concierge. Il l’observe tout en disant cela et fronce légèrement les sourcils en l’entendant marmonner des mots qu’il ne comprend pas. Ils devinent qu’ils ne lui sont pas destinés donc ne relève pas. Ses prochaines paroles le sont, par contre et Maximilien l’écoute avec attention, ne répondant pas tout de suite. Il pourrait se vexer, car que sait vraiment Nathanael de ses problèmes avec Peter, à part ce qu’il a bien voulu laisser échapper ? Il n’est toujours pas certain de savoir duquel Peter ils parlent… C’est dire son niveau de confusion. Si lui-même n’y comprend rien, comment lui le pourrait-il ? Ce n’est pas comme s’il disposait de toutes les informations nécessaires à cette compréhension. Il a pourtant raison sur la conclusion de cette évaluation : Maximilien doute tellement de lui-même qu’il fait vaciller sa vie entière à la moindre contrariété.
“Je ne peux pas dire que tu aies réellement tort. Je serais bien idiot d’affirmer que je ne doute pas de moi. Mais je pense que tout a une cause. Voire plusieurs. Pour les transformations, c’est… compliqué.” Il retient un soupire et adosse son dos à la chaise, mordillant sa lèvre inférieure. Sa main vient trouver l’emplacement de ses anciennes blessures et s’arrête sur son flanc, qu’il gratte quelques secondes. S’il n’est pas forcément prêt à parler de Peter, il ne voit aucun mal à aborder l’autre sujet étant donné les circonstances. Peut-être que Nathanael sera de bon conseil, après tout…
“Le doute s’ajoute au traumatisme, le combo ne fait pas bon ménage, j’imagine. J’ai reçu une balle en plein vol, causant deux blessures dont une mortelle. J’ai bien du mal à maîtriser mon animagus depuis, c’est peu de le dire. Au fond, je pense… que j’ai peur.” C’est la première fois qu’il dit ce mot à voix haute et cette réalisation soudaine semble retirer un poids de ses épaules. Léger, certes, mais l’effet est perceptible.
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
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- InvitéInvité
Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Mer 24 Fév 2021 - 16:57
« […] J’ai bien du mal à maîtriser mon animagus depuis, c’est peu de le dire. Au fond, je pense… que j’ai peur.”
Nathanael s’arrêta sur ce mot, ce sac qui, cousu au traumatisme, prenait la forme de toutes les monstruosités imaginables. Une réincarnation de la chute de Satan du Paradis : lorsque les gens rencontrent quelque chose de véritablement malveillant, cela les brise.
C’était la pire chose qu’on pouvait s’imaginer comprendre : la souffrance et la vulnérabilité étaient une chose, mais rencontrer quelqu’un qui nous souhaitait du mal et était capable de faire tout son possible pour y parvenir était une toute autre catégorie dans le spectre de l’horreur. Particulièrement lorsque cela reflétait en retour quelque chose nous concernant. Quelqu’un lui avait tiré dessus, délibérément, et en tant qu’êtres humains ils partageaient tous deux cette même essence, cette possibilité. Parfois, ironiquement, en être conscient était le remède. Question de naïveté tranquille peut-être, mais la politesse civile était devenue une habitude qui volait soudain en éclat devant le constat de notre immédiate vulnérabilité. Nietzsche disait que si on regardait dans les abysses trop longtemps, les abysses finissaient par nous regarder en retour et de cela, les gens avaient peur. Ils avaient peur d’être victime du chaos. Max avait peur d’être exploité une deuxième fois.
Nathanael l’observa un instant, cherchant à évaluer à quel point la confidence étudiante avait coûté à être avouée. Beaucoup se trompaient sur la valeur réelle des choses : la monnaie au cours le plus élevé était celle de l’orgueil, d’autant plus si elle était frappée du sceau de la vulnérabilité. L’addition était bien plus salée, parce qu’elle ouvrait une possible dette difficile à effacer : lorsque l’on avouait ses peurs et ses faiblesses, on avouait avoir échoué et être devenu la victime de circonstances qui nous dépassaient. Même la mythologie égyptienne y faisait référence : lorsqu’on rencontrait Seth, maître de la confusion et donc du mal, même si on était un Dieu, on perdait un œil, puis on tombait dans les bas-fonds, dans le monde sous-terrain.
« Tu as raison d’avoir peur. » répondit-il avec une certaine gravité, puis il hésita à continuer.
Car quand bien même avait-il raison d’avoir peur, il avait tort de s’en trouver paralysé.
C’était ce qui arrivait aux agoraphobes. Des individus, protégés toute leur vie, se heurtaient à quelque chose dont aucune autorité ne pouvait leur apporter protection, même pas leur propre naïveté. Cette angoisse contre l’inéluctable développait une anxiété qui elle-même développait des palpitations qui elles-mêmes développaient la crainte de la mort : mon coeur bat trop vite, je vais mourir, et non seulement je vais mourir, mais je vais mourir devant tout le monde et me taper la honte. C’était ainsi que, petit-à-petit, des gens évitaient tous les endroits où ils avaient déjà ressenti de l’angoisse, jusqu’à ne plus sortir du tout, jusqu’à rester là où il n’y avait aucun danger, jusqu’à se cloîtrer dans sa maison. Mais il n’y avait aucun endroit sans danger et avoir l’impression du contraire était un don trompeur de la culture.
Il y avait longtemps, dans le restaurant, Max avait failli se transformer, mais avait déjà échoué, peut-être parce qu’il s’était senti vulnérable et depuis l’accident, l’oiseau était comme une métaphore de sa fragilité. Un fragilité que le jeune homme reléguait à l’animal qu’il ne parvenait plus, ou ne voulait plus devenir… un animal qui était devenu le reflet de sa naïveté, et de toutes les conséquences que cela avait peu avoir dans sa vie. Par naïveté et vulnérabilité, Nathanael s’était longtemps soumis à l’autorité de son père sans jamais le contredire parce que la fragilité de son caractère ne s’était pas sentie capable de s’opposer, et donc de risquer de perdre cette figure d’autorité, cette figure qui « savait tout ». Mais personne ne savait tout, et peut-être qu’en ce qui le concernait, personne ne savait mieux que lui-même. Ce qui était particulièrement effrayant, because what the hell do I know… ?
Ses yeux s’égarèrent un instant sur cette main, que Maximilien venait de poser sur son thorax. Étrange, comme les gens appuyaient toujours sur leurs cicatrices alors que celles-ci ne faisaient jamais aussi mal que les blessures que l’on cultivait dans la tête. Mais jamais personne ne se touchait le crâne, pourtant source de cette réminiscence qui, elle, ne disparaissait jamais totalement.
«Tu devrais peut-être arrêter d’essayer de te transformer dans des endroits où tu t’es déjà senti en danger ou dans des endroits où tu risques d’être en danger. Comme dans une forêt ou… un restaurant, hasarda-t-il en invoquant ce souvenir qui, peut-être, allait enfin les relier plus solidement dans le temps, quand bien même n’avait-il été jadis qu’un simple observateur. Tu devrais plutôt essayer tes transformations dans un endroit où tu te sens bien, en sécurité. Avec quelqu’un en qui tu as confiance. Parce que tant que tu considéreras que l’animal fait partie du problème, tu ne pourras pas te transformer. Le problème, c’est toi... Mais tu es capable d’être bien plus que ça. Beaucoup plus. »
Le regard plongé dans les flammes, Nathanael pinça ses lèvres déjà suffisamment fines, légèrement surpris par la tournure qu’avait soudain pris la discussion. Lui, qui avait pourtant misé sur le siphon de Freud pour tenter d’alléger la conscience de Maximilien, se retrouvait à penser à la Mort, à la Vulnérabilité et à la Tragédie de la vie humaine, à la façon dont la Vertu trouvait son Vice.
« T’as survécu. C’est précieux » dit-il avec une sorte de tendresse dans la voix, non pas tant envers un danger écarté, mais pour toutes les possibilités que cela déployait devant l’étudiant.
Un potentiel d’apprendre, de se surprendre, de lâcher prise peut-être, de voir au-delà de ce à quoi il avait survécu. Et peut-être qu’en affrontant cette peur-là allait-il finir par affronter toutes les autres, celles qui gangrenaient sa vie.
« Es-tu sûr cependant que c’est la raison pour laquelle tu n’y parviens plus ? Demanda-t-il, puis, en posant son verre sur la table, il entremêla ses doigts et expliqua : La peur que tu ressens maintenant est parfaitement tangible, tu peux l’associer a une blessure, à un balle, mais il est possible qu’elle en cache une autre, plus abstraite. La première cache la seconde, tout en l’amplifiant, parce que c’est elle qui est à l’origine de tout. Tu as peut-être peur de mourir… ou tu as peut-être peur de ne pas avoir accompli tout ce que tu voulais avant de mourir. Peut-être as-tu peur d’être blessé ? Ou peut-être te rends-tu compte à quel point tu peux être facilement blessé… Peut-être que ton incapacité à te transformer n’est pas le vrai problème. »
Le concierge se tut, involontairement guidé par les bribes de ce qu’il était parvenu à récolter, songeant à ce qu’il avait entendu, sans pouvoir se retenir d’y tisser une cause car, après tout, la première fois qu’il avait vu l’animal dans le regard de l’étudiant, ce fut également la fois où ce nom fut évoqué.
« J’avoue, je ne connais pas Peter. J’ai juste entendu ce prénom et j’ai compris qu’il avait de l’importance pour toi. Quelle que soit la ou les personnes dernière… Excuse-moi, je suis un aficionado de la randonnée et je me retrouve souvent sur le territoire souverain où les oignons ne sont pas les miens. Pas que tu sois un oignon, ni que tu en fasses pousser, d’ailleurs. Je ne suis moi-même pas très porté sur l’agriculture… bref, s’emmêla-t-il comme à son habitude dans des expressions qui dépassaient son degré habituel de compréhension. Je suis content que tu aies tout de même bien voulu partager tes oignons avec moi. Ca ne m’arrive pas souvent. »
@Maximilien Leroy
Nathanael s’arrêta sur ce mot, ce sac qui, cousu au traumatisme, prenait la forme de toutes les monstruosités imaginables. Une réincarnation de la chute de Satan du Paradis : lorsque les gens rencontrent quelque chose de véritablement malveillant, cela les brise.
C’était la pire chose qu’on pouvait s’imaginer comprendre : la souffrance et la vulnérabilité étaient une chose, mais rencontrer quelqu’un qui nous souhaitait du mal et était capable de faire tout son possible pour y parvenir était une toute autre catégorie dans le spectre de l’horreur. Particulièrement lorsque cela reflétait en retour quelque chose nous concernant. Quelqu’un lui avait tiré dessus, délibérément, et en tant qu’êtres humains ils partageaient tous deux cette même essence, cette possibilité. Parfois, ironiquement, en être conscient était le remède. Question de naïveté tranquille peut-être, mais la politesse civile était devenue une habitude qui volait soudain en éclat devant le constat de notre immédiate vulnérabilité. Nietzsche disait que si on regardait dans les abysses trop longtemps, les abysses finissaient par nous regarder en retour et de cela, les gens avaient peur. Ils avaient peur d’être victime du chaos. Max avait peur d’être exploité une deuxième fois.
Nathanael l’observa un instant, cherchant à évaluer à quel point la confidence étudiante avait coûté à être avouée. Beaucoup se trompaient sur la valeur réelle des choses : la monnaie au cours le plus élevé était celle de l’orgueil, d’autant plus si elle était frappée du sceau de la vulnérabilité. L’addition était bien plus salée, parce qu’elle ouvrait une possible dette difficile à effacer : lorsque l’on avouait ses peurs et ses faiblesses, on avouait avoir échoué et être devenu la victime de circonstances qui nous dépassaient. Même la mythologie égyptienne y faisait référence : lorsqu’on rencontrait Seth, maître de la confusion et donc du mal, même si on était un Dieu, on perdait un œil, puis on tombait dans les bas-fonds, dans le monde sous-terrain.
« Tu as raison d’avoir peur. » répondit-il avec une certaine gravité, puis il hésita à continuer.
Car quand bien même avait-il raison d’avoir peur, il avait tort de s’en trouver paralysé.
C’était ce qui arrivait aux agoraphobes. Des individus, protégés toute leur vie, se heurtaient à quelque chose dont aucune autorité ne pouvait leur apporter protection, même pas leur propre naïveté. Cette angoisse contre l’inéluctable développait une anxiété qui elle-même développait des palpitations qui elles-mêmes développaient la crainte de la mort : mon coeur bat trop vite, je vais mourir, et non seulement je vais mourir, mais je vais mourir devant tout le monde et me taper la honte. C’était ainsi que, petit-à-petit, des gens évitaient tous les endroits où ils avaient déjà ressenti de l’angoisse, jusqu’à ne plus sortir du tout, jusqu’à rester là où il n’y avait aucun danger, jusqu’à se cloîtrer dans sa maison. Mais il n’y avait aucun endroit sans danger et avoir l’impression du contraire était un don trompeur de la culture.
Il y avait longtemps, dans le restaurant, Max avait failli se transformer, mais avait déjà échoué, peut-être parce qu’il s’était senti vulnérable et depuis l’accident, l’oiseau était comme une métaphore de sa fragilité. Un fragilité que le jeune homme reléguait à l’animal qu’il ne parvenait plus, ou ne voulait plus devenir… un animal qui était devenu le reflet de sa naïveté, et de toutes les conséquences que cela avait peu avoir dans sa vie. Par naïveté et vulnérabilité, Nathanael s’était longtemps soumis à l’autorité de son père sans jamais le contredire parce que la fragilité de son caractère ne s’était pas sentie capable de s’opposer, et donc de risquer de perdre cette figure d’autorité, cette figure qui « savait tout ». Mais personne ne savait tout, et peut-être qu’en ce qui le concernait, personne ne savait mieux que lui-même. Ce qui était particulièrement effrayant, because what the hell do I know… ?
Ses yeux s’égarèrent un instant sur cette main, que Maximilien venait de poser sur son thorax. Étrange, comme les gens appuyaient toujours sur leurs cicatrices alors que celles-ci ne faisaient jamais aussi mal que les blessures que l’on cultivait dans la tête. Mais jamais personne ne se touchait le crâne, pourtant source de cette réminiscence qui, elle, ne disparaissait jamais totalement.
«Tu devrais peut-être arrêter d’essayer de te transformer dans des endroits où tu t’es déjà senti en danger ou dans des endroits où tu risques d’être en danger. Comme dans une forêt ou… un restaurant, hasarda-t-il en invoquant ce souvenir qui, peut-être, allait enfin les relier plus solidement dans le temps, quand bien même n’avait-il été jadis qu’un simple observateur. Tu devrais plutôt essayer tes transformations dans un endroit où tu te sens bien, en sécurité. Avec quelqu’un en qui tu as confiance. Parce que tant que tu considéreras que l’animal fait partie du problème, tu ne pourras pas te transformer. Le problème, c’est toi... Mais tu es capable d’être bien plus que ça. Beaucoup plus. »
Le regard plongé dans les flammes, Nathanael pinça ses lèvres déjà suffisamment fines, légèrement surpris par la tournure qu’avait soudain pris la discussion. Lui, qui avait pourtant misé sur le siphon de Freud pour tenter d’alléger la conscience de Maximilien, se retrouvait à penser à la Mort, à la Vulnérabilité et à la Tragédie de la vie humaine, à la façon dont la Vertu trouvait son Vice.
« T’as survécu. C’est précieux » dit-il avec une sorte de tendresse dans la voix, non pas tant envers un danger écarté, mais pour toutes les possibilités que cela déployait devant l’étudiant.
Un potentiel d’apprendre, de se surprendre, de lâcher prise peut-être, de voir au-delà de ce à quoi il avait survécu. Et peut-être qu’en affrontant cette peur-là allait-il finir par affronter toutes les autres, celles qui gangrenaient sa vie.
« Es-tu sûr cependant que c’est la raison pour laquelle tu n’y parviens plus ? Demanda-t-il, puis, en posant son verre sur la table, il entremêla ses doigts et expliqua : La peur que tu ressens maintenant est parfaitement tangible, tu peux l’associer a une blessure, à un balle, mais il est possible qu’elle en cache une autre, plus abstraite. La première cache la seconde, tout en l’amplifiant, parce que c’est elle qui est à l’origine de tout. Tu as peut-être peur de mourir… ou tu as peut-être peur de ne pas avoir accompli tout ce que tu voulais avant de mourir. Peut-être as-tu peur d’être blessé ? Ou peut-être te rends-tu compte à quel point tu peux être facilement blessé… Peut-être que ton incapacité à te transformer n’est pas le vrai problème. »
Le concierge se tut, involontairement guidé par les bribes de ce qu’il était parvenu à récolter, songeant à ce qu’il avait entendu, sans pouvoir se retenir d’y tisser une cause car, après tout, la première fois qu’il avait vu l’animal dans le regard de l’étudiant, ce fut également la fois où ce nom fut évoqué.
« J’avoue, je ne connais pas Peter. J’ai juste entendu ce prénom et j’ai compris qu’il avait de l’importance pour toi. Quelle que soit la ou les personnes dernière… Excuse-moi, je suis un aficionado de la randonnée et je me retrouve souvent sur le territoire souverain où les oignons ne sont pas les miens. Pas que tu sois un oignon, ni que tu en fasses pousser, d’ailleurs. Je ne suis moi-même pas très porté sur l’agriculture… bref, s’emmêla-t-il comme à son habitude dans des expressions qui dépassaient son degré habituel de compréhension. Je suis content que tu aies tout de même bien voulu partager tes oignons avec moi. Ca ne m’arrive pas souvent. »
@Maximilien Leroy
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Sam 27 Fév 2021 - 18:07
Night Vision ft. @Nathanael CohenIl ne trouve pas d’autre explication mais il est fort possible que, par crainte, Maximilien n’ait pas vraiment cherché à comprendre plus en profondeur les raisons de son blocage. Il a quelques idées qui traînent ici et là, mais c’est bien la première fois qu’il émet une telle théorie face à un parfait inconnu. Ce ne sont pas là des thèmes qu’il aborde au quotidien, encore moins avec ses proches - l’empathique qu’il est se gardant de les déranger avec ce qu’il qualifie comme ‘ses petits problèmes’. Cependant, Nathanael fait savoir sa capacité à écouter et analyser, si bien que les mots sortent de sa bouche avant même qu’il n’ait réellement réfléchi à eux. Son inconscient parle-t-il pour lui ou se contente-t-il simplement de dire ce qui lui passe par la tête, sans réel fondement ? La réponse du concierge, qu’il lui parut entendre après une éternité d’attente, occasionne chez le français un effet de soulagement immédiat. La validation de Nathanael semble bien plus importante pour lui qu’il ne l’avait imaginé. Et tout en même temps, elle rajoute de cette angoisse qui l’habite déjà depuis quelques temps. Il a raison d’avoir peur… et il le sait. La situation lui a échappé plus d’une fois et Maximilien se trouve dans un état d’esprit proche de la rupture d’anévrisme. Il est constamment inquiet de s’emporter en public et de ne plus se maîtriser, comme il a toujours pourtant si bien su le faire jusqu’à présent.
Il écoute donc avec attention les prochains propos de l’homme face à lui, qui ne manquent pas de l’interpeller. Ce n’est pas comme s’il s’amusait à provoquer ses transformations dans de tels lieux. La forêt a, pour lui, toujours été un endroit supposé “safe”, du fait du contact avec la nature et de son côté animal. Et jusqu’à ce qu’on lui tire dessus, il n’a jamais eu peur de cet endroit. Maintenant, les choses sont différentes. Difficiles, cependant, de trouver de la solitude ailleurs que dans ces bois, à l’abri des regards. En pleine campagne, dans un champ ? Il risquerait de se faire repérer et on ne loupe pas un aigle de son envergure.
“Je ne me sens en sécurité nulle part. La forêt était censée être et rester mon endroit sécuritaire où me transformer. Le plein air, la nature… je m’y sentais bien avant que tout cela ne se produise. En pleine ville ? Tu n’as pas vu la taille réelle de l’animal. Je ne tiendrais pas dans un appartement sans rien casser - j’en ai fait l’expérience récemment. Et concernant les proches… disons que… ce n’est pas un sujet dont j’aime discuter fréquemment. Ne peut-on pas considérer que l’animal est moi, et que donc si je suis le problème, il l’est aussi ?” Il plonge son regard noisette dans celui de son interlocuteur, se demandant si le lieu se prête vraiment à ce type de discussion. Il ne saurait dire si sa question est rhétorique ou s’il attend une réponse concrète de la part de Nathanael. Ce dernier a pourtant raison sur un point : il a survécu, tant bien que mal. Même si, l’espace d’un instant, il a envisagé de ne pas se battre pour cela. Pour la vie. Il a eu, notamment, la chance d’être intercepté par Peter, dont les compétences magiques ont été suffisantes à le ramener parmi les vivants. Mais que ressort-il réellement de toute cette expérience ? Une crainte viscérale d’être lui-même. De se faire face, à lui, à ses pensées et surtout, à ses émotions. Un tourbillon de sentiments qu’il étouffe depuis des années, une réalité à laquelle il ne veut pas faire face. Oui, c’est une certitude et il n’en a jamais douté : il est le problème. Sa professeure de Métamorphose a eu la même intuition.
“Au point où j’en suis… je ne vais pas cacher que j’ai une idée de ce que cela peut être. Non, je n’ai pas peur de mourir. Une certaine angoisse, peut-être, mais pas peur pour autant.” Il a un léger rire triste alors qu’il tourne sa cuillère dans sa tasse de thé, le regard perdu dans le tourbillon liquide. “Je n’ai pas l’impression de réellement vivre. Et à l’instant où je me le permets, je me blesse. Encore et toujours. Cet accident qui est survenu n’en est qu’un exemple parfait. Dès que je prends un peu mon envol, que je me libère de certaines chaînes, il y a quelque chose ou quelqu’un m’attendant au tournant pour me tirer dans les ailes. Tout cela sonne vraiment dramatique et légèrement paranoïaque, je le conçois. Mais à force de coïncidences… on en vient à se demander si ce n’est pas simplement un schéma qui se répète encore et encore.” Cela a commencé avec Peter, en effet. Maximilien n’a même pas eu le temps d’apprécier sa prochaine entrée à Beauxbâtons qu’on lui prenait son frère, le clouant de nouveau au sol. À quoi bon continuer les efforts, perpétuer les transformations si elles doivent fatalement toutes échouer ? Il perd en positivité, oubliant que la vie, c’est tomber et se relever.
Le français a un léger sourire en entendant Nathanael se perdre dans ses digressions, y trouvant un petit oasis l’espace d’un instant. Avant de revenir sur des sujets un peu plus graves.
“Pas souvent ? Tu donnes pourtant l’impression d’être celui à qui tout le monde vient raconter ses petits problèmes, quitte à ne pas écouter les tiens. Tu as l’écoute facile, c’est appréciable. D’ordinaire, je ne me trouve pas dans cette position mais à la tienne, l’exercice m’est un peu étranger…” Admet-il, posant de nouveau les yeux sur le charismatique personnage qui lui fait face. “Pourquoi as-tu parlé de restaurant précédemment ? Enfin, plutôt, de transformation dans un restaurant. Qui a bien pu te parler de cela ?” Il avait pourtant bataillé avec Summer pour qu’elle tienne sa langue mais il lui vient rapidement à l’esprit que la rue ne pouvait pas être complètement déserte, à l’époque. Un passant a pu constater la scène et l’interpréter à sa sauce. Ce passant est peut-être Nathanael ? Il a besoin d’en savoir plus sur sa vision de la scène avant de lui dévoiler la vérité de ce qui s’est produit ce jour-là. Le jour où il a, pour la première fois, perdu le contrôle.
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
- merci :
- InvitéInvité
Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Mer 3 Mar 2021 - 17:53
« Je ne me sens en sécurité nulle part. La forêt était censée être et rester mon endroit sécuritaire où me transformer. Le plein air, la nature… je m’y sentais bien avant que tout cela ne se produise. […] »
Nathanael écoutait l’étudiant parler avec la sensation tenace d’avoir ouvert une brèche aux allures de boîte de Pandore. Il inclina la tête sur le côté, soucieux de ne pas interrompre les confessions trop longtemps retenues et qui s’échappaient enfin d’un récipient dans lequel elles durent s’être senties à l’étroit. Comme une roue cerclant autour d’un même noyau, le trouble de Maximilien paraissait graviter autour d’une seule planète : la peur. Elle transcendait ses inquiétudes, les réduisant au regret de ne pouvoir être soi-même, jusqu’à détester tant l’illusion qu’il donnait par défaut, que celui qui il était. Et à ne pouvoir être soi-même, il se condamnait à demeurer seul. A l’instar de la boîte de Pandore, tous les maux de l’Homme s’en étant échappés, il ne resta au fond que l’espoir, qui manquait bien à la réflexion du jeune homme.
« Au point où j’en suis… je ne vais pas cacher que j’ai une idée de ce que cela peut être. Non, je n’ai pas peur de mourir. Une certaine angoisse, peut-être, mais pas peur pour autant. »
Le concierge songea, du haut de son âge, qu’il était triste de compter si peu de printemps et de paraître déjà si désenchanté de l’existence. Il le regarda plus intensément, les lèvres pincées face à tant de désespérance, tout en se demandant quelles épreuves il avait pu traverser pour parler de la grande faucheuse avec autant d’indifférence. Le jeune homme eut le regard dans le vague, contemplant sa tasse de thé comme s’il eut voulu s’y dissoudre, tel un cachet effervescent disparaissant dans un pétillement, sans un bruit, sans qu’il n’en restât plus qu’un ondoiement pénible à la surface.
« Dès que je prends un peu mon envol, que je me libère de certaines chaînes, il y a quelque chose ou quelqu’un m’attendant au tournant pour me tirer dans les ailes. […] Mais à force de coïncidences… on en vient à se demander si ce n’est pas simplement un schéma qui se répète encore et encore. »
L’oiseau était son verre d’eau. Un verre dans lequel il avait peut-être pris l’habitude de jeter son désarroi pour espérer s’y résoudre, mettre la main sur cette liberté qu’il ne parvenait pas à trouver ailleurs, dans sa propre vie. Il devenait quelqu’un d’autre, et l’espace de quelques instants, ne plus être soi réglait paradoxalement tous ses problèmes. Au moins, ce travestissement de l’âme était son choix, et non celui des autres.
Comme tous les timides, Maximilien se racontait avec une nonchalance feinte, empruntant le charme trompeur qui faisait d’un malheur une habitude. A force de se faire pousser par terre, il s’y était vautré, préférant s’en relever sous les traits d’un aigle plutôt que sous les siens. Lui, il restait allongé à regarder son aigle voler dans les étoiles, de là où, à ne pas pouvoir plier le monde, il en était venu à accuser ses propres défauts, mais pas les bons. Plutôt que de chercher un argument en soi pour se relever, il en cherchait un autre pour rester là où il était.
Alors, précautionneusement, Nathanael décida ses propres mots, prenant garde à composer sa pensée avec toute la précision que méritait cette fragilité mise à nue :
« Tu es l’oiseau et l’oiseau est toi. La question c’est de savoir ce qu’il représente. Aujourd’hui, si ton oiseau est un problème, c’est parce qu’il a un jour était ta solution, rétorqua-t-il avec une douceur oisive, si propre à la lente mesure de sa voix. L’oiseau était une raison réconfortante de ne pas vivre ta vie comme tu l’entends. Mais maintenant que tu n’as plus l’oiseau, tu n’as d’autre choix que de te faire face à toi-même. »
Nathanael le considéra en biais, la tête penchée, à l’abri de son propre front. Peut-être que le fait de se prendre une balle alors qu’il se réappropriait sa liberté et abandonnant ses frustrations derrière soi lui avait cruellement rappelé que même sous cette forme-là, Maximilien restait Maximilien, vulnérable, timide, refermé. A cet instant, au-delà de la peur de la mort ou de la blessure, Maximilien avait perdu son seul refuge. Il n’y avait donc plus de raisons d’être un oiseau, si même en étant un oiseau, il continuait à être lui-même, à souffrir des mêmes privations qu’il éprouvait en étant humain. Et maintenant, une fois tombé du nid, fallait-il mieux réapprendre à voler ou mourir de faim le bec ouvert ?
« Pas souvent ? Tu donnes pourtant l’impression d’être celui à qui tout le monde vient raconter ses petits problèmes […]. D’ordinaire, je ne me trouve pas dans cette position mais à la tienne, l’exercice m’est un peu étranger… [...]»
Nathanael sourit brièvement, mais d’une façon plus accentuée qu’à l’ordinaire. Une façon de montrer sa reconnaissance.
« On a tous notre Max, dit-il avant de répondre enfin à ce qui, finalement, les reliait : Il y a quelques temps, je t’ai vu par hasard te disputer avec une fille. De colère, tu avais manqué de te transformer. C’est là que j’ai entendu le prénom de « Peter »… quoi que maintenant, je suis presque sûr qu’ils sont deux... Tu connais l’histoire du scientifique qui voulait étudier les zèbres ? demanda-t-il soudain en suivant le fil de sa pensée discontinue, les paupières basses et le dos rond, regardant dans le vide, là où son histoire s’imaginait le mieux : On considère que les zèbres se dissimulent. Mais quand on pense à leurs rayures noires et blanches sur fond de savane beige, on a le droit d’en douter. Les antilopes se camouflent, les poulpes, les hiboux… Bon, un scientifique voulait donc étudier le comportement des zèbres et il s’est rendu compte que s’il avait le malheur de baisser les yeux, il perdait le zèbre observé dans le troupeau. Parce que les rayures ne dessinent pas le contour du zèbre, mais se perdent parmi les autres zébrures du troupeau. Le scientifique s’est dit que pour pouvoir faire son travail, il devait régler ce problème, alors il est monté dans sa jeep et a coursé un troupeau jusqu’à réussir à peindre un rond rouge sur le flanc de l’un des zèbres. Devine ce qui est arrivé au zèbre ? Demanda le concierge avec un vague sourire en coin, avant de poursuivre sa métaphore : Il a été dévoré par les lions. »
Le sourire disparut et le silence revint, dénué d’explications et marquant la fin abrupte de l’histoire. Il savait que des clés de compréhensions manquaient encore et en passablement bon professeur, Nathanael avait appris à ne pas les fournir gratuitement, jusqu’à en faire la récompense d’un début d’impatience ou de confusion. Il finir par superposer ses mains sur la pénombre de la salle et écarta ses doigts en commentant :
« Le camouflage d’un zèbre fonctionne lorsqu’il s’oppose au troupeau. Quand tu regardes un troupeau de zèbre, tu ne sais pas ce que tu regardes : une infinie collection de rayures qui se ressemblent et se poursuivent sans discontinuité, un flou. Le zèbre est en sécurité lorsqu’il est au milieu d’un groupe qui lui ressemble et dans lequel il se noie, expliqua-t-il, avant d’amorcer un autre succinct silence.Quant aux lions, ils ne peuvent pas chasser tant qu’ils ne parviennent pas à identifier un individu spécifique au milieu du groupe. Sinon, comme le scientifique, ils sont incapables de suivre un seul zèbre. Enfin, le concierge releva les yeux et parla cette fois à l’étudiant : Si tu te démarques, les lions te tuent. »
Ça ressemblait à une fatalité, biologique qui plus est, capable de justifier n’importe quelle paranoïa. C’était finalement la même conclusion à laquelle en était arrivé l’étudiant : il se faisait clouer au sol à chaque tentative d’envol. Mais ce n’était pas le but et pour éviter la résignation, Nathanael nuança son propos d’un ton plus avenant que ne l’avait été l'achèvement âpre de sa métaphore.
« Un clou qui dépasse se fera enfoncer par le marteau, la tête la plus haute est la première à se faire décapiter, l’arbre le plus haut de la forêt souffre des vents les plus forts… il y a mille citations qui expliquent que sortir du lot, ça coûte cher. Peut-être… suggéra-t-il, sa voix ce suspendant un instant, incertaine et précautionneuse, avant de se lancer : peut-être que les lions viennent te dévorer parce que tu essayes de sortir du lot. Mais… ce n’est pas une bonne raison pour rester dans le troupeau. »
Son histoire lui parut bien longue et morose en comparaison d’une morale trop brève, trop courte pour susciter autre chose que l’obéissance face à la majorité. Pourtant, il se considérait être un bon élève et exemple : il sortait du lot et ne pouvait rien faire pour y rentrer. Il n’avait jamais su comment. Il avait été perpétuellement chassé par des lions.
« Tu ne pourras jamais contenter tout le monde et il y aura toujours quelqu’un qui verra une tâche rouge dans ton dos, quoi que tu fasses. Tu ne préférerais pas exister, un peu blessé, mais vraiment vivant, plutôt que de ne pas exister du tout ? »
@Maximilien Leroy
Nathanael écoutait l’étudiant parler avec la sensation tenace d’avoir ouvert une brèche aux allures de boîte de Pandore. Il inclina la tête sur le côté, soucieux de ne pas interrompre les confessions trop longtemps retenues et qui s’échappaient enfin d’un récipient dans lequel elles durent s’être senties à l’étroit. Comme une roue cerclant autour d’un même noyau, le trouble de Maximilien paraissait graviter autour d’une seule planète : la peur. Elle transcendait ses inquiétudes, les réduisant au regret de ne pouvoir être soi-même, jusqu’à détester tant l’illusion qu’il donnait par défaut, que celui qui il était. Et à ne pouvoir être soi-même, il se condamnait à demeurer seul. A l’instar de la boîte de Pandore, tous les maux de l’Homme s’en étant échappés, il ne resta au fond que l’espoir, qui manquait bien à la réflexion du jeune homme.
« Au point où j’en suis… je ne vais pas cacher que j’ai une idée de ce que cela peut être. Non, je n’ai pas peur de mourir. Une certaine angoisse, peut-être, mais pas peur pour autant. »
Le concierge songea, du haut de son âge, qu’il était triste de compter si peu de printemps et de paraître déjà si désenchanté de l’existence. Il le regarda plus intensément, les lèvres pincées face à tant de désespérance, tout en se demandant quelles épreuves il avait pu traverser pour parler de la grande faucheuse avec autant d’indifférence. Le jeune homme eut le regard dans le vague, contemplant sa tasse de thé comme s’il eut voulu s’y dissoudre, tel un cachet effervescent disparaissant dans un pétillement, sans un bruit, sans qu’il n’en restât plus qu’un ondoiement pénible à la surface.
« Dès que je prends un peu mon envol, que je me libère de certaines chaînes, il y a quelque chose ou quelqu’un m’attendant au tournant pour me tirer dans les ailes. […] Mais à force de coïncidences… on en vient à se demander si ce n’est pas simplement un schéma qui se répète encore et encore. »
L’oiseau était son verre d’eau. Un verre dans lequel il avait peut-être pris l’habitude de jeter son désarroi pour espérer s’y résoudre, mettre la main sur cette liberté qu’il ne parvenait pas à trouver ailleurs, dans sa propre vie. Il devenait quelqu’un d’autre, et l’espace de quelques instants, ne plus être soi réglait paradoxalement tous ses problèmes. Au moins, ce travestissement de l’âme était son choix, et non celui des autres.
Comme tous les timides, Maximilien se racontait avec une nonchalance feinte, empruntant le charme trompeur qui faisait d’un malheur une habitude. A force de se faire pousser par terre, il s’y était vautré, préférant s’en relever sous les traits d’un aigle plutôt que sous les siens. Lui, il restait allongé à regarder son aigle voler dans les étoiles, de là où, à ne pas pouvoir plier le monde, il en était venu à accuser ses propres défauts, mais pas les bons. Plutôt que de chercher un argument en soi pour se relever, il en cherchait un autre pour rester là où il était.
Alors, précautionneusement, Nathanael décida ses propres mots, prenant garde à composer sa pensée avec toute la précision que méritait cette fragilité mise à nue :
« Tu es l’oiseau et l’oiseau est toi. La question c’est de savoir ce qu’il représente. Aujourd’hui, si ton oiseau est un problème, c’est parce qu’il a un jour était ta solution, rétorqua-t-il avec une douceur oisive, si propre à la lente mesure de sa voix. L’oiseau était une raison réconfortante de ne pas vivre ta vie comme tu l’entends. Mais maintenant que tu n’as plus l’oiseau, tu n’as d’autre choix que de te faire face à toi-même. »
Nathanael le considéra en biais, la tête penchée, à l’abri de son propre front. Peut-être que le fait de se prendre une balle alors qu’il se réappropriait sa liberté et abandonnant ses frustrations derrière soi lui avait cruellement rappelé que même sous cette forme-là, Maximilien restait Maximilien, vulnérable, timide, refermé. A cet instant, au-delà de la peur de la mort ou de la blessure, Maximilien avait perdu son seul refuge. Il n’y avait donc plus de raisons d’être un oiseau, si même en étant un oiseau, il continuait à être lui-même, à souffrir des mêmes privations qu’il éprouvait en étant humain. Et maintenant, une fois tombé du nid, fallait-il mieux réapprendre à voler ou mourir de faim le bec ouvert ?
« Pas souvent ? Tu donnes pourtant l’impression d’être celui à qui tout le monde vient raconter ses petits problèmes […]. D’ordinaire, je ne me trouve pas dans cette position mais à la tienne, l’exercice m’est un peu étranger… [...]»
Nathanael sourit brièvement, mais d’une façon plus accentuée qu’à l’ordinaire. Une façon de montrer sa reconnaissance.
« On a tous notre Max, dit-il avant de répondre enfin à ce qui, finalement, les reliait : Il y a quelques temps, je t’ai vu par hasard te disputer avec une fille. De colère, tu avais manqué de te transformer. C’est là que j’ai entendu le prénom de « Peter »… quoi que maintenant, je suis presque sûr qu’ils sont deux... Tu connais l’histoire du scientifique qui voulait étudier les zèbres ? demanda-t-il soudain en suivant le fil de sa pensée discontinue, les paupières basses et le dos rond, regardant dans le vide, là où son histoire s’imaginait le mieux : On considère que les zèbres se dissimulent. Mais quand on pense à leurs rayures noires et blanches sur fond de savane beige, on a le droit d’en douter. Les antilopes se camouflent, les poulpes, les hiboux… Bon, un scientifique voulait donc étudier le comportement des zèbres et il s’est rendu compte que s’il avait le malheur de baisser les yeux, il perdait le zèbre observé dans le troupeau. Parce que les rayures ne dessinent pas le contour du zèbre, mais se perdent parmi les autres zébrures du troupeau. Le scientifique s’est dit que pour pouvoir faire son travail, il devait régler ce problème, alors il est monté dans sa jeep et a coursé un troupeau jusqu’à réussir à peindre un rond rouge sur le flanc de l’un des zèbres. Devine ce qui est arrivé au zèbre ? Demanda le concierge avec un vague sourire en coin, avant de poursuivre sa métaphore : Il a été dévoré par les lions. »
Le sourire disparut et le silence revint, dénué d’explications et marquant la fin abrupte de l’histoire. Il savait que des clés de compréhensions manquaient encore et en passablement bon professeur, Nathanael avait appris à ne pas les fournir gratuitement, jusqu’à en faire la récompense d’un début d’impatience ou de confusion. Il finir par superposer ses mains sur la pénombre de la salle et écarta ses doigts en commentant :
« Le camouflage d’un zèbre fonctionne lorsqu’il s’oppose au troupeau. Quand tu regardes un troupeau de zèbre, tu ne sais pas ce que tu regardes : une infinie collection de rayures qui se ressemblent et se poursuivent sans discontinuité, un flou. Le zèbre est en sécurité lorsqu’il est au milieu d’un groupe qui lui ressemble et dans lequel il se noie, expliqua-t-il, avant d’amorcer un autre succinct silence.Quant aux lions, ils ne peuvent pas chasser tant qu’ils ne parviennent pas à identifier un individu spécifique au milieu du groupe. Sinon, comme le scientifique, ils sont incapables de suivre un seul zèbre. Enfin, le concierge releva les yeux et parla cette fois à l’étudiant : Si tu te démarques, les lions te tuent. »
Ça ressemblait à une fatalité, biologique qui plus est, capable de justifier n’importe quelle paranoïa. C’était finalement la même conclusion à laquelle en était arrivé l’étudiant : il se faisait clouer au sol à chaque tentative d’envol. Mais ce n’était pas le but et pour éviter la résignation, Nathanael nuança son propos d’un ton plus avenant que ne l’avait été l'achèvement âpre de sa métaphore.
« Un clou qui dépasse se fera enfoncer par le marteau, la tête la plus haute est la première à se faire décapiter, l’arbre le plus haut de la forêt souffre des vents les plus forts… il y a mille citations qui expliquent que sortir du lot, ça coûte cher. Peut-être… suggéra-t-il, sa voix ce suspendant un instant, incertaine et précautionneuse, avant de se lancer : peut-être que les lions viennent te dévorer parce que tu essayes de sortir du lot. Mais… ce n’est pas une bonne raison pour rester dans le troupeau. »
Son histoire lui parut bien longue et morose en comparaison d’une morale trop brève, trop courte pour susciter autre chose que l’obéissance face à la majorité. Pourtant, il se considérait être un bon élève et exemple : il sortait du lot et ne pouvait rien faire pour y rentrer. Il n’avait jamais su comment. Il avait été perpétuellement chassé par des lions.
« Tu ne pourras jamais contenter tout le monde et il y aura toujours quelqu’un qui verra une tâche rouge dans ton dos, quoi que tu fasses. Tu ne préférerais pas exister, un peu blessé, mais vraiment vivant, plutôt que de ne pas exister du tout ? »
@Maximilien Leroy
- Spoiler:
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 8292
Inventaire Sorcier
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Sam 6 Mar 2021 - 17:44
Night Vision ft. @Nathanael CohenLa détresse de Maximilien quant à sa situation est palpable. Il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer tous les signes de l’angoisse chez le sorcier, qui peine à expliquer à son homologue les dessous de toute cette histoire. Nathanael semble avoir un œil bien plus aiguisé que le sien face à ces choses-là et plus le temps passe, plus il s’en remet à son verdict final. Sa façon de décortiquer le moindre de ses propos ou de ses mouvements n’est plus un danger - mais plutôt une curiosité. Il trouvera peut-être les réponses à des questions que le français se pose depuis bien longtemps maintenant. Quand il termine son propre discours, son regard fuyant vient finalement accrocher celui du concierge, impatient de connaître le développement de sa pensée. Et cela ne tarde pas, comme si Nathanael, d’une certaine façon, avait réponse à tout. Et pour Maximilien, cela est une aubaine.
La théorie de son interlocuteur, comme presque tous les mots qu’il a pu prononcer jusque là, semble juste et il fait une légère moue d’appréciation. Cela le pousse notamment à réfléchir un peu plus sur la façon dont s’articule sa vie, et ses actions pour la vivre comme il l’entend. Se faire couper les ailes n’est jamais une bonne sensation, encore plus quand ces dernières vous permettent de fuir la réalité de votre vie. Maximilien ne peut que corroborer cette hypothèse et s’en veut presque d’être si prévisible. Il comprend bien que Nathanael n’est pas là pour le juger, mais bien pour remettre les choses en perspective.
Il en vient à connaître les raisons qui font que le concierge en sait autant à son sujet. Le fait qu’il ait pu être vu par d’autres personnes potentiellement moins bien intentionnées que Nathanael lui donne un frisson et il se pince la lèvre. Il n’a pas été très discret ce jour-là et le regrette amèrement. Sans le savoir, Maximilien s’est vendu lui-même sur la présence de deux Peter dans sa vie, bien que l’un des deux ne soit plus physiquement de ce monde. Mais il n’a pas le temps de répondre à cela qu’il enchaîne sur une autre histoire : celle d’un scientifique.
“Non, non je ne la connais pas.” Mais elle l’intrigue. Car avec tout ce que Nathanael a pu lui dire jusqu’à présent, il présume que cette histoire va lui apprendre quelque chose de nouveau. Quelque chose qu’il ne pensait pas savoir mais qui, au fond, va lui faire comprendre certaines choses à son sujet. Il s’enfonce donc dans sa chaise, prêt à l’écouter. Le sorcier suit attentivement cette histoire, attendant la chute telles les fables de La Fontaine. Cette dernière ne le fait pourtant pas sourire alors qu’il pense en comprendre le raisonnement. “Démarque-toi et tu seras dévoré”, est-ce le réel message qu’il cherche à lui transmettre ? La confusion est totale et transparaît sur le visage du français. À vrai dire, il ne comprend pas encore quel est le lien avec sa propre personne et meurt d’envie d’avoir une explication supplémentaire. Nathanael n’a pas voulu lui raconter cette histoire sans une bonne raison, bien qu’il ne saisisse pas cette dernière.
“Et le rapport avec ma situation… ? Elle est sûrement évidente mais j’admets ne pas comprendre. Dans cette histoire évoquée, tu m’assimiles bien comme le zèbre marqué, n’est-ce pas ?” Il n’y a pas moyen qu’il soit un lion, cela se saurait. Maximilien n’en a jamais eu ni l’air ni le caractère. Quelle est donc la solution dans ce cas-là ? Rester au sol, au milieu du troupeau, pour ne pas prendre le risque de se faire dévorer ?
“Et si on ne parvient pas à rentrer dans le troupeau, notre vie entière est-elle donc mue par cette fatalité selon laquelle on finira dévoré, quoi qu’il en soit ?” Il ne trouve rien de réconfortant à cette idée mais peut-être n’est-ce pas là le but de Nathanel : le réconforter. Il essaye peut-être simplement de lui montrer la réalité de sa situation, sans détour. Son regard le fixe, espérant entendre autre chose qu’une sentence de mort immédiate et pour son plus grand bonheur, l’idée du concierge ne s’arrête pas là.
“Je crois que je vois ce que tu veux dire. La raison de toute cette histoire de zèbre et de lion. Ce qui m’est arrivé en est une parfaite illustration. Me fondre dans le troupeau n’est pas une solution - du moins, ce n’est pas celle qui me convient. Savoir cela ne m’enlève pas les peurs ou les doutes mais… poser des mots, des théories dessus aident un peu.” Cela lui fait comprendre qu’il a un travail à faire sur lui-même car il est hors de question qu’il laisse ces expériences ternir la personne qu’il pourrait devenir. Dans le métier pour lequel il se destine, les chasseurs et les lions sont nombreux, il sera continuellement une cible : il doit vivre avec et, comme pour cette balle qui l'a transpercé, réparer les blessures et se relever.
Le souci étant, pour le moment, de faire la paix avec lui-même et de ne plus se servir de son animagus à d’autres fins. Bien évidemment, il ne peut s’empêcher de penser à cette proximité ressentie avec Peter, qu’il a aussitôt restreinte. Il se démarquerait forcément en la vivant, mais l’ignorer ne serait-il pas perdre un peu de lui-même ?
“Et il y a bien deux Peter, tu avais raison. Une coïncidence qui m’a également perturbé au début. Étrange que les deux personnes qui me provoquent les émotions les plus fortes portent le même prénom… Au final, nous avons beaucoup parlé de moi mais peu de toi !”
il est libre max
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Dim 14 Mar 2021 - 22:05
« Dans cette histoire évoquée, tu m’assimiles bien comme le zèbre marqué, n’est-ce pas ? »
Maximilien lui rappelait de plus en plus la Persona de Karl Jung ; ce concept qu’il avait toujours eu beaucoup de mal à appréhender. Non pas dans son aspect extérieur, mais vis-à-vis de soi-même. La Persona pouvait se résumer ainsi en psychologie analytique : « La Persona est un masque social, le rôle, la partie de la personnalité qui permet de consentir à plusieurs accommodements par rapport à son identité pour s’adapter aux différentes situations sociales et satisfaire aux attentes réelles ou imaginaires des autres personnes ». Une interface entre l’individu et la société, qui était destinée à être un artifice, un compromis. La Persona était le visage que l’on présentait lorsqu’on voulait que les gens nous aiment et nous acceptent.
La souffrance commençait lorsqu’on finissait par s’identifier à sa Persona, jusqu’à conserver ce masque en permanence dans le monde extérieure et à devenir qui l’on prétendait être : de préférence un masque socialement valorisant.
Nathanael, quoi qu’ayant compris ce concept, avait du mal, ou au contraire, beaucoup de facilités à s’en distinguer. Il était quelqu’un que l’on pouvait juger désagréable : il savait souvent ce qu’il voulait et dans quelles conditions, rendant les compromis parfois impossibles. Il n’avait pas peur des conflits et n’avait que très peu l’intuition de mentir, et donc de se travestir pour plaire à quelqu’un. Toutes les décisions sociales qu’il prenait étaient longuement négociées avec ses valeurs propres. Si la Persona était un masque, il n’y avait entre la réalité et son masque pas beaucoup de différences. Et quoi que cherchant l’approbation des gens et leur acceptation, Nathanael avait été contraint de le faire selon ses propres, infranchissables conditions.
Maximilien était agréable. Il était probablement si agréable qu’il ne savait pas ce qu’il voulait. Accoutumé à vivre pour les autres, à essayer de deviner ce qu’ils voulaient, à s’efforcer de les mettre à l’aise, il en était venu à oublier le sens de ses propres désirs. A s’identifier à sa Persona. A se déchirer dans les différentes directions imposées par les gens à qui il voulait faire plaisir. Jusqu’à culpabiliser que ses propres envies fussent en contradiction avec celles des autres. Et pour une personne agréable, s’il y avait un choix à faire entre continuer à se faire aimer pour un masque imaginaire ou poursuivre ses ambitions, la seconde option n’était que très rarement considérée, et encore moins aboutie. Les gens agréables disparaissaient en l’autre comme l’écume dans la mer. Comme un zèbre dans un troupeau.
« […] Me fondre dans le troupeau n’est pas une solution - du moins, ce n’est pas celle qui me convient. »
Ce n’était une solution qui ne convenait probablement à personne. Les gens agréables étaient souvent compatissants et empathiques, ce qui les empêchait souvent de défendre correctement leurs intérêts. Ils se faisaient facilement manipuler et exploiter.
« Ce n’est pas facile, mais dis la vérité. Dis ce à quoi tu penses, lui dit-il sans remarquer que cette conversation avait atteint son achèvement pour le jeune homme. Mentir pour éviter le conflit à court terme, c’est facile, mais tu payes un lourd tribut à cette facilité. D’une part tu te fais du mal et d’autre part, les gens finissent par se rendre compte que tu mens et c’est encore pire. On fait des choses au détriment de soi-même en pensant rendre service aux autres, mais c’est souvent faux. On rend seulement service à nos peurs. »
Quoi que l’ayant dit de son air d’usage, aussi régulier que le rythme de l’univers, Nathanael se tut soudain et eut l’air essoufflé. Yeux baissés vers le sol et dos courbé, il offrit le trigone pâle et infiniment long de son cou. Ses cheveux de merle faisaient jurer de leurs boucles lâches le laiteux de sa peau, souligné plus loin par le col d’une chemise veule et plus noire encore, dans laquelle plongeait le profond relief de sa gorge. Il se cacha sans le vouloir derrière la foule désordonnée de ses mèches où il faisait bon de réfléchir sans voir personne. Sa prévenance maladroite savait voir trop parlé, trop donné de conseils, et plus ses paroles se trouvaient acceptées sans négociation, moins il avait l’impression que son opinion valait quelque chose. Selon sa modeste expérience, Nathanael avait appris que bien peu de conseils s’appliquaient à sa nature, aussi perdait-il toujours en confiance lorsque les siens paraissaient ne rencontrer aucune résistance : sa différence rendait leur véracité suspecte. Néanmoins, il avait livré là quelques années d’expérience singulière consacrée à ses tentatives d’intégration, l’ayant sans cesse ramené au rivage familier de son authenticité propre. Sa pensée de doutes si fit interrompre, de sa propre faute cependant car il avait encore invariablement suivi le cours de sa pensée au lieu de s’attacher à la conversation, dont l’adage était de se mener à deux.
« Et il y a bien deux Peter, tu avais raison. Une coïncidence qui m’a également perturbé au début. Étrange que les deux personnes qui me provoquent les émotions les plus fortes portent le même prénom… Au final, nous avons beaucoup parlé de moi mais peu de toi ! »
Nathanael releva la tête et fronça les sourcils, visiblement confus.
« Ah, lâcha-t-il, tentant de trouver aussi rapidement que possible dans sa nature cette lacune manifeste dans sa logique, et que le jeune homme paraissait prendre comme dû. Il faut qu’on parle de moi ? » finit-il par demander avec une sorte de détermination abrupte.
Son imagination n’était pas parvenue à combler la subtile corrélation dans un temps jugé convenable, aussi avait-il préféré poser la question avant de s’adonner à une analyse plus poussée.
La vulnérabilité. A force de se livrer, Maximilien avait pu se sentir bien trop mis à nu devant un interlocuteur resté résolument drapé de toute sa volubilité peu partageuse. La réciprocité. Son absence prolongée poussait parfois les gens à vouloir rétablir la balance. L’évitement. Le silence en pointillés qui avait suivi la réflexion sur les deux Peters le fit supposer un changement de sujet pour éviter ce dont le jeune homme n’avait plus envie de parler. Ce qui au demeurant aurait pu expliquer pourquoi aucune question n’avait été posée. Leur conversation à sens unique paraissait être plus un constat qu’un tort à rétablir. Comme pour illustrer son propos, Nathanael étala la raideur de sa franchise naturelle :
« C’est parce que tu veux être poli ? supposa-t-il d’abord doucement, sachant déjà à quel point personne ne voulait reconnaitre ce qui était convenu. Ou parce que tu n’as plus envie de parler de toi ? poursuivit-il d’un ton doux mais égal, aussi lent que sa respiration. Le sujet des deux Peter est peut-être un sujet trop sensible ? Je te mets mal à l’aise ?... Si c’est ça, tu préfères changer de sujet ? finit-il par proposer ouvertement et sans juger une tentative d’échappatoire déjà entamée. Tu as l’impression de m’en avoir trop dit et tu veux que j’en fasse tout autant ? »
Maximilien lui rappelait de plus en plus la Persona de Karl Jung ; ce concept qu’il avait toujours eu beaucoup de mal à appréhender. Non pas dans son aspect extérieur, mais vis-à-vis de soi-même. La Persona pouvait se résumer ainsi en psychologie analytique : « La Persona est un masque social, le rôle, la partie de la personnalité qui permet de consentir à plusieurs accommodements par rapport à son identité pour s’adapter aux différentes situations sociales et satisfaire aux attentes réelles ou imaginaires des autres personnes ». Une interface entre l’individu et la société, qui était destinée à être un artifice, un compromis. La Persona était le visage que l’on présentait lorsqu’on voulait que les gens nous aiment et nous acceptent.
La souffrance commençait lorsqu’on finissait par s’identifier à sa Persona, jusqu’à conserver ce masque en permanence dans le monde extérieure et à devenir qui l’on prétendait être : de préférence un masque socialement valorisant.
Nathanael, quoi qu’ayant compris ce concept, avait du mal, ou au contraire, beaucoup de facilités à s’en distinguer. Il était quelqu’un que l’on pouvait juger désagréable : il savait souvent ce qu’il voulait et dans quelles conditions, rendant les compromis parfois impossibles. Il n’avait pas peur des conflits et n’avait que très peu l’intuition de mentir, et donc de se travestir pour plaire à quelqu’un. Toutes les décisions sociales qu’il prenait étaient longuement négociées avec ses valeurs propres. Si la Persona était un masque, il n’y avait entre la réalité et son masque pas beaucoup de différences. Et quoi que cherchant l’approbation des gens et leur acceptation, Nathanael avait été contraint de le faire selon ses propres, infranchissables conditions.
Maximilien était agréable. Il était probablement si agréable qu’il ne savait pas ce qu’il voulait. Accoutumé à vivre pour les autres, à essayer de deviner ce qu’ils voulaient, à s’efforcer de les mettre à l’aise, il en était venu à oublier le sens de ses propres désirs. A s’identifier à sa Persona. A se déchirer dans les différentes directions imposées par les gens à qui il voulait faire plaisir. Jusqu’à culpabiliser que ses propres envies fussent en contradiction avec celles des autres. Et pour une personne agréable, s’il y avait un choix à faire entre continuer à se faire aimer pour un masque imaginaire ou poursuivre ses ambitions, la seconde option n’était que très rarement considérée, et encore moins aboutie. Les gens agréables disparaissaient en l’autre comme l’écume dans la mer. Comme un zèbre dans un troupeau.
« […] Me fondre dans le troupeau n’est pas une solution - du moins, ce n’est pas celle qui me convient. »
Ce n’était une solution qui ne convenait probablement à personne. Les gens agréables étaient souvent compatissants et empathiques, ce qui les empêchait souvent de défendre correctement leurs intérêts. Ils se faisaient facilement manipuler et exploiter.
« Ce n’est pas facile, mais dis la vérité. Dis ce à quoi tu penses, lui dit-il sans remarquer que cette conversation avait atteint son achèvement pour le jeune homme. Mentir pour éviter le conflit à court terme, c’est facile, mais tu payes un lourd tribut à cette facilité. D’une part tu te fais du mal et d’autre part, les gens finissent par se rendre compte que tu mens et c’est encore pire. On fait des choses au détriment de soi-même en pensant rendre service aux autres, mais c’est souvent faux. On rend seulement service à nos peurs. »
Quoi que l’ayant dit de son air d’usage, aussi régulier que le rythme de l’univers, Nathanael se tut soudain et eut l’air essoufflé. Yeux baissés vers le sol et dos courbé, il offrit le trigone pâle et infiniment long de son cou. Ses cheveux de merle faisaient jurer de leurs boucles lâches le laiteux de sa peau, souligné plus loin par le col d’une chemise veule et plus noire encore, dans laquelle plongeait le profond relief de sa gorge. Il se cacha sans le vouloir derrière la foule désordonnée de ses mèches où il faisait bon de réfléchir sans voir personne. Sa prévenance maladroite savait voir trop parlé, trop donné de conseils, et plus ses paroles se trouvaient acceptées sans négociation, moins il avait l’impression que son opinion valait quelque chose. Selon sa modeste expérience, Nathanael avait appris que bien peu de conseils s’appliquaient à sa nature, aussi perdait-il toujours en confiance lorsque les siens paraissaient ne rencontrer aucune résistance : sa différence rendait leur véracité suspecte. Néanmoins, il avait livré là quelques années d’expérience singulière consacrée à ses tentatives d’intégration, l’ayant sans cesse ramené au rivage familier de son authenticité propre. Sa pensée de doutes si fit interrompre, de sa propre faute cependant car il avait encore invariablement suivi le cours de sa pensée au lieu de s’attacher à la conversation, dont l’adage était de se mener à deux.
« Et il y a bien deux Peter, tu avais raison. Une coïncidence qui m’a également perturbé au début. Étrange que les deux personnes qui me provoquent les émotions les plus fortes portent le même prénom… Au final, nous avons beaucoup parlé de moi mais peu de toi ! »
Nathanael releva la tête et fronça les sourcils, visiblement confus.
« Ah, lâcha-t-il, tentant de trouver aussi rapidement que possible dans sa nature cette lacune manifeste dans sa logique, et que le jeune homme paraissait prendre comme dû. Il faut qu’on parle de moi ? » finit-il par demander avec une sorte de détermination abrupte.
Son imagination n’était pas parvenue à combler la subtile corrélation dans un temps jugé convenable, aussi avait-il préféré poser la question avant de s’adonner à une analyse plus poussée.
La vulnérabilité. A force de se livrer, Maximilien avait pu se sentir bien trop mis à nu devant un interlocuteur resté résolument drapé de toute sa volubilité peu partageuse. La réciprocité. Son absence prolongée poussait parfois les gens à vouloir rétablir la balance. L’évitement. Le silence en pointillés qui avait suivi la réflexion sur les deux Peters le fit supposer un changement de sujet pour éviter ce dont le jeune homme n’avait plus envie de parler. Ce qui au demeurant aurait pu expliquer pourquoi aucune question n’avait été posée. Leur conversation à sens unique paraissait être plus un constat qu’un tort à rétablir. Comme pour illustrer son propos, Nathanael étala la raideur de sa franchise naturelle :
« C’est parce que tu veux être poli ? supposa-t-il d’abord doucement, sachant déjà à quel point personne ne voulait reconnaitre ce qui était convenu. Ou parce que tu n’as plus envie de parler de toi ? poursuivit-il d’un ton doux mais égal, aussi lent que sa respiration. Le sujet des deux Peter est peut-être un sujet trop sensible ? Je te mets mal à l’aise ?... Si c’est ça, tu préfères changer de sujet ? finit-il par proposer ouvertement et sans juger une tentative d’échappatoire déjà entamée. Tu as l’impression de m’en avoir trop dit et tu veux que j’en fasse tout autant ? »
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Re: Night Vision (ft. Nathanael)
Mer 17 Mar 2021 - 16:14
Night Vision ft. @Nathanael CohenIl y a de nombreuses choses le concernant dont il n’est pas conscient, que ce soit de sa propre volonté ou non. Mais il y a une chose certaine c’est que, malgré sa volonté de vouloir être honnête, Maximilien s’est habitué à se plier aux desiderata des uns et des autres. Pas par manque de caractère, mais par croyance que si son interlocuteur est satisfait, il le sera également par juste retour des choses. Sa naïveté ne s’est jamais mieux exprimée et cette histoire de zèbre lui fait se rappeler l’importance de sa propre valeur. Il se pose donc quelques minutes pour y réfléchir, tentant de comprendre quel est le message que Nathanael souhaite lui passer. Sera-t-il seulement d’accord avec ce dernier ? Il ne peut pas le savoir à l’avance, tout dépend de son contenu. Mais il est assuré que, par politesse, il n’agira jamais avec véhémence.
Dire ce qu’il pense. Soutenir la vérité. Sa vérité, dans certains cas, car elle n’est pas toujours la même pour tout le monde. Il fronce les sourcils lui qui, jusqu’à présent, pensait déjà avoir ce mécanisme de dire ce qu’il pense. Apparemment pas ? Oui, il n’aime pas le conflit mais préfère le résoudre que l’éviter. Ou en tout cas, il n’a jamais cherché à le faire consciemment. Quand au mensonge… Maximilien sait qu’il omet beaucoup de vérité, par désir de se préserver ou ne pas avoir à aborder certains sujets qui ne le mettent pas à l’aise. Il ne rend service à personne à part lui-même. Qu’est-ce que ça peut bien faire que ses amis sachent ou pas qu’il est animagus ? Ou ses histoires de famille ? Il ne veut pas être un livre ouvert, bien qu’il soit déjà très facile de lire en lui. Nathanael, lui, semble parfaitement le faire, ce qui a le don de le déconcerter.
“Parfois, dire constamment ce que l’on pense peut être pire pour la relation non ? Quelle est la place du non-dit dans cette histoire ?” Demande-t-il avec intérêt, le concierge étant visiblement à l’aise avec ce type de conversation aux attraits philosophiques. Maximilien en profite pour apprendre certaines choses, souvent nouvelles et s’enrichit de cette discussion.
Le sujet des deux Peter a l’effet d’une patate chaude dans sa bouche qu’il voudrait aussitôt recracher. Il en vient à penser qu’il s’est déjà énormément confié sur sa vie auprès de Nathanael sans rien avoir décelé de la sienne, hormis son prénom et son métier. Et son apparent attrait pour les discussions intellectuelles. Est-ce que c’est une manière pour lui de refiler le bébé avec l’eau du bain ? Parfaitement, bien qu’il ne le formule pas comme tel. Est-ce qu’il se doute que le brun s’en rendra compte ? Compte tenu de la conversation, il y a fort à parier que oui.
“Pourquoi pas ?” Répondre à une question par une autre question, il déteste quand on lui fait ça d’ordinaire. Mais Maximilien ne voit pas de raison valable pour laquelle l’homme serait mis de côté. Une discussion n’est-elle pas avant tout un partage ? Et jusqu’à présent, il a l’impression d’avoir été le seul à donner des informations sur sa personne. Du moins, volontairement. Car il a pu en saisir quelques-unes au sujet de Nathanael qui ne demandent qu’à être confirmées.
“Étant donné que je dois dire ce que je pense… Oui, il y a un peu de tout ça. Le sujet Peter m’est inconfortable, bien qu’il me serait possible d’en parler si je le voulais. Et oui, je suis curieux en fait. J’estime avoir livré assez de moi-même pour que tu me rendes la pareille. Non, ce n’est pas que de la politesse, je dirais plutôt… de la curiosité. Ta façon de parler, de m’expliquer les choses telles que tu les vois… ça m’intrigue. Je veux en savoir plus moi aussi, comprendre comment tu en es arrivé à avoir cette façon de penser.” Il fait une brève pause avant de sourire à son tour, légèrement, et de demander. “Ou est-ce que tu me poses toutes ces questions pour, justement, éviter que l’on parle de toi ? Est-ce que tu aurais honte de quelque chose ? Peur que j’use de ces futures connaissances à mauvais escient ? Tu ne sembles pas manquer de confiance en toi, donc il n’est sûrement pas question de cela.” C’est à son tour de se caler dans son siège, interrogeant l’homme du regard avec intérêt. Il s’attend visiblement à tout de sa part et est curieux de découvrir l’histoire derrière ce personnage qui semble pourtant discret. Et peut-être que plus tard, s’il le souhaite, ils reviendront sur les Peter.
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