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Fine liar, fine actress - Iris
Jeu 28 Mai 2020 - 2:03
Fine liar, fine actress - Iris ﺀ Adhara
Adhara entra dans la salle de théâtre avec la curieuse sensation d’entrer chez elle. Le choix de cette option lui paraissait évident. En plus d’embellir son parcours scolaire, elle pouvait y pratiquer son activité favorite : mentir. Et s’appliquer à être convaincante. Le cours du jour était donné par un intervenant, au lieu de leur habituel professeur de théâtre. Lui et les quelques élèves se mirent en cercle et pratiquèrent quelques échauffements afin de se mettre en conditions de jeu. Il leur proposa alors un atelier pour s’entraîner à jouer différentes émotions. Il s’agissait d’exprimer chacun une émotion qui monterait graduellement en intensité, sans prononcer aucun mot, en quelques minutes tout au plus. Parallèlement, les élèves travaillaient depuis plusieurs semaines sur une pièce de théâtre, ils avaient donc tout intérêt à travailler un sentiment ressenti par leur personnage.
Une première élève se porta volontaire pour commencer l’exercice. Ayant d’abord un air amusé, elle finit son intervention en fou rire, étalée au sol, le souffle lui manquant presque. La grymm réfléchissait à ce qu’elle allait pouvoir présenter. Elle applaudit distraitement à la fin de la performance. Dans la vie de tous les jours, elle était constamment dans la séduction. Elle voulait charmer les inconnus car addict à la capacité de tous les avoir à ses pieds, elle voulait avoir l’image de l’élève studieuse devant les profs et se faire bien voir par à peu près tout le reste du monde sorcier afin d’avoir la meilleure réputation possible. Faire les yeux doux, minauder, avoir l’air accessible et marrante, tout ça, c’était du gâteau pour elle. Pour cet exercice, Adie décida de s’éloigner de ce qu’elle avait l’habitude de faire. Dans l’une des scènes de leur pièce, son personnage devait être incroyablement triste suite à une rupture amoureuse. Situation assez comique, puisqu’habituellement la jeune séductrice était plutôt la cause de ces chagrins. Lorsque ce fut son tour, elle s’avança et tenta de se couper du monde extérieur pour se concentrer.
Elle n’était pas en représentation, elle était seule dans sa chambre et celui dont elle était folle amoureuse l’avait trahie. Le seul en qui elle avait entièrement confiance, le seul qui avait toujours été là pour elle. Ces pensées à l’esprit, la sorcière baissa la tête en même temps que ses traits se tendaient. Ses sourcils se froncèrent légèrement et elle croisa les bras, se recroquevillant sur elle-même comme pour se protéger après que sa carapace ait été brisée par ce garçon. Sa respiration se bloqua et sa bouche se tordit. C’était un bon début, mais il fallait qu’elle en fasse plus. Le problème, c’est qu’elle n’arrivait pas à s’identifier à la situation. Jamais elle ne montrerait comme ça sa faiblesse pour un garçon. Si elle était blessée, le fonctionnement Campbell était plutôt de ne l’avouer à personne, et surtout pas à elle-même. Pour exprimer la tristesse, il lui fallait un sujet qui la touche vraiment. Un souvenir lui revint alors, lui occasionnant un petit pincement au cœur.
Adhara avait neuf ans. En Australie, le climat et la proximité de la plage avaient développé chez elle une passion pour la natation. Elle avait commencé à en faire en club à ses six ans et avait depuis atteint un niveau respectable. De tous les nageurs de son club, elle seule avait été sélectionnée pour une compétition inter-état. C’était un gros évènement, et son père avait étonnamment accepté de venir y assister, lui qui considérait cette activité moldue comme un passe-temps plutôt qu’un sport. Adha avait une grosse pression sur les épaules, à tel point qu’elle n’en dormit pas de la nuit la veille de la compétition. Elle devait gagner pour l’honneur de son club, mais aussi pour son père. Il était tellement occupé que ce n’était pas lui qui l’avait emmenée, mais il avait promis qu’il la retrouverait sur place. A quelques secondes du départ de la course, elle ne le trouvait toujours pas dans les gradins. Le coup de sifflet retentit, elle plongea, déçue. Elle finit quatrième sur une trentaine de participants. Ce fut lorsqu’elle entendit le classement, honteuse, qu’elle vit la silhouette de son géniteur s’éloigner. Elle ne le revit qu’une fois chez eux, le soir même. « J’ai gâché mon temps pour te voir patauger derrière les autres… Juste assez bonne à rien pour rater le podium. » Il ne l’avait même pas regardée pour lui dire cela. Elle lui faisait honte, et malgré tous ses efforts, elle n’était toujours pas à la hauteur. Elle n’était pas digne de son attention. Elle n’avait jamais été autant blessée, et le plus dur était qu’elle savait qu’elle méritait d’être traitée de la sorte.
Debout au milieu de la salle de théâtre d’Hungcalf, quinze ans plus tard, Adhara se rappela chaque détail de ce moment douloureux. Elle se concentra sur les mots que lui avait craché son père, et son ventre se serra réellement. Elle eut immédiatement les larmes aux yeux, et elle se laissa tomber à genoux pour appuyer le côté dramatique. Elle plissa les paupières, et une larme roula sur sa joue. Elle releva alors la tête et regarda en l’air tout en passant la main sous ses yeux, prétendant essayer de sécher ses larmes alors qu’elle se concentrait pour en faire couler d’autres. Tu n’étais pas assez bien. Tu ne le seras jamais. Tu ne vaux rien. Comme si elle se contenait depuis des jours, Adhara éclata alors en sanglot. Ses gémissements pitoyables résonnaient dans la salle, entrecoupés par sa respiration saccadée. Elle se prit la tête dans les mains en s’efforçant de penser à son père. Son nez commença à couler aussi et elle renifla bruyamment. Ok, gross, mais il fallait qu’elle convainque son public, pas qu’elle cache ses émotions comme elle avait l’habitude de le faire. Son regard croisa alors celui de l’intervenant. Elle eut l’impression d’avoir donné ce qu’il attendait. La jeune femme prit quelques secondes pour calmer sa respiration, essuya son visage et se releva. Pour marquer une rupture et bien montrer que ce n’était que le fruit de son talent d’actrice, elle se fendit d’un grand sourire et laissa échapper un petit rire sous les applaudissements de ses camarades. Elle se recula alors, laissant les planches au comédien suivant. Elle était satisfaite de sa prestation. Satisfaction amère toutefois. Cet effort lui avait coûté, et elle sentait remonter en elle l’humiliation qu’elle avait sentie ce jour-là. A vrai dire, ce sentiment de ne pas valoir assez ne la quittait jamais vraiment, aussi confiante essayait-elle de paraître.
Une première élève se porta volontaire pour commencer l’exercice. Ayant d’abord un air amusé, elle finit son intervention en fou rire, étalée au sol, le souffle lui manquant presque. La grymm réfléchissait à ce qu’elle allait pouvoir présenter. Elle applaudit distraitement à la fin de la performance. Dans la vie de tous les jours, elle était constamment dans la séduction. Elle voulait charmer les inconnus car addict à la capacité de tous les avoir à ses pieds, elle voulait avoir l’image de l’élève studieuse devant les profs et se faire bien voir par à peu près tout le reste du monde sorcier afin d’avoir la meilleure réputation possible. Faire les yeux doux, minauder, avoir l’air accessible et marrante, tout ça, c’était du gâteau pour elle. Pour cet exercice, Adie décida de s’éloigner de ce qu’elle avait l’habitude de faire. Dans l’une des scènes de leur pièce, son personnage devait être incroyablement triste suite à une rupture amoureuse. Situation assez comique, puisqu’habituellement la jeune séductrice était plutôt la cause de ces chagrins. Lorsque ce fut son tour, elle s’avança et tenta de se couper du monde extérieur pour se concentrer.
Elle n’était pas en représentation, elle était seule dans sa chambre et celui dont elle était folle amoureuse l’avait trahie. Le seul en qui elle avait entièrement confiance, le seul qui avait toujours été là pour elle. Ces pensées à l’esprit, la sorcière baissa la tête en même temps que ses traits se tendaient. Ses sourcils se froncèrent légèrement et elle croisa les bras, se recroquevillant sur elle-même comme pour se protéger après que sa carapace ait été brisée par ce garçon. Sa respiration se bloqua et sa bouche se tordit. C’était un bon début, mais il fallait qu’elle en fasse plus. Le problème, c’est qu’elle n’arrivait pas à s’identifier à la situation. Jamais elle ne montrerait comme ça sa faiblesse pour un garçon. Si elle était blessée, le fonctionnement Campbell était plutôt de ne l’avouer à personne, et surtout pas à elle-même. Pour exprimer la tristesse, il lui fallait un sujet qui la touche vraiment. Un souvenir lui revint alors, lui occasionnant un petit pincement au cœur.
Adhara avait neuf ans. En Australie, le climat et la proximité de la plage avaient développé chez elle une passion pour la natation. Elle avait commencé à en faire en club à ses six ans et avait depuis atteint un niveau respectable. De tous les nageurs de son club, elle seule avait été sélectionnée pour une compétition inter-état. C’était un gros évènement, et son père avait étonnamment accepté de venir y assister, lui qui considérait cette activité moldue comme un passe-temps plutôt qu’un sport. Adha avait une grosse pression sur les épaules, à tel point qu’elle n’en dormit pas de la nuit la veille de la compétition. Elle devait gagner pour l’honneur de son club, mais aussi pour son père. Il était tellement occupé que ce n’était pas lui qui l’avait emmenée, mais il avait promis qu’il la retrouverait sur place. A quelques secondes du départ de la course, elle ne le trouvait toujours pas dans les gradins. Le coup de sifflet retentit, elle plongea, déçue. Elle finit quatrième sur une trentaine de participants. Ce fut lorsqu’elle entendit le classement, honteuse, qu’elle vit la silhouette de son géniteur s’éloigner. Elle ne le revit qu’une fois chez eux, le soir même. « J’ai gâché mon temps pour te voir patauger derrière les autres… Juste assez bonne à rien pour rater le podium. » Il ne l’avait même pas regardée pour lui dire cela. Elle lui faisait honte, et malgré tous ses efforts, elle n’était toujours pas à la hauteur. Elle n’était pas digne de son attention. Elle n’avait jamais été autant blessée, et le plus dur était qu’elle savait qu’elle méritait d’être traitée de la sorte.
Debout au milieu de la salle de théâtre d’Hungcalf, quinze ans plus tard, Adhara se rappela chaque détail de ce moment douloureux. Elle se concentra sur les mots que lui avait craché son père, et son ventre se serra réellement. Elle eut immédiatement les larmes aux yeux, et elle se laissa tomber à genoux pour appuyer le côté dramatique. Elle plissa les paupières, et une larme roula sur sa joue. Elle releva alors la tête et regarda en l’air tout en passant la main sous ses yeux, prétendant essayer de sécher ses larmes alors qu’elle se concentrait pour en faire couler d’autres. Tu n’étais pas assez bien. Tu ne le seras jamais. Tu ne vaux rien. Comme si elle se contenait depuis des jours, Adhara éclata alors en sanglot. Ses gémissements pitoyables résonnaient dans la salle, entrecoupés par sa respiration saccadée. Elle se prit la tête dans les mains en s’efforçant de penser à son père. Son nez commença à couler aussi et elle renifla bruyamment. Ok, gross, mais il fallait qu’elle convainque son public, pas qu’elle cache ses émotions comme elle avait l’habitude de le faire. Son regard croisa alors celui de l’intervenant. Elle eut l’impression d’avoir donné ce qu’il attendait. La jeune femme prit quelques secondes pour calmer sa respiration, essuya son visage et se releva. Pour marquer une rupture et bien montrer que ce n’était que le fruit de son talent d’actrice, elle se fendit d’un grand sourire et laissa échapper un petit rire sous les applaudissements de ses camarades. Elle se recula alors, laissant les planches au comédien suivant. Elle était satisfaite de sa prestation. Satisfaction amère toutefois. Cet effort lui avait coûté, et elle sentait remonter en elle l’humiliation qu’elle avait sentie ce jour-là. A vrai dire, ce sentiment de ne pas valoir assez ne la quittait jamais vraiment, aussi confiante essayait-elle de paraître.