Soirée salsa ft. @Elio Cooper | 16.06.23

(outfit) Ofelia n’avait jamais mis les pieds au Lovingblow, c’était tout nouveau pour elle. Ce mélange de sorciers et de moldus l’inspirait beaucoup, d’autant plus avec les sonorités de son pays en fond. Pourquoi n’était-elle pas venue plus tôt ? La pensée la traversa et provoqua un sourire sur ses lèvres rougies par le maquillage. Il mettait en valeur la forme de ses lippes toujours si cyniques et mystérieuses. Perchée sur des talons fins d’au moins dix centimètres, si ce n’était quinze, elle avait fait un effort vestimentaire pour l’occasion. Cela lui rappelait ses sorties officielles en tant que chanteuse, sauf qu’elle ressentait beaucoup moins la pression désormais. La robe qu’elle avait choisie lui plaisait et la mettait en valeur malgré sa petite taille. On voyait ses formes, ce qu’elle ne s’autorisait pas souvent en fin de compte. On lui avait appris, au contraire, à se montrer le moins sexy possible et à cet instant, en toute objectivité, elle pouvait en faire chavirer plus d’un. Que pensait Elio de sa tenue, se demanda-t-elle ? Trouvait-il qu’elle en avait fait trop ou qu’au contraire, elle s’était bien investie ? En tout cas, la main posée au bas de son dos ne passa pas inaperçue et elle s’étonna qu’il puisse s’autoriser une telle proximité.

« Lançons-nous, on aura bien le temps de boire une coupe plus tard, quand nous serons échauffés ! » Elle lui sourit et lui prit la main pour le mener jusqu’à la piste des danseurs, qui s’en donnaient à cœur joie. Certains prenaient l’exercice avec plus de sérieux que d’autres. Ofelia s’arrêta là où il y avait de la place et fit face à Elio. Si elle était intimidée, elle n’en laissa rien paraître. Elle ne s’était jamais adonné à ce type de danse avec un homme et en public, de surcroît.

« Monsieur Cooper… » fit-il dans une petite révérence pour l’amuser et cacher son embarras. « Je vous laisse conduire ? »

Soirée salsa ft. @Elio Cooper | 16.06.23

Ofelia baissa les yeux sur ses chaussures nudes qui galbaient ses jambes et lui donnaient une meilleure posture dorsale. Elle se sentait toujours plus féminine en talons, raison pour laquelle elle n’en mettait pas tous les jours. Parfois, elle ne voulait pas ressentir cette sensation. Elle n’en ressentait pas le besoin. Mais pour la salsa, c’était une obligation inscrite dans son esprit par l’éducation de sa abuela. Et puis, cela rendrait leur danse plus aisée d’avoir un écart de taille amoindri.

Celle-ci commença en douceur, le temps que chacun puisse prendre ses marques - ce qu’elle fit avec une certaine rapidité. Bientôt, Elio se fit plus entreprenant et la vraie danse commença. Elle sentait les pans de sa robe fouetter ses cuisses et probablement les jambes du médicomage à chaque fois qu’elle tournait avec vivacité, ce qui arrivait souvent. C’était une impression désarmante dont elle se droguait à cet instant. La chaleur la parcourait et montait jusqu’à ses joues, la pièce tournoyait et son regard ne parvenait pas à se poser plus de quelques secondes sur un pan de mur ou une couleur. Plus ils prenaient de l’assurance et plus ils accéléraient leur danse, la rendaient plus complexe. Quand elle croisait le regard d’Elio, elle souriait pour l’unique raison qu’elle s’amusait comme une folle. Et puis, au détour d’un petit jeu de jambes, leurs pieds s’emmêlèrent l’un dans l’autre et elle tomba dans ses bras en riant.

« Pfiou, je suis à deux doigts de m’évanouir tant j’ai chaud ! J’adore ça ! Je le prendrais bien ce verre d’eau maintenant… Pas toi ? »

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Il approuva sa proposition d’aller enfin se soulager le gosier et elle le suivit avec beaucoup d’empressement. Tout cela lui avait donné énormément soif, si bien qu’elle avait l’impression d’avoir un bout de carton dans la bouche. Ils ne tardèrent pas à atteindre le petit buffet, vu la taille de la salle et elle scruta rapidement les choix s’offrant à elle. Le compliment d’Elio, bien que peu surprenant, lui arracha tout de même un regard fier et flatté.

« Merci Elio. Sache que ça l’est pour moi aussi. Tu es un très bon partenaire. » Rien de difficile à admettre cela, même si elle n’était pas toujours bavarde lorsqu’il s’agissait de complimenter les hommes. Elle ne prêta aucune attention aux autres regards mais remarqua le changement de place du médicomage. Elle lui trouva une excuse quelconque dans sa tête et se concentra plutôt sur le choix de sa boisson. Loin d’opter pour la fantaisie cette fois, elle ne prit qu’un verre d’eau, puis un deuxième quand il s’avéra que le premier n’avait pas suffit à étancher sa soif.

« Tu as eu beaucoup de partenaires avant moi ? » demanda-t-elle sur un air mutin, volontairement. Elio était beau garçon, il dansait bien et ne manquait pas de charme ; cela ne devait pas être sa première fois sur la piste !

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Elio était comme elle : très famille. Ou du moins, très proche de la sienne. Ils avaient cela en commun, ce qui n’était pas rien. Cela l’amusait de l’imaginer danser avec une vieille dame comme cela pourrait être le cas avec sa propre grand-mère. D’ailleurs, un sourire légèrement moqueur vint illuminer ses traits.

« C’est vrai que c’est une bonne façon de rencontrer de nouvelles personnes. » Elle ne s’y adonnait pas autant qu’elle le voudrait, pas depuis quelques temps en tout cas. Difficile d’entrer dans une salle de danse dans sa ville natale sans se faire reconnaître et alpaguer de toutes parts. C’était l’attention qu’Ofelia recherchait et dont elle n’avait pas saisi l’ampleur des conséquences, jeune et inconsciente qu’elle était alors.

« La partenaire idéale, carrément ? Cesse donc de me flatter, ma tête va exploser ! » Le compliment lui réchauffait les joues et elle dévia le regard pour qu’il ne voit pas ses yeux briller de satisfaction. Elle appréciait ce genre d’égard, même si elle ne l’avouerait pas. Elle se demanda ce qu’il gagnait à tant la complimenter. Flirtait-il avec elle ? N’était-ce que de la pure sincérité à son égard et se faisait-elle des films sur ses intentions ? Pour d’autres hommes, elle aurait immédiatement pensé qu’ils en faisait volontairement trop pour tenter de l’impressionner mais Elio ne ressemblait pas à ce genre d’hommes, elle l’avait déjà établie. Alors, que voulait-il ?

« Ce n’est pas faux… » admit-elle en baissant les yeux sur son verre vide. Elle demanda à le faire remplir et osa enfin se tourner vers le médicomage pour lui offrir une meilleure réponse que celle-ci. « J’ai arrêté il y a environ un an - wow déjà ! En arrivant en Écosse, en fait. J’en faisais au niveau professionnel avant. Tu vois, ce n’est pas qu’un talent, c’est surtout des années de travail ! Tu n’as pas à vouloir être digne de moi Elio, je t’assure que ça n’en vaut pas la peine. » Elle sourit brièvement puis se perd à nouveau sur la surface de l’eau dans son verre. Elle redressa ensuite son visage vers lui, déterminée à changer de conversation car celle-ci la mettait mal à l’aise.

« Je préfère m’amuser ! Tu es prêt pour un deuxième round, Cooper ? »

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Il n’insista pas. Soit Elio avait compris qu’il serait inutile de lui forcer la main, soit il ne souhaitait simplement pas jouer avec le feu… ou alors, l’histoire ne l’intéressait. Dans tous les cas, Ofelia se sentit soulagée de passer à autre chose et de retourner sur la piste de danse, là où toute l’action prenait vie. Les couples allaient et venaient entre la piste et le buffet, tout comme eux. Si elle prit le lead pour les ramener à cet endroit, Elio fit preuve d’une grande confiance en la tenant contre elle lorsque la musique changea. Il lui fit savoir qu’il l’adorait et, un frisson accompagnant ses propos, elle trouva ce naturel particulièrement mignon.

L’ambiance dans la salle était aussi enivrante que le punch du Bal des Nymphes, et les partenaires de danses féminines encore plus sensuelles et charmantes que les Nymphes elles-mêmes. Mais Ofelia n’avait pas le temps de poser son regard sur elles plus de quelques secondes car Elio la faisait bouger et vibrer entre ses mains. Elle lâcha prise, se laissa faire tandis que cette sensation agréable la parcourait de la tête aux pieds. Son cœur palpitait, son souffle se raccourcissait et elle peinait à garder un sérieux militaire, quand tout ceci lui donnait envie de rire et de s'esclamer. La Mexicaine sentit bientôt l’effort se manifester en une goutte de sueur qui vint perler le long de son cou.

Bientôt, la musique prit fin et elle s’arrêta sur la piste, l’une de ses mains toujours dans celle d’Elio et l’autre contre sa poitrine en sursaut. Elle eut un petit rire puis releva le regard vers lui avec détermination.

« Est-ce que ça te dit de corser les choses et qu’on échange nos rôles ? »

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L’idée était certainement incongrue, elle en avait conscience. Mais Ofelia ne pouvait pas s’amuser sans bouleverser le jeu et transgresser les règles quelque peu. Elle voulait voir aussi si Elio était prêt à changer les codes de cette danse devant des spectateurs, au risque de se faire moquer. Et il le fit. La Mexicaine prit le rôle de meneur de danse et s’amusa follement de l’évolution du médicomage pendant celle-ci. D’abord rigide et maladroit, il finit par prendre plaisir à cette nouvelle position et s’autorisa même quelques mouvements chaloupés qui manquèrent de la faire hurler de rire plus d’une fois. Difficile de rester sérieuse en voyant cela ! Ce n’était même pas de la moquerie, mais plutôt la réalisation qu’Elio n’était pas aussi coincé qu’il voulait le faire croire, avec son air sérieux et ses grands principes. Peut-être l’avait-elle jugé un peu trop vite d’ailleurs… Elle découvrait un jeune homme très drôle, prêt à tenter de nouvelles choses et séduisant, qui plus est.

« Et pas qu’un peu ! » Se retenir de rire aux éclats lui avait coûté beaucoup d’énergie et il lui fallait absolument rassasier sa gorge et sa bouche, devenues sèches pendant l’exercice. De retour au stand de boisson, le même schéma recommença entre eux mais sans que le danseur n’ait le besoin d’intervenir pour son honneur.

« Quelles autres danses pratiques-tu ? » demanda-t-elle, désormais curieuse d’en apprendre plus sur le jeune homme. Elle ne se sentait pas encore totalement prête elle-même à s’ouvrir complètement sur sa vie personnelle et passée, mais discuter avec Elio était plus facile qu’il n’y paraissait et il était possible qu’au détour des mots, elle parvienne enfin à évoquer tout cela avec lui.

« Attends, laisse-moi deviner… Rock ? » Maintenant qu’elle avait pu être témoin de son côté enjoué sur la piste de danse, elle se l’imaginait parfaitement en train de performer sur un rock entraînant et cette idée la ravissait.

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Ofelia se montra surprise des réponses d’Elio. Il se montrait bien trop modeste mais peut-être n’était-ce pas une mauvaise chose ? Elle ne parvenait pas encore à se décider sur le sujet et manqua de s’étouffer dans son verre lorsqu’il évoqua le zouk.

« Sache que je donnerais beaucoup pour te voir danser le zouk ! » Son regard brillant ne mentait pas alors qu’il s’ancrait dans celui du médicomage. La valse ne l’intéressait pas vraiment et elle ne connaissait pas le rock acrobatique non plus. Cependant, à l’image du jeune homme, le tango l’intriguait.

« Je ne peux qu’admettre que tu as raison… Ma grand-mère sait le danser mais je n’en connais que les bases théoriques. En pratique, tout est très différent. » Elle constata que son verre était vide mais ne proposa pas de retourner sur la piste tout de suite. Au contraire, elle tendit vers lui un autre verre d’eau plein, comme pour l’encourager à se faire plaisir.

« Mmmh… le violoncelle, mais je crois que je te l’ai déjà dit ? Non ? Je ne sais plus. J’aime beaucoup. » Elle devrait évoquer le chant mais quelque chose dans sa gorge la bloque. Ce serait admettre qu’elle n’a chanté que pour les cours depuis quelques mois et peu pour son plaisir personnel. Et dire que, plus jeune, elle ne vivait que pour cela ! Le sujet la plongea dans une grande réflexion, qu’elle finit par couper d’elle-même. À quoi bon se miner le moral avec ces histoires alors qu’elle passait un si bon moment en sa compagnie ? Il n’avait pas besoin de savoir ces choses-là sur elle. Ofelia préférait qu’il en soit ainsi.

« J’ai l’impression que tu aimes faire beaucoup de choses également. Je dois dire qu’en règle générale, mes passions n’ont souvent aucun rapport les unes avec les autres. » Elle se pencha vers lui pour parler un peu plus bas. « Par exemple, j’aime pratiquer l’urbex. Ce n’est pas vraiment légal mais je dois avoir un p’tit goût pour le danger j’imagine ? » Elle se pinça les lèvres après l’aveu, incapable de deviner ce qu’Elio pouvait penser de cela. Il la trouvait peut-être trop extravagante… Mais elle ne comptait pas changer pour lui ! C’était comme ça, à prendre ou à laisser.

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Elle avait remarqué qu’en sa compagnie, il ne prenait pas une goutte d’alcool. Ofelia n’y avait que peu accordé d’attention, se disant tout simplement que ce n’était pas à son goût. Pourtant, il venait de lui confirmer qu’il en avait déjà consommé… Mystère mystère. Cela lui donnait envie de fouiller un peu plus mais elle se rappela que ce n’était pas ses affaires et qu’à trop vouloir s’en mêler, elle risquait d’être blessée au passage. Ou de blesser.

Apparemment, il ne connaissait pas l’urbex et cela tira à Ofelia un doux sourire. Si innocent, ma parole… et bien plus vieux qu’elle ! Même si les chiffres ne la dérangeaient pas comme ça pouvait l’être pour d’autres.

« Est-ce que ça te plairait ? » La Mexicaine prenait malgré elle le ton du flirt. C’était presque automatique, d’autant plus avec la question qu’Elio lui posait. Elle aurait pu y répondre de façon cash, mais pourquoi faire simple quand on pouvait faire compliqué ? Elle voulait voir sa réaction.

« Un peu, depuis quelques temps. La preuve, je vis avec Cat… Si ce n’est pas du danger ça ! » admit-elle dans un rire, avant de prendre une nouvelle gorgée. « L’urbex c’est… comment dire ça… En gros, tu “visites” des lieux désertés, abandonnés, en ruines. Et c’est illégal parce que de un, ce sont des propriétés appartenant à des personnes ou à la ville, donc tu n’y entres pas sans autorisation. Et de deux, c’est parfois si délabré que c’en est dangereux. Tout peut s'effondrer d’une minute à l’autre. Il y a déjà eu des accidents. » Il pouvait dire qu’elle faisait preuve d’inconscience : elle le savait bien. Mais après tout ce temps passé à se faire dicter sa conduite, elle avait besoin d’un peu de frisson. Surtout quand les films d’horreur ne suffisaient plus…

« Tu crois que ça te tenterait ? »

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Il parut perdu le pauvre et Ofelia se promit d’y aller un peu plus mollo sur le flirt pour ne pas définitivement le faire fuir. Concernant Elio, elle ne savait pas vraiment sur quel pied danser. Lui plaisait-elle ? Ou tout cela n’était-il que de l’amitié ?

« Je ne vois pas les choses comme ça. Pour moi, ce ne sont pas juste des ruines, mais des vestiges d’un passé. Des personnes ont vécu là, on fait mille choses et certains lieux sont marqués par l’Histoire. Dans certains cas, on peut même croiser des fantômes. » Elle lui épargnait le côté “j’adore avoir peur et mettre ma vie en danger” car elle comprenait bien qu’en plus de ne pas être sa tasse de thé, il ne parvenait pas à en saisir l’intérêt. Il n’avait pas besoin de ça pour ressentir sa vie quand, elle, trouvait du réconfort dans cette adrénaline.

« Rarement. C’est quand même dangereux. Si on tombe, qu’on se blesse, il faut bien quelqu’un pour aider ou au moins alerter les secours. Honnêtement, ça ne m’est encore jamais arrivé jusqu’à présent ! » Elle toucha malgré elle le bois de la table à côté d’eux, comme par instinct. Elle aimait vivre des expériences intenses, certes, mais pas la mort non plus ! Elle en parlait à Elio avec la pleine conscience de ce que son comportement impliquait.

Suivant sa proposition, ils prirent la direction de l’extérieur et Ofelia se rendit compte qu’en effet, elle en avait tout autant besoin que lui. La sueur dans sa nuque, au contact avec la douce brise du soir, la rafraîchit instantanément.

« Laisse-moi te poser une question un peu bizarre. T’es pas obligé d’y répondre » dit-elle en se posant dos contre le mur du bâtiment. « Mais tu ne déroges jamais aux règles ? Et si oui, t’as pas l’impression de… de… comment dire… manquer quelque chose ? » Elle entendait parfaitement l’assurance de suivre les règles à la lettre, de ne jamais dévier de son chemin. Même elle recherchait ce contrôle parfois, de peur de glisser sur un terrain trop dangereux pour son propre bien. Mais Elio devait forcément faire abstraction de tout ça parfois, n’est-ce pas ? Personne n’était aussi droit, aussi infaillible. Elle n’y croirait pas.

Soirée salsa ft. @Elio Cooper | 16.06.23

La question n’avait peut-être l’air de rien comme ça mais n’importe qui pouvait y voir une forme de jugement. Du peu qu’elle le connaissait, il était difficile pour Ofelia de décrire Elio comme un personnage excentrique, fou et déraisonnable. Son cousin correspondait plus à ce profil - d’ailleurs, elle avait oublié qu’il l’était jusqu’à ce que le médicomage y fasse mention. Ils ne pouvaient pas être plus différents l’un de l’autre. Attentive, elle écouta les réponses d’Elio avec un certain intérêt. Il se décrivait comme il se voyait ou se percevait à l’époque et, comme toute personne normalement constituée, il était fait de haut et de bas, de bêtises et d’actes bienveillants, de droiture et de connerie. Il avait cassé certaines règles et l’étudiante ne souhaitait qu’une chose : savoir lesquelles. Cela pouvait donner une toute autre dimension à la personnalité de l’Espagnol.

Ofelia ne voyait pas en quoi son activité était plus dangereuse que celle d’Elio. En soit, le vélo n’était pas un sport dangereux mais il obligeait à se mettre dans des situations qui pouvaient le devenir. Dévaler une montagne sur un chemin plein de racines à une vitesse folle, slalommer entre les voitures dans la ville ou se faire taper par un autre véhicule - ou soi-même heurter un piéton… Tant de situations dangereuses qui pouvaient mettre fin à une vie. Alors oui, en effet, Elio jouait avec la limite des règles de la vie. Il se tenait sur ce fil tendu, guidon en main, et espérait passer de l’autre côté en jouant des roues.

« T’en fais pas, c’est cool d’entendre tout ça. J’ai l’impression d’un peu mieux te connaître désormais. De voir de façon plus claire le tableau qu’est Elio Cooper. Il y a tout de même un monde entre avoir sa propre vie dans ses mains et celles des autres. Je ne pourrais pas faire urgentiste et je trouve admirable que ce soit ton cas. Je veux dire, tous ces gens qui comptent sur toi pour aller mieux, pour… vivre, parfois. Ce doit être moralement et physiquement éprouvant, non ? » Elle croisa les bras sur sa poitrine, prête à entendre cette histoire - ces histoires un peu dérangeantes parfois, mais qui dépeignaient une réalité devant laquelle il ne fallait pas fermer les yeux.

Soirée salsa ft. @Elio Cooper | 16.06.23

Elle ne pouvait pas dire qu’elle comprenait exactement ce qu’il voulait dire. Mais la pression transformée en adrénaline pour devenir plus performant ? Oh oui, ça elle connaissait. Elle la ressentait à chaque fois qu’il fallait entrer en scène et comprenait pourquoi, pour certains, cela pouvait s’apparenter à une drogue. L’esprit est focus sur une seule chose, la sensation est grisante - d’autant plus lorsque tout se passe comme on l’avait souhaité. Pas la même pression, certes, mais une cause à conséquence similaire sur bien des points.

« Je vois » conclut-elle simplement. Elle pouvait de nouveau manifester son admiration mais à part gonfler son ego, cela ne servirait à rien. Ofelia le regarda se perdre dans ses pensées, se demandant ce qui pouvait s’y trouver et voilà qu’Elio se mit à lui demander une faveur. Toujours sur ses gardes mais amusée par le ton de sa voix, elle répondit sur un ton sérieux.

« Je ne sais pas ce qu’on t’a dit mais c’est faux hein. Oui, j’aime bien les films un peu gore mais je ne démembre pas de cadavre à là demande ! » Elle prit un air presque suspicieux avant de finir par sourire. Bien sûr, elle plaisantait. Même si… enfin bref. Elle ne pouvait pas embarrasser davantage Elio avec une vérité dérangeante. Les petits plans tordus qu'elle fomentait en compagnie de Cataleya devant ses films d'horreur préférés ne sauraient plaire l'oreille délicate du médicomage. Il ne semblait pas être le genre de gars à brusquer.

« En quoi puis-je t’être réellement utile, dis-moi ? »