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Dear Mummy. Everything's fine there. And...Well. I'm a liar.
Dim 29 Aoû 2010 - 19:24
premier post pour Dolce.
L’air absent, j’exhalai quelques bouffées de nicotine, martyrisant la pauvre cigarette coincée entre mes lèvres. Autour de moi se perdaient dix autres cadavres de ses congénères, ayant toutes subi le même sort, fumées coup sur coup. Résultat des courses, j’étais exsangue, j’avais les yeux explosés à cause de la fumée chargée d’éléments toxiques et cancérigènes, et la voix singulièrement rauque, plus que jamais. Cela faisait deux bonnes heures que j’étais assis à la fenêtre de la volière, une jambe pendant négligemment dans le vide tandis que je triturais entre mes doigts une feuille de parchemin sur laquelle je n’avais pas encore écrite. Tout en soupirant, je crachai une nouvelle bouffée de fumée, non sans m’étouffer dans une quinte de toux au passage, faisant sursauter les rapaces déjà présents et sans aucun doute gênés par mon acte criminel. Je calai mon dos endolori contre la pierre froide, mon regard se perdant sur le campus plongé dans la brume. C’était tôt le matin, et une fois de plus, l’insomnie guettait. J’avais voulu fuir la solitude de ma chambre, une fois de plus, à mesure que Juillet et Août s’étaient écoulés, les visites devenaient davantage rares. J’avais fini par ne plus voir personne du tout, hormis Breeony il y a seulement quelques jours. Les autres avaient tout simplement disparu de ma vie, ou ils s’offraient le luxe de partir en vacances, retourner dans leurs familles, faisant la fête à satiété, paressant au soleil, oubliant Hungcalf jusqu’à ce que la dure réalité ne les frappe: la rentrée n’était que dans quelques jours, et j’étais sur le point d’entamer ma quatrième année dans l’université magique. Inexorablement, le temps défilait, me rendant inévitablement plus âgé, m’éloignant encore plus de mon enfance quand bien même j’étais inapte à progresser dans la vie. J’étais comme un être suspendu entre deux âges. Je n’étais plus un gosse, j’étais incapable d’être un adulte. J’étais irrévocablement hanté par les démons de ma jeunesse, rongé par mes addictions, tué à petit feu par mes trop nombreux excès.
Et tandis que j’achevai ma dernière cigarette, promesse tacite de laisser prochainement les volatiles habitant dans la tour enfin tranquilles, me voilà pas plus avancé que tout à l’heure. Je n’avais même pas écrit une misérable ligne sur mon parchemin, qui demeurait toujours vierge. C’était frustrant de voir que je n’avais pas la moindre goutte d’inspiration, encore plus en ce qui s’agissait d’écrire à ma mère, qui n’avait pas eu de mes nouvelles depuis plusieurs mois déjà. Cela faisait encore plus longtemps que mon père refusait de m’adresser la parole, m’ayant de toute façon renié. C’était même lui qui avait eu l’honneur de me mettre dehors, peu importe que j’en aie l’âge ou pas. Après tout, si j’avais choisi d’étudier à Hungcalf, c’était pour avoir un endroit où aller, ma priorité avait été de ne pas finir à la rue à jouer de la gratte pour gagner ma vie. En vertu de ce bannissement, j’étais donc condamné à rester au foyer de la fac pendant les vacances, errant ça et là dans les couloirs, jouant de la guitare dehors à mes heures, pour peu que je sois encore lucide. Quand je m’ennuyais vraiment ferme, j’osais m’abîmer sur les bancs d’un des amphis afin de suivre un cours, il m’arrivait même parfois de me gourrer d’option et de trouver malgré tout la matière passionnante, tout dépendant de la dose de stupéfiants que j’avais pris avant de venir. Ne crachons pas non plus dans la soupe. Je n’avais certes jamais aimé l’école, mais certains cours, tout du moins, parmi ceux dont je parvenais à me souvenir, m’avaient plu. Cependant, j’aurais dû m’y attendre. J’avais lamentablement foiré les examens, peut-être même encore plus que l’an dernier, si toutefois cela était possible. J’avais pourtant été bon dans ces matières lorsque j’étais encore à Poudlard. Je soupirai lourdement. Peut-être devrais-je commencer ma missive par là, non?
Maman,
J’espère que l’ambiance n’est pas très morose à la maison, et que malgré tout tu t’en sors…
J’arquai un sourcil devant la nullité de mon début. Je m’empressai de le censurer tout en soupirant. Bien sûr que non ça ne pouvait pas aller mieux. Maman était alcoolique, et semblait dépérir de mois en mois. La dernière fois que je l’ai vue, Maryse avait les traits tirés et fatigués, l’air toujours absent, elle était beaucoup trop maigre, vieille avant l’heure. Tant et si bien qu’à la moindre bourrasque, j’avais peur qu’elle ne se brise. Et je n’avais pas le cœur de lui dépeindre ma misérable vie. Elle n’avait pas besoin de savoir quel genre de vie je menais, bien qu’elle devait s’en douter, n’étant pas née de la dernière pluie. Alors je m’inventais une autre vie, sans doute mieux que la mienne, embellissant volontiers la réalité. Parfois, je me mélangeais avec ce que j’étais vraiment, j’avais de plus en plus de peine à distinguer le vrai du faux. Il semblerait que je sois devenu un mythomane, en ce qui concernait ma vie en tout cas. Mais j’agissais seulement ainsi avec ma mère. Pour les autres, la vie que je menais était de notoriété publique. Tout comme tous savaient que je n’étais qu’un cancre. Voilà pourquoi j’étais aussi resté à Hungcalf, outre pour avoir un toit pour la nuit, et le jour aussi. J’avais des examens à retaper, pour espérer en année supérieure. L’été avait été un tant soit peu productif. Les étudiants partis en vacances, il y avait moins de chances pour que j’arpente les fêtes. Ou que je fasse tout sauf bosser. Bien entendu, on ne pouvait pas rattraper un an de cours en quelques semaines seulement, ainsi j’avais eu des résultats oscillant entre Piètre et Acceptable, ayant même obtenu un Effort Exceptionnel, mais cela avait été tout juste suffisant pour passer, comme d’habitude. Je n’avais guère été capable de plus. Les études ce n’était vraiment pas pour moi.
Maman,
J’espère que tu vas bien. Je suis désolé de ne plus avoir écrit pendant un moment. Je n’ai plus eu une minute à moi. J’ai pas mal été occupé. Tu sais à quel point je peux me plaire à la fac, c’est comme une seconde maison pour moi
Je détestais comment ces mots paraissaient faux, mensongers. Mais je ne les barrais pas pour autant, poursuivant sur ma lancée. Je n’avais pas besoin d’accabler davantage ma pauvre mère avec mes problèmes, elle avait suffisamment à faire avec les siens. Mais je sais qu’elle préférerait savoir que je vais bien. Je n’avais aucune excuse pour ne pas lui avoir écrit tout ce temps. Il est vrai qu’avec la vie que je menais, je pensais de moins en moins à ma famille. Qu’y pouvais-je de toute façon, puisque y penser me ramenait immanquablement au devant de souvenirs et de douleurs encore vives que je préférais oublier pour permettre leur cicatrisation? Je me sentais mal de mentir. D’inventer. Mais j’étais convaincu que c’était pour la bonne cause, et ça suffisait pour que je cautionne. Version officielle, j’étais occupé. Version officieuse, je passais mon temps à me bourrer la gueule, à me droguer, et à dormir. Quand bien entendu je ne baisais pas. Joli tableau, n’est-ce pas? Et si je me plaisais à la fac, ce n’est pas pour les cours. C’était pour la débauche qui y régnait, je me sentais dans mon élément, encore plus qu’en amphi ou en salles de classe. La seule chose sur laquelle je ne mentais pas, c’était sur le fait que je me sentais à Hungcalf comme chez moi, faute de pouvoir m’y sentir ainsi comme moi-même. Peut-être serait-il temps d’être enfin honnête, que ce soit envers ma propre personne ou envers les autres. Résigné, je griffonnai alors ces quelques mots sur ma page, avec toutefois plus de sincérité que tout à l’heure.
J’ai passé mes examens en juin dernier, comme prévu, mais le résultat était passablement désastreux. Cependant, j’ai bossé cet été, pour combler un tant soit peu mes lacunes. J’ai passé la session de rattrapages, et cette fois je suis passé, tout juste, certes, mais passé quand même. J’ai même réussi à extirper un Effort Exceptionnel. Je n’en reviens toujours pas, je n’ai pas eu de notes potables depuis Poudlard. Il n’y a vraiment aucune raison de s’inquiéter, je vis ma vie, je me sens libre.
Aldéric
J’aurais certes pu faire mieux. Mais l’envie de m’étendre sur mes déboires n’était pas là. Je finis par me lever, nullement effrayés à l’idée d’être perché sur une fenêtre située à au moins cinq mètres du sol. En avais-je seulement conscience? J’avisai un hibou du regard, avant de le choisir, pour qu’il aille porter ma missive. « à ma mère » furent les seuls mots que j’étais capable de formuler. L’Œil vide, je fixais l’entrée de la volière, déserte à cette heure ci. Il serait vraiment temps que je me reprenne en mains, cela devenait vraiment du grand n’importe quoi. Je ne faisais que de donner raison à mon père, qui devait à présent jubiler, conforté dans son hypothèse foireuse selon laquelle je n’étais qu’un branleur. A la seule pensée de mon géniteur, une colère sourde déferla en moi, inondant mes prunelles céruléennes. Alors, le plus fort que je pus, j’envoyai mon poing dans le mur, m’écorchant la chair et faisant craquer quelques articulations au passage. « Bordel de merde, fait chier! » Vulgaire vous dites? Et alors? J’en avais rien à branler du langage correct, en ce moment. Rien du tout. J’avais bien d’autres problèmes.
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Re: Dear Mummy. Everything's fine there. And...Well. I'm a liar.
Lun 30 Aoû 2010 - 14:43
Dear Mummy. Everything's fine there. And... Well. I'm a liar.
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Dolce &&. Aldèric
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Dolce &&. Aldèric
Le rêve idéal, l’amour parfait, le bonheur à l’état pur et tout ce que les gens aime et aimeraient avoir était là, devant mes yeux. Mon regard fixait le plafond de ma chambre, il était blanc et sobre, comme dans une chambre d’hôpital mais cela ne me dérangeais point. L’odeur du pain grillé chatouillait mes narines et me laissais penser que le petit déjeuné m’attendait. J’avais bu la vieille et avais l’impression d’avoir reçu un coup de massue sur le crâne. Ma position en boule dans mon lit me rappelait l’hérisson de mon jardin. Oui un jour quand j’étais petite j’avais trouvé un petit hérisson sur la route, par peur qu’il se fasse écraser je l’avais ramené chez moi. Le lendemain il n’était plus là. Ce qui me faisait le plus mal était le fait que la drogue mets complètement détruite, j’avais perdue conscience de la limite fixe que je mettais imposée.
Bip, bip, bip.
Mon portable me sortait de mon rêve. Je pensais faire une sorte de crise à cause de ce dernier, vous réveillez comme ça, c’était horrible. J’ouvrais mes yeux à moitiés fermés et me levais tranquillement, m’asseyant sur mon lit, le soleil éblouissait sur mes draps. Je prenais tout mon courage pour me dirigeais vers la salle de bain, je me passais un coup sur la figure pour me redonner la force dont j’avais besoin. Je prenais la porte pour aller dans la cuisine me préparer mon petit déjeuné. La matinée c’était vite déroulée et je n’avais pas vue le temps passer. L’après-midi s’annonçait rapide elle aussi, les vacances étaient presque terminées et Hungcalf contait bientôt rouvrir ses portes. J’attendais la rentrée avec impatiente pour revoir tout le monde même si j’avais vu pas mal de personne pendant celle-ci. Par exemple, Jude, Eurydice et même Holocaust mais ça c’était normal étant donné que c’était à la fois mon colocataire mais aussi mon petit ami. Je ne savais pas pourquoi je prenais la direction que je suivais mais la pris quand même. Elle me conduisait à l’aile Ouest dites la dite Volière. Personnes n’était présent, le second étage était complètement vide, désert même. « Bordel de merde, fait chier! » Voila les mots que j’entendais au loin, quelqu’un était déjà là, avant moi. Je m’avançais pour découvrir la personne qui avait prononcé ces mots, je savais que c’était un jeune homme, la voix ne ressemblait pas à celle d’une femme. Je m’approchais encore un peu et découvrit que c’était Aldèric, cela ne m’étonnait pas, le langage qu’il employait je le connaissais presque par cœur. « Tu es toujours aussi doué à ce que je vois. » Un léger rire sortait de ma bouche et un sourire apparaissait sur mon visage illuminé. « Vu les mots prononcés, je ne pouvais m'attendra qu'à toi. » Aldèric et moi c’était une relation amicale et sympa, on discutait souvent ensembles, parfois c’était lorsqu’il avait trop bu ou sinon c’était sur l’oreiller après avoir fait une soirée où ont était saoul. Je lui racontais mes problèmes mais lui ne parlait pas souvent, il n’aimait pas trop raconter son enfance et encore il disait quelque mots dès qu’il n’était pas dans son état normal. Aldèric ne tenait pas l’alcool comme moi je le tenais, j’avais pris l’habitude à force. Lui était plus fragile sur l’alcool alors que moi c’était la drogue, on avait chacun nos points faibles. « Alors qu’est-ce que tu fais ici ? Tu envoyais une lettre ? » Oui une lettre, c’était ici que tout le monde venait pour envoyer des lettres quand ils n’avaient pas de messagers.
Bip, bip, bip.
Mon portable me sortait de mon rêve. Je pensais faire une sorte de crise à cause de ce dernier, vous réveillez comme ça, c’était horrible. J’ouvrais mes yeux à moitiés fermés et me levais tranquillement, m’asseyant sur mon lit, le soleil éblouissait sur mes draps. Je prenais tout mon courage pour me dirigeais vers la salle de bain, je me passais un coup sur la figure pour me redonner la force dont j’avais besoin. Je prenais la porte pour aller dans la cuisine me préparer mon petit déjeuné. La matinée c’était vite déroulée et je n’avais pas vue le temps passer. L’après-midi s’annonçait rapide elle aussi, les vacances étaient presque terminées et Hungcalf contait bientôt rouvrir ses portes. J’attendais la rentrée avec impatiente pour revoir tout le monde même si j’avais vu pas mal de personne pendant celle-ci. Par exemple, Jude, Eurydice et même Holocaust mais ça c’était normal étant donné que c’était à la fois mon colocataire mais aussi mon petit ami. Je ne savais pas pourquoi je prenais la direction que je suivais mais la pris quand même. Elle me conduisait à l’aile Ouest dites la dite Volière. Personnes n’était présent, le second étage était complètement vide, désert même. « Bordel de merde, fait chier! » Voila les mots que j’entendais au loin, quelqu’un était déjà là, avant moi. Je m’avançais pour découvrir la personne qui avait prononcé ces mots, je savais que c’était un jeune homme, la voix ne ressemblait pas à celle d’une femme. Je m’approchais encore un peu et découvrit que c’était Aldèric, cela ne m’étonnait pas, le langage qu’il employait je le connaissais presque par cœur. « Tu es toujours aussi doué à ce que je vois. » Un léger rire sortait de ma bouche et un sourire apparaissait sur mon visage illuminé. « Vu les mots prononcés, je ne pouvais m'attendra qu'à toi. » Aldèric et moi c’était une relation amicale et sympa, on discutait souvent ensembles, parfois c’était lorsqu’il avait trop bu ou sinon c’était sur l’oreiller après avoir fait une soirée où ont était saoul. Je lui racontais mes problèmes mais lui ne parlait pas souvent, il n’aimait pas trop raconter son enfance et encore il disait quelque mots dès qu’il n’était pas dans son état normal. Aldèric ne tenait pas l’alcool comme moi je le tenais, j’avais pris l’habitude à force. Lui était plus fragile sur l’alcool alors que moi c’était la drogue, on avait chacun nos points faibles. « Alors qu’est-ce que tu fais ici ? Tu envoyais une lettre ? » Oui une lettre, c’était ici que tout le monde venait pour envoyer des lettres quand ils n’avaient pas de messagers.
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Re: Dear Mummy. Everything's fine there. And...Well. I'm a liar.
Mer 1 Sep 2010 - 12:31
- J’avais eu beau lancer mon poing dans le mur, cela ne soulagea pas pour autant toute ma colère et toute ma frustration. Bien au contraire, mon geste n’avait fait qu’empirer mon état. J’avais envie de hurler, hurler contre cette vie injuste, mais j’en étais incapable, je n’avais jamais été aussi muet, aussi impuissant. Cette situation merdique m’énervait, quand bien même je l’aurais cherchée. Malheureusement, la machine à remonter le temps n’existait pas, et en attendant l’inventeur génial qui en percerait les secrets, il fallait vivre avec ses choix, et leurs conséquences. Nonobstant, si on ne pouvait pas effacer nos erreurs afin de faire des choix meilleur, sagesse serait d’étudier les leçons qu’il y avait à en tirer, pour ne plus les répéter dans le futur. J’étais de ces personnes qui n’apprenaient jamais de leurs erreurs, réitérant sans cesse les mêmes conneries. J’étais soit particulièrement stupide, soit complètement masochiste. J’étais aussi, peut-être, un peu des deux. Après tout, la connerie humaine, personne n’en est totalement exempt. A présent, non seulement j’avais toujours aussi mal, à l’intérieur, mais j’avais aussi mal dans mon poing, mes phalanges ayant bizarrement craqué tandis que je frappais. Le seul moyen pour atténuer la douleur physique, sans toutefois la faire disparaître, c’était de garder le poing serré, fermé. Et merde! Encore heureux que je venais d’envoyer ma lettre à ma mère, sinon j’aurais eu l’air bien ridicule à essayer d’attacher ma missive à la patte de ces fichus hiboux avec une seule main valide. Je soupirai, toujours appuyé contre le mur sale. Je n’aimais pas la volière. Si certains aimaient la compagnie de ces piafs puants, je ne supportais pas entendre leurs bruissements d’ailes incessants, leurs allées et venue intempestives quand ils décidaient d’aller faire un tour ou rentrer au bercail, et surtout, leurs piaillements. Se retirer ici pour réfléchir n’était sans doute pas la meilleure idée que j’aie eue, s’ajoutant au palmarès des nombreux plans foireux qui avaient jalonné ma jeune vie.
C’est à croire que je n’étais pas destiné à être tranquille en cette fichue matinée. D’où probablement l’inconvénient de s’installer dans un lieu public. Tôt ou tard, il fallait s’attendre à voir quelqu’un débarquer, et qui fasse voler en éclats le peu de calme que j’étais venu quémander ici. Certes, entendre les hiboux n’était pas le meilleur moyen de se concentrer pour écrire une lettre, mais les volatiles étaient plus supportables qu’un être humain, par comparaison. Déjà, j’entendais des bruits de pas provenant des escaliers menant directement à la volière. Sans nul doute, quelqu’un venait ici. Après tout, tout le monde était libre d’utiliser la volière pour envoyer du courrier, je n’avais pas de droit d’exclusivité sur l’endroit. après tout. Râler aurait donc paru fort déplacé, surtout que je connaissais l’intrus. l’intruse en l’occurrence. « Tu es toujours aussi doué à ce que je vois. » Et me voilà face à Dolce, une amie. J’avais parfois l’occasion de parler un peu avec elle sans toutefois en dire trop, j’avais mes réserves, ce désir de me protéger de tous, même de ceux qui m’étaient plus ou moins proches. Probablement par peur d’être déçu. Ceci dit, je n’avais pas vraiment saisi l’allusion. Doué pour? Je n’eus pas le temps, néanmoins, de m’attarder sur la question. Dolce avait déjà embrayé sur autre chose, ne me laissant de toute façon pas le temps de répondre. « Vu les mots prononcés, je ne pouvais m'attendra qu'à toi. » Certes. J’avais un langage qui n’était pas forcément des plus politiquement corrects, mais la vulgarité était-elle pour autant un moyen infaillible pour m’identifier? Pour le peu, la jolie Lufkin m’aurait presque vexé. « Alors qu’est-ce que tu fais ici ? Tu envoyais une lettre ? » Elle venait probablement de toucher une corde sensible. Néanmoins, je m’efforçais de ne rien laisser paraître, comme d’habitude. Mentir était devenu comme un sport national, une spécialité que j’exerçais d’une main de maître. Je me frottai légèrement les tempes, avant de vriller mon regard céruléen dans les prunelles de Dolce. « Hum, oui. J’écrivais à ma mère. » Silence. Je ne souhaitais pas en dire davantage, je me dégoûtais déjà assez moi-même.
Connaissant Dolce, elle allait probablement tenter d’en savoir plus. Certes, je me livrais plus volontiers lorsque je n’étais pas dans mon état normal, mais étant parfaitement sobre, elle ne devait pas s’attendre à de grandes confidences. Désireux de laisser le sujet en plan, qui pour moi était clos, je décidais alors de contrattaquer. « Qu’est-ce que tu fais ici, toi? Les cours n’ont pas encore repris, tu sais. » Sa présence me surprenait tout de même, je la savais en colocation avec Holocaust, son petit-ami du moment. Les vacances n’étant pas terminées, croiser un élève était pour moi un évènement, une rareté. Bien que ceux qui étaient restés là étaient tout de même nombreux. Il s’agissait de ceux qui comme moi n’avaient nulle part où aller parce qu’on leur avait fermé toutes les portes, et qui n’avaient pas les moyens d’avoir un appartement sur Norwich. D’autres étaient restés pour avoir le loisir de faire la fête tout le temps, car c’est bien connu, quand le chat n’est pas là, les souris dansent. Enfin, il y avait ceux qui suivaient les cours d’été, dont je faisais également partie, ne serait-ce que pour pouvoir passer les rattrapages des partiels que j’avais dans l’ensemble échoués. Je finis par hausser les épaules, avec mon expression d’éternel blasé, puis je lui jetai un regard en biais. « En fait, je n’ai plus rien à faire ici. J’allais retourner à ma chambre pour dormir ou jouer un peu de guitare, je n’ai rien de prévu pour cet après-midi, et j’ai vraiment pas envie de bosser. » Cela ne changeait pas vraiment par rapport à d’habitude. Je ne bossais que quand j’y étais obligé, comme c’était le cas en ce moment. Toujours dans l’idée de détourner l’attention de Dolce de la lettre creuse et mensongère que j’avais envoyée à ma mère, je finis par marmonner. « Pourtant je devrais, j’ai pas vraiment réussi les examens. Et comme l’année prochaine, c’est la der des der…J’ai plutôt intérêt à m’y mettre, tu vois. Mais ça me rebute plutôt qu’autre chose. Alors je vais faire comme d’habitude, je vais me la couler douce. » Avais-je déjà précisé que les études, ce n’était vraiment pas mon truc? En tout cas, si Dolce n’était pas au courant de cela, à présent, elle l’était. De toute manière, c’était un fait notoire, je ne voyais pas pourquoi je cacherais ça. Après tout.
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Re: Dear Mummy. Everything's fine there. And...Well. I'm a liar.
Mar 14 Sep 2010 - 17:36
« Hum, oui. J’écrivais à ma mère. », écrire à sa mère et se retrouvait avec le poing en sang, il fallait être doué pour ça, même moi qui avait l’habitude d’écrire à ma correspondante, je n’avais jamais réussi à me faire une telle chose « Tu écrivais ? Oui et tu vas me dire que c’est en écrivant que tu t’es fait mal au poing ? » Un léger rire s’échappait de ma bouche, je m’approchais de lui et lui prenais la main « Laisse moi y jeter un coup d’œil, je pense pouvoir faire quelque chose mais ça sera douloureux. » Je sortais ma baguette de ma poche et lançais un sors que j’avais étudié dans mon livre, je n’étais peut être pas douée en ce qui concerne ce sort mais j’avais déjà essayé et il me semblait que ça avait bien marché. « Eh voila, tu en auras au moins pour une semaine au lieu de plus. » Je le regardais dans les yeux, il m’avait l’air gêné de ma présence, peut être que j’aurais mieux fait de ne pas venir ici. « Qu’est-ce que tu fais ici, toi? Les cours n’ont pas encore repris, tu sais. » Oui les cours n’avaient pas encore repris mais j’étais venue ici pour voir si ma correspondant m’avait répondue car j’attendais sa réponse mais vu qu’Aldèric était là je m’étais attardé sur lui au lieu de ma lettre qui n’était pas spécialement importante enfin si un peu quand même. « Eh bien comme toi à vrai dire enfin je ne suis pas là pour envoyer une lettre mais pour en récupérer une. » Je ne comptais pas en dire plus car cela m’aurait parue stupide et long à conter. C’est vrai que à Hungcalf pendant les vacances ont ne croisés pas grand monde et je comprenais la réaction d’Aldèric, j’aurais réagis pareil enfin oui en quelque sorte. « En fait, je n’ai plus rien à faire ici. J’allais retourner à ma chambre pour dormir ou jouer un peu de guitare, je n’ai rien de prévu pour cet après-midi, et j’ai vraiment pas envie de bosser. » Oui ça c’était un bon moyen pour m’esquiver et ne pas rester avec moi, ma compagnie était-elle si déplaisante ? Enfin je ne savais pas car je me supportais tous les jours mais les autres eux ne me voyaient pas pareil que moi je me vois. « Quoi ? Tu t’en vas déjà ? Reste un peu, enfin je ne t’y force pas mais j’aime bien ta compagnie pourquoi tu pars ? Je te dérange c’est ça, si tu veux je peux partir, à près tout tu étais là avant alors si tu as besoin de calme je m’en vais. » La solitude m’avait abandonnée en ce moment, elle n’aimait pas être avec moi et moi je n’aimais pas être seule, j’avais besoin de me confier car avec tout mes doutes et tout le reste. « Pourtant je devrais, j’ai pas vraiment réussi les examens. Et comme l’année prochaine, c’est la der des der…J’ai plutôt intérêt à m’y mettre, tu vois. Mais ça me rebute plutôt qu’autre chose. Alors je vais faire comme d’habitude, je vais me la couler douce. » Ca c’était tout lui, ne pas bossait et malgré le fait qu’il est du travailler pendant les vacances il a presque rien fait. J’aurais bien aimé lui proposer mon aide dans ses cours mais ma présence avait l’air de ne pas être la bienvenue alors je n’allais pas le déranger plus. « Bon bah je vais y aller comme ça tu seras seul. » Je partais vers la chouette de ma correspondante qui tenait une lettre à sa patte, « Merci ma belle. » Je la prenais dans ma main et la mettais dans ma poche, je la lirais plus tard, pour le moment ce n’était pas ma préoccupation numéro 1. Je me tournais vers Aldèric et lui adressais un sourire « Eh bien à la rentrée si on ne se voit pas avant, et bonne chance pour ton travail et puis si jamais ta besoin d’aide n’hésite pas à demander. Je ne dirais pas non, tu sais où j’habite si jamais. Bon et bien au revoir. » Je tournais les talons et partais vers les escaliers en sifflotant un air, non vous croyez que j’allais vraiment partir, bah vraiment vous vous êtes trompés. Je jetais un dernier regard à mon cher ami et descendait les escaliers jusqu’à ce qu’il ne me voit plus. Puis je m’arrêtais là pour essayer d’en savoir en peu plus. Pourquoi il s’était fait mal au poing enfin comment il s’était fait ça ? Je le voyais bien de la où j’étais et lui, non enfin je pense. Si il écrivait vraiment à sa mère il y aurait une trace, un indice mais rien, ce n’est pas que je le croyais pas mais juste que je n’avais pas vraiment confiance en lui. Il s’avait très bien mentir et Aldèric se confiait que quand il était dans un état autre que le sien. L’alcool était son point faible mais pour moi le point fort pour en savoir un peu plus sur lui. Non je ne disais rien de ce qu’il me confiait, cela ne se faisait pas de tout déballer comme ça puis je n’étais pas une commère qui dit tout ce qu’on lui raconte. Malgré le fait que je m’obstine à chaque fois pour en savoir plus sur les gens, ce que je sais je le garde pour moi et ne le dis à personne d’autre. Je faisais apparaître des bouteilles d’alcool avec ma baguette puis retourna vers la volière en faisant style de ne pas voir Aldèric. Je les posais au sol et me retournais et fut l’air surprise en voyant Aldèric. « Tu es encore là, je pensais que tu allais à ta chambre. »
- InvitéInvité
Re: Dear Mummy. Everything's fine there. And...Well. I'm a liar.
Sam 18 Sep 2010 - 19:10
J’étais toujours mal à l’aise lorsqu’il s’agissait d’évoquer, de près ou de loin, quelque chose qui avait trait à mon passé. Des années durant, je m’étais efforcé de garder les choses secrètes, ne les dévoilant qu’à une poignée de personnes, à qui je vouais une confiance absolue. Chaque allusion rouvrait les blessures à peine cicatrisées, me faisant un peu plus crever de jour en jour. Le mieux que je puisse faire, pour en guérir, était de tout enfouir dans les tréfonds de mon âme sans jamais en parler. Il ne faisait jamais bon d’exhumer les vieux cadavres. En l’espèce, avouer le simple fait que j’écrivais à ma mère me tuait, et pourtant, il semblerait que pour tout autre élève ce soit la normalité même. J’étais le seul fautif dans toute cette histoire, j’avais immanquablement fini par couper les ponts avec la seule personne susceptible de m’aimer, quand bien même je criais à l’injustice que tous m’abandonnaient peu à peu. Les relations humaines n’étaient pas qu’en sens unique, je l’avais compris d’une bien douloureuse façon. L’autre pouvait bien tout donner, se sortir les tripes au nom d’une amitié ou d’une histoire d’amour, quand en face il y avait si peu de réceptivité, la lassitude reprenait ses droits. Je n’étais pas spécialement chiant, je savais me faire oublier. Je ne réclamais pas de marques d’affection, ayant horreur de ce genre de niaiseries. Cela peut vous paraître surprenant, mais je déteste qu’on me colle, je ne suis absolument pas tactile et affectueux. J’étais l’illustration parfaite de l’adage qui s’y frotte s’y pique, encore plus lorsqu’on savait que je démarrais au quart de tour, toujours sur la défensive. Je n’étais pas vraiment aimable, encore moins adorable, je ne comprenais donc pas pourquoi certains s’entêtaient à vouloir rester malgré tout. Comme tout à chacun, il y avait des personnes chères à mon cœur, sur différents niveaux. Je gardais une tendresse toute particulière pour Orphée, qui fut en quelques sortes mon premier amour. Parfois, j’avais la nostalgie de ces moments passés ensemble, mais je laissais volontiers le passé redevenir le passé. Dans un autre registre, je tenais énormément à Ekstasy, que je considérais comme ma sœur. Avoir quasiment grandi ensemble n’avait fait que de renforcer nos liens, et aujourd’hui, elle est l’un des piliers de mon existence. D’autres personnes pouvaient se targuer de faire partie de mon cercle très fermé, mais elles étaient plutôt rare, j’en réglementais sévèrement l’accès.
Dolce n’en faisait pas partie. Elle était une amie, et rien que le fait que je la considère comme telle était déjà exceptionnelle. Quoique, tout bien réfléchi, copine serait un terme plus approprié. Avec un copain, on pouvait tout faire, aussi bien des conneries que des devoirs. Un ami, c’était déjà le grade supérieur. Là où le copain pouvait retourner sa veste pour un oui ou pour un nom, l’ami, lui, restait, quoiqu’il arrive. Je n’appréciais pas assez Dolce pour la considérer comme une amie. Elle n’était qu’une simple copine, avec qui j’aimais parfois discuter et prendre un peu de bon temps. La déconnade, tout ça. Rien de bien sérieux. Sauf que ces derniers temps, le statut de simple copine de Dolce était très largement discutable. Et pour être franc, de tels écarts, surtout de ma part, m’emmerdaient royalement. Je ne m’escrimais pas à cacher mes petits secrets surtout si c’est pour les divulguer à n’importe qui. Aujourd’hui encore, je me demandais ce que j’allais faire vis-à-vis de la Lufkin. Je ne me rappelle plus trop bien des choses que je lui racontais lorsque j’étais ivre mort, et pourtant, Merlin sait que je pouvais en dire des choses, dans ces moments là. Quand je me rendais compte que je devenais trop proche de quelqu’un, souvent par la force des choses, je m’arrangeais la plupart du temps pour les éviter. C’était lâche, on était bien d’accord, mais je ne pouvais décemment pas continuer de la regarder droit dans les yeux si je lui avais dit des trucs trop…intimes dirons nous. Après, tout dépendait de ce qu’englobait la sphère intime et la sphère notoire, et le simple fait d’écrire à ma mère relevait de ma vie privée. Ce qui, par conséquent, ne la regardait pas vraiment. « Laisse moi y jeter un coup d’œil, je pense pouvoir faire quelque chose mais ça sera douloureux. Eh voila, tu en auras au moins pour une semaine au lieu de plus. » Je crus respirer un peu mieux lorsque la Lufkin se focalisa sur mes poings qui pour le coup avaient été sacrément amochés. Je grimaçai légèrement quand elle appliqua le sort, mais bientôt, mes mains furent comme neuves, comme si elles n’avaient jamais subi aucune lésion. Ce petit épisode n’aura fait que de m’accorder un léger sursis. « Merci, mais ce n’était pas nécessaire. » Bon, c’est vrai, j’aurais peut-être pu faire preuve d’un peu plus de reconnaissance, mais il semblait qu’Aldéric et gratitude étaient deux antagonismes. Je me sentais tellement redevable de ma camarade que j’avais d’ores et déjà manifesté mon envie de partir, sans m‘attarder pour autant avec elle. Je n’avais pas spécialement la tête à discuter, je m’étais en réalité levé du mauvais pied, et le simple fait d’avoir écrit cette lettre mensongère à souhait m’avait achevé, j’étais à présent d’une humeur à tuer.
La jeune Lufkin semblait avoir compris le message puisqu’elle amorçait déjà un geste de départ tout en se confondant en excuses, ce qui me fit simplement hausser les épaules.« Quoi ? Tu t’en vas déjà ? Reste un peu, enfin je ne t’y force pas mais j’aime bien ta compagnie pourquoi tu pars ? Je te dérange c’est ça, si tu veux je peux partir, à près tout tu étais là avant alors si tu as besoin de calme je m’en vais. » Loin de moi était l’idée de la vexer, mais je préférais la vexer en partant maintenant plutôt que de m’énerver et de lui faire une remarque désobligeante. Néanmoins, malgré ma réputation de celui qui n’avait pas la langue dans sa poche, plutôt grande-gueule en fait, je ne savais pas trop quoi lui répondre pour arrondir les angles. Nonobstant, je décidai de couper court à ce qui s’annonçait comme un débat houleux. Si j’entrais dans son jeu, je n’aurais plus moyen d’en sortir. Je finis simplement par hocher la tête, d’un air entendu, avant de la saluer, ce qui était tout de même la base en matière de politesse. « Ouais, c’est ça. Ben, euh…à plus tard. » Une fois seul, je finis par soupirer. Le départ de Dolce laissait comme un grand vide, et à présent, c’était la perspective d’être en tête à tête avec mes vieux démons qui ne m’enchantait guère. Je détestais cette éternelle indécision, je ne savais jamais ce que je voulais. J’étais incapable de prendre une réelle décision s’il y avait plusieurs options à choisir. Quoiqu’il en soit, Dolce était partie, et j’étais tout seul, comme le con que j’étais. Je restai quelques instants les bras ballant, en train de fixer le mur, quand j’entendis à nouveau des bruits de pas dans l’escalier qui menait à la volière. Je soupirai, blasé. Ils s’étaient donnés le mot ou quoi? J’arquai un sourcil quand je reconnus la chevelure rousse de Dolce. « Tu es encore là, je pensais que tu allais à ta chambre. » Je levai les yeux au ciel. Il ne fallait pas non plus exagérer, j’avais à peine eu le temps de me déplacer, soyons un peu réalistes. Plutôt que d’envoyer une remarque cinglante à la Lufkin -décidément, ses propos n’aidaient en rien à me mettre de meilleure humeur, je décidai de contrattaquer. « Et toi, déjà revenue? Allez, arrête ton cirque, t’es pas vraiment partie, hein? J’suis pas d’humeur Dolce, vraiment. » Un avertissement comme un autre. Néanmoins, les bouteilles d’alcool m’intriguaient. Non pas que j’avais envie d’en boire, après tout, la mine que je m’étais pris hier soir n’était pas sans séquelles, j’avais toujours l’estomac barbouillé. Mais j’étais curieux de savoir ce qu’elle allait en faire. Je le pris néanmoins sur le ton de la plaisanterie, tendant de dissiper le malaise qui s’était installé entre nous. « Tu comptes faire quoi, avec ça? Les donner à boire aux hiboux, ou c’est tout simplement pour toi? Je ne te savais pas portée sur le whisky… » J’avisai ensuite la seconde bouteille. « et la vodka. » J’arquai un sourcil, avant de la sermonner, cette fois ci. « Ma vieille, si tu te fais prendre avec ça, tu vas sacrément te faire engueuler. Mais s’il te plaît, évite de me mêler à tes embrouilles, je suis déjà assez dans la merde comme ça. » Je venais de lui tendre une perche, et alors? Je n’étais pas disposé à lui faire quelques révélations, je ne lui en ferai pas, point. Tout du moins, c’est ce que je croyais…
Dolce n’en faisait pas partie. Elle était une amie, et rien que le fait que je la considère comme telle était déjà exceptionnelle. Quoique, tout bien réfléchi, copine serait un terme plus approprié. Avec un copain, on pouvait tout faire, aussi bien des conneries que des devoirs. Un ami, c’était déjà le grade supérieur. Là où le copain pouvait retourner sa veste pour un oui ou pour un nom, l’ami, lui, restait, quoiqu’il arrive. Je n’appréciais pas assez Dolce pour la considérer comme une amie. Elle n’était qu’une simple copine, avec qui j’aimais parfois discuter et prendre un peu de bon temps. La déconnade, tout ça. Rien de bien sérieux. Sauf que ces derniers temps, le statut de simple copine de Dolce était très largement discutable. Et pour être franc, de tels écarts, surtout de ma part, m’emmerdaient royalement. Je ne m’escrimais pas à cacher mes petits secrets surtout si c’est pour les divulguer à n’importe qui. Aujourd’hui encore, je me demandais ce que j’allais faire vis-à-vis de la Lufkin. Je ne me rappelle plus trop bien des choses que je lui racontais lorsque j’étais ivre mort, et pourtant, Merlin sait que je pouvais en dire des choses, dans ces moments là. Quand je me rendais compte que je devenais trop proche de quelqu’un, souvent par la force des choses, je m’arrangeais la plupart du temps pour les éviter. C’était lâche, on était bien d’accord, mais je ne pouvais décemment pas continuer de la regarder droit dans les yeux si je lui avais dit des trucs trop…intimes dirons nous. Après, tout dépendait de ce qu’englobait la sphère intime et la sphère notoire, et le simple fait d’écrire à ma mère relevait de ma vie privée. Ce qui, par conséquent, ne la regardait pas vraiment. « Laisse moi y jeter un coup d’œil, je pense pouvoir faire quelque chose mais ça sera douloureux. Eh voila, tu en auras au moins pour une semaine au lieu de plus. » Je crus respirer un peu mieux lorsque la Lufkin se focalisa sur mes poings qui pour le coup avaient été sacrément amochés. Je grimaçai légèrement quand elle appliqua le sort, mais bientôt, mes mains furent comme neuves, comme si elles n’avaient jamais subi aucune lésion. Ce petit épisode n’aura fait que de m’accorder un léger sursis. « Merci, mais ce n’était pas nécessaire. » Bon, c’est vrai, j’aurais peut-être pu faire preuve d’un peu plus de reconnaissance, mais il semblait qu’Aldéric et gratitude étaient deux antagonismes. Je me sentais tellement redevable de ma camarade que j’avais d’ores et déjà manifesté mon envie de partir, sans m‘attarder pour autant avec elle. Je n’avais pas spécialement la tête à discuter, je m’étais en réalité levé du mauvais pied, et le simple fait d’avoir écrit cette lettre mensongère à souhait m’avait achevé, j’étais à présent d’une humeur à tuer.
La jeune Lufkin semblait avoir compris le message puisqu’elle amorçait déjà un geste de départ tout en se confondant en excuses, ce qui me fit simplement hausser les épaules.« Quoi ? Tu t’en vas déjà ? Reste un peu, enfin je ne t’y force pas mais j’aime bien ta compagnie pourquoi tu pars ? Je te dérange c’est ça, si tu veux je peux partir, à près tout tu étais là avant alors si tu as besoin de calme je m’en vais. » Loin de moi était l’idée de la vexer, mais je préférais la vexer en partant maintenant plutôt que de m’énerver et de lui faire une remarque désobligeante. Néanmoins, malgré ma réputation de celui qui n’avait pas la langue dans sa poche, plutôt grande-gueule en fait, je ne savais pas trop quoi lui répondre pour arrondir les angles. Nonobstant, je décidai de couper court à ce qui s’annonçait comme un débat houleux. Si j’entrais dans son jeu, je n’aurais plus moyen d’en sortir. Je finis simplement par hocher la tête, d’un air entendu, avant de la saluer, ce qui était tout de même la base en matière de politesse. « Ouais, c’est ça. Ben, euh…à plus tard. » Une fois seul, je finis par soupirer. Le départ de Dolce laissait comme un grand vide, et à présent, c’était la perspective d’être en tête à tête avec mes vieux démons qui ne m’enchantait guère. Je détestais cette éternelle indécision, je ne savais jamais ce que je voulais. J’étais incapable de prendre une réelle décision s’il y avait plusieurs options à choisir. Quoiqu’il en soit, Dolce était partie, et j’étais tout seul, comme le con que j’étais. Je restai quelques instants les bras ballant, en train de fixer le mur, quand j’entendis à nouveau des bruits de pas dans l’escalier qui menait à la volière. Je soupirai, blasé. Ils s’étaient donnés le mot ou quoi? J’arquai un sourcil quand je reconnus la chevelure rousse de Dolce. « Tu es encore là, je pensais que tu allais à ta chambre. » Je levai les yeux au ciel. Il ne fallait pas non plus exagérer, j’avais à peine eu le temps de me déplacer, soyons un peu réalistes. Plutôt que d’envoyer une remarque cinglante à la Lufkin -décidément, ses propos n’aidaient en rien à me mettre de meilleure humeur, je décidai de contrattaquer. « Et toi, déjà revenue? Allez, arrête ton cirque, t’es pas vraiment partie, hein? J’suis pas d’humeur Dolce, vraiment. » Un avertissement comme un autre. Néanmoins, les bouteilles d’alcool m’intriguaient. Non pas que j’avais envie d’en boire, après tout, la mine que je m’étais pris hier soir n’était pas sans séquelles, j’avais toujours l’estomac barbouillé. Mais j’étais curieux de savoir ce qu’elle allait en faire. Je le pris néanmoins sur le ton de la plaisanterie, tendant de dissiper le malaise qui s’était installé entre nous. « Tu comptes faire quoi, avec ça? Les donner à boire aux hiboux, ou c’est tout simplement pour toi? Je ne te savais pas portée sur le whisky… » J’avisai ensuite la seconde bouteille. « et la vodka. » J’arquai un sourcil, avant de la sermonner, cette fois ci. « Ma vieille, si tu te fais prendre avec ça, tu vas sacrément te faire engueuler. Mais s’il te plaît, évite de me mêler à tes embrouilles, je suis déjà assez dans la merde comme ça. » Je venais de lui tendre une perche, et alors? Je n’étais pas disposé à lui faire quelques révélations, je ne lui en ferai pas, point. Tout du moins, c’est ce que je croyais…
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