Don't wanna give my heart to someone new
Won't be anybody after you

(mood) La bataille avait assez duré. Il le savait, elle le savait, ils le sentaient. Ils s’essoufflaient. Espoir du passé remplissait du mieux qu'il pouvait le vide du présent, sans qu'ils ne puisse l'y aider. Oh, Riley se voyait confronter à un tout nouveau sentiment, fatal et douloureux, le laissant impuissant. Il l'observait s'éloigner, lentement, voyait leur amour s'étirer, doucement, et se retrouvait confronter à une affreuse vérité.

Ils n'allaient pas dans la même direction.
Lui découvrait la douceur du quotidien, le confort de n'avoir pas peur du lendemain, de sentir son cœur battre au même rythme, ses yeux se poser chaque soir sur la même personne, refermer ses bras sur son corps et pouvoir dormir sereinement en sachant que demain serait aussi doux qu'hier. Elle ? S'éloignait de plus en plus, étouffait et préférait vivre à cent à l'heure. Elle souffrait, c'est ce qu'il voyait, ce qu'il ressentait, ce qu'il constatait en lisant la tristesse et l'inconfort dans ses yeux.

Ils avaient fait tous les efforts du monde pourtant. Avaient pris du temps ensemble, rien qu'eux deux, loin des autres, loin du boulot, loin de Romy. Et si son absence faisait de plus en plus souffrir Riley, il voulait essayer. Essayer de compartimenter pour essayer de tout garder.

Égoïste garçon. Riley observait le dos et les cheveux de feu de son amour, couchée à ses côtés. Il n'arrivait pas à dormir, sentait qu'ils n'avaient plus le choix que d'en parler. Même le lit semblait ne plus vouloir les accueillir. « Love ? » souffla t-il, gorge serrée, « I think we should talk about... everything. » Sa tête reposait sur son bras gauche, sa main droite venant dégager avec douceur les cheveux de l'auror pour caresser doucement la peau de son épaule. La tristesse dans laquelle il était plongé s'avérait l'envelopper comme une vieille amie. Il avait abandonné. « I can't do it anymore... not like that. » la voix rauque avait fini par se perdre en un chuchotement, comme si parler moins fort apaiserait les pleurs.
(@Sidney Pond)

La respiration calme, mes pensées s’envolent vers les affaires en cours. Ces derniers mois, c’était systématique : partout où j’allais, le travail suivait. Peu importe mes activités, les investigations tournaient en boucle dans mon crâne, en premier plan souvent, en fond toujours. Tout pour ne pas penser à la réalité du quotidien. Mon échappatoire à moi, c’était de faire en sorte de coffrer tous les mages noirs de ce monde, quitte à m’en rendre malade.

Malgré les scénarios souvent glauques que je pouvais entendre au bureau, y repenser m’aidait étrangement à trouver le sommeil. Du moins, jusqu’à ce que les images traumatiques du mois d’octobre me reviennent, me réveillant en sueur, le cœur battant la chamade. Et la routine nocturne se poursuivait, me donnant droit ensuite à une série d’interrogations angoissantes concernant mes choix de vie et, surtout, mon couple.

- Love?

La voix hésitante (mais déterminée) de mon amour me force à chasser le dernier dossier en date de mes pensées. D’un léger mouvement de la tête, je lui indique que je suis bien réveillée et disposée à l’écouter.

Cela dit, je n’ai pas franchement envie d’entendre ce qu’il a à dire. « I know. », est la seule phrase qui ait envie de franchir mes lèvres, mettant aussitôt fin à une conversation qui n’aurait alors jamais débuté. Mais ce serait de la triche, n’est-ce pas ? Brûler les étapes était le meilleur moyen d’avoir des regrets. Mais ne pouvions-nous pas, juste pour cette fois ?

- I can't do it anymore... not like that.

Je soupire. Il a raison. Et pourtant, ses doigts se promènent délicatement sur mon épaule, pleins de promesses qu’aucun de nous deux ne tiendra. Il le sait. Je le sais.

Et alors qu’une petite boule d’angoisse se réveille dans mon ventre – tiens, encore elle –, je me retourne pour lui faire face. Mauvaise idée. Les mots se coincent dans ma gorge lorsque je découvre son regard empli de tristesse, et sa douleur m’agresse instantanément, devenant mienne également. Avec un goût amer dans la bouche, je déglutis avant de rassembler mon courage qui, ces derniers temps, semblait manquer cruellement à l’appel.

- I know, je chuchote. Me neither.

Ma main vient se poser sur sa joue avec douceur. Merlin ce que je ne veux pas te perdre. Pas aujourd’hui, ni jamais. Sommes-nous vraiment obligés de prendre ce chemin ?

- D’you think we can… fix it? Fix us?

Question rhétorique. If we could, we would already have. Mais le déni ne semblait pas vouloir s’en aller tout de suite.

Ses doigts avaient glissé sur sa peau en suivant son mouvement, son regard s'accrochant au sien en y découvrant avec tristesse l'écho de ses propres sentiments. La caresse sur sa joue lui fit un instant fermer les yeux, accentuant le contact en hochant doucement la tête. « I know. Me neither » avait-elle soufflée, comme s'ils savaient déjà que c'était terminé. « D'you think we can... fix it ? Fix us ? » Un sourire comme seule réponse, Riley n'osa pas ouvrir la bouche, pas continuer, pas parler. Un instant, il laissa son regard accrocher ses doigts, tracer le chemin entre son épaule et son cou comme pour la première fois, remonter sur sa joue avec légèreté, se perdre dans ses cheveux une dernière fois.

Longtemps, ils restèrent ainsi, à s'observer et à écouter tout ce que le cœur n'arrivait pas à exprimer. Le lion soupira doucement alors qu'il ramenait sa main sur celle de Sidney. « I wish we could... I really do. » Ses prunelles faisaient des aller-retour entre les différents traits de la rousse face à elle, cherchant dans les micro rides autour de ses yeux les souvenirs de leurs fou rire,et sur ses lèvres, les promesses qu'ils s'étaient fait quand leurs corps se retrouvaient. « I... Maybe we're not ment to be in this kind of relationship. Maybe... » sa voix tremblait légèrement alors que ses émotions débordaient. « Maybe we had everything, and we blew it because we wanted more ? »

Ses doigts s'étaient resserrés sur ceux de Sidney, refusant de détacher ce contact, cet instant, cette caresse qu'il lui offrait. Perdu dans ses yeux, il ne put s'empêcher de murmurer « I love you so damn much... »

- I wish we could… I really do.

Mon cœur se serre douloureusement alors que ses paroles scellent notre destin. Mes yeux s’ancrent à ses prunelles, suivant ses mouvements, comme s’il cherchait à mémoriser mon visage dans les moindres détails pour ne jamais l’oublier. Moi, ce sont ses iris que je reconstitue dans mon esprit, ces iris qui m’ont fait tomber la tête la première d’une façon que je n’aurais jamais cru possible. Ces pupilles d’un noir profond et pourtant si pleines de vie, qui n’avaient de cesse de capter l’indicible d’un battement de cils. Ces yeux dans lesquels je ne me lassais pas de me perdre, me retrouvant à la fois enveloppée d’un cocon chaleureux d’amour et de tendresse.

- Maybe we had everything, and we blew it because we wanted more?

Silencieuse, je ferme les paupières pour me concentrer sur la douceur de ses doigts entrelacés aux miens. La réalité s'imposait à nous de sorte à ce qu’on ne puisse l’ignorer ; elle était présente, limpide, on ne peut plus claire. Et pourtant, pourtant, aucun de nous ne semblait vouloir l’accepter. Notre amour, malgré sa force de feu, ne pouvait nous offrir qu’une vie de souffrance et de disputes.

- I love you too, Riles. More than I could ever imagine, je dis dans un souffle.

Une larme m’échappe tandis que ma cage thoracique s’enflamme, me rappelant une fois de plus que je ne pouvais ignorer la souffrance déchirante de nos sentiments. Et alors que je rouvre les yeux, j’intercepte un cri de désespoir dans son regard ; il est déjà loin. Nous sommes déjà loin. Déjà perdus. Il est trop tard.

- I don’t want to lose you, I…

Ma voix se brise, mes mots se perdent dans la douleur. Les larmes coulent, la poitrine me brûle ; mon corps tout entier semble se briser sous le poids de ce supplice. L’amour de ma vie, le seul et unique, s’échappait d’entre mes doigts sans que je ne puisse rien n’y faire, si ce n’est me rattacher à des scènes imaginaires d’un avenir fantasmé qui ne sera jamais.

Je pose mes paumes sur ses joues, rapprochant mon visage du sien. Front contre front, je ferme à nouveau les yeux, incapable d’encaisser la tristesse qui nous entoure. Les sanglots font tressauter mon corps, l’air me manque ; d’un coup, la vie me parait si injuste que je n’ai qu’une envie : disparaître dans ses bras à tout jamais.