Dernière tête du runespoor de sa fratrie, la tête de l’insouciance, de la folie, celle qui manque de maturité, celle qui n’hésite pas à cracher son venin quand elle le juge nécessaire, dont les écailles brillent de mille feux sans prendre garde aux conseils de ses sœurs. Dangereuse, assassin, Zahra porte son ascendance dans son port altier, et malgré la simplicité de son rapport avec la magie depuis sa tendre enfance, elle a tout d’une petite princesse capricieuse quand elle s’y met. Privilège de la dernière-née, et pourtant, une naissance des plus imprévues. Sa mère était la seconde femme de son père, un homme qui venait de perdre sa femme, et ayant déjà deux enfants. Cette première épouse était décédée en 1999, et à peine quelques mois plus tard, l’homme avait comblé le vide de son premier amour. Une relation qui aurait pu être fugace, mais cette relation avait duré, et de cette seconde noce était né le dernier fruit de la portée Hangbé, Zahra. Fille du Nigéria et de l’Afrique du Sud, jeune fille à la peau sombre mais à l’esprit clair. Elle sait ce qu’elle veut, déjà enfant c’était le cas. Une enfant capricieuse, qui obtenait toujours ce qu’elle voulait. Que ce soit d’Akon, son père, ou de Prudence, sa mère. Une attitude qui put avoir de quoi choquer ou agacer Dayana et Ayojedi. Elle avait été un affront à la mémoire de leur mère. Mais cela avait renforcé le caractère de la jeune Zahra, une jeune fille qui aimait déjà dormir à la belle étoile pour observer le ciel noir rempli d’étoiles. Elle aimait cette sérénité et ce lien avec les énergies cosmiques élémentaires. Un goût idéal pour la future élève de Uagadou.

Zahra put compter sur sa grande soeur pour lui expliquer comment se passaient les études à Uagadou. Oui, lui expliquer, car elles ne seraient pas étudiantes en même temps, plus de Treize années séparaient les deux sœurs, deux sœurs que tout opposait, et pourtant elle avait du sang en commun, celui de leur père. Un sang fier de ses origines. Mais là où Dayana était plus sage et posée, Zahra était plus volcanique, imprévisible, éclatante et vipérine. Elle reçut son rêve comme un acquis, elle ne pouvait qu’être admise dans la plus grande école de magie africaine, c’était une évidence pour elle. Le plus rêve de sa jeunesse. Elle se souvenait encore de la beauté de l’école de magie, ses grandes dimensions, pourtant habilement caché aux yeux des moldus. Le bâtiment était immense, comme l’Afrique, ce qui était nécessaire pour accueillir tant d’élèves.  L’immense hall s’étendait entre des murs de granit, parfaitement poli. Zahra en avait exploré les moindres recoins, s’émerveillant de toutes ces merveilles architecturales. C’est ce jour-là qu’elle avait su ce qu’elle ferait plus tard : elle aussi bâtirait un jour des édifices de cette envergure, c’était son destin. La jeune fille, à la peau sombre et aux grands yeux curieux avait vite laissé place à une belle jeune femme sûre d’elle, au port altier, aux longs cils de gazelle, aux cheveux clairs et à la volonté de fer. Ses longues jambes la portaient dans les couloirs de Uagadou et très vite elle s’était démarqué dans certains domaines. L’astronomie, bien sûr, mais aussi les runes, l’arithmancie et la métamorphose. La métamorphose était comme une seconde nature pour les élèves de Uagadou, la plupart des jeunes sorciers parvenaient à maîtriser l’animagie théorique et pratique dès l’âge de quatorze ans, et Zahra n’y fit pas exception. Mais loin de se transformer en panthère, en rhinocéros ou en gazelle comme ses camarades, elle avait pris la forme reptilienne du mamba noir, un serpent dangereux à la robe sombre comme le charbon. Un animal bien plus discret que certains et tout aussi mortel. Cette forme allait bien à son port altier, et elle avait très rapidement marqué cette différence par un tatouage qui recouvrait partiellement son corps, s’étendant de son mollet à sa nuque en se tortillant sur son flanc, un tatouage en forme de serpent, qui ondulait sur sa peau, comme un véritable reptile, ce qui lui donnait un aspect particulièrement impressionnant quand elle le laissait apparaître. Zahra aimait impressionner, malgré son jeune âge. Elle aimait intimider. Elle n’était pas la troisième tête du runespoor pour rien, et même si elle aimait rire aux éclats avec ses amis, elle aimait aussi son indépendance, son extravagance, qu’elle exprimait par ses tenues, par ses bijoux, souvent de conception maison d’ailleurs, non par coquetterie mais par une réelle passion pour les arts manuels. D’ailleurs, elle considérait réellement sa baguette comme un simple accessoire. Comme pour tous les élèves de Uagadou.

Comme sa sœur aînée et son frère, elle poursuivit ses études à Hungcalf. Mais pas dans n’importe quelle filière. Hors de question pour elle que ses parents choisissent à sa place, et elle avait fini par avoir ce qu’elle voulait comme d’habitude, par caprice, même si son père avait été assez réticent. Les Hangbé avaient une réputation à tenir. Sa mère Prudence elle-même était une grande médicomage et son père était le PDG de la Hangbé Inc. Mais Zahra voulait tracer sa propre voie, et cette voie n’était autre que l’architecture magique. Elle voulait être à l’origine de grands bâtiments comme Uagadou pour montrer ses talents. Elle fit donc sa rentrée à Hungcalf, dans ce pays froid et humide qu’est l’Ecosse en septembre 2018. La première année, Zahra la passa à Hungcalf, avec ses camarades dans des dortoirs communs, mais les choses changèrent pour sa deuxième année, du fait notamment du retour de son aînée à Hungcalf. Elles avaient donc partagé le même appartement pendant une année entière. Une année difficile tant leurs caractères étaient différents. Mais les liens du sang sont les plus forts, n’est-ce pas ? Aujourd’hui, elle est dans sa troisième année, et reste toujours aussi convaincue de ses projets. Même si de récents événements la bouleversent dans son âme indépendante. Alors que sa sœur se soit fiancée malgré l’échec de son premier mariage, leur père a imposé un mariage à leur frère avec une Blackthorn. Mais des informations compromettantes ont mis fin à ce projet en décembre 2020. A croire que le côté machiste ou que son ego mal placé ait été atteint : il a décidé de donner sa dernière fille en pâture. Elle, Zahra. Il l’avait fiancé, sans lui en parler bien entendu, à l’un des fils Muller, Sytry. Zahra était folle de rage, et avait tout brisé dans son appartement en apprenant la nouvelle (ne pouvant décemment le faire chez ses parents, son père avait beau être adorable avec elle, il avait des principes). Un simple Reparo avait tout réparé. Mais la jeune Zahra se sent blessée. Et violée dans son vœu d’indépendance. Elle n’a pas dit son dernier mot. Même si le dénommé Sytry s’est montré charmant avec elle, Zahra lui tiendra tête s’il le faut. Le Mamba noir n’a pas fini de faire parler d’elle.



Octobre 2019 – Zahra rentre de l’université, éreintée. Elle fait négligemment tomber sa veste de cuir couleur sable sur le canapé du salon. Elle a besoin de se détendre quelque peu. La journée a été harassante. Rien de mieux qu’un mug de chocolat chaud, boisson dont elle s’était prise d’affection à son arrivée en Ecosse, pour se remettre d’une telle journée. D’un geste elle mit à chauffer du lait dans un casserole et y mit quelques cuillères de cacao. Elle n’était toujours pas habituée à la froideur des terres écossaises et ses doigts se réchauffaient avec plaisir autour du mug. Zahra chut dans le canapé, et d’un autre geste mit en route la platine vinyle du salon, une musique jazz se répandant doucement dans l’appartement. La tranquillité, un bon chocolat chaud, rien de mieux pour se reposer. Peut-être même se mettrait-elle à dessiner un peu après, et ce serait la combinaison parfaite. Mais la tranquillité fut de courte durée car bientôt Zahra entendit des talons se diriger avec fureur vers le salon. Et merde. Dayana, ça ne pouvait être qu’elle. « Zahra ! Je travaille ! » La cohabitation n’était pas facile avec son aînée, mais elle n’avait pas eu le choix, c’était la seule condition pour qu’elle puisse quitter les dortoirs de l’université. « Et alors ? Tu peux travailler avec un fonds musical non ? Laisse-moi, je me repose, le cours d’arithmancie était épuisant ». Mais la jeune femme ne pouvait pas s’en tirer à si bon compte. Un soupir bien trop fort pour qu’il ne passe inaperçu, Dayana s’impatientait. Le Mamba noir imaginait déjà, bien qu’elle ait les yeux fermés dans un ultime geste de fatigue mélodramatique, les yeux de sa sœur se levait vers le ciel, comme à son habitude, dans un signe d’exaspération habituel. Ne pouvait-elle pas la laisser tranquille ? Ou juste travailler à la bibliothèque comme tout le monde ? Zahra étend ses jambes dans le canapé, buvant son chocolat chaud, quand la musique s’interrompt, la forçant à ouvrir les yeux. « Mais tu es sérieuse ? Qui t’a permis d’éteindre ma musique ? Je fais encore ce que je veux ici, c’est chez moi aussi.» Ses sourcils étaient froncés. Ceux de Dayana aussi, qui se tenait maintenant près du canapé, une main sur la hanche, une moue désapprobatrice sur le visage. « Nous devons cohabiter Zahra, alors s’il te plaît, pas de musique quand je travaille. Merci. » Et elle tourna les talons pour s’enfermer dans sa chambre. Zahra claqua sa langue contre son palet, avant de se lever. Elle attrapa un casque sans fil pour écouter sa musique sans que sa sœur ne la réprimande à nouveau. Elle qui avait quitté les dortoirs pour éviter les règlements, elle n’était pas mieux lotie avec sa sœur. La cohabitation était difficile, très difficile.

Janvier 2021 – Zahra était hors d’elle. Son père avait été clair. « Je t’ai trouvé un fiancé Zahra. Je ne veux aucune objection, il fera un bon mari. Il s’agit du deuxième fils d’Alistair Muller, Sytry. Un garçon respectable à ce que l’on dit. » Le choc avait été tel que Zahra n’avait pas su quoi répondre, elle cherchait désespérément le soutien de sa mère Prudence, mais son regard ne la rassurait pas du tout, loin de là. Elle était d’accord avec son père, une alliance avec les Muller serait apparemment très bonne pour les affaires, Alistair Muller ayant été un grand joueur de quidditch et dirigeant actuellement un département du ministère de la magie. Et voilà que Zahra était la monnaie d’échange de cette alliance. A croire que son père voulait à tout prix renforcer leurs liens avec le monde magique britannique. Elle qui aurait cru que l’extension de leur famille en Amérique avec ses cousins serait suffisant, apparemment ce n’était pas le cas. Non content d’avoir réussi à marier son frère avec une fille Blackthorn, voilà qu’elle se retrouvait fiancée à un fils Muller. Zahra avait bien essayé de protester, mais le visage doux et pourtant ferme de son père l’en avait dissuadé. Elle savait que cette fois elle n’aurait pas gain de cause. Pour toute réponse, à peine rentrée chez elle, elle avait tout cassé. Sa rage l’avait emporté, dans des cris bestiaux elle avait jeté les vases de porcelaine et de terre cuite à terre, les éclats se nichant partout, renversant les fleurs, mettant en morceau tout ce qui lui passait sous la main. Elle était en rage, un vrai volcan en pleine éruption. Le serpent d’encre sur sa peau semblait du même avis. Elle n’était pas une fille prête à se morfondre sur son malheur. Non, elle préférait s’énerver, tout casser, laisser exprimer sa rage. Elle était la troisième tête du Runespoor. Volcanique. Enflammée. Explosive. Bien entendu, quelques Reparo avaient été nécessaires pour remettre l’appartement en état. Une fois calmée, ne serait-ce qu’un peu, elle fit ses recherches sur les réseaux sociaux, pour voir à quoi ressemblait au moins ce Muller. Bon. Il n’était pas dégueulasse, au contraire, même s’il affichait une mine sombre qui l’intriguait. Mais elle ne se laisserait pas faire, et elle mettrait rapidement les choses au clair avec lui. Elle n’avait pas le choix que d’accepter ces fiançailles. Mais il n’aurait pas sa docilité. Zahra tomba sur d’autres photos, il avait une grande famille, elle connaissait l’aîné de par sa réputation, mais ne l’avait jamais vu. Pour se calmer définitivement, elle se mit à sa machine à coudre pour finir une étole qu’elle avait commencé la veille. Les travaux manuels, rien de mieux pour retrouver son calme.


29 janvier 2001 – Naissance de Zahra Amandah Hangbé
Septembre 2012 – Entrée de Zahra à Uagadou
2015 – Zahra devient animagus, sous la forme d’un Mamba noir mortel.
Juin 2018 – Fin des études à Uagadou
Septembre 2018 – Entrée à Hungcalf, en Architecture magique. Zahra est répartie chez les Grymm.
Septembre 2019- Juin 2020 – Cohabitation avec Dayana, sa sœur aînée.
Janvier 2021 – Son père lui annonce ses fiançailles avec Sytry Muller.