On s'connait ? ft. @Miguel Pajares | 27.01.23

Elle grimace en passant la porte. Ses yeux sombres parcourent la salle de classe mais aucun autre élève en vue. Elle est la première et déteste ça. Arriver premier ou dernier, c’est la mise en lumière assurée. Ofelia préfère encore se fondre dans la masse du milieu. Au moins, elle a l’embarras du choix quant à son placement mais elle ne déroge pas de ses habitudes prises depuis le début de l’année. Ni trop en avant, ni trop à l’arrière, ni en plein centre. Elle pose ses affaires sur la chaise à sa droite, sort ses notes et met ses écouteurs le temps que les minutes passent et que ne démarre le cours. Le violoncelle résonne dans ses oreilles lorsque Miguel fait son apparition dans la salle et fond droit sur elle, à son grand regret. Si elle entend sa salutation plus lourde qu’un trente-six tonnes accidenté sur la chaussée, elle choisit de l’ignorer en se disant que cela aura le même effet que pour les autres : il s’en ira. Ou elle sera sauvée par le reste de la classe, mais il ne faut pas rêver. Ce n’est décidément pas le bon jour pour elle car, plutôt que de leur épargner une conversation difficile, il s’accroche à son idée. Elle n’a pas le temps de rétorquer quoi que ce soit qu’il est déjà assis à côté d’elle. Elle regrette de ne pas avoir mis son sac de ce côté…

« On t’a déjà dit que t’étais lourd ? » dit-elle dans un accent hispanique, qu’elle entend également dans le ton de la voix du Grymm. Mais elle s’en fout, Ofelia. Le fait qu’ils puissent parler la même langue ne le rend pas moins imbuvable. Voilà pourquoi elle n’arrive jamais en avance aux cours… À cause des boulets. Profitant de cette “solitude” pour être un peu plus en adéquation avec son caractère habituel, elle tourne son visage vers Miguel sans cacher ses mauvais sentiments à son égard. Il l’énerve déjà. Pour sa défense, elle est énervée depuis qu’elle a quitté son lit le matin-même… donc il n’y est pas totalement pour quelque chose. Elle croise les bras sur sa poitrine, Ofelia, et relève le menton. Elle choisit d’imiter sa colocataire qui sait si bien afficher un air fier et supérieur sur son visage, par simple volonté. Au moins sentait-il bon.

« N’espère pas obtenir quelque chose de moi, surtout. J’ai peut-être l’air facile comme ça, mais je ne suis pas stupide. » Pas comme “ces femmes” manque-t-elle d’ajouter, mais ce serait dévaloriser son propre sexe et elle ne se rendrait pas service en faisant cela. Elle a déjà vu Miguel quelquefois dans les couloirs d’Hungcalf, toujours une pouliche au bras (ou presque). Elle sait le genre qu’il se donne. À voir si c’est volontaire ou juste une pathologie…

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Tiens, il connaît le sarcasme, c’est une première. Peut-être ne s’en rend-il pas compte, ceci dit. Elle darde vers lui un regard agacé mais comprend vite qu’il en faudra beaucoup plus pour éloigner cet homme d’elle. Malheureusement, Ofélia n’est pas dans le bon mood pour s’autoriser une joute orale avec un parfait inconnu sans que ça ne tourne au bain de sang. Elle va devoir faire un effort de caractère et s’adapter à l’idée que c’est comme ça que les mecs font maintenant. Ils foncent, sans plus de galanterie. Elle vous dira aussi que la galanterie, c’est totalement hasbeen… Paradoxale, Ofélia, et pas mécontente de ça.

« Merci, je suppose ? C’est de notoriété commune. » Okay, là, il s’en sort un peu mieux même si elle sait que son but est toujours le même. Pitié, qu’il ne lui sorte pas une phrase de drague bateau à la “ton papa les étoiles et mon cul c’est du poulet” ! Elle ne le supportera pas. Il se pourrait même qu’elle le gifle ce qui, soit dit en passant, semble être une activité particulièrement satisfaisante du peu qu’elle sache. Sa grand-mère n’aimerait pas la voir s’exprimer par la violence mais parfois, une bonne tarte dans la gueule, ça fonctionne aussi bien qu’un beau discours. Et avec des mecs comme Miguel, il ne faut pas s’embarrasser de mots trop compliqués - suppose-t-elle, possiblement à tort. Ses propres préjugés le concernant font fureur dans cette conversation. Jouant avec sa baguette entre ses doigts vernis de noir, elle l’observe sortir tout son bazar, signifiant ainsi son installation pérenne à cette table. Super.

« Parce que les deux ne sont pas cumulables ? Quel dommage de devoir choisir… » Elle ne dirait pas non à un verre, étrangement. Il lui faudrait au moins ça pour supporter ses idioties. Mais contrairement à ce qu’elle pensait de prime abord, il n’est pas trop lourd. Pas encore, du moins. Si ce n’est son sourire un peu trop volontairement charmeur, qu’elle trouve excessif. Il n’a pas besoin de se le coller sur le visage pour qu’elle comprenne son prénom. Miguel, allez tiens… encore un ! Il a la tête de l’emploi.

« Ofelia » marmonne-t-elle entre ses dents. Dire que ce n’est que par pure politesse serait un mensonge. Il a raison, ils ont un bon quart d’heure à tuer et il y a fort à parier qu’il ne les passera pas en silence. Alors quitte à devoir faire la conversation, autant qu’elle soit passable.

« Tu sais que n’importe qui peut te voler ta baguette si tu la ranges là, n’est-ce pas ? Un jeu d’enfant, même un bébé y arriverait. Qu’est-ce que tu lis au juste ? » Parce qu’il sait lire ? Allons Ofelia, ne sois pas si médisante… Il ne serait pas à l’université s’il n’avait pas un tant soit peu de cerveau ! À moins qu’il ne soit là que pour ses muscles, qui sait quels sont les vrais penchants de MacArthur… L’idée de le voir fricoter avec le doyen l’amuse et c’est tout naturellement qu’elle laisse un sourire orner son visage, pour quelques secondes seulement.

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Son sourcil gauche s’arque avec force lorsque Miguel se fait excessivement vantard. Il n’a pas l’air d’être le sorcier le plus débrouillard au monde mais encore une fois, elle ne se base que sur des premières impressions et jusqu’à présent, elles ne jouent pas en sa faveur.

« Au moins, on ne peut pas dire que tu aies un problème de modestie… ! » Elle ne sait pas si elle doit mettre cela sur le compte de la vanité ou de l’assurance, en fin de compte. En avoir n’est pas un problème, sauf quand on s’en sert trop. La jeter aux visages des gens peut lui attirer autant d’admirateurs que de détracteurs. Mais n’est-ce pas ce qu’il cherche en faisant ce travail ? Des damoiselles en détresse à sauver avec ses gros muscles et sa cervelle de la taille d’un pépin ? Il ressemble à tous ceux qu’elle a déjà croisé par le passé et qui se sont senti obligés de lui faire savoir leur force et leur soutien, quand elle n’avait absolument rien demandé de tel. Cette propension à s’ériger en héros viril la ferait rire si cela n’était pas aussi ridicule et gonflant. Un peu comme les avant-bras de Miguel. Il semble découvrir le titre en même temps qu’elle, ce qui vient ajouter une pierre à l’édifice déjà imposant de son avis sur l’hispanique. Ofelia lutte contre ses a priori (car oui, comme tout le monde, elle en possède) mais il ne lui facilite pas la tâche.

« Tu sous-entends que la théorie d’une situation est inutile face à la pratique ? Qu’un tireur d’élite n’a pas besoin de savoir écrire et développer un argumentaire pour arrêter les criminels et, à défaut, comprendre leur schéma pour mieux les intercepter ? Est-ce la raison pour laquelle tu as choisi ce métier ? Parce que tu pensais ne pas avoir besoin d’écrire ou réfléchir ? » Ses mots se font cru mais de façon volontaire. Elle ne comprend pas ce besoin systématique des étudiants suivant des cursus pour des métiers plus “actifs” de dénigrer les aspects plus théoriques de leur futur métier. Oui, lire permet de s’enrichir, surtout dans un boulot aussi complexe qui demande un minimum de culture sur les règles et lois à suivre car non, un tireur d’élite magique n’a pas tous les droits une fois dans la rue, pour la simple raison qu’il veut attraper un criminel. Et oui, écrire ce qu’il est supposé comprendre avant d’être lâché dans la nature est un bon moyen de savoir s’il est prêt à affronter les situations théoriques de son métier. Nul doute que Miguel sait gérer la pratique, mais négliger l’un de ses atouts principaux - son cerveau - pour ne se concentrer que sur ses muscles et son instinct primaire lui jouera forcément des tours. Mais bon, qu’est-ce qu’elle en a à foutre au final…

« Tu vois, je n’arrive pas à savoir si t’es complètement con ou si c’est juste un air que tu te donnes… Je ne savais pas qu’il y avait un âge maximal pour être en première année universitaire, merci pour l’info ? » Ce n’est même pas la mention d’une quelconque vieillesse qui la chiffonne, mais plutôt la forme empruntée par la question. « T’en as d’autres des comme ça ? Vas-y, fais-moi rire un coup. T’as l’air d’être un champion dans ton domaine. »

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Elle accompagne la fin de ce monologue forcé par un lever majestueux de yeux au ciel, du style “cause toujours tu m’intéresses”. En même temps, qu’est-ce qu’elle est allée mettre les pieds dans le plat… Miguel n’attend que ça : qu’on s’intéresse à lui. Et elle se serait arrêtée là s’il n’avait pas eu la bonne idée de mentionner son âge. Vieille ou non, peu importe, mais il y a une façon de dire les choses, même à leur âge. SURTOUT à leur âge. Et Ofelia est une mexicaine au sang exagérément chaud, presque bouillant, qui se voit donner des armes par nul autre que son adversaire. Il cherche à la faire sortir de ses gonds, c’est ça ? Il la provoque volontairement ? Parce qu’on ne peut pas vivre au vingt-et-unième siècle et sortir des “bébé t’es fraîche” à n’importe qui - sans, au moins, se prendre une beigne en pleine poire. Croyez-la quand elle vous dit qu’elle fait tout son possible pour ne pas envoyer son poing à la rencontre de la fossette appuyée du madrilène. C’est un soupir de désespoir qu’elle lui donne en guise de réponse, l’air passablement dégoûté par ce qu’elle vient d’entendre.

« Et toi, laisse-moi deviner… la quinzaine ? » Pas possible autrement. Le pire - et elle le sait fort bien - c’est que ce genre de discours doit marcher sur d’autres femmes. Il y a un ton de flatterie dans ses propos mais Ofelia choisit de se concentrer sur le sous-ton sexiste qui se cache. Quelques secondes d’introspection la poussent à se demander si elle est aussi lourde lorsqu’elle tente de séduire ses congénères… ? Faites que non, elle ne s’en remettrait pas.

« Qu’est-ce que ça change pour toi que j’ai voyagé ou travaillé ou que je me suis tourné les pouces au bord d’une piscine pendant ces dernières années ? Tu voudras toujours me sauter même si t'apprends que je suis une néonazie… » Bon, peut-être pas… Quoiqu’elle a sérieusement des doutes sur le sujet. Quelles sont les informations qu’il récolte sur ses victimes avant de décider d’en faire son quatre heures ? Si Ofelia elle-même est une adepte des bons moments charnels sans prise de tête, elle s’assure avant tout de même qu’il ne s’agit pas du pire des connards… Le problème n’est pas l’acte en lui-même mais les conséquences qui s'ensuivent. Il faut assumer. Et Ofelia tend toujours à assumer.

« Pour ta gouverne, je suis loin d’être une solitaire. Je ne prends pas de plaisir à repousser ceux qui m’abordent. En réalité, je suis plutôt opé pour de nouvelles rencontres. Mais même moi, j’ai mes limites. Il semblerait que j’ai enfin rencontré une des miennes… » Elle le regarde de haut en bas, le jauge presque, avec une moue volontairement vexante pour n’importe quelle personne ayant un ego. Au moins, il n’est pas venu à elle parce qu’il sait qui elle est et qu’il cherche à accomplir quelque chose. Rayer sur sa liste “l’exploit” de coucher avec une célébrité. Ofelia s’en rend de plus en plus compte, elle n’est quasiment personne ici… et ça lui fait un bien fou. « T’en chopes combien par an avec ce genre de bobards ? Parce que ça a l’air de marcher pour toi. »

On s'connait ? ft. @Miguel Pajares | 27.01.23

C’est elle, la “chelou” ? Elle le regarde et hésite entre rire aux larmes ou garder un air ahuri. Ce gars dépasse toutes ses espérances en matière de débilité. Que ce soit fait exprès ou non n’entre même plus en ligne de compte, à ce stade. Le problème c’est que ce n’est même pas de sa faute si les nanas tombent pour ce genre de stupidités. Elles feraient mieux de remettre leurs choix de vie en question plutôt que de se pâmer devant un “adulte” au vocabulaire douteux et à la cervelle de la taille d’un petit pois. Mon dieu, sont-ils tous comme ça ici ? Si… pathétiques ? Elle ne s’est jamais cru capable de se sentir supérieure à qui que ce soit, c’est même très rarement le cas, mais face à Miguel… il est presque impossible de ne pas se dire qu’on vaut sûrement mieux que “ça”. Finalement, Ofelia opte pour le rire. Mieux vaut ça que d’en pleurer hein… Mais c’est le genre de rire qui ne fait pas plaisir, dans lequel on sent la moquerie.

« Ouai ça, ça ne m’étonne pas trop tu vois… » Okay, là, il le fait forcément exprès non ? Ou alors est-il si imbu de lui-même qu’il ne voit pas ce qui cloche dans sa façon de l’aborder ? De lui parler comme si elle n’était qu’un morceau de viande prêt à être consommé ? Pitié, délivrez-moi… prie-t-elle intérieurement à tous les dieux mexicains et aztèques. Qu’un malheur arrive, que la foudre s’abatte sur eux ou qu’une horde de détraqueurs s’infiltre dans la salle de cours pour qu’elle soit débarrassée de ce monceau de débilité sur pattes. Pas besoin d’être intelligent pour comprendre qu’il ne l’était pas. C’était ça, Hungcalf ? L’université d’élite ? Por favooooor…

« Mmh, c’est vrai que ça pose vraiment problème ça… Je compatis ! » Peut-être que le sarcasme sera plus efficace auprès du madrilène. Faut-il encore qu’il comprenne ce que c’est. Si ce n’est pas le cas, elle pourra s’en amuser tant qu’elle le souhaite !

« Et puis, qui ne te dirait pas non hein ? Un mec comme toi, forcément, ça se bouscule ! Rassure-moi, tu tiens une liste quand même ? Faudrait pas tomber deux fois sur la même. C’est comme les kleenex, ça se réutilise pas. » Elle ajoute un sourire à ses propos, comme si elle pouvait être aussi infâme avec les membres de son propre sexe. Et même s’il va dans son sens, il sera très difficile de dire s’il le fait pour le jeu ou parce qu’il est réellement con comme ses pieds (qu’apparemment, il ne sait pas déchausser…). Si elle n’était pas de si mauvais poil, elle pourrait presque trouver ça drôle au final. Un autre jour, elle l’aurait même fait tourné en bourrique et espéré monts et merveilles, tirant de lui quelques avantages. Mais là, tout de suite, elle ne voit pas ce qu’elle peut tirer d’un gars pareil. Une mst ?

On s'connait ? ft. @Miguel Pajares | 27.01.23

C’en est écœurant. Elle se demande réellement pourquoi, à leur époque, il existe encore ce type de mecs. Suffisant, pas une lanterne et pensant que, parce qu’il dit les choses avec un sourire débile, ça passera mieux. La réalité, c’est qu’à lui seul il est une insulte pour toutes les femmes et qu’il en est particulièrement fier. Alors elle les plaint, Ofelia, ces idiotes qui tombent dans le piège, qui ne voient pas que derrière cette surface travaillée, il n’y a qu’un vide sans fond. Que tout ce que Miguel a à offrir, en fin de compte, ce sont des vannes pourries et des promesses futiles de rapprochement. Et quand bien même il parviendrait à aimer quelqu’un, il ne saurait lui faire que du mal, incapable de réaliser que son comportement est une honte pour son genre. Alors quand elle le regarde, ses iris sombres hurlent tout le dégoût qu’il lui inspire. Et pendant un bref moment, elle aspire même à ce qu’il disparaisse. Qui se plaindrait de le voir mourir, réellement ? Peut-être que quelques greluches viendraient pleurer sur sa tombe mais il sera vite oublié. Des mecs superficiels qui ne pensent qu’avec leurs muscles, ce n’est malheureusement pas une denrée rare. Il saura trouver remplaçant. Non, clairement, pas une perte celui-là…

« De mieux en mieux, dis-moi… » Elle marmonne presque pour elle-même, pas persuadée pour un sou que cette conversation ira quelque part. Elle le sait, il le sait probablement aussi même s’il préfère jouer au charo de service, ils n’ont absolument rien à s’offrir et elle ne saurait même pas faire semblant d’avoir de l’excitation pour lui. Plus il ouvre la bouche - ce qu’il semble adorer faire, à croire - plus il s’enfonce dans la médiocrité et éteint sa libido. Mais en fin de compte, est-ce que cela ne l’arrange pas ? Elle serait dans la merde si elle ressentait quoi que ce soit de physique pour Miguel. C’en est presque un soulagement. Ce soir, elle pourra se regarder dans la glace sans se dégoûter et toutes ne peuvent pas en dire autant.

« Donc j’imagine que si tu te fais si lourdingue avec moi, c’est parce qu’il te manque une partie du globe à gratouiller ? Mouai, du coup, le tout fait sens. » Avec ce genre de gars, faut pas chercher plus loin. Carte ou pas, liste ou pas, ils n’ont qu’un seul objectif et attendent des autres qu’ils s’y plient. Ofelia ne lui fera pas ce plaisir. Elle ne doit absolument rien à Miguel et clairement pas de sa personne.