Il ne faut pas se mentir, cette fin d'année était harassante. Même la studieuse et appliquée Juliet commençait à sentir la fatigue l'accompagner tout au long de la journée. La fatigue et la lassitude... Elle avait l'impression d'être une équilibriste... tout les aspects de sa vie semblaient vouloir l'aspirer. Ses études étaient prenantes avec les examens qui arrivaient, sa famille sollicitait beaucoup d'attention avec les questionnements autour de Baby, même ses leçons de musiques l'épuisaient... Il n'y avait que @Maximilien Leroy qui se tenait, calme, au milieu de la mêlé. Il était si concentré sur ses examens qu'ils avaient peu de temps à lui accorder... mais la blondinette ne lui en voulait pas. Après tout, ses études étaient difficile et il avait un objectif à atteindre.

Juliet avait donc décidé de réviser d'avantage elle aussi. Elle avait un peu baissé de rythme depuis son stage durant les vacances d'automne. Il faut dire qu'à l'hôpital elle a de plus en plus de responsabilité. Le Docteur Sanahuja étant satisfait de son travail, il lui confiait de plus en plus de missions qu'elle effectuait avec plaisir. Sauf que les examens arrivaient et si elle voulait un jour être salariée de cet hôpital et non plus stagiaire, il fallait bien qu'elle réussisse à ses examens.

La Blackthorn n'avait qu'un cour ce matin et il était convenu avec un ami de continuer à travailler jusqu'à l'heure du midi. Juliet avait proposé à Aaron de se retrouver en T.P. de médicomagie histoire de pouvoir travailler sur certaines techniques de soins, et notamment sur les intubations qu'elle ne maitrisait encore pas très bien. Elle arriva juste à l'heure mais le Lufkin l'avait devancée puisqu'il était déjà installé sur une paillasse. Elle rentre donc dans la salle, pose son petit cartable en cuir sur les carreaux de faïence et salua le Mayer.

- Bonjour Aaron ! Tu vas bien ?

Elle sorti de son livre un traité de médecine sur les actes magiques invasifs qu'elle posa sur la table avant de reposer son cartable par terre. Le volume était conséquent et la Summerbee avait prit soin de marquer la page à étudier en cornant la page. William aurait hurlé. Mais @William Lewis ne lui adressait plus la parole... alors... Son regard tomba sur le pâquet de friandises apporté par Aaron, elle ne pu s'empêcher de demander poliment :

- Oh, je peux ?

Posant ses affaires sur la paillasse, la blondinette jeta un coup d'oeil à la pièce. Bien éclairée, malgré la grisaille qui perçait depuis les grandes fenêtres, la jeune femme était bien contente de constater que les paillasses étaient propres. Elle avait en horreur les gens qui venaient pratiquer et laissaient tout en plan sans rien nettoyer. Elle avait une fois du débarrasser un cadavre de niffleur qui avait du servir pour un T.P. de dissection ou quelque-chose comme ça. Elle qui n'était pas une fan de soins aux créatures magiques, elle était encore moins fan des méthodes d'embaumement de ces bestioles là...

Quant à son binôme de travail, le pauvre avait des cernes violettes incroyables. A croire qu'elle n'était pas la seule à manquer un chouilla de sommeil... Elle n'avait pas passer cinquante heures dans la salle de bain ce matin et elle ne s'était pas inspectée sous toutes les coutures, aussi il n'était pas impossible qu'elle ait une tête semblable à celle d'Aaron... En réalité, elle préférait ne pas savoir. Parce que même en vacances, elle aurait le stage plus les fêtes de fin d'année... bref elle se reposerait dans une autre vie surement.

- Ca va également, merci.

La jeune Blackthorn adresse un sourire de remerciement au Mayer qui accepte de partager sa collation de dix heures. Véritable bouche à sucre, Juliet pourrait manger ce petit paquet de friandise sans s'arrêter mais la correction voulu qu'elle n'en prenne qu'une petite poignée après avoir sorti son manuel. Elle les garda dans sa main et picora plusieurs petites boules chocolatées en regardant son énorme traité avec un air dépité. Ce bouquin était si énorme qu'il pourrait servir de marche d'escalier... Elle retourna son regard vers Aaron qui lui demandait ce qu'elle voulait travailler et répondit après avoir mangé un mms en plus :

- J'aimerais bien travailler sur les intubations si ça te convient. Ou sur des ponctions... Ce sont deux actes que je n'ai presque jamais pratiqué...

En une bouchée, elle termina les quelques bonbons chocolatés qu'elle avait en main et frotta ses mains l'une contre l'autre pour retirer le sucre imaginaire qui y était collé. Elle replaça ses cheveux derrière ses oreilles avant de se dire que ça serait pas mal de les attacher juste le temps de leur exercice. Elle attrapa l'élastique à son poignet et attacha ses boucles blondes avant d'ajouta :

- Je t'avoue que j'ai un peu de retard en gestes médico-techniques... On en fait tellement peu dans le service où je suis en stage, à part quelques prises de sang et quelques poses de cathéter veineux, que j'ai un peu laissé ça de côté mais pour l'examen...

Les cheveux ainsi attachés, la jeune femme se sentait d'avantage prête à travailler. Après des années à les laisser boucler sur ses épaules de façon particulièrement indépendante, elle s'était rendu compte lors de son stage que ça devenait très compliqué... voir carrément dangereux. Elle avait même fait un accueil en secteur fermé où un patient en pleine crise d'angoisse lui avait attrapé la blouse de façon vigoureuse. Si elle avait pu se défaire de cette emprise, elle n'aurait pas pu y arriver alors que l'homme aurait attrapé une grosse mèche de boucles blondes. Depuis, il ne se passait pas un jour de stage sans qu'elle ne fasse un chignon serré.

La jeune femme hocha la tête alors que Aaron opta pour les intubations, tant mieux, c'est ce qu'elle avait le plus besoin de travailler. Tandis que Aaron sortait un livre et relisait le chapitre, Juliet se dirigea vers l'armoire pour en sortir une tête de golem afin qu'ils puissent s'entrainer. Elle attrapa également un laryngoscope ainsi que plusieurs sondes de tailles et d'épaisseurs différentes. Elle revient vers la paillasse et déposa le tout. Si au début elle trouvait ces golem d'argile magique très étranges, ils étaient incroyablement pratique pour les étudiants en médicomagie. Celle-ci s'arrêtait après les poumons et était parfaite pour ce qu'ils pouvaient faire. Le golem semblait dormir, il semblait respirer paisiblement tandis que les deux étudiants s'apprêtaient à le torturer...

Juliet sortit de sa contemplation de l'outil magique tandis que son binôme lui demandait comment se passait son stage et s'il n'était pas trop fatiguant. Elle sourit alors que de son côté il peinait à sortir la tête de ses révision. Dans le fond, elle était comme lui, elle avait l'impression qu'il y en avait toujours plus. Mais elle était plutôt du genre positive et elle se disait qu'elle avait déjà apprit beaucoup, malgré ce qu'il restait à apprendre et si son stage lui prenait du temps et de l'énergie, il aurait pour elle forcément un retour sur investissement.

- C'est fatiguant mais très très intéressant. Le Docteur @Kashmiri Sanahuja est un excellent mentor et la psychomagie est passionnante. Je suis contente de n'y être que pour les vacances, toutefois, si je devais y aller pendant les périodes de cours, en plus des révisions, je ne m'en sortirais pas...

Elle sourit et lui demanda :

- Et toi ? Tu envisages un stage ? Je ne crois pas t'avoir déjà demandé qu'elle spécialité t'intéressait...

Alors que Aaron lui indiqua être prêt, elle se décida à lire également ce qu'avait lu le Lufkin. Ils ne travaillaient pas sur les même manuels, alors autant prendre le meilleur des deux mais pour cela encore fallait il qu'elle prenne connaissant du manuel du Mayer. Ses yeux parcoururent rapidement les pagnes concernés, elle connaissait bien la technique en soit... c'est juste qu'elle ne l'avait jamais vraiment appliqué, sauf une fois en T.P. mais jamais plus. Elle sorti sa baguette et la posa sur la paillasse avant de s'assoir face à Aaron :

- Alors, on essaye de bien déterminer toutes les étapes avant de se lancer ?

Le tableau blanc n'attendait plus qu'eux...

Après avoir déposé le golem, la jeune femme fit l'inventaire rapide du matériel qu'ils avaient a disposition, tout en jetant un oeil sur ce dont ils avaient besoin. Le buste sur golem reposait à côté d'un plateau d'intubation que la Blackthorn avait soigneusement préparé ; laryngoscope, plusieurs sondes différentes, plusieurs seringues... évidemment il n'était pas question d'injecter au golem quoi que ce soit. Mais il était important pour les étudiants de s'entrainer. Les seringues étaient donc remplies d'eau et selon ce qu'ils voulaient injecter, le golem réagissait.  C'était quand même incroyablement pratique non ?

Aaron n'avait pas de stage puisqu'il ne se sentait pas encore prêt. L'est on jamais vraiment ? Juliet avait eut une chance incroyable de tomber sur le Docteur Gilbert qui l'avait lui même tourné vers le Docteur Sanahuja qui travaillait en institution... Sans les encouragements de ces médecins, elle n'aurait sûrement jamais sauté le pas et elle aurait bien eut tort. Ce stage était une vraie expérience, non seulement professionnelle mais également de vie et elle aurait raté quelque chose si elle ne s'était pas lancée. Elle adressa donc au jeune homme un sourire encourageant :

- C'est qu'il faut se lancer et ensuite ça va tout seul. D'ailleurs mon responsable de service travaille également au département des empoisonnements... si tu le veux je pourrais vous mettre en relation.

Elle sourit et précisa :

- Quand tu seras prêt.

Il était temps de s'y mettre et Aaron la rappela  la tâche en commençant à écrire au tableau. Il avait parfaitement raison, la pose d'une voie veineuse s'imposait car pour une intubation, qu'elle soit d'urgence ou en vu d'une chirurgie il fallait pouvoir passer les différentes drogues. Le remplissage permettrait par la suite une meilleure répartition de ses drogues dans le sang mais également une parfaite oxygénation via l'intubation.

- Oui, c'est ça. Je pose la voie veineuse périphérique du coup.

D'un coup de baguette, la jeune femme fait en sorte qu'un bras apparaisse sur le golem. Elle désinfecte la peau du golem, installe un garrot et purge le prolongateur avant d'insérer doucement l'aiguille dans la veine de son bras. Elle retire le garot et fixe le cathéter avec un morceau de sparadrap. La Blackthorn vérifie le la perméabilité en injectant un peu de sérum physiolohique et vérifie retour veineux avant de fermer le robinet. Parfait, tout va bien.

- Tu fais le remplissage ?

Juliet jonglait entre son livre, celui d'Aaron, le golem patient (ou plutôt golem cobaye) et le tableau sur lequel ils  annotaient leurs vérifications et leurs gestes. Bien que le Lufkin soit capable, sans raison aucune, de se montrer maladroit au point de faire tomber un livre, il était plutôt prévis dans ses les soins qu'il prodiguait au prétendu patient. La jeune femme n'avait pas réagit au livre tombé et elle avait choisit de ne pas insister sur le stage... après tout, elle n'était pas dans la tête du jeune homme et elle ne pouvait rien faire à sa place. Il se rendrait bien compte un jour de ce qui serait le mieux pour lui. Elle pouvait lui montrer les portes, pas les enfoncer à sa place.

Le remplissage se déroula donc sans encombre. Via la voie veine qu'elle venait de poser, il injecta une certaine dose de sérum physiologique afin d'augmenter le volume sanguin, soutenant ainsi l'oxygénation et l'organe cardiaque. Une fois le sérum passé, elle utilisa sa baguette pour noter l'intervention au tableau et se rendit compte qu'elle ne pouvait même pas vérifier les réactions du corps du golem, puisqu'ils n'avaient pas les constantes à disposition.

- Vitam Videtur.

Sous leurs yeux s'affichèrent alors les constantes golem. S'agissant d'une intubation hors urgence, tout allait bien évidemment. Le pouls, l'oxygénation, toutes les informations flottaient doucement au dessus du patient.

- C'est mieux comme ça. Les constantes sont bonne.

Elle hocha la tête vers son collègue qui mentionnait l'ephédrine et lui proposait de s'en charger. La jeune femme attrapa une seringue et utilisa de nouveau la voie veineuse pour injecter la drogue manuellement.

- 30 milligrammes.

Le médicament servait à soutenir le coeur durant la sédation mais également à décongestionner les paroies du larynx afin que l'intubation se fasse sans difficulté. Elle attendit quelques secondes pour laisser à l'ephédrine le temps de faire effet et releva le regard vers le Lufkin pour qu'il prenne le relai.

- On peut passer à la préoxygénation.

Juliet était bien contente de travailler cette thématique aujourd'hui. Elle était rassurée de constater qu'elle se sentait presque à l'aise... en tout cas beaucoup plus que ce qu'elle aurait pu penser. Faut dire que la jeune femme ne pratique que très peu de genre de gestes techniques depuis qu'elle est en stage à Sainte Mangoust. Elle adore la psychomagie, c'est vrai, mais elle se rend compte à quel point c'est une pratique vraiment particulière...

Aaron semble à l'aise également. Tandis que la blonde s'était occupée de l'éphédrine et avait fait apparaitre les constantes vitales de leur patient d'argile, il avait déposé un masque sur le visage du golem pour le préoxygéner. Cela dura quelques minutes, le temps que le taux d'oxygène monte à 100%. Voila qui leur donnerait du temps pour intuber en toute tranquillité sans que le patient ne soit en manque d'oxygène.

- Super, je prend la suite.

La jeune femme attrapa le laryngoscope de sa main gauche, elle en illumina dun sortilège informulé histoire de bien voir les voies respiratoires. Elle n'appliqua pas la pression cricoïdienne, ayant lu à de nombreuses reprises que cette manœuvre était inutile voire dangereuse pour le patient. Elle se place derrière la tête de l'homme d'argile, lui ouvrit la bouche et pencha sa tête en arrière. Les voies étaient dégagées, ça devrait être facile. Elle introduit le laryngoscope sans problème... Le plus dur venait après... introduire la sonde.

- Je vais prendre une sonde de 8.

Elle inspira et commença à introduire la sonde. Elle poussa doucement jusqu'à atteindre le petit repéré qui lui indiquait qu'elle était assez profondément entrée dans les voies respiratoires et que l'intubation serait efficace. Elle était elle même en apnée tandis qu'elle pratiquait le geste. Le taux d'oxygénation diminuait un peu trop vite à son gout d'ailleurs... Il ne restait a Aaron qu'a mettre le ballonnet avant que le patient de suffoque...

A ce niveau là, Juliet manquait autant d’air que leur patient imaginaire. Elle ne pouvait pas s’empecher de retenir sa respiration alors qu’elle pratiquait un geste qu’elle considérait comme risqué… Heureusement qu’elle n’était pas chirurgienne et qu’elle n’aspirait pas à le devenir… Ca aurait été vraiment problématique… C’était un vilain défaut qu’elle n’arrivait pas encore à corriger. Pourtant, on lui avait fait la remarque plus d’une fois. Mais retenir sa respiration c’était comme suspendre l’instant et se concentrer seulement sur ce qu’elle faisait de ses mains. Elle avait l’impression que si elle se mettait à respirer elle pouvait trembler et mal faire…

La sonde bien installée, le golem commençait à désaturer. En soit, rien que surprenant mais Juliet avait oublié comme l’oxygène pouvait rester assez stable puis chuter vertigineusement… Elle se dépêcha de laisser la place à Aaron qui prit le relai avec précision en installant le ballonnet et en l’enchantant pour qu’il s’active et oxygène le patient sans aucune pression manuelle.

Les deux étudiants resterent silencieux à observer les constances quelques secondes, le temps que la saturation en oxygène ne remonte et se stabilise. Voila, le patient était intubé et le chirurgien imaginaire pouvait se mettre au travail. Enfin… après avoir anesthésié le patient qui était seulement sédaté pour l’instant. Aaron commenta leur travail avec un air optimiste, ce à quoi la jeune Blackthorn répondit non sans un sourire :

- Oui, c’était très bien.

Elle ensorcela le feutre pour qu’il ajoute les dernières étapes au tableau qu’elle relu rapidement comme pour mieux imprimer dans son esprit. Elle posa de nouveau son regard sur le golem avant de relever les yeux vers son ami.

- Je pense que je saurais le refaire si c'était le cas pratique demandé en examen. Et toi ?

Parce que bon… c’était quand même le but de la manoeuvre.

Juliet était plutôt satisfaite des efforts qu’ils avaient fournit tout les deux. Si Aaron n’était pas un grand bavard et qu’il était encore plus timide que la cadette Blackthorn - si, c’était possible- c’était néanmoins un excellent binôme de travail et Juliet ne perdait jamais son temps lorsqu’ils révisaient ensemble, que ce soit de la théorie ou de la pratique. Elle l’appréciait beaucoup par ailleurs pour sa gentille et sa douceur et elle ne doutait pas qu’un jour ils pourraient être plus proche.

Elle se sentait en confiance pour réaliser ce geste désormais. Certes, il y avait peu de chance qu’elle n’ait à le faire dans le cadre de son stage puisqu’il n’y avait pas de bloc opératoire en psychomagie et que les intubations d’urgence y étaient très rare également mais si ça tombait à l’examen alors elle pourrait s’en sortir assez bien. Elle demanda à Aaron si c’était pareil pour lui, ce qu’il confirma en précisant qu’il penserait à relire la fiche de T.P. au cas où. La Blackthorn hocha la tête, il y avait des chances pour qu’elle en fasse de même la veille de l’examen de médicomagie pratique.

- Oui, ne serait ce que pour que les étapes ne nous reviennent en tête rapidement.

Parfois pour un médicomage, et surtout pour un patient, quelques minutes pouvaient tout simplement changer la donne. Faire la différence entre la vie et la mort. Pour une étudiante comme elle, ça pouvait faire la différence entre un A et un EE. Voyant l’heure qui avait bien avancé, la blondinette ensorcela les affaires utilisées durant leurs exercices pour qu’elles commencent à se ranger. Elle se tourna vers le Lukfin tandis qu’il l’interrogeait sur son niveau de stress pré-exam.

- Je t’avoue que je le suis un petit peu plus que d’habitude… En général je suis hyper concentrée sur les galops de fin de semestre mais depuis quelques mois ma vie est un peu plus mouvementée. J’ai l’impression de ne pas avoir autant travailler que d’habitude.

Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir vraiment essayé. Mais entre le retour de Baby, les recherches sur sa mort, ses fiançailles avec Maximilien et le temps qu’elle passait avec lui, le temps qu’elle passait avec ses amis, le piano… Elle n’avait même plus touché à un fusain depuis plusieurs semaines… Depuis qu’elle avait terminé le dessin pour Lys et Elliot qu’elle n’avait pu leur offrir…

- Et toi ? Comment tu le sens ?

La blondinette attrapa quelques friandises dans le paquet de son ami et en garda quelques unes en main. De son autre main, elle commença à picorer ce qu'elle avait chipé en se promettant que c'était la dernière poignée qu'elle mangeait. C'était terrible cette addiction au sucre... Elle n'y pensait pas en général mais dès qu'il y avait quelque chose d'ouvert sous ses yeux c'était plus fort qu'elle. Mais il fallait vraiment qu'elle arrête... de toute façon l'heure du déjeuner n'allait pas tarder à arriver. C'était quand même bien mérité ces petits chocolats, ils avaient bien travaillé. Le tableau s'effaçait tandis qu'Aaron faisait recopier les étapes de la manipulation médicale. Tout était désormais rangé... comme s'ils n'étaient pas venu.

Juliet hocha la tête tandis que le Lufkin répondait qu'il était lui aussi stressé et légèrement déconcentré. A vrai dire, Juliet était assez rassurée de savoir qu'elle n'était pas la seule à avoir la tête ailleurs. Parfois, elle avait l'impression de vivre à cent à l'heure, parfois elle se sentait au ralentis, complètement à la traine derrière ses camarades de classe. Savoir qu'Aaron était dans le même état qu'elle était quand même rassurant dans un sens...

- J'ai entendu dire que la troisième année faisait partie des plus difficiles. Mais je suis sûre que nous auront notre DUCS à la fin de l'année.

Etre diplômée n'était bizarrement pas ce qui stressait le plus Juliet. Elle savait en son fort intérieur qu'elle obtiendrait son diplôme... Ce qui l'angoissait c'était quoi faire ensuite... Travailler en tant qu'infirmière ? Continuer son cursus pour devenir médicomage ? Elle aimerait continuer ses études mais elle ne savait pas vraiment si son mariage lui permettrait. Ils n'en avaient jamais parlé avec Maximilien... On avait cordialement invité Luce a stopper ces études, ce qu'elle n'avait pas fait. Juliet y serait elle contrainte également ? En avait elle envie ? Plusieurs questions auxquelles la blonde ne savait pas répondre.

La jeune femme sourit tandis que le Mayer essayait de relativiser en se disant qu'il se faisait trop de soucis. Un petit rire s'échappa même de sa bouche alors qu'il disait qu'il avait l'habitude de réussir avec brio. Aaron avait ce paradoxe amusant de paraitre hésitant et à la fois très sur de lui et de ses capacités. Juliet était plus du genre humble, elle réussissait parfois et se plantait régulièrement également...

- Quelle modestie !

Dit elle pour le taquiner un petit peu. La jeune femme referma son livre et ses cahiers pour finir de tout ranger dans son sac qu'elle cala sur son épaule avant de proposer au jeune homme :

- On déjeune ensemble ?

Juliet étira doucement ses épaules vers l’arrière en essayant de ne pas faire glisser la bandoulière de son sac qui y est posée depuis quelques minutes. C’est qu’elle s’était tellement tendue pour ne pas faire de faux mouvement lorsqu’elle avait introduit la sonde dans la gorge du patient de pierre… Elle essayait de détendre ses muscles mais dans le fond elle savait bien que la seule chose qui pourrait y arriver c’était une douche brulante… à laquelle elle n’aurait pas le droit avant tard ce soir…

C’est qu’elle avait utilisé une heure de temps libre pour s’entrainer avec Aaron mais qu’elle enchainait avec le déjeuner, plusieurs heures de cours, un long devoir à réaliser à la bibliothèque, un dîner et enfin le temps de se poser… Être interne avait cet inconvénient de devoir respecter les horaires imposés… mais l’avantage de ne pas avoir à préparer le repas… Elle préférait ça. Les journées étaient longues et elle ne savait pas comment elle s’en sortirait si en plus elle devait tenir un appart et se faire à manger…

- Ca va aller, j’en suis certaine.

Les inquiétudes exprimées par le Lufkin avaient tiré Juliet de ses pensées. Elle lui adressa un sourire encourageant. La jeune femme était une éternelle optimiste. Naïve parfois, mais optimiste en général. Elle était confiante. Bien plus en les compétences d’Aaron qu’en les siennes d’ailleurs. L’étudiant était une vraie bête de concours… Il allait cartonner sans le moindre doute. Elle sourit de plus belle alors qu’il s’excuse de s’être un peu vanté.

- Tu travailles dur, tu mérites tes résultats, je te taquinais juste un peu.

Elle proposa d’aller déjeuner et elle fut vraiment contente que le Mayer accepte. En général, il avait toujours une excuse pour ne pas l’accompagner. Elle pensait juste à aller déjeuner avec les autres dans la grande salle mais le fait que le médicomage en devenir ne lui demande ou il voulait aller lui donna une idée :

- Oh, viens, sortons manger en ville. Il y a une pizzeria qui me fait envie depuis très longtemps, mon cousin m’a dit que leur tiramisu était magique en plus. Ca te dit ?