la vie n'est pas un conte de fée ;
si vous perdez une chaussure à minuit, c'est que vous avez trop bu

C'est injuste. C'est ce que les gens pensent des fois. Ils se disent que la vie est injuste parce que lorsqu'ils commandent au resto, ils apprennent que la personne juste avant a pris le dernier Burger en stock. C'est injuste, qu'ils pensent, quand parfois,  ils essayent d'obtenir les faveurs de quelqu'un mais qu'ils n'y arrivent pas. Toi, ton injustice, c'est d'être enfermé dans une vie qu'est pas la tienne. « Hey, Dolly, ça va être trop bien le match ! »
Soyez contents, soyez-le. J'essayerais juste de vous imiter pour voir comment on fait.
T'es doué au Quidditch. C'est un fait. Parfois, t'aimerais que ce soit pas le cas. Parfois t'aimerais te dire que si t'avais pas été douée, t'aurais pu abandonner cette idée de rêve remplacé. T'aurais pu retourner à tes premiers amours, tes chaudrons, tes potions et tes explosions.
Mais tu peux pas.
Elle te laissera pas y retourner, ta conscience.
Alors tu t'habilles, doucement, ayant l'air excitée d'aller un match auquel t'as même pas envie d'assister. Mais tu dois y assister. Que ce soit pour ton équipe, pour ton école, pour ta sœur. Elle aurait aimé être là. Et c'est pour elle que t'y vas. Pour elle et pour pas perdre la face, face aux autres personnes. Celles qui pensent que le Quidditch, c'est réellement ta vie. « Et ben dis moi Dolly, pour quelqu'un d'exciter, t'es bien lente. »
La blague.

Le match se déroule lentement. Trop lentement pour toi. Tu prends exemple sur les gens autour pour les moments où tu dois te lever et scander pour soutenir « ton équipe préférée ». Tellement pitoyable. Quel est l'intérêt de se battre pour attraper une connasse de bille en or ? Non, tu piges pas.
Quand t'y penses bien, t'as toujours eu du mal avec le sport, en général. Et te voilà en arts sportifs, à essayer de devenir une de ces personnes que tu dédaignes et dénigres tant. Ta vie est merdique. Tu le mérites.
Quand enfin le match se termine, t'as juste envie de sortir de là en courant, d'aller te réfugier dans l'endroit clos le plus proche et de laisser couler de grandes larmes. Parce que t'as envie de chialer. Comme la gosse que t'es. T'as envie de tous leur dire d'aller se faire mettre, avec leurs balais, leurs genre de ballons et leurs buts. Mais au lieu de ça, tu rentres au dortoir directement et tu te changes. Tu sais que certains des élèves vont se mettre en robe, vont se mettre sur leur trente-et-un.
Ouais.
Très peu pour toi.
Vraiment.
Un débardeur, un jean troué et des spartiates blanches. Un élastique dans les cheveux et un peu de mascara. C'est ta définition de la fête ça. Pas de chichis. Juste ta présence, celle des autres. La chaleur du corps d'autrui aux alentours du tien, c'est ça qui fait une fête, pas le prix du tissu que tu portes ni sa couleur.

Quand t'y arrives, à la fête, y'a déjà plein de monde. Certains te saluent, certains t'ignorent. Tu vas te poser contre un arbre. Et tu t'appuies dessus, un peu comme s'il était le seul à te tenir debout. Et c'est un peu le cas. T'as la tête un peu dans les nuages.
Dolly, clichée de la fille qui sait qu'elle va s'emmerder dans une fête et qui boit avant d'y aller.
Ouais, c'est toi. Tu regardes les gens et tu fais un peu comme s'ils existaient pas. C'est ce qu'ils font, eux aussi. Ils te regardent, mais aucun ne vient te parler. De peur d'être rejetée peut-être. De peur de pas savoir quoi te dire ? « Tss. Bande de lâches ! » T'aimes le français. Surtout quand tu l'utilises pour traiter les autres de choses dont ils ne comprendront jamais le sens.
Juste comme ça.
Juste parce que quelque part t'as envie.

Juste.
Sans raison.