J'étais heureuse et soulagée que ma soeur ait réintégré les Nymphes. Force m'était d'admettre, même si je ne l'aurais jamais mentionné à haute voix, que c'était pour elle que j'avais intégré ce club en premier lieu. J'y étais ensuite restée pour Lys, et parce que ma présence chez les Nymphes était fortement encouragée par nos parents et que c'était, pour moi, un moyen d'essayer de faire en sorte d'adoucir ceux-ci - surtout notre père - à l'encontre de ma soeur et de mon frère. Maintenant, nos parents avaient divorcé et notre mère semblait plus encline à écouter les désirs de nos coeurs. Et surtout, il y avait une autre héritière. J'aurais sans doute quitté les nymphes à la fin de l'année scolaire si Holly n'y était pas revenue. Après tout, je n'y avais pas réellement d'amie, à part @Andrea Xavier que j'appréciais énormément. Pas assez pou y rester, cependant. Je n'étais pas comme Holly. Je ne m'épanouissais pas à organiser des soirées mondaines. Moi, mon univers, c'était plutôt la danse, la musique et le théâtre. Les arts, d'une façon générale. Et je ne pouvais pas dire que les autres filles, en dehors de ma soeur et d'Andrea considéraient réellement ma présence comme utile dans le groupe.

En tout cas, à l'heure dite et au jour dit, je passai la porte de la Moufette Enchantée pour y retrouver mon ainée et première arrivée. Je l'embrassai sur la joue, tranquillisée par le fait que nous étions seules pour l'instant, et pris place à ses côtés, considérant comme hors de question la possibilité d'être installée entre deux autres nymphes.

Une après-midi d’études à la Moufette enchantée. Avec les Nymphes. Honnêtement ? J’hésitais à y aller, non pas que je n’apprécie pas les autres nymphes, bien au contraire je leur trouve à chacune au moins une qualité, mais de là à passer plusieurs heures avec des sourires aimables et polis, même envers les membres les plus progressistes du groupe, je ne sais pas si j’en étais capable, surtout après la nuit à l’hôpital que je venais de passer. En soi, elle avait été intéressante, pour une fois ça n’avait pas été une vieille sorcière retrouvée sans vie pour avoir oublié de nourrir sa chouette, on était sur un vrai cadavre dont il fallait déterminer les causes de la mort, il s’agissait à première vue d’un sorcier sans-abri, et la question était de savoir si l’odeur persistante de biérraubeurre qui embaumait ses vêtements était la cause de la mort, ou s’il s’agissait d’une cause plus intéressante, comme un crime ou un sortilège raté. Pourtant, les conclusions avaient été toutes autres, le pauvre homme semble-t-il avait été la victime d’une overdose de tentacula, une drogue de plus en plus en vogue chez les sorciers, mais peu subtile et facilement détectable, il avait suffi d’examiner le dernier râle contenu dans les poumons du sorcier pour s’apercevoir de la présence de particules de tentacula, reconnaissable à leur teinte violacée en présence de poudre de corne de licorne. Mais travailler de nuit n’était pas dans mes habitudes, et j’étais relativement fatiguée.

Pourtant, ne voulant pas laisser penser que je ne pouvais assumer ma fonction de vice-présidente, j’étais bien présente. J’arrivais certes dans les dernières, les filles étant déjà installées alors que j’arrivais, mais l’essentiel était d’être là. J’aimais tout particulièrement le salon de thé La Moufette Enchantée de par la bonhomie de sa propriétaire, même si je faisais tout pour éviter ses prédictions dans ma tarte à la rhubarbe meringuée. Il y a certaines choses que je préfère ne pas dévoiler. J’arrive à la table et je salue les filles en leur faisant la bise, une à une, avant de m’asseoir à côté de Cataleya. J’observe avec un regard interloqué l’appareil qu’a sorti Andrea. Il n’y a bien que les nées-moldues pour avoir de telles pratiques barbares. Le mépris se reflète légèrement à mon regard mais je le dissipe rapidement, répondant à Cat.

Tu as bien fait, j’ai commandé aussi, je ne sais pas les filles si vous voulez quelque chose ? Que la serveuse apporte tout en même temps ?

Malheureusement, je n’étais pas encore là quand elle a demandé aux filles si elles allaient bien, d’où mon absence de réponse à la question.

HRP:

Heureuse d'être la première, heureuse d'être avec ma soeur, j'avais toute la liberté de choisir ma place. Et, bien entendu, c'était sur le siège à côté d'elle que j'allais m'installer, espérant vivement qu'Andrea, si elle pouvait se libérer prendrait l'autre siège. Je saluai @Maciya Mane à son arrivée, lui adressant un sourire doux, indulgent et chaleureux à sa remarque sur la ponctualité. "Bonjour. Ne t'inquiète pas. Aucune de nous ne te jugera sur la ponctualité." dis-je en pouffant légèrement. Un pouffement qui s'interrompit rapidement à l'arrivée de @Cataleya Blackthorn. Le dragon Blackthorn me mettait toujours aussi mal à l'aise. On aurait pu penser qu'avec la danse, avec Juliet, avec @Holly De Launay, on aurait pu trouver un terrain d'entente après toutes ces années. Mais non. Toujours pas. Mon regard se porta donc au-delà de la jeune femme, guettant la prochaine arrivée, ne manquant pas de la saluer tout de même. "Bonjour Cataleya. C'est bien, que tu aies pu venir." Et, heureusement pour moi, ce fut @Andrea Xavier qui pénétra dans le salon de thé. Je lui adressai un large sourire alors qu'elle venait s'asseoir à mes côtés avant de sortir un... truc. Mes yeux s'écarquillèrent comme des billes. Il m'avait fallu plusieurs années pour me faire au téléphone portable des moldus. Mais ce truc là, ne suivant pas les cours d'étude des moldus... "C'est quoi, ce truc?" demandai-je à mon amie, d'une voix un peu plus forte que je ne l'aurais voulue.

Toute à ma surprise de voir cet objet inconnu, je n'avais prêté aucune attention à l'arrivée de @Verena Lacroix, une personne pourtant difficile à ignorer en temps normal. Aussi, sursautai-je lorsqu'elle prit la parole. "Je n'avais pas commandé. Mais ce n'est pas grave. Je le ferai quand vos commandes seront amenées." Cela ne me dérangeait pas d'être dans les dernières servies. De toute façon, je savais ce que j'allais prendre: un thé à base de pêche et d'hibiscus, avec une tartelette au citron meringué. Ici, elles étaient excellentes, et j'étais tellement menue que je pouvais bien me permettre de prendre quelques calories. Je ne tardai pas, d'ailleurs, à passer ma commande quand ma soeur et les autres filles vinrent à être servies.

Dès que la serveuse fut repartie, ma soeur entra dans le vif du sujet, proposant une session d'étude en littérature et histoire de la magie. Deux matières qu'elle ne suivait plus et je fronçai les sourcils.  "Holly, peut-être qu'une des filles a ses notes de potions et pourra te prêter ses notes pour t'aider à réviser pendant que nous autres travaillerons sur la littérature ou l'histoire?" Une fois n'était pas coutume, mon regard se posa sur Cataleya, étudiante en médicomagie. Si elle avait l'air épuisé, peut-être même à bout nerveusement, je n'en dis rien. Nous étions loin d'être proche elle et moi.  "Cataleya? Tu suis bien le cours de potions, non? Ou quelqu'un d'autre?" demandai-je en regardant les autres filles.

HRP:

HRP:

J'avais hoché la tête à l'explication d'@Andrea Xavier sur cet étrange objet. Un téléphone portable, j'avais fini par en acheter un. Plusieurs, même, étant donné ce qui été arrivé aux précédents. Pas que je n'étais pas soigneuse, mais bon, j'avais du mal avec cet objet que, étrangement, un réparo ne permettait pas à l'appareil de refonctionner comme il fallait. je m'étais même, au contraire, parfois retrouvée avec des pièces qui n'étaient pas retournées à l'intérieur de l'objet. "C'est tout aussi fragile, non?" supposai-je alors qu'elle le rangeait.

Je cessai d'intervenir après ma question sur les cours de potions, préférant m'absorber dans mes révisions. Et puis qu'aurais-je bien pu dire? J'étais la plus jeune autour de la table. Certes, pas celle qui était la moins avancée dans son cursus - étant donné que ma soeur avait repris de zéro - mais malgré tout, clairement, celle qui avait le moins de facilité à s'exprimer en dehors d'une scène. En plus, je ne doutais pas le moins du monde qu'à part deux ou trois, elles ne choisiraient pas mes notes pour réviser. Déjà, parce que j'écrivais aussi petit que j'essayai de me faire discrète en temps normal pour que ma semi-vélane intérieure ne se manifeste pas.

J'écoutai d'une oreille distraite ma soeur échanger avec @Maciya Mane concernant ses aptitudes en potion et, absorbée que je l'étais par mes révisions en histoire, je ratai complètement le moment où @Holly De Launay mit fin aux révisions pour aborder le sujet du bal de fin d'année. Je raccrochai le wagon quand elle mentionna les valeurs des nymphes qui avaient été perdues de vue ces dernières années, ce avec quoi j'étais bien d'accord. J'attendis, néanmoins, que quelqu'un propose une oeuvre caritative. Le silence se prolongeant, je décidai de prendre la parole:

 "Il y a, un peu partout dans le monde, des villages sorciers complètement ostracisés..." commençai-je. Nous en avions parlé en cours de civilisations. "Je ne sais même pas si ces sorciers perdus peuvent avoir accès à l'éducation de base pour leurs enfants avant qu'ils n'intègrent leurs écoles de sorcellerie respectives. Ca provoque un énorme fossé dans ces écoles entre ceux qui ont déjà des connaissances et les autres. Il ne s'agit pas forcément des connaissances magiques, pour le coup, mais de tous les "à côté" dont on a besoin pour apprendre: la lecture, l'écriture, les langues... Peut-être qu'il existe une association qui permet d'envoyer des professeurs dans ces régions perdues?" suggérai-je avant de porter ma tasse de thé à mes lèvres pour me dissimuler derrière sous prétexte de boire une gorgée.

résumé:

Les Nymphes sont réunies, et la séance de révisions peut commencer, mais pour ma part, hors de question de commencer tant que la serveuse ne vient pas nous déposer nos commandes, alors je reste silencieuse tandis que les filles commencent à parler des cours de littérature et d’histoire de la magie, deux matières que je ne suis pas et donc qui ne me concerne pas. Enfin, le plateau arrive, et je peux déguster ma tasse de lady grey, un thé à la bergamote, avec une cuillère de miel et une larme de lait d’amande pour alléger un peu le goût du thé. Le tout, sans en mettre une seule goutte à côté bien entendu. Mais je n’ai rien pris à manger, je n’ai pas faim, et puis tout ce qui se vend ici est beaucoup trop sucré. Je lorgne un instant sur la tarte au citron meringué d’une de mes camarades mais je me recentre bien vite sur mon thé. Je ne réagis que lorsque les potions sont mentionnées. J’interviens alors pour rassurer Holly sur les potions.

Si tu veux Holly, j’ai pris mes notes du cours de potion avec moi, ce n’est pas la matière la plus évidente à réviser ici mais j’y décris plutôt fidèlement le processus de préparation de certaines potions avec de nombreux schémas, peut-être que cela peut t’intéresser ?

Je suis intervenue en dernière, mais j’ai bien compris que la jeune femme se sent dépassée dans la matière et pense, à tort, être trop nul pour pouvoir rattraper son niveau. Je reste persuadée qu’elle en a largement les capacités. Pour preuve, je sors ma baguette et je crée un double de mes notes. Celles-ci sont très bien organisé, dans un carnet avec de nombreux schémas en couleur, avec certaines illustrations animées et des commentaires en marge pour gagner en temps. J’entends que Maciya n’est pas très au point, n’ayant pas été en cours.

Si vous voulez les filles, on peut se faire une petite séance spéciale potions dans la salle de cours la semaine prochaine ? Je vous montrerai comment préparer la potion qui sera sûrement au programme pour l’examen de fin d’année, je sens qu’on va devoir préparer un philtre de charme ou de la pommade pommadante.

Les révisions se poursuivent, je préfère réviser ma médicomagie, c’est ce qui est le plus utile pour moi, notamment des schémas anatomiques pour pouvoir disséquer mon prochain cadavre les yeux fermés, comme on coupe le filet d’un poisson. Je ne relève les yeux que pour finir mon thé et lorsque vient le sujet du gala de fin d’année. Je laisse les filles parler, pour ensuite intervenir à mon tour. Je sens qu’Holly tente de prendre le lead, mais je ne lui laisse pas si facilement la première place.

C’est très bien Litha, tu as raison, je pense même que nous pourrions clôre le gala par un immense brasier afin de célébrer l’astre solaire. Nous sommes des sorcières après tout. Merci beaucoup pour l’idée en tout cas Holly, ton expérience nous sera bien utile. Tu n’es de retour que depuis septembre mais on sait toute ton implication passée dans le club. C’est toujours utile que les anciennes donnent leur avis.

Est-ce que j’essaie avec plus ou moins de subtilité de rappeler que je suis la vice-présidente du club, et qu’Holly n’y a plus qu’une place de simple adhérente ? Peut-être, mais c’est inconscient, je le jure.

Mais je ne suis pas d’accord avec toi, je pense que nous avons toujours poursuivi le but initial des Nymphes, la méthode était différente certes, mais je pense que nos valeurs ont toujours été respectées.

Je ne voulais pas le dire, d’où mon silence dans un premier temps, mais je ne pouvais lui laisser dire que nous avions dévoyé le but du club, loin de là. J’espère juste y avoir mis assez de formes pour ne pas la brusquer. Nous ne nous connaissions que peu malgré tout. Holly propose de revenir à nos engagements initiaux, et Grace nous sort une idée des plus … saugrenues.  Je me moque gentiment d’elle. Avec bienveillance.

Ton idée est noble Grace, mais je ne pense pas que ça soit cela l’engagement initial des Nymphes. Nous devons avant tout œuvrer pour le droit des femmes comme le dit Holly, ce que nous avons toujours fait. La question à se poser c’est : quelles sorcières aujourd’hui ont du mal à s’en sortir ? Les mères célibataires ? Les femmes battues ? Les cracmols ?

Oui, ce dernier sujet était un non-sujet, c’était un but louable mais aider les cracmols c’était comme remplir un vase percé. Un vrai tonneau des Danaïdes.

Spoiler:

Résumé:

Je ne pourrais pas me sentir moins à ma place au milieu des nymphes. J'enviais un peu ma soeur d'y être si à son aise, d'être capable de (re)prendre aussi vite le lead après toutes ces années loin de l'université. Je me sentais toujours un peu spectatrice dans ce club, mais j'avais bien l'intention de soutenir au maximum mon ainée dans ses tentatives de remettre dans le bon sens les nymphes. C'était bien pour ça que j'avais fait cette proposition, même si elle fut d'emblée renvoyée dans les cordes par @Verena Lacroix et sa douceur légendaire. Je me renfonçai dans mon siège et cessai d'écouter la conversation. A la place, je me concentrai sur la musique diffusée par la radio du salon de thé. Etonnamment, elle était allumée sur radio phénix, un fait assez rare, en soi. Ce qui l'était encore plus, c'étaient les grésillements, courts ou longs que l'on pouvait entendre en provenance du poste. Je fronçai les sourcils. J'avais, sans doute comme un peu tout le monde, entendu parler de ce code, le morse, utilisé autrefois pour rédiger un truc qui s'appelait télégramme. Je ne comprenais pas trop comment ça fonctionnait, mais il paraissait qu'il était question de sons longs et de sons courts. Un peu comme là. C'était amusant.

Je finis par me détourner de la radio pour essayer de me rebrancher à la conversation. Mais c'était peine perdue. Je n'avais qu'une hâte: que cette réunion se termine. "Quoi que vous choisissiez, ça sera bien, j'en suis persuadée. Mais je crois qu'il y a déjà eu quelque chose pour les cracmols il n'y a pas très longtemps. Non?"