Ils pouvaient donc être amants. En témoignaient le plaisir qui l’avait renversée. Elle avait essayé tant bien que mal de repousser cet instant, de faire durer ce moment. Mais les caresses d’Ethan venaient de lui prouver ce qu’elle n’était absolument pas capable d’envisager quelques minutes plus tôt. Ils pouvaient être amants. Ils pouvaient être amis. Ils pouvaient donc sûrement être amoureux.

Le sentiment de plénitude est puissant. Tant dans l’âme que dans le corps. Bien sûr qu’elle est déjà épuisée. Comment ne pas l’être alors que près de trente ans de certitudes venaient d’êtres soufflées comme fétus de paille ?

Laissant libre le cours de ses pensées alors que le Lacroix s’y invite, elle pose également sa tête son épaule, comme pour dissimuler le léger sourire qui s’est épanouit sur ses lèvres dans qu’elle ne s’en rende compte. Elle aussi, aurait aimé pouvoir lire les pensées d’Ethan. Mais elle ne peut que deviner le plaisir qui a été le sien.

- Oui…

Avoue-t-elle dans un souffle, fermant une seconde ses yeux de biche pour profiter encore quelques secondes de la peau chaude de l’Helvète contre le sien. Il lui faut quelques secondes pour se résigner, se redresser. Une main douce se pose sur a joue rugueuse de son amant avant d’avouer.

- Peut-être que tu n’avais pas tort.

Elle confirmait, et tu en étais ravi. Pas qu'elle s'avoue vaincu, pas qu'elle baisse les armes, mais juste qu'elle semble se rendre à l'évidence qui était la tienne ces dernières semaines. Et qu'elle vienne déclarer que tu avais peut-être raison te suffisait tellement. Dans l'océan de doutes qui te submergeait ces derniers temps, savoir que Calliope Muller était encore ton alliée était définitivement rassurant. Parce qu'étrangement, tu l'aimais réellement. Elle aurait clairement pu tout t'annoncer, tout te demander, que tu aurais dit oui. Tu aurais fermé les yeux. Tu aurais beaucoup de choses au final, juste parce qu'en cet instant, pour l'une des rares fois de ta vie, tu étais heureux.

Cette main qui se pose sur ta joue, tu la rappelles dans la tienne, attirant le corps de la Sang-mêlé contre le tien, cherchant à l'attirer à l'abri des draps si doux qu'étaient ceux de ton lit. Une façon comme une autre d'inviter la belle à rester dormir, d'affirmer qu'elle, elle pouvait rester. Qu'elle, elle en avait le droit. Que plus qu'un instant charnel, tu voulais aussi te réveiller près d'elle au matin, chaque matin. Tant de vérités qui ne seraient jamais dites, parce que tu n'en a pas l'habitude. Et pourtant tant de vérites que tu penses.

Je prendrais le temps qu'il faut pour t'en convaincre. Une promesse faite dans un murmure.