Manipulera bien qui manipulera le dernier ft. @Calliope Muller | 15.12.22

Maintenant que la conversation avait suffisamment avancé et que le moment de se quitter approchait, Arthur trouva judicieux d’aborder le sujet le plus brûlant d’entre tous : ce qu’il adviendrait d’eux. Il ne souhaitait pas prendre les choses à la légère étant donné la famille à laquelle appartenait Calliope. Le moindre faux pas pouvait s’avérer catastrophique. Mais selon son expérience personnelle, ce dîner s’était plutôt bien passé et portait ses fruits - du moins, de son côté. Malgré sa réserve légendaire et son côté bourru qui ne faisait plus aucun doute à présent, le diplomate avait eu plus d’un dîner en galante compagnie et chacun d’entre eux avait eu une issue bien différente des autres. Alors il se demandait : quelle sera celle avec la Muller ? À ce stade, il semblait légitime de s’enquérir de sa vision du futur les concernant même si, pour sa part, il ne voyait aucun réel avenir en sa compagnie. Si leurs emplois du temps éloignés l’un de l’autre leur laissait une bonne marge d’indépendance, il ne la voyait pas comme une potentielle concubine. Les Muller ne l’intéressaient pas de cette façon.

« Je suis ravi de l’entendre. » Il hocha une à deux fois de la tête comme pour s’imprégner de tout ce que cela représentait désormais dans sa vie quotidienne. Il allait devoir faire l’effort de passer du temps en sa compagnie et gagner sa confiance pour qu’elle puisse s’ouvrir à lui sur certains de ses secrets. Entreprise qui pouvait durer des mois voire des années lorsque l’on avait affaire à une femme comme la Muller, soupçonnait-il. Un simple verre de vin n’allait pas suffir à la faire se livrer et il ne pouvait pas user de magie sur elle comme bon lui semblait, au risque d’en subir les fortes représailles.

« Le fait que nous soyons sur la même longueur d’onde à ce sujet ne pourra être que bénéfique. Je n’aime pas particulièrement que l’on dépende trop de moi et tu n’as pas l’air de ceux ou celles qui agissent par dépendance. » Ce que d’autres, sûrement, verraient comme un inconvénient dans la personnalité de Calliope, surtout parmi les sang-pur où résidaient de nombreux hommes accrochés aux traditions et estimant que leur compagne ne devait que sourire, être belle, présentable et surtout, engendrer des enfants. Chance pour elle, il était plus intéressé par ses méfaits que par sa plastique.

« Nous pourrions organiser un nouveau dîner, qu’en dis-tu ? Je ne serais pas disponible d’ici la fin de l’année mais je serai ravi de partager un nouveau repas avec toi. Ou préfères-tu une activité plutôt ? Il y a certains monuments que je n’ai pas encore pris plaisir à visiter sur le continent. » S’ils optaient pour cette option, cela revenait à choisir de s’afficher publiquement ensemble. Arthur n’était pas inconscient des répercussions que cela pouvait avoir sur ses affaires. Il s’attendait à toutes les déconvenues possibles.

Manipulera bien qui manipulera le dernier ft. @Calliope Muller | 15.12.22

Il pencha la tête sur le côté, son regard toujours rivé dans le sien. Se comprenaient-ils vraiment ou ne faisaient-ils tous deux que semblant de s’accorder pour arriver à leurs fins ? Il était encore trop tôt pour le décider. S’il pouvait deviner les intentions de la Muller, Arthur ne possédait aucune certitude. Trop de variables entraient en compte pour assurer avec justesse que Calliope entretenait des desseins maléfiques à son sujet. Pour cela, il leur fallait passer davantage de temps ensemble, un sacrifice qu’il se montrait prêt à faire. Pour la bonne cause et, surtout, parce qu’il était porteur d’une mission toute particulière. Le Roumain décala son buste pour laisser l’assiette et sa coupe se poser devant lui et attendit qu’elles soient parfaitement stabilisées sur la table pour prendre sa cuiller. Elle vint se planter dans le dessert glacé alors qu’il proposait à Calliope un nouveau rendez-vous. Il n’ignora pas la dimension publique que sa requête contenait car il était curieux d’observer le comportement de la sorcière dans ce cadre-là. Il ne l’avait toujours vue que polie et réservée, très déterminée également. Cela pouvait démontrer la profonde nature de sa personne ou n’être qu’une habile façade pour cacher de plus tortueux secrets. Son idée de visiter des monuments du continent sembla particulièrement lui plaire et elle en mentionna un en particulier qui ne fit sonner aucune clochette dans l’esprit d’Arthur.

« Je n’ai pas eu cette chance mais tu vas m’aider à y remédier, dans ce cas ! Nous nous rendrons donc à Edimbourg. » Ce musée avait tout intérêt à se montrer réellement exceptionnel car le diplomate n’était pas un grand fan de l’accent écossais, qui donnait du fil à retordre au polyglotte qu’il était. Il le trouvait parfois peu gracieux et incompréhensible… Heureusement qu’ils avaient leur gastronomie pour se rattraper !

« Le whisky manque un peu de caractère mais très intéressant au goût. Comment est le tien ? Tel que tu te l’imaginais ? » À ces mots, la cuiller se porta de nouveau à ses lèvres et un vent frais sembla s’engouffrer entre elles au contact du parfait sur son palais. Bien que manquant de force - comme il venait de le mentionner - le dessert n’allait certainement pas faire long feu, apportant au Roumain ce dont il avait besoin après un tel repas : quelque chose de léger et facile à digérer.

« À quelle date serais-tu disponible pour notre prochaine sortie ? » demanda-t-il sans omettre de la regarder avec franchise. Il y en avait des femmes impressionnantes et Calliope en faisait assurément partie, mais Arthur s'appelait toujours à ne pas se laisser démanteler par leur charisme.

Manipulera bien qui manipulera le dernier ft. @Calliope Muller | 15.12.22

Le détail attira la curiosité d’Arthur. Il avait remarqué que Calliope s’amusait - volontairement ou non - à distiller ici et là quelques détails authentiques de sa personnalité profonde. Son penchant pour la confiserie en faisant partie. Elle n’ignorait sûrement pas que, plus elle se livrait de la sorte, plus elle se drapait d’une certaine vulnérabilité qui permettrait au Roumain de prendre l’ascendant sur elle. Pour le moment, l’équilibre des forces se maintenait entre les deux membres du Ministère de la Magie, aguerris dans ce type d’exercice. Ils savaient parfaitement ce qu’il fallait dire et quand pour que l’information soit délivrée sans prendre de risque inutile. Sûrement laissait-elle transparaître cette particule d’intimité pour lui donner l’impression d’avoir le pouvoir… En tant qu’occlumens, il lui était impossible de déterminer si tel était son objectif et ne sachant si elle n’était pas elle-même une legilimens, Arthur se faisait un devoir de protéger la moindre de ses pensées. Les barrières de glace qu’il érigeait entre lui et ses interlocuteurs ne pouvaient être franchies que par des sorciers surentraînés et malins. Comme Isabelle. Calliope se montrant pleine de ressources et attentive dans son apprentissage, il ne pouvait la considérer comme inoffensive pour le moment.

« Le deuxième week-end de janvier me convient parfaitement. » Sa réponse fut sobre et il ne s’épancha pas sur toutes les raisons qui faisaient qu’il ne préférait pas la rencontrer en semaine pour le moment. Outre l’emploi du temps trop chargé qu’était le sien, il ne gardait ce type de frivolité que pour les jours où il était certain de ne rien avoir de plus urgent à faire. S’il ne perçut pas son bâillement, il ne manqua pas son geste et baissa les yeux sur sa coupe désormais vide de toute substance autre qu’un léger liquide qu’il ne souhaitait pas toucher. Il en était de même pour la jeune femme et cela sonna le glas de ce rendez-vous en tous points étrange, qui lui ouvrait une porte à laquelle il n’aurait pas eu accès en temps normal. La vérité sur Dimitri se rapprochait grâce à ses efforts et il savait devoir en fournir davantage s’il souhaitait connaître le fin mot de l’histoire. Il prit sur lui de payer le dîner “en bon gentleman” - ou du moins, telle que l’imposait son éducation patriarcale rigide inculquée à coup de ceinturon.

« Ce fut un charmant dîner, Calliope. Je l’ai sûrement déjà dit, mais je réitère mon appréciation de cette initiative. Je suis parfois tellement pris dans mon travail que j’en oublie l’existence de ces moments si… simples. Puis-je te raccompagner ou as-tu déjà anticipé ton retour ? » Peut-être se risquera-t-il à une “tentative” de “rapprochement” physique", mais rien ne le garantissait. Arthur ne ressemblait pas à un personnage chaleureux et il n’était jamais le premier à offrir une embrassade ou à tenir la main de qui que ce soit. Seules les compagnes partageant sa vie depuis plusieurs mois pouvaient bénéficier de ce sort particulier et elles étaient trop peu pour conter leur histoire.