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Nébuleuse tragédie
Dim 31 Oct 2010 - 20:39
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HEATHCLIFF, SWANN & JANE
- J’étais à mon habitude, matinal, à errer dans les couloirs du château, berçant cette douce matinée d’automne sur cette musique silencieuse. J’avais passé la nuit sur un travail de potion qui devait être rendu le lendemain et sachant que le bal d’Halloween se tenait ce soir dans les rue de Norwich et que je serais dans l’incapacité de travailler durant la nuit, j’avais mis mes travaux à l’ordre. Je frayai mon chemin jusqu’au parc où, ma clope au bec, j’observais l’absurde beauté du paysage anglais. Nous passions nos plus belles années sous ce décor magnifique et trop souvent, on oubliait d’admirer ce paysage pittoresque. Le parc, tout comme le château était vide à cette heure, mais m’inspirait cette contemplation majestueuse. La grandeur de cette institution bafouée par nous, pauvres âmes en perdition, qui remplissons d’échos les murs en pierre du château. La fumée de ma cigarette embauma ce paysage d’un onctueux nuage de nicotine. J’esquissai alors un mince rictus, lorsque quelques étudiants courageux avaient enfilés foulards et manteaux pour braver le vent levant sur le parc. Quant à moi, après avoir écrasé mon mégot, je retournai tranquillement à mes quartiers afin de terminer les derniers ajustements de mon costume.
Il devait être environ treize heures lorsque je quittai enfin ma chambre en direction de Norwich, vêtu de mon costume de cuir noir, masque au visage, des allures de chauve-souris. J’étais un grand gamin et malgré tout ce qui s’était passé entre Heathcliff, Jane et moi, j’appréciais nos rencontre familiale, surtout lorsque la bière était en jeu. Je n’étais pas pressé de me rendre au pub, j’avais quelques trucs à chercher avant notre rencontre pascal. L’automne perdait ses feuilles et s’apprêtait à enfiler son manteau de neige pour cette sombre période qu’était l’hiver. Je profitai alors de cette fraiche température pour me fumer quelques clopes avant d’aller chercher chez une connaissance dont je tairai le nom, ma consommation pour la soirée. D’ailleurs, je songeai à respirer un peu de cette poudre blanche afin de calmer ma fébrilité à l’égard de cette rencontre. Lorsque nous nous retrouvions les trois ensembles, la situation finissait toujours par dégénérer alors que, Heath et moi, ressassions de vielles querelles et que, la sublime princesse, se retrouvait prise dans nos filets tentant de calmer le jeu. Décidant de faire preuve de bonne foi et d’être un être civilisé, j’attendis d’être à l’intérieur du pub pour consommer cet élixir qui me rendait soudainement plus joyeux et gai. Je m’installai aux toilettes pour renifler cette joie de vivre en poudre et revint vers le bar pour me commander une bière et m’installer à la table vide la plus optimale afin d’avoir la vue sur la porte ainsi que sur le reste du bar. Mes mains squelettiques agrippèrent la bouteille que je portai à mes lèvres nerveuses. La poudre commençait à faire effet, je sentais cette excitation monter en moi, ou peut-être était-ce ce visage connu qui traversait la porte du pub. Mon plus vieil ennemi, mon frère. Cet être dont le mutisme était aussi intense que son amour pour Jane. Je levais ma main, d’une nonchalance méprisante, mon habituel rictus narquois accroché à mes lèvres fines. Lorsqu’il m’aperçu et qu’il se dirigea en ma direction, j’avalai une gorgée imposante de ma bière. « Heath. » Lâchais-je avec désinvolture. Ma main alors posé sur la massive table en bois. « Joli déguisement. » Observais-je lorsque mon attention fut portée sur ce que mon frère portait. D’un œil attentif, j’observais toujours la porte du pub, nous attendions avec impatience cette princesse déchue que nous nous déchirions tels deux fauves en quête d’une proie. Je reniflais la drogue toujours coincés dans mes narines, sentant alors ce goût acide traverser ma gorge. Mon frère, toujours silencieux, assit à mes côtés, observait lui aussi l’entrée du pub. « Alors, j’ai eu vent que tu accompagnais une jolie correspondante au bal ce soir? » Je retins d’ajouter un commentaire cynique à la vue d’Heath en compagnie d’une jeune femme. Dans mon cas, j’étais seul et je ne m’en plaignais pas. J’avais toute la soirée pour me trouver une fille avec qui passer la nuit. Je m’abreuvai encore une fois de cette boisson alcoolisé et, alors qu’elle entra dans le pub, cette beauté céleste, nous arrêtâmes de parler, nos deux pauvres regards posés sur cet ange intouchable.
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Re: Nébuleuse tragédie
Lun 1 Nov 2010 - 18:05
© oh candie
“ HOLLOWAY „
“ HOLLOWAY „
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« JAAAAANE ! Dépêche-toi... » Gémit-elle d'exaspération avant de se remettre à me secouer de toute part. « Hmm... reviens dans deux heures... » Un rire cristallin se mit à résonner dans la pièce alors que je tournais ma tête de l'autre côté pour ne plus l'entendre. La Summerbee ne se laissa pourtant pas abattre et continua son manège durant quelques minutes. Des trop longues minutes... J'ouvris finalement les yeux, avec une difficulté extraordinaire. Les rayons du soleil me brulaient mais je n'en pris pas compte, braquant mon regard vers la petite brune. J'eus presque peur lorsque je me rendis compte qu'elle était déjà habillée. Je ne l'avais jamais vu avec autant de noir. Du maquillage rouge sur toute la figure, elle ressemblait à l'une de ses psychopathes dans les films d'horreurs. « Dépêche-toi ! C'est bien toi qui m'as demandé hier, de te réveiller pour que l'on termine nos costumes ? Il est tard... » Réalisant peu à peu la situation, une main passa doucement dans ma longue chevelure blonde pour les remettre en place. Halloween... J'en avais presque oublié ce petit détail. Me redressant tant bien que mal, je titubai vers la salle de bain pour m'y enfermer quelques minutes, plantant mon amie dans la chambre. L'horloge indiquait onze heures. Je n'arriverais jamais à terminer les derniers ajustements avant mon rendez-vous en compagnie de mes frères. Je pris donc soin de ne pas perdre de temps en prenant ma douche en moins de cinq minutes - un record que je venais de battre - et finis par appeler Sarah. « Aide-moi à me coiffer. » Je voulais faire tout ceci sans utiliser la magie, un Halloween comme tous les autres enfants du monde entier. Brossant doucement ma chevelure qui tombait en cascade, je sortis l'artillerie lourde pour me maquiller. Tout devait être parfait. C'était important. De plus, j'avais l'occasion de réaliser l'un de mes rêves. Ressembler à une poupée de cire. Je me souvenais encore de ces longues discussions en compagnie de ma mère, qui me répétait que j'avais un visage en porcelaine. Une princesse qui ressemblait plus à une petite fille qu'à une adolescente. Sarah releva doucement mes cheveux en un chignon désordonné et accrocha un long voile blanc qui pendait à mes pieds, ainsi que plusieurs décorations roses. Après l'avoir remercié, je la congédiai un moment, me décidant à mettre cette robe ivoire, qui avait des allures de robe de mariée. Avec le teint extrêmement pale, le masque de poupée qui cachait la moitié de mon visage, nous pûmes enfin sortir des appartements pour rejoindre Norwich, l'endroit où se tenait les festivités.
« On ne devait pas rejoindre Lisa et les autres ? » « Je retrouve mes frères quelques instants, on se retrouve après. » Elle me sourit et me laissa donc seule. Balayant les alentours du regard, je me rendis compte que chaque élève avait su réaliser un costume plus ou moins réussis. Chacun s'était pris au jeu et c'est avec un large sourire que je me décidai à entrer le pub où ils devaient probablement déjà m'attendre. Treize heures trente... quelques minutes de retard. Un retard qu'ils me pardonneraient rapidement, étant donné que c'était devenu une habitude chez moi. La salle était bondée mais je savais déjà où mes frères s'étaient installés. Swann, qui était surement arrivé le premier, avait la fâcheuse habitude de s'isoler au fond, pouvant ainsi observer les autres sans grande difficulté. Lorsque je croisai le regard de mes deux princes, je levai la main, un large sourire aux lèvres, pour les saluer. Me dirigeant vers eux, je ne pus m'empêcher d'observer attentivement les costumes qu'ils avaient préparé. Ils s'étaient prêté au jeu... et avaient relevé le défi avec brio. « Vous êtes vraiment superbes dans vos costumes ! » Avec un peu de mal, je m'assis en face d'eux. « Alors... avez-vous trouvé une cavalière pour la soirée ? » Sûre que oui... ce n'était pas les demoiselles qui manquaient à Hungcalf et connaissant les deux garçons, ils n'avaient probablement eu aucun mal. Mon regard s'était instinctivement tourné vers Heathcliff, curieuse de connaitre la réponse.
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Re: Nébuleuse tragédie
Dim 7 Nov 2010 - 14:40
L'ambiance glaçante de la bibliothèque de l'université trahissait les festivités à venir : personne ne daignait se pencher sur un important devoir, le jour même d'un bal tant attendu et suspendu à toutes les lèvres étudiantes. Personne excepté les bourreaux de travail, plus communément nommés Lufkin, qui même en un jour sacré n'osaient lâcher la rudesse du papier des vieux livres poussiéreux. Seules quelques âmes rigoureuses étaient assises derrière les tables de bois à étudier, une plume à la main, osant quelques raclements de gorge de temps à autre qui venaient rompre outrageusement le silence mortuaire des lieux. Ma plume venant gratter le papier tel un bourreau torturant à l'encre noire, apaisait dans un bruissement sec l'écho silencieux alentour. Néanmoins après quelques longues heures de travail, je me redressai dans un soupir las, ma main ferme venant masser ma nuque nouée avant que mon regard sombre ne se pose sur quelques demoiselles passant devant moi non sans quelques gloussements puérils. Levant mon regard au plafond, j'attrapai enfin mes nombreux ouvrages demeurés ouverts sous mes yeux chocolat, et je me levai sans un mot avant de poser mon sac sur mon épaule : à présent que je quitterais les lieux, l'ultime défi était d'éviter les conversations de ces jeunes filles qui tenteraient de me décrire leurs sublimes costumes. Vampires ou princesses, pirates ou soubrettes ; rien n'était trop beau pour quelques morceaux de tissus courts et près du corps, bien opposé à l'esprit d'Halloween qui exigeait de faire peur à son voisin, mais si fidèle à l'esprit de Hungcalf et de ses étudiants débauchés. Et non pas que les demoiselles en courte jupe m'effrayaient, mais les longues conversations finissant en monologues constituaient pour moi un terrible cauchemar, moi qui ne prêtais jamais attention aux dires de mes camarades. Si la longueur de leurs discours pouvaient être raccourcis au moins autant que leurs fameuses mini-jupe, cela m'oterait indéniablement une épine du pied.***
Ce fut non sans un soupir de soulagement que je passai le seuil de l'entrée du pub, fier d'avoir évité les trop nombreux bavards sur mon chemin. Néanmoins je ne pus m'empêcher de détourner volontairement mon regard d'ébène du miroir posé derrière le bar alors que je m'approchai de son aîné à la posture arrogante et trônant tel un apôtre derrière sa table, car le reflet d'un Heathcliff costumé ne m'aurait arraché qu'un soupir las et agacé. Si j'avais revêtu des habits sobres de cowboy, ce n'était que dans le seul but de faire plaisir à ma cavalière, et de tenter de rentrer dans l'esprit festif d'un bal donné en l'honneur des défunts. Un sourire aux coins des lèvres néanmoins, je posai mon chapeau sur la table avant d'adresser à mon frère un signe de la tête en guise de bonjour : contrairement à mes apparences muettes, j'avais conscience de dégager en l'instant une aura chaleureuse envers Sweeney dont le port de tête se faisait princier. Certes nos différences étaient extrêmes, mais nous nous complétions d'une certaine manière et pallions toujours nos rivalités par de véritables complicités fraternelles qui avaient toujours lieu lors des réconciliations. Nous étions le feu et la glace, luttant en permanence et demeurant constamment dans leur entière opposition ; néanmoins nous avions besoin de l'un et de l'autre pour pouvoir avancer. « Heath. Joli déguisement. » Prenant place à sa table, je posais mes rétines neutres sur Swann avant d'approuver d'un signe de tête ; visiblement toute manifestation polie ne méritait qu'un bref hochement sans qu'aucun mot ne s'échappe de mes lèvres vermeilles. Cependant, mon attention fut aussitôt détournée sur la porte ; j'attendais, comme Sweeney, que notre princesse fasse son entrée. Et j'attendais fébrilement, tel un marié se mourant d'impatience de découvrir sa promise dans ses divins habits blancs : laissera-t-elle ses longs cheveux tomber en manteau d'or sur ses épaules graciles, les relèvera-t-elle en un chignon sage pour en dénuder sa nuque de cygne, et quels tissus viendraient choyer ses courbes de poupée encore fragile ? Mousseline, soie, satin, coton, dentelles ? La voix de mon frère me ramena à la réalité, et avec elle, toutes mes pensées s'envolèrent. Je me tournai de nouveau vers Swann avant d'apercevoir une brume claire voilant ses yeux vitreux. Avait-il encore consommé de la drogue ? Je fronçais malgré moi les sourcils de réprobation lorsque je le vis renifler avec un peu trop d'envie, ce qui vint approuver ma déduction logique. Je n'en soufflai mot cependant, estimant que le moment serait peut-être mal venu. « Alors, j’ai eu vent que tu accompagnais une jolie correspondante au bal ce soir? » Humectant mes lèvres, mes yeux chocolat se posèrent brièvement sur la table avant que je ne daigne enfin faire résonner ma voix trop souvent prise en otage par mes soins. « Je ne suis que son cavalier. » Et la traduction était claire : je serai galant, et demeurerai seulement un compagnon agréable d'un soir pour la demoiselle. Certes je n'étais pas insensible à la personnalité de la belle Romane, mais je n'avais jamais vraiment eu l'esprit accaparé par ce qui semblait obnubiler les pensées des mâles de mon âge. Je n'étais ni réservé et encore moins prude, je n'étais pas non plus vraiment un prince charmant, je n'avais pas foi dans le mariage, je ne comprenais pas non plus ceux qui affirmaient que ' l'amour toujours ' était un adage véridique. Je n'avais simplement pas l'apanage du don juan, et recevais en ce sens plus d'avances que moi même ne pouvais flirter. Etait-ce ma faute si une seule d'entre elles avait mon entière attention ?
Je n'eus pas le temps de développer – si tant est que souffler un mot de plus pouvait être considéré comme une explication – que déjà notre Jane fit son entrée, attirant nos regards fiers et tendres. Je me redressai sur ma chaise dans un réflexe que je ne contrôlais pas, et accueillis notre poupée dans un divin sourire. « Tu es magnifique », fis-je sans quitter mes yeux des siens, m'attardant finalement à peine sur son costume rehaussant la pureté de ses traits. « Vous êtes vraiment superbes dans vos costumes ! » Et la demoiselle de prendre place avant de jouer légitimement les curieuses : « Alors... avez-vous trouvé une cavalière pour la soirée ? » « Romane. Mais je ne suis pas certain qu'elle soit vraiment ravie. » Une impression comme une autre, il était vrai que je n'étais jamais venu lui parler, et que la demoiselle était restée surprise face à ma proposition de l'accompagner pour le bal... Me tournant vers Swann, j'attendais au moins autant sa réponse que j'avais envie d'éviter le si joli regard de ma Jane lorsqu'elle nous annoncerait son cavalier.