Calliope avait bien des défauts, mais pas celui d’être portée sur l’alcool. Elle buvait un verre de vin de temps en temps, mais rarement plus. Aussi, elle n’était pas naïve et elle savait qu’un tel breuvage risquait de l’atteindre rapidement et sans qu’elle ait besoin d’en boire plus que quelques millilitres. Pourtant, elle observe le roumain en servir un deuxième sans refuser. Pourquoi ? Peut-être dans l’espoir que leurs relations soient un peu moins guindées sous l’effet d’une ivresse contrôlée.

- Quatre ou cinq…

Répète-t-elle avec un certain étonnement, bien consciente que si elle en était rendue là, elle risquait de se retrouver à ramper sur le parquet trop vernis de l’appartement du diplomate. Elle récupèra le verre qu’il venait de lui offrir mais ne le but pas tout de suite, se contentant de le regarder s’installer avec elle. « Tu n’es pas obligée de le boire. Loin de moi l’idée de t’enivrer. »

- C’est bien aimable de ta part.

Répond-elle en riant. Pourtant, elle boit une minuscule gorgée, commençant doucement à s’habituer à l’odeur et au goût de cette liqueur dont elle n’a pas l’habitude. « Quelle est ta plus mauvaise expérience avec l’alcool ? Si ça te ne gêne pas d’en parler. Je crois que j’ai eu ma première cuite à Durmstrang. Sans surprise, dois-tu penser non ? ».

- Mhm… Bonne question.

Elle réfléchit un instant, bien incapable de se souvenir d’un instant où elle aurait trop bu au point de faire d’un souvenir, un mauvais souvenir.

- Peut-être un vin bouchonné. Désolée, ce n’est pas très croustillant à raconter.

Elle boit encore un tout petit peu et s’installer contre le dossier du canapé, son regard un peu plus brillant qu’à l’accoutumé venant s’accrocher à celui d’Arthur.

- Raconte-moi Dumstrang. La documentation est riche en ce qui concerne les autres écoles de magie mais la votre… Est-il vrai qu’on vous y enseigne à supporter la torture où est-ce une légende qui a pour but de vous endurcir dans l’imaginaire populaire ? Est ce que cette cicatrice en est un silencieux témoin ?

Demande-t-elle, en glissant son doigt le long d’une des cicatrices qui macule son avant bras dénudé.

Il regarda son regard divaguer dans les effluves de ses souvenirs pour n’en ressortir qu’un, peu impressionnant pour un gaillard comme Arthur. Il fit son possible pour ne pas afficher sa déception, conscient que piquer l’orgueil de Calliope ne le mènerait à rien et que sa famille attendait sûrement de lui qu’il ne se fiance pas à une poivrote, mais bien à une élégante lady capable de se cuiter au vin bouchonné. L’heure n’y était pas, mais il aurait pu penser à Isabelle et sa position dans l’un ou l’autre camp. Il la trouvait élégante lorsqu’elle sirotait son vin rouge ou blanc français comme une experte, tout comme il trouvait surprenant qu’elle puisse ingérer un alcool roumain aussi fort sans sourciller. Il mettait toujours cela sur le lien unissant leurs familles auparavant, les ayant l’un et l’autre acclimaté aux diverses traditions.

Il ne quitta pas son regard et ce, même lorsqu’elle évoqua Durmstrang. C’était un consensus général : chaque personne étant passée par Durmstrang et connaissant ses quelques secrets ne les révélait pas au premier venu. Arthur faisait partie de ceux qui, peut-être inutilement ou bêtement, insistaient sur ce mystère et l'entretenaient. Après tout, ne disait-on pas que l’on enseignait la magie noire dans l’école froide et austère de l’Est ? De nombreuses figures néfastes étaient passées entre ces murs, dont le célèbre Gellert Grinderwald - coqueluche des Lacroix, allez savoir pourquoi. Calliope et sa curiosité ne le surprenaient pas. À sa place, il aurait eu lui aussi une tonne de questions. Les rumeurs étaient-elles vraies ? Fausses ? Erronées mais basées sur un fondement véritable ? Le Roumain baissa les yeux sur la cicatrice qu’elle touchait de son doigt et serra légèrement la mâchoire, à défaut de l’extraire de son toucher. Son corps avait, en effet, souffert de nombreuses douleurs et toutes ne s’illustraient plus en surface. Elles somnolaient sous sa peau et dans sa mémoire, attendant d’être ravivées par un simple toucher du doigt. Léger, innocent et provocateur. Il planta son regard d’acier dans le sien.

« La seule solution pour que tu obtiennes une réponse à ta question est d’essayer de me torturer… » Un léger rictus orna ses lèvres quelques secondes. Il ne pouvait lui avouer que la plupart de ses cicatrices encore présentes étaient majoritairement dûes à ses missions pour Absolutum et au mauvais tempérament couplé à une éducation stricte de son père.

« Durmstrang possède un enseignement poussé de la magie offensive et ce, dès les premières années à l’Institut. Forcément, on apprend à encaisser les coups. Les températures y sont dures et les salles chauffées uniquement lors des cours de magie. On peut peut-être voir ça comme de la torture… ou un endurcissement nécessaire accompagnant une discipline de fer pour des adolescents difficiles et fortes têtes. » Il défendait son école et la défendra toujours. Il n’y règne pas la chaleur de Poudlard et l’élégance de Beauxbâtons, mais les élèves sortant de cet institut sont coriaces, prêts à encaisser n’importe quel coup que leur réserve la vie. Peut-être même un peu trop…

Elle le reconnaissait volontiers, elle n’était pas la personne la plus amusante que l’on puisse rencontrer. On lui reprocher parfois d’être trop sérieuse même. La vérité, c’était que c’était plus simple pour elle d’être dans le contrôle absolu que de se lâcher. Toute sa vie n’était basée que sur les apparences… Elle n’était que trop consciente de tout ce que ça impliquait.  

Liqueur à la main, régulièrement portée à la bouche, elle observe Arthur. Ayant évoqué Durmstrang et ses mystères, elle se surprend à pencher la tête comme pour voir le visage du roumain sous un autre angle. C’était peut-être l’alcool mais elle trouvait ses yeux particulièrement bleus, particulièrement beaux, quand il était sous cette lumière. Elle s’ose a un léger rapprochement en glissant son doigt sur une des cicatrices qui orne son poignet. Si le regard d’Arthur s’y laisse aller l’espace d’un instant, il finit par retrouver le chemin des yeux de biche de la brunette.

« La seule solution pour que tu obtiennes une réponse à ta question est d’essayer de me torturer… ». Elle plisse les yeux. Elle se demande même si le diplomate est sérieux. Aurait il un côté masochiste qu’il avait su lui dissimuler jusque là ? Pire… Elle se demande si elle serait  capable d’une chose pareille. Calliope était loin d’être un enfant de coeur, mais de manière générale, elle préférait ne pas se salir les mains elle même.

Arthur se laisse finalement aller à quelques confidences. Rien qui ne puisse exciter l’imagination de la Muller, néanmoins. Elle pouvait imaginer ce qu’il décrivait. Il suffisait de voir ses étudiants qui venaient de Durmstrang pour constater qu’ils avaient quelque-chose de différent. Si parfois cette atypie se lissait avec les années sur les banc d’Hungcalf, certains comme Arthur gardaient cette dureté qui pouvait à tort être lu comme de l’amertume.

- Et comment tu aimes être torturé, Arthur ?

Demande-t-elle soudainement. Elle avait appuyé son coude sur le dossier du canapé et posé sa joue sur le dos de sa main. Comme quoi, elle se surprend elle même parfois à être aventureuse, puisqu’un léger sourire s’est emparé de ses lèvres et que son regard eye-liné s’accroche à la glace.

Il tourna vers elle un regard surpris. De tout ce qu’il venait de lui “révéler” sur Durmstrang, elle choisissait de ne rebondir sur… rien. Au contraire, elle se faisait aguicheuse, quelque chose qu’il n’attendait plus. La liqueur roumaine le surprendra toujours. Une opportunité se présentait à lui de mener à bien sa mission et il ne pouvait passer à côté. Ainsi relâchée, elle paraissait presque… vulnérable. Sauf qu’Arthur n’était pas dupe à ce point. Il lui faudra bien plus que quelques gorgées rapidement sirotées pour rendre la Muller vulnérable !

Mais cela voulait dire qu’à son tour, il devait se “relâcher”. Heureusement qu’il n’en était pas à son premier jeu d’acteur… Sans mimer sa position, il s’installa de façon à lui faire face sans paraître trop rigide dans sa tenue. Le verre en main et l’autre se baladant sur le dossier du canapé du côté de Calliope, il la regarda longuement avant de sourire.

« Par une belle femme, c’est certain. » Quitte à jouer le jeu de la séduction, autant le faire à fond non ? Elle trouvera peut-être cela grossier mais cela ne veut pas dire que ses mots ne trouveront pas preneur. « Et de façon physique. Que demande le peuple ? Quitte à me faire malmener, je préfère que ce le soit dans un environnement plaisant et par de belles mains expertes. Et puis, parfois, la simplicité a son charme : assis, ligoté sur une chaise. » Il était dingue d'entretenir ce genre de conversation, ce n’était pas le sujet favori de ses conquêtes lors de rencards. D’autres partiraient en courant mais Calliope se tenait là, entre le fantasme et la réalité. Disait-il vrai ? Avait-il déjà été torturé ? Est-ce que sa réponse se basait sur son expérience personnelle ? Il laissait volontairement planer le doute tout en affichant un air calme et détendu. Pour ne pas l’effrayer ou s’attirer des ennuis.

« Comment choisirais-tu de me torturer, Calliope ? Si tu pouvais laisser marcher ton imagination. » Il se rapprocha légèrement, d’à peine un centimètre ou deux, pas plus. Presque imperceptible. Il la sondait de ses yeux clairs comme pour y lire une révélation à laquelle il ne s’attendait pas. Elle pouvait encore le surprendre.

C’est que le roumain ne lui avait rien apprit qu’elle ne savait déjà. L’un de ses meilleurs amis était un ancien élève de Dumstrang et tout comme Arthur, il aimait cultiver le secret qui planait sur l’école de magie sibérienne. Le côtoyant depuis plus de dix ans, A. lui avait quand même laisser quelques informations s’échapper au fil des années. Aussi, les révélations d’Arthur n’en étaient pas vraiment et la Muller avait décidé de faire prendre à cette discussion un autre tourment.

S’il était clair qu’elle ne s’éprendrait pas du Batthyany comme elle avait pu s’éprendre de William ou même de Dimitri, il restait un très bel homme et un bon parti. Se rapprocher de lui offrirait l’opportunité de faire croire au monde qu’elle était engagée et lui offrirait quelques mois… peut-être même années… de paix. Et s’il fallait coucher avec lui pour obtenir la paix sociale, alors la Muller ne se ferait pas prier.

Jouer l’aguicheuse n’avait rien de difficile. C’était même un rôle qui lui plaisait bien qu’elle ne s’y laisse aller que très rarement. « Par une belle femme, c’est certain. » Le poisson avait mordu à l’appat. Voila qui était aussi merveilleux qu’inattendu. Il n’en fallut pas plus pour que le roumain ne dévoile quelques fantasmes plus ou moins socialement acceptable mais il fallait reconnaitre que l’entendre parler ainsi avait quelque-chose d’excitant.

- Ah oui ? Je te pensais plutôt dominant que dominé. Comme les apparences sont trompeuses.

Un sourire mutin s’élève de ses lèvres. « Comment choisirais-tu de me torturer, Calliope ? Si tu pouvais laisser marcher ton imagination. » Il s’approche et ça en serait presque intimidant si ce n’était pas elle qui avait ouvert le feu. Son regard ne cille pas, concentré sur les yeux clairs du diplomate. Il lui faut quelques secondes pour réfléchir à ce qui pourrait contrarier le diplomate autant qu’éveiller son excitation. Et puis plutôt que de lui dire, elle sort sa baguette et attire vers une eux une chaise qui se place juste à côté du sorcier.

- Je peux te montrer, si tu veux.

Quoi que montrer n’était pas tellement le terme adéquat.

« J’imagine que l’identité de la dominante à son importance en la matière… » admit-il. Arthur n’était pas prêt à se laisser dominer par n’importe qui. En fin de compte, il lui fallait de la confiance pour en arriver à ce stade du fantasme et les femmes envers qui il pouvait avoir cette vulnérabilité se comptaient sur les doigts d’une seule main. Calliope n’en faisait pas partie, de toute évidence. Leur relation était toute récente et ne se basait que sur le mensonge et la quête d’information. Impossible d’instaurer un climat de confiance dans ces circonstances. Arthur ne souhaitait pas finir comme le pauvre Dimitri, trop bête pour évaluer avec justesse la dangerosité du sexe féminin. Alors, quand elle fit venir la chaise à eux, le Roumain eut un soupçon d’hésitation. Son esprit allégrement paranoïaque lui criait de ne pas se laisser aller à une telle erreur. Si elle s’amusait à l’attacher, comment se défendra-t-il en cas d’attaque ? Tout cela n’était peut-être qu’un plan très élaboré pour se débarrasser de lui. Une fois les empreintes de la Muller effacées de toutes ses affaires personnelles dans l’appartement, qui pourrait savoir qu’elle se trouvait là ?

En se posant toutes ces questions, une réalisation le frappa. Arthur savait fort bien qu’il lui était impossible de faire confiance aux autres mais jusqu’à présent, cela ne l’avait pas choqué. Il trouvait naturel de se méfier. Mais au final, même les instants de complicité passaient sous la loupe de sa paranoïa, si bien qu’il était prêt à s’empêcher de vivre de nouvelles expériences. Par crainte de perdre le contrôle. La faute à Isabelle, vous dira-t-il… en mentant. Elle n’avait pas arrangé les choses et lui non plus, loin de là. Même avec Emmy, il ne parvenait pas à baisser la garde.

Il s’assit mais garda sa baguette en main et le mur dans son esprit bien haut et solide. Hors de question qu’elle essaye d’y pénétrer d’une quelconque façon. Arthur ne maîtrisait pas la manumagie aussi bien qu’il l’aurait espéré mais cela, Calliope ne le savait peut-être pas. A lui de bluffer… au cas où.

« Et maintenant ? Qu’as-tu en tête ? »

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Le temps semble ralentir, tandis qu’ils se jaugent. L’attente de la réponse du roumain après l’audacieuse proposition de la Muller est interminable et à plusieurs reprises elle a pensé à le presser. Ou à lui sommer d’abandonner sa réflexion… Quelque-part, sûrement espérait-elle qu’il se dégonfle. Qu’il refuse. Légers éclairs de lucidité pour se rendre compte que charmer Arthur et s’afficher à son bras était une chose… coucher avec lui en était une autre. Parce que c’est ainsi que cela se dirigeait, n’est-ce pas ?

Trop tard. Fort d’une longue réflexion, le diplomate se lève et s’assoit sur la chaise apportée par les soins d’une Muse qui avait trop d’égo ou trop d’ambition pour abandonner. S’il fallait coucher avec Arthur pour vivre sans la pression de la société, elle pouvait bien coucher avec lui. Après tout, c’était un bel homme, non ? Elle essayait de se convaincre elle-même que cela suffirait.

Ce qui était sûre, c’est qu’elle était une belle femme et que sa confiance en elle ne saurait être alterée par la réalité de sa nature. Elle avait depuis trop longtemps dealé avec cette partie d'elle-même pour se laisser avoir par l’ombre des doutes. Alors inspirant doucement, elle se lève sans que son regard ne quitte celui du roumain. Glissant sa main contre sa cuisse là où sa jupe était fendue, elle remonte la soie pour pouvoir passer une jambe au-dessus de celle d’Arthur. Bassin contre bassin, une jambe dénudée, Calliope pose ses mains son torse et les remonte doucement jusqu’à couvrir ses yeux.

- Il faut un peu de lâcher prise pour entreprendre ce que j’ai en tête, Arthur.

Il pensa à Isabelle. Bien sûr qu’il y pensa. Ils ne s’étaient pas juré de ne plus toucher personne après leur séparation, c’était une évidence pour elle comme pour lui. Mais Arthur se demanda jusqu’où il était prêt à aller pour accomplir une mission. Callie aurait pu lui plaire si cette image de tueuse d’hommes ne lui collait pas à la peau dans son esprit. De bonne famille, belle, sensuelle - venait-elle de le prouver en s’installant sur lui avec la grâce d’un félin - on ne pouvait lui donner que peu de défauts. Et pourtant, rien en lui ne lui accordait sa confiance. Quelque chose le gênait. Était-ce le secret derrière ses yeux bruns ou les tics qui la prenaient parfois ? Ou ses simples préjugés bien ancrés sous sa peau dure de Durmstrang…

« Je dois bien admettre que je ne te jugeais pas capable de lâcher prise, pas plus que moi d’ailleurs. Mais si tu es prête à le faire, je veux bien te suivre. » Ce faisant, elle posa la main sur ses yeux, ce qui crispa sa mâchoire. Ses doigts, eux, se resserrèrent sur sa baguette. Pourtant, il respira profondément et fit mine de se détendre, d’être à son écoute. Tout pour arriver à ses fins. Il alla même jusqu’à poser sa main disponible sur sa jambe découverte, idéalement du bon côté. Comme si elle l’avait fait exprès. Arthur releva la tête, son menton en avant, feignant un lâcher prise qu’il ne saurait jamais atteindre avec Calliope. Allaient-ils aller au bout ? Il fallait vivre pour le savoir. Lui ne pouvait avoir aucune certitude à ce sujet. Il eut un sourire à son attention.

« En vérité, dis-moi tout. Tu comptes m’égorger, n’est-ce pas ? Attention, je pourrais mal le prendre. Et surtout, j’aimerais savoir sous quelle partie de cette robe tu caches ton couteau… » Arthur devrait craindre le danger mais même en cet instant, quand il pouvait réellement risquer quelque chose, il n’y parvenait pas. Il se jouait de lui, d’elle, de ses chances de survie. Peut-être ne souhaitait-elle vraiment de lui qu’un peu de passion sur l’oreiller, sauf qu’il en doutait fort.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Arthur ne semblait pas être le genre d’homme à enchainer les conquêtes. Si c’était le cas, il aurait essayé de l’avoir dans son lit bien plus tôt… Après tout, cela faisaient plusieurs mois qu’ils se côtoyaient et… rien. Elle en concluait donc ceux choses. La première, c’était que couchait devait avoir une espèce d’importance pour lui. Comme ça aurait pu en avoir pour elle si elle n’avait pas à se prostituer pour simuler un statut social. La deuxième, c’est qu’il fallait qu’elle prenne les choses en main. Que si elle voulait l’hameçonner, c’était maintenant ou jamais.

« Je dois bien admettre que je ne te jugeais pas capable de lâcher prise, pas plus que moi d’ailleurs. Mais si tu es prête à le faire, je veux bien te suivre. » Il présente cela comme s’il lui faisait une faveur. Si la Muller aurait pu se retrouver contrarier, il n’en est rien. Elle a bien consciente que certains hommes sont plus faciles à obtenir que d’autres… Et elle était trop bien engagée pour jouée l’outrage.

- Et moi qui croyais que tu m’enivrais pour profiter de moi.

Prétend elle d’une voix amusée.

- Bien…

Un sourire dans la voix, elle l’observe essayer de se détendre. Elle se rend bien compte qu’il fait de gros efforts et qu’ils sont presque vains. La main d’Arthur est chaude sur sa cuisse. Son autre main, elle, n’est pas capable de s’abandonner. « En vérité, dis-moi tout. Tu comptes m’égorger, n’est-ce pas ? Attention, je pourrais mal le prendre. Et surtout, j’aimerais savoir sous quelle partie de cette robe tu caches ton couteau… ». Le rire de Calliope se fait un peu plus sonore qu’à l’accoutumé, la faute à la “țuică”.

- Tu n’as pas bien regardé ma robe si tu penses que je peux cacher quoi que ce soit dessous, Arthur…

Alors qu’elle parle, sa voix se fait de plus en plus basse tandis qu’elle s’approche du visage du Batthyany. Une seconde après avoir prononcé son prénom dans un souffle, ses lèvres viennent à la rencontre de celles du roumain.