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Friends are the family you choose # Zaniel
Mar 26 Jan 2021 - 21:55
Le 22 janvier 2021 - 12h30
Rendez-vous devenus réguliers depuis quelques temps, mes repas en compagnie de mon ancienne protégée Zahia étaient une respiration bienvenue dans un monde qui retenait sans cesse son souffle. Si j'avais du me faire violence les premières fois pour ne pas annuler et me complaire dans la morosité certaine de mon manoir, je les attendais désormais avec une certaine impatience mêlée de tendresse pour mon amie. La belle faisait partie de ceux qui avaient cherché par tous les moyens à me sauver de moi-même durant cette courte période décisive qui avait suivi le décès de Morgane. Perdu dans ma tristesse et ma mélancolie, je m'étais coupé du monde, préférant me cacher derrière l'excuse d'un travail prenant plutôt que d'avoir à exprimer ce qui me rongeait le coeur et l'esprit. L'âme brisée qui se logeait en moi avait bien du mal à guérir, la plaie béante ne cicatrisait pas. Pas encore. Il faudrait du temps. Une fois sorti du Ministère, je transplanais sans efforts dans une ruelle discrète d'Inverness, avant de prendre cette route devenue familière à nouveau. Le col de mon manteau resserré autour de ma tête pour me protéger du froid mordant des Highlands, mes pas me guidèrent sans encombres devant l'enseigne du cochon à plumes. Une véritable institution à Inverness, un pub qui n'avait jamais failli à sa réputation de lieu ouvert et accueillant. A la fois chaleureux et rude, comme le caractère des écossais. Les terres de mes ancêtres recelaient de ce type de lieux typiques, malheureusement, il était rare aujourd'hui qu'ils aient gardé autant d'authenticité. La plupart étaient devenus de vrais pièges à touristes. Passant la porte, la silhouette familière de la mère de Zahia s'empressa de venir m'accueillir. La gentillesse se lisait sur son visage. Un sourire doux s'empara de mes lèvres avec finesse tandis que je déposais un chaste baiser sur sa joue. Ses yeux n'avaient jamais eu de cesse d'avoir une tendresse maternelle pour moi, et je ne pouvais nier que c'était à la fois agréable et profondément régressif. Le regard d'une mère sur ses enfants était le plus beau de tous. "Comme d'habitude?" me demanda-t-elle avec malice. Je me contentais de lui répondre par un hochement de tête avant de rejoindre une table à l'écart, proche des parties privées et loin du tumulte du grand public. M'asseyant, j'enlevais mon manteau que j'accrochais à côté de moi. Perdu dans mes pensées, mes yeux perçants balayaient une lettre du Ministère au moment où Zahia apparut à mes côtés. Relevant mes prunelles glaciales sur elle, un sourire sincère se dessina sur mon visage, tout en retenue. Malice au coin de l'oeil. "Tu as été retenu par tes élèves?" Puis je continuais. "J'espère que tu as faim, ta mère a certainement prévu de quoi rassasier une table de dix." Il y avait énormément de tendresse dans mes mots. Un peu d'humour aussi. Avec Zahia, je pouvais me le permettre. Laisser tomber le masque de l'homme d'apparence si froide pour me laisser aller à plus de frivolités. "Comment vas-tu?" demandais-je, question d'apparence triviale mais qui s'avérait être un petit rituel entre nous. M'exprimer sur mes propres sentiments était une épreuve que je peinais souvent à surmonter, mais avec elle, j'essayais de me soigner. D'avancer. De me livrer. Ce n'était bien souvent que des bribes d'information que je livrais. Un début. Mon propre frère avait du mal à m'arracher le moindre mot lorsqu'il s'agissait de m'étendre sur ce que je ressentais...
@Zahia Saouli
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Re: Friends are the family you choose # Zaniel
Ven 26 Fév 2021 - 12:55
Le brouhaha familier du pub accueillit Zahia dans une boule de chaleur rassurante. Son regard se posa directement sur la petite silhouette de sa mère penchée à une table en train de rigoler largement avec un habitué, puis sur la table qu'ils affectionnaient avec Nathaniel pour leur repas redevenus réguliers, heureuse de le trouver déjà installé. Dans son élément, Zahia salua d'un sourire poli quelques personnes accoudés au bar alors qu'elle passait derrière pour se servir un verre d'eau. En sirotant son verre, elle avait pris le temps de passer la tête en cuisine, saluée par un chahut intensif, guidé par le bruit des casseroles qu'on repose avec entrain sur les plaques de gaz et les assiettes qu'on entasse. « Doucement avec ça, Tom, oh ! » Lança t-elle en pointant le jeune commis du doigt, son sourire se faisant plus malicieux que réellement dangereux. Le chef avait passé avec vigueur un bras autour de ses épaules, assez pour la secouer au point que son verre ne manque de se renverser, provoquant l'hilarité du vieux sorcier. Si le pub était ouvert aux moldus, la cuisine, elle, grouillait de magie. Dounia apparut dans l'encadrement de la porte, juste derrière sa fille, les poings bien ancrés sur les hanches « Ne dit pas bonjour à ta mère, surtout ! » Maugréa t-elle dans son dos avant d'offrir un sourire à sa fille qui s'était dégagée de l'étreinte du cuisinier pour venir embrasser la joue de sa mère « Bonjour, mère » souffla Zahia avec ironie avant de reculer un peu la tête pour l'observer en fronçant les sourcils, consciente que sa mère arrivait doucement au bout de l'énergie qu'elle avait à offrir pour ce pub. « Ton ami Nathaniel est arrivé. Je l'aime bien, lui, je l'aime bien. Il mange bien. C'est mon préféré. Enfin après un certain Irlandais mais bon, enfin.. » disait-elle en arabe, déjà repartie dans la salle en secouant passivement une main pour montrer vaguement la table où il était installé, Zahia la suivant un instant en levant les yeux au ciel, amusée.
La fille Saouli bifurqua pour rejoindre enfin son ami, glissant une main sur son épaule, une légère pression des doigts suffisant à lui exprimer mon affection, le rire quittant mes lèvres à sa remarque « Mes wrights ont gagné chacun une heure de colle pour avoir foutu le bordel dans le club-house. Résultat : ranger de fond en comble le local de rangement » lança t-elle en s'installant face à lui, offrant une légère grimace pour accompagner la sentence, montrant par là qu'il y avait du boulot, avant de pointer un doigt réprobateur vers lui « Et arrête de charmer ma mère, elle va finir par te kidnapper. » L'aisance avec laquelle ils se parlaient offrait quelque chose de très libérateur au duo, particulièrement habitué à garder leurs émotions pour eux. Aussi quand Nathaniel lui demanda « Comment vas-tu ? », elle savait qu'elle allait devoir donner un peu. Ils se l'étaient promis, d'être plus vrai l'un envers l'autre, de pouvoir se confier, s'ouvrir, avancer.
Si Morgane avait, à l'époque, ce rôle-là pour chacun d'eux, ils avaient trouvé en l'autre un support essentiel et sain, un endroit ou ils pouvaient se laisser (un peu) aller. Quelque chose avait changé en Zahia, elle le sentait, ça se voyait, ses proches le ressentaient. Et si le changement se personnalisait physiquement sur elle par le choquant raccourcissement de ses cheveux, encadrant maintenant son visage d'un carré depuis une courte semaine, le plus gros du travail s'était passé à l'intérieur, dans son cœur. Elle paraissait plus lumineuse, plus sereine, plus apaisée. « Ecoute... ça va bien. » souffla t-elle en baissant les yeux vers la table en bois où ses doigts traçaient les rainures du bois. Le pétillement dans ses yeux n'offrait aucune possibilité à l'Algérienne de se cacher. « J'ai fêté mes trente-sept-ans dans une cabane au bord d'un lac, loin de tout, en bonne compagnie. Ça m'a fait beaucoup de bien. » Loin de partager ses histoires de cœurs avec le juriste, leurs repas réguliers ces derniers temps avaient donné tout l'espace nécessaire à Zahia pour laisser un peu de sa douleur d'un cœur brisé, puis réparé, glisser dans ses oreilles. ( @Nathaniel Wakefield)
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Re: Friends are the family you choose # Zaniel
Mar 2 Mar 2021 - 0:04
La tendresse du geste entrepris par Zahia me sortit de ma torpeur. Quelques mots plein d'humour qui trouvèrent rapidement un écho chez mon ancienne protégée devenue amie. Les conversations bruyantes des clients du pub, loin d'être un frein à nos confidences, constituaient une barrière étrangement rassurante. Même pour un homme aussi pudique en matière de sentiments que moi. Sa réponse m'arracha un mince sourire. Décidément, les générations passaient mais les étudiants restaient fidèles à leur maison. "Je constate que les Wrights se montrent toujours aussi brillants lorsqu'il s'agit d'attirer l'attention. Ils vont avoir de quoi méditer avec leur heure de colle..." Mon ton était volontairement teinté d'ironie. A l'époque déjà où je foulais les allées d'Hungcalf, les membres de la maison rouge m'apparaissaient comme des têtes brûlées qui faisaient parler leurs muscles bien plus que leurs cerveaux. Mais mon opinion était biaisé par mon appartenance à la maison historiquement ennemie avec les rouges, les Grymms. Aujourd'hui, peu m'importait réellement d'où venaient les étudiants que je tutorais, seules comptaient leurs compétences et leurs manières. La fière professeure de vol enchaîna alors et une lueur pleine de malice s'alluma dans mes orbes glaciales. "Serait-ce si terrible? Je pense que le plus grand risque serait de ne plus pouvoir enfiler mes costumes trois pièces. Dommage, certes." Avant de rajouter avec beaucoup de tendresse: "Tu as beaucoup de chance de l'avoir, je te le répète." Les mères étaient des personnages fragiles et malheureusement parfois semblables aux papillons éphémères. Sublimes, délicats. Et puis, sans qu'on s'en rende vraiment compte, ils disparaissent subitement. Fidèle à nos habitudes, il ne me fallut que quelques secondes pour en venir à cette question qui se faisait centrale dans nos conversations. S'ouvrir à l'autre était la promesse que l'on s'était faite l'un à l'autre. En souvenir de notre affection commune pour Morgane. Ma question semblait d'autant plus pertinente qu'un changement notable semblait s'être opéré chez la flamboyante Saouli. Je l'avais remarqué. Une certaine légèreté. Une douce chaleur. Une âme qui rayonnait un peu plus. Un équilibre des émotions qui se sentait. Sa gêne évidente alors qu'elle avouait tout simplement être heureuse. Même sans le dire clairement, chacun de ses mots démontraient qu'elle avait touché du doigt le vrai bonheur, et j'étais réellement ravi pour elle. Car la professeur le méritait amplement. Son coeur était aussi brisé que le mien. Organes défectueux qui peinaient à trouver le remède à leurs blessures. Ma main glissa sur la table pour s'emparer de la sienne avec délicatesse. Sur un ton plein de tendresse, je lui soufflais alors: "Je suis heureux pour toi, Zahia." Mes mots étaient profondément sincères. Puis, retrouvant mon sourire plein de malice, je rajoutais: "J'espère que cette bonne compagnie saura prendre soin de toi. Il a de l'or entre ses doigts." Loin de moi l'idée de m'immiscer dans ses aventures romantiques, toutefois j'avais toujours ressenti ce besoin presque fraternel de veiller sur elle. Nous avions suffisamment soufferts tous les deux. Il était temps que le bonheur reprenne le contrôle de nos vies. De mon côté, pourtant, les choses semblaient figées dans le temps depuis le décès de Morgane. Je me sentais sentimentalement vide... Hormis peut-être cet éclat d'espoir qui prenait la forme de lettres envoyées à une presque inconnue...
@Zahia Saouli
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Re: Friends are the family you choose # Zaniel
Dim 11 Avr 2021 - 11:43
Aux mots de Nathaniel, il était facile de se laisser glissé dans la rivière des souvenirs de leurs années universitaires. Tout deux fiers représentants des grymm, même si ses anciens partenaires chez les gryffondors avaient criés à la trahison, la maison qu'elle avait partagé avec Nathaniel avait été parfaite, pour elle. Ambitieuse et droite au but, elle ne s'était pas arrêtée en chemin pour lancer des pétards, amuser la galerie ou beugler dans les couloirs. Elle n'avait pas eu le loisir de nourrir son âme d'enfant, dès lors que le regard d'Inès s'était posé sur elle. Elle seule, elle qui était mère avant d'être fille, ou soeur, encore moins amie ou étudiante. Elle seule, qui avait déplacé des montagnes en laissant derrière elle, dans un doux-amer, les relations qui n'avaient pas voulu avancer aussi vite qu'elle. Nathaniel, lui, l'avait toujours soutenu, guidé, protégé. Ils avaient de ces relations qui durent dans le temps, silencieuses et éternelles, précieuses car inestimable et rare.
Elle s'était raccrochée à la réalité en blaguant sur l'affinité liant son ami à sa propre mère, et la réponse l'avait fait sourire plus franchement. “Dommage, indeed” s'était-elle surprise à penser en le dévisageant avec une lueur affectueuse. Si leur lien lui permettait de voir le sorcier seulement comme un ami, comme un frère, elle ne pouvait nier l'aura charismatique et la beauté naturelle qui s'en dégageait. Elle se retint de faire une blague sur sa mère, consciente que l'absence maternelle avait laissée une trace indélébile sur le coeur du Wakefield.
Elle s'était ouverte, lentement, répondant avec une timidité qu'elle ne se connaissait pas. Pour les âmes abîmées, il était bien plus difficile d'accepter le bonheur que d'affronter la douleur. “J'espère que cette bonne compagnie saura prendre soin de toi. Il a de l'or entre ses doigts.” Le visage de l'irlandais dansait dans son crâne avec une intensité nouvelle. Elle ne put empêcher le sourire d'illuminer ses traits alors qu'elle inspirait longuement, se nourrissant du contact de leurs mains. Elle referma ses doigts sur les siens pour les serrer un instant, heureuse de pouvoir partager avec lui un peu de son bonheur, de ses pensées. “Je crois qu'il le sait... Et puis, ça fait vingt ans qu'il prend soin de moi. Je suis...-” elle s'était arrêtée pour chercher ses mots dans le regard tranquille de son ami “vraiment chanceuse.”
L'équilibre sensible de partager l'amour qui illuminait sa vie et la noirceur qui emplissait celle de son ami était difficile à maitriser. Aussi, Zahia n'avait pas envie, pour le moment, de s'étaler plus que ça. Elle lui offrit un sourire encourageant alors qu'elle penchait doucement la tête vers lui “Et toi? Comment vas-tu?” Avant qu'ils n'aient pu se concentrer sur les sentiments du sorcier, Dounia arrivait avec les mains chargées de deux coupelles de ragoût, la voix portant alors qu'elle se trouvait encore à quelques mètres de la table “On se pousse, on se pousse!” La fille Saouli leva les yeux au ciel en souriant, rompant le contact de leurs mains alors qu'elle levait les deux siennes pour récupérer son assiette des mains de sa mère. La mère, quant à elle, ignora presque sa fille pour poser ses doigts sur l'épaule de Nathaniel, qu'elle pressait avec affection, penchée vers lui “Tu me diras hein, tu me diras. Je sais que mon ragoût est bon, mais quand même. تأكل كثيرا ، تحتاجه* ” L'accent chantait sur les lèvres de l'Algérienne alors qu'elle filait déjà en glissant son chiffon sur son épaule droite, geste qu'un certain cuisinier avait copié de son temps dans les cuisines du pub. Zahia secouait la tête, amusée, avant de prendre une première cuillère dans son assiette.
*mange beaucoup, tu en as bien besoin!
@Nathaniel Wakefield
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Re: Friends are the family you choose # Zaniel
Mar 27 Avr 2021 - 0:34
La valse lente des âmes perdues. Deux êtres qui se mouvaient vers un objectif commun: trouver le bonheur. Mais au fond, cherchaient-ils le bonheur pour soi ou plutôt le bonheur pour l'autre? Se complaire dans la douleur était une tâche qui m'apparaissait bien plus simple que celle de toucher au plaisir infini procuré par le bonheur. Utopie pleine de tristesse. Utopie inatteignable. Utopie. Voir mon ancienne protégée et amie aussi radieuse avait le mérite de réchauffer mon coeur et mon âme. Dans mes mots se cachait une pointe de jalousie - il avait intérêt à prendre soin d'elle - , de celui qui veillait sur ses proches avec férocité et possessivité. La voir avec ce bel espoir dans les yeux. La flamme de bonheur brillant au fond de ses prunelles sombres. Qu'il était doux ce bonheur. Au contact de sa main, des images me venaient, dansaient devant mes yeux. Le visage d'un homme que je connaissais. Parce qu'il faisait partie de l'entourage d'Evan, de celui de Zahia. L'Irlandais avait gagné sa place auprès de la Saouli. Les deux se connaissaient par coeur. Pourtant, mon instinct fraternel de protection me dictait toujours la prudence, et je veillerai à distance, comme je l'avais toujours fait pour elle, et pour tous mes protégés. "Profite de tous ces moments de joie simples. Ils sont tellement fragiles, et pourtant si importants. Tu mérites tout ce qui t'arrive." Les confidences de la professeur appelaient à des confidences de ma part. Accord tacite entre deux âmes blessées. Essayer d'être sincère, de se livrer. Promesse faite à ma défunte épouse d'apprendre à me découvrir davantage à ceux qui tentaient de m'atteindre - de m'aimer-. Relevant mes iris claires sur le visage souriant de ma protégée, je me figeais en entendant sa question. Le destin me fut favorable à nouveau, m'offrant un répit bienvenu. En effet, au moment où j'allais me risquer à répondre, une voix familière parvint jusqu'à nous. Maîtresse en son domaine, la dynamique Dounia se frayait un chemin à travers les tables pour nous rejoindre, les bras chargés de deux assiettes fumantes. Enfin, si on pouvait appeler cela des assiettes. Les portions raisonnables ne semblaient pas exister ici. Et si ce n'était pas mon habitude de manger outre mesure - l'excès de whisky étant plutôt mon domaine -, les petits plats de la matriarche Saouli étaient un régal pour les papilles autant que pour les coeurs. Un réconfort certain. L'intérêt de l'Algérienne me mettrait presque dans l'embarras, si je ne connaissais pas son côté extrêmement maternel et tactile. Je lui offrais un sourire - que d'autres qualifieraient de charmeur -, lui glissant quelques mots avant qu'elle n'aille rejoindre le domaine des cuisines: "Ton ragoût est unique, je le reconnaîtrais les yeux fermés. J'y ferai honneur, tu le sais." Manger était essentiel pour vivre, mais parfois, on pouvait aussi y prendre plaisir. Il m'arrivait régulièrement de sauter des repas lorsque je passais de longues heures au Ministère. Finalement, ces rendez-vous au cochon à plumes me permettaient de temps en temps de renouer avec le simple plaisir de la bonne nourriture. Pourtant... si je devais être parfaitement honnête, je ne pourrais manger avant d'avoir répondu à sa question. "Je ne sais pas, Zahia." Ma voix était teintée de tristesse, d'interrogations aussi. "Je suis... perdu. Dans ce que je ressens. Dans ce que je pense ressentir. Dans ce que je suis censé ressentir." Un moment, mon regard translucide s'égara sur le visage de ma protégée, cherchant des réponses qu'elle ne pourra certainement pas m'apporter... Brume dans le regard. Perdu dans cet océan d'émotions qui ne semblaient pas me lâcher depuis le décès de Morgane. Malgré mon apparence placide et indifférent, je sentais la cassure nette provoquée par la perte de mon épouse. Une fracture de l'esprit. Faiblesse de l'âme qui n'arrivait pas à guérir... Et pourtant, il y avait de l'espoir. Le visage d'une intrigante louve m'apparut soudainement. Lubia. Espoir trouble. Espoir qui avait le mérite d'exister. Mon coeur tentait de me faire comprendre qu'elle lui faisait du bien, mais je n'arrivais pas totalement à y croire. Attaquant mon assiette avec une lenteur toute calculée, je finis par reposer ma fourchette pour planter mes iris bleutées dans celles de mon amie: "Il y a... quelqu'un. Quelqu'un qui compte plus pour moi que tout ce que j'aurais pu imaginer." Un demi-sourire s'afficha soudain sur mon visage, tandis que je repensais aux échanges particuliers que nous avions, la louve et moi. M’apercevant alors que Zahia avait pu se rendre compte de ce changement d'humeur, je rajoutais avec plus de sérieux - quoique-: "Ne te moque pas. Je le vois, ton sourire." Ce ne serait que de bonne guerre finalement. Et la promesse des confidences étaient tenues. Même si je taisais le nom de la personne en question pour le moment. Après tout, toutes les âmes qui gravitaient autour de moi semblaient liées d'une manière ou d'une autre. Les arcanes lunaires semblaient se jouer de moi. Ce n'était pas si désagréable.
@Zahia Saouli
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Re: Friends are the family you choose # Zaniel
Ven 4 Juin 2021 - 17:06
(mood) Zahia observait l'échange entre Nathaniel et sa mère en silence, un léger sourire aux lèvres. Pendant longtemps, elle avait envié les saveurs que Dounia réservait à ses amis. Ils avaient droit au toucher de sa mère, à ses mots doux, à son affection. Ils l'avaient gagné, au fil du temps, Zahia étant une pie solitaire, s'entourant de peu de gens. Ils s'étaient attachés à la famille, au lieu, et avait mérité l'amour de la Saouli. Les voir accéder à ce que Dounia lui avait longtemps refusé ((you're the big sister, you're responsible for your brothers, you have a daughter, you're an adult- you know i love you, i don't have to tell you.)), la relation mère-fille étant toujours plus compliquée, lui avait fait comprendre qu'elle avait un rôle trop important pour que la jalousie ne les prive une nouvelle fois d'un lien maternel, discret mais puissant. Trait répétitif et douloureux chez les gens qu'elle aimait d'avoir des parents absents, l'Algérienne offrait aux âmes perdues ce qu'ils recherchaient. Une mère de substitution, un endroit rassurant, un toucher apaisant.
Silencieuse, elle laissa le soin à Nathaniel de flatter l'égo de la vieille sorcière, de goûter son plat, de retrouver le fil de ses pensées puis d'enfin, se reconnecter à elle. De son côté, elle avait observé sa mère partir, sourit à son regard, senti son amour silencieux, discret. Patiente, les silences étaient aussi explicites que leurs paroles, ils savaient s'écouter, attendre, entendre ce qu'ils se refusaient à expliquer. « Je ne sais pas, Zahia. » dit-il finalement. « Je suis... perdu. Dans ce que je ressens. Dans ce que je pense ressentir. Dans ce que je suis censé ressentir. » Elle avait simplement hoché la tête, reposer sa fourchette, bu une gorgée. Elle l'attendait. « Il y a... quelqu'un. Quelqu'un qui compte plus pour moi que tout ce que j'aurais pu imaginer. » Si la sorcière ne s'attendait pas à se dénouement là, surprise d’observer chez le plus mystérieux de ses amis un changement d'attitude, un regard un peu plus vif, un sourire léger, Elle dû faire un réel effort pour refouler ses propres sentiments à l'égard de la défunte femme de Nathaniel, devrait se réjouir pour lui, se réjouir de le voir avancer, sourire, s'évader. « Ne te moque pas. Je le vois, ton sourire. »
Prise sur le fait, Zahia releva les yeux vers lui, cachant le doux-amer sous une couche de malice, elle sourit plus franchement en reposant sa fourchette, les deux coudes appuyés sur le bord de la table « Tu comptes m'en dire un peu plus, ou on s'arrête là pour aujourd'hui ? ». Elle le désigna d'un mouvement du menton en ajoutant avec plus de sérieux, son regard s'accrochant au siens avec plus de profondeur « Juste une chose, avant les détails. Tu n'es obligé de rien, concernant tes sentiments, tu m'entends ? Personne n'as le droit de juger comment tu te remets de la perte d'un être cher. Chaque chemin est... différent. » La pie l'observa un instant, laissant glisser son regard sur les rides autour de ses yeux, la ligne de son nez, observe sa mâchoire bouger, avant de se reculer et de reprendre sa fourchette, ouvrant la discussion d'un mouvement de main « Détaille, maintenant, s'il-te-plait. »
- InvitéInvité
Re: Friends are the family you choose # Zaniel
Mar 29 Juin 2021 - 22:23
L'écoute attentive de Zahia était apaisante, sans jugement, avec cette pointe d'espièglerie qui la caractérisait. Son regard posé sur moi était bienveillant, mais ma réserve naturelle m'empêchait d'être complètement à l'aise avec l'idée de me livrer entièrement. Même dans une sphère de confiance comme celle qu'instaurait mon ancienne protégé lorsque je venais déjeuner avec elle. Des instants de complicité volés à des emplois du temps plus que surchargés. Après le départ de la pétillante Dounia, je répondais enfin à sa question, après un temps d'hésitation certain. Une grande sincérité englobait chacun de mes mots, fruits de mes doutes et de mes réflexions. Parler de ma relation avec Lubia n'était pas évident, parce que rien n'était évident quand il s'agissait de la louve. Et parce que je n'avais pas osé aller la voir depuis l'enterrement de Morgane. Parce que je me voilais la face en étant persuadé qu'elle était mieux sans moi et que je n'avais pas besoin d'aide pour gérer mon deuil. Parce que je culpabilisais de l'avoir abandonnée. Malgré ce cruel dilemme, je ne pouvais nier que la présence de la louve me manquait cruellement, et que, griffe par griffe, elle avait su s'imposer dans mon coeur si malmené par la vie. La question était de savoir si l'inverse était vrai. Le sourire malicieux de la professeur de vol m'annonça la teneur de ses mots. La curiosité de la belle était légitime, je la connaissais assez pour savoir qu'une telle information allait forcément l'intéresser. Et c'était parce qu'elle avait toute ma confiance que je pouvais lui faire cette confidence. D'autres auraient pu utiliser cette information à de mauvais escients. Un sourire amusé s'afficha sur mes lèvres; seule réponse à sa demande d'en savoir plus. Revenant sur mes états d'âme, la Saouli sut trouver une nouvelle fois les mots pour me donner l'impression que tout irait bien et que je ne devais pas me sentir honteux de ressentir certains sentiments à l'encontre d'une femme qui n'était pas femme. Rapidement, je rajoutais, non sans une pointe de profonde tristesse: "Je ne suis pas sûr de m'en remettre un jour. Tu sais bien que chez moi, les apparences sont parfois trompeuses. Je donne l'impression de gérer parfaitement mon deuil, mais ce n'est rien de moins que le chaos dans mon esprit." Et je ne sais pas comment demander de l'aide... Un doux soupir s'échappa d'entre mes lèvres, tandis que j'avalais un peu de ragoût, la laissant me détailler comme à son habitude. Elle semblait lire dans les âmes de ses proches si facilement. Le spécialiste de l'esprit n'était pas celui qu'on pourrait penser. Sa demande - qui se rapprochait plus de l'ordre que du souhait - me fit sourire à nouveau. "Es-tu parfaitement sûre de vouloir plus de détails?" Après tout, je ne savais pas comment elle allait réagir si elle apprenait le nom de mon amante. De ce que je savais - et avais vu -, les deux femmes se connaissaient très bien et étaient amies. Pour le reste, je ne préférais pas savoir. Il y avait des visions que je ne préférais pas avoir. Zahia était comme une soeur pour moi, je ne pouvais pas l'imaginer autrement qu'en... soeur. Quelques secondes d'hésitation supplémentaires. Comment tourner cette révélation? "Je peux te dire que tu la connais très bien, qu'elle travaille sous les ordres de mon Père et qu'elle vit sur un bateau." Il n'y avait pas grand chose à rajouter, la professeure avait sûrement du deviner de qui il s'agissait. Mon regard, avide de la réaction de ma vis-à-vis, ne la lâchait pas. Serait-elle ravie de le savoir? Serait-elle en colère? Ou même...jalouse? Tant de sentiments à déceler. Soupirant doucement en passant une main dans mes cheveux, je m'adossais à la chaise avant de rajouter: "Mais je ne suis pas sûr que nous partagions les mêmes sentiments. Ce que nous avons n'est peut-être que le fruit de mon imagination et de ma détresse. C'est peut-être idiot, mais avec elle... je me sens...vivant." Sourire gêné. Qu'est-ce que ça faisait d'être amoureux, finalement? L'avais-je seulement été avant? Comment aurais-je pu savoir ce qu'on ressentait dans ce cas-là? "Penses-tu que je suis devenu trop sentimental avec les années?" J'ai peur qu'elle me rejette. Il faudrait que je me confronte à la louve à nouveau. Il faudrait que le courage me revienne pour affronter sa colère et sa peine. En attendant, je recherchais les conseils de mon amie.
@Zahia Saouli
- [terminé] friends are the family we choose for ourselves [lignus]
- Betrayal hurts only with friends and family ¤jolia {{terminé
- hold out your hand, 'cos friends will be friends right till the end | emma
- Remus ; friends will be friends
- ▿ pennington-desnoyers family ━ each unhappy family is unhappy in its own way.
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