(tenue) Mains gelées qui frottaient les yeux lentement. Soupir frissonnant. Regard perdu dans la vapeur chaude qui s'échappait du café noir auquel elle se raccrochait comme à une addiction. Dalia était fatiguée, dolente, endormie. Elle venait de passer la nuit éveillée à discuter avec @Maciya Mane après une soirée cocktails en tête à tête pour fêter sa rentrée. Quand la Grymm avait filé en amphi de médico, elle était venue chercher une boisson chaude et revigorante à la Taverne du Troll. Cependant elle s'évertuait à boire son café à l'extérieur, pour profiter de l'air frais. Vu son teint terne, ça ne lui ferait pas de mal.

Ces temps-ci, une sourde inquiétude la rongeait. Elle avait voulu jouer les grandes et se lancer dans la vie active mais elle n'avait pas d'emploi. Faudrait-il devenir simple serveuse, ici par exemple ? Faudrait-il tout plaquer et s'installer en Italie ? Que ferait-elle si elle devait démarrer une nouvelle vie encore une fois, loin des siens ? Partagée entre des sentiments contradictoires, épuisée de sa nuit blanche, l'Helvète ruminait en silence entre deux gorgées salvatrices.

Quelqu'un la tira mollement de ses pensées gelées en s'approchant. Un jeune homme. T’en veux ? J’ai des clopes aussi, si tu préfères. Mais j’ai l’impression qu’un espresso ça suffira pas. Les prunelles opalines glissèrent sur l'offrande, la considérèrent un instant. Dalia acquiesça et tira deux bouffées avant de rendre le joint. Ça ne pourrait lui faire que du bien. Thanks, marmonna-t-elle, le regard inquisiteur. A quel moment on tombait sur quelqu'un d'aussi généreux à cette heure-ci ? Suspectant une énième tentative de drague, Dalia reconnut finalement l'inconnu. Un Grymm, vaguement pote avec Thea. Mike ? Nick ? Quelque chose comme ça.

C'est parfait. Les cigarettes, ça lui arrivait occasionnellement en soirée, parfaites alliées de l'alcool - elle en avait d'ailleurs fumé une la nuit précédente. La drogue douce par contre, c'était bon à n'importe quel moment de la journée et clairement vu son niveau de stress elle n'allait pas cracher dessus, surtout que c'était gratuit. Réprimant un bâillement, la ténébreuse reprit une gorgée de café, le regard dans le vague, avant de recentrer son attention sur le Grymm. Tu parles français, non ? Elle tenta le coup, puisqu'il lui avait semblé déceler un accent familier. Les anciens de Beauxbâtons étaient relativement nombreux à Hungcalf. Moi c'est Dalia. Il lui avait offert son joint, elle pouvait se montrer polie. Et puis si Thea le tolérait dans son entourage, il ne devait pas être si con que ça - ceci dit Dalia se souvenait parfaitement qu'Ymkje était amie avec Lorcan, et qu'elle détestait Lorcan quand même. Se lier à un mec, toujours une prise de risque, mais l'Helvète se sentait assez capable de se montrer acerbe s'il le fallait.

Je me débrouille même si c’est pas ma langue maternelle, répondit le jeune homme avant de se présenter. Miguel. Un compatriote du sud. Il ne gagnait pas de points à cette information, mais il n'en perdait pas davantage. Il s'assit à la table et eut l'amabilité extrême de laisser le joint à portée de main. L'Helvète le considéra un instant mais préféra attendre avant de le saisir à nouveau, ne voulant pas paraître avide. T’as un accent, nan ? Son accent italien ne s'entendait presque pas lorsqu'elle parlait français, une langue apprise dès le plus jeune âge et largement pratiquée à Beauxbâtons, mais une oreille espagnole pouvait probablement le déceler - ou alors il l'avait perçu facilement dans ses quelques mots d'anglais. Elle acquiesça. Italien.

Tu es chez les Grymm non ? Je t'ai déjà aperçu. Tu étudies quoi ? Puisqu'elle lui faisait l'honneur de faire la conversation, elle porta le joint à ses lèvres avant de le reposer délicatement à sa place initiale.

Accoudé au bar, le madrilène ne s’etait pas vraiment rendu compte que le soleil s’était levé, éclairant doucement les rues d’Inverness et illuminant la Taverne des Trolls au travers la baie vitrée à la propreté douteuse. Le barman qui remplaçait Mathéo avait finit son service quelques heures plus tôt et c’est Morisson, le tenancier de l’établissement qui avait prit le relai pour le service du petit déjeuner. Et Miguel n’avait pas troqué son verre de bière contre une tasse de café. Pas encore en tout cas.

La soirée était passée à une vitesse extraordinaire. Un match de Quidditch qui s’était eternisé parce que la pluie du Pays de Galles avait rendu la tâche particulièrement ardue pour les attrapeurs. Evidemment, Miguel pas décroché ses yeux du match jusqu’à ce que le vif d’or soit attrapé, enchainant les pintes et s’autorisant parfois une cigarette à l’extérieur tout en suivant le match du coin de l’oeil.

Par chance, l’Espagnol n’avait que quelques marches à grimper pour prendre une douche et espérer retrouver un peu de tonus avant d’entamer une nouvelle journée. Heureusement, il n’avait au programme que des interventions en amphithéâtres pour les étudiants en DFCM de niveau DEFI. Il n’aurait pas survécu dans cet état à une journée au ministère de la Justice…

Estimant qu’il avait encore du temps, il avait finalement commandé un triple expresso à Morisson et était sorti prendre l’air. La brise matinale ne l’avait pas empêché de rouler dans une feuille un peu de tentacula. Une fois n’était pas coutume, il était d’humeur partageuse et voyant une jeune femme à l’air fort mélancolique, il lui avait tendu le joint qu’elle avait accepté avec grâce. Engageant alors la discussion sur ce qu’ils avaient en commun : Hungcalf.

- C’est ça. Tu m’as sûrement vu sur le terrain de Quidditch, je fais partie de l’équipe des Verts.

A son tour, l’espagnol prend le joint et tires dessus bien moins délicatement que la jeune femme. Il décide finalement de s’installer sur la chaise qui est face à elle et d’y poser sa tasse  encore fumante.

- Les forces Publiques et toi ? Non attend… Laisse moi deviner…

Observant la sorcière, buvant une gorgée du café encore trop chaud, il tente sa chance :

- Arts ?

(tenue) Entre les soirées étudiantes, les salles d'étude et les couloirs de Hungcalf, Miguel faisait partie des têtes familières bien qu'inconnues. D'ordinaire Dalia n'aurait absolument eu rien à faire de mieux le connaître, mais il avait eu la grâce de partager un joint bienvenu et dans le langage des jeunes gens, cela valait une bonne entrée en matière pour engager la conversation. Tant qu'il ne devenait pas lourd, elle ne mordrait pas. Tu m’as sûrement vu sur le terrain de Quidditch, je fais partie de l’équipe des Verts.

Elle assistait plus aux fêtes d'après-matchs qu'au jeu en lui-même, mais ça pouvait expliquer son impression de déjà-vu. Le Grymm s'assit face à elle à la table tandis que Dalia buvait encore une gorgée de café. Les forces Publiques et toi ? Un combo quidditch + forces publiques. Miguel aurait pu être un Wright, clairement. Dalia le considéra avec une pointe de mépris, n'ayant généralement pas d'atomes crochus avec ce genre de gars. Généralement.

Non attends… Laisse moi deviner… Super, maintenant il allait jouer au mec perspicace qui savait lire les femmes. Bien gentille, Dalia le regarda dans les yeux, patientant jusqu'au verdict. Arts ? Elle ne laissa rien transparaître sur son visage de porcelaine. Comment je dois le prendre ? lança-t-elle, snob malgré elle. Elle était curieuse de savoir quel cheminement avait suivi Miguel. Il s'était trompé de filière, mais Dalia était clairement une artiste, et elle aurait d'ailleurs emprunté ce cursus si elle avait eu le choix.

Raté, fit-elle néanmoins, sans dévoiler à quel point il avait visé juste. J'étais en médico. Elle donna la réponse immédiatement pour couper l'envie de continuer à jouer aux devinettes. Utilisant le passé, elle s'expliqua. J'ai eu ma MAGIC cette année. Maintenant je cherche du travail. Miguel était probablement de sang-mêlé, donc il ignorait tout du scandale autour de Dalia, sa déchéance sociale chez les sang-purs. C'était aussi pour ça que la ténébreuse aimait traîner avec des personnes d'autres milieux.

Il était pas peu fier, le madrilène. Il adorait être dans l’équipe de Quidditch de sa maison. C’était tout juste s’il trouvait pas le championnat plus important que son doctorat… C’était certainement sûrement le cas mais il refusait encore de se l’avouer. Alors il est fier de préciser qu’il était titulaire chez les Verts mais visiblement, ça n’avait pas grand effet sur la jeune femme. Faut dire que d’habitude, les fangirl n’avaient pas vraiment besoin qu’il précise quoi que ce soit… Les filles le reconnaissaient même depuis l’autre bout du plus long couloir d’Hungcalf.

Il pouvait pas s’en empêcher, l’Espagnol. C’était plus fort que lui. Il fallait qu’il plaise. Il fallait qu’il brille dans les yeux de cette fille, c’était presque pathologique. Alors il enchaîne avec autre chose.. Il essaye de deviner son cursus et franchement, elle a clairement la tête des filles qui font littéraire ou artistique… Une chance sur deux d’après lui. Alors il tente sa chance. Arts. Comment elle devait le prendre ?

- Euh…

Elle gardait un air assez neutre mais il pouvait pas s’empêcher de se dire qu’il l’avait p’tete un peu froissée. Comme quoi il était ptete pas si con que ça… hein. Elle semble attendre une vraie réponse cependant alors il récupère son pétard, histoire de se donner une seconde pour réfléchir :

- J’sais pas, t’as une tête d’artiste…

C’était pas franchement top top comme explication mais là il était pas capable de faire mieux. Ou alors il lui fallait un autre double expresso et quatre heures de reflexion. Quoi qu’il en soit, il s’était visiblement planté puisqu’elle était en médicomagie. Ah ouais tiens… Elle avait pas la tête de l’emploi…

- Ah ouais ! Bah tu vois j’vaurais pas misé une noise là dessus, j’vais pas faire carrière dans le mentalisme.

Il marque une pause, remet le joint dans le cendrier entre eux deux avant de demander, pour continuer la conversation.

- Et tu cherches dans quoi ? Genre à l’hôpital ?

(tenue) J’sais pas, t’as une tête d’artiste… Dalia ne laissa rien transparaître : elle ne voulait pas offrir au jeune homme le plaisir de savoir qu'il lui avait fait un beau compliment. Elle le laissa s'enfoncer dans son air penaud, avant de donner la réponse à la devinette. Elle était en médicomagie. Ah ouais ! Bah tu vois j’vaurais pas misé une noise là dessus, j’vais pas faire carrière dans le mentalisme. Avec un regard qui confirmait ses dires, Dalia acquiesça.

J'ai eu ma MAGIC cette année. Maintenant je cherche du travail. C'était ça désormais, sa réalité. Une banale sorcière sans emploi, alors qu'elle aurait pu être la riche héritière du juge Wakefield. Et tu cherches dans quoi ? Genre à l’hôpital ? Le joint revint à sa place centrale, sorte de lien tacite entre eux deux. Dans un geste vite devenu habituel, la sorcière s'en saisit pour fumer une bouffée. Non, j'en ai fini avec la médico, fit-elle avec un geste de la main.

C'était une filière imposée par ma famille. Par sa mère, chirurgienne de renom. Chez les Ballarini, seule la danse et la médecine étaient considérées dignes de leurs trois filles. Désormais reniée, Dalia était libre de choisir sa voie. Je cherche à bosser dans les plantes et les potions. Le joint commençait à lui délier la langue et à la rendre plus sociable, plus accessible. Son air restait snob, mais elle entretenait la conversation avec Miguel comme si elle s'y intéressait. Tu sais déjà quoi faire après ton diplôme toi ? A son tour, elle tenta de deviner la réponse. Joueur pro ? Tireur d'élite ? Ou un autre boulot à la mode chez les Wright ?

Il s’insulte presque mentalement tellement il se send stupide. « J’sais pas t’as une tête d’artiste » élue pire réponse de l’année, franchement. Il avait vraiment pas réussi à trouver mieux. En même temps il mentait pas. Elle avait vraiment cet air que les artistes peuvent avoir. Un savant mélange de cet air rêveur et hautain… Si c’était ça l’air d’artiste, elle avait été mise sur terre pour l’incarner, sans doute.

Il arque un sourcil, l’espagnol, alors qu’elle explique en avoir terminé avec la médicomagie. Sept années dans une des filières les plus difficile d’Hungcalf et elle ne mettait même pas à profit son diplôme ? Un de ceux qui permettaient de gagner le plus, d’ailleurs ? C’était insensé aux yeux du Pajares. Mais elle l’explique rapidement. Un choix de filière imposé… Il devine sans mal que ses parents devaient travailler dans ce domaine. Une petite voix lui chuchote même qu’elle ne doit pas venir d’une famille comme les autres.

- C’est quand même con d’avoir fait autant d’études pour rien.

C’était un peu réducteur, mais c’était vraiment ce qu’il pensait. Il l’observe tirer doucement et exploser la fumée entre ses lèvres fines, hypnotisé pendant une seconde. C’était la tentacula qui faisait doucement effet. Très doucement même, parce que l’accoutumance allait finir par l’immuniser. La question de la jeune femme lui fait revenir les pieds sur terre. Brutalement.

- Bonne question ça.

Ah la vilaine. Elle venait de mettre le doigts précisément là où ça piquait. Et de le renvoyer directement face à ses contradictions. Pourquoi continuer son doctorat en forces publiques alors qu’il détestait rédiger une thèse ? Il aimait bien le métier de tireur d’élite mais ne revait-il plus de devenir joueur professionnel de Quidditch ?

- Ca serait con d’avoir fait autant d’études pour rien, hein ?

(tenue) C’est quand même con d’avoir fait autant d’études pour rien, conclut l'insolent. De bonne disposition, possiblement grâce à la tentacula, Dalia étira un sourire pensif. La vie n'est pas si simple ou linéaire, Miguel. Ne ressentant pas le besoin de se justifier davantage, la sorcière orienta la conversation sur les projets d'avenir du Grymm. Tu sais déjà quoi faire après ton diplôme toi ? Joueur pro ? Tireur d'élite ? Elle énumérait les clichés ouvertement, un brin taquine.

Visiblement, elle avait mis le doigt au bon endroit. Bonne question ça. Ça serait con d’avoir fait autant d’études pour rien, hein ? Cette fois-ci, il eut droit à un véritable et sincère éclat de rire de la ténébreuse. Il paraît, fit-elle en acquiesçant. Après un instant de réflexion, les yeux légèrement plissés par le bliss du joint, elle reprit la parole. Mais au final, faire un truc qui te passionne, c'est pas le plus important ? La vie est déjà bien assez contraignante et déprimante comme ça pour qu'on se mette des bâtons dans les roues.

C'était en tout cas la philosophie qu'elle s'était forgée ces derniers mois. Il aurait été facile de rester une héritière au destin tracé et au luxe assuré, mais cela ne valait pas le sentiment satisfaisant de voler de ses propres ailes et d'avoir véritablement choisi sa vie. T'aimes quoi, toi, à part la fumette et le Quidditch ? Remarque, l'un des deux peut donner lieu à une belle carrière - si t'es bon. Elle devenait de plus en plus familière, mise à l'aise par leur échange et le partage du joint. Elle lui parlait comme à un pote de longue date.

Etait-ce à cause du manque de sommeil ? D’un léger abus de substances ? « Ça serait con d’avoir fait autant d’études pour rien, hein ? ». Il a dit ça sur un ton amusé, il a même réussit à dérider la jolie sorcière avec qui il partage sa matinée. Pourtant, cette question tourne un peu trop en boucle dans son esprit. Comme si le fait de l’avoir dite à voix haute rendait le problème réel.

Si le madrilène l’écoute, la jolie sorcière, il s’est planté. Il s’est planté en revenant à Inverness et en arrêtant son contrat avec les Scorpions de Brasilia. En suivant la voie familiale. Si c’était la passion qui devait le guider alors il ferait bien de raccrocher son uniforme de tireur d’élite, d’abandonner son doctorat et de supplier une équipe professionnelle de Quidditch de le reprendre. La vérité, c’est qu’il n’avait jamais vraiment su ce qu’il voulait faire de sa vie. Il avait toujours essayé de navigué à vue.

Il ne sait pas combien de temps il est resté dans ses pensées mais l’italienne l’interroge et il s’échappe de son nuage sur lequel l’avait envoyé la tentacula. C’est à son tour de rire avant de demander à la Pokeby :

- Tu parles de la fumette ?

Bien décidé à ne pas se prendre au sérieux, l’espagnol continue sur le ton de l’humour :

- Ca et les filles, le rhum, les jeux vidéos moldus, Meghan and the Cyclopes… Enfin surtout Meghan…  Ah et j'adore le risotto. Et toi ?

Est ce que brunie aimait les risotto ?

(tenue) T'aimes quoi, toi, à part la fumette et le Quidditch ? Remarque, l'un des deux peut donner lieu à une belle carrière - si t'es bon. Avec un léger décalage, devenu leur rythme commun, Miguel rit à la remarque. Tu parles de la fumette ? Sa répartie fit franchement sourire la ténébreuse, marque de sympathie qu'elle réservait normalement à ses proches.

Le Grymm énuméra alors sa liste de passions, sur un ton léger. Ça et les filles, le rhum, les jeux vidéos moldus, Meghan and the Cyclopes… Enfin surtout Meghan…  Ah et j'adore le risotto. On s'éloignait du sujet professionnel, mais Dalia appréciait la désinvolture de Miguel, rafraîchissante. Il avait beau rouler des mécaniques, c'était un vrai gamin. En d'autres circonstances, elle l'aurait peut-être trouvé inintéressant, voire lourd, mais il était sauvé par la tentacula.

Et toi ? demanda-t-il ensuite. Dalia décida de reprendre le même début de liste par pointe d'humour elle aussi. Ça, fit-elle en reprenant une bouffée du joint, et les filles, le whisky... Puis elle se prit au jeu et continua la liste avec sincérité. la wicca, l'Italie, le dessin... Le risotto d'accord, mais celui de ma grand-mère - c'est qui, Meghan ?

Ceux qui n'aimaient pas la tentacula n'y avaient jamais goutté. Il est vrai qu'au début le goût peut sembler désagréable voir carrément amer. Mais on s'y fait très vite au point que certains de ses connaissances ne fumaient plus que pour le goût. Ce que Miguel aimait, lui, c'était l'effet qui venait après quelques taffes. L'effet qu'il ressentait maintenant. C'était comme si une bulle s'était formée autour de son cerveau et que celui-ci flottait allégrement. C'était hyper agréable.

" Ça, fit-elle en reprenant une bouffée du joint, et les filles, le whisky... La wicca, l'Italie, le dessin... Le risotto d'accord, mais celui de ma grand-mère - c'est qui, Meghan ? " Une chanteuse, une belle blonde avec une poitrine comme ça.

L'espagnol mime pour accompagner ses mots. Elle est vraiment belle Meghan et même que quand elle avait étudié à Hungcalf il avait essayé de la serrer. Mais elle avait d'yeux que pour un autre type. Un p'tit blond gringalet. Alors la mayonnaise avait pas prit. Il récupère le joint sous le regard peu approbateur d'une sorcière qui passe non loin et qu'il ignore royalement.

- C'est quoi la wicca ? Une autre sorte de weed ?

Et puisqu'il fallait toujours un petit temps pour que toutes les informations arrive à son cerveau, il percute enfin l'information qu'il aurait bien aimé avoir eut un peu plus tôt dans la conversation :

- Les filles !? Serieux ?

(tenue) C'est qui, Meghan ? L'espagnol mima une grosse poitrine pas du tout réaliste de ses mains gauches. Une chanteuse, une belle blonde avec une poitrine comme ça. Dalia fit une moue car cela ne lui évoquait personne. Elle eut envie de commander une Guinness pour accompagner la tentacula, mais se souvint vaguement qu'il n'était plus du tout l'heure.

C'est quoi la wicca ? Une autre sorte de weed ? demanda le jeune homme, brusquement intéressé. Quel sacrilège. Les sorciers d'aujourd'hui ne connaissaient rien à leurs racines. La ténébreuse se contenta d'un geste dédaigneux de la main et d'un sifflement hautain. Tsss.

Les filles !? s'exclama soudainement Miguel, mille ans après. Sérieux ? Dalia leva les yeux au ciel. Elle savait que parler de son orientation à un mec lui vaudrait ce genre de commentaire idiot. Personne ne jouait les surpris quand un mec hétéro parlait de son attirance. Elle commença par faire mine de ne pas comprendre l'exclamation du Grymm. Je suis d'accord avec toi, les "filles" c'est moyen, en temps normal je parle des "femmes", j'ai juste machinalement repris ta formulation.

Puis elle se pencha vers lui pour lui reprendre le joint du bout des doigts. Come on, tu vas pas te montrer lourd avec ça, hm ? Allait-il gâcher cette bonne entente par une réaction typiquement homophobe ou fétichiste ? Et la wicca, c'est la magie. La magie ancienne, païenne, avant qu'on soit polluées par toute cette modernité. Les runes, les potions, les plantes, les rituels, les solstices... Elle pourrait en parler des heures. Tu ne sais pas qu'il y a un coven à Hungcalf ? Bon ok, c'est réservé aux femmes, mais quand même.

La moue de Dalia a l'évocation de la poitrine généreuse de Meghan n'échappe pas aux pupille désormais légèrement dilatés du madrilène. Pourtant, il a vraiment pas l'impression d'avoir exagéré son mime de la main. Elle était vraiment bien goalée Meghan et puis elle était pas du genre à dissimuler tout ça hein...

Les sujets de discussions sont variés et ses suivent les uns les autres si bien que Miguel lui même a légèrement du mal à les suivre. Il n'a pas le temps d'interroger la réaction de la Pokeby concernant cette weed qu'il ne connait pas... Sûrement une weed moldue. Apparement, ils étaient vraiment gâtés en terme de diversité, eux. De toute façon, ce qui l'interesse, c'est quand même ce qu'il vient d'apprendre à l'instant.

- Lourd ? Moi ? Jamais ! Et franchement, tu peux t'estimer heureuse, j'ai fait de gros progrès en ce qui concerne le sujet... euh... queer.

Rien de d'utiliser le mot queer, c'était un concept pour lui. Niven aurait été si fier.

- C'est juste que j'comprends mieux pourquoi t'es absolument pas séduite par mon charme subtil.

Et par son sens de l'auto-dérision, aussi. Il plisse le nez alors que la jolie italienne lui explique ce qu'est la wicca. Elle utilise des mots et des concept un peu compliqués pour son cerveau enfumé mais il essaye de s'accrocher.

- Tu parles de la technologie moldue ?

Parce que bon... La magie c'était la magie pour lui. Qu'elle soit runique, ou à base de plantes comme les potions... Il était pas un expert en rituels mais les solstices étaient souvent utilisés pour affirmer ou terminer certaines potions...

- Je sais même pas ce qu'est un coven...

(tenue) Lourd ? Moi ? Jamais ! La ténébreuse haussa un sourcil, peu convaincue. Et franchement, tu peux t'estimer heureuse, j'ai fait de gros progrès en ce qui concerne le sujet... euh... queer. C'est juste que j'comprends mieux pourquoi t'es absolument pas séduite par mon charme subtil. Mouais. Il ne s'en tirait pas trop mal. Elle avait entendu bien pire - même si elle se demandait quelle femme pouvait être attirée par ce genre de lourdaud, aussi sympathique fût-il.

Et la wicca, c'est la magie. La magie ancienne, païenne, avant qu'on soit polluées par toute cette modernité. Les runes, les potions, les plantes, les rituels, les solstices... Tu ne sais pas qu'il y a un coven à Hungcalf ? Bon ok, c'est réservé aux femmes, mais quand même. Ce sujet était tellement central pour elle qu'elle désespérait à chaque fois qu'elle rencontrait un ou une sorcier/sorcière qui ne s'y intéressait pas.

Tu parles de la technologie moldue ? Je sais même pas ce qu'est un coven... Dalia se mit à rire doucement, détendue par la tentacula. Oh god, tout est à refaire chez toi. C'était dit affectueusement, ce qui était énorme de sa part envers un homme. En jetant un oeil à son portable pour voir l'heure, la sorcière se leva lentement, poussant un soupir sous l'effort. Je pense que je vais rentrer me coucher. Désolée de te briser le coeur mais je ne te propose pas de m'accompagner. Arrivée à sa hauteur, elle posa la main sur son épaule. Merci pour le joint, c'était chic.

Il avait pas besoin d'elle pour savoir qu'il était du genre "lourd". Pour certaines, ça avait un certain charme. Ou alors elles passaient au dessus de sa lourdeur grâce à ses sourires ravageurs. Mais ce qu'on ne pouvait pas lui reprocher, c'était d'être un con trop bouffé de clichés en ce qui concernait les lesbiennes. Cela dit, il l'avait été. Longtemps.

S'il avait été un peu renseigné sur la question queer, il ne l'était vraiment pas sur cette histoire de magie ancienne, de coven et il le reconnait bien volontiers ce qui déclenche le rire de la jeune femme. Il rit par mimétisme et aussi parce que la tentacula fait son petit effet. Apparemment tout est à refaire chez lui, mais pas aujourd'hui. Ou eut être jamais, parce que la jeune femme est sur le départ. Puisqu'elle notifie ne pas lui proposer de l'accompagner, il mime de ses mains un coeur brisé et fait la tête de celui qui ne s'en remettra jamais.

- Tu ne sais vraiment pas ce que tu rates...

Est-ce qu'elle savait vraiment ce que c'était que d'être dans les bras d'un homme aussi musclé que lui ? Certainement pas ! Dans son esprit, Niven lui balance une claque dans la nuque.

- Bonne... nuit ? Mâtinée ?

Qu'est ce qu'on dit quand quelqu'un va se coucher au petit matin ? Il écrase le joint d'un geste et termine son café d'un autre avant de se lever.

- A une prochaine.