samedi 17 décembre 2022

Trois jours plus tôt, lorsque j'étais rentrée à l'appartement que je partageais avec ma soeur depuis que mon frère et Ymkje étaient partis aux Pays-Bas, j'avais eu la surprise de la trrouver sur le canapé, un paquet emballé dans les mains, l'air de se demander ce qu'elle devait en faire. Il m'avait fallu un moment pour lui extorquer la vérité, mais, dans un soupir, elle avait fini par me dire que @Jolan Wauters était passé par l'appartement et qu'il avait laissé ça pour moi. Je m'étais raidie brusquement, n'ayant pas revu le lycan depuis l'été, sous sa forme lupine, lorsqu'il avait tenté de nous bouffer @Holly De Launay et moi un soir de pleine lune. Autant dire que je me serais bien passée de cette rencontre. Je l'avais cru reparti, ne l'ayant pas croisé par la suite. Je m'étais persuadée qu'il n'était plus à Inverness. Je m'étais même persuadée que j'avais pris un autre loup-garou pour lui. qu'elles étaient les chances pour que ce soit le cas, pourtant? Elles n'étaient pas nombreuses. J'avais, alors, insisté pour que ma soeur me remette le paquet, de la taille et du poids d'un livre.

Pourtant, le paquet en question, je ne l'avais pas ouvert. J'avais failli, pourtant. Plusieurs fois. Mais je ne l'avais pas fait. Je m'étais posée la question de savoir ce que le retour de Jolan évoquait pour moi. Et la réponse était simple: je ne voulais pas que ce retour mette en danger mon amitié retrouvée avec @Juliet Blackthorn depuis quelques mois. Et puis... J'avais tourné la page. J'étais passée à autre chose, même si mon coeur serré à l'idée de ce cadeau semblait prouver le contraire. J'avais donc commencé par ranger le paquet au fond de mon placard, déterminée à l'oublier, à ne pas lui prêter plus d'attention qu'il n'en méritait. Mais je n'avais pas pu fermer l'oeil ce soir là. Alors, j'avais décidé d'aller le jeter dans la poubelle de la cuisine. Me relevant, je l'avais récupéré et m'y étais rendue. Mais j'étais restée de longues minutes, le pied sur la pédale servant à ouvrir le bac à ordures sans parvenir à l'y jeter.

Un râle d'agacement m'avait convaincue qu'il fallait que je le remette en main propre à mon ex petit ami, qu'il comprenne qu'il n'avait pas à me faire de cadeaux et que c'était malvenu de sa part. Pourtant, il m'avait fallu quelques jours pour oser aller voir Roosje, d'abord, à La Moufette Enchantée. Sauf que la réponse de la mère de mon amie ne m'avait guère avancée. "Quoi? Mon petit muffin est à Inverness et il ne m'a rien dit? Peux-tu lui tirer l'oreille pour qu'il vienne voir sa tante préférée ? C'est inadmissible qu'il ne soit pas déjà venu me voir. Tu lui diras qu'il me brise le coeur, mon sucre d'orge " Après avoir promis de le faire, et être repartie avec un gros sachet de chouquettes, j'étais ressortie du salon de thé guère plus avancée qu'avant. Alors quoi? Elle m'avait semblé la plus à même de pouvoir m'éclairer sur la présence du jeune homme à Inverness. Mais ce n'était pas le cas.

Mon arrêt suivant avait été le Lovingblow où j'animais quelques cours en ce samedi après-midi. J'avais partagé avec @Niamh Walsh-Muller le sachet de chouquette avant de l'interroger à son tour sur le retour de l'ancien Pokeby. Mais elle non plus n'avait pas su me renseigner et c'était bredouille que j'avais quitté l'école de danse après mes quelques heures de cours. Je n'avais plus qu'à écluser les rues d'Inverness à la recherche du brun. Par où commencer? Je m'arrêtai net avant de me demander où il pourrait bien aller pour ne pas me croiser? La réponse était à peu près évidente: Les quartiers mal famés de la ville. Je frémis d'avance. Est-ce que j'avais envie de le voir à ce point? La réponse était: non.

Pourtant, mes pas m'entrainèrent dans des rues où je n'étais allée qu'une seule fois et je l'aperçus, par hasard. Je me figeai net, observant un instant le profil du garçon, sentant les battements de mon coeur s'emballer quelque peu. Non, non, non, non, non. songeai-je. Mon coeur n'avait pas le droit de me trahir comme ça. C'était interdit. Je pris une grande inspiration avant de fouiller dans mon sac pour en sortir le cadeau non ouvert mais à l'emballage un peu froissé quand même et fis les quelques mètres qui me séparaient de Jolan avant de lui claquer l'objet contre le torse lorsqu'il se redressa pour me faire face. "Tiens. Je te le rends. T'as pas le droit de me faire un cadeau." dis-je avant d'entreprendre de faire demi-tour et de le planter là, le coeur battant.

samedi 17 décembre 2022

"Attends ! T'es sérieuse là ?!" Oui, je l'étais, sérieuse. Et si je m'arrêtai, j'aurais préféré poursuivre mon chemin pour mettre le plus de distance possible entre lui et moi. Parce que mon coeur battait la chamade dans ma poitrine alors même que j'avais juré que je ne ressentais plus rien pour lui et que j'étais déterminée à laisser la place à Juliet si jamais ils se revoyaient. Pour moi, Jolan, c'était du passé. Aussi, quand je me retournai vers lui, je ne le regardai pas directement. Je fixai un point derrière lui pour ne pas croiser ses prunelles marron, presque noires. "T'as déménagé comme un voleur, du jour au lendemain. Okay, on avait rompu, mais tu n'as pas eu une seule pensée pour ta cousine et pour moi qui partagions le loyer avec toi. Tu n'as donné signe de vie à personne. Tu aurais pu mourir que je n'en aurais rien su. Tu crois que ça m'aurait fait quoi, hein? Et quand je t'ai revu, c'était Akhela aux commandes. Et il a voulu nous bouffer, ma soeur et moi. Tu crois que ça m'a fait quoi, ça aussi? Hein?" Ma voix, légèrement chevrotante montrait les émotions qui s'affrontaient en moi à ce moment là.

"Tu crois que ça a été facile de ne pas dire à ma soeur que c'était toi, ce loup, quand elle a compris que je connaissais Akhela? Parce que je lui ai demandé de m'aider à l'enfermer, à t'enfermer quelque part pour pas que tu ne tues ou transformes quelqu'un? Parce que je sais pertinemment que si ton loup s'en fout, toi, tu n'aurais pas supporté, au matin, de découvrir que tu avais du sang sur les mains. " Je marquai un silence avant de poursuivre, sans lui laisser le temps de répondre: "Et, comme par hasard, quand je suis revenue au lever du soleil, tu n'étais plus là." Au point que j'avais cru avoir rêvé. Que je m'étais dit que je m'étais trompée de loup-garou. Mais le simple fait de recevoir ce cadeau de sa part, ça m'avait rassurée sur le fait que oui, c'était bien lui ce jour-là. "Tu aurais pu faire de Faolan un orphelin, par Merlin! Alors non. Ce cadeau, t'as pas le droit de me le faire." Ou alors, il allait lui falloir une sacrée bonne raison pour ça.

samedi 17 décembre 2022

Je m'en voulus aussitôt le mot loup prononcé. Je blêmis avant de regarder autour de nous que personne ne pouvait l'avoir entendu. Comment avais-je pu dire ça après la promesse que j'avais faite ce jour-là? Alors que j'avais tout fait pour cacher à ma soeur qui était Akhela ce soir de pleine lune? J'avais beau ne pas le regarder dans les yeux, je compris aisément que j'avais dit ce qu'il ne fallait pas. Même moi, je me serais fustigée si j'avais été à sa place. Et je ne pouvais que comprendre d'avance toute réaction qu'il pourrait avoir à mon encontre.

Du moins, c'était ce dont je tentais de me persuader au moment où un homme passa la tête par la porte de son échoppe. Est-ce que j'avais crié? Il ne me semblait pas, pourtant. Ce n'était pas dans mon habitude. J'avais, en tout et pour tout, crié trois fois dans ma vie: deux fois contre Jolan, à chacune de nos ruptures et une fois contre Juliet, là aussi à cause de Jolan. Décidément, il faisait ressortir le pire en moi.  "Mêlez vous de vos oignons, Monsieur. C'est une conversation privée." dis-je au moment même où Jolan lui disait hurlait de "fermer sa gueule" avant de jeter à mes pieds le cadeau que je lui avais ramené. A mes pieds, seulement. Parce que j'avais reculé lorsqu'il avait jeté l'objet. Sinon, il m'aurait sans doute atteinte au ventre et coupé le souffle, à tout le moins. Ceci dit, ses propos y parvinrent sans peine, à me couper le souffle. D'autant que je ne comprenais pas ce que les sangs purs venaient faire là dedans. Soufflée, estomaquée, je le regardai tourner les talons pour retourner dans ce bar dans lequel il semblait travailler. Pour quelle autre raison aurait-il ramassé une caisse, sinon?

Je ramassai finalement le livre. En toute honnêteté, même si j'avais prononcé le mot interdit, sa réaction m'avait fait peur et je n'étais pas certaine de vouloir pousser plus avant cette discussion, de vouloir remettre les choses au clair. C'était très bien, que les choses se soient passées ainsi. Même si mes joues ruisselaient de larmes. Jamais nous n'aurions dû être amenés à nous fréquenter au départ. J'essuyai mes yeux, murmurant un  "Je suis désolée, Jolan..." et commençai à faire demi-tour lorsque le dénommé Henry sorti de nouveau de sa boutique, se mêlant encore de ce qui ne le regardait pas.

"Ce ne sont certes pas mes oignons, mais t'es beaucoup trop mignonne pour ce pouilleux, ma jolie. Tu veux pas venir faire un tour dans ma boutique? Je suis certain que je peux te redonner le sourire." Je jetai vers lui un regard répugné avant de faire la première chose censée de la journée: prendre ma baguette et lui faire oublier les dernières minutes et l'échange auquel il avait assisté. Et moi. Par la même occasion. Le pire, dans tout ça, c'était que je n'avais même pas dit à Jolan que sa tante attendait sa visite.

samedi 17 décembre 2022

"Qu'est-ce que je fais hors de ma boutique, moi? Depuis quand je vais chercher les clients dans la rue?" se demanda le dénommé Henry à haute voix, signe que j'avais bien réussi mon sortilège d'oubliettes. Avisant Jolan, que je n'avais pas encore vu depuis le pétage de plombs généralisé, il lui adressa un: "T'as intérêt à tout rentrer et vite si tu veux pas que j'aille me plaindre à ton patron!" avant de s'excuser auprès de moi et de rentrer dans son échoppe. Ca, c'était fait. Une erreur rattrapée. Quant au reste?

Il venait de s'adresser à Jolan, signe que le lycan était ressorti et je me retournai vers lui, sans savoir quoi faire. Au fond, fallait-il essayer de rattraper les choses ou les laisser dans l'état dans lequel elles étaient, je n'en avais pas la moindre idée. Mais je savais qui j'étais et je savais que m'écraser pour faire plaisir aux autres était finalement ce que je faisais de mieux. Et en toute honnêteté, je n'avais pas envie de le faire. Pourtant, alors qu'il était rentré dans le salon de tatouage je m'approchai et posai le livre sur le dessus des caisses avant de prendre ma baguette pour écrire sur l'emballage:

Tu as raison. J'ai dit des choses que je n'aurais pas dû dire. Mais j'ai réparé mon erreur: il ne se souvient de rien. La vérité, c'est que je ne mérite pas ce livre. La vérité, c'est que ce n'est pas à moi que tu devrais faire un cadeau. C'est que ce n'est pas à moi que tu aurais dû t'attacher, mais à une autre fille bien plus douce et gentille que moi.

Et parce que, malgré tout, j'étais en colère, je signai d'un:

La pourriture de sang-pur qui, comme tu le dis si bien, pète plus haut que son cul

Quelques derniers mots bien difficiles à sortir, même à l'écrit pour moi qui n'avais jamais prononcé un gros mot ou autre. Et cette fois, l'apercevant faire demi-tour par la vitrine pour venir chercher une nouvelle caisse, je m'empressai de faire demi-tour et de commencer à m'éloigner, le coeur battant, ne sachant si je voulais être rattrapée ou non.

samedi 17 décembre 2022

Qu'est-ce que j'avais cru en voulant le trouver pour lui rapporter son cadeau? Que ça se passerait bien? Honnêtement, j'avais encore trop de rancoeur contre lui. Je voulais bien croire qu'il avait pu m'aimer, mais j'étais persuadée qu'il s'était surtout fait des illusions me concernant. J'aurais dû m'en douter dès le départ. Mais je m'étais accrochée, j'avais voulu croire à ce coup de foudre que j'avais ressenti lorsqu'il s'était retrouvé au dessus de moi après avoir chuté dans l'escalier et que j'avais pris son téléphone pour prévenir la Moufette qu'il ne viendrait pas. S'il n'avait pas cédé à une pulsion ce soir-là, il ne se serait jamais rien passé entre nous. Nous aurions juste été colocataires et amis. Mais voilà. J'étais trop fleur bleue. J'étais trop naïve et je m'étais retrouvée prise au piège de ce jeu de flirt innocent. Sans cette impulsion que nous avions senti, il ne se serait rien passé, et il aurait pu sortir tranquillement avec Juliet.

Ce fut d'un pas déterminé que je commençai à m'éloigner de lui, tournant cette page de ma vie. Parce que je m'étais fait une promesse: celle qu'il ne se passerait plus jamais rien entre lui et moi. Et si nous devions nous haïr pour cela, et bien... Au moins, cela permettrait de tenir cette promesse - et j'avais mal pris l'insulte à mon encontre, me mettant dans le même panier que les pires sang-purs, aussi.

Mais il m'appela. Et si mon pas hésita un instant, je continuai d'avancer jusqu'à ce qu'il ne se retrouve devant moi et me bloque le passage comme il savait si bien le faire, emplissant la ruelle de sa présence. Je soufflai par le nez, un rien agacée. tandis qu'il ouvrait le paquet et me mettait le livre entre les mains, tout en parlant. Moi, si... songeai-je en détournant la tête lorsqu'il déclara ne pas regretter être sorti avec moi. Mes jointures blanchirent sur l'ouvrage alors que je serrai les mains dessus.

samedi 17 décembre 2022

Comptais-je seulement répondre? Jusque là, tout ce que j'avais dit, ça s'était avéré pire que la phrase précédente. Je n'avais fait que jeter de l'huile sur le feu, empirant les choses à chaque mot qui sortait de ma bouche. Mieux valait que je garde le silence, de fait. Même s'il me provoquait pour que je parle. Je pense que tu sais tout comme moi que si tu refuses de l’accepter, c’est parce que t’es encore folle amoureuse de moi et qui pourrait t’en vouloir ? Regarde-moi ! Je pinçai les lèvres alors que mon coeur battait un peu trop fort dans ma poitrine. Il avait, en partie, raison et je détestais ça. Je ne voulais pas que ça soit encore vrai. Je ne voulais pas qu'il ait encore ce pouvoir sur moi. "Non." dis-je doucement. L'avais-je seulement dit et pas uniquement pensé? "Non." répétai-je plus fort, autant pour me convaincre que pour l'en convaincre lui aussi. "Non. Je ne t'aime plus. C'est du passé et je ne reviendrai pas dessus. Nous étions toxiques l'un pour l'autre. Nous nous sommes faits plus de mal que de bien." Je reculai d'un pas, lorsqu'il repoussa une mèche de mes cheveux, même si je restai face à lui. Pour l'instant.

"Je vais garder ton cadeau." admis-je finalement. Même s'il m'en coûtait. En réalité, il m'en coûtait autant de le garder que de le lui rendre. Mais ça, je n'avais aucune envie qu'il sache la dualité qui bataillait en moi. Je n'avais aucune envie qu'il sache que tout au fond de moi, j'étais un peu trop heureuse qu'il ait voulu m'offrir quelque chose, et que c'était pour ça que j'avais réagi aussi fortement à ce cadeau. "Mais tu devrais aller voir ta tante. Elle ne savait pas que tu étais de retour. A mon avis, elle va t'enguirlander." J'en étais même sûre et certaine, pour lui avoir demandé pas plus tard qu'un peu plus tôt dans la journée si elle savait où je pourrais trouver le jeune homme.

"Ecoute, je... Je vais te laisser, maintenant. Je crois que tu as encore du travail." Et puis, de toute façon, je ne me faisais pas confiance en sa présence et n'avais strictement aucune envie de risquer de faillir à la promesse que je m'étais faite et avait faite à Juliet moins de six mois plus tôt: j'en avais fini de ma relation avec Jolan, même si mon coeur semblait hésiter encore.