Installez-vous là, avec les autres.

Mon regard dériva vers les autres en questions. Ils étaient plusieurs, et je dois avouer que face à eux, je faisais peut-être un peu tâche. Il aurait été facile de jouer à cherchez l'intrus dans ce genre de situation : ils avaient tous une veste de costume ou alors était limite endimanché dans une robe de sorcier au plis nets et propre. Certains avaient même une cravatte. Par Merlin, une cravatte ! Et moi dans tout ça ? Et bien j'étais le plus communément habillé, dans ce qui était l'un de mes jeans préféré et une chemise recouvrant un léger tee-shirt, boutonner dans le bas certes, mais pas du tout attachée au niveau du col par un quelconque lien de tissu, quelqu'il soit.

Vous êtes là pour l'entretien vous aussi ? Question de celui juste à coté de moi, alors que je venais de m'asseoir. Doucement, j'opinais du chef. J'étais là pour l'entretien, mais j'avais du manquer visiblement quelque chose dans l'offre d'embauche, parce que clairement, j'avais l'impression de ne pas être au bon endroit. Pourtant, aussi étrange que cela puisse paraitre, je me souvenais très bien de ce que j'avais lu : Département de la Justice Magique, Entretien avec Je-sais-plus-qui Muller, c'est qu'ils étaient nombreux dans c'te famille, et pour une place d'assistant machin truc.

A croire que le seul nom de cette juriste faisait trembler quiconque. Le dossier que j'avais amené avec moi était loin d'être aussi épais que les autres visiblement. Il faut dire que depuis Juin et cette petite engueulade avec mon paternel, c'était clair que je n'allais pas allais demander une quelconque recommandations à qui que ce soit dans l'entourage de ce cher géniteur. Aussi avais-je à peine un CV, passablement rempli d'expérience diverses et pour lequel plusieurs années de ma vie étaient pour moi une inconnue incroyable (Merci @Grace de Launay de m'avoir aidé à compléter cette partie de ce document) et une réelle lettre de motivation qui n'était que le fruit de l'aide de cette chère @Juliet Blackthorn.

Et calmement, j'attendais mon tour, regardant certains entrer et sortir, amusé parfois je dois bien l'avouer de ce que je voyais. A mon avis, c'était pas ici que j'allais trouver le job qui nous fallait. Je te l'avais bien dit, Cook'

Calliope avait soupiré plus d’une fois quand on lui avait demandé de s’occuper de l’entretien du poste d’assistant de greffe en l’absence du greffier en chef qui était… où était il celui-là ? La Muller n’en avait aucune idée mais si elle avait su peut être qu’elle aurait pu aller récupérer ce gros fainéant par l’oreille pour l’obliger à faire son travail.

Mais le fait est qu’il ne s’agissait pas d’une simple demande du Président de la Haute Chambre, mais d’une exigence expresse. @Nathaniel Wakefield n’était pas de ceux dont on discute les ordres et la jeune assistante de justice qu’elle était ne s’y serait pas risquée. Alors elle avait « accepté » et drivé le services des Ressources Humaines pour que celui-ci lui rende la vise facile en préparant une fiche de poste qui ne laisserait pas place à d’autres candidats que ceux qui pouvaient prétendre au poste.

Elle avait tort. Même si l’offre n’avait été édité qu’en petit nombre et soigneusement envoyées aux personnes qui pourraient faire l’affaire, elle avait reçu un nombre de curriculum incroyable. A croire que tout le monde voulait participer, pour un salaire de misère, au remplacement de la greffier Underwood qui n’avait pas été capable de retrouver son poste depuis l’affaire qui concernait la mort de son amant. Il aurait été plus intelligent de trouver un nouveau greffier mais… réductions budgétaires vous dîtes… ?

Elle avait terminé son cinquième entretien et la jeune femme qui sortait avait les larmes aux yeux. Calliope était atterée par la méconnaissance des étudiants de ce qu’était la procédure pénale. Pire encore que certains aurors… Elle se trouva rapidement dans l’encadrement de la porte du bureau, vêtue d’une robe de sorcier de bonne facture dans les tons ocre qui faisaient ressortir son regard et sa chevelure foncés.

- Victor De Launey ?

Voyant l’étudiant se lever à l’appel de son patronyme, elle se décala pour lui laisser le passage.

- Bonjour, installez vous je vous en prie.

C'est quand je vois son visage que je sais que je l'ai dejà vu. La soeur de Sélène, mon amie d'enfance. Elle appelle mon nom, et moi naturellement, je ne peux m'empêcher de répondre : "Non mais j'ai le temps moi si il faut. Vous pouvez en faire passer d'autres... Lui là, on dirait qu'il doit faire pipi depuis une demi-heure." Le pauvre gars avait sa jambe qui tremblait depuis bientôt dix minutes sous le coup du stress. Et bien sur, il n'apprécia que peu cette petite perche que je lui tendais dans le but de l'aider à se détendre. Trou duc' va. Blaireau en costume.

Mais voyant ce qui semblait un sourcil s'arquer sur le visage de la Muller, je me doutais que même elle n'appréciait pas l'humour du moment. Et me levant alors, je m'approchais pour entrer dans la pièce dans laquelle elle m'invitait. Et franchement, la pièce était égale à la salle d'attente : limite austère.

"Bonjour." répondis-je simplement, tout en déposant mon mince dossier sur la table et prenant place sur la chaise de droite. "Du coup, moi c'est Victor De Launay, mais vous le savez déjà."

Et de quelques coups d'oeil, je regardais autour de moi, mais rien dans ce bureau ne m'inspirais la plus grande confiance. C'est qu'il était moche.

Calliope Muller fronce les sourcils. Deux raisons à cela. Elle vient de se rendre compte qu’elle connait le nom qu’elle vient d’appeler. Et parce que les mots qui sortent de la bouche de l’interessé ne rendent franchement par honneur à la famille dont il provient. C’était d’ailleurs précisément ce qui avait justifié le fait qu’il ait été retenu pour cet entretien…

Voila des années qu’elle n’avait pas vu le fils De Launey. Unique héritier de Nicolas De Launey qui avait été son mentor pendant des années, Calliope se souvenait du gamin qu’il était à l’époque. Il avait bien grandit et pourtant elle aurait sûrement pu le reconnaitre si elle l’avait croisé sans raison particulière.

- Ne soyez pas stupide De Launey. S’il y a un ordre de passage établit ce n’est pas pour décorer la porte de ce bureau.

Le ton qui devrait être particulièrement sec est finalement assez neutre. Pourquoi ? Même elle l’ignore. Il faut croire que le souvenir de l’adolescent qu’il était doit adoucir son attitude envers lui. Ou alors était-ce son amitié envers son père ? Ce qui était sûre, c’est que ce n’était pas son attitude envers Selene…

Ils s’installent dans le bureau qui sert en général plutôt de salle de travail et Calliope prépare le C.V. ainsi que la lettre de motivation envoyée. Elle la relit rapidement avant de relever son regard foncé vers le jeune étudiant qui vient effectivement de se présenter de façon particulièrement courte et inutile.

- Je vous en prie, développez. Vos études, vos expériences professionnelles…

Elle allait bien pouvoir trouver un petit quelque-chose qui pourrait justifier d’arrêter ces maudits entretiens et de refiler le poste au fils de Nicolas.

Ne pas être stupide, c'était probablement la dernière chose à me dire pour que je ne le sois pas définitivement. Parce que soyons honnêtes, je voulais un travail au point de me présenter ici. Mais j'étais pas comme ces mecs et filles qui attendaient dans le couloir. Si on voulait que je range des dossiers dans ma vie, que ce soit par ordre alphabétique, par années ou même en suivant une règle de jurisprudence en terme de législation, je pouvais le faire et ça même en passant pour l'idiot de service. Mais j'allais pas me prosterner aux pieds de Segnorita Muller pour ça.

En plus, qui accrochait ses ordres de passages sur une porte de bureau. Quel meilleur moyen de montrer qu'on a du retard enfin. Bref, je m'installais, calmement, comme le gamin que je me plaisais encore d'être alors qu'elle regardait mon CV. Seul mon visage prenait quelques mimiques en attendant qu'elle reparcourt mon CV, profitant de ce moment pour me représentait. Parait que c'était la coutume et... C'est que je commençais aussi à me demander où se trouvait les toilettes à cet étage. Sauf que dans mon cas, ça n'avait rien à voir avec le stress et...

- Je vous en prie, développez. Vos études, vos expériences professionnelles…

Mon regard cessa de balayer le lieu, venant la regarder alors que ma tête se penchait très légèrement. Sérieusement ? Je laissais le calme s'installer, oubliant même mon envie de pisser du moment. Puis me relevant, je m'approchais jusqu'à me pencher un peu au dessus du bureau entre nous pour apercevoir le document entre ses mains. Bah non, c'est le bon. Pas d'erreur, elle avait bien mon CV. C'est marqué juste là, regardez. Je pointais l'endroit du doigt, venant montrer l'espace où était repris les infos de mon parcours étudiant. Après de tête comme ça, je sais pu trop mais si vous m'donnez la feuille, je peux lire pour vous si vous avez du mal.

Parce que sans déconner, je l'avais pas appris par coeur moi mon CV, et j'étais un peu amnésique il parait.

Calliope n’appréciait pas l’idée de faire passer des entretien. Presque autant qu’elle n’aimait en passer elle même. Et malgré son jeune âge, elle en avait passé beaucoup. Trois ne serait-ce que pour le poste qu’elle occupe aujourd’hui. Et le concours qu’elle visait nécessitait l’obligation de passer un grand oral… Autant vous dire qu’elle était plus à l’aise sur les épreuves écrites que sur celle-ci.

Pourtant, professionnelle, la Muller se plie au jeu. Elle reçoit les candidats, les interroge. Elle prend cette mission au sérieux même si elle ne lui plait que moyennement. Elle est irréprochable parce que c’est ce que l’on attend d’elle. Ca a toujours été ce que l’on attendait d’elle.

La réponse et la réaction du De Launey surprennent la Muller, un sourcil s’arque alors elle croise le regard du français qui retrouve le chemin de sa chaise après avoir vérifié qu’il s’agissait bien de son C.V. entre ses mains. Il n’avait pas tort, mais il était légèrement insultant sur la fin alors l’assistante de justice ne se laisse pas aller au rire comme ça aurait pu être le cas s’il s’était arrêté à temps.

Elle se souvenait du Victor adolescent mais le voila qui n’avait pas perdu de sa superbe. Une rhétorique à toute épreuve, un sens de l’humour qui a défaut d’être fin était efficace. Elle repose le parchemin qu’elle avait dans la main et s’avance vers le bureau pour se rapprocher du jeune sorcier :

- Je vois que vous auriez pu rajouter « sens de l’humour » dans la colonne des compétence.

Elle sourit et ajoute :

- Malheureusement ce n’est pas vraiment ce qui est le plus recherche au sein d’un secrétariat de greffes, voyez vous. A vu de nez, vous n’avez pas vraiment le cursus requit pour cet emploi. Et pourtant vous avez postuler. Pourquoi ?

Vous voulez un bic pour l'ajouter ? Non parce qu'il y en a là visiblement. Tu pointais du doigt le pot sur le bureau. Et si ajouter "Sens de l'humour" sur le CV pouvait te faire décrocher un poste comme celui-là, t'allais pas dire non. T'avais connu pire comme situation et demande. Par exemple la question traditionnelle du "Pourquoi vous ?". Et vu le nombre de candidats dans la salle d'attente, cette question aurait été tout aussi légitime. Mais qu'aurais-tu répondu ? A part le fait que toi, t'étais venu en jeans, qu'est-ce qui te démarquait des autres ?

La Muller se montre à la hauteur de la réputation de sa famille pour ce que tu t'en rappelles. Faut dire, elle t'inspirait autant de sympathie que le bienheureux @Sasha Muller, qui était venu te cuisiner au nom de ton père, histoire de voir si tu tenais la route. Sa question, quant à savoir pourquoi tu postulais, elle ne t'étonnait pas. Le salaire. T'es franc. La seule façon dont ces deux mots sortent, sans même la réflexion préalable, trahit la véracité de cette réponse. Si t'es là, c'est pour le salaire avant tout. Et pour la sécurité de l'emploi.

J'ai un projet, mais la banque me refuse le prêt. Pas d'emploi stable. Et je veux pas demander à mon paternel une garantie. Alors j'ai postulé. Et oui, c'était pas pour les beaux yeux de la femme face à toi. Si t'étais là, c'était pour Ymkje. Ymkje et son projet. La seule chose qui pouvait réellement te pousser à te faire faire un job qui se rapprochait quelque peu du droit, et de ces espoirs que ton père nourrissait à ton égard. Après, j'ai pas le cursus... Parait quand meme que j'ai étudié le droit à Hungcalf quelques années... Et j'avais pas attendu pour lire les livres de ma soeur quand c'était son tour. Alors excusez-moi mais quand je vois les gens qui sortent de votre bureau en pleurs, j'en ai rien à foutre que j'ai pas l'papier qui dit que je suis assez doué pour ça. Vous faut un diplome à vous pour les faire pleurer ? Si t'étais là, c'est parce qu'à la description, tu te sentais capable de prendre en charge les taches qui te serait inhérente. Et il te fallait pas un DUCS d'Hungcalf pour trier des dossiers, apposer des étiquettes et classer le tout en retenant quoi est où ?

Après, pour quelqu'un qui avait du mal à lire un CV et trouver un bic sur son propre bureau, tu pouvais comprendre que l'exercice était peut-être plus compliqué. Mais bon, ton avis...

Le geste de Calliope est rapide alors que sa baguette vient s’écraser sèchement sur les doigts du blondinet qui fait un peu trop le malin depuis qu’il a passé la porte de ce bureau. Calliope n’aurait jamais laissé passer de tels écarts de la part d’un candidat lambda mais il s’agissait du fils d’un de ses mentors. Pourtant, il était sur le point de dépasser les bornes et ce petit rappel à l’ordre bien senti alors qu’il avançait sa main vers le pot à crayon se devait de lui rappeler qu’il étant dangereux de trop s’amuser parfois.

Pourtant la Muller ne peut s’empêcher un sourire, légèrement désarçonnée par la franchise de l’adulescent. Il ne venait pas ici pour obtenir une carrière et mais un salaire. Son un projet dont il ne revelait rien. Elle entendait d’ici Nicolas soupirer de lassitude. Mais voila déjà le jeune homme entrain de défendre sa croute de pain, prétendant qu’il n’y avait pas besoin d’un DUCS  en droit pour travailler aux greffes du Magenmagot. Peut être pas en tant qu’intérimaire en effet, mais ça n’empêchait qu’elle appréciait assez peu le fait qu’il sous-estime à ce point l’emploi pour lequel il postulait.

D’un geste de la main, elle ignore complètement la remarque qui est fait sur les candidats précédents et sur la façon dont ils sont sortis de ce bureau. Larmoyants. Rougeoyants. C’était peu agréable à voir même pour elle. Elle ne prenait absolument aucun plaisir à cet exercice pas plus qu’elle ne prenait plaisir à faire pleurer les candidats. Mais la réalité des greffes du Magenmagit étaient ce qu’elles étaient. Terrible. Beaucoup de travail et peu de moyens. Comme pour beaucoup de services publics… Elle savait que dans les couloirs qui appartenaient aux greffiers, c’était une ambiance assez tendue et mieux valait embaucher quelqu’un qui n’avait pas peur du travail ni d’être secoué un peu.

- Méfiez vous, votre confiance frise l’insolence à ce stade. Vous perdez des points.

Heureusement, il existe quelques techniques simples qui permettront à la Muller de savoir si, au delà de ce qu’il prétend, le français pouvait faire l’affaire.

- Il a été fait le choix, il y a quelques années, de tester l’archivage par visa etc en qui concerne la chambre commerciale. Vous savez ce qu’est un visa j’imagine ? Et vous savez donc comment en faire une recherche dans un code.

D’un geste de baguette, elle fait déplacer le code commercial magique depuis la bibliothèque derrière elle pour qu’il tombe lourdement sur le bureau devant le De Launay, soulevant au passage un peu de poussière.

Oh non ! Vous voulez dire que Serpentard va gagner la coupe ?

Ta tête était faussement horrifiée à cette idée. Parce que tu ne pouvais que faire le pitre à cette remarque. Etre sérieux face à elle pour un entretien d'embauche, ce n'était pas possible. Tu l'avais déjà été en avouant tes raisons d'être ici, présent. Et la regardant, tu sais que sur ce point, tu ne changeras pas. Parce que finalement, il n'y a pas d'insolence. Qui que soit ton adversaire dans le couloir, tu savais ce que tu valais, et tu savais que ce que l'on te demanderait à ce poste, ce qui était décrit dans l'offre, tu en étais capable. Elle préférait tout de même Mimi Geignarde avec son diplome d'Hungcalf ? Très bien, qu'elle l'engage. Tu te ferais à l'idée.

*kof kof*

Tu tousses un peu, alors que le livre tombe sur le bureau. Et bah... J'espère que c'est juste vos femmes de ménages qui sont malades parce qu'où sinon, vous êtes pas dans la merde... Mais déjà la Muller reprend. Code commercial, visa, structure... Tu serais presque fatigué rien que d'y penser. Depuis combien de temps n'as-tu pas parcouru ce bouquin ?

Ta chaise s'avance alors un peu, et tu te redresses quelque peu pour ouvrir le livre aux premières pages, jusqu'à sortir la table des matières. Et relevant le regard vers elle, tu ajoutes : Du coup vous voulez quoi ? Le paragraphe sur pourquoi il vaut mieux éviter d'acheter son café chez Barjows et Beurk ?

Au plus le temps passe, au plus les sourcils de la Muller se rapprochent. Ce qu’elle avait prit pour de l’impertinence liée à une certaine forme d’intelligence devenait de l’insolence crasse et pas franchement attirante pour l’employeur qu’elle représentait. Si elle laisse complètement filer l’ânerie sur la coupe des quatre maisons qu’ils avaient tout les deux connu à Poudlard, elle n’a pas l’intention de laisser passer le reste.

- Si vous jugez que le ménage laisse à désirer, peut-être devrais-je orienter votre candidature vers les services techniques ? Vous y serez moins bien payé mais il n’y a pas de sous-métier n’est ce pas ?

Elle ne le pensait pas une seconde et ça devait se lire dans ses yeux tout comme ça s’entendait dans sa voix qui sonnait terriblement faux. Bien sur qu’il y avait des sous métiers. Elle n’avait pas fait dix ans d’études qu’elle n’avait même pas encore tout à fait terminer pour qu’on la considère au même niveau que les femmes de ménage n’est ce pas ? Bien qu’avec la magie leur sort soit moins ingrat qu’il n’y paraissait, elle n’aimerait pas franchement faire équipe avec des elfes…

Elle le regarde froncer les sourcils et papillonner des yeux alors qu’elle rentre dans les questions d’ordre technique et elle a un doute quant à ses capacités… Il se redresse et s’approche du code de commerce avant de l’ouvrir manuellement à la table des matières…

Par Merlin…

La brune fronce les sourcils, véritablement décontenancée. Un simple sort de recherche par mot clef rendait parfaitement inutile la table des matières dans un premier temps, sauf à vouloir restreindre le champs de ses recherches mais étant donné qu ‘il ne savait pas quoi chercher… Elle ne dit rien à ce sujet, se contentant de lui proposer un visa :

- Recherchez moi l’article qui impose le principe selon lequel les actes du conjoint collaborateur sont réputés avoir été pour le compte du chef d’entreprise par exemple.

Ce n'était pas tant dans les mots employés mais bien le ton qui te mit la puce à l'oreille cette fois. Et même si tu te permettais une dernière vanne sur Barjows et Beurk, tu comprenais finalement que l'entretien venait de prendre une autre tournure. Tu sais, mon ange, finalement j'ai pas décroché le poste. Tu t'entends lui dire ça, à ton Ymkje à toi, et tu sais pertinemment qu'elle comprendrait. Elle rirait peut-être même de savoir que tu as envoyé une Muller balader.

Mais une chose te retient : le salaire. Ce fichu chiffre sur la promesse d'embauche vous permettrait à ta blonde et toi de vous permettre de vous lancer plus facilement dans d'autres projets comme celui de sa boutique. Sinon, clairement tu aurais rejoint les candidatures des balayeurs du Ministère. Mais aucun salaire de balayeur te permettrait d'obtenir aussi facilement autant d'argent que l'autre poste. Et elle le sait, la diablesse. Elle le sait parce que dans ton orgueil, t'a eu le malheur de lui dire.

Okay, on joue plus alors. Ta tête s'était relevé vers elle. Ton regard océan s'était calé au sien. Puisqu'il fallait en arriver là...

121-6... ou peut-être 7. Je l'ai pas lu depuis quelques années, désole. Ou peut-être que je l'ai lu mais je m'en rappelle plus. Ce disant, tes doigts n'avaient pas parcouru la table des matières, pas plus que ton regard n'avait relâché le sien. Tu répondais de tête, parce que ce genre de droit commercial, t'y avais eu droit en long et en large de par les choix de spécificité de certains collaborateurs de ton père. Ce même père qui aurait presque aimé que tu t'amuses à retenir par coeur l'intégralité de ce code.

Le Chapitre qui en traite explique notamment les différents statuts et responsabilités des deux parties en cas de conjoint collaborateur. Repoussant le livre vers elle, tu ajoutais : Vous pouvez controler si vous voulez. Tu étais sur de toi, peut-être un peu trop, mais tous les deux, vous aviez été à la même école après tout. Et tu ne pensais pas à Hungcalf.

Il avait donc simplement fallut de quatre chiffres pour que le De Launey retrouve la raison. C’était amusant, son père était pareil. Mettez sur la table de Nicolas une promesse d’indemnisation bien fournies et il devenait tout de suite plus agréable à vivre en tant que contradicteur. Et au plus il y avait de zéro, au plus la négociation était courte.

Il n’a as fallut bien longtemps à la Muller pour chercher un exemple de visa, il lui avait fallut replonger quelques années en arrière et se souvenir de ce cours en droit commercial et de ces notions qu’elle avait trouvé particulièrement… intéressantes ? Elle se souvient, jeune juriste à l’époque, s’être dit que le législateur avait pensé à tout.

Sur le coup, elle s’était alarmé de voir le jeune homme feuilleter manuellement le code. Mais elle comprenait un peu mieux pourquoi maintenant. Elle n’avait pas pu s’empêcher d’arquer un sourcil en entendant la réponse du jeune homme qui n’avait même pas prit la peine de la vérifier. Elle récupéra le Code et fit une recherche magique d’un coup de baguette :

- C’est tout à fait juste…

Elle ne pouvait que le constater. Quelle mémoire. Surtout pour un non spécialiste de la matière. Elle même connaissait très peu d’articles par coeur. Elle était une bonne juriste mais elle avait une piètre mémoire des chiffres.

- Pourquoi n’avez vous pas fait de recherche magique ?

Demande-t-elle, essayant de comprendre ce qui était entrain de se dérouler à l’instant.

C'était juste. Bien sûr que ça l'etait. Tu connaissais bien ces codes, et tu ne pouvais pas renier ce que tu avais fait par le passé : tu profitais d'Holly pour lui emprunter ses livres. Tu ne t'es jamais considéré comme un surdoué en réalité, juste comme une personne qui prenait de l'avance. Entre deux dessins, tu composais de la musique. Et entre deux musiques, tu lisais des livres. Lorsque ceux-ci parlaient de magie, a l'époque, tu te fascinait, et si il parlait de droit, et bien cela t'occupait. A cet âge insouciant, seule la connaissance comptait. Et aujourd'hui, elle finissait par t'être utile.

Question fatidique, la jeune femme finit par te mettre mal à l'aise. La magie, toujours la magie. Si je l'avais fait, je vaudrais ce qu'ils valent. Est-ce que tu te mets en avant alors que tu pointes du regard le mur derrière toi ? Pas du tout. Mais tu es sur qu'ils seraient nombreux à choisir la solution simple de la magie. Personnellement, j'oublie pas que mon intelligence est ma meilleure arme.

Bien sûr il n'y avait pas que ça. On pouvait parler longtemps de tes difficultés du moment. J'ai eu un p'tit accident avec la magie, alors disons que j'essaye de temporiser son usage, le temps de mon traitement. C'était bien ça, comme façon de l'expliquer. Parce que si cela pouvait sembler long à quiconque, toi tu pouvais toujours mise sur la qualité qui t'étais prodigué.

Sans vouloir vous manquer de respect, vous préférez quoi : un mec qui sort d'hungcalf pète de thunes, tout juste bon capable a faire un stupide sort de recherche, ou quelqu'un capable de se servir d'un code a son avantage ?

il y a quelque-chose qui ne va pas. Quelque-chose qui cloche. Quelque-chose qu’elle ne comprend pas. Alors elle fronce les sourcils, froissant son minoi, cherchant par elle même les réponses aux questions qui se bousculaient dans son esprit. Ce genre de mémoire était rare et bien qu’impressionnante, elle n’était pas indispensable à l’étude juridique. Elle n’était pas non plus utile si n’était pas couplée à d’autres compétences.

Et puis l’absence d’utilisation de la magie était surprenante. Etait-ce un effet de manche ? Juste pour l’impressionner ? La réponse vient rapidement et Calliope se mord l’intérieure de la joue pour ne pas répliquer que la mémoire n’est guère une forme d’intelligence mais tout au plus une compétence. Elle l’écoute patiemment et ne manque pas de lever les yeux aux ciel à la question du jeune homme.

Etait-ce la jeunesse qui les rendait si irraisonnés ? Qu’avait donc à faire là la bourse des candidats ? A ce qu’elle savait il n’y avait pas de seuil de gallions imposé et mentionné sur la fiche de poste. Evidemment que tout les juristes savaient utiliser un sort de recherche. Et il fallait reconnaitre que c’était pratique et rapide. Mais ça aussi, ce n’était pas suffisant pour être juriste. Sauf qu’il ne fallait pas nécessairement être juriste pour ce poste, quoi qu’en disait l’exigence d’un DUCS en Droit…

Elle reste silencieuse un instant. Pesant le pour et le contre. On lui a expressément confié cette mission en lui disant de choisir qui elle voulait parmi les candidats. Elle ne dérogeait pas vraiment à la règles puisque le De Launey s’était présenté. Elle était intimement persuadée qu’il pouvait faire l’affaire et elle se disait même qu’il pourrait secouer un peu le greffe qui avait souvent tendance à s’empâter, il fallait le reconnaitre. Et il allait rendre folle la vieille Dickson, directrice de greffes de son état. Et ça, ça, c’était un vrai « pour ». Enfin, s’agissant du fils de Nicolas, elle avait envie de l’aide.

- Vous aurez une période d’essai de trois mois. Renouvelable une fois. Et quoi qu’il arrive, elle sera renouvelée. Votre contrat démarrera le 3 janvier. Est ce que cela vous convient ?

Elle marque une pause avant d’ajouter sans même attendre la réponse du sorcier :

- Je prends un risque significatif en vous embauchant. Ne me le faîtes pas regretter.