Contraria contrariis curantur [ft. Ruslan]
Mar 1 Mar 2022 - 5:38
14 février 2022, deux heures avant le couvre-feu
Bah... les jeunes. Ils parlaient beaucoup, mais ne savaient décidément rien, se dit l'apothicaire que personne ne surnommait le schtroumpf grognon, même si l'étiquette lui serait allée comme un gant. Il se passa la main sur le front, lissant puis froissant tour à tour les rides profondes qui marquaient sa vieille peau. Voilà des heures que le Serbe (ou était-il Croate? Bulgare? Russe? Ambrosius ne parvenait jamais à s'en souvenir) et lui se cassaient la tête sur un problème qui, de toute évidence, n'avait pas de solution. Pourtant quelques heures jours plus tôt, Anarbayev lui avait assuré, avec son bravado bien slave, qu'il saurait trouver la formule manquante à sa préparation autrement parfaite pour guérir le maléfice du remellio reptans.
Résultat des courses : l'arrière-boutique de la Lunar Society empestait la cuisse de grenouille carbonisée, des runes étaient allées se graver probablement jusque dans les recoins les plus improbables de son lieu de travail, et Sycorax, dans sa vitrine, déroulait tout un chapelet d'insultes tirées de son répertoire le plus relevé.
Ambrosius, les sourcils plus en colère que jamais, fixait d'un air sévère l'ancien briseur de sorts recyclé en gratte-papier universitaire, l'air de demander à son infortuné collègue du moment de rendre des comptes de ce dernier échec. Alors que dans les faits, et si Ambrosius devait être un peu moins de mauvaise foi, l'échec était plutôt le résultat de leurs efforts communs. Que l'apothicaire ait passé des nuits blanches à tenter de craquer la formule qui permettait d'équilibrer sa préparation ne pesait guère dans la balance en cet instant.
De toute façon, la balance en question gisait de travers sur la table de travail depuis que la cuillère de bois dont le potionniste s'était servi pour remuer le contenu du chaudron avait légèrement explosé.
L'air étant déjà surchargé de magie, le septuagénaire ne prit pas le risque de nettoyer magiquement l'atelier et se pencha, en grognant, pour commencer à ramasser ce désordre.
« Pas la sodalite alors... » fit-il en remettant une chaise sur ses quatre pattes.
[@Ruslan Anarbayev]
Bah... les jeunes. Ils parlaient beaucoup, mais ne savaient décidément rien, se dit l'apothicaire que personne ne surnommait le schtroumpf grognon, même si l'étiquette lui serait allée comme un gant. Il se passa la main sur le front, lissant puis froissant tour à tour les rides profondes qui marquaient sa vieille peau. Voilà des heures que le Serbe (ou était-il Croate? Bulgare? Russe? Ambrosius ne parvenait jamais à s'en souvenir) et lui se cassaient la tête sur un problème qui, de toute évidence, n'avait pas de solution. Pourtant quelques heures jours plus tôt, Anarbayev lui avait assuré, avec son bravado bien slave, qu'il saurait trouver la formule manquante à sa préparation autrement parfaite pour guérir le maléfice du remellio reptans.
Résultat des courses : l'arrière-boutique de la Lunar Society empestait la cuisse de grenouille carbonisée, des runes étaient allées se graver probablement jusque dans les recoins les plus improbables de son lieu de travail, et Sycorax, dans sa vitrine, déroulait tout un chapelet d'insultes tirées de son répertoire le plus relevé.
Ambrosius, les sourcils plus en colère que jamais, fixait d'un air sévère l'ancien briseur de sorts recyclé en gratte-papier universitaire, l'air de demander à son infortuné collègue du moment de rendre des comptes de ce dernier échec. Alors que dans les faits, et si Ambrosius devait être un peu moins de mauvaise foi, l'échec était plutôt le résultat de leurs efforts communs. Que l'apothicaire ait passé des nuits blanches à tenter de craquer la formule qui permettait d'équilibrer sa préparation ne pesait guère dans la balance en cet instant.
De toute façon, la balance en question gisait de travers sur la table de travail depuis que la cuillère de bois dont le potionniste s'était servi pour remuer le contenu du chaudron avait légèrement explosé.
L'air étant déjà surchargé de magie, le septuagénaire ne prit pas le risque de nettoyer magiquement l'atelier et se pencha, en grognant, pour commencer à ramasser ce désordre.
« Pas la sodalite alors... » fit-il en remettant une chaise sur ses quatre pattes.
[@Ruslan Anarbayev]
- InvitéInvité
Re: Contraria contrariis curantur [ft. Ruslan]
Mer 9 Mar 2022 - 16:49
Ce que tu appréciais chez Ambrosius, c’était son optimisme à toute épreuve, un échec ? Hop, on cherche autre chose. Tu opines doucement, la tête dodelinant sur son axe, une risette qui atteint les yeux ourlant tes lippes. Tu l’aides à ramasser les affaires, babillant joyeusement sur les propriétés de la sodalite, sur les runes, sur le fait qu’elles étaient chargées en magie et que beaucoup auraient aimé en avoir des portatives pour améliorer leurs capacités magiques. Tout plutôt qu’attarder ton regard trop longtemps sur les brûlures, les éclats de bois, la fumée, l’air saturé d’odeurs de feu et de poudre, la bouche pleine de particules magiques que tu aurais voulu recracher partout. T’es pas sûr, t’as l’impression à un moment que tu parles plus la même langue, mais tu t’arrêtes pas, le débit continue puis tu finis par t’arrêter quand y a plus rien que tu puisses faire sans tout faire péter dans la boutique. Tu prends une inspiration et tu croises tes mains sur la table, les paumes à même le bois, tu les écrases sous le poids de ton corps penché en avant pour observer le contenu du chaudron. Tu ne fais pas attention à l’état de tes vêtements, ta peau brûlée par les échecs, tu soupires un instant. « Une histoire de proportions, proportions. » Tu marmonnes, les yeux mi-clos. « Oh, mais, j’vous retiens pas, monsieur Redgrave ? » Tu relèves la tête, tes yeux cherchant à accrocher les siens. « Y a pas encore le couvre feu, puis c’est une belle soirée, surtout aujourd’hui, vous voulez qu’j’revienne une autre fois ? Oh, un peu d’écorce de figuier ? »
Re: Contraria contrariis curantur [ft. Ruslan]
Sam 19 Mar 2022 - 3:56
il y avait une chose formidable, au milieu d'un millier de choses nettement moins formidables, avec le fait de vieillir, c'était qu'on développait une certaine capacité à bloquer les sons entrants pour lesquels on avait peu ou pas d'intérêt. En l'occurrence, et dans la situation actuelle, les oreilles d'Ambrosius s'appliquait à filtrer jusqu'à réduire à un petit bruit de fond tout le babillage du Serbo-Croate qui s'agitait autour de lui en remettant un peu d'ordre dans la pièce. Ruslan aurait bien pu parler le coréen que l'apothicaire n'aurait rien remarqué.
Tout ce qu'Ambrosius se contentait de faire était d'émettre de temps à autre un vague grognement. Son esprit, lui, était totalement concentré sur le problème sur lequel ils butaient tous deux depuis un moment. Il y avait certainement quelque chose qui leur échappait, quelque chose qui deviendrait tellement évident une fois qu'ils y auraient pensé, mais qui persistait à demeurer un mystère. Il remit à sa place le balai dont les brindilles avaient frisé sous les effets magiques. D'un geste automatique, le marchand alla se lisser les poils de la moustache.
« Hum? » fit-il soudain en entendant son nom. Le Bosniasque le regardait avec curiosité et... inquiétude? « Non, non, non... » marmonna-t-il en réponse à la question de son collègue du soir. « On y est presque, je le sens. »
Ambrosius ne songea pas un seul instant au couvre-feu. Il alla récupérer la chaise et la rapprocha de la table, cherchant parmi l'amoncellement de papiers celui où il avait pris ses dernières notes. Il avait déjà la tête qui replongeait dans le problème insoluble et ce fut donc distraitement qu'il répondit à la proposition de Ruslan.
« Hmmm oui je veux bien. La bouilloire est dans l'armoire du bas, il faut donner trois coups sur le loquet avant d'ouvrir. » Un thé de figuier lui ferait le plus grand bien.
« Et si on dessinait plutôt un bandrunar avec les sodalites? »
Tout ce qu'Ambrosius se contentait de faire était d'émettre de temps à autre un vague grognement. Son esprit, lui, était totalement concentré sur le problème sur lequel ils butaient tous deux depuis un moment. Il y avait certainement quelque chose qui leur échappait, quelque chose qui deviendrait tellement évident une fois qu'ils y auraient pensé, mais qui persistait à demeurer un mystère. Il remit à sa place le balai dont les brindilles avaient frisé sous les effets magiques. D'un geste automatique, le marchand alla se lisser les poils de la moustache.
« Hum? » fit-il soudain en entendant son nom. Le Bosniasque le regardait avec curiosité et... inquiétude? « Non, non, non... » marmonna-t-il en réponse à la question de son collègue du soir. « On y est presque, je le sens. »
Ambrosius ne songea pas un seul instant au couvre-feu. Il alla récupérer la chaise et la rapprocha de la table, cherchant parmi l'amoncellement de papiers celui où il avait pris ses dernières notes. Il avait déjà la tête qui replongeait dans le problème insoluble et ce fut donc distraitement qu'il répondit à la proposition de Ruslan.
« Hmmm oui je veux bien. La bouilloire est dans l'armoire du bas, il faut donner trois coups sur le loquet avant d'ouvrir. » Un thé de figuier lui ferait le plus grand bien.
« Et si on dessinait plutôt un bandrunar avec les sodalites? »
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