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wild love (evalice xvi)
Dim 29 Mai 2022 - 18:38
wild love,
29 mai 2022, en avant-midi. (mood)
i wanna go where the lights burn low and you're only mine
i wanna give you wild love.
(manoir) Les derniers lambeaux d’un brouillard tenace coiffant la cime de Ben Nevis s’éparpillaient au gré de la brise toujours fraiche malgré le mois de juin qui pointait à l’horizon. Les jours écossais étaient désormais très longs, latitude septentrionale à l’appui de la liesse enveloppant les âmes estudiantines, mais les époux n’en ressentaient qu’à moitié les effets – surtout dans le cas d’Evan qui, vivant et travaillant désormais à Londres, était de plus en plus déconnecté de la réalité d’Inverness. Pourtant, le rythme académique qui avait été le sien ces dernières années ne s’était pas tout à fait désengagé de la vie du Calédonien, qui voyait Alice évoluer dans les derniers efforts de la rédaction de sa propre thèse. Dans un an, ils seraient tous deux diplômés et la belle ferait ses adieux à sa vie étudiante – un chapitre entier de sa vie de plus à clore.
Evan l’avait vue s’arracher les yeux devant les seconde et troisième lecture de son directeur comme il avait eu lui-même à le faire auprès de Cléopatra jusqu’à l’année dernière. La vie des cycles supérieurs avait cela de spécifique qu’il fallait un autre chercheur pour comprendre, et compatir – et, lorsqu’il s’agissait de l’auror, gentiment se moquer. Il l’avait vue faire les cent pas en relisant les commentaires avec tant d’ardeur que le musicien l’avait parfois déviée de son chemin, plaidant qu’elle creuserait des sillons dans le parquet, sinon – levant des paumes pacifiques en l’air face au regard noir que les perles aigue-marine lui avaient lancé en guise de représailles, avant qu’elle ne recommence sa démarche. « Alright alright alright Mrs Wakefield », lui avait-il lancé, avec dans les yeux un petit pétillement familier qui s’y glissait dès qu’il lui rappelait qu’ils étaient désormais mariés aux yeux du monde. Un éclat de fierté amoureuse et possessive. « But ye’re gonna have to get out of here, aye? How about we go to the domain, keep it to ourselves, hm? », avait suggéré l’auror en passant ses bras autour de sa taille. Il l’avait sentie, colonne de nerfs tendus par la fin de son année académique, doucement couler entre ses mains – car elle réagissait à son toucher, Alice, même lorsqu’ils étaient tous deux agacés par une stupidité du quotidien.
Fingal avait préparé un bureau confortable dans la pièce la plus lumineuse du manoir, avec une vue donnant directement sur la montagne, où la doctorante avait pu établir confortablement ses quartiers de travail. Un rythme tranquille s’était inscrit entre eux, depuis quelques jours – lorsque Evan bénéficiait d’un jour de congé, il se chargeait lui-même d’entretenir son épouse en boissons, collations et réceptacle à plaintes si besoin était. S’il devait aller au 99, ils prenaient tout de même le temps d’échanger quelques mots en fin de soirée. Dimanche, congé – encore heureux. Il avait quitté le lit conjugal sur la pointe des pieds pour ne pas troubler le sommeil de son amphisbène, et été faire un tour à cheval en compagnie de Prudence sur le large domaine que possédait sa famille depuis quelques générations.
Evan avait suivi un chemin qu’il prenait depuis l’adolescence, et que les montures des écuries Wakefield connaissaient toutes – mis à part les destriers nerveux et caractériels qu’affectionnait @Nathaniel Wakefield, qu’Evan ne montait généralement pas davantage par respect envers son aîné que par dédain de leurs fortes personnalités. Le Calédonien aimait les montures douces et vibrantes, celles qui aimaient la vitesse, mais dont la nervosité se contenait plus aisément que les chevaux de compétition du magistrat. La route de forêt s’invitait entre les creux des montagnes appartenant à l’éperon de Nevis, et le cavalier avait respiré l’air chargé de l’odeur des feuilles qui lui caressaient occasionnellement le sommet du crâne, heureux de faire aller Prudence au grand galop sur quelques pans droits du chemin avant de rebrousser chemin vers le manoir de chasse écossais. Il s’était occupé à brosser les crins rêches de la jument, chantonnant une mélodie gaélique parlant d’un esprit farceur qui se cachait dans les grottes de la côte de l’ile de skye lorsque le bruit des portes de l’écurie se faisant ouvrir rompit l’élan sonore de sa voix. Tournant la tête, un large sourire fendit son visage. « Hiya love », la salua le Calédonien, prenant soin de détacher la brosse de son ouvrage avec délicatesse avant de tendre un quartier de pomme à la douce jument. « Have ye slept well? », demanda-t-il, les accents revenant toujours en force lorsqu’on le ramenait dans ses chères Highlands. « What’s yer plan for the day? »
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Re: wild love (evalice xvi)
Mar 7 Juin 2022 - 13:28
wild love,
29 mai 2022, en avant-midi. (mood)
i wanna go where the lights burn low and you're only mine
i wanna give you wild love.
(manoir) Les premiers mois de l’année s’étaient écoulés à la vitesse de la lumière pour l’héritière des Hangbés, nouvelle venue de la dynastie des Wakefield. Son père l’avait prévenu, lui avait promis avec un petit sourire rassurant, les premiers mois d’un mariage heureux avaient la saveur du miel et la texture des pierres chauffées par le soleil. Alice aurait pu lui donner raison, si elle avait été de bonne foi, et sans compter sur la routine déjà bien installée entre elle et son mari (mari, mari, mari) depuis un certain temps déjà. Evan était tout à son emploi d’auror, à fortiori à la lumière du trouble qui agitait le ministère depuis les incidents de l’été précédent, et elle même jonglait tant bien que mal entre son emploi à la brigade et la rédaction de sa thèse, dont elle avait l’impression de ne pas voir le bout. Elle avait accumulé un tel volume de matières, tondu les moutons du savoir à gros sabot, et se retrouvait maintenant à devoir en filer la laine en une prose intelligible, exercice de patiente pour lequel, clairement, elle n’était pas faite. S’agaçant quand elle butait sur un mot, un paragraphe, s’indignant des remarques pourtant constructives d’un directeur de thèse doux mais opiniâtre, et plus têtu qu’elle encore, à l’usure. C’est que c’est un métier, enseignant, directeur de thèses par dessus le marché, mais il avait du tomber sur têtes plus dures encore que celle de la jeune grymm, qui revenait de ses entretiens les crocs plein de fiel et les yeux de dépit. Mais sous les flatteries complaisantes et un peu moqueuses d’Evan et les encouragements de ses frères, elle finirait par s’en sortir, de ce très désagréable moment de sa vie. Il n’y avait pas d’autres issues que la réussite, de toute façon.
La proposition de changer un peu d’air lancée par le sorcier après une énième prise de bec sur le paragraphe trois du chapitre quatre avait été reçue avec une complaisance mâtinée de soulagement par l’expatriée en perfide albion : oui, le grand air, même terriblement froid, et la vue d’autres horizons que les murs de briques du salon lui feraient le plus grand bien. Elle se sentait irascible, fatiguée, ces derniers temps. Mettant les symptômes sur le compte du surmenage, de l’hiver anglais qui n’en finissait pas … Et certainement pas autre chose. Jusqu’à la veille, où au détour d’une conversation animée vers un Miguel Parajes complètement paumé, le doute s’était installé. S’était collé à son échine alors qu’elle se glissait entre les draps du lit où son mari dormait déjà depuis plusieurs heures, en paix à présent, ou presque, avec les excursions stygiennes de son épouse. Elle avait dormi. Mal. Tourné et retournée sur le matelas qu’elle trouvait trop mou, les engrenages tournant furieusement dans son esprit sans repos. Dans le noir, compter les jours, les semaines. Essayer de se souvenir en vain, de la dernière fois. Avoir une vague idée, mais aucune certitude. Les paupières closes, elle avait laissé Evan se lever avant elle, roulant de son coté du lit quand il fut sorti de la pièce pour enlacer son coussin, s’imprégner de son odeur et de la chaleur du sommeil passé. Compter, encore, douter, plus. Se lever finalement pour affronter son reflet dans la glace, avec une grimace, puis se tirer la langue d’être soudainement si dramatique. Elle se faisait surement des idées, ça ne pouvait pas être autrement, et en même temps … Quand l’odeur du café laissé gentiment sur le comptoir de l’immense cuisine lui souleva le coeur, Alice marmonna un juron dans un argot natal qu’aucun des elfes en présence n’oseraient répéter à l’un des maitres des lieux. Tout juste lui proposèrent ils un thé au foin, qu’elle refusa poliment pour retourner dans sa chambre. Trouver un pantalon, un pull, des baskets. Si elle avait bien imprimé ce que lui avait dit le Wakefield au réveil, il serait surement avec ses chevaux, après la ballade. Enfin, elle le supposait. Elle avait du mal à se concentrer, dernièrement.
L’américaine s’était enveloppée dans une cape trop grande pour elle, abandonnée sur l’un des portes manteau de l’entrée du manoir, lui donnant des airs de détraqueur si quelques mèches frisées ne venaient pas rendre le tout un peu plus exotique. L’air du dehors lui fit du bien, malgré les chapes de brume qui venaient lécher son visage à chaque bourrasque, et qui rendait le trajet, pourtant court, plus hésitant qu’à l’ordinaire. A l’entrée de l’écurie, elle avait inspiré, profondément, avec l’impression que soudain, toutes les odeurs lui agressaient les narines avec une intensité peu commune. Mais peut être qu’elle psychotait. Surement. Il s’agissait de n pas paniquer, par pour si peu, n’est ce pas ?
- Evan …
Il ne l’avait pas entendu, à l’entrée du hangar, alors elle avança de quelques pas encore, faisant descendre sur ses épaules la capuche de sa cape, alors que le propriétaire des lieux l’accueillait d’un sourire chaleureux, solaire, qu’elle eut un peu de mal à lui rendre.
- Evan … I need to talk to you.
Elle n’avait pas envie de lui parler de son réveil, mais bien des nausées qui l’avaient cueilli quand elle avait mis un pied sur le parquet grinçant. Elle n’avait pas de plan pour la journée, dès lors qu’à présent, une question tournoyait dans son crâne comme un derviche-tourneur, et qu’elle serait incapable de se concentrer sur quoi que ce soit d’autre pour le moment, le coeur au bord des lèvres.
- Evan !
L’éclat de sa propre voix, rendue rauque par le trop plein d’émotions et la confusion, l’aurait presque fait sursauter, elle qui ne criait pas si souvent que cela, et encore moins dans l’écurie dont les habitants ne supportaient pas ce genre de comportements. Elle grimaça en guise d’excuse, alors que son coeur loupai un battement, comme pour lui donner le top départ pour laisser échapper le flux désordonné des pensées qu’elle n’avait pu organiser depuis le début de matinée qu’elle avait passé seule.
- I’m late. I mean … Yes, no, it’s not about my thesis.
Elle avait soupiré, passant la main dans la tignasse que l’humidité des lieux rendait plus épaisse et douce encore, se mordant la lèvre inférieure en évitant son regard.
- … I’m late. Very, late.
Elle avait encore du mal à déterminer si elle était excitée ou terrorisée par ce qu’elle venait de lui annoncer, maltraitant un pauvre brin de paille qui n’avait rien demandé entre ses doigts, alors que Prudence, elle venait effleurer le bombé de son front doucement de son souffle chaud. La sorcière n’avait qu’à peine réagi, signe si il le fallait d’à quel point elle s’était appropriée les lieux à présent.
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