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Les questions sans réponse ça c'est le pire ~ Oscarlice
Sam 9 Oct 2021 - 16:29
Les questions sans réponse ça c'est le pire
Oscar Hangbé
Est-ce que tu m'entends? Est-ce que tu me vois?
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là?
(Louane)
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là?
(Louane)
Il avait fallu toute la délicate force de persuasion de son père, et une menace larvée en sous-texte, pour contraindre Famine de réserver un portoloin en direction de la Nouvelle-Orleans, ce vendredi soir là. C’était bien, le soir, avec le décalage horaire, elle apparaitrait en début d’après-midi, alors que les rues seraient vides, ou presque, que le bar du cousin Jasper serait somnolent, comme un gros chat de bois et de taule. Elle avait fini par céder, quand la dernière lettre de son père avait sous entendu qu’il serait contraint de vider la dernière malle qui lui était destinée, seul, avec toute la peine et le désarroi que cela impliquerait pour lui. La dernière, cela signifiait que ses frères étaient déjà venus chercher les reliquats qui leur revenaient, qu’ils avaient été plus courageux, tous. Elle n’avait fait que fuir, tout l’été. N’avait pas donné beaucoup de nouvelles, au lendemain de la crémation, n’en avait pas demandé non plus, enfermée dans la gangue imperméable de sa douleur et de sa culpabilité. Elle n’avait suivi que de loin, de très loin, les pérégrinations vengeresses de ses ainés, pour une fois : l’Erinye du clan Hangbé avait du plomb dans l’aile, les écailles froissées, et des plaies à lécher avant de retourner dans l’arène, et c’était ce qu’elle avait fait, enveloppée tantôt des bras d’un écossais inquiet , tantôt par les volutes dévorantes des nuits stygiennes. Cela avait porté ses fruits, un peu, suffisamment pour qu’elle trouve la force de fouler le sol d’Amérique, au sortir d’une session endiablée du club de duel.
Dans un craquement et un tourbillon de couleurs tièdes donc, elle était apparue dans cette exacte même remise où elle avait fait atterrir Evan, quelques mois plus tôt, qui lui parurent à cet instant une éternité : loin, l’ambiance électrique et sensuelle du carnaval, disparus, les éclats de voix extatiques et les odeurs sucrés des parfums sur les corps fêtards. Il n’était pas quinze heures, et il n’y avait pas âme qui vivait, ou presque, sous ses pieds. Passant la volée de marches de l’escalier sans un mot, les relents de poussière et de friture froide la prirent à la gorge, avant que le propriétaire des lieux n’apparaisse dans son champ de vision. C’était étrange de voir Jasper en civil, sans ses maquillages et bijoux de fête, un simple foulard de soie noir sur son crâne nu. Le barman claqua de la langue pour la saluer, avant de serrer sa cousine contre lui, lui murmurant quelques mots qu’elle oublierait dix secondes plus tard. Des condoléances, elle n’en pouvait plus, elles pesaient sur sa langue comme un aliment rance, et malgré tout elle lui offrit un demi sourire, avant de lui demander les clés de sa voiture. Jasper lui céda aussitôt un porte clé à froufrous bariolés et baroques, lui indiquant de la main l’emplacement du garage : la maison familiale n’était pas vraiment dans le secteur, et elle préférait prendre le temps de la route pour se préparer, psychologiquement, plutôt que de transplaner directement. Elle n’était ni en retard, ni en avance, alors elle ne se dépêcherai pas, au volant du bolide clinquant de l’Orléanais.
Quinze minutes, montre en main, et elle se retrouva devant le manoir familial, bien loin du centre du quartier français. Quelques années après son départ à Ilvermorny, Pearl et Malcolm avaient acheté ce manoir jouxtant le Parc Jean Lafitte, délaissant la vie nocturne de Bourbon Street pour le calme mystérieux du bayou. D’une certaine manière, Alice préférait que les choses se fassent dans cette maison qui n’était pas tout à fait celle de son enfance, tout juste celle de son adolescence : elle avait craint un moment de devoir passer la journée chez Mama Olivia, comme cela avait été le cas pour la cérémonie funéraire. Ici, ce n’était pas vraiment chez Elle, et elle allait s’accrocher à ça pour tenir le cap, blindant son corps d’autant de couches de détermination et de distance qu’il serait humainement capable de le faire. Rentrer, passer le pas de la porte, étreindre son père et, courageuse, faire ce qu’il fallait faire. Trier les papiers, les objets, ne garder que l’indispensable, occulter le fait que la main qui les avait un jour saisi n’était plus que cendres osseuses à présent. Alice avait pris une grande inspiration, ses doigts fins s’étaient enroulés autour du bouton de porte doré qui avait tourné sans un bruit. Le couloir était vide, et toute la maison semblait assoupie. Un pas après l’autre sur le parquet d’époque, et la sorcière s’appropriait l’espace, à contre cœur.
- Dad ? You’re here ?
Sans réponse, elle en déduisit qu’il était au fond du jardin, au bord de l’eau, comme il le faisait souvent quand ils étaient ici tous ensemble. Elle irait le rejoindre si il n’apparaissait pas rapidement, mais elle ne doutait pas qu’il y eut un fétiche ou autre petite création du cru pour l’avertir de l’arrivée de sa petite dernière. Alors elle déambula dans le corridor, passant devant la verrière qui séparait l’espace de transit de la grande pièce à vivre. Ota ses chaussures pour fouler le sol de ses pieds nus, sa veste rendue inutile par la chaleur de la fin de l’été Louisianais. Sur un buffet, elle alluma une bougie laissée à l’abandon, huma ses effluves de muscade et de poivre blanc avec un petit rictus presque attendri : elle n’aimait pas spécialement ce parfum, mais il lui était familier. Le regard rivé sur la flamme immobile, elle ne tourna pas tout de suite la tête quand une silhouette se détacha du coin de l’œil. Trop grand pour être Malcom ou Ekwensu, trop silencieux pour être Jacob.
- Hi War. If I knew you were here, I’d call you to be my driver.
Une taquinerie, pour éviter de plonger dans le grand bain tout de suite : Bonjour, mon frère, que fais tu là ? Comment vas-tu ? Comment te sens-tu ? Aurais tu manqué de courage, toi aussi ?
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Re: Les questions sans réponse ça c'est le pire ~ Oscarlice
Sam 23 Oct 2021 - 22:31
Les questions sans réponse, ça c'est le pire
Alice Hangbé
Shadows, they can't even reach us now
There's no speck of light that can lead us out, no
Here we are in the heart of the darkness
(Tommee Profitt )
There's no speck of light that can lead us out, no
Here we are in the heart of the darkness
(Tommee Profitt )
début septembre, New York
Une cigarette coincée entre ses lèvres, Oscar observait avec un regard teinté d’une terne lueur la foule devant lui. Si Judith n’était pas en retard, elle fendrait bientôt la populace pour le rejoindre et il devrait alors aller au bout de sa décision et laisser partir l’une des meilleurs choses qui lui était arrivée depuis qu’il était marié. Le diplomate avait beaucoup réfléchi à la question et une seule et unique solution s’était offerte à lui. Entre l’énergie qu’il mettait dans la recherche de sa femme, les difficultés émotionnels auxquelles il faisait face depuis le décès de sa mère, la paranoïa qui résultait de sa mission secrète réalisée avec Lubia et tout le reste, l’homme était à bout. Et puis, il y avait pire, le danger qui l’entourait, cette épée de Damoclès qui restait bien haute au-dessus de sa tête et n’attendait plus que de le lui trancher. Oscar était dans une étrange situation, niant un deuil pourtant violent, traquant et chassant celle qui en était l’instigatrice, il faisait souvent preuve de témérité et dépassait des limites qu’il n’aurait pas dû. Et si lui et Ekwensu s’était appliqué à faire parler le clan Tagbo et à éliminer les éléments les moins contrôlables, l’américain en était convaincu, sa belle-famille n’avait pas terminé de faire parler d’elle. Il avait été presque soulagé lorsque l’ancienne attrapeuse des pies lui avait fait part de cette opportunité pour l’organisation de la prochaine coupe du monde de Quidditch. Il avait certes craint de la voir s’éloigner de lui, mais avait fini par se consoler en se répétant que le plus loin de lui elle était, le plus en sécurité elle serait. Il l’avait alors encouragé, sans tout à fait se résoudre à totalement la laisser partir, mais cette fois, il était temps et, si son cœur se serrait, son esprit lui, était convaincu du bon fondement de cette rupture.
Il accueilli la jeune femme d’un sourire en coin et lorsqu’elle lui piqua sa cigarette, acrobate joyeuse et virevoltante, un pincement au cœur le poussa à abréger ses souffrances « We can’t go on, Judith. » lâcha-t-il, sur un ton las et fatigué, comme si la croix qu’il portait sur ses épaules s’était faite plus lourde encore qu’à l’ordinaire, comme si rien ne pouvait empêcher ce moment de se passer, comme si malgré tous les bons moments, les sourires et les soirées, la fin était inévitable. Le diplomate passa une main sur son visage fatigué, et répondit à l’interrogation silencieuse qu’il lu dans le regard clair de la jeune femme. « It’s not possible anymore.. Its not safe and.. » Il se retint de partager ses inquiétudes, déjà bien accablés par toutes ces récentes incertitudes, ébranlé par ce que la vie avait décidé. Dans un geste tendre, il porta le dos de la main de Judith à ses lèvres et y déposa un doux baisé, avant de plonger ses prunelles chocolatées dans le regard de l’américaine. « I wish you all the best, sincerely. And you’ll always find an ally in me, should you need it. » confirma-t-il, alors que son cœur, sans s’emballer, ne savait plus vraiment battre avec régularité. Tout ce qu’ils avaient vécus allait lui manquer, leur binôme extraordinaire au sein des combats illégaux, leurs joutes verbales, cette peau blanche et laiteuse si douce sous ses lèvres, sa voix et ses boucles brunes. Judith allait lui manquer, c’était une certitude, mais si la quitter lui assurait une certaine protection, alors il n’y avait rien à regretter. Et tant que le problème Tagbo n’était pas résolu dans son entièreté, il n’y avait rien d’autre à faire. Et sur ces mots, laissant Judith conserver sa dernière cigarette, Oscar quitta les quelques marches devant le MACUSA pour rejoindre la populace de New York et finir dans un grand building ou sa famille possédait un appartement, pour s’y servir un verre de Whisky, et ouvrir une curieuse lettre de sa grand-mère, Mama Olivia.
deux jours plus tard, La Nouvelle-Orléans
La beuglante de Mama Olivia avait presque choqué le diplomate qui n’aurait jamais pensé sa grand-mère capable d’une telle chose. Et finalement, il s’était rappelé que l’ancienne avait élevé Pearl, et alors rien n’était plus surprenant. La sorcière lui reprochait tout un tas de chose dans sa lettre, son absence flagrante, son manque de visite, les nombreux silences aux précédents hiboux qu’elle ou bien Malcolm avaient pu lui envoyer. Il fallait dire qu’à la suite de l’enterrement de la matriarche, Oscar avait mis un point d’honneur à ne pas poser les pied aux Etats-Unis. Nul doute que la magicienne voodoo avait prédit sa venue à New-York et avait sauté sur l’occasion pour ramener son petit-fils à la raison. Peu enclin à se faire poursuivre dans ses plus dangereux cauchemar par la magie noire de sa grand-mère, et parce qu’il était sur le bon continent, Oscar avait finalement pris son courage à deux mains pour se rendre dans la ville de son enfance.
Le diplomate avait commencé par rendre visite à sa grand-mère et n’avait pas manqué d’encaisser les reproches énergiques de cette dernière quant à la gestion de sa vie et de son deuil. Mais Oscar c’était appliqué à ne pas rester trop longtemps dans la bâtisse de la sorcière, s’assurant simplement de rattraper ses longues absences de quelques charmantes phrases, usant de son charisme politique et Hangbétiens pour s’assurer de retrouver les bonnes grâces de Mama Olivia.
Le sorcier s’était ensuite rendu au manoir familial, acquisition récente du couple aîné, bien localisé dans la ville. Il y avait déjeuné avec son père, se gardant de parler de sujet susceptible de fâcher, avant de se retirer en début d’après midi pour une sieste durant laquelle il ne ferma pas un œil. Le regard constamment rivé sur le plafond de la pièce, Oscar s’était perdu dans une réflexion sans fin, sur Crescencia, sur comment la traquer, la trouver et lui faire payer cette perte terrible pour le clan Hangbé. Le diplomate était si profondément ancré dans son esprit et ses divers plans, qu’il en manqua presque la voix claire de sa cadette à l’étage du dessous. Laissant la veste de son costume sur le dossier d’une chaise, il quitta sa chambre pour descendre au rez-de-chaussée. Lorsque son pied se posa sur le parquet du couloir en bas, une odeur de muscade et de poivre lui attaqua les narines et l’amena rapidement à ses jeunes années, à ces après-midis de pluie où Pearl travaillait entourée de ses enfants. Des souvenirs heureux mais douloureux puisque passé et dans l’impossibilité de se redérouler. Oscar n’était pas quelqu’un de foncièrement nostalgique, mais les récents mois lui avait ouvert les yeux sur ce qu’il avait perdu. Et peut-être avait-il un peu trop fermé les yeux sur ce qu’il avait encore à perdre.
« Hi Famine. » Il n’avait pas vu sa sœur depuis des mois, trop longtemps pour être tout à fait à l’aise avec la vision de sa cadette devant lui. Qu’avait-il fait pour en oublier sa famille et la douleur dans laquelle elle se trouvait elle-même ? Obnubilé qu’il était par sa vengeance, il s’en retrouvait démuni lorsqu’un membre de sa famille se trouvait devant lui, bien vivant. « I did not know I was coming until this morning. » répondit-il simplement, avec un sérieux surement trop prononcé pour être tout à fait naturel et qui résonnait si mal qu’il en grimaça légèrement. « Dad is back in the garden, he should probably arrive soon. » Son regard ne quittait plus le visage si beau d’Alice et finalement, abandonnant cet étrange comportement qu’il avait, il s’approcha de sa sœur et la pris dans ses bras, simplement, sans un mot. « I missed you.. » souffla-t-il finalement, tirant dans cette étreinte fraternel une énergie et une force dont il manquait dangereusement.
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Re: Les questions sans réponse ça c'est le pire ~ Oscarlice
Sam 30 Oct 2021 - 19:39
Les questions sans réponse ça c'est le pire
Oscar Hangbé
Est-ce que tu m'entends? Est-ce que tu me vois?
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là?
(Louane)
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là?
(Louane)
Ils ne s’étaient pas vus depuis des semaines. Non, des mois maintenant, depuis le jour maudit où la matriarche était retournée à la poussière. Alice avait détesté ce jour, le noir qu’elle avait porté sur son corps fiévreux, malgré la chaleur humide, à peine soutenable, de la Nouvelle Orléans. Elle était restée là, presque stoïque, parmi les hommes de sa vie qui l’avaient entouré comme une muraille humaine quasiment impénétrable, si ce n’était pas quelques privilégiées, la famille proche, une poignée d’amis de la famille, qui l’avaient pris dans leur bras, avaient murmuré des condoléances qui ne s’étaient pas imprimés dans son cerveau. Elle avait essayé d’occulter le bruit des sanglots bruyants des pleureuses, tradition ancrée mais qui l’avait révulsé ce jour là. Elle n’y avait jamais prêté attention, auparavant, mais à l’heure du dernier adieu, elle avait eu cette impression acide d’indécence. S’était demandée si elle était la seule, mais avait gardé sa question pour elle. Elle aurait voulu en finir, vite, mais cela avait trainé en longueur, pendant des heures. Des heures blanches, vides de sens, mais est ce que celles des jours suivants en avaient eu plus ? Difficile à dire. Quand ils s’étaient quittés, tous les quatre, le lendemain matin, elle se doutait bien des entreprises qui occuperaient ses ainés pour toute la saison estivale, mais elle n’avait rien dit. Elle n’avait pas les épaules de supporter l’inquiétude supplémentaire, l’attente. Et puis, ce n’était pas ce que l’on attendait d’elle, non plus : elle avait un mariage à organiser, des études à poursuivre, et ses réussites étaient indispensables, pour afficher au grand jour et aux yeux de tous que les Hangbé n’étaient pas entreprise à écorcher facilement.
- Hi, Famine…
Oscar se tenait là, en face d’elle, mais ne bougeait pas. Aucun d’entre eux, en réalité, comme si la vue de l’autre les paralysait, sur l’instant. Bien sur, il n’y avait pas de, « loin des yeux, loin du cœur », au sein de leur fratrie, mais Alice fixait son frère comme si elle s’attendait, à tout instant, à ce qu’il se dissolve dans une volute de fumée. Avait il changé, lui aussi, comme elle avait eu l’impression de changer, elle aussi ? Avait il fait des cauchemars, ou les avait il fui à coup d’insomnie, comme elle ? avait il trouvé la paix, rapidement, en consommant sa vendetta ? Etait elle seulement achevé ? Elle avait tellement de question, et elle avait commencé par la plus banale de toutes, à laquelle il avait répondu de sa voix chaude et tranquille. Une voix rassurante, qui enrobait son palpitant d’une couche velouté, familière. Et pourtant, il ne s’avançait toujours pas vers elle, et l’onde d’inquiétude attrapa la cadette à la gorge, encore. Nouvelles questions, toujours plus, c’était comme un cycle sans fin dans la jolie petite tête brune, jusqu’à ce que, enfin, il efface les quelques mètres (kilomètres, années lumières) qui les séparaient pour la serrer contre elle, et elle eut l’impression qu’il l’autorisait à respirer de nouveau.
- Yeah, I hope so…
Qu’elle grogna, à moitié étouffée contre les pectoraux de son aîné. Elle respira l’odeur sèche dans son cou, s’enivra de sa chaleur, et son cœur s’arrima à celui du guerrier, rompant avec l’arythmie qui était devenue son quotidien. Ce n’était pas parfait, bien sur, elle ne pouvait pas dire qu’elle se sentait tout à fait bien, mais c’était déjà mieux. Parce qu’Oscar était là. Parce qu’elle n’aurait pas à faire Ca toute seule. L’étreinte s’éternisa encore quelques longues et agréables secondes, avant qu’elle ne convienne de relâcher un tout petit peu, ses pieds nus toujours installés sur ceux de son frère.
- … Let me guess. We are the dunces of the family ? Did Dad blackmail you too ? No, not Dad… Granny ? Yeah, it’s Liv, for sure, she had always scared you a bit …
Sa main glissa dans celle d’Oscar, alors qu’elle prenait une petite inspiration courte. Elle aurait préféré rester dans ce corridor toute la journée, non, mieux, qu’Oscar lui propose de sortir, de partir faire autre chose, qu’il lui accorde un délai, à nouveau. Seulement voilà, elle avait dans l’idée qu’ils ne pourraient pas fuir encore éternellement leurs devoirs. Ils allaient devoir faire preuve de courage, ensemble. Il parait que seul on va plus vite, mais qu’à plusieurs, on va plus loin. Seule, elle était arrivée dans ce couloir quelques minutes avant lui. Ensemble, ils allaient devoir avancer dans chacune des pièces, où les attendait leur lot de souvenirs, et d’autres surprises, probablement pas tout spécialement agréables.
- … Where do you wanna start ?
Made by Neon Demon
- Spoiler:
Ouais, j'espère bien...
Laisse moi deviner, on est les cancres de la famille? Papa t'a fait du chantage ? Non, pas papa... Mamie ? Oui, C'est Liv, bien sur, elle t'a toujours un peu fait flipper...
Où veux tu commencer?
- InvitéInvité
Re: Les questions sans réponse ça c'est le pire ~ Oscarlice
Lun 20 Déc 2021 - 14:57
Les questions sans réponse, ça c'est le pire
Alice Hangbé
Why must it be hearts are made to bleed
Fools always believe that love will never die
How can it be? I wore my heart upon my sleeve
I never thought you'd leave
J. Savoretti
Fools always believe that love will never die
How can it be? I wore my heart upon my sleeve
I never thought you'd leave
J. Savoretti
Serrer sa sœur dans ses bras était la chose la plus sensée qu’il avait faite depuis de longue mois. C’était naturel, quoiqu’un peu bancale, mais si rassurant. Il sentait le doux parfum de son shampoing aux fleurs, écoutait avec une oreille attentive les battements de son cœur. Sa sœur était là, et il ne s’était jamais rendu compte à quel point il avait eu besoin de cette étreinte, de ce contact si doux. Le diplomate avait été aveuglé dans sa haine, pris dans sa quête de vengeance. Il l’était encore. Il ne voyait que cela. Il ne rêvait que d’elle, que de ses mains enserrant son si joli coup pour enfin lui faire payer la perte destructrice que le clan Hangbé avait subi. L’Américain qui avait toujours vécu au gré d’un équilibre très fragile, une stabilité toujours un peu vacillante entre sa vie mondaine, son travail et ses escapades illégales, avait vu son monde s’écrouler pour ne penser qu’à une seule et unique chose : la vengeance. Le reste avait été presque oublié. Sa famille, celle qui vivait encore, celle dont le cœur battait de tristesse et de regret. Celle qui tentait par tous les moyens de faire comme si rien n’avait changé, comme rien ne leur était arrivé. Et lui, il avait fui, prétextant d’autres priorités. Il n’y avait eu que Lubia pour l’entraîner dans sa propre quête et le tirer un peu de ses propres soucis, mais le sorcier, qui n’avait pas hésité une seconde à aider son amie, ne pouvait pas ignorer les possibles conséquences de son action.
Beaucoup de choses lui tournait en tête, comme une tempête de flocons de neige virevoltant qui lui lacérait les joues et l’empêchait de voir à plus de trois mètres devant lui. Pourtant, depuis de longues et intenses semaines, il semblait pouvoir trouver un peu de repos, une accalmie minime dans la tempête, mais qui lui laissait le temps de respirer un peu. Légèrement, jusqu’à ce que leur étreinte se termine et qu’il soit de nouveau obligé de faire face au visage d’Alice. Il la connaissait assez bien pour savoir que la lueur qui brillait dans son regard clair n’était pas celle qui lui connaissait. Elle était également un peu tendue au niveau de ses épaules. Oscar partageait son malaise car, sans qu’elle n’ai eu besoin de dire quoique ce soit, il savait pourquoi elle était là. Ils le savaient tous les deux. Et tous les deux craignaient ce qui allait se passer. Ils craignaient le souvenir, la nostalgie et la tristesse qui s’emparerait d’eux. Voilà ce qu’Oscar avait évité depuis si longtemps et très certainement qu’il aurait continué sa fuite si Mama Olivia ne l’avait pas terrifié davantage.
Le diplomate ne put empêcher un sourire de se dessiner sur son visage, imaginant avec un intérêt non feins le chantage que son père avait dû faire à sa cadette et ne se souvenait que trop bien de la beuglante de sa grand-mère. Il laissa échapper un petit soupire, alors que son regard passa au-dessus de la chevelure luxuriante d’Alice pour se poser sur un vieux tableau de famille, accroché au mur depuis des années, voire même des siècles. « She send me an Howler when I was in New York » avoua-t-il, presque honteux d’avoir dû attendre ce message pour enfin trouver le courage de venir ici. Mais la honte, comparé aux autres émotions qu’il ressentait depuis des mois, n’était pas la plus forte et ne gouvernait ni son cœur, ni son esprit. Il s’en accommoderait bien volontiers et la trouvait presque agréable face aux autres. Un nouveau soupir s’échappa de ses lèvres alors qu’Alice se montrait bien plus raisonnable que lui. Par où commencer ? Partir aurait été l’une de ses premières idées, mais il serra la main que sa sœur avait glissé dans la sienne pour s’empêcher de dire une pareille bêtise. « I don’t really know.. » avoua-t-il, pour la première fois depuis le début de cette terrible tempête. Il ne savait pas quoi faire, il ne savait pas par où commencer. Lorsqu’il était aller voir sa belle-famille, la fureur l’avait gardé sur les rails. Lorsqu’il avait aidé Lubia, la loyauté avait pris le relais. A présent, il y avait la tristesse et l’amour, et Oscar ne savait pas comment faire.
Le diplomate roula de ses larges épaules et poussa un énième soupir, comme si cela allait lui donner le courage dont il manquait soudainement. « I’m sure that Dad left something for us. » commença-t-il. « Ekwensu and Jacob went during the middle of the summer to help, but they must be some boxes left. Maybe we can start in her office ? » proposa-t-il alors, fixant ses prunelles chocolatées brillant d’une détresse bien réelle dans le regard de sa sœur. Il ne s’attendait pas à trouver quoique ce soit, il souhaitait juste faire sa part. Aider son père à vivre avec ce drame, trier les affaires de Pearl, récupérer ce qui pourrait, de près ou de lui, le concerner. Il essayait de ne s’attendre à rien, mais essayer, ce n’était pas forcément la certitude de réussir et c’était ce qui l’avait tenu éloigné depuis si longtemps.
Beaucoup de choses lui tournait en tête, comme une tempête de flocons de neige virevoltant qui lui lacérait les joues et l’empêchait de voir à plus de trois mètres devant lui. Pourtant, depuis de longues et intenses semaines, il semblait pouvoir trouver un peu de repos, une accalmie minime dans la tempête, mais qui lui laissait le temps de respirer un peu. Légèrement, jusqu’à ce que leur étreinte se termine et qu’il soit de nouveau obligé de faire face au visage d’Alice. Il la connaissait assez bien pour savoir que la lueur qui brillait dans son regard clair n’était pas celle qui lui connaissait. Elle était également un peu tendue au niveau de ses épaules. Oscar partageait son malaise car, sans qu’elle n’ai eu besoin de dire quoique ce soit, il savait pourquoi elle était là. Ils le savaient tous les deux. Et tous les deux craignaient ce qui allait se passer. Ils craignaient le souvenir, la nostalgie et la tristesse qui s’emparerait d’eux. Voilà ce qu’Oscar avait évité depuis si longtemps et très certainement qu’il aurait continué sa fuite si Mama Olivia ne l’avait pas terrifié davantage.
Le diplomate ne put empêcher un sourire de se dessiner sur son visage, imaginant avec un intérêt non feins le chantage que son père avait dû faire à sa cadette et ne se souvenait que trop bien de la beuglante de sa grand-mère. Il laissa échapper un petit soupire, alors que son regard passa au-dessus de la chevelure luxuriante d’Alice pour se poser sur un vieux tableau de famille, accroché au mur depuis des années, voire même des siècles. « She send me an Howler when I was in New York » avoua-t-il, presque honteux d’avoir dû attendre ce message pour enfin trouver le courage de venir ici. Mais la honte, comparé aux autres émotions qu’il ressentait depuis des mois, n’était pas la plus forte et ne gouvernait ni son cœur, ni son esprit. Il s’en accommoderait bien volontiers et la trouvait presque agréable face aux autres. Un nouveau soupir s’échappa de ses lèvres alors qu’Alice se montrait bien plus raisonnable que lui. Par où commencer ? Partir aurait été l’une de ses premières idées, mais il serra la main que sa sœur avait glissé dans la sienne pour s’empêcher de dire une pareille bêtise. « I don’t really know.. » avoua-t-il, pour la première fois depuis le début de cette terrible tempête. Il ne savait pas quoi faire, il ne savait pas par où commencer. Lorsqu’il était aller voir sa belle-famille, la fureur l’avait gardé sur les rails. Lorsqu’il avait aidé Lubia, la loyauté avait pris le relais. A présent, il y avait la tristesse et l’amour, et Oscar ne savait pas comment faire.
Le diplomate roula de ses larges épaules et poussa un énième soupir, comme si cela allait lui donner le courage dont il manquait soudainement. « I’m sure that Dad left something for us. » commença-t-il. « Ekwensu and Jacob went during the middle of the summer to help, but they must be some boxes left. Maybe we can start in her office ? » proposa-t-il alors, fixant ses prunelles chocolatées brillant d’une détresse bien réelle dans le regard de sa sœur. Il ne s’attendait pas à trouver quoique ce soit, il souhaitait juste faire sa part. Aider son père à vivre avec ce drame, trier les affaires de Pearl, récupérer ce qui pourrait, de près ou de lui, le concerner. Il essayait de ne s’attendre à rien, mais essayer, ce n’était pas forcément la certitude de réussir et c’était ce qui l’avait tenu éloigné depuis si longtemps.
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Re: Les questions sans réponse ça c'est le pire ~ Oscarlice
Sam 8 Jan 2022 - 18:17
Les questions sans réponse ça c'est le pire
Oscar Hangbé
Est-ce que tu m'entends? Est-ce que tu me vois?
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là?
(Louane)
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là?
(Louane)
Le chagrin n’est pas vaporeux ; il a du corps, il est oppressant, il a quelque chose d’opaque. C’est comme un linge humide et tiède qui refroidit lentement contre le visage, empêchant d’inspirer comme d’expirer, chargeant chaque mouvement, chaque battement de cils d’une moiteur insupportable. C’était une torture lancinante, subtile, et le pire, le pire, c’était qu’elle était invisible à l’œil de celui qui n’y était pas assez attentif. La cadette savait de quoi elle parlait, elle avait fait illusion auprès de bien des observateurs, ces derniers mois. L’été durant, elle avait fait face, malgré le voile qui obstruait sa vision, avançait avec une détermination fantôche, reniant si fort son désespoir aux yeux du monde qu’elle avait fini par se mentir à elle-même. Refus du mal être latent, sabotage de la sanité jusqu’à la ligne de crête, funambule sur le fil du rasoir. Il avait fallu tout le talent et l’attention d’un oiseau chanteur pour la ramener du bon coté, mais pas que. Accepter que la blessure ne se refermerait jamais tout à fait, que la cicatrice resterait comme une longue trace blanche sur son cœur qui balbutiait à nouveau, ces derniers temps.
Revenir dans le manoir familial était comme une ultime épreuve pour son palpitant encore sous emplâtre frais. Elle n’était pas rassurée, mais la présence d’Oscar à ses cotés aurait le mérite de l’empêcher de tourner les talons à la première émotion trop forte…
- I don’t even know what could even be interesting in mom’s stuffs for Ekky … her hairstyling kit, maybe ? Jake told me he took a few things, but he refused to tell me what. He said that we had to see it by ourselves …
L’humour était un peu maladroit, signe s’il en fallait plus de la nervosité de la jeune femme, dont les doigts ne lâchaient pas ceux de son frère. Le bureau, proposait-il. Soit, pourquoi pas, après tout, il fallait bien commencer quelque part, et cela avait le mérite de ne pas être trop intime, pour commencer. Elle n’aurait pas été capable de commencer par la chambre, ni la salle de bain attenante.
- … Okay, let’s do this.
Le bureau de Pearl Hangbé se trouvait au fond du couloir. Il fallait traverser le long couloir en « L », ignorer la belle salle de réception qui jouxtait le salon à la gauche, la belle cuisine et le jardin d’hiver à la droit, effectuer un petit virage pour se tenir face à la porte de bois sombre richement ouvragée à la marocaine. Des entrelacs d’ébènes et d’acajou, des figures géométriques complexes qui dissimulaient le lieu d’ouvrage de la matriarche, clos par une poignée de porte en anneau dorée, lourde.
- That door… She move it from our previous house, right ? It terrified me when I was a kid, I guess it was intented… Do you think she cursed it ?
Il n’y avait qu’une façon de le savoir, de toute manière. Elle avait poussé la lourde ouverture qui avait protesté doucement, mais sans que le feu de l’enfer ne vienne s’abattre sur les deux cavaliers de l’Apocalypse.
Le bureau était plus petit que ce à quoi elle s’était attendue. Tout le mobilier avait été choisi avec gout, et les larges tentures n’obstruaient pas totalement la lumière qui perçait par les grandes fenêtres qui donnaient sur une partie du jardin. Le bureau de bois noir était un savant mélange d’objets hétéroclites, de papeteries luxueuses et d’artefacts magiques complexes. Il y avait là un encrier d’onyx, et la longue plume d’oiseau rare dont se servait parfois leur mère quand elle écrivait elle-même ses cartons d’invitation pour les différents évènements mondains ou caritatifs qu’elle organisait. Des courriers étaient encore cachetés dans un angle, qui atteindraient en vain d’être lus par la destinataire. Alice était entrée lentement, sur la pointe des pieds, comme si le moindre bruit avait pu être l’élément déclencheur d’une nouvelle catastrophe. Elle avait retenu son souffle en effleurant le cuir de l’assise du bout des doigts, avant de lever ses yeux clairs vers le mur couvert de dossiers et d’ouvrages aux reliures soignées. Le lieu transpirait de l’âme besogneuse et mystique de la matriarche, et la poussière même semblait ne pas avoir encore osé s’y déposer.
- War, look …
En se hissant un peu, elle avait attrapé un cadre photo sur une tablette. Le cadre semblait être doré à l’or fin, et sous le verre transparent, c’était quatre mioches qui s’agitaient, peinant à se tenir immobiles pour le photographe : Ekwensu devait avoir quatorze ans, et tenait fermement la main d’un Jacob hilare dans la sienne, cherchant à s’échapper de l’emprise de son ainé pour commettre quelques forfaits enfantins. Une petite Alice de quatre ans tout juste se tenait sur les épaules d’un Oscar qui bombait son torse de pré ado. La petite fille riait aux éclats, tanguait parfois dangereusement par-dessus la tête de son frère, mais sans jamais perdre l’équilibre. Tout dans cette image, exsudait l’amour filial, une fraternité juvénile qui ne se démentirait jamais. Alice tendit l’objet à son frère, la lippe légèrement tremblante, mais les yeux encore secs.
- … I never saw this picture before… Do you remember that day ?
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- Spoiler:
- Je ne sais même pas ce qui a pu intéresser Ekky dans les affaires de maman... Son matériel de coiffure peut être ? Jake m'a dit qu'il avait pris quelques trucs, mais il a refusé de me dire quoi. Il m'a dit qu'on devait le voir par nous même ...
-Okay, allons y
- Cette porte ... Elle l'avait déménagé de notre maison d'avant, pas vrai ? Elle me terrifiait quand j'étais enfant, mais je suppose que c'était intentionnel...
- Guerre, regarde...
-Je n'ai jamais vu cette photo... Tu te souviens de cette journée ?
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