Malgré les précautions prises par les organisateurs et autres praticités magiques, la météo rend le match compliqué - et son observation plus encore. J'aurai préféré être sur mon balais, à voler auprès de mes coéquipiers afin d'arracher la victoire à des adversaires motivés. Mais - s'il m'arrive bien sûr de participer à quelques matchs d'amateurs - ce temps est révolu. Je ne suis plus joueur professionnel, j'ai été entraîneur plusieurs années avant d'occuper mon poste actuel.
J'ai souvent l'impression qu'hier encore, j'étais acclamé par le public.

Cette nostalgie est vite balayée par l'eau qui s'écoule dans mes yeux. Je plisse les paupières pour faire face aux assauts de la pluie et n'entends rien que le raffut du vent mêlé à la voix du présentateur. Je suis le score grâce à ses indications chahutées. Tandis que je resserre le col de ma veste en sentant arriver la prochaine bourrasque, mes favoris encaissent encore un tir magnifique. L'écart est creusé et il va être difficile de remonter la pente ;
C'est le jeu. La stratégie des adversaires paye. Reste à voir s'ils auront l'énergie de tenir tête à mes préférés jusqu'au bout ...

C'est sans compter sur l'averse qui s'intensifie. Décision est prise d'interrompre le jeu. Partagé entre déception et soulagement - c'est un coup à tomber bêtement malade - je quitte mon siège pour atteindre un abri.
Je jette un œil à Lian.
Oh, pas ma Lian. Mais cette vieille impure. Pénible. Qui ne sait pas choisir la bonne équipe.
Qui compte néanmoins parmi mes amis.

« Pas trop déçu, l’ami ? »

" Où vas-tu comme ça ? Tu crains de reconnaître la flagrante tricherie de ton équipe ?! "

Dis-je sans le penser, uniquement pour la taquiner et espérer que nous trouvions un coin pour échanger quelques légèretés.
Nous ne pouvons pas nous apprécier. Nous sommes trop opposés, nos proches presque ennemis officiels, nos discours tellement éloignés. Et pourtant, pourtant, j'apprécie cette femme autant qu'elle m'agace.

" On essaye de prendre un verre en attendant que ça se calme, non ? "

Une fois protégé par l'arrière des gradins, nous poursuivons notre progression. Quelques stands sont installés plus loin et accueillent les spectateurs avec boissons et gourmandises réconfortantes.
J'ignore - pour une fois - les regards qui se posent sur moi. Par admiration, jalousie, animosité ou curiosité. Cette fois, je n'ai pas l'intention de laisser filer la miss Zhao. C'est pour elle que je veux conserver mes mots ;