It's a broken friendship {Juice (terminé)

Lundi 17 mai, soir

J'avais séché les cours, aujourd'hui. C'était la première fois de ma vie. Mais je ne me sentais pas d'aller à l'université. Pas alors que j'avais l'impression que mon coeur brisé et la tromperie que j'avais subie se lisait sur mon visage. Pas alors que je risquais de croiser @Juliet Blackthorn. Entre nous, je crois que j'avais toujours su que Jolan risquait d'aller voir ailleurs. Après tout, après la façon dont Malcom m'avait larguée quelques semaines - deux - après que nous ayons couché ensemble pour la première fois, je ne pouvais pas dire que j'avais été pressée de retenter l'expérience avec ce garçon qui me plaisait tant et avec lequel j'étais sortie depuis mon emménagement à la colocation. J'avas voulu prendre mon temps, m'assurer que je pouvais lui faire confiance en dépit de sa réputation. Une partie de moi était soulagée de ne pas m'être donnée à lui. L'autre.... L'autre aurait préféré qu'il me trompe avec n'importe qui d'autre que ma meilleure amie. Je me rendais compte que j'aurais pu laisser passer, même en souffrant le martyr, si ça avait été une autre fille. Mais là.... Là!

Je regardai à nouveau l'écran de mon téléphone qui m'affichait trois sms non lus de Juliet.

Tu vas bien?

code by tessisamess

Tu es en retard ou malade?

code by tessisamess

Grace ça va? Tu m'inquiètes...

code by tessisamess

Je ne lui répondrai pas. Je m'étais déjà forcée la veille, alors qu'elle venait de sortir de la chambre de mon ex petit-ami de ne pas la gifler alors que c'était ce dont j'avais eu envie à cet instant-là. Comment avait-elle osé? Comment n'avait-elle pas compris que c'était lui, le concerné de ma confidence avortée lors du cours de sortilèges? Avortée, parce que je n'avais pas terminé ma phrase, Jolan et Ymkje nous ayant rejoints à cet instant-là et Jolan s'étant installé à côté de Juliet. N'aurais-je pas déjà dû voir les choses venir? Comprendre qu'il se tramait quelque chose entre ces deux-là? Avais-je été aveugle à ce point?

Si la veille c'était ma ballerine en porcelaine qui avait volé en éclat, cette fois, ce fut mon téléphone que je balançai contre le mur en poussant un hurlement. Heureusement, j'étais seule dans la maison. Maison que je n'avais pas encore quitté, au demeurant parce qu'autant je n'avais plus envie de le croiser, autant j'avais honte de retourner chez Holly. Mais je ne voulais pas risquer de les croiser ce soir, de le croiser. Alors, je m'empressai d'aller à la cuisine pour me préparer rapidement quelque chose à manger avant de remonter m'enfermer dans la chambre. Si mon premier automatisme fut de vouloir me faire une omelette, je fus interrompue avant par le heurtoir de la porte d'entrée. Qui cela pouvait-il être? J'allai ouvrir pour tomber nez à nez avec celle que j'étais parvenue à éviter toute la journée. "Je n'ai rien à te dire." dis-je, commençant à refermer la porte.

Les soirées le dimanche soir c’était pas franchement l’idéal, on va pas se mentir. D’ailleurs, c’était bien la première fois que Juliet en faisait une le dernier jour de la semaine. Mais pour une petite pool party, la météo était importante et en pleins milieu de l’écosse on profitait de chaque rayon de soleil comme si c’était une denrée rare. C’était pour cette raison que la colocation d’Ym, Grâce, Jolan et Murdoch avaient décidé de faire la fête un dimanche… Le problème c’était pas de faire la fête le dimanche… c’était de subir la journée de cours du lundi.

Pourtant, le premier jour de la semaine n’était pas le plus chargé de la jeune femme. Elle avait surtout cet insupportable cours de Sortilèges en milieu d’après midi et autant vous dire qu’un cours avec Eliott King c’était pas franchement un cadeau… Surtout avec un mal de crâne. Elle était arrivée tout juste et elle s’était installée à l’entrée proche d’Elia et elle avait scruté la salle pour trouver Grâce des yeux, histoire de se rapprocher d’elle à la pause.

Mais Grâce n’était pas là. Jolan d’ailleurs non plus, mais c’était moins surprenant. Elle n’imaginait pas l’Amérindien comme le garçon le plus studieux qui soit. Ymkje était là, elle somnolait au second rang… Le cour n’étant pas très intéressant et Juliet était vaguement inquiète pour sa meilleure amie. Elle sorti son téléphone, espérant y voir un message de la Pokeby mais rien. Elle lu en envoya un, lui demandant si ça allait. Lui demandant si elle était en retard. Ou maladie peut être… Elle se rappelait vaguement que son amie était barbouillée en allant se coucher.

La pause arriva et toujours pas de message de Grâce. Juliet était franchement inquiète et elle alla demander à Ymkje si elle savait quelque-chose mais ce n’était pas le cas… La jeune Blackthorn rongea son frein durant la fin du cours et à peine la cloche du château avait elle sonné que la jeune femme avait quitté le cours, quitté le château et transplané jusqu’à la colocation. Elle frappa à la porte et on lui ouvrit la porte. Elle fut soulagée de voir Grâce une seconde avant de voir sur son visage que quelque-chose n’allait pas. Et qu’elle ne dise pas le contraire, elle la connaissait par coeur. Empathique, la jeune Blackthorn se sentit aussitôt très mal pour sa meilleure amie mais ce n’était rien en comparaison à ce qu’elle ressenti quand sa presque-soeur lui annonça qu’elle n’avait rien à te dire.

- Pardon ?

Elle avait mal comprit ? C’était peu probable puisque Grâce fermait lui fermait déjà la porte au nez. Juliet eut un drôle de réflexe, parce que c’était sûrement la première fois qu’elle faisait ça… elle glissa son pied dans l’entrebaillement de la porte, empêchant la De Launay de la fermer. Juliet était perdue… Qu’est ce qu’elle avait bien pu faire pour que Grâce la considère ainsi ?

"Pardon?" Mais je ne l'écoutai pas. Je m'étais déjà retournée pour lui claquer la porte au nez sans un regard, n'ayant pas anticipé qu'elle glisserait son pied entre la porte et le chambranle. Je me retournai vers elle n'entendant pas la porte claquer comme je l'avais espéré. "Jolan n'est pas là." lui lançai-je d'un ton que je n'aurais jamais cru employer un jour envers elle. Je la regardai, jolie, blonde, plus sûre d'elle depuis quelques mois qu'elle ne l'avait jamais été avant. Est-ce que je l'enviais? Oui et non. Parce que si ce qu'il venait de se passer devait me transformer en trainée... Je n'en revenais pas de penser ça de celle qui était comme une soeur pour moi depuis toutes ces années.

"Tu viens pour quoi? Fanfaronner un peu plus après avoir couché avec le mec de ta meilleure amie? Dire que j'ai été là pour toi quand tu as découvert que ton fiancé était amoureux de Peter et inversement. C'est comme ça que tu traites tes amis?" finalement, elle était tout à fait à sa place, chez les Blackthorn. Elle ne valait pas mieux que la plupart d'entre eux. Elle était peut-être même pire: les autres ne cachaient pas leur bassesse derrière des airs angéliques. On voyait sur leur visage qui ils étaient, eux.

C’était cavalier pour un esprit comme Juliet que de s’imposer alors que Grâce essayait de fermer la porte. Ca ne lui ressemblait pas, mais alors pas du tout. Comme ça ne ressemblait pas à Juliet de n’absolument pas comprendre sa meilleure amie. En temps normal, un simple regarde, une mimique, n’importe quoi permettait qu’elles se comprennent. Et là, elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas pourquoi celle à qui elle disait tout n’avait rien à lui dire…

Elle avait suivi Grâce après avoir forcé pour garder la porte ouverte et pouvoir rentrer. La maison était vide à l’exception de deux jeunes femmes. Grace lui annonça que Jolan n’était pas là et Juliet ne comprit même pas le lien qui était fait tant elle était venue voir sa meilleure amie et non pas le mec avec qui elle avait couché la veille.

Elle n’eut pas eut le temps de lui demander quoi que ce soit que des flots de paroles insensées sortirent de la bouche de la Pokeby. Si bien que Juliet s’immobilisa et posa une main sur une chaise. Pour se soutenir face à la surprise ? Pour s’ancrer dans cette sorte de réalité parallèle.

Juliet ne comprit pas tout de suite pourquoi elle reprochait à Juliet d’avoir fanfaronné. Certes, elle avait croisé Grâce en sortant de la chambre de Jolan mais elle ne lui avait rien dit. Et surtout, Grâce ne lui avait jamais reproché de le faire quand elle aurait pu en être décrétée coupable… Jamais. Ce début de phrase était improbable mais la suite était une ignominie. Elle n’avait même pas pu entendre le reste des mots qui sortaient de la bouche de sa meilleure amie

- Jolan est ton mec ?

Le ton de Juliet était tout à la surprise. Et quand elle vit dans le regard de son ami la douleur à laquelle elle était soumise, le coeur de la blonde s’effondra. Et elle comprit ce qu’elle avait fait. Elle ne savait pas ce qu’elle avait fait mais elle l’avait fait.

- Grâce… je… Merlin… Je ne savais pas…

Le ton de Juliet est à l’agonie. Elle ressent la douleur de Grâce comme une énorme claque. Réagissant instinctivement au besoin primaire de consoler son amie de toujours, elle avança d’un pas pour l’entourer de ses bras. Puis elle s’arrêta d’un coup, se rendit compte de nouveau qu’ELLE était la cause de cette douleur.

- Grâcie…

"Jolan est ton mec ?" Elle était surprise. C'était donc si difficile à croire que je puisse avoir un petit ami? C'était vrai que depuis Malcom, il n'y en avait pas eu beaucoup. Surtout, cela ne dépassait pas le stade de l'amourette, puisque je n'allais pas plus loin que les bisous. On aurait pu me dire prude, mais je me considérais plutôt prudente, de ce côté là, étant donné que le seul garçon avec lequel j'avais fait l'amour m'avait quittée en se moquant de moi. J'avais peur de recommencer et de ne pas être à la hauteur. Alors je retardais ce moment de passer à l'acte. J'avais fait de même avec Jolan, même si l'envie de faire l'amour avec lui était devenue plus forte ces derniers jours. Heureusement, je ne l'avais pas fait. Sans quoi... "C'est si étonnant que ça que je puisse avoir un petit-ami?" Je n'étais pas non plus une nonne! Je n'avais pas fait voeu de chasteté ou de célibat. Je ne demandai pas mieux que d'être avec un garçon que j'aimerais et qui m'aimerait aussi.

Je reculai lorsqu'elle s'approcha de moi. "ME TOUCHE PAS!" hurlai-je. Je n'avais pas besoin de la pitié de Juliet, pas alors que c'était à cause d'elle que j'avais si mal depuis la veille. Je la regardai avec dégoût, j'avais, même, envie de vomir. Elle aurait dû le savoir. Elle aurait dû le comprendre. Ce n'était pas comme si on se cachait vraiment, lui et moi, en plus. Ce n'était pas comme si je ne rougissais pas lorsqu'il était près de moi, ou si je n'étais pas tournée vers lui. Mais on ne voyait que ce que l'on avait envie de voir, n'est-ce pas? Et ça, elle n'avait pas voulu le voir. "Ca fait combien de temps, que tu fantasmais sur lui? Que tu avais envie de coucher avec lui?" demandai-je accusatrice.

Et pourtant, une partie de moi se sentait coupable. Parce que peut-être qu'elle avait envie de sortir avec lui et que je l'en avais empêchée et... Arrête. T'as pas à t'en vouloir. Elle n'avait qu'à te le dire, qu'il lui plaisait. songeai-je, résistant à l'envie de me gifler pour m'enlever ces considérations ridicules. Ce. N'était. Pas. Ma. Faute. Mais la sienne. La leur.

Est ce qu'elle avait dit ça ? Est ce qu'elle avait dit que c'était surprenant que Grâce puisse avoir un petit ami ? Pas du tout. Jamais même elle ne l'avait pensé. Fallait il rappeler qu'il y a encore quelques mois c'était elle qui n'avait aucune expérience amoureuses/sexuelle là où Grâce avait déjà vécu sa première fois ainsi que quelques amourettes... Dans la phrase "Grâce sort avec Jolan" le problème ce n'était pas le prénom de Grâce mais bien celui de Jolan.

Juliet connaissait Jolan depuis assez peu mais elle pensait pourtant avoir cerné un peu le personnage. Et s'il avait un physique de rêve et que la nuit avec lui avait surement était l'une des meilleure de sa vie... jamais elle n'aurait envisagé sortir avec lui. Pourquoi Grâce le ferait elle ? Pourquoi sortirait elle avec le type qui mettait la drague et le sexe au même niveau que les besoins élémentaires... Alors elle ne blamait pas Grâce. Juste, elle était surprise par ce choix. Choix qu'elle ne comprennait pas.

- Grâce... Je t'en prie tu sais très bien que jamais je ne penserais ça. Mais Jolan...

Elle avait voulu apporter son soutien à sa meilleure amie mais le voix de celle-ci l'avait arrêtée en même temps que la culpabilité de la blonde. C'était elle la responsable de son chagrin. C'était elle qu'elle regardait avec dégoût. Jamais elle n'avait vu Grâce la regarder ainsi et Juliet senti les larmes monter. Elle se contient, consciente qu'elle n'était pas celle qui avait le droit de pleurer aujourd'hui... Elle se sentait tellement mal que sa gorge était bloquée et son ventre se tordait. La question de Grâce est pertinente... Beaucoup trop pertinente. Et en réalité elle avait peur que la réponse ne blesse d'avantage la De Launay. Pourtant elle baisse les yeux, elle répond, elle dit la verité...

- Ca a commencé en février... Il a commencé à me draguer mais je lui ai toujours dit non... Dimanche ça a dérapé pour la premiere fois. Si j'avais su que vous étiez ensemble, jamais... jamais...

Elle ne fantasmait pas sur Jolan à l'origine. C'était le cousin de Ym, un mec mignon certes mais elle n'avait pas vraiment été sensible à ses avances avant cette soirée là. Elle n'aurait surement jamais su a quel point elle avait été sensible à l'Amérindien si seulement elle avait pu savoir.

- Grâce si tu savais comme je m'en veux et comme je suis désolée... Je suis tellement navrée...

Mais Jolan... Jolan m'avait prévenue. Il m'avait dit qu'il fichait toujours tout en l'air. Les larmes ruisselaient le long de mes joues, de mon menton, dans mon cou. Je n'essayai plus de les retenir. Parce qu'il avait fait très exactement ce qu'il avait dit qu'il ferait, sans considération pour ce que je lui avais dit moi. Je lui avais demandé de ne pas jouer avec mon coeur. Et pourtant, c'était très exactement ce qu'il avait fait. Et je ne savais pas encore à quel point, puisque Juliet ne tarda pas à m'avouer que ça faisait depuis février qu'il essayait de mettre mon amie dans son lit. Ca faisait quoi, de moi? Le contretemps? Je posai ma main devant ma bouche pour retenir le hurlement qui avait envie de franchir mes lèvres. Finalement, c'était peut-être moi, la fautive dans toute cette histoire. C'était peut-être eux deux, qui auraient dû être ensemble. Après tout, nous n'étions jamais allés aussi loin que Julan. Parce que dans ma tête, c'était ce qu'ils étaient: Julan. Parce qu'ils avaient couché ensemble.

Et parce que je devais avoir un petit côté masochiste, je ne pus dire que: "Vu la tête que tu as fait hier en sortant de sa chambre, il doit être un sacré bon coup, en plus." Je marquai un silence avant de poser une question qui me brisa un peu plus le coeur: "Si... Si je ne vous avais pas surpris. Vous auriez recommencé? Tu... Aurais eu envie de te lancer dans quelque chose avec lui?" Parce que j'avais besoin de savoir si, à cause de moi, alors même que je n'étais fautive de rien du tout, mais qu'il avait raison - au fond, c'était lui le fautif de toute cette histoire - , si je les empêchais de vivre une histoire ensemble.

Mais ça n'était pas parce qu'il était davantage responsable que Juliet que je pouvais supporter d'être en sa présence pour le moment. Parce que dans ma tête, elle aurait dû comprendre ce qu'il se passait entre Jolan et moi. Parce qu'elle avait dû voir les regards que je posais sur lui, la façon dont je réagissais en sa présence, dont mon corps se tendait vers lui, alors même que nous n'étions jamais passés à l'acte.

Elle était tellement désolée de lui dire, mais Juliet ne pouvait pas mentir à Grâce. Elle avait l’impression d’enfoncer Jolan et pourtant ce n’était pas non plus ce qu’elle voulait. S’il y avait un sentiment d’amour sincère entre eux, qu’elle l’avait su, elle aurait été la première à encourager cette idylle. Elle n’aurait jamais posé les yeux sur Jolan comme elle l’avait fait cette nuit là… Elle savait que Jolan était un dragueur invétéré mais elle ne le connaissait pas en couple alors il se peut qu’elle n’ait même pas eut d’inquiétude pour sa meilleure amie. Et là, c’était elle qui avait causé le chute de tout ceci. Elle se détestait. Elle détestait cette place… Elle détestait faire du mal à Grâce.

Juliet écarquilla les yeux tandis qu’elle demandait de façon détourné le résultats de cette nuit. Ca, même sans mentir, Juliet ne pouvait pas lui dire. Non, elle ne pouvait pas lui dire, c’était impensable. Elle ne pouvait tout simplement pas lui faire ça. C’était assez dûr pour la Pokeby, elle ne pouvait pas lui dire à quel point cet instant avait été en suspension. Si Grâce n’avait pas été la coloc et encore moins la copine de l’Amérindienne elle lui aurait sûrement raconté avec force de détails… Mais là c’était impossible.

Heureusement, elle n’eut pas le temps de répondre que sa meilleure amie lui posa une autre question. Celle-là, à laquelle Juliet pouvait répondre. Est ce qu’elle aurait recommencé si ils n’avaient pas été surprit ? Non. C’était bien tout l’objet de leur pacte. Si la moitié avait volé en éclat, le reste était intact. C’était prévu comme un craquage d’une seule nuit.

- Non Grâce. Absolument pas. Je n’envisageais rien après cette nuit, lui non plus. C’était juste une connerie d’un soir… Ca n’aurait jamais du arriver.

Elle ne mentait pas. Autant cette nuit auprès du Wauters avait été géniale, autant elle n’aurait jamais envisagé une histoire avec lui. Elle adorait l’étudiant mais elle savait qu’ils ne partageaient rien d’autre qu’une amitié intense et … cette tension sexuelle qui n’avait et ne devait exister que cette nuit passée.

"Je ne te crois pas." dis-je de but en blanc. Je ne la croyais pas quand elle disait qu'elle n'avait aucune envie de recommencer, parce que c'était arrivé une fois, déjà et qu'il y avait des chances pour que ça arrive encore. D'ailleurs, je secouai la tête pour le prouver. Parce que si je n'avais couché qu'avec un seul garçon jusque là - avec lequel j'étais sortie plusieurs mois, d'ailleurs - j'avais eu envie de recommencer, ensuite. Avec lui. Je n'imaginais pas que mon amie de toujours puisse avoir envie de collectionner les hommes, tout à coup. Le fait qu'elle puisse, peut-être, être mal dans sa peau en ce moment à cause de Maximilien et Peter m'effleura l'esprit, mais je chassai rapidement cette idée parce que non, je n'avais pas envie de compatir avec Juliet en cet instant. Je ne le faisais déjà que trop en me disant que je lui avais pris le garçon avec lequel elle aurait voulu sortir.

"D'ailleurs. Tu as le champ libre. Si tu veux" je sentis une boule se former dans ma gorge à l'approche des mots que j'allais sortir "recoucher avec lui, ou sortir carrément avec lui" j'allais suffoquer, ce n'était pas possible autrement "Vas-y. Nous ne sommes plus ensemble." Ces mots n'avaient pas été prononcés, mais c'était tout comme. Après tout, il avait quitté la cuisine lorsque je m'étais effondrée par terre après lui avoir dit que j'étais tombée amoureuse de lui. Il était parti, me laissant là, perdue, malheureuse, brisée. Pourquoi avais-je cru qu'avec moi, ce serait différent? Qu'il pourrait changer? Je n'aurais pas dû. Au fond, c'était juste un amoureux de l'amour et je ne pouvais pas lui donner ce dont il avait besoin.

Il eut comme un bruit de verre brisé dans l’esprit de Juliet tandis que Grâce lui disait qu’elle ne la croyait pas… Pourtant Juliet n’avait pas menti. C’était juste une fois, juste un coup d’un soir, ils se l’étaient promis. Et Juliet tenait à cette promesse. Elle y tenait avant même de savoir que Grâce et Jolan étaient ensemble. Elle y tenait malgré la magie de la nuit qu’elle avait passé. Jolan était son ami, il ne fallait pas tout mélanger.

Juliet se rendait compte a quel point elle avait tout mélangé dans sa vie récemment. A avoir eut une vie trop cadrée, trop bien rangée, elle avait envoyé valser toutes les règles… Pas toutes d’un coup non. Mais au fil des mois, une à la fois… Et voila quand qu’elle situation elle se retrouvait. Elle avait blessé sa meilleure amie, elle avait couché avec un ami mettant à mal leurs liens… Les règles avaient parfois du bon. Elles n’existaient pas pour rien.

- Pourtant, c’est la vérité.

Que pouvait elle dire de plus ? Elle serait prête à prendre du veritaserum. Elle serait prête à formuler un serment inviolable. Elle l’aurait fait sur l’instant si cela avait pu convaincre la De Launay. Une amitié de vingt ans ne valait elle pas plus qu’une seule nuit de fièvre ? Bien sur que si…

Le visage de la blonde se décomposa tandis que Grâce lui explicitait qu’elle pouvait sortir ou même coucher avec Jolan, qu’ils n’étaient plus ensemble. Elle essayait de faire celle qui s’en fiche mais Juliet connait trop Grâce et elle sait a quel point cela lui coûte de dire ça même si ça ne sonne pas comme une provocation.

- Il ne se passera plus jamais rien entre Jolan et moi.

Rien d’autre qu’une amitié. Peut être parfois quelques clins d’oeils déplacés mais Jolan ne devait il pas rester Jolan ? Et entre Jolan et elle ? Etait-ce vraiment terminé ? Elle ne savait pas quoi lui dire. Si ce n’était pas Jolan, si ce n’avait pas été elle… bien sur qu’elle aurait dit à Grâce de le quitter. Elle avait été trompée, elle savait ce que ça faisait. Elle ne voulait pas de ça pour sa meilleure amie… Mais le fait est qu’elle était l’amante dans cette histoire. Qu’elle était à l’origine de cette rupture. Aussi ne pouvait elle pas vraiment dire à Grâce de rompre, la culpabilité serait alors pire que ce qu’elle est là…

- Je ne sais pas quoi te dire Grâce… Je n’ai jamais voulu me mettre entre vous. Mais si tu penses pouvoir vivre une belle histoire avec Jolan… malgré ça…

Tu devrais la saisir. Mais qui était elle pour dire ça ? Personne.

Vivre une belle histoire avec lui malgré ça? Honnêtement, je ne pensais pas que ce serait possible. S'ils avaient couché ensemble avant que je ne sorte avec Jolan, pourquoi pas. Parce que ça ne m'aurait pas concernée, ça aurait été déjà du passé. Là, j'aurais pu croire qu'en effet, c'était un truc d'un soir qui ne se reproduirait pas. Maintenant... Je secouai la tête. Maintenant, je ne pourrais pas ne pas les imaginer ensemble dans les bras l'un de l'autre. Je n'aurais confiance ni en l'un, ni en l'autre. Il m'avait prévenue, pourtant. Je savais qu'il était séducteur, mais je ne pensais pas qu'il m'aurait trompée. Pas après que je lui ai demandé de ne pas jouer avec mon coeur. Je reniflai malgré moi en reculant encore d'un pas, jusqu'à toucher le mur, mettant le plus de distance possible entre Juliet et moi, là où d'ordinaire je serais allée me blottir dans les bras de ma meilleure amie. Pourquoi avait-il fallu qu'elle fasse ça?

"J'étais amoureuse de lui, Juliet. Tu entends? Amoureuse. Ca ne m'était pas arrivé depuis Malcom en première année. J'ai cru que j'y avais droit à nouveau. J'ai cru que malgré sa réputation, il pourrait tomber amoureux de moi, aussi. Mais visiblement, non." Visiblement, il était même pire que Malcom, puisqu'il m'avait trompée avec ma meilleure amie. Enfin, avec mon ancienne meilleure amie. Parce que c'était impossible qu'elle le reste encore après ça.

Je songeai alors que j'aurais pu faire semblant. Que j'aurais dû faire semblant pour voir si elle me le disait. Après tout, de lui-même ce matin, il m'avait dit qu'il avait couché avec quelqu'un. Aurait-elle eu la même honnêteté? M'aurait-il dit qu'il s'agissait de Juliet si je ne lui avais pas fait comprendre que je savais déjà? J'essuyai la larme qui roulait sur ma joue avant de poser la question: "Tu me l'aurais dit, que tu avais couché avec lui? Si je ne t'avais pas vue hier avec son T-shirt, et si je ne t'avais pas dit que je savais?" C'était la question à ne pas poser, mais celle pour laquelle j'avais le plus besoin d'une réponse, au fond

Le coeur de Juliet battait si vite qu’elle se sentait au bord du malaise. Elle se sentait mal tant physiquement que mentalement. Son corps était tendu, son coeur battait la chamade, elle avait la gorge nouée par le stress et les entrailles soudées par l’angoisse. Elle imaginait la peine qu’elle avait pu faire ressentir à sa meilleure amie et elle se détestait. Même si c’était involontaire elle se détestait. Parce que ça aurait pu ne pas arriver. Si comme les soirées précédentes elle avait dit « non ». Si elle n’avait pas cédé.

Et elle détestait Jolan. Elle détestait l’Amérindien de l’avoir mise dans cette position. Elle détestait le Cheyenne parce qu’à cause de lui elle avait blessé son amie d’enfance. Elle le détestait d’avoir trompé Grâce. Elle écoute la jeune femme lui expliquer qu’elle était tombée amoureuse et le regard de Juliet est catastrophé. Elle regarde Grâce se tenir au mur et elle même n’ose plus bouger tandis que ses jambes peinent à la porter. Elle entend les espoirs de Grâce brisés. Elle s’en veut tellement.

- Je l’ignorais…

Elle ne mentait pas. Elle l’ignorait totalement. Elle ignorait même qu’il y ait pu avoir un rapprochement entre le Wauters et la De Launey. Si elle l’avait su jamais elle n’aurait cédé. Si elle avait su que Grâce n’avait, ne serait-ce qu’un petit coup de coeur pour le jeune homme… Jamais elle n’aurait couché avec. Et ça Juliet en était persuadée.

- Je suis désolée…

Elle se répète peut être mais pourtant elle a l’impression qu’elle ne le dirait jamais assez. Elle était consciente que ces mots n’apaisaient en rien la souffrance de son amie. Il n’arrivaient même pas à abaisser son taux de culpabilité. Pourtant elle le disait. Elle le repetait même. Elle était désolée. La question de Grâce désarçonne la douce Blackthorn.

Est ce qu’elle l’aurait dit à Grâce. S’il n’y avait rien eut entre Jolan et elle et qu’elle ne l’avait pas croisé en sortant de sa chambre, non. Elle n’aurait rien dit. Parce que ça n’aurait regardé que l’étudiant et elle même. Parce qu’elle ne voulait pas apporter une ambiance gênante à chaque fois qu’elle viendrait à la coloc… Mais sachant que Grâce et Jolan étaient ensemble…

- Bien sûr…

Elle aurait hésité avant. Elle aurait rechigné à l’idée d’apprendre à Grâce qu’elle avait été trompée par son petit ami avec sa meilleure amie. Mais elle n’aurait jamais pu vivre avec ce secret sur la conscience. Elle n’aurait jamais pu regarder Grâce dans le yeux et la regarder vivre son histoire d’amour avec Jolan. Lui même l’aurait dit à Grâce. Il aurait tait le nom de la Blackthorn mais elle aurait ouvert la boite de pandore. Parce que la loyauté c’est d’une importance capitale pour Juliet.

- Je ne sais pas quoi te dire… Je ne sais pas comment arranger les choses… Je suis tellement désolée. Je voudrais pouvoir revenir en arrière et effacer cette nuit.

Avec regret. Avec difficulté. Parce qu’elle avait passé la nuit. Mais pour Grâce, connaissant les conséquences, elle y aurait renoncé.

Désolée, désolée, elle n'avait que ce mot là à la bouche. C'était facile. Si je n'étais pas la fille la plus rancunière au monde - loin s'en fallait, j'avais continué à aimer Malcom pendant très longtemps après qu'il m'ait quittée, et sans doute que s'il n'y avait pas eu Jolan, je serais retombée dans ses bras s'il était revenu - je ne pouvais pas, malgré tout, admettre pour l'instant ce qu'il s'était passé entre Jolan et Juliet. "Je voudrais pouvoir revenir en arrière et effacer cette nuit." "Utilise un retourneur de temps." La réponse, facile, évidente, avait fusé. Pourtant, le retourneur de temps, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus facile à trouver sur le marché. Et même moi, je savais que ce n'était pas possible de le faire. C'était interdit et pour de bonnes raisons. Utiliser un retourneur de temps permettait de changer le passé, et cela pouvait avoir de lourdes répercutions sur le présent. Alors non. C'était impossible. Et pourtant, à cet instant, j'aurais donné n'importe quoi pour que ce le soit, pour que Juliet remonte le temps pour ne pas coucher avec Jolan.

Mais ce qui était fait était fait et rien ne changerait jamais la souffrance que je ressentais. Si je savais que ça arriverait un jour, si je m'y étais très certainement au moins en partie préparée, je n'aurais jamais pu croire que ce serait avec elle et à cet instant, je ne pouvais ni ne voulais plus la voir. "Tu peux partir maintenant? A moins que tu sois venue pour autre chose?" J'espérais que ce n'était pas le cas, mais, si c'était pour les cours: "Si tu as des cours à me donner, tu as qu'à les poser là. Je me débrouillerai pour rattraper après que tu seras partie." Est-ce que je lui donnais congés? Oui, très certainement. Même si mon coeur se serrait et que j'avais envie de pleurer dans ses bras le fait que mon petit ami m'avait trompée. Mais elle n'était pas la bonne personne pour ça. Et puis: "Je dois sortir, de toute façon." J'avais un téléphone à racheter, le mien gisant en mille morceaux quelque part dans la maison, je ne savais même plus où.

Juliet n’était pas assez brave, elle n’était pas assez téméraire pour avoir ne serait ce que l’idée d’un retourneur de temps. Parce que c’est un objet qui l’effraie sincèrement. Elle a tellement lu d’histoires qui avaient mal tourné à cause d’une utilisation approximative de cet artefact. Elle n’irait pas jusqu’à risquer la vie de Grâce ou celle de Jolan pour effacer cet instant.

Alors elle ne répond pas. Elle regarde Grâce sans répondre. Parce que… que répondre à ça ? Qu’est ce qu’elle pouvait dire ? Il n’y avait rien à ajouter et Grâce le lui avait bien fait comprendre. Elle s’était excusée, elle s’était expliquée… Elle ne pouvait pas forcer la jeune femme à la croire ni même à la pardonner. Même si ça lui brisait le coeur.

Elle hocha doucement la tête tandis que Grâce lui demandait de partir. Elle était venue pour voir si on amie allait bien, ce n’était pas le cas mais puisqu’elle était la cause de se mal être elle ne pouvait rien faire pour l’aider. Elle sortit de son sac les notes du cours qu’elle avait dupliqué pour Grâce et les posa là ou elle l’indiquait, docilement… Elle prit le chemin de la sortie, posa sa main sur la poignée.

- Appelle moi quand…

Quand quoi ? Quand elle aura oublié ? Quand elle aura pardonné ?

- … tu veux.

La voix de la douce Blackthorn sort difficilement tant sa gorge est nouée. Elle déteste l’idée de partir. Elle déteste l’idée de laisser Grâce seule alors qu’elle souffre. Et pourtant elle appuie sur la poignet et elle quitte la coloc avec une énorme boule au ventre. Les larmes commencent à couler et elle les efface rapidement.

Elle a des comptes à régler. Elle pleurerait plus tard.

Terminé Merci pour ce beau et triste RP bichette

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