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Exode (22:18) Tu ne laisseras point vivre la sorcière.
Mar 10 Nov 2020 - 16:46
« Tu manques à maman. Tu n’étais pas là pour Roch Hashana.
- J’ai téléphoné, Zavah. »
Nathanael étira ses jambes. Il était installé dans l’embrasure de la fenêtre de sa chambre et regrettait déjà cette conversation matinale avec l’aînée de ses sœurs. Il paraissait troublé. En cette glaciale journée de novembre, ses yeux noirs semblaient tous aussi perdus que ne l’était sa personne. A vrai dire, c’était surtout un vague sentiment d’injustice qu’aucune introspection ne parvenait jamais à faire disparaître. D’habitude, il balayait les reproches par une lente rhétorique. Mais pas ce matin.
« Mme Shapiro a accouché la semaine dernière. » reprit sa sœur, l’air de rien et après un silence lourd d’expectatives.
Nael ne répondit pas. Il n’en avait pas besoin. Zavah tournait certes autour du pot, mais elle n’était pas lâche : elle allait finir par lui dire le fond de sa pensée.
« Un petit garçon, précisa-t-elle.
- Tu les féliciteras pour moi. » fit-il avec politesse.
De son poste d’observation, il pouvait voir la cime des arbres de la forêt qui longeait l’université. Une bourrasque de vent en agita les branches et, tel le pelage d’un chat, la fourrure boisée frissonna d’un même mouvement. A l’autre bout du téléphone, Zavah poussa elle aussi un long soupire, qui cascada au même rythme que le vent.
« Ils t’avaient invité à la Brit. »
Nathanael ferma les yeux, serrant le combiné dans sa main sans articuler la moindre réponse. Il savait à quoi menait cette accumulation. Le ministère de la magie se trompait : le plus dur, ce n’était pas de s’intégrer dans la communauté magique, ce n’était pas d’être étranger à toute cette culture fantastique dont on l’avait longtemps privé. Non, le plus dur, c’était de devenir un étranger pour sa propre famille, pour sa propre communauté.
« Je leur ferais une carte, tenta-t-il de se dédouaner.
- Tu comptes venir pour Hanoukka ? » demanda-t-elle enfin d’une voix grondant tant la menace que la déception.
Nathanael prit une longue inspiration.
« Non. » répondit-il finalement.
On aurait pu croire qu’à presque trente-quatre ans, le concierge avait depuis longtemps quitté le nid familial. Mais il n’en était rien. A bien des égards pourtant, il était parti beaucoup trop tôt : ses brillants résultats lui avaient ouvert les portes de cursus universitaire qu’il avait, consciemment ou non, toujours choisi d’effectuer le plus loin possible des siens. Cela n’était pas par manque d’affection : ils étaient toute sa vie et il les aimait profondément. Si les relations avec certains des membres de sa fratrie avaient été complexes depuis le début, le clan Cohen avait toujours su resserrer les liens et lisser rivalités et reproches dans l’étau de sempiternelles traditions. Au nom du judaïsme, Nathanael et les autres avaient noués leurs identités à l’arbre de coutumes dont les racines remontaient loin dans l’histoire et dont les branches tapissaient le ciel : l’ombre de son feuillage ne laissait que bien peu de place à l’indépendance. Leur mère adorait le leur rappeler : la famille est ton bien le plus précieux et la Torah le refuge qui la protégera. Ce principe simple avait de bons côtés, évidemment : il unissait la tapisserie, conservait un lien tangible en cette ère de désintégration du noyau familial, dans ce monde numérique ou les perspectives d’éloignement étaient si grandes.
Mais la vérité était plus complexe : Nathanael étouffait. Il s’était toujours senti en marge et on avait toujours accordé une grande attention à lui expliquer combien il était important qu’il en fasse plus que les autres. Et il l’avait fait : il faisait ses prières, sanglait ses Téfilines plusieurs fois par jour, respectait ses parents, sa religion. Il avait été sage, brillant, calme, poli, efficace. Il avait muselé avec une obéissance révérencieuse la partie de lui qui avait tant effrayé ses parents jusqu’à oblitérer complètement le monde magique qu’il avait pourtant toujours perçu du coin de l’œil, comme un appel perpétuel à sa véritable nature. Par respect, il avait redoublé d’efforts pour ne pas voir, jusqu’à l’aveuglement. Il avait sacrifié tout ce que sa nature lui avait permis de sacrifier. Il avait été le plus attentionné de tous les enfants Cohen. Mais cela n’avait jamais suffi.
« Tu comptes nous renier au profit de ta secte occulte ? » cracha Zavah.
Cette fois, Nael se mordit les lèvres, se retenant de lui faire remarquer qu’il était bien aisé de renverser les rôles à présent. Il leur avait tout donné sans jamais rien exiger. Ceci était son premier caprice. Le plus grand, d’ailleurs.
« Ce n’est pas une secte.
- Appel ça comme bon te semble. Maman a besoin de toi. »
Comprenez : la fin justifie les moyens. Et le chantage affectif avait toujours représenté une arme de destruction massive dans sa famille. La Rolls Royce des cages, aussi dorée fut-elle.
« Tu lui manques.
- Je sais.
- Elle est malheureuse.
- Je sais. » répéta-t-il.
Le silence les enveloppa, Nael gardant soigneusement son mutisme comme un bouclier tandis que son interlocutrice, il le savait, affûtait ses armes une ultime fois.
« Tu as changé, Nathi. »
Et elle raccrocha, tandis que le surnom, lui, semblait encore flotter dans l’air. Ils étaient les seuls à l’appeler comme ça. L’estocade finale n’était pas méritée, mais elle frappait juste. Ils lui en voulaient. Mais Nathanael n’arrivait toujours pas à regretter assez son choix pour reculer. Ils étaient donc tous dans une impasse. Le regard du jeune concierge erra sur la nature devant lui, une nature emplie d’une magie frémissante qu’il commençait à trouver de plus en plus familière. Son regard balaya ensuite sa chambre, butant sur les photos à son bureau. Il y voyait l’évolution de sa famille à travers les années, les modes vestimentaires qui se succédaient, les visages qui grandissaient, puis ceux qui disparaissaient. Sa place était toujours la même : sur la droite, légèrement en décalé, dans le rayon des autres et pourtant pas vraiment collé à eux.
Il avait vraiment essayé. Ou du moins, il voulait se raccrocher à cette idée.
Poussant un soupire qui en disait long sur sa soudaine lassitude, Nathanael déverrouilla son portable d’un mouvement de pouce, puis pianota un message à la vitesse de l’éclair. Il avait certes des obligations imputées par le ministère au nom d’une autre sacro-sainte tentative d’insertion, mais il pouvait au moins décider de quelque chose. Et il en avait cruellement besoin : de se sentir libre de ses mouvements. Au moins un peu. Après avoir brièvement décliné la proposition de transplanage et confirmé qu’il rejoindrait le professeur sur le lieu de rendez-vous, Nathanael redoubla d’efficacité. En moins de cinq petites minutes, il réservait un billet de train à destination d’Édimbourg, se commandait un taxi de la ville moldue voisine à Inverness, fourrait dans sa sacoche en cuir de quoi occuper son esprit durant les longues heures de voyage et quittait sa chambre.
Son trajet fut d’un incroyable silence, à peine troublé par les vrombissements de la locomotive et les sursauts d’appel d’air que la rencontre de deux trains exerçait sur les vitres. Le jeune homme s’était moulé dans les sièges rapiécés du train avec autant d’application qu’il s’était consacré au paysage défilant par la fenêtre. Une moue mélancolique fixait ses traits d’une honteuse tristesse dont il acceptait l’expression que parce qu’il n’y avait personne pour la remarquer. La campagne déroulait son tableau verdoyant et Nael s’y noya avec toute la volonté de l’oubli dont il était capable, espérant qu’un trop plein de nature finirait par ne laisser de place en son esprit qu’à un paysage inoffensif. Son regard attentif errait sans but, s’adressant tantôt aux immenses étendues verdoyantes, tantôt au ciel où le vent haut dessinait des fougères de nuage. Il se laissa glisser, épousant de son esprit la langueur de la nature, la succession de couleurs. Il pouvait sentir les vibrations du train dans le léger tressautement de son corps, il entendait les chuchotements des passagers tout autour sans s’attarder à essayer de comprendre… Il ne compta pas les heures, parce qu’il n’était pas plus pressé d’arriver qu’il ne l’était de sortir de la semi-transe dans laquelle il se trouvait.
Lorsqu’il quitta la gare pour se glisser dans la population d’Édimbourg, ce fut d’un pas presque automatique. De temps à autre, son regard glissait vers le téléphone et le marqueur bleu lui indiquant la direction à prendre. Il aurait pu de nouveau prendre un taxi, mais il avait envie de marcher. Il n’arriverait pas en retard, puis n’avait pas la moindre intention d’être en avance non plus. Le paysage urbain se succéda à tous les autres, gagnant le concierge qui se laissait doucement emporter, atteignant enfin un état d’esprit vague dont il ne souhaitait pas sortir. L’air de la capitale écossaise était nimbé des odeurs de la ville mêlées à celles de la campagne, le vent faiblement salin se mêlant à l’aigreur des pots d’échappement et les constructions humaines remplacèrent peu à peu le vert immuable qui avait régné au creux de ses yeux depuis le matin. Lorsque son téléphone lui indiqua qu’il était arrivé, Nathanael s’immobilisa enfin, avec l’impression d’avoir au moins pu grappiller quelques heures d’indépendance avant de devoir de nouveau venir satisfaire les ordres d’une autorité s’étant de nouveau arrogé le droit de lui indiquer comment vivre.
Il enfonça alors le bouton de la sonnette tout en fourrageant dans sa mallette.
« Bonjour. » salua-t-il automatiquement lorsque la porte s’ouvrit enfin.
Ses yeux firent un aller-retour poli entre la personne qui venait d’entrer dans son champ de vision et le contenu de son sac, sans s’y attarder. Il était sûr de les avoir emmenés pourtant.
« Je viens pour… Ah ! Voilà. » fit-il en extirpant enfin la lettre du ministère ainsi qu’un bout d’annonce qu’il avait pris soin de découper, lesquelles avaient eu la bonne idée de se glisser entre deux livres de prières. Ironie, quand tu nous tiens… « … prendre des cours particuliers afin de faciliter votre acclimatation au monde magique, votre dextérité sorcière et votre relationnel quant à notre communauté… » lut-il avec un ennui profond, avant de rectifier : « Enfin, manifestement, pas « votre » acclimatation, dextérité, relationnel, mais « mon » acclimatation, dextérité et relationnel. »
Il redressa enfin des yeux las de la lettre ministérielle, fixant la personne qui se tenait dans l’embrasure pour lui tendre la petite annonce qu'il avait trouvé placardée dans l’université. Il avait pris le premier papier qui lui était tombé sous la main, avait envoyé un texto au numéro. Et donc, le voici.
« Je viens donc pour voir Monsieur Andréa de Valois Xavier. » expliqua-t-il tout en espérant ne pas s’être trompé d’adresse.
« Il habite bien ici ? »
@Andrea de Valois-Xavier
- J’ai téléphoné, Zavah. »
Nathanael étira ses jambes. Il était installé dans l’embrasure de la fenêtre de sa chambre et regrettait déjà cette conversation matinale avec l’aînée de ses sœurs. Il paraissait troublé. En cette glaciale journée de novembre, ses yeux noirs semblaient tous aussi perdus que ne l’était sa personne. A vrai dire, c’était surtout un vague sentiment d’injustice qu’aucune introspection ne parvenait jamais à faire disparaître. D’habitude, il balayait les reproches par une lente rhétorique. Mais pas ce matin.
« Mme Shapiro a accouché la semaine dernière. » reprit sa sœur, l’air de rien et après un silence lourd d’expectatives.
Nael ne répondit pas. Il n’en avait pas besoin. Zavah tournait certes autour du pot, mais elle n’était pas lâche : elle allait finir par lui dire le fond de sa pensée.
« Un petit garçon, précisa-t-elle.
- Tu les féliciteras pour moi. » fit-il avec politesse.
De son poste d’observation, il pouvait voir la cime des arbres de la forêt qui longeait l’université. Une bourrasque de vent en agita les branches et, tel le pelage d’un chat, la fourrure boisée frissonna d’un même mouvement. A l’autre bout du téléphone, Zavah poussa elle aussi un long soupire, qui cascada au même rythme que le vent.
« Ils t’avaient invité à la Brit. »
Nathanael ferma les yeux, serrant le combiné dans sa main sans articuler la moindre réponse. Il savait à quoi menait cette accumulation. Le ministère de la magie se trompait : le plus dur, ce n’était pas de s’intégrer dans la communauté magique, ce n’était pas d’être étranger à toute cette culture fantastique dont on l’avait longtemps privé. Non, le plus dur, c’était de devenir un étranger pour sa propre famille, pour sa propre communauté.
« Je leur ferais une carte, tenta-t-il de se dédouaner.
- Tu comptes venir pour Hanoukka ? » demanda-t-elle enfin d’une voix grondant tant la menace que la déception.
Nathanael prit une longue inspiration.
« Non. » répondit-il finalement.
On aurait pu croire qu’à presque trente-quatre ans, le concierge avait depuis longtemps quitté le nid familial. Mais il n’en était rien. A bien des égards pourtant, il était parti beaucoup trop tôt : ses brillants résultats lui avaient ouvert les portes de cursus universitaire qu’il avait, consciemment ou non, toujours choisi d’effectuer le plus loin possible des siens. Cela n’était pas par manque d’affection : ils étaient toute sa vie et il les aimait profondément. Si les relations avec certains des membres de sa fratrie avaient été complexes depuis le début, le clan Cohen avait toujours su resserrer les liens et lisser rivalités et reproches dans l’étau de sempiternelles traditions. Au nom du judaïsme, Nathanael et les autres avaient noués leurs identités à l’arbre de coutumes dont les racines remontaient loin dans l’histoire et dont les branches tapissaient le ciel : l’ombre de son feuillage ne laissait que bien peu de place à l’indépendance. Leur mère adorait le leur rappeler : la famille est ton bien le plus précieux et la Torah le refuge qui la protégera. Ce principe simple avait de bons côtés, évidemment : il unissait la tapisserie, conservait un lien tangible en cette ère de désintégration du noyau familial, dans ce monde numérique ou les perspectives d’éloignement étaient si grandes.
Mais la vérité était plus complexe : Nathanael étouffait. Il s’était toujours senti en marge et on avait toujours accordé une grande attention à lui expliquer combien il était important qu’il en fasse plus que les autres. Et il l’avait fait : il faisait ses prières, sanglait ses Téfilines plusieurs fois par jour, respectait ses parents, sa religion. Il avait été sage, brillant, calme, poli, efficace. Il avait muselé avec une obéissance révérencieuse la partie de lui qui avait tant effrayé ses parents jusqu’à oblitérer complètement le monde magique qu’il avait pourtant toujours perçu du coin de l’œil, comme un appel perpétuel à sa véritable nature. Par respect, il avait redoublé d’efforts pour ne pas voir, jusqu’à l’aveuglement. Il avait sacrifié tout ce que sa nature lui avait permis de sacrifier. Il avait été le plus attentionné de tous les enfants Cohen. Mais cela n’avait jamais suffi.
« Tu comptes nous renier au profit de ta secte occulte ? » cracha Zavah.
Cette fois, Nael se mordit les lèvres, se retenant de lui faire remarquer qu’il était bien aisé de renverser les rôles à présent. Il leur avait tout donné sans jamais rien exiger. Ceci était son premier caprice. Le plus grand, d’ailleurs.
« Ce n’est pas une secte.
- Appel ça comme bon te semble. Maman a besoin de toi. »
Comprenez : la fin justifie les moyens. Et le chantage affectif avait toujours représenté une arme de destruction massive dans sa famille. La Rolls Royce des cages, aussi dorée fut-elle.
« Tu lui manques.
- Je sais.
- Elle est malheureuse.
- Je sais. » répéta-t-il.
Le silence les enveloppa, Nael gardant soigneusement son mutisme comme un bouclier tandis que son interlocutrice, il le savait, affûtait ses armes une ultime fois.
« Tu as changé, Nathi. »
Et elle raccrocha, tandis que le surnom, lui, semblait encore flotter dans l’air. Ils étaient les seuls à l’appeler comme ça. L’estocade finale n’était pas méritée, mais elle frappait juste. Ils lui en voulaient. Mais Nathanael n’arrivait toujours pas à regretter assez son choix pour reculer. Ils étaient donc tous dans une impasse. Le regard du jeune concierge erra sur la nature devant lui, une nature emplie d’une magie frémissante qu’il commençait à trouver de plus en plus familière. Son regard balaya ensuite sa chambre, butant sur les photos à son bureau. Il y voyait l’évolution de sa famille à travers les années, les modes vestimentaires qui se succédaient, les visages qui grandissaient, puis ceux qui disparaissaient. Sa place était toujours la même : sur la droite, légèrement en décalé, dans le rayon des autres et pourtant pas vraiment collé à eux.
Il avait vraiment essayé. Ou du moins, il voulait se raccrocher à cette idée.
Poussant un soupire qui en disait long sur sa soudaine lassitude, Nathanael déverrouilla son portable d’un mouvement de pouce, puis pianota un message à la vitesse de l’éclair. Il avait certes des obligations imputées par le ministère au nom d’une autre sacro-sainte tentative d’insertion, mais il pouvait au moins décider de quelque chose. Et il en avait cruellement besoin : de se sentir libre de ses mouvements. Au moins un peu. Après avoir brièvement décliné la proposition de transplanage et confirmé qu’il rejoindrait le professeur sur le lieu de rendez-vous, Nathanael redoubla d’efficacité. En moins de cinq petites minutes, il réservait un billet de train à destination d’Édimbourg, se commandait un taxi de la ville moldue voisine à Inverness, fourrait dans sa sacoche en cuir de quoi occuper son esprit durant les longues heures de voyage et quittait sa chambre.
Son trajet fut d’un incroyable silence, à peine troublé par les vrombissements de la locomotive et les sursauts d’appel d’air que la rencontre de deux trains exerçait sur les vitres. Le jeune homme s’était moulé dans les sièges rapiécés du train avec autant d’application qu’il s’était consacré au paysage défilant par la fenêtre. Une moue mélancolique fixait ses traits d’une honteuse tristesse dont il acceptait l’expression que parce qu’il n’y avait personne pour la remarquer. La campagne déroulait son tableau verdoyant et Nael s’y noya avec toute la volonté de l’oubli dont il était capable, espérant qu’un trop plein de nature finirait par ne laisser de place en son esprit qu’à un paysage inoffensif. Son regard attentif errait sans but, s’adressant tantôt aux immenses étendues verdoyantes, tantôt au ciel où le vent haut dessinait des fougères de nuage. Il se laissa glisser, épousant de son esprit la langueur de la nature, la succession de couleurs. Il pouvait sentir les vibrations du train dans le léger tressautement de son corps, il entendait les chuchotements des passagers tout autour sans s’attarder à essayer de comprendre… Il ne compta pas les heures, parce qu’il n’était pas plus pressé d’arriver qu’il ne l’était de sortir de la semi-transe dans laquelle il se trouvait.
Lorsqu’il quitta la gare pour se glisser dans la population d’Édimbourg, ce fut d’un pas presque automatique. De temps à autre, son regard glissait vers le téléphone et le marqueur bleu lui indiquant la direction à prendre. Il aurait pu de nouveau prendre un taxi, mais il avait envie de marcher. Il n’arriverait pas en retard, puis n’avait pas la moindre intention d’être en avance non plus. Le paysage urbain se succéda à tous les autres, gagnant le concierge qui se laissait doucement emporter, atteignant enfin un état d’esprit vague dont il ne souhaitait pas sortir. L’air de la capitale écossaise était nimbé des odeurs de la ville mêlées à celles de la campagne, le vent faiblement salin se mêlant à l’aigreur des pots d’échappement et les constructions humaines remplacèrent peu à peu le vert immuable qui avait régné au creux de ses yeux depuis le matin. Lorsque son téléphone lui indiqua qu’il était arrivé, Nathanael s’immobilisa enfin, avec l’impression d’avoir au moins pu grappiller quelques heures d’indépendance avant de devoir de nouveau venir satisfaire les ordres d’une autorité s’étant de nouveau arrogé le droit de lui indiquer comment vivre.
Il enfonça alors le bouton de la sonnette tout en fourrageant dans sa mallette.
« Bonjour. » salua-t-il automatiquement lorsque la porte s’ouvrit enfin.
Ses yeux firent un aller-retour poli entre la personne qui venait d’entrer dans son champ de vision et le contenu de son sac, sans s’y attarder. Il était sûr de les avoir emmenés pourtant.
« Je viens pour… Ah ! Voilà. » fit-il en extirpant enfin la lettre du ministère ainsi qu’un bout d’annonce qu’il avait pris soin de découper, lesquelles avaient eu la bonne idée de se glisser entre deux livres de prières. Ironie, quand tu nous tiens… « … prendre des cours particuliers afin de faciliter votre acclimatation au monde magique, votre dextérité sorcière et votre relationnel quant à notre communauté… » lut-il avec un ennui profond, avant de rectifier : « Enfin, manifestement, pas « votre » acclimatation, dextérité, relationnel, mais « mon » acclimatation, dextérité et relationnel. »
Il redressa enfin des yeux las de la lettre ministérielle, fixant la personne qui se tenait dans l’embrasure pour lui tendre la petite annonce qu'il avait trouvé placardée dans l’université. Il avait pris le premier papier qui lui était tombé sous la main, avait envoyé un texto au numéro. Et donc, le voici.
« Je viens donc pour voir Monsieur Andréa de Valois Xavier. » expliqua-t-il tout en espérant ne pas s’être trompé d’adresse.
« Il habite bien ici ? »
@Andrea de Valois-Xavier
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Re: Exode (22:18) Tu ne laisseras point vivre la sorcière.
Lun 16 Nov 2020 - 5:44
Tu ne laisseras point vivre la sorcière
« Charles? Charles? Pourrais-tu venir m'aider avec cette boîte? » Andrea profitait de l'une de ses rares journées de congé de la semaine pour décorer leur maison d'Édimbourg pour Noël avec son mari. La rampe d'escalier avait déjà été ornée d'une guirlande montant de l'étage inférieur jusqu'au quatrième étage et les époux s'affairaient à monter les boîtes de décorations pour le salon. « Lord! Elle est lourde! Que contient-elle? », lui demanda-t-il en prenant la boîte en question des mains de sa femme. « Hum, je crois que c'est la crèche et la couronne pour la porte avant. Fait attention à ton dos, dear. », lui répondit l'Anglaise en montant l'escalier à sa suite, le bas de sa jupe couleur émeraude en main pour ne pas s'enfarger.
Les Xavier venaient tout juste de revenir dans le sitting room qu'Andrea se précipita dans la salle d'eau, prise de nausée. C'était la deuxième journée de suite que l'Anglaise s'y précipitait pour cette raison. Son mari lui demanda si elle allait bien lorsqu'elle en ressortit, mais elle regetta la question du revert de la main. Elle devait sûrement avoir mangé quelque chose qui n'était pas très frais. Par contre, son malaise lui a permis de voir qu'elle avait reçu un message d'un nouvel étudient qui venait de prendre rendez-vous avec elle pour plus tard dans la journée.
Andrea avait reçu, deux jours plus tôt, une lettre du Ministère de la magie qu'elle avait faisait partie de la liste de né-moldu qui avait été référé a monsieur Cohen, le concierge de l'université, pour favoriser son insertion au monde sorcier. Même si l'Anglaise aurait souhaité être consultée avant d'être incluse à cette liste, et-ce, même si elle avait affiché à l'université des annonces où elle proposait des cours privés; elle n'y voyait aucun inconvénient puisqu'elle le connaissait. L'ancienne professeure avait connu l'astrophysicien à un concours organisé par la gazette où ils avaient été finalistes un peu plus tôt cette année, mais n'avaient pas gardé contact. Andrea avait revu, de loin le concierge depuis qu'elle était arrivée à Hungcalf, mais ne lui avait pas vraiment parlé à l'exception d'un "bonjour" poli lorsqu'elle le croisait dans les couloirs.
Une fois les arrangements pris avec son élève, elle informa son mari qu'ils recevrait un invité dans les prochaines heures; ils disposaient de trois heures pour terminer de monter le sapin, décorer la cheminée et redescendre les boîtes dans la salle de rangement. Le tout fut terminé rapidement en un peu plus de deux heures et Andrea était entrain de ranger un peu dans son bureau lorsque la sonnette retentit dans la maisonnée. L'Anglaise se dépêcha de ranger dans l'étagère derrière son bureau son volume sur les constellations pendant que Charles répondait à la porte. Elle pouvait entendre la voix du concierge depuis son bureau pendant qu'il lisait la lettre ennuyante qu'ils avaient tous les deux reçue. « Je viens donc pour voir Monsieur Andréa de Valois Xavier. Il habite bien ici ?», entendit-elle demander au loin. « Andrea, ton étudiant est arrivé. », appela l'Anglais, qui eut comme réponse le son produit par les talons hauts de sa femme sur la porcelaine du hall. Andrea arriva dans l'entrée pendant que son mari annonçait, en riant, à monsieur Cohen qu'il aurait besoin lui aussi de cours d'acclimatation au monde sorcier. « Bonjour, monsieur Cohen, bienvenue à Édimbourg. J'espère que vous avez fait un bon voyage. », lui demanda Andrea pendant que Charles refermait la porte derrière l'Américain. « Je vous présente mon époux, Charles Xavier. Prendriez-vous une tasse de thé avant que nous passions dans mon bureau? ». Andrea avait l'air minuscule, du haut de son 1.60m, près du concierge, et-ce, malgrés ses talons.
L'Anglaise et son étudiant traversèrent le hall pour entrer dans le bureau de l'ancienne professeure. Le mur derrière le bureau était recouvert de bibliothèque, dont les étagèrent étaient autant recouvertes de livres académiques que d'ouvrage de fiction. Un grand bureau en bois était placé au centre de la pièce avec deux fauteuils placés devant lui. Andrea invita Nathanael à prendre place dans l'un des deux pendant qu'elle s'assoyait derrière le meuble en bois. Elle rangea discrètement son ordinateur portable, ainsi que son exemplaire du Seigneur des Anneaux, dans un tiroir. « Que puis-je faire pour vous aider, monsieur Cohen? », demanda la Lufkin en fermant la porte d'un coup de baguette. C'est lorsqu'elle vit l'air de son étudiant que l'Anglaise s'expliqua: « Je suis parfaitement au courant de la marche à suivre du Ministère, mais ce n'est pas ma façon de faire. Ma façon de faire est très simple: j'enseigne ce que mes étudiants souhaitent apprendre. J'ai pour philosophie que personne ne peut apprendre quoique ce soit sous la pression et je ne ferai pas différemment avec vous. Qu'attendez-vous de moi pour nos séances ensemble, monsieur Cohen? »
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Les Xavier venaient tout juste de revenir dans le sitting room qu'Andrea se précipita dans la salle d'eau, prise de nausée. C'était la deuxième journée de suite que l'Anglaise s'y précipitait pour cette raison. Son mari lui demanda si elle allait bien lorsqu'elle en ressortit, mais elle regetta la question du revert de la main. Elle devait sûrement avoir mangé quelque chose qui n'était pas très frais. Par contre, son malaise lui a permis de voir qu'elle avait reçu un message d'un nouvel étudient qui venait de prendre rendez-vous avec elle pour plus tard dans la journée.
Andrea avait reçu, deux jours plus tôt, une lettre du Ministère de la magie qu'elle avait faisait partie de la liste de né-moldu qui avait été référé a monsieur Cohen, le concierge de l'université, pour favoriser son insertion au monde sorcier. Même si l'Anglaise aurait souhaité être consultée avant d'être incluse à cette liste, et-ce, même si elle avait affiché à l'université des annonces où elle proposait des cours privés; elle n'y voyait aucun inconvénient puisqu'elle le connaissait. L'ancienne professeure avait connu l'astrophysicien à un concours organisé par la gazette où ils avaient été finalistes un peu plus tôt cette année, mais n'avaient pas gardé contact. Andrea avait revu, de loin le concierge depuis qu'elle était arrivée à Hungcalf, mais ne lui avait pas vraiment parlé à l'exception d'un "bonjour" poli lorsqu'elle le croisait dans les couloirs.
Une fois les arrangements pris avec son élève, elle informa son mari qu'ils recevrait un invité dans les prochaines heures; ils disposaient de trois heures pour terminer de monter le sapin, décorer la cheminée et redescendre les boîtes dans la salle de rangement. Le tout fut terminé rapidement en un peu plus de deux heures et Andrea était entrain de ranger un peu dans son bureau lorsque la sonnette retentit dans la maisonnée. L'Anglaise se dépêcha de ranger dans l'étagère derrière son bureau son volume sur les constellations pendant que Charles répondait à la porte. Elle pouvait entendre la voix du concierge depuis son bureau pendant qu'il lisait la lettre ennuyante qu'ils avaient tous les deux reçue. « Je viens donc pour voir Monsieur Andréa de Valois Xavier. Il habite bien ici ?», entendit-elle demander au loin. « Andrea, ton étudiant est arrivé. », appela l'Anglais, qui eut comme réponse le son produit par les talons hauts de sa femme sur la porcelaine du hall. Andrea arriva dans l'entrée pendant que son mari annonçait, en riant, à monsieur Cohen qu'il aurait besoin lui aussi de cours d'acclimatation au monde sorcier. « Bonjour, monsieur Cohen, bienvenue à Édimbourg. J'espère que vous avez fait un bon voyage. », lui demanda Andrea pendant que Charles refermait la porte derrière l'Américain. « Je vous présente mon époux, Charles Xavier. Prendriez-vous une tasse de thé avant que nous passions dans mon bureau? ». Andrea avait l'air minuscule, du haut de son 1.60m, près du concierge, et-ce, malgrés ses talons.
L'Anglaise et son étudiant traversèrent le hall pour entrer dans le bureau de l'ancienne professeure. Le mur derrière le bureau était recouvert de bibliothèque, dont les étagèrent étaient autant recouvertes de livres académiques que d'ouvrage de fiction. Un grand bureau en bois était placé au centre de la pièce avec deux fauteuils placés devant lui. Andrea invita Nathanael à prendre place dans l'un des deux pendant qu'elle s'assoyait derrière le meuble en bois. Elle rangea discrètement son ordinateur portable, ainsi que son exemplaire du Seigneur des Anneaux, dans un tiroir. « Que puis-je faire pour vous aider, monsieur Cohen? », demanda la Lufkin en fermant la porte d'un coup de baguette. C'est lorsqu'elle vit l'air de son étudiant que l'Anglaise s'expliqua: « Je suis parfaitement au courant de la marche à suivre du Ministère, mais ce n'est pas ma façon de faire. Ma façon de faire est très simple: j'enseigne ce que mes étudiants souhaitent apprendre. J'ai pour philosophie que personne ne peut apprendre quoique ce soit sous la pression et je ne ferai pas différemment avec vous. Qu'attendez-vous de moi pour nos séances ensemble, monsieur Cohen? »
@Nathanael Cohen
- InvitéInvité
Re: Exode (22:18) Tu ne laisseras point vivre la sorcière.
Dim 22 Nov 2020 - 23:06
Pour une raison obscure, peut-être à cause du nom de famille, Nathanael s’était attendu à rencontrer un homme chauve. Quelle ne fut donc pas sa déception ! Pas la première, ni la dernière il fallait le croire. Et parce qu’elle était le fruit d’une expectative sans fondement, elle n’en goûta que plus amère. Il n’eut d’égard, comme souvent, que pour les pieds de l’homme dans l’encadrement de la porte, pour le reflet que les luminaires projetaient sur ses chaussures. Il sourit par convenance plus que par conviction lorsque ce dernier mentionna ses propres difficultés. Contrairement à la majorité et à l’exception de sa famille, Nathanael n’avait jamais éprouvé un quelconque soulagement à l’idée que quelqu’un puisse rencontrer des inconvénients comparables aux siens. L’idée de s’apparenter artificiellement à quelqu’un, ou à un groupe, en vertu d’une ressemblance lui paraissait saugrenue. Néanmoins, le mari avait visiblement voulu le soulager avec humour, ce que le concierge prit en compte comme une intention louable, mais dénuée d’intérêt. Ce n’était pas un détail qui allait faire d’eux des amis dans le besoin, ni lui apporter autre chose que la certitude de ne pas être le seul dans cette situation, ce qui le laissait relativement indifférent. Ca devait être une sorte de paternalisme moderne.
« Bonjour, monsieur Cohen, bienvenue à Édimbourg.
- Merci.
- J'espère que vous avez fait un bon voyage.
- Ca va.
- Je vous présente mon époux, Charles Xavier.
- Enchanté.
- Prendriez-vous une tasse de thé avant que nous passions dans mon bureau ?
- S’il-vous-plait. » avait-il débité sans temps morts et avec le calme placide qui ne l’abandonnait jamais.
De la bienséance apprise et répétée avec plus ou moins de conviction selon sa tolérance. Juste assez mesurée pour être polie, mais suffisamment expéditive pour marquer le caractère superflu de cet échange. Une introduction incontournable, et qui ne portait bien souvent aucun caractère honnête, ce qui, à son avis, justifiait son implication minimale. Mais bon, les gens paraissaient apprécier autant poser que répondre à ce genre de questions.
Comme pour son mari, Nathanael s’était contenté d’observer les pieds de la jeune femme, ou plutôt sa robe, ce qui était compliqué vu leur taille respective car son visage tombait tout de même dans son champ périphérique. Comme il n’était pas en état de rendre la pareille en souhaitant à son professeur la bienvenue dans cette ville, ni de s’enquérir de son voyage et encore moins de lui présenter un quelconque époux, Nathanael demeura muet et se contenta de suivre le froissement de la robe lorsque celle-ci eut fini par s’engager dans le dédale de la maison. Ils rejoignirent ce qui lui parut être un bureau doublé d’une bibliothèque et, suivant le mouvement indiqué par un bras flottant, le concierge se débarrassa de son manteau, posa sa sacoche et prit place dans le fauteuil désigné.
« Que puis-je faire pour vous aider, monsieur Cohen ? »
Lentement, le concierge releva la tête, seulement pour fixer une pile de documents sur le bureau. Prenant la question au premier degré, il songea avoir besoin d’aide pour sa déclaration d’impôts : le site du gouvernement était encore moins clair que son statut à cheval et il n’était franchement pas partant pour payer deux fois sous prétexte d’avoir une jambe dans chaque camp. Il n’était pas non plus très satisfait de la façon dont il avait discrétisé l’action topologique de type BF en termes d’holonomies et de fluxes, part de ses travaux qui depuis longtemps méritait réécriture. Il avait l’impression qu’une de ces molaires bougeait, alors l’aide d’un dentiste était aussi la bienvenue… Il n’y avait pas vraiment réfléchi, à vrai dire, s’étant laissé porter par le courant administratif bien longé dans son lit d’intégration.
Alors que ses yeux s’écarquillaient en accompagnant une pensée toujours plus entortillée dans ses actuels problèmes, la jeune femme reprit parole pour spécifier sa question, chose qui éveilla Nathanael et rendit un peu de précision à son regard perdu. C’était fâcheux, il était justement là pour suivre le chemin tout tracé du Ministère de la Magie, sans fantaisies ni égarements, dans la conformité la plus fainéante et rigoureuse.
Ahlalala, les professeurs. Elle devait être une positiviste, de ceux qui voyaient ce métier comme un « excellent moment pour se reconnecter avec les vraies valeurs ». Une philosophie qui convenait quand on avait le choix du moment, du cours, de l’élève, de l’endroit. Si elle avait été DRH, elle aurait probablement été du genre à dire « Moi, je fais passer l’humain avant le CV ». Intention louable, mais qui résistait mal aux étudiants dont le seul but et tactique supportable était de bachoter pour se barrer le plus rapidement possible. S’émerveiller devant la richesse intellectuelle de ses élèves faisait partie d’une exception, tout comme leur volonté d’apprendre spontanément. Les idéalistes revenaient souvent à la première pause dans la salle des professeurs, leur cimetière des éléphants, pour maudire le désert éducatif dans lequel ils évoluent. L’apprentissage élémentaire était malheureusement loin d’être un loisir pour se voir exempter de toutes pressions et il lui sembla que Missis Xavier, en tant que professeur particulier, se destinait philosophiquement à l’enseignement de sujets récréatifs. Pour sa part, il avait déjà la pression du Ministère, sans parler de la proverbiale pression sociale. Nathanael finit par rompre son immobilité par un soupire, avant de, comme toujours, entamer sa réponse par une correction :
« Ce n’est pas tant une façon de faire que votre travail, dit-il d’une voix sans intonations, remettant sa présence en ces lieux en perspective. Personnellement, je n’attends rien en particulier de votre part, continua-t-il après une pause, le Ministère en revanche attend une intégration efficace de la mienne. Je fais confiance aux intentions du Ministère et je vous propose qu’on se cantonne donc à votre domaine d’expertise. »
« Bonjour, monsieur Cohen, bienvenue à Édimbourg.
- Merci.
- J'espère que vous avez fait un bon voyage.
- Ca va.
- Je vous présente mon époux, Charles Xavier.
- Enchanté.
- Prendriez-vous une tasse de thé avant que nous passions dans mon bureau ?
- S’il-vous-plait. » avait-il débité sans temps morts et avec le calme placide qui ne l’abandonnait jamais.
De la bienséance apprise et répétée avec plus ou moins de conviction selon sa tolérance. Juste assez mesurée pour être polie, mais suffisamment expéditive pour marquer le caractère superflu de cet échange. Une introduction incontournable, et qui ne portait bien souvent aucun caractère honnête, ce qui, à son avis, justifiait son implication minimale. Mais bon, les gens paraissaient apprécier autant poser que répondre à ce genre de questions.
Comme pour son mari, Nathanael s’était contenté d’observer les pieds de la jeune femme, ou plutôt sa robe, ce qui était compliqué vu leur taille respective car son visage tombait tout de même dans son champ périphérique. Comme il n’était pas en état de rendre la pareille en souhaitant à son professeur la bienvenue dans cette ville, ni de s’enquérir de son voyage et encore moins de lui présenter un quelconque époux, Nathanael demeura muet et se contenta de suivre le froissement de la robe lorsque celle-ci eut fini par s’engager dans le dédale de la maison. Ils rejoignirent ce qui lui parut être un bureau doublé d’une bibliothèque et, suivant le mouvement indiqué par un bras flottant, le concierge se débarrassa de son manteau, posa sa sacoche et prit place dans le fauteuil désigné.
« Que puis-je faire pour vous aider, monsieur Cohen ? »
Lentement, le concierge releva la tête, seulement pour fixer une pile de documents sur le bureau. Prenant la question au premier degré, il songea avoir besoin d’aide pour sa déclaration d’impôts : le site du gouvernement était encore moins clair que son statut à cheval et il n’était franchement pas partant pour payer deux fois sous prétexte d’avoir une jambe dans chaque camp. Il n’était pas non plus très satisfait de la façon dont il avait discrétisé l’action topologique de type BF en termes d’holonomies et de fluxes, part de ses travaux qui depuis longtemps méritait réécriture. Il avait l’impression qu’une de ces molaires bougeait, alors l’aide d’un dentiste était aussi la bienvenue… Il n’y avait pas vraiment réfléchi, à vrai dire, s’étant laissé porter par le courant administratif bien longé dans son lit d’intégration.
Alors que ses yeux s’écarquillaient en accompagnant une pensée toujours plus entortillée dans ses actuels problèmes, la jeune femme reprit parole pour spécifier sa question, chose qui éveilla Nathanael et rendit un peu de précision à son regard perdu. C’était fâcheux, il était justement là pour suivre le chemin tout tracé du Ministère de la Magie, sans fantaisies ni égarements, dans la conformité la plus fainéante et rigoureuse.
Ahlalala, les professeurs. Elle devait être une positiviste, de ceux qui voyaient ce métier comme un « excellent moment pour se reconnecter avec les vraies valeurs ». Une philosophie qui convenait quand on avait le choix du moment, du cours, de l’élève, de l’endroit. Si elle avait été DRH, elle aurait probablement été du genre à dire « Moi, je fais passer l’humain avant le CV ». Intention louable, mais qui résistait mal aux étudiants dont le seul but et tactique supportable était de bachoter pour se barrer le plus rapidement possible. S’émerveiller devant la richesse intellectuelle de ses élèves faisait partie d’une exception, tout comme leur volonté d’apprendre spontanément. Les idéalistes revenaient souvent à la première pause dans la salle des professeurs, leur cimetière des éléphants, pour maudire le désert éducatif dans lequel ils évoluent. L’apprentissage élémentaire était malheureusement loin d’être un loisir pour se voir exempter de toutes pressions et il lui sembla que Missis Xavier, en tant que professeur particulier, se destinait philosophiquement à l’enseignement de sujets récréatifs. Pour sa part, il avait déjà la pression du Ministère, sans parler de la proverbiale pression sociale. Nathanael finit par rompre son immobilité par un soupire, avant de, comme toujours, entamer sa réponse par une correction :
« Ce n’est pas tant une façon de faire que votre travail, dit-il d’une voix sans intonations, remettant sa présence en ces lieux en perspective. Personnellement, je n’attends rien en particulier de votre part, continua-t-il après une pause, le Ministère en revanche attend une intégration efficace de la mienne. Je fais confiance aux intentions du Ministère et je vous propose qu’on se cantonne donc à votre domaine d’expertise. »
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Re: Exode (22:18) Tu ne laisseras point vivre la sorcière.
Lun 21 Déc 2020 - 3:35
Tu ne laisseras point vivre la sorcière
Andrea ne savait pas si c'était par réputation ou ce qu'elle avait pu constater lors de sa dernière interaction avec lui, mais elle ne fut pas surprise par les réponses calmes et expéditives du concierge. L'ancienne professeure s'apprêtait à descendre à la cuisine, mais Charles lui fit signe qu'il s'en chargeait. Après avoir traversé le hall et s'être installés dans son bureau, ils pouvaient passer aux affaires sérieuses.
Andrea présenta à Nathanael sa façon de procéder lorsqu'elle donne des cours particuliers et elle pouvait deviner que quelque chose clochait à l'air de son étudient pendant qu'elle lui expliquait. Charles arriva avec le thé pendant qu'elle terminait ses explications. Elle le remercia d'un signe de tête pendant qu'elle donnait une tasse au concierge. La Lufkin prit une gorgée pendant que l'américain prit la parole. « Ce n’est pas tant une façon de faire que votre travail. Personnellement, je n’attends rien en particulier de votre part, le ministère en revanche attend une intégration efficace de la mienne. je fais confiance aux intentions du ministère et je vous propose qu’on se cantonne donc à votre domaine d’expertise. », la corrigea Nathanael avec la même voix calme et sans expression. La jeune femme prit une grande respiration, sentant une nouvelle montée nauséeuse. Elle prit tout son temps pour ouvrir le tiroir de son bureau pour en sortir le flacon de caplets anti-nausée et d'en avaler un avec une gorgée de thé, n'hésitant pas à laisser planer un moment de silence dans la pièce. Habituellement, Andrea n'avait aucun problème avec les étudiants qui préfèrent suivre un plan déjà tracé pour eux, mais cette fois, ça lui tapait un peu sur les nerfs puisque la méthode du ministère était à des années-lumière de la sienne. La seule chose que le ministère désirait des nés-moldus était une intégration complète pour se mêler le plus facilement au reste de la communauté sorcière.
L'anglaise reposa sa tasse dans la soucoupe avant de joindre ses mains. « Monsieur Cohen, si vous voulez qu'on s'en tienne à mon domaine d'expertise, vous désirez en savoir plus sur la renaissance française ou la Révolution française? Voyez-vous, aussi bonne que soit la méthode du ministère, un sorcier né moldu, même s'il a grandi dans le monde magique à partir de ses 11 ans, ne sera jamais totalement sorcier. Sur ce fait, vous pouvez me croire sur parole, je suis une née-moldue et lorsque j'ai un rhume, la nausée ou un mal de tête, je prends des caplets au lieu de prendre une potion. », commença-t-elle, avant de prendre une petite pause, le temps de faire repartir la nausée qui lui reprenait. « Malgré que j'ai vécu dans le monde sorcier depuis, mes 11 ans, j'ai conservé mes reflex moldus. C'est pour cela que je vous redemande, que voulez-vous apprendre en premier pour vous intégrer davantage? Les us et coutumes, les sortilèges les plus courant et pratique ou autre chose que vous jugez plus prioritaire? »
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Andrea présenta à Nathanael sa façon de procéder lorsqu'elle donne des cours particuliers et elle pouvait deviner que quelque chose clochait à l'air de son étudient pendant qu'elle lui expliquait. Charles arriva avec le thé pendant qu'elle terminait ses explications. Elle le remercia d'un signe de tête pendant qu'elle donnait une tasse au concierge. La Lufkin prit une gorgée pendant que l'américain prit la parole. « Ce n’est pas tant une façon de faire que votre travail. Personnellement, je n’attends rien en particulier de votre part, le ministère en revanche attend une intégration efficace de la mienne. je fais confiance aux intentions du ministère et je vous propose qu’on se cantonne donc à votre domaine d’expertise. », la corrigea Nathanael avec la même voix calme et sans expression. La jeune femme prit une grande respiration, sentant une nouvelle montée nauséeuse. Elle prit tout son temps pour ouvrir le tiroir de son bureau pour en sortir le flacon de caplets anti-nausée et d'en avaler un avec une gorgée de thé, n'hésitant pas à laisser planer un moment de silence dans la pièce. Habituellement, Andrea n'avait aucun problème avec les étudiants qui préfèrent suivre un plan déjà tracé pour eux, mais cette fois, ça lui tapait un peu sur les nerfs puisque la méthode du ministère était à des années-lumière de la sienne. La seule chose que le ministère désirait des nés-moldus était une intégration complète pour se mêler le plus facilement au reste de la communauté sorcière.
L'anglaise reposa sa tasse dans la soucoupe avant de joindre ses mains. « Monsieur Cohen, si vous voulez qu'on s'en tienne à mon domaine d'expertise, vous désirez en savoir plus sur la renaissance française ou la Révolution française? Voyez-vous, aussi bonne que soit la méthode du ministère, un sorcier né moldu, même s'il a grandi dans le monde magique à partir de ses 11 ans, ne sera jamais totalement sorcier. Sur ce fait, vous pouvez me croire sur parole, je suis une née-moldue et lorsque j'ai un rhume, la nausée ou un mal de tête, je prends des caplets au lieu de prendre une potion. », commença-t-elle, avant de prendre une petite pause, le temps de faire repartir la nausée qui lui reprenait. « Malgré que j'ai vécu dans le monde sorcier depuis, mes 11 ans, j'ai conservé mes reflex moldus. C'est pour cela que je vous redemande, que voulez-vous apprendre en premier pour vous intégrer davantage? Les us et coutumes, les sortilèges les plus courant et pratique ou autre chose que vous jugez plus prioritaire? »
- InvitéInvité
Re: Exode (22:18) Tu ne laisseras point vivre la sorcière.
Mer 3 Fév 2021 - 22:27
« Baruch atah A-donay, Elo-heinu Melech Ha’Olam shehakol nihiyah bed'varo. » murmura-t-il du bout des lèvres, la bouche suspendue au-dessus du thé.
Une bénédiction si familière qu’elle fut soufflée d’une seule traite : entre l’instant où la tasse décollait du bureau et celui où Nathanael en buvait la première gorgée, sans ralentir l’élan ou le geste. Le Shehakol avait pour but de louer toute nourriture prenant racine dans le sol, allant des animaux à l’eau, ainsi que tout autre type de boisson, excepté le vin. On apprenait à parler vite lorsqu’il fallait au bas mot une bénédiction par type de nourriture : la soupe au bœuf avait le droit à une Mezonot pour les pâtes et une Shehakol pour le bouillon et la viande. Sans parler de la bénédiction dédiée après le repas: la Borei Nefashot, au moins deux fois plus longue que les bénédictions la précédant.
Au moins, cette obligation expédiée lui permit de prendre son temps, ou plutôt de le donner, car déjà la jeune femme semblait être soulevée d’une émotion au point d’aller chercher de quoi se soulager. Un sourcil relevé, les yeux fixés vers le grand ailleurs, Nathanael se demanda quelle joute allait s’en suivre : celle qui contredisait la liberté du choix qui lui avait été offerte, ou celle qui allait le condamner tout court ? Parce que l’erreur était humaine, il n’avait eu qu’une confiance modérée envers le corps professoral, qui souffrait souvent tant du maux de l’orgueil que celui de la condescendance. Un sujet enseigné était un sujet sur lequel ils n’évoluaient plus. Considérant les frémissements nerveux sous la peau de la jeune professeur, le concierge s’attendait à une probablement longue diatribe ; qui finit par advenir, rendant son choix obsolète et voyant ses prétentions presque trahies.
« Sur ce fait, vous pouvez me croire sur parole, je suis une née-moldue et lorsque j'ai un rhume, la nausée ou un mal de tête, je prends des caplets au lieu de prendre une potion. »
D’abord, il se demanda ce qu’il faisait là si son domaine d’expertise comprenait deux aussi vastes pans de l’histoire française, puis se dit que Missis Valois-Xavier devait être un brin stupide pour faire un choix par habitude plutôt que par logique. Ou du moins, sentimentalement attachée à des routines a l’intérêt limité. Par mauvaise foi ou excès de zèle, elle avait décidé néanmoins de prendre la requête du concierge au sens subjectif plutôt que global. Ce battement chaotique et tressé de revendications personnelles eut au moins le don de recentrer suffisamment la question, puisque Nathanael se retrouva devant trois catégories et même une hiérarchie de valeur. Il y avait débat. On apprenait une langue étrangère plus efficacement si on s’y plongeait avec quelqu’un la maîtrisant nativement et de préférence, sans parler la notre. Aussi, à la réflexion, la façon la plus radicale et rapide d’obtenir un résultat était de se confronter à l’inconnu sans aucune aide ni quelconque fil d’Ariane. Cependant, agréablement, cette professeur était la plus à même de considérer sa position avec compréhension… Eternelle ennemie du progrès à son goût, mais tout le monde ne savait pas se jeter dans le vide en gardant les yeux grand ouverts. Peut-être que Missis Valois-Xavier avait un parti pris concernant les us et coutumes, comme elle paraissait en avoir un concernant sa façon de soulager un symptôme : la préférence allait à ce qui lui était le plus familier et non pas à ce qui était pratique. Du moins, c’était la façon dont elle le revendiquait.
Pour échapper au biais d’une personne potentiellement peu partiale, il était prêt à se concentrer sur la révolution française en délaissant son obligatoire envers le Ministère, mais ce n’était pas efficace. Néanmoins dubitatif et tentant de ne pas tirer de conclusions hâtives, il finit par demander, cachant sa bouche de la tasse de thé :
« Pourquoi des cachets plutôt qu’une potion ? Vos cachets n’ont pas l’air de beaucoup vous aider. » remarqua-t-il, avant d’embrasser de ses lèvres le rebord de la tasse en porcelaine.
Tandis qu’il avalait une nouvelle gorgée, ses propres pensées s’entrecroisèrent jusqu’au souvenir de celui qui avait aimablement apporté le breuvage.
« Mais j’imagine que la facilité du terrain connu en dépit de l’efficacité est un critère de sélection comme un autre. Au moins est-il souvent dénué du moindre risque et de la moindre surprise » songea-t-il à demi-mot, plus pour lui-même que pour son interlocutrice.
Il trouvait néanmoins l’idée assez cocasse : peut-être avait-elle choisi son époux parce qu’il était moldu et qu’elle ne se sentait pas perdue à ses côtés. Un médicament aux effets secondaires connus, à la posologie déjà mémorisée, sans surprise. Un époux qui prendrait un chien en animal de compagnie et non pas un boursouflet, qui posterait ses lettres en y apposant un timbre et non pas en accrochant un parchemin à la patte d’un hibou, qui conduirait une voiture tout en râlant dans la circulation au lieu d’enfourcher son balais. Sans surprise et donc rassurant. Le choix de la simplicité avant tout, donc.
Un sourire amusé convola sur ses lèvres, vite suivi néanmoins par un haussement de sourcil dubitatif. Il reprit, soudain désireux d’éclairer ses attentes :
« Mon but n’est pas de devenir totalement sorcier, loin de moi cette ambition. Je veux que le Ministère se satisfasse de ma condition suffisamment pour me foutre la paix. »
Mais il ne savait justement pas si, compte tenu des remarques de sa professeur, c’était une prérogative qui pouvait appartenir à une éternelle moldue ayant conservé tous ses réflexes, jusque dans son choix probable de compagnon de vie.
« Je croyais que quelqu’un comme vous pouvait m’indiquer les motivations sous-jacentes étatiques, qui sont rarement aussi évidentes que la compréhension limitée des us et coutumes ou la pratique aguerrie de sortilèges, parce que j’aimerais aller droit au but. Mais vous n’avez pas l’air de savoir vous-même ce qu’il en est, si vous me parlez de révolution française. Contentez vous des sortilèges dans ce cas, qu’on ne parle plus de capelets. »
@Andrea de Valois-Xavier Encore navrée de t'avoir fait attendre si longtemps !
Une bénédiction si familière qu’elle fut soufflée d’une seule traite : entre l’instant où la tasse décollait du bureau et celui où Nathanael en buvait la première gorgée, sans ralentir l’élan ou le geste. Le Shehakol avait pour but de louer toute nourriture prenant racine dans le sol, allant des animaux à l’eau, ainsi que tout autre type de boisson, excepté le vin. On apprenait à parler vite lorsqu’il fallait au bas mot une bénédiction par type de nourriture : la soupe au bœuf avait le droit à une Mezonot pour les pâtes et une Shehakol pour le bouillon et la viande. Sans parler de la bénédiction dédiée après le repas: la Borei Nefashot, au moins deux fois plus longue que les bénédictions la précédant.
Au moins, cette obligation expédiée lui permit de prendre son temps, ou plutôt de le donner, car déjà la jeune femme semblait être soulevée d’une émotion au point d’aller chercher de quoi se soulager. Un sourcil relevé, les yeux fixés vers le grand ailleurs, Nathanael se demanda quelle joute allait s’en suivre : celle qui contredisait la liberté du choix qui lui avait été offerte, ou celle qui allait le condamner tout court ? Parce que l’erreur était humaine, il n’avait eu qu’une confiance modérée envers le corps professoral, qui souffrait souvent tant du maux de l’orgueil que celui de la condescendance. Un sujet enseigné était un sujet sur lequel ils n’évoluaient plus. Considérant les frémissements nerveux sous la peau de la jeune professeur, le concierge s’attendait à une probablement longue diatribe ; qui finit par advenir, rendant son choix obsolète et voyant ses prétentions presque trahies.
« Sur ce fait, vous pouvez me croire sur parole, je suis une née-moldue et lorsque j'ai un rhume, la nausée ou un mal de tête, je prends des caplets au lieu de prendre une potion. »
D’abord, il se demanda ce qu’il faisait là si son domaine d’expertise comprenait deux aussi vastes pans de l’histoire française, puis se dit que Missis Valois-Xavier devait être un brin stupide pour faire un choix par habitude plutôt que par logique. Ou du moins, sentimentalement attachée à des routines a l’intérêt limité. Par mauvaise foi ou excès de zèle, elle avait décidé néanmoins de prendre la requête du concierge au sens subjectif plutôt que global. Ce battement chaotique et tressé de revendications personnelles eut au moins le don de recentrer suffisamment la question, puisque Nathanael se retrouva devant trois catégories et même une hiérarchie de valeur. Il y avait débat. On apprenait une langue étrangère plus efficacement si on s’y plongeait avec quelqu’un la maîtrisant nativement et de préférence, sans parler la notre. Aussi, à la réflexion, la façon la plus radicale et rapide d’obtenir un résultat était de se confronter à l’inconnu sans aucune aide ni quelconque fil d’Ariane. Cependant, agréablement, cette professeur était la plus à même de considérer sa position avec compréhension… Eternelle ennemie du progrès à son goût, mais tout le monde ne savait pas se jeter dans le vide en gardant les yeux grand ouverts. Peut-être que Missis Valois-Xavier avait un parti pris concernant les us et coutumes, comme elle paraissait en avoir un concernant sa façon de soulager un symptôme : la préférence allait à ce qui lui était le plus familier et non pas à ce qui était pratique. Du moins, c’était la façon dont elle le revendiquait.
Pour échapper au biais d’une personne potentiellement peu partiale, il était prêt à se concentrer sur la révolution française en délaissant son obligatoire envers le Ministère, mais ce n’était pas efficace. Néanmoins dubitatif et tentant de ne pas tirer de conclusions hâtives, il finit par demander, cachant sa bouche de la tasse de thé :
« Pourquoi des cachets plutôt qu’une potion ? Vos cachets n’ont pas l’air de beaucoup vous aider. » remarqua-t-il, avant d’embrasser de ses lèvres le rebord de la tasse en porcelaine.
Tandis qu’il avalait une nouvelle gorgée, ses propres pensées s’entrecroisèrent jusqu’au souvenir de celui qui avait aimablement apporté le breuvage.
« Mais j’imagine que la facilité du terrain connu en dépit de l’efficacité est un critère de sélection comme un autre. Au moins est-il souvent dénué du moindre risque et de la moindre surprise » songea-t-il à demi-mot, plus pour lui-même que pour son interlocutrice.
Il trouvait néanmoins l’idée assez cocasse : peut-être avait-elle choisi son époux parce qu’il était moldu et qu’elle ne se sentait pas perdue à ses côtés. Un médicament aux effets secondaires connus, à la posologie déjà mémorisée, sans surprise. Un époux qui prendrait un chien en animal de compagnie et non pas un boursouflet, qui posterait ses lettres en y apposant un timbre et non pas en accrochant un parchemin à la patte d’un hibou, qui conduirait une voiture tout en râlant dans la circulation au lieu d’enfourcher son balais. Sans surprise et donc rassurant. Le choix de la simplicité avant tout, donc.
Un sourire amusé convola sur ses lèvres, vite suivi néanmoins par un haussement de sourcil dubitatif. Il reprit, soudain désireux d’éclairer ses attentes :
« Mon but n’est pas de devenir totalement sorcier, loin de moi cette ambition. Je veux que le Ministère se satisfasse de ma condition suffisamment pour me foutre la paix. »
Mais il ne savait justement pas si, compte tenu des remarques de sa professeur, c’était une prérogative qui pouvait appartenir à une éternelle moldue ayant conservé tous ses réflexes, jusque dans son choix probable de compagnon de vie.
« Je croyais que quelqu’un comme vous pouvait m’indiquer les motivations sous-jacentes étatiques, qui sont rarement aussi évidentes que la compréhension limitée des us et coutumes ou la pratique aguerrie de sortilèges, parce que j’aimerais aller droit au but. Mais vous n’avez pas l’air de savoir vous-même ce qu’il en est, si vous me parlez de révolution française. Contentez vous des sortilèges dans ce cas, qu’on ne parle plus de capelets. »
@Andrea de Valois-Xavier Encore navrée de t'avoir fait attendre si longtemps !
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Re: Exode (22:18) Tu ne laisseras point vivre la sorcière.
Mer 31 Mar 2021 - 1:56
Tu ne laisseras point vivre la sorcière
L'Américain était fidèle à lui-même et semblait plongé dans ses pensées ainsi que dans son thé. L'ancienne professeur lui expliqua son champ d'expertise un peu par exaspération, mais conserva tout de même son sang-froid. Elle continua tout de même sans en faire aucun cas du manque d'attention de son étudiant, se disant qu'elle retrouverait son attention éventuellement; attention qu'elle réussit a regagné lorsqu'elle compara la pharmaceutique moldue aux potions. « Pourquoi des cachets plutôt qu'une potion ? Vos cachets n'ont pas l'air de beaucoup vous aider. », lui demanda-t-il avant de retrouver la chaleur de la tasse de thé. L'Anglaise ne pue s'empêcher de laisser échapper un sourire en coin à la question. Elle avait entendu cette question très souvent pendant ses années à Poudlard et sa réponse avait toujours été la même: « L'efficacité d'une potion dépeinte de plusieurs choses, le talent de potionniste qui la prépare compte pour beaucoup. Cela rend l'efficacité d'une simple potion pimentine, qui est une potion pour soigner le rhume, peut être très variable d'une personne à l'autre. D'un autre côté, les cachets moldus sont plus stables. » Andrea avait choisi volontairement de laisser sous silence la deuxième section de sa question. Cela ne le concernait pas après tout.
Elle prenait une gorgée de son thé, laissant son interlocuteur à ses pensées. Pendant que mister Cohen était dans sa tête, elle l'entendue dire à mi-voix quelque chose en rapport à la facilité d'un terrain et de l'absence de risque et de surprise. Son esprit ne fit qu'un tour. Bien que la pensée de Nathanael était fort probablement dénuée de toute méchanceté, mais Andrea l'interpréta aussi tôt en ce sens. Plusieurs sangs purs l'avaient intimidée pendant qu'elle était à Poudlard en disant que le fait qu'elle soit en couple avec un moldu était la preuve qu'elle n'était pas de ce monde. La jeune femme prit une grande inspiration. « Pardon ? Vous disiez ? », joua-t-elle la carte de l'ignorance.
Elle remarqua que le concierge était retourné dans sa tête avant de reprendre la parole: « Mon but n’est pas de devenir totalement sorcier, loin de moi cette ambition. Je veux que le Ministère se satisfasse de ma condition suffisamment pour me foutre la paix. » Andrea s'avança donc un peu plus près de son bureau et s'y accouda, un sourire sur ses lèvres. « Ce qui caractérise les nés-moldus est leur "background" culturel varié. Vous êtes américain et d'origine juive et je suis britannique et catholique. C'est ce que nous étions avant que la magie entre dans notre vie fait que nous sommes différents de ceux qui sont nés avec, c'est notre responsabilité de conserver cette unicité. J'ai épousé mon meilleur ami et plus vieil ami d'enfance. Ce n'est pas parce que nous apprenons que nous sommes des sorciers qu'il faut rejeter tout ce que nous étions avant. Ce passé est ce qui fait la couleur de notre magie. » Elle fit une petite pause pour laissé le temps à son interlocuteur d'intégré ses informations avant de reprendre, le sourire aux lèvres. « Je ne vous connais pas très bien, mais je suis très heureuse d'apprendre que vous ne voulez pas être totalement sorcier. Si c'est le but du Ministère, vous n'êtes pas à la bonne adresse. Par contre, vous aurez la paix si vous évitez d'attirer pas l'attention sur le monde de la magie par des gens comme nos parents. Légèrement plus simple qu'un calcul d'astrophysique. »
Andrea espérant avoir mis son étudiant un peu plus à l'aise. Elle avait très bien senti sa légère hésitation lorsqu'elle avait mentionné son milieu d'excellence, davantage du côté moldu que sorcier. Ses doutes furent rapidement confirmés. « Je croyais que quelqu’un comme vous pouvait m’indiquer les motivations sous-jacentes étatiques, qui sont rarement aussi évidentes que la compréhension limitée des us et coutumes ou la pratique aguerrie de sortilèges, parce que j’aimerais aller droit au but. Mais vous n’avez pas l’air de savoir vous-même ce qu’il en est, si vous me parlez de révolution française. Contentez-vous des sortilèges dans ce cas, qu’on ne parle plus de caplets. », lui dit-il, ne créant aucunement la surprise chez elle. « Permettez-moi d'abord de vous rassurer. L'histoire française est mon intérêt principal, mais dans le sujet actuel, les sortilèges sont ma force. Vous pouvez demander à quelques membres du club de duel d'Inverness. J'ai également une très bonne connaissance du système d'état, pour malheureusement y avoir eu affaire il y a quelques années. Puisque vous désirez voir les ramifications complexe du Ministère, je vous propose de les explorés dans une prochaine séance afin que je puisse vous préparer quelque chose et voir quelques sortilèges aujourd'hui. Pour faire ça, je vous propose de sortir dans la cour pour avoir plus d'espace. », lui proposa-t-elle avant d'ajouter avec un clin d'oeil que les caplets pouvaient rester dans le tiroir.
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Elle prenait une gorgée de son thé, laissant son interlocuteur à ses pensées. Pendant que mister Cohen était dans sa tête, elle l'entendue dire à mi-voix quelque chose en rapport à la facilité d'un terrain et de l'absence de risque et de surprise. Son esprit ne fit qu'un tour. Bien que la pensée de Nathanael était fort probablement dénuée de toute méchanceté, mais Andrea l'interpréta aussi tôt en ce sens. Plusieurs sangs purs l'avaient intimidée pendant qu'elle était à Poudlard en disant que le fait qu'elle soit en couple avec un moldu était la preuve qu'elle n'était pas de ce monde. La jeune femme prit une grande inspiration. « Pardon ? Vous disiez ? », joua-t-elle la carte de l'ignorance.
Elle remarqua que le concierge était retourné dans sa tête avant de reprendre la parole: « Mon but n’est pas de devenir totalement sorcier, loin de moi cette ambition. Je veux que le Ministère se satisfasse de ma condition suffisamment pour me foutre la paix. » Andrea s'avança donc un peu plus près de son bureau et s'y accouda, un sourire sur ses lèvres. « Ce qui caractérise les nés-moldus est leur "background" culturel varié. Vous êtes américain et d'origine juive et je suis britannique et catholique. C'est ce que nous étions avant que la magie entre dans notre vie fait que nous sommes différents de ceux qui sont nés avec, c'est notre responsabilité de conserver cette unicité. J'ai épousé mon meilleur ami et plus vieil ami d'enfance. Ce n'est pas parce que nous apprenons que nous sommes des sorciers qu'il faut rejeter tout ce que nous étions avant. Ce passé est ce qui fait la couleur de notre magie. » Elle fit une petite pause pour laissé le temps à son interlocuteur d'intégré ses informations avant de reprendre, le sourire aux lèvres. « Je ne vous connais pas très bien, mais je suis très heureuse d'apprendre que vous ne voulez pas être totalement sorcier. Si c'est le but du Ministère, vous n'êtes pas à la bonne adresse. Par contre, vous aurez la paix si vous évitez d'attirer pas l'attention sur le monde de la magie par des gens comme nos parents. Légèrement plus simple qu'un calcul d'astrophysique. »
Andrea espérant avoir mis son étudiant un peu plus à l'aise. Elle avait très bien senti sa légère hésitation lorsqu'elle avait mentionné son milieu d'excellence, davantage du côté moldu que sorcier. Ses doutes furent rapidement confirmés. « Je croyais que quelqu’un comme vous pouvait m’indiquer les motivations sous-jacentes étatiques, qui sont rarement aussi évidentes que la compréhension limitée des us et coutumes ou la pratique aguerrie de sortilèges, parce que j’aimerais aller droit au but. Mais vous n’avez pas l’air de savoir vous-même ce qu’il en est, si vous me parlez de révolution française. Contentez-vous des sortilèges dans ce cas, qu’on ne parle plus de caplets. », lui dit-il, ne créant aucunement la surprise chez elle. « Permettez-moi d'abord de vous rassurer. L'histoire française est mon intérêt principal, mais dans le sujet actuel, les sortilèges sont ma force. Vous pouvez demander à quelques membres du club de duel d'Inverness. J'ai également une très bonne connaissance du système d'état, pour malheureusement y avoir eu affaire il y a quelques années. Puisque vous désirez voir les ramifications complexe du Ministère, je vous propose de les explorés dans une prochaine séance afin que je puisse vous préparer quelque chose et voir quelques sortilèges aujourd'hui. Pour faire ça, je vous propose de sortir dans la cour pour avoir plus d'espace. », lui proposa-t-elle avant d'ajouter avec un clin d'oeil que les caplets pouvaient rester dans le tiroir.
@Nathanael Cohen C'est à mon tour de m'excuser du délais de ma réponse
- InvitéInvité
Re: Exode (22:18) Tu ne laisseras point vivre la sorcière.
Dim 4 Avr 2021 - 23:50
« D'un autre côté, les cachets moldus sont plus stables. »
L’astrophysicien haussa un sourcil circonspect, ses maigres connaissances en biodisponibilité médicamenteuse et métabolisme humain se disputant son intérêt. Si les moldus étaient en l’état de créer des règles de pharmacocinétique capables d’établir un pourcentage de molécule active obligatoirement présent dans chaque comprimé, suffisamment bien étudié également pour prendre en compte les différences d’absorptions entre de multiples individus sans induire un tableau posologique aussi long que le bras, la jeune femme prétendait-elle que les sorciers n’étaient pas capables de faire le même effort ? Ainsi, la seule compétence du potioniste pour créer un basique médicament contre le rhume pouvait influencer son efficacité ? N’y avait-il par de circuit de vérifications pharmaceutique chez les sorciers ? Pas de test d’efficacité ? Pas de qualifications nécessaires avant de mettre sur le marché une potion magique ne pouvant contrecarrer un anti-émétique basique ?
Nathanael entrouvrit la bouche, prêt à s’insurger du caractère dangereux d’une telle industrie du médicament dans la communauté sorcière, puis interrompit son geste, considérant pensivement son interlocutrice. Elle avait pris ce ton professoral, celui qui ne souhaitait souffrir de la moindre contradiction et, à vrai dire, principalement parce que la journée n’avait pas assez bien débutée pour que son humeur fut assez malléable pour des débats catégoriques, partiellement parce qu’il n’était pas là pour ça, il laissa mourir à l’orée de ses lèvres les questions qui y affluaient.
D’autant plus qu’il semblait l’avoir déjà agacée, à en croire la petite ridule qui était venue souligner ses yeux en amandes et la façon dont ses doigts menus avaient étreint avec plus de solidité sa tasse en porcelaine. Visiblement, le mari était un sujet aussi sensible qu’une centrale nucléaire construite en territoire sismique. Il nota mentalement l’information, estimant raisonnablement que la susceptibilité de son interlocutrice méritait un ajustement du filtre qu’il prenait pourtant soin d’appliquer depuis qu’il avait frappé à sa porte. Il inspira lentement et, tel le TARS dans Interstellar, modula ses paramètres. Honnêteté à soixante pourcents, c’était effectivement bien suffisant.
« Pardon ? Vous disiez ? » bifurqua-t-elle habilement.
Nathanael secoua la tête comme pour signifier que cela n’avait pas d’importance. Susceptibilité de l’interlocutrice : quatre-vingts pourcents et strictement aucune raison de s’y frotter. Raison pour laquelle il lui exposa avec exactitude que ses espérances quant à sa présence ici ne risquaient pas d’être particulièrement ambitieuses : on lui avait gentiment fait comprendre qu’il devait venir et sa présence en ces lieux pouvait être résumée de cette unique façon. L’astrophysicien avait toujours été docile lorsqu’il s’agissait de se plier aux lois, même absurdes, car il avait très tôt été contraint à courber l’échine face à plus fort et plus grand que lui : que cela fut métaphorique ou non, il y avait toujours une autorité supérieure qui requérait résignation. La Torah, le crochet du droit de son grand frère ou le Ministère de la Magie... c’était à peu de chose près le même combat et quitte à perdre, autant que cela fut rapide et qu’il pût de nouveau retrouver son libre arbitre pour organiser le reste de sa journée. Et parce qu’il était conscient de ne pas être d’une humeur très agréable, le concierge prit la décision la plus sécuritaire à ses yeux : opter pour les monosyllabes lorsque cela était possible et, au besoin, saupoudrer de sourire le tout à défaut de paraître enjoué. Après tout, il avait eu tout une armada de Sabbat et autres fêtes familiales pour aiguiser cette technique contre les langues affutées de sa fratrie.
« [...] Vous êtes américain et d'origine juive et je suis britannique et catholique [...] »
Nathanael souriait, donc. Il ne releva pas qu’il n’était absolument pas américain, mais Français, ne rebondit pas non plus sur l’opposition de religion savamment mis en évidence par ses propos, parce qu’il avait la très nette impression que, contrairement à lui, la jeune femme était plutôt satisfaite d’avoir été ainsi choisie parmi tant d’autres pour l’initier à la magie. Il comprit, à la façon qu’elle avait de ramener à sa propre existence les problèmes de son élève, qu’elle avait construit tout un argumentaire sur la force et la place des nés-moldus au sein de la communauté magique. Il était même question de devoir : il fallait conserver ses particularités, les nourrir, en faire sa force, pour que la magie prenne la couleur de la différence. Une sorte d’idéologie identitaire. Mais Nathanael avait toujours été dubitatif quant à ce genre de discours tout faits, dont la religion juive l’avait si souvent abreuvé. On parlait de cohésion et de personnalité, mais dès que l’occasion se présentait, on nivelait de nouveau les gens derrière des termes préconçus qui définissaient encore la condition plus que la personnalité : les juifs et les sorciers de naissances, les nés-moldus et les convertis, les goyes et les moldus...
« Je ne vous connais pas très bien, mais je suis très heureuse d'apprendre que vous ne voulez pas être totalement sorcier. »
Nathanael releva un bref instant ses yeux vers elle, son esprit momentanément fixé sur cette incohérence. Heureuse qu’il ne voulait pas être « entièrement sorcier ». On était donc bien sur une catégorisation, et visiblement, voilà dans quelle case on voulait à présent le ranger : les nés-moldus, ceux qui auraient perpétuellement un pied dans chaque camp, ceux qui seraient toujours un peu de ci mais jamais totalement de ça, qu’on trouverait riche culturellement mais jamais totalement aboutis. Ceux qui étaient fiers de leur différence, fiers de ce qui était bêtement inné. Il connaissait cette place, de toute façon, mais il était intéressant de noter à quel point la catégorisation semblait plaire à sa professeure, ravie que son élève lui ressemblât. Définitivement, il aurait préféré un sorcier comme enseignant, et pas quelqu’un qui couverait du regard sa différence parce qu’elle lui rappelait avec émotion la sienne.
« Par contre, vous aurez la paix si vous évitez d'attirer pas l'attention sur le monde de la magie par des gens comme nos parents. Légèrement plus simple qu'un calcul d'astrophysique. »
Nouveau sourire, donc. Digne d’une publicité pour Colgate. Comme ça, s’il s’avérait que l’astrophysique devînt ennuyeuse, il pourrait toujours postuler pour la prochaine campagne de prévention pour l’hygiène buccale.
« C’est sûr, répondit-il avec un sourire de premier de la classe.
- Permettez-moi d'abord de vous rassurer. »
Je n’étais pas inquiet, songea-t-il en élargissant de nouveau la commissure de ses lèvres.
« L'histoire française est mon intérêt principal, mais dans le sujet actuel, les sortilèges sont ma force. »
Elle décapiterait peut-être le prochain Robespierre d’un coup de Diffindo. Heureusement qu’il n’était pas comme TARS et qu’aucun voyant d’humour ne risquait de griller sa couverture.
« Vous pouvez demander à quelques membres du club de duel d'Inverness.
- Cela ne sera pas nécessaire, Missis, articula-t-il avec douceur, sincèrement peu désireux d’assister à ce genre de spectacle. Je vous crois. »
Et puis, de toute façon, il n’avait même pas l’équivalent de son premier flocon pour le ski pour ce qui concernait les sortilèges. Et il avait la coordination d’une huître.
« [...] voir quelques sortilèges aujourd'hui. Pour faire ça, je vous propose de sortir dans la cour pour avoir plus d'espace.
- Non. » répondit Nathanael en suivant des yeux le mouvement de la jeune femme.
Sa voix était posée et calme, quoi qu’assez inflexible pour que l’on ne put pas l’attribuer à un quelconque caprice.
« Merci » finit-il par articuler pour artificiellement adoucir son opinion.
Il mâchouilla sa langue, cherchant ses mots, conjuguant aux mieux ses réserves et doutes pour ne pas venir contrarier les grandes ambitions que la britannique avait fait pour lui. Définitivement, non : il n’avait pas besoin de la meilleure élève en sortilèges d’Inverness. Soit elle était mal rencardée, soit elle n’avait pas bien compris la missive. Dans les deux cas, Nathanael se devait de préciser.
« Missis, la dernière fois que j’ai voulu ne serait-ce que tenter un Accio, j’ai failli perdre un œil. Si Inverness avait des conduits de gaz, j’aurais déjà fait exploser la chambre que l’on m’a attribuée lorsque j’ai essayé d’allumer une bougie d’un mouvement raté du poignet. »
A la réflexion, le simple fait qu’il ait réussi le stupéfix face à l’agent de police dans la salle d’interrogatoire relevait du miracle. Et il n’avait pas envie de finir en prison pour avoir fait exploser Missis De Valois-Xavier sur un malentendu.
« Il est hors de question que je m’entraîne au combat, alors que je suis encore incapable de faire voler une plume sans menacer quiconque dans un rayon d’un kilomètre de finir transformé en artichaut, annonça-t-il avant de se reculer dans sa chaise. J’apprécie la magie. Mais la magie ne m’aime pas » conclut-il avec gravité.
Puis, pour s’illustrer, il pointa sa baguette sur sa petite cuillère :
« Wingardium Léviosa, articula-t-il avec une consternation anticipée. Vous voyez ? s’insurgea-t-il tandis que le manche du pauvre ustensile avait à présent la consistance d’une tige florale d’origine encore non identifiée. Bien plus compliqué qu’un calcul d’astrophysique. »
L’astrophysicien haussa un sourcil circonspect, ses maigres connaissances en biodisponibilité médicamenteuse et métabolisme humain se disputant son intérêt. Si les moldus étaient en l’état de créer des règles de pharmacocinétique capables d’établir un pourcentage de molécule active obligatoirement présent dans chaque comprimé, suffisamment bien étudié également pour prendre en compte les différences d’absorptions entre de multiples individus sans induire un tableau posologique aussi long que le bras, la jeune femme prétendait-elle que les sorciers n’étaient pas capables de faire le même effort ? Ainsi, la seule compétence du potioniste pour créer un basique médicament contre le rhume pouvait influencer son efficacité ? N’y avait-il par de circuit de vérifications pharmaceutique chez les sorciers ? Pas de test d’efficacité ? Pas de qualifications nécessaires avant de mettre sur le marché une potion magique ne pouvant contrecarrer un anti-émétique basique ?
Nathanael entrouvrit la bouche, prêt à s’insurger du caractère dangereux d’une telle industrie du médicament dans la communauté sorcière, puis interrompit son geste, considérant pensivement son interlocutrice. Elle avait pris ce ton professoral, celui qui ne souhaitait souffrir de la moindre contradiction et, à vrai dire, principalement parce que la journée n’avait pas assez bien débutée pour que son humeur fut assez malléable pour des débats catégoriques, partiellement parce qu’il n’était pas là pour ça, il laissa mourir à l’orée de ses lèvres les questions qui y affluaient.
D’autant plus qu’il semblait l’avoir déjà agacée, à en croire la petite ridule qui était venue souligner ses yeux en amandes et la façon dont ses doigts menus avaient étreint avec plus de solidité sa tasse en porcelaine. Visiblement, le mari était un sujet aussi sensible qu’une centrale nucléaire construite en territoire sismique. Il nota mentalement l’information, estimant raisonnablement que la susceptibilité de son interlocutrice méritait un ajustement du filtre qu’il prenait pourtant soin d’appliquer depuis qu’il avait frappé à sa porte. Il inspira lentement et, tel le TARS dans Interstellar, modula ses paramètres. Honnêteté à soixante pourcents, c’était effectivement bien suffisant.
« Pardon ? Vous disiez ? » bifurqua-t-elle habilement.
Nathanael secoua la tête comme pour signifier que cela n’avait pas d’importance. Susceptibilité de l’interlocutrice : quatre-vingts pourcents et strictement aucune raison de s’y frotter. Raison pour laquelle il lui exposa avec exactitude que ses espérances quant à sa présence ici ne risquaient pas d’être particulièrement ambitieuses : on lui avait gentiment fait comprendre qu’il devait venir et sa présence en ces lieux pouvait être résumée de cette unique façon. L’astrophysicien avait toujours été docile lorsqu’il s’agissait de se plier aux lois, même absurdes, car il avait très tôt été contraint à courber l’échine face à plus fort et plus grand que lui : que cela fut métaphorique ou non, il y avait toujours une autorité supérieure qui requérait résignation. La Torah, le crochet du droit de son grand frère ou le Ministère de la Magie... c’était à peu de chose près le même combat et quitte à perdre, autant que cela fut rapide et qu’il pût de nouveau retrouver son libre arbitre pour organiser le reste de sa journée. Et parce qu’il était conscient de ne pas être d’une humeur très agréable, le concierge prit la décision la plus sécuritaire à ses yeux : opter pour les monosyllabes lorsque cela était possible et, au besoin, saupoudrer de sourire le tout à défaut de paraître enjoué. Après tout, il avait eu tout une armada de Sabbat et autres fêtes familiales pour aiguiser cette technique contre les langues affutées de sa fratrie.
« [...] Vous êtes américain et d'origine juive et je suis britannique et catholique [...] »
Nathanael souriait, donc. Il ne releva pas qu’il n’était absolument pas américain, mais Français, ne rebondit pas non plus sur l’opposition de religion savamment mis en évidence par ses propos, parce qu’il avait la très nette impression que, contrairement à lui, la jeune femme était plutôt satisfaite d’avoir été ainsi choisie parmi tant d’autres pour l’initier à la magie. Il comprit, à la façon qu’elle avait de ramener à sa propre existence les problèmes de son élève, qu’elle avait construit tout un argumentaire sur la force et la place des nés-moldus au sein de la communauté magique. Il était même question de devoir : il fallait conserver ses particularités, les nourrir, en faire sa force, pour que la magie prenne la couleur de la différence. Une sorte d’idéologie identitaire. Mais Nathanael avait toujours été dubitatif quant à ce genre de discours tout faits, dont la religion juive l’avait si souvent abreuvé. On parlait de cohésion et de personnalité, mais dès que l’occasion se présentait, on nivelait de nouveau les gens derrière des termes préconçus qui définissaient encore la condition plus que la personnalité : les juifs et les sorciers de naissances, les nés-moldus et les convertis, les goyes et les moldus...
« Je ne vous connais pas très bien, mais je suis très heureuse d'apprendre que vous ne voulez pas être totalement sorcier. »
Nathanael releva un bref instant ses yeux vers elle, son esprit momentanément fixé sur cette incohérence. Heureuse qu’il ne voulait pas être « entièrement sorcier ». On était donc bien sur une catégorisation, et visiblement, voilà dans quelle case on voulait à présent le ranger : les nés-moldus, ceux qui auraient perpétuellement un pied dans chaque camp, ceux qui seraient toujours un peu de ci mais jamais totalement de ça, qu’on trouverait riche culturellement mais jamais totalement aboutis. Ceux qui étaient fiers de leur différence, fiers de ce qui était bêtement inné. Il connaissait cette place, de toute façon, mais il était intéressant de noter à quel point la catégorisation semblait plaire à sa professeure, ravie que son élève lui ressemblât. Définitivement, il aurait préféré un sorcier comme enseignant, et pas quelqu’un qui couverait du regard sa différence parce qu’elle lui rappelait avec émotion la sienne.
« Par contre, vous aurez la paix si vous évitez d'attirer pas l'attention sur le monde de la magie par des gens comme nos parents. Légèrement plus simple qu'un calcul d'astrophysique. »
Nouveau sourire, donc. Digne d’une publicité pour Colgate. Comme ça, s’il s’avérait que l’astrophysique devînt ennuyeuse, il pourrait toujours postuler pour la prochaine campagne de prévention pour l’hygiène buccale.
« C’est sûr, répondit-il avec un sourire de premier de la classe.
- Permettez-moi d'abord de vous rassurer. »
Je n’étais pas inquiet, songea-t-il en élargissant de nouveau la commissure de ses lèvres.
« L'histoire française est mon intérêt principal, mais dans le sujet actuel, les sortilèges sont ma force. »
Elle décapiterait peut-être le prochain Robespierre d’un coup de Diffindo. Heureusement qu’il n’était pas comme TARS et qu’aucun voyant d’humour ne risquait de griller sa couverture.
« Vous pouvez demander à quelques membres du club de duel d'Inverness.
- Cela ne sera pas nécessaire, Missis, articula-t-il avec douceur, sincèrement peu désireux d’assister à ce genre de spectacle. Je vous crois. »
Et puis, de toute façon, il n’avait même pas l’équivalent de son premier flocon pour le ski pour ce qui concernait les sortilèges. Et il avait la coordination d’une huître.
« [...] voir quelques sortilèges aujourd'hui. Pour faire ça, je vous propose de sortir dans la cour pour avoir plus d'espace.
- Non. » répondit Nathanael en suivant des yeux le mouvement de la jeune femme.
Sa voix était posée et calme, quoi qu’assez inflexible pour que l’on ne put pas l’attribuer à un quelconque caprice.
« Merci » finit-il par articuler pour artificiellement adoucir son opinion.
Il mâchouilla sa langue, cherchant ses mots, conjuguant aux mieux ses réserves et doutes pour ne pas venir contrarier les grandes ambitions que la britannique avait fait pour lui. Définitivement, non : il n’avait pas besoin de la meilleure élève en sortilèges d’Inverness. Soit elle était mal rencardée, soit elle n’avait pas bien compris la missive. Dans les deux cas, Nathanael se devait de préciser.
« Missis, la dernière fois que j’ai voulu ne serait-ce que tenter un Accio, j’ai failli perdre un œil. Si Inverness avait des conduits de gaz, j’aurais déjà fait exploser la chambre que l’on m’a attribuée lorsque j’ai essayé d’allumer une bougie d’un mouvement raté du poignet. »
A la réflexion, le simple fait qu’il ait réussi le stupéfix face à l’agent de police dans la salle d’interrogatoire relevait du miracle. Et il n’avait pas envie de finir en prison pour avoir fait exploser Missis De Valois-Xavier sur un malentendu.
« Il est hors de question que je m’entraîne au combat, alors que je suis encore incapable de faire voler une plume sans menacer quiconque dans un rayon d’un kilomètre de finir transformé en artichaut, annonça-t-il avant de se reculer dans sa chaise. J’apprécie la magie. Mais la magie ne m’aime pas » conclut-il avec gravité.
Puis, pour s’illustrer, il pointa sa baguette sur sa petite cuillère :
« Wingardium Léviosa, articula-t-il avec une consternation anticipée. Vous voyez ? s’insurgea-t-il tandis que le manche du pauvre ustensile avait à présent la consistance d’une tige florale d’origine encore non identifiée. Bien plus compliqué qu’un calcul d’astrophysique. »
- InvitéInvité
Re: Exode (22:18) Tu ne laisseras point vivre la sorcière.
Ven 28 Mai 2021 - 19:14
Tu ne laisseras point vivre la sorcière
Une légère frustration monta chez l’Anglaise lorsqu’il refusa de passer à l’extérieur pour une leçon pratique de sortilège, chose qu’elle parvint à garder dissimulée à son interlocuteur. Le concierge avait, par la suite accompagné son refus par une explication qui fit remonter plusieurs souvenirs datant de Poudlard. Il accompagna son explication de « j’aime la magie, mais la magie ne m’aime pas » par une terrible démonstration de wingardium leviosa qui changea la consistance de sa cuillère à café pour du caoutchouc. Dommage pour la cuillère, mais la sorcière remarqua aisément d’où venait le problème pendant que le Français lui faisait remarquer que la manœuvre était plus compliquée que sa discipline module.
« Je vois… Je crois qu’il vaudrait mieux commencer par la base avant de débuter les sortilèges offensifs. Question que personne perdre un œil. », débuta-t-elle en reprenant ses mots. « En ce qui concerne la cuillère, ce n’est pas la pire démonstration du sortilège que j’ai vu. Ce que j’ai pu voir, la prononciation et le mouvement de la baguette seraient en cause. Le mouvement de la baguette doit faire un va et viens fluide. Pour la prononciation, vous créez une emphase sur la mauvaise syllabe dans le second mot. Essayez de mettre l’emphase sur le O contrairement que le E. », expliqua-t-elle en lui démontrant le mouvement de la baguette sans faire aucune invocation afin de ne pas créer une comparaison. Elle lui expliqua rapidement que la réussite d’un sortilège était intimement liée à la prononciation du dit sort et le bon mouvement de la baguette. La sorcière créa une barrière protectrice autour de Nathanael, plus pour le rassurer qu’il ne la blesserait pas et qu’il ne ferait pas exploser la maison et l’invita à réessayer le sortilège avec un stylo comme objet. La leçon se termina peu après la tentative de l’astrophysicien où elle l’encouragea à pratiquer ses sortilèges dans la salle de duels de l’université, salle qui était protégée par plusieurs sortilèges et qu’il n’y avait aucun risque d’endommager quoique ce soit.
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« Je vois… Je crois qu’il vaudrait mieux commencer par la base avant de débuter les sortilèges offensifs. Question que personne perdre un œil. », débuta-t-elle en reprenant ses mots. « En ce qui concerne la cuillère, ce n’est pas la pire démonstration du sortilège que j’ai vu. Ce que j’ai pu voir, la prononciation et le mouvement de la baguette seraient en cause. Le mouvement de la baguette doit faire un va et viens fluide. Pour la prononciation, vous créez une emphase sur la mauvaise syllabe dans le second mot. Essayez de mettre l’emphase sur le O contrairement que le E. », expliqua-t-elle en lui démontrant le mouvement de la baguette sans faire aucune invocation afin de ne pas créer une comparaison. Elle lui expliqua rapidement que la réussite d’un sortilège était intimement liée à la prononciation du dit sort et le bon mouvement de la baguette. La sorcière créa une barrière protectrice autour de Nathanael, plus pour le rassurer qu’il ne la blesserait pas et qu’il ne ferait pas exploser la maison et l’invita à réessayer le sortilège avec un stylo comme objet. La leçon se termina peu après la tentative de l’astrophysicien où elle l’encouragea à pratiquer ses sortilèges dans la salle de duels de l’université, salle qui était protégée par plusieurs sortilèges et qu’il n’y avait aucun risque d’endommager quoique ce soit.
@Nathanael Cohen Terminé pour moi
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