Jenny se trouvait devant un grand bâtiment ancien du centre-ville de couleur beige dont la toiture lui évoquait une scie, à cause des nombreuses pointes qui formait le toit au niveau de la façade, avant de fusionner avec les autres constructions pour former une seule ligne. Il y avait à quelques pas de la jeune fille une rampe descendante vers un sous-sol fermée par de vielles portes en bois sans vitre, en plus d'une entrée classique, plus petite au niveau du rez-de-chaussée dans le même style.

Quant à la jeune fille en elle-même, elle ne passait pas inaperçue. Elle faisait tranquillement les cent pas dans un costume rigide argenté décoré de fleurs aux pétales blanches et aux cœurs noirs le tout avec des bords noirs. La coupe de sa veste laissait voir les courbes de sa poitrine, car elle ne portait visiblement rien en dessous. Elle avait agrémenté sa tenue d'une paire de lunettes aux branches argentées et de talon haut noir. Elle était habillée et maquillée soigneusement, comme toujours, mais dans un style qu'elle voulait "entrepreneuse sexy".

Jenny était contente, car elle allait avancer dans un projet qu'elle avait créé et parce que Miguel avait accepté de venir. Ils s'étaient rencontrés lors d'une soirée étudiante organisée par les beer flops. Ils s'étaient bien amusé avec quelques jeux à boire qui les avait rapproché et c'était rapidement devenu électrique entre eux, alors ils s'étaient mis flirter.

Mais cela n'a jamais été plus loin, car Miguel s'était casé et passait du temps avec son amoureuse. Jenny ne lui en avait pas voulu, elle s'était dit qu'il y avait d'autres garçons sympas. Pourtant, dès qu'elle l'avait vu à la fête d'Halloween, elle lui avait souri et apporter un verre. Il se démarquait avec son visage d'ange et son corps sculpté. En plus, elle savait ses goûts en alcool et il avait des connaissances en whisky, il pouvait lui apporter un second avis constructif pour son projet. Jenny lui avait dit qu'ils allaient visiter une nouvelle distillerie, mais avait garder le secret sur son projet.

Jenny s'arrêta de faire des allers et retours pour regarder son téléphone. Elle avait plusieurs minutes d'avance, ce qu'elle commençait à regretter. Chacune paraissait plus longue que la précédente, ce qui la rendait toujours un peu plus nerveuse parce qu'elle se demandait s'il n'avait pas oublié ou si elle n'allait pas recevoir un message à la dernière minute pour annuler.

Il était en retard et le pire… c’est qu’il ne savait même pas pourquoi. Comment il avait pu en arriver là ? Aucune idée. Vraiment aucune. L’idée c’était juste de se poser un peu dans le canapé, de fermer les yeux tranquillement et d’attendre que l’heure de rejoindre Jenny arriverait. Mais fallait croire que le rythme de ses entrainements avec les Shooters l’avaient poussé dans les bras de Morphée. Et quand il se réveilla, la gueule enfarinée et les boucles en bataille, l’heure qui s’afficha sur l’écran de son téléphone le fit bondir.

- BOR-DEL.

Il avait bondit du canapé comme un cabri prit en chasse, vérifié qu’il avait bien un pantalon parce que c’est toujours utile pour visiter une distillerie. Non sérieusement, comment pouvait il était à la bourre quand il s’agissait d’aller picoler. Parce que oui c’est comme ça qu’il a prit l’invitation.

- J’suis là ! J’suis là !

Il venait de transplaner et d’attérir, encore un peu échevelé, face à une semi sirène dont le style était des plus audacieux. A dix mille lieux du Madrilène, de son jeans et du sweat-shirt de son équipe de Quidditch.

- Bah dit donc t’es ultra canon ! J’aurais du me mettre sur mon 31 ?

Il glisse une bise, puis une deuxième a la jeune femme qu’il n’avait plus fréquenté depuis longtemps parce qu’une certaine rousse lui prenait tout son temps et toute son énergie…

Jenny avait troqué ses cent pas contre une mine boudeuse et contrariée avec les bras croisés. Elle s'appuyait sur la rambarde menant au sous-sol, se disant qu'elle allait devoir gérer la suite seule, n'étant pas là. Elle amorça un mouvement pour descendre la rampe, quand un crac retentit non loin. Un Miguel paniqué et désordonné apparue et la salua chaleureusement. La demi-sirène se détendit et lui sourit un peu, chassant son air bougon, soulagée qu'il soit finalement là.

« Hello ! Je commençais à me demander si on ne m'avait pas posé un lapin. »

Il complimenta la tenue de Jenny, mettant en avant la banalité de la sienne. Jenny aurait préféré qu’il ait soigné sa tenue et qu’il soit arrivé à l’heure, cela aurait montré son intérêt pour leur rendez-vous, mais il était là, c'était le plus important.

« Non, ce n'était pas obligatoire. »

Elle se tourna vers les portes en bas de la rampe qui devait donner sur un sous-sol. Elle sortit sa baguette et tapota trois fois la porte de droite puis deux fois celle de gauche puis déclara :

« Je suis venue découvrir la recette du nectar. »

Les deux portes s’ouvrirent sur un large un couloir au sol carrelé qui contenait un porte-manteau et quelques casiers. Jenny fit signe à Miguel de la rejoindre tandis qu’un homme grand avec de larges d’épaules avec une longue et épaisse barbe rousse entrait dans le couloir. Son visage était rond et rouge, évoquant un peu un père noël, mais il était chauve. Il sourit en voyant là petite blonde et vint lui serrer la main.

« Bonjour, mademoiselle Calrton ! La dégustation est prête. »

Quand il aperçut Miguel, il lui tendit la main de façon tout aussi et énergique et joviale.

« Bonjour, bienvenue au Nectarium ! Je m’appelle Charle, je suis l’un des gérants. Venez ! »

« Je te présente Miguel, un amateur de whisky, mais je l’ai vu dégusté beaucoup d’autres boissons. » dit Jenny avec une expression amusée et malicieuse.

Il ouvrit une porte du couloir et leur fit signe d’entrer, dévoilant une pièce qui contenait une table entourée de plusieurs chaises où se trouvaient quatre bouteilles remplit d’un liquide rouge sombre et des shots. L’un des murs était vitré à hauteur du visage de Jenny et donnait sur une immense pièce qui était remplie de matériel comme des alambics, des machines à infuser le moût, des cuves de brassages, … Des ouvriers s’y activaient dans des tenues pas jolies, mais obligatoires pour l’hygiène et la sécurité. Charle les invita à s'installer :

« Du coup, le projet est presque finit, il faut décider quelle version du produit vous préférez pour nous orienter. Si vous n’aimez aucune des propositions, n’hésitez pas à le dire. Dans ce cas, nous travaillerons pour en créer de nouvelles. Je vous laisse un moment. »

Il repartit rapidement par là où ils étaient venus.

Elle était sympa, Jenny. Il aurait certainement mérité d’être un peu pourri. Qu’on souligne encore son manque d’investissement personnel, symptôme sournois d’un manque de maturité. Mais elle était sympa. Elle avait souri, avait embrassé ses joues mal rasé et avait même balayé d’un revers de manche le fait qu’il soit en jeans. Il aurait pu invoquer dans la minute une tenue plus formelle mais il était bien content que ce ne soit pas nécessaire. Il détestait jouer au pingouin.

Discipliné, il abandonna l’idée de fumer une clope en voyant la Grymm descendre les quelques marches qui rejoignaient la porte vers un sous-sol, frappant et se présentant d’une manière qui arracha un petit rire au madrilène. Il glissa les mains dans ses poches après avoir serré la main de barbe rouge qui avait mangé trop de fizwizbiz. Il jeta un œil amusé à Jenny qui le décrivait de la façon qui n’était pas la plus flatteuse mais qui n’était pas non plus un mensonge…

- Salut Charles. Moi c’est Miguel et j’suis surtout enchanté de savoir qu’il y a une distillerie cachée à deux rues de chez moi !

Le ton était à l’humour et il arracha un rire gras au propriétaire de l’endroit qui se mettait en route vers une pièce prévue pour la dégustation, donnant vue sur les cuves. Barbe rousse les installa avant d’en retourner à ses occupations et le Pajares se laissa tomber sur un des fauteuils.

- Mais c’est super sympa ici ! Comment t’as connu ?

Les présentations se sont bien passé, le massif propriétaire avait rigolé à en faire trembler les murs à cause de stature. Miguel semblait adorer l'endroit, la questionnant sur comment la demi-sirène avait connu le lieu quand ils se retrouvèrent à deux dans la pièce. Elle prit le temps de s'installer sur le siège à côté de lui avant de lui répondre.

"Eh bien, j'ai eu une idée d'alcool après un cours de potion suivit par une soirée avec les beerflop ... Du coup, j'ai cherché des producteurs d'alcool qui seraient emballé par le projet, mais les plus gros fabricants n'étaient pas intéresser. Du coup, je me suis tournée vers les plus petits jusqu'à trouvé cette distillerie qui a ouvert il n'y pas longtemps. D'ailleurs, c'est une liqueur à base de grenade et fleur de bisou ... Du coup, c'est aphrodisiaque. "

Jenny guettait la réaction de Miguel quand elle lui glissa les effets de l'alcool. Elle voulait lui donner une chance de refuser pour ne pas le tromper. En attendant sa réponse, elle saisit la bouteille la plus à gauche et remplit deux shots puis posa l'un des verres devant lui tout en souriant malicieusement. Elle but le sien lentement pour déguster toutes les saveurs et grimaça. Ce n'était pas terrible et trop fort, le goût et la sensation de l'alcool brûlant écrasait tout le reste, ne laissant presque aucune place aux goûts de la grenade et de la fleur. Elle reposa son shot avec le visage encore crispé tandis qu'elle sentait la boisson laissée une traînée de feu en elle. Elle reprit la parole d'une voix un peu plus rauque que son habituelle tonalité ensorcelante :

"Alors ... Pour moi, celui-la, ce n'est pas bon. On ne sent que l'alcool, c'est pour se saouler trop vite sans le plaisir de déguster quoi que ce soit."

Les sièges sont confortables et il allait se bourrer le gueule en bonne compagnie. Elle était pas belle la vie ? Les quatre bouteilles alignée sur la table basse laissent toutes entrevoir un alcool de couleur rouge dont l’intensité varie de l’une à l’autre. L’une d’entre elles attire particulièrement l’attention du madrilène car il semblerait que la couleur ne change. Il se demande bien ce qu’il peut y avoir la dedans mais la Carlton répond rapidement à cette question silencieuse. « D'ailleurs, c'est une liqueur à base de grenade et fleur de bisou ... Du coup, c'est aphrodisiaque. »

- Oh !

Le visage qui exprime toute sa surprise, le madrilène fait lentement tourner entre ses doigts le shooter vide qu’il a récupéré. Un petit sourire en coin apparait doucement sur les lèvres du Pajares.

- Je comprend pourquoi tu voulais que ce soit moi qui fasse le goûteur.

La malice qui brille dans ses yeux. Il est beau, il est charmant, il le savait et il aimait en jouer. Même si depuis qu’il était casé, il ne pouvait plus en jouer autant qu’avant. Et Jenny le savait. Il tend son verre et laisse la Grymm le remplir à ras bord avant de le boire cul-sec. Oui, bon, c’était pas tellement la meilleure façon de déguster quoi que ce soit mais fallait croire qu’il était là question de mémoire musculaire.

L’alcool est brûlant dans son oesophage. Il n’est pas le dernier à picoler mais là c’était vraiment, vraiment très fort. Sa légère grimace n’a rien de comparable avec l’air qui habite les traits de son amie.

- Ouais… la vache. C’est archi-fort ça doit être au moins à 60° ce truc. Faut pas prendre celui-là.

Et puis pour l’effet aphrodisiaque, on repassera. Il avait plutôt envie de tousser que de s’envoyer en l’air là maintenant tout de suite. Il se saisi d'une des bouteilles du milieu et a son tour verse deux shot avant de boire le sien.

- Ew...

C'était... presque sirupeux. Ca coulait trop lentement dans la gorge et ca tapissait le palais d'une façon vraiment déplaisante. Pourtant le goût était là...

- Celui là est trop sucré et trop épais. Sauf si tu veux que ton alcool finisse a mélanger à du jus de citrouille par des midinettes en chaleur, c'est pas le bon.

Jenny sourie en voyant la surprise dans l'expression de Miguel avant de lui lancer un regard complice quand il devint malicieux. Ils partageaient le fait qu'ils étaient tout le deux sûrs d'eux et de leur beauté ainsi que leurs côtés séducteurs.

"J'ai fait appel uniquement à toi pour tes connaissances alcools." dit la demi-sirène en levant les yeux au ciel et en exagérant sa moue en soupirant, faisant semblant qu'il l'exaspérait pour plaisanter, finissant avec un regard mutin.

La tête du Pajares quand il goûta le premier alcool fut formidable. Une belle petite grimace qui devait s'intensifier à mesure que la boisson trop forte laissant une traînée de feu en lui. Jenny s'esclaffa doucement en voyant ça en sachant qu'elle avait dû tirer à peu près la même tête. Il confirma ce qu'elle pensait du premier alcool et il enchaîna avec le deuxième. Une nouvelle grimace apparue sur son visage, signalant avant qu'il ne parle que la boisson ne lui plaisait pas.

Même si elle faisait confiance au goût de son ami, elle ne pouvait pas y couper pour se forger son propre avis. Elle se versa et bu un shoot, découvrant que la sucrosité de la grenade était beaucoup trop présente et écrasait tout le reste, y comprit la sensation et le goût d'alcool.

"Hé, respecte les midinettes ! Après quelques verres, on peut vite en devenir une ... Mais oui, je cherche quelque chose qui ne demande pas à être mélangé pour être buvable."

Jenny se saisit de la troisième bouteille, celle qui changeait de couleur. Elle commençait à avoir chaud, à se sentir détendue et légères, les premiers signes venant des shots précédant.

"Celui-ci, on l'a enchanté pour que la couleur change en fonction de l'état de la personne. En gros, quand tu sers quelqu'un, le liquide sera plus au moins rouge si la personne servie te désire. S'il devient blanc, c'est une absence totale d'envie et si le rouge devient si foncé qu'il en paraît noir, c'est un super match. Vas-y, sers moi."

Jenny lui tendit la bouteille avec un air amusé et espiègle.

« J'ai fait appel uniquement à toi pour tes connaissances alcools. » Le roulement d’yeux qui allait avec cette affirmation mensongère fit sourire de plus belle le Pajares qui ne se permit pas de commentaire pour autant, désormais concentrer sur la mission importante qui venait de lui être confiée.

La seconde bouteille est débouchée puis goûtée. Le madrilène ne tarde pas à se faire un avis alors que le liquide coule trop lentement vers son gosier. Ce truc à la consistance de la sauce soja et Esther serait sûrement affolée en découvrant combien de calories il venait d’ingurgiter en même pas quatre secondes tellement le taux de sucre crevait les plafonds.  « Hé, respecte les midinettes ! Après quelques verres, on peut vite en devenir une … » . Il éclate de rire le madrilène :

 - Je sais, pourquoi tu crois qu’on vous paye des verres.  

C’est pas parce qu’il avait les poches remplies de trop de gallions, hein. C’était parce que les filles étaient beaucoup plus abordables après avoir siroté un cocktail ou deux.  « Mais oui, je cherche quelque chose qui ne demande pas à être mélangé pour être buvable. »  Il hoche gravement la tête, bien d’accord avec la blonde.

La troisième bouteille se retrouve en possession de la Carlton et Miguel reconnait rapidement la bouteille qui semble changer de couleur au grès des secondes qui s’ écoulent. La sirène ne tarde pas à lui expliquer la spécificité de cette cuvée. [i] « S'il devient blanc, c'est une absence totale d'envie et si le rouge devient si foncé qu'il en paraît noir, c'est un super match. »[i] 

 - Mais c’est hyper pratique ça !  

Il n’hésite pas une seconde à servir la jeune femme face à lui, remplissant le petit shooter qu’elle tient dans sa main. Sans attendre, la teinte vire au rouge vermillon ce qui ne manque pas de gonfler l’égo déjà bien fournit de l’hispanique.

 - Héhé, je savais que tu me trouvais toujours aussi craquant mais pas à ce point…  

Le sourire en coin, il en oublierait presque que lui aussi va devoir passer le « test ».