Il esquive. Un coup à gauche, aisément il lui suffit de faire un pas de côté, puis un deuxième et quand l'adversaire à enfin perdu l'équilibre de porter un coup dans son estomac avec un bruit caractéristique. Dimitri a l'esprit clair, froid, il calcule comme à son habitude à l'avance l'attitude du mec en face. Torse nu il évolue depuis quelques rounds déjà dans l'arène tout droit sorti de son imagination. Il est ici chez lui, en terrain conquis. Les paris vont bon train autour d'eux, l'issu est simple, il n'y a pas de réel challenge mais l'adrénaline est bien présente dans ses veines. Le mec recule, vacille et prend quelques secondes pour se reprendre un peu. Dimitri étire son cou, secoue les bras en sautillant. Il grillerait bien une cigarette. Frapper l'aide à oublier son présent, son passé. Il a déjà un bleu entrain de se former sur son menton, il sera aisément dissimulable par un sort de métamorphose. Cette salle est sa deuxième obsession, sa deuxième maison, sa vie, son paradoxe.

***

Calliope présente sa Rune au gorille mal aimable qui protège l’entrée vers l’arrière du Styx. Elle n’aime pas cet endroit. La décoration, les gens, l’ambiance… Tout lui semble malsain. Rien ne lui semble familier. Elle a cette impression désagréable hors la loi alors même qu’elle était dans la partie autorisée à tout à chacun… Un bar, quelques roulettes de casino, des danseuses qui mériteraient qu’on les habille un peu plus. Elle même avait dû jouer de ses charmes pour obtenir la Rune que le sorcier est en train d’inspecter avec un air soupçonneux. Callum lui avait obtenu un droit d’entrée temporaire. Elle l’avait légèrement trompé en sous-entendant qu’elle souhaitait voir ce à quoi elle aurait accès avant de lui proposer de lui offrir des informations internes au Ministère de la Justice. Il était évident qu’elle n’avait aucune intention de le faire. Elle appréciait le jeune homme et pourtant elle l’avait sciemment trompé. Mais il le fallait. Elle avait besoin de savoir ce que le Majewski avait à cacher.

***

Il suffit parfois d'un rien pour être détourné de son objectif. Trébucher sur un caillou, rater une marche, ou encore, croiser un regard. Dans le cas de Dimitri, tout à commencé avec un regard. Inattendu, surtout inespéré, il n'aurait jamais fallu qu'elle se trouve là à cet instant, ni à aucun autre d'ailleurs. Il n'y aurait pu avoir pire équation pire tableau que celui de croiser le regard de Calliope alors qu'il devait parer ou tout du moins esquiver le coup suivant. Il atterrit durement, avec un bruit sourd, sur la pommette. Il s'écrase comme au ralenti alors que le stupide adversaire n'y croyait déjà plus. Il aurait pu ne pas remarquer les deux yeux noir au milieu de la foule, ne pas voir le visage de la coupable traîtresse au milieu de tout ces étranger. C'est garder le contact, avoir besoin de confirmer que c'était elle qui le conduit au tapis alors qu'un autre coup s'échoue sur sa tempe.

Il ne sait pas réellement comment du ring, il est descendu dans la foule. Il y a des étoiles, voire des taches noires qui masquent salement sa vue. Pourtant il arrive à se frayer un chemin jusqu'à suivre Calliope qui semble vouloir s'enfuir.

***

Elle a cru que jamais il ne la laisserait entrer. Pourtant la rune gravée par Callum est ce qu’il y a de plus authentique. C’est en grommelant que le gorille la laisse finalement passer cette porte. Il y a plusieurs jours que Calliope avait vu sa cible la passer et elle s’était vu opposer ne farouche résistance par ce même sorcier alors qu’elle avait voulu le suivre sans le fameux sésame. Il avait fallut qu’elle fasse parler un type au bar pour comprendre comment rentrer et ensuite elle avait contacté Callum…

Si le bar avait un léger aspect prohibition que Calliope n’appréciait pas vraiment, l’arrière du Styx faisait carrément penser à un bar clandestin. Il suffisait de voir les visages de ceux qui peuplaient cet endroit pour comprendre qu’il se tramait des choses louches. En temps normal, l’esprit pénaliste de Calliope aurait vu cette scène comme un cas pratique particulièrement interessant mais en réalité, la jeune femme sondait la pièce à la recherche du visage qu’elle cherchait. Elle essayait de se faire discrète mais sa tenue trop stricte dénotait avec celles des autres femmes qui évoluaient à cet endroit. Elle avait regardé toutes les tables mais le visage du Russe n’était nulle part…

***

Il la perd de vue trop rapidement. Il faut dire que la vue brouillée, il ne serait pas apte à trouver de l'eau dans la mer. Pourtant, il ne peut pas se décourager, il faut qu'il la retrouve, qu'il lui demande ce qu'elle fait là ou plutôt comment elle l'a retrouvé. Il la secouera jusqu'à avoir les informations, jusqu'à savoir qui il devra tuer pour faire taire les rapporteurs. Ses pas le conduisent plus lentement qu'il ne l'aurait voulu vers la sortie de la salle de combat. Sur son passage il est dévisagé, sans doute reconnu. Il n'en a cure.

Dans la salle du casino moins bondée il lui semble la voir de dos. Calliope Muller n'est pas à sa place ici, elle détonne. Il voudrait courir, mais il se contentera de marcher. Il ne réalise pas même que du sang s'ecoule sur son visage depuis son arcade. Une perle rouge qui lui donne un air violent sans parler de sa tenue, de son air de chien méchant.

Il ne la rattrape que dehors à l'aide du vigile de l'entrée qui semble pas plus avoir confiance en la jeune femme qui semble définitivement coupable.

"Je m'en occupe."

La main de Dimitri se saisit du bras de la jeune femme.

***

Il y a du monde et pourtant elle  a l’impression d’avoir croisé tous les regards sans voir le
Majewski. Elle ne voit pas d’autres portes, d’autres passages… Il y en a peut-être mais l’obscurité de la pièce n’est pas vraiment de nature à rendre les choses faciles. Une cloche sonne et Calliope imite la foule en levant son regard vers la scène qui se transforme magiquement en ring. La Muller fronce le nez avant de comprendre ce qu’il y a d’illégal et ce qui justifie la rune qu’elle a sur le poignet.

Elle allait se désintéresser du spectacle lamentable et délictueux qui allait se jouer à cet endroit, elle n’était pas vraiment là pour se divertir quand elle reconnut le visage de celui qui grimpait sur le ring. Auror et boxeur lors de combats non déclarés… voila qui devenait vraiment intéressant. Celle qui allait partir croisa les bras sur sa poitrine pour regarder le combat se dérouler. Tout ce qu’elle pouvait apprendre à partir de cet instant pouvait être intéressant même si elle avait déjà ce qui lui fallait.

Elle le trouve stupide, et beau, sur ce ring. Elle se demande bien pourquoi il fait ça… Qu’importe. L’essentiel étant qu’elle le sache. Un partout, le souaffle au centre. Elle aurait pu partir mais quelque part elle est fascinée de le voir évoluer autrement que comme l’auror stagiaire qu’elle à l’habitude de voir. Elle aurait dû partir.

***  

Il ne se rend pas compte de la douleur, n'entend pas le sang qui pulse fort à ses veines. Ne compte que la retrouver. Que fera t'il réellement une fois que ça sera le cas ? Il pourrait miser sur l'oubliette comme elle a elle-même tenté. Il lui en veut pour ça, pour le peu de confiance qu'elle lui a accordé. Bien sûr il ne lui avouera pas. Mais venir le traquer jusqu'ici ? Elle mérite punition. Par chance, il a des alliés ici, de ceux qui pensent comme lui que Calliope Muller n'a rien à faire au styx. Elle sent bon le ministère, pas de doute qu'une femme de ce genre traîne derrière elle les emmerdes dues à la légalité. Non, ça ne sent pas bon.

Elle se retourne, elle n'a plus le choix, il la tient fermement comme il l'a déjà fait des semaines auparavant. Il ne la lâchera pas, il l'attire même de nouveau à l'intérieur.

"Qu'est-ce que tu fous là ? "

Le coup sur la tête a ébranlé le masque et l'armure allant avec.

***

La Muller cédait rarement à la curiosité mais ça avait été plus fort qu’elle. Et quand les prunelles noires d’incrédulité accrochent le regard du combattant, elle n’attend pas une seconde pour faire demi tour et partir.

Elle ne court pas pourtant ce n’est pas l’envie qui manque. Mais elle est en escarpins, il y a du monde et elle ne veut pas attirer davantage l’attention. Pourtant son instinct lui dit « plus vite ». Elle essaye de transplaner mais le Styx est bien protégé. Elle essaye de nouveau à peine a-t-elle posé un pied dehors mais la poigne du Majewski l’en empêche. Pour changer.

Il a une sale tête. Du fait de sa blessure à l’arcade qui saigne abondamment et du fait du regard fou déformé par la rage. Elle ne l’a jamais vu comme ça. Elle ne l’a jamais vu perdre son calme. Pourtant, elle n’a pas peur.

- Je remets les compteurs à zéro.

Il voudrait bien la secouer. Pourtant il ne le fait pas. Il a perdu son self control, mais le coup reçu tempère la fureur, le corps ne suit pas ce que sa conscience voudrait déchaîner sur la jeune femme. Il n’est pas fou, ici, un sortilège impardonnable ne serait peut être pas plus toléré qu’ailleurs. A sa réponse, il aurait pu s’attendre cependant. Elle l’a suivi, c’est clair maintenant, elle l’a suivi, l’a traqué jusqu’à dévoiler son secret. Cette satanée femme qui ne peut agir en conséquence, qui ne peut se soumettre, ne peut faire confiance, ne peut que détruire. Cependant, elle ne doit pas tout savoir, ce n’est pas possible. Tout ce qu’elle a vu, c’est lui en train de combattre dans une salle illégale. C’est tout. Mais ça ne suffit pas à le raisonner. La paranoïa reprend le dessus sur le reste.

“Comment es tu entrée ? ”

Il a l’air fiévreux, fébrile, fou. Il la tire dans un coin sombre, il la tient toujours fermement. Il est tenté de la faire disparaître, il sait comment.

La Muller est bien contente d’être en public parce qu’elle voit bien dans les yeux sombres du Russe qu’il est en rage. Et franchement, elle n’aurait pas donné cher de sa peau s’il n’y avait pas quelques pairs d’yeux pour les observer en coin alors même qu’ils ne pouvaient pas entendre leur conversation dans le brouhaha du Styx. Mais Calliope ne regrette rien. Elle a enfin l’impression de reprendre le contrôle de sa vie. Le "comment'' n'était pas intéressant… le “pourquoi” était beaucoup plus important :

- Ça me regarde.

Sa voix est neutre. Elle jette un coup d'œil sur son avant bras qu’il sert de plus en plus fort. Elle lève de nouveau les yeux vers le regard foncé du bel étudiant avant d’ajouter en désignant du menton une des serveuses.

- Tu devrais me lâcher, même tes amis nous regardent bizarrement.

Il n’en a cure de ce qu’elle dit. Ce n’est pas ce qui l’intéresse, pas plus que de prendre le risque de passer pour un fou. Il est au-delà de ça à présent. Il sait qu’il va falloir renforcer la sécurité ici, il n’est pas possible de laisser entrer le ministère si loin dans les affaires du Styx, c’est trop imprudent. Aujourd’hui il risque gros et il n’a de doute que c’est à cause de quelqu’un qui travaille ici.

“Ne t’en fais pas pour mes amis, quand ils sauront qui tu es, ils me reprocheront de ne pas t’avoir tuée. ”

Il exagère à peine, en tout cas, c’est ce qu’il a envie de faire à présent, il ne sait pas ce qui le retient, un brin de conscience sans doute. Cette même conscience qui le fait se retrancher dans un salon privé avec la jeune femme à laquelle il est toujours cramponé.
A l’aide de sa baguette il ferme la porte derrière lui sans un mot, c’est ensuite vers Calliope qu’elle se dirige naturellement. Le sang coule sur son épaule à présent. Il lutte contre lui-même, contre cette gêne physique, son mental est plus fort, mais il n’est plus rationnel. Il faut qu’il sache si c’est pour lui, ou pour le Styx.

“Pourquoi es tu là ? ”

La Muller n’a pas pu s’empêcher de lever les yeux au ciel. Le schéma semble se répéter. Un secret puis des menaces. A croire qu’ils étaient destinés à s’entretuer. Pourtant la brune ne le craint pas, elle sait ce qu’il ressent à cet instant. Elle l’a ressentie il y a quelques jours de ça… Elle le dévisage plusieurs secondes sans rien dire. Elle voudrait soigner cette plaie. Elle pourrait. Mais elle est consciente que chaque mot, chaque geste doit être pesé parce que la rage du Majewski le rend instable.

- Pour remettre les compteurs à zéro.

Elle se répète mais l’essentiel est là. C’est exactement pour ça qu’elle s’est déplacée, c’est exactement pour ça qu’elle a creusé jusqu’à tomber sur Dimitri sur ce ring dissimulé aux yeux du tout à chacun. Elle prend un ton particulièrement calme pour rajouter.

- Maintenant, tu peux me lâcher. Je vais partir. Je ne dirais rien, tu ne diras rien. Et nous allons reprendre paisiblement le cours de nos existences. Je pense que tu n’y verras pas d’objection.

La lâcher comme elle le demande ne semble pas être une option pour Dimitri. C’est comme s' il ne le pouvait pas. Elle n’a pas répondu à sa question directement, elle ne t’as pas donné les informations dont tu avais besoin. Il faut que tu lui laves le cerveau, qu’elle ne soit pas capable de parler. A personne. Il y a une faille dans le système, un vendu, quelqu’un qu’il va falloir punir d’avoir permis à Calliope de se retrouver là.

"Tu penses que tu peux venir ici et t’en sortir impunément? Depuis quand es tu devenue naïve ?"

Son regard est mauvais.

“Qui t’as permis d’entrer ici ?”

Il appuie plus fort sur son bras. Il voudrait le lui briser, il en prend le chemin. Et sentant la douleur irradier dans tout son bras, la jeune Muller n’a d’autre choix que de sortir sa baguette. Trop proche de lui pour la pointer sur son torse, elle vise la gorge. Calliope n’est pas une excellente duelliste mais elle n’est pas non plus hésitante quand il s’agit de se défendre.

- Tu as voulu jouer Majewski. Tu as ouvert les hostilités, je n’ai fait que répliquer. Peu importe comment et grâce à qui. Regarde.

Elle lève son autre main pour lui mettre sous les yeux. Elle attend que le russe ait bien vu l’absence de trace sur son poignet et qu’il relève les yeux vers les siens pour y plonger avant de prononcer avec un détachement étonnant :

- C’était une rune temporaire, elle s’est effacée. Je ne pourrais plus jamais revenir ici. Je n’en avais pas l’intention. Je me fiche de vos petites affaires dissimulées, crois moi. Je ne dirais rien sur tes petits secrets si tu gardes précieusement le mien. Lâche moi, maintenant. Tu me blesses.

Il hésite. Ca ne concerne que lui, peut être, mais ce n’est pas pour autant qu’il va lui faire confiance si facilement. Malgré le fait qu’elle le pointe avec sa baguette, il n’a pas peur. Il se sait plus réactif, elle ne fait pas le poids. Il doute que Calliope soit de ceux capables de lancer un sort sans dire le moindre mot, d’autant s' il lui tord le cou. Les mots de la jeune femme tourne dans son esprit stressé. Un deal, voilà ce qu’elle propose. Il comprend son plan, elle a eu ce qu’elle voulait, si il était plus lucide à cet instant il se rendrait compte de la similitude entre leur deux esprits.

Il sort d’une poche dissimulée de son pantalon sa baguette de bois sombre. Il ne la lâche pas, mais desserre l’étreinte. Il ne s’agit plus de réfléchir, seulement d’agir. Son regard injecté de sang dévisage un instant Calliope,et enfin de sa baguette il pointe leur deux membres quasi enlacés. Il attend, il a besoin qu’elle pose la main sur son bras pour pratiquer le serment.

Les yeux plongés dans les siens, elle ne tressaille pas, ne baisse pas les yeux. Elle est sûre d’elle. Plus sûre d’elle que jamais. Elle s’est mouillée parce qu’elle le devait. Elle s’est abaissée à son niveau parce que c’était le seul moyen de rétablir l’équilibre. Elle l’avait fait. Et quand il sort sa baguette pour la pointer vers leurs avants-bras à demi-enlacés, la jeune femme ne peut retenir un rictus. Le Majewski est encore plus paranoïaque qu’elle alors qu’elle estime qu’il a bien moins à perdre qu’elle. Elle n’hésite pas une seconde à attraper le poignet du soviétique, achevant la position adéquate pour un tel ensorcellement.

- Je t’en prie, énonce tes conditions.

Que Calliope ne cille pas n’étonne pas Dimitri. Elle vit dans ce monde semblable au sien même si les codes sont eux quelque peu différents. Celui de la Muller n’évolue pas dans une menace de la douleur physique, brutalement. Elle explore et subit davantage les faux semblants, les colères de ceux qui portent des couronnes sur la tête.

"Jamais tu n’évoqueras mes activités, ne parlera du Styx ou n’y remettra un pied. "

Doucement la magie fait son œuvre.

T’y engages-tu ?
- Je m’y engage.

Les filaments de magie enroulés autour de leurs bras scellés fondent sous leur peau. D’un geste doux, la Muller sort à son tour sa baguette. Voilà déjà plusieurs minutes que la juriste réfléchit à la manière de formuler sa condition afin que celle-ci soit la plus précise et la plus sécuritaire possible.

- Jamais tu ne parleras de la réalité de ma conception avec qui que ce soit d’autre que moi même.

Des filaments argentés sortent de sa baguette pour venir entourés leurs avants bras. Calliope affiche un visage serein, une voix presque soulagée même. Elle donne l’impression d’avoir, enfin, remporté une bataille dans cette lutte acharnée et épuisante contre le soviétique.

- T’y engages-tu ?
"Je m’y engage."

La réponse n’a pas fusé. Il a mis du temps à répondre, à valider sa demande. Non pas qu’il y ait vraiment eu lieu à une hésitation, il savait très bien ce qu’elle allait lui demander. Ca n’a rien d’étonnant, en réalité. Il a détaillé avant son expression, son visage parfaitement lisse quand le sien est tout tuméfié en miroir. Les mains sont jointes, la magie les liant fortement l’une à l’autre. Elle semble se mêler aux veines sur leur bras, et enfin s’y fondre pour complètement disparaître quelques instants plus tard. Il garde une seconde de plus sa main dans la sienne, avant de la lâcher brusquement comme si elle le brûlait.

"Pars. Et ne reviens jamais. "

Ce n’est pas une demande qu’il lui formule, un ordre sous forme de conseil avisé. Il a fort à faire, et il ne veut plus avoir son visage, sa présence imposée sous ses yeux. C’est trop à l’heure de la trahison. La Muller hoche la tête face à l’affirmation.

- Tu devrais faire soigner ce visage, ça risque de mal tourner…

D’un geste lent, elle déplace une mèche de cheveux qui menace de se mélanger au sang qui coule de son front. Pas un au revoir, pas un regard pour le Styx qu’elle reverra pas. Il semblerait que la magie la pousse vers la sortie car elle se sent beaucoup mieux alors qu’elle pose un pied en dehors de l’établissement. Elle respire mieux, comme si elle venait enfin de sortir la tête de l’eau.