Elle n'avait rien à faire ici. Franchement... Non, vraiment, elle n'avait rien à faire ici et sa présence n'avait ni sens, ni raison. La lèvre inférieure tremblante, s'efforçant d'effacer ses larmes de la manche de son pull, la jeune Blackthorn s'était arrêtée à l'entrée de la cour intérieure avec un air hagard, ne sachant visiblement pas ce qu'elle allait pouvoir faire là. Pourtant la cour était déserte et il n'y avait pas de passage à cette heure très avancée de la soirée, ce qui eut pour drôle d'effet de rassurer la jeune femme, malgré une l'obscurité. La seule lumière venait de la fontaine de Merlin qui irradiait doucement au grès du clair de lune...

Il faisait froid mais seul le visage de Juliet était touché par la fraicheur nocturne. Soulagée de se retrouver seule, la jeune femme laissa tomber son livre de potions sur le banc, avant d'elle même s'y assoir. De nouveau, elle passa ses manches sur ses joues rougies par le froid et inondées par les larmes qui continuaient de couler sans qu'elle puisse les contrôler. Se rendant à l'évidence, elle sortit un mouchoir de sa poche pour essuyer son visage puis se moucher. Elle ferma les yeux, inspira, expira, essayant de se calmer.

Voila plusieurs jours qu'elle savait. Plusieurs jours que @Maximilien Leroy lui avait tout raconté. Plusieurs jours qu'elle esquivait @Peter Drummond qu'elle ne voulait plus jamais revoir. Plusieurs jours qu'elle pleurait comme l'idiote qu'elle était. Elle avait la gorgé nouée, elle faisait triste mine. Comme si elle était terriblement fatiguée. Pourtant, elle dormait. Elle dormait même beaucoup, seul moment où elle oubliait la souffrance qui tiraillait ses entrailles.

Ce soir, Juliet cherchait désespérément un refuge. Elle avait passé plusieurs jours à se terrer dans sa chambre mais elle n'en pouvait plus. Elle ne pouvait pas rester dans la salle commune laquelle était toujours bien occupée... La bibliothèque était fermée et la salle de musique était remplie par le club de chorale. Ses pas l'avaient mené ici, avec le livre qu'elle devait réviser, mais le coeur n'y était pas...

Elle avait froid. Non, pire, elle était frigorifiée. Le vent fouettait son visage et elle avait les joues aussi rouges que son nez. Mais assise là, elle n'avait pas la force de bouger pour l'instant. Pour aller où, de toute manière ? Juliet ne savait plus où se mettre depuis qu'elle avait vu Maximilien embrasser Peter. Elle ne savait plus où poser ses yeux de peur de croiser l'un, ou l'autre, ou toute personne étant au courant de ce qu'elle avait trop longtemps nié. Elle aurait pu s'excuser auprès d' @Elsje de Booij, de @Lucrece De Gray et même d' @Adalia Blackthorn... Elle le ferait. Mais plus tard. Elle n'avait pas la force de supporter le regard pleins de " je te l'avais dit " de l'ex copine de Peter et de sa propre cousine, pas plus qu'elle ne pourrait supporter le regard pleins de peine de Luce...

La jeune femme n'a eut que quelques secondes de répit. Quelques secondes seules avant d'entendre des pas dans son dos se rapprocher d'elle. Et elle pria. Elle pria tout les dieux qui pouvaient exister pour que ce ne soit pas quelqu'un qu'elle connaisse. Elle pria pour que la personne passe sans la voir. Qu'elle passe son chemin sans même lui adresser un regard. Elle aurait aimé être transparente. Elle avait eut ce pouvoir adolescente... Elle aurait tant aimé retrouver cette faculté de passer inaperçu. Mais avec une famille comme la sienne, tout le monde ou presque savait qui elle était.

Evidemment, ce fut le contraire qui se produisit. Juliet entendit la voix de Ymkje avant même de voir son visage angélique à la lueur de la fontaine. Les épaules de la jeune femme se tendirent tandis que la Wright demandait si elle pouvait s'assoir avant de le faire malgré l'absence de réponse de Juliet dont la voix était bloquée quelque part dans sa gorge.

- Je n'ai pas envie de me battre Ymkje...

Dit elle finalement d'une voix lasse. C'est que les deux jeunes femmes ne s'étaient pas revues depuis que Ymkje avait accusé Juliet d'avoir été à l'origine de sa rupture avec Victor, la conversation ayant dégénéra jusqu'à ce que la sportive n'imprime sa main sur la joue de la pianiste... Le silence s'installe entre les deux jeunes femmes sans que l'une ou l'autre ne sache quoi ajouter. Juliet est immobile. Ymkje également. Chose assez rare chez la Wright d'ailleurs... Ca ne dura pas, car celle-ci commença à s'agiter avant de sortir un gateau de son sac et à la tendre à la Summerbee. Juliet hésita un instant... ce n'était vraiment plus l'heure de manger du gâteau avant de se rendre compte que franchement... rien à foutre de l'heure... Elle était malheureuse et ce gâteau avait l'air délicieux.... La jeune Blackthorn prit donc le gâteau, le cassa en deux et tendit l'autre moitié à la De Booij...

- Merci...

Elle mordit dans la pâtisserie. Il était délicieux. Pas de quoi éteindre sa peine de coeur mais elle se sentait un tout petit peu mieux.

- Je suis désolée pour la dernière fois...

Parler du passé pour éviter de parler du présent...

Il n’y avait bien que Ymkje pour sortir de son sac un gâteau au chocolat sans crier gare. Non pas qu’elle ait pu deviner que la jeune Blackthorn en aurait bien besoin ce soir là, juste parce que c’était bien le genre de la De Booij d’avoir ce genre de sucreries toujours à portée de main. Ne travaillait elle pas à la plume en sucre d’ailleurs ? Juliet se souvenait de l’enterrement de vie de jeune fille où la Hollandaise avait crée un phallus en chocolat. Juliet n’avait même pas osé porter une seconde fois le regard sur ladite création tant elle était gênée. Elles étaient si différentes…

Quoi qu’il en soit, la pâtisserie remontait un peu le morale de la Summerbee qui remercia celle qu’elle considérait comme une amie avant qu’elles ne se disputent. Juliet avait beau avoir analysé leurs interactions de ce jour là, elle n’avait pas comprit pourquoi c’était parti aussi loin. Elle comprenait le transfert de frustration que la jeune femme avait pu faire…. Cet échange avait taraudé Juliet pendant plusieurs semaines, lui tordant les tripes quand elle y repensait… Ce soir elle n’avait pas envie de se battre et elle était désolée d’être en froid avec la sorcière… c’est pourquoi elle s’excusa, bien sincèrement.

Elle écouta les excuses de la Rouge, peinée d’apprendre que Jennifer et Nicolas n’aient pu apercevoir ce qu’elle voyait quand elle regardait Ymkje De Booij. Même si les De Launay étaient moins traditionalistes et conservateurs que les Blackthorn, ils gardaient des réflexes vraiment nuls… Juliet avait été là au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle était surement également la mauvaise personne pour tendre la main à la jeune femme ce jour là… étant l’archétype de ce que les De Launay espéraient pour Victor…

- La situation était injuste… Je sais ce qu’à vécu Victor pour avoir été à sa place et je devine que ta position était aussi douloureuse.. Je suis vraiment désolée que tout ceci vous soit arrivé. J’ai toujours pensé que vous étiez fait l’un pour l’autre…

Elle était sincère. Juliet connaissait Victor depuis sa plus tendre enfance et elle n’avait jamais autant apprécié une de ses copine, autant été admirative du couple qu’ils formaient. Bien que très différente, Juliet avait apprécié la Wright à l’instant où elle l’avait rencontré, même si elle ne lui avait sûrement jamais dit. Juliet appréciait beaucoup la jeune femme et en plus de cela, elle n’était pas rancunière :

- Bien sûr, on oublie.

Un léger sourire vint se creuser dans les joues de la jeune femmes. Elle pouvait au moins se dire que tout ne fichait pas le camps dans sa vie. Elle avait retrouvé une amie à défaut d’avoir perdu un fiancé et un cousin. A ce propos, Ymkje lui pose la question à laquelle elle devait s’attendre en affichant un tel visage de désolation. Elle répondit d’une voix qu’elle voulu la plus neutre possible mais en réalité elle était pleine de trémolos et Juliet luttait pour ne pas pleurer. Encore.

- C’est terminé avec Maximilien… Et il semblerait que je doive le croiser plus souvent maintenant qu’avant que nous rompions. Je cherchais un lieu pour réviser…

Elle sourit pauvrement et précisa, histoire de prouver qu’elle n’était pas complètement cinglée.

- J’ai bien conscience que ce soit pas l’endroit idéal.

Voir Ymkje De Booij aussi résignée, quelque mois à peine après sa rupture aurait du être un message d’espoir et d’optimisme pour la jeune Blackthorn. Elle se retrouvait à hausser les épaules et à dire que leur couple n’était peut être pas fait pour durer… La blondinette se demandait si d’ici quelques mois elle aussi elle hausserait les épaules en parlant de Maximilien… Rien qu’à y repenser elle se sentait comme aspirée dans une sorte d’énorme trou noir. Elle sentait son ventre se retourner, son coeur peser une tonne dans sa poitrine et compresser ses poumons… Elle se sentait mourir ou presque.

Un sourire forcé et triste s’affiche sur le visage de la Summerbee tandis que son amie lui précise être désolée pour cette rupture violence… Si elle savait a quel point c’était blessant et douloureux ce qu’elle avait vécu, elle serait surement encore plus désolée… Juliet ferma les yeux un instant, se refusant à revoir la scène qui avait sonné la fin de son idylle avec le français. Ce moment où il avait avancé d’un pas pour embrasser Peter avec plus d’envie qu’il ne l’avait jamais fait pour elle.

- Moi aussi…

La jeune femme termine le morceau de gâteau au chocolat tandis que Ymkje lui propose d’aller chez elle pour… pour quitter cet endroit froid et démoralisant certainement… Oui ça devait être ça. Elle est surprise que Ymkje ne l’interroge pas sur Maximilien. Peut être que ça n’intéresse pas la De Booij. Juliet peut le comprendre… Après tout les histoires de fiançailles subies puis voulu de deux jeunes sangs purs c’était quand même du réchauffé n’est ce pas ? Quoi qu’il en soit, c’était une bonne chose de ne pas en reparler. Elle n’en pouvait tellement plus de répéter ce qu’elle avait vu. Elle était tellement honteuse à chaque fois qu’elle en parlait.

- C’est une bonne idée, allons-y.

Juliet tandis la main à la Wright pour qu’elle puisse l’emmener chez elle en transplanant. Quelques secondes après, Juliet sentait une douce chaleur l’envelopper tandis qu’elles se retrouvaient assises dans le canapé de son amie, dans une maison qui était joliment décorée… Elle se sentait déjà un peu mieux. Elle déposa son livre de cours sur la table basse, essuya les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues depuis plusieurs minutes et demanda :

- Je peux te demander un verre d’eau, Ym ?

A peine apparue dans la maison, Juliet se sentit un peu mieux. Elle ne savait pas si c’était la douce chaleur du feu qui ronflait paresseusement dans la cheminée, ou si c’était l’odeur délicieuse de pâtisserie qui flottait doucement dans l’air… ou alors même la décoration chaleureuse de l’endroit et le confort du canapé où elle était désormais assise… Ou peut être était ce seulement la présence d’une amie ?

Pendant que Juliet déposait son livre, retirait sa cape et observait l’endroit, Ymkje était entrain de s’afférer en cuisine et lui apporta le verre d’eau qu’elle avait poliment demandé. La jeune Blackthorn bu une grande gorgée d’eau ce qui la rasséréna également. Petite, quand elle pleurait, son grand frère @Kaiden Blackthorn lui apportait toujours un grand verre d’eau pour l’apaiser. Il faut croire que ce petit truc fonctionnait encore… Elle hocha la tête tandis que Ym précisait que c’était quand même plus agréable d’être ici que dehors. Elle se sourit, se sentant un peu ridicule d’être restée seule, dans le froid à cet endroit. Cette maison était vraiment chouette et de ce que disait son amie, elle était loin d’avoir tout vu :

- Eh ben… Il faut croire que vous avez trouver une pépite ! Dans quelle ville sommes nous ?

Question qui peut paraitre bizarre mais en réalité Juliet ne sait même pas où habite Ymkje et vu qu’elles ont transplané elles pourraient raisonnablement être dans n’importe qu’elle ville de Grande Bretagne, même si un coup d’oeil à la fenetre lui permettait de constater que le temps dehors était le même que celui au château. Un sourire apparu sur les lèvres de Juliet tandis qu’elle s’imaginait profiter de la piscine cet été avec ses amis. Juliet but une nouvelle gorgée d’eau avant de répondre à son amie :

- Et bien… les exams se sont plutôt bien passé et j’adore mon stage à Sainte Mangoust. Je suis externe pour le service de psychomagie, c’est vraiment une chance pour moi d’avoir eut ce stage si tôt… Mhm… Voila. Je t’avoue qu’à part mes études et ce stage je n’ai pas beaucoup d’autres choses à te raconter…

Et en plus de ça, Juliet n’était pas de celles qui faisaient facilement la conversation. En général, elle ne savait pas trop quoi dire pour intéresser les autres. La blonde eut un petit éclair de lucidité :

- Oh ! Tu dois être au courant pour les fiançailles de Lorcan et de Luce.

Quoi qu’il en soit, Ymkje était douée pour détourner les mauvaises pensées… Elle ne pensait presque plus à ses propres fiançailles foireuses. Elle retourna la même question à son amie :

- Et toi ? Quelles sont les nouvelles ? J’ai cru comprendre que le championnat de Quidditch était rude cette saison.

La jeune Blackthorn eut un regard qui exprimait sa surprise quand la Wright lui indiqua que la maison était placée pas bien loin du centre d’Inverness. Une telle maison pas très loin du centre ville et du château… quel aubaine d’avoir trouvé une telle pépite et d’y vivre. Qu’elle chance. Juliet n’avait jamais éprouvé le besoin d’avoir son propre appartement ou sa propre maison, elle s’était toujours trouvée vraiment bien au château. Elle partageait sa chambre avec @Lucrèce avant mais la jeune femme avait emménagé avec son amoureux et Juliet se retrouvait seule. Bien que sociable, Juliet appréciait également la solitude et le calme de sa chambre. Mais depuis quelques jours, elle vivait chez Kaiden… Elle ne pouvait pas aller chez Ailla de risque de croiser Peter, elle ne pouvait pas rester chez les Summerbee de risque de croiser Maximilien… Un petit chez elle ça aurait été bien aussi… Elle rit en apprenant la façon dont ils avaient eut la maison, c’est le « De Booij’s style » qui lui avait arraché ce petit éclat de rire. Elle imaginait très bien, mais alors très bien.

La blondinette lève les yeux au ciel tandis que Ymkje détourne la conversation des examens sur les potentiels patients mignons de l’abeille. Elle sait que la jeune Wright n’est pas une bourreau d’études comme Juliet peut l’être parfois. Ymkje De Booij c’est plutôt free style. Elle a plus d’interer pour les beaux garçons que pour les cours.

- Tu sais les patients sont quasiment tous beaucoup plus vieux que moi ! Mais il y en avait peut être un ou deux de mignon…

Elle rit et ajoute :

- Et oui ça change des cours ! C’est vraiment très intéressant, surtout la psychomagie qu’on étudie peu en cursus classique.

Juliet senti un petit pincement au coeur tandis que Ym lui répondait au sujet des fiançailles de son meilleur ami. L’empathie de la blondinette avait toujours été très présente dans sa vie et elle avait aussitôt ressenti le malaise de la jeune femme.

- C’est soudain c’est vrai, mais ils ont l’air heureux ensemble.

Elle aussi elle pensait être heureuse avec Maximilien. Juliet repensa brièvement a cet instant ou Lucrèce lui avait soufflé de faire attention à elle vis à vis de ces fiançailles. Juliet, la bague à la main, ne l’avait pas écoutée… Comme elle regrettait à présent… Heureusement le sujet de Quidditch était beaucoup plus agréable pour Ym et Juliet s’amusa de son air déterminé. Si l’écossaise n’était absolument pas joueuse, elle était fervente supportrice. De son cousin, de sa soeur et de tout ceux qu’elle connaissait. Elle savait que Ym était douée mais elle ignorait qu’elle devait passer des sélections :

- Oh ! Vraiment ? Avec un club en particulier ?

Juliet eut un petit rire tandis que Ymkje suggerait qu'elle ... qu'elle quoi exactement ? Qu'elle s'interesse à un patient pour autre chose que pour ses pathologies ? C'était tout sauf déontologique cette proposition et jamais ça n'arriverait à Juliet c'était certain. D’ailleurs ses patients étaient souvent plus vieux qu’elle et souvent pas très gâtés par la vie… la psychomagie c’était pas vraiment un service de chirurgie plastique. Pourtant elle rit alors que d’habitude elle aurait surement détourné les yeux.

Juliet se retint de grimacer tandis que Ym mentionnait sa soeur. Elsje… elle avait complètement oublié Elsje. Elle savait que la jeune femme était partie quelques semaines plus tôt… il y avait eut une fête de départ dans leur salle commune. Et Juliet n’y avait pas participé parce qu’elle n’avait aucun atome crochu avec la jeune femme. Aujourd’hui, avec du recul, elle comprenait mieux ses réactions… Un jour il faudrait sûrement qu’elle s’excuse auprès de la Hollandaise. Sujet glissant, Juliet préféra ne pas s’y attarder. Tout comme le sujet des fiançailles de Lorcan et de Lucrèce.

Comme quoi… Elle avait beau apprécier la jeune Wright, elles étaient bien différentes sur de nombreux points à commencer sur leurs fréquentations. Elles avaient Victor en commun, enfin avant qu’il ne parte… Grâce un petit peu plus… Heureusement le Quidditch était un sujet qui pouvait plaire aux deux jeunes femmes. Même si Juliet n’y jouait pas, elle appréciait. Elle écouta attentivement les explications de son amie en buvant quelques gorgées de son thé.

- Tu es l’une des meilleure joueuse de cette université actuellement, je suis sûre qu’un club finira par s’en rendre compte.

Elle sourit et ajouta en riant.

- Même si ça n’est pas les harpies tout de suite.

Elle rit de plus belle tandis qu’elle lui proposait une visite, comparant la maison au manoir de sa famille. Il était vrai que le manoir était immense mais Juliet préférerait mille fois une petite chambre ici que sa grande chambre au bout du couloir qui menait vers la tour de Baby.

- Croit moi, on est bien mieux ici que dans ce vieux manoir.

Elle posa sa tasse et se leva, acceptant implicitement l’invitation de la De Booij.

Le mensonge et l’hypocrisie ne faisaient pas partie des habitudes relationnelles de Juliet. Autant était elle capable de s’effacer, d’être cordiale quand elle n’appréciait pas quelqu’un, ce qui en soit était déjà rare… mais faire semblant et mentir ce n’était pas vraiment dans sa nature et en réalité ça la mettait très mal à l’aise. Elle appréciait Ymkje et ce malgré leurs incompréhensions liées à leurs différences de caractère et de point de vue. Elle ne lui souhaitait que de la réussite et elle pensait vraiment qu’un jour la Wright pourrait briller par son talent au Quidditch. Peut être pas aujourd’hui, peut être pas demain, mais un jour sûrement.

Un léger sourire apparait sûr les lèvres tandis que Ymkje précise qu’elle avait trouvé le manoir Blackthorn très beau mais qu’elle ne voudrait pas y habiter. Et franchement, Juliet voulait bien la croire… C’était très grand et très ostentatoire comme lieu. Pas très moderne non plus… Et ajoutez à cela des souvenirs d’enfance difficiles et des parents adeptes du harcèlement moral qui y habituent toujours… Autant dire qu’elle y passait le moins de temps possible depuis qu’elle était à Poudlard. Quoi que depuis qu’elle savait que le fantôme Baby se cachait dans la tour, Juliet y allait bien plus souvent…

- Et encore, il faisait beau et c’était le printemps. Imagine sous la grisaille en plein hiver…

La, c’était franchement glauque, fallait le reconnaitre. Rien à voir avec cette petite maison donc Ymkje commença à lui présenter. Elle ignore ce qu’est une « sono » mais apparement, c’est quelque-chose qui sert à s’amuser. Elle sourit à l’invitation implicite de son amie. Elle laisse la jeune De Booij lui prendre le bras et continuer une visite digne d’une agent immobilier. A cet instant, la piscine ne lui fait pas vraiment de l’oeil mais il faut reconnaitre qu’une fois que les beaux jours seront arrivés, elle sera vraiment ravie de profiter de l’eau et de soleil avec ses amies. La cuisine, la buanderie, …

Toutes les pièces y passent ou presque. Il y a quatre chambres et évidemment, Ymkje ne lui montre que la sienne pour ne pas déranger les autres. La cave aussi n’est pas dévoilée aux yeux de la Blackthorn mais pour elle ce n’est pas vraiment un endroit d’importance capitale dans une habitation. La chambre de Ymkje est à son image. Colorée, vivante, décorée dans un mélange subtile de bordel et de précision millimétré. Une photo attire le regard de la jeune femme, celle de l’enterrement de vie de jeune fille de Lys ou Ymkje trône avec son pénis en chocolat.

- Elle est géniale cette maison, vous allez vraiment être bien ici.

Elle jette un coup d’oeil à sa montre et soupire :

- Je vais rentrer au château… J’ai un T.P. à 8 heures demain…

Elle sourit doucement avant d’ajouter :

- Merci pour la visite.

Ca sonnait plutôt comme un « merci pour tout ».