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Une femme et un couffin
Sam 1 Jan 2011 - 23:47
« Un bébé ? C’est une blague n’est-ce pas ? J’ai 20ans, je ne veux pas de bébé, sûrement pas maintenant. Et puis d’abord, qui me dit que c’est le mien ? Tu ouvres tes jambes plus vite que ton ombre Capri! C’est sûrement l’enfant de je ne sais quel autre idiot que tu sautes, mais ce n’est sûrement pas le mien! Retrouve son père si ça t’amuse, mais laisse-moi en dehors de ça. »
« Un bébé ? Capri Carlotta Coversmith nous ne t’avons pas élevé comme ça! Qu’es-tu devenu ? Tu étais une enfant parfaite, celle dont tous les parents rêveraient. Mais depuis que Gianluca n’est plus là, tu n’es plus la même. Tu tournes mal, très mal! Mais nous allons arranger ça. Je connais une clinique parfaite pour ton cas, personne n’en saura rien, jamais! Nous dirons que tu es parti te ressourcer un moment chez ta tante et puis.. Capri, reviens ici. Capri!!! »
« Capri chérie, je peux te rappeler ? Je suis occupée avec une fille de rêve. Je vais passer une nuit de folie! Je te rappelle dès que je m’en serais débarrassé. Après en avoir bien profité.. Je te raconterais! Quoi ? Je t’entend plus chérie, ça coupe, tu es où ? Bon, je te rappelle demain, et couvre-toi honey on dirait que tu pleures là, tu as dû attraper froid. »
Aldéric, son père, Gianni.. Capri se repassait en boucle tout ça et se demandait ce qui lui était arrivé.. Après avoir prévenu les seules personnes qui comptaient pour elle qu’elle était enceinte elle n’avait eu le droit qu’à du rejet, du mépris et encore du rejet. Elle en voulait à chacun d’entre eux. A son père de n’avoir pas compris qu’elle allait tout simplement mal parce que son frère avait été l’amour de sa vie, à Gianni parce qu’il n’avait pas compris que cette nuit-là elle avait réellement eu besoin de parler d’autre chose que de la fille qu’il sautait et que oui, ces trémolos dans sa voix étaient dus à ses pleurs. Mais elle en voulait surtout à Aldéric. Elle savait qu’entre eux ce n’était qu’une histoire de sexe mais elle l’avait toujours senti plus protecteur que tous les autres et elle avait vraiment cru qu’il était le genre d’homme à prendre ses responsabilités. Mais elle avait eu tord, il n’était qu’un homme comme les autres, comme son père qui trompait sa mère, comme Gianni qui prenait tout par-dessus la jambe. Elle avait eu confiance en lui, mais elle avait eu tord. Sur toute la ligne. Après ça, elle s’était alors réfugiée chez une cousine lointaine en Italie. Quoi qu’en pense son père, elle n’avait pas l’intention de tuer son enfant. Ce petit être qui grandissait en elle était devenu la seule chose à laquelle elle tenait plus que tout; c’était son Gianluca qui lui envoyait une part de lui-même pour qu’elle ne soit plus jamais seule. Tuer cet enfant aurait été comme tuer son frère une deuxième fois, et il en était hors de question. Elle l’aimait déjà plus que tout..
Mais quatre mois plus tard, elle se rendait bien compte qu’elle ne pouvait pas assumer ça seule. Elle avait arrêté de boire, arrêter de se droguer aussi. Elle n’avait plus laisser un seul homme la toucher non plus. Mais elle ne se sentait pas mieux pour autant, elle n’était pas assez solide pour ça. Son enfant avait besoin d’un père, ELLE avait besoin de quelqu’un pour l’aider à mener à bien son éducation. Elle avait tout simplement besoin de se sentir aimé par quelqu’un qui n’était pas un bébé. Bien sûr, il y’avait Gianni. Elle lui avait laissé peu de chance en s’enfuyant sans même lui laisser le bénéfice du doute. Sur le coup, elle n’avait pas été mieux que les trois hommes qui l’avaient laissé tomber. Avec du recul, elle était consciente du fait que s’il avait appris qu’elle était enceinte, il aurait laissé sa greluche et l’aurait soutenu. Mais elle avait préféré croire que tous les hommes étaient identiques. Ainsi le rejet d’Aldéric lui avait fait moins mal. Après tout, si c’était quelque chose d’inscrit dans leurs gènes, Aldéric n’y pouvait rien. Parce qu’en vérité, ce qui l’avait décidé à fuir avait été le rejet d’Aldéric. Avant même de prévenir ses parents ou d’appeler son meilleur ami, son choix avait déjà été celui de fuir. Fuir loin de tout mais surtout loin d’Aldéric.. Mais aujourd’hui sa décision était prise! Elle ne pouvait pas fuir indéfiniment et elle avait déjà bien assez profité de l’hospitalité de sa cousine. Il était temps qu’elle rentre en Angleterre. Mais avant elle avait un appel à passer..
« Capri ? Quelle surprise! Que me veux-tu ? Plus agréable ? Pourquoi voudrais-tu que je sois plus agréable ? Cet appel ne me fait pas plaisir loin de là. Tu es parti sans prévenir Capri! Tu as fui lamentablement sans même voir que j’allais mal, alors non Capri je ne suis pas heureux de t’entendre. Pourquoi j’allais mal ? Laisse-moi réfléchir.. Hum, peut-être parce que je venais de perdre mon frère ? Je me fous que tu sois désolée! C’est trop tard!! (…) Un bébé ? Mais.. Tu as gardé ce bébé ? Je pensais que… Peu importe. Je suis heureux maintenant Capri. J’ai une petite amie que j’aime et ce bébé ne ferait que tout gâcher. Je suis désolé mais je pensais pas que tu tiendrais à le garder. Et je n’ai pas envie d’avoir quoi que ce soit à faire avec toi. Je t’ai rayé de ma vie et je voudrais que tu en fasses de même. Ne m’appelle plus. »
Du rejet, encore et toujours… Mais cette fois-ci Capri n’avait pas l’intention de fuir, sa décision était prise, elle rentrait! Mais pas chez elle à Brighton non, plutôt à Norwich puisqu’elle venait de s’inscrire à Hungcalf. Elle ferait ainsi d’une pierre deux coups : retrouver Gianni et Aldéric mais aussi reprendre ses études puisqu’elle n’avait jamais cessé d’être « une bonne élève ». Elle avait de plus bien l’intention de convaincre Aldéric de revenir avec elle, surtout que maintenant elle comprenait pourquoi il l’avait si mal accueillie à l’époque. Elle savait que perdre son frère pouvait rendre particulièrement agressif. Et elle savait aussi que si aujourd’hui, une nouvelle fois il la rejetait, c’était sans doute parce qu’elle l’avait laissé tomber sans prévenir, comme son frère et que c’était difficile à pardonner. Mais elle revenait! Et elle évincerait cette petite amie qu’il prétendait aimer.
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Capri était installée à Hungcalf depuis une bonne semaine déjà. Elle avait retrouvée son cher Gianni chéri avec grand plaisir, ils s’étaient racontés tout ce qui s’était passé dans leurs vies durant les quatre derniers mois. Et contre toute attente, tout s’était merveilleusement bien passé. Il s’était montré compréhensif concernant sa fuite et avait pris l’annonce de sa grossesse avec ravissement. Elle-même avait été heureuse d’apprendre qu’il s’était désormais posé avec une jeune fille et qu’il semblait être quelque peu assagi. De ce côté tout allait donc pour le mieux. Par contre, elle avait également retrouvé Aldéric. Enfin plus ou moins. Elle s’était inscrite sur la plate-forme communautaire piquée aux moldus - facebook - et avait pas mal conversé avec lui. Ou non, elle s’était plutôt pas mal disputé avec lui. Rien ne s’était vraiment passé comme elle l’avait souhaité, elle avait cru qu’après quelques explications il aurait accepté de lui parler ‘normalement’ dirons-nous. Mais ce n’était là que pure utopie. Il était toujours aussi remontée contre son départ et ne voulait toujours rien avoir à faire avec son enfant arguant que de toute manière vu le mauvais exemple qu’il avait chez lui il ne serait pas un bon père. Elle était pourtant sûre que si! S’il avait été capable d’être aussi prévenant avec elle, il saurait l’être avec un enfant; surtout s’il s’agissait du sien. Mais il lui fallait le temps de s’y faire..
Seulement Capri ne pouvait pas attendre cent cinquante ans qu’il se décide à lui pardonner son départ précipité. Quatre long mois venait de s’écouler, elle avait grandement besoin de le voir maintenant. Elle s’était donc décidée à faire le premier pas… En ce 2 janvier 2011, elle lui avait donc donné rendez-vous dans le grenier de l’école. Elle savait que personne ne viendrait les déranger à cet endroit. Par contre, elle ne savait pas s’il viendrait réellement. Elle l’attendait donc avec beaucoup d’appréhension, assise à même le sol et perdue dans ces rêveries..
« Un bébé ? Capri Carlotta Coversmith nous ne t’avons pas élevé comme ça! Qu’es-tu devenu ? Tu étais une enfant parfaite, celle dont tous les parents rêveraient. Mais depuis que Gianluca n’est plus là, tu n’es plus la même. Tu tournes mal, très mal! Mais nous allons arranger ça. Je connais une clinique parfaite pour ton cas, personne n’en saura rien, jamais! Nous dirons que tu es parti te ressourcer un moment chez ta tante et puis.. Capri, reviens ici. Capri!!! »
« Capri chérie, je peux te rappeler ? Je suis occupée avec une fille de rêve. Je vais passer une nuit de folie! Je te rappelle dès que je m’en serais débarrassé. Après en avoir bien profité.. Je te raconterais! Quoi ? Je t’entend plus chérie, ça coupe, tu es où ? Bon, je te rappelle demain, et couvre-toi honey on dirait que tu pleures là, tu as dû attraper froid. »
Aldéric, son père, Gianni.. Capri se repassait en boucle tout ça et se demandait ce qui lui était arrivé.. Après avoir prévenu les seules personnes qui comptaient pour elle qu’elle était enceinte elle n’avait eu le droit qu’à du rejet, du mépris et encore du rejet. Elle en voulait à chacun d’entre eux. A son père de n’avoir pas compris qu’elle allait tout simplement mal parce que son frère avait été l’amour de sa vie, à Gianni parce qu’il n’avait pas compris que cette nuit-là elle avait réellement eu besoin de parler d’autre chose que de la fille qu’il sautait et que oui, ces trémolos dans sa voix étaient dus à ses pleurs. Mais elle en voulait surtout à Aldéric. Elle savait qu’entre eux ce n’était qu’une histoire de sexe mais elle l’avait toujours senti plus protecteur que tous les autres et elle avait vraiment cru qu’il était le genre d’homme à prendre ses responsabilités. Mais elle avait eu tord, il n’était qu’un homme comme les autres, comme son père qui trompait sa mère, comme Gianni qui prenait tout par-dessus la jambe. Elle avait eu confiance en lui, mais elle avait eu tord. Sur toute la ligne. Après ça, elle s’était alors réfugiée chez une cousine lointaine en Italie. Quoi qu’en pense son père, elle n’avait pas l’intention de tuer son enfant. Ce petit être qui grandissait en elle était devenu la seule chose à laquelle elle tenait plus que tout; c’était son Gianluca qui lui envoyait une part de lui-même pour qu’elle ne soit plus jamais seule. Tuer cet enfant aurait été comme tuer son frère une deuxième fois, et il en était hors de question. Elle l’aimait déjà plus que tout..
Mais quatre mois plus tard, elle se rendait bien compte qu’elle ne pouvait pas assumer ça seule. Elle avait arrêté de boire, arrêter de se droguer aussi. Elle n’avait plus laisser un seul homme la toucher non plus. Mais elle ne se sentait pas mieux pour autant, elle n’était pas assez solide pour ça. Son enfant avait besoin d’un père, ELLE avait besoin de quelqu’un pour l’aider à mener à bien son éducation. Elle avait tout simplement besoin de se sentir aimé par quelqu’un qui n’était pas un bébé. Bien sûr, il y’avait Gianni. Elle lui avait laissé peu de chance en s’enfuyant sans même lui laisser le bénéfice du doute. Sur le coup, elle n’avait pas été mieux que les trois hommes qui l’avaient laissé tomber. Avec du recul, elle était consciente du fait que s’il avait appris qu’elle était enceinte, il aurait laissé sa greluche et l’aurait soutenu. Mais elle avait préféré croire que tous les hommes étaient identiques. Ainsi le rejet d’Aldéric lui avait fait moins mal. Après tout, si c’était quelque chose d’inscrit dans leurs gènes, Aldéric n’y pouvait rien. Parce qu’en vérité, ce qui l’avait décidé à fuir avait été le rejet d’Aldéric. Avant même de prévenir ses parents ou d’appeler son meilleur ami, son choix avait déjà été celui de fuir. Fuir loin de tout mais surtout loin d’Aldéric.. Mais aujourd’hui sa décision était prise! Elle ne pouvait pas fuir indéfiniment et elle avait déjà bien assez profité de l’hospitalité de sa cousine. Il était temps qu’elle rentre en Angleterre. Mais avant elle avait un appel à passer..
« Capri ? Quelle surprise! Que me veux-tu ? Plus agréable ? Pourquoi voudrais-tu que je sois plus agréable ? Cet appel ne me fait pas plaisir loin de là. Tu es parti sans prévenir Capri! Tu as fui lamentablement sans même voir que j’allais mal, alors non Capri je ne suis pas heureux de t’entendre. Pourquoi j’allais mal ? Laisse-moi réfléchir.. Hum, peut-être parce que je venais de perdre mon frère ? Je me fous que tu sois désolée! C’est trop tard!! (…) Un bébé ? Mais.. Tu as gardé ce bébé ? Je pensais que… Peu importe. Je suis heureux maintenant Capri. J’ai une petite amie que j’aime et ce bébé ne ferait que tout gâcher. Je suis désolé mais je pensais pas que tu tiendrais à le garder. Et je n’ai pas envie d’avoir quoi que ce soit à faire avec toi. Je t’ai rayé de ma vie et je voudrais que tu en fasses de même. Ne m’appelle plus. »
Du rejet, encore et toujours… Mais cette fois-ci Capri n’avait pas l’intention de fuir, sa décision était prise, elle rentrait! Mais pas chez elle à Brighton non, plutôt à Norwich puisqu’elle venait de s’inscrire à Hungcalf. Elle ferait ainsi d’une pierre deux coups : retrouver Gianni et Aldéric mais aussi reprendre ses études puisqu’elle n’avait jamais cessé d’être « une bonne élève ». Elle avait de plus bien l’intention de convaincre Aldéric de revenir avec elle, surtout que maintenant elle comprenait pourquoi il l’avait si mal accueillie à l’époque. Elle savait que perdre son frère pouvait rendre particulièrement agressif. Et elle savait aussi que si aujourd’hui, une nouvelle fois il la rejetait, c’était sans doute parce qu’elle l’avait laissé tomber sans prévenir, comme son frère et que c’était difficile à pardonner. Mais elle revenait! Et elle évincerait cette petite amie qu’il prétendait aimer.
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Capri était installée à Hungcalf depuis une bonne semaine déjà. Elle avait retrouvée son cher Gianni chéri avec grand plaisir, ils s’étaient racontés tout ce qui s’était passé dans leurs vies durant les quatre derniers mois. Et contre toute attente, tout s’était merveilleusement bien passé. Il s’était montré compréhensif concernant sa fuite et avait pris l’annonce de sa grossesse avec ravissement. Elle-même avait été heureuse d’apprendre qu’il s’était désormais posé avec une jeune fille et qu’il semblait être quelque peu assagi. De ce côté tout allait donc pour le mieux. Par contre, elle avait également retrouvé Aldéric. Enfin plus ou moins. Elle s’était inscrite sur la plate-forme communautaire piquée aux moldus - facebook - et avait pas mal conversé avec lui. Ou non, elle s’était plutôt pas mal disputé avec lui. Rien ne s’était vraiment passé comme elle l’avait souhaité, elle avait cru qu’après quelques explications il aurait accepté de lui parler ‘normalement’ dirons-nous. Mais ce n’était là que pure utopie. Il était toujours aussi remontée contre son départ et ne voulait toujours rien avoir à faire avec son enfant arguant que de toute manière vu le mauvais exemple qu’il avait chez lui il ne serait pas un bon père. Elle était pourtant sûre que si! S’il avait été capable d’être aussi prévenant avec elle, il saurait l’être avec un enfant; surtout s’il s’agissait du sien. Mais il lui fallait le temps de s’y faire..
Seulement Capri ne pouvait pas attendre cent cinquante ans qu’il se décide à lui pardonner son départ précipité. Quatre long mois venait de s’écouler, elle avait grandement besoin de le voir maintenant. Elle s’était donc décidée à faire le premier pas… En ce 2 janvier 2011, elle lui avait donc donné rendez-vous dans le grenier de l’école. Elle savait que personne ne viendrait les déranger à cet endroit. Par contre, elle ne savait pas s’il viendrait réellement. Elle l’attendait donc avec beaucoup d’appréhension, assise à même le sol et perdue dans ces rêveries..
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Re: Une femme et un couffin
Sam 8 Jan 2011 - 19:01
J’étais minable, déchu. Et c’était ça que Capri voulait comme père pour son fils? Un junkie dérangé, qui n’avait pas de but dans la vie, au bout du rouleau, mourant avant l’heure? Tout en soupirant, je finis par me laisser tomber sur le lit. Désemparé. Je ne savais plus quoi faire, j’étais dans l’impasse. Je n’avais pas parlé à Maman du bébé. Je savais pourtant que cela lui ferait plaisir. L’enfant serait pour elle comme une lueur d’espoir. Son petit fils ou sa petite fille, un être à chérir, à aimer. Je me frottais furieusement les tempes. J’avais eu beau pleurer, cela n’avait pas pour autant expié toutes mes souffrances, au contraire, je me sentais encore plus mal qu’avant. J’avais simplement honte de m’être laissé aller à telle faiblesse, à être dans un tel état de perdition. Je ne m’étais jamais senti aussi fragile, aussi vulnérable. Moi qui avais toujours cru être invincible, en dehors des lois de la physique et de celles du temps, en dehors des lois tout court, je me rendais compte que je n’étais pas mieux que le commun des mortels. J’avais joué, flirté avec le danger, risqué ma vie, pris des risques inconsidérés, mais tout cela était fini. J’avais joué, oui, mais j’avais perdu, un game over était apparu sur mon écran, je n’avais plus de parties disponibles. Il était arrivé le temps où je devais prendre mes responsabilités, assumer enfin les conséquences de mes actes. Je l’avais compris d’une bien rude manière. Tout avait été si soudain, si prématuré. Une sacrée claque dans la gueule, en somme. Il m’en aura fallu du temps pour renouer avec la réalité, cette même réalité dont j’ai toujours cherché à m’affranchir. Et comme pour marquer symboliquement ces retrouvailles avec la réalité, j’avais accepté de revoir Capri. Même après tant de temps, même après ce qui s’est passé entre nous. Même si tout s’est mal terminé, comme d’habitude.
Ma vie prenait un tournant auquel je ne m’attendais vraiment pas. Tout semblait aller en s’accélérant, je perdais le contrôle, je perdais pieds. J’avais rechuté dans ma maladie. J’allais être père. Le mien était mort et il n’avait pas vraiment été un exemple. Ancien drogué, ancien coureur, il s’était repenti dans l’alcool et la cigarette, oublieux du reste. Il avait oublié qu’il avait une femme et deux fils. Quand le premier est mort, il ne s’est même plus préoccupé du reste. Maintenant, il n’était plus là, il était mort dans son sommeil, paisiblement, il souriait presque, comme si la vie était trop dure pour lui et qu’il était plutôt heureux de s’en débarrasser. Mon poing atterrit violemment dans le miroir, le faisant voler en éclats. Mes poings furieux martelèrent plusieurs fois le mur, les débris de verre écorchant mes mains. Je te hais, papa! Je te hais de n’avoir jamais su me regarder en face, de m’avoir maudit sans même avoir cherché à me connaître. Je te hais pour ce que tu es devenu, pour nous avoir abandonnés, Maman et moi. Je n’ai jamais suscité la moindre once de fierté en toi, tu m’as toujours méprisé, je n’étais qu’une racaille, une putain de vermine. Tu sais, ça m’aurait fait plaisir que tu me dises au moins une fois que tu m’aimes, que tu étais fier de moi. Mais tu vois, même ça, je ne l’ai jamais entendu en rêve. Jamais. Je n’en pouvais plus de cette douleur, de cette rancœur que j’accumulais au fond de moi. Une violente douleur me déchirait la peau et me transperçait les os, tandis que le désespoir me tordait les tripes, me rendait presque malade. J’avais le cœur au bord des lèvres, la rage aux ventre, mes paupières me brûlaient. Je n’en pouvais plus de rester enfermé dans cette maison, là où leur souvenir à tous les deux rôdait encore, où je ressentais leur présence plus que jamais. J’avais besoin d’un refuge, mais je ne savais pas où aller. D’un œil dégoûté, je regardais mes mains ensanglantées, les multiples écorchures qui lézardaient ma peau blême. J’inspirai profondément, tentant de canaliser toutes ces émotions négatives. Je me sentais trop mal. J’avais besoin de voir quelqu’un.
Capri s’imposa à moi comme une évidence. Bien sûr, nous avions rendez-vous dans la soirée. Je ne pouvais pas repousser l’échéance de nos retrouvailles indéfiniment. Mais il y avait une toute autre raison à cette envie de la voir, outre l’enfant qu’elle attendait et qui était prétendument de moi. C’était presque comme un vieux réflexe, comme une vieille habitude qui avait fini par s’éteindre au fil du temps qui passe. Il a bien fallu mettre un point final à tout ça, et c’était elle qui était partie, elle qui m’avait abandonnée. Elle avait été mon seul réconfort pendant des mois, une raison de m’accrocher, même si je ne faisais que survivre. J’avais même cru qu’entre ses bras j’aurais pu me reconstruire totalement, après mes échecs, après mes déboires sentimentaux. Après avoir vu celle que j’aimais dans les bras d’un autre. Capri, elle, avait été là. Trop belle pour son propre bien, trop désirable pour le mien. Je m’étais perdu entre ses bras, dans ces nuits qui n’en finissaient plus, noyé entre le chagrin, l’alcool et la coke, je m’étais accroché à elle comme à une bouée de sauvetage, à l’époque je n’imaginais même pas qu’un jour nous en serions là, à s’éviter perpétuellement et à se haïr. Quel putain de gâchis. La savoir enceinte de moi avait été la goutte qui avait fait déborder la carafe déjà trop pleine, qui avait lentement mais sûrement amorcé la bombe, prête à exploser. Et la bombe avait immanquablement fini par exploser, ravageant tout sur son passage. Je l’avais jetée, j’avais été le pire des connards. Je refusais tout simplement de voir l’évidence. La douleur laissée par cette claque mentale était bien trop cuisante. Je pris à nouveau une profonde inspiration, tripes nouées par l’appréhension et tout un tas d’émotions aussi puissantes que contradictoires. Enfin, je transplanai, pour être là pile à l’heure. Je la vis là, assise à même le sol. La première fois que je la voyais depuis des mois. Cinq mois pour être précis. Je tremblai légèrement en m’imaginant que sa grossesse était déjà bien avancée. Je me refusais à me représenter son ventre probablement rebondi, cette vie qu’elle portait en elle et qui était le fruit de ma bêtise, de mon irresponsabilité. Lentement, les mains dans les poches, comme pour cacher les ravages apparents de ma folie furieuse, je m’avançais avec prudence, presque craintif. Je ne savais pas quoi lui dire, je lui avais déjà tout dit. Elle savait à quoi s’attendre avec moi. Je n’étais pas un tendre, j’étais un connard, un être à haïr. L’enfant qu’elle portait ne méritait pas ça comme père. Je ne les méritais pas. « Je suis venu. » déclarai-je simplement, avant de me révéler totalement à elle. La gorge nouée, je laissais mon regard étudier la belle italienne, me remémorant ses cheveux blonds, la douceur de sa peau satinée, ses prunelles turquoise. Son corps que j’avais su désirer et apprécier. Son corps marqué par nos excès. Je détournai le regard, blessé. Je dus faire tous les efforts du monde pour ne fixer que son visage. Du bout des lèvres, je lâchai les mots interdits. « Tu sais combien cela a pu me coûter. Le courage dont j’ai pu faire preuve. Mon orgueil qui en a plus que pâti. » J’avais la voix bien trop rauque, la gorge bien trop nouée. Je savais que je jouais avec le feu. Qu’immanquablement, j’allais finir par me brûler. Mais cela ne m’empêcha pas de faire encore un pas vers elle. « Pourquoi tu es partie? » Mes paroles s’évanouirent en un murmure anéanti, la vieille blessure qu’elle m’avait infligée s’était rouverte. A présent, venant s‘ajouter à la douleur, un froid glacial m’avait pris.
Ma vie prenait un tournant auquel je ne m’attendais vraiment pas. Tout semblait aller en s’accélérant, je perdais le contrôle, je perdais pieds. J’avais rechuté dans ma maladie. J’allais être père. Le mien était mort et il n’avait pas vraiment été un exemple. Ancien drogué, ancien coureur, il s’était repenti dans l’alcool et la cigarette, oublieux du reste. Il avait oublié qu’il avait une femme et deux fils. Quand le premier est mort, il ne s’est même plus préoccupé du reste. Maintenant, il n’était plus là, il était mort dans son sommeil, paisiblement, il souriait presque, comme si la vie était trop dure pour lui et qu’il était plutôt heureux de s’en débarrasser. Mon poing atterrit violemment dans le miroir, le faisant voler en éclats. Mes poings furieux martelèrent plusieurs fois le mur, les débris de verre écorchant mes mains. Je te hais, papa! Je te hais de n’avoir jamais su me regarder en face, de m’avoir maudit sans même avoir cherché à me connaître. Je te hais pour ce que tu es devenu, pour nous avoir abandonnés, Maman et moi. Je n’ai jamais suscité la moindre once de fierté en toi, tu m’as toujours méprisé, je n’étais qu’une racaille, une putain de vermine. Tu sais, ça m’aurait fait plaisir que tu me dises au moins une fois que tu m’aimes, que tu étais fier de moi. Mais tu vois, même ça, je ne l’ai jamais entendu en rêve. Jamais. Je n’en pouvais plus de cette douleur, de cette rancœur que j’accumulais au fond de moi. Une violente douleur me déchirait la peau et me transperçait les os, tandis que le désespoir me tordait les tripes, me rendait presque malade. J’avais le cœur au bord des lèvres, la rage aux ventre, mes paupières me brûlaient. Je n’en pouvais plus de rester enfermé dans cette maison, là où leur souvenir à tous les deux rôdait encore, où je ressentais leur présence plus que jamais. J’avais besoin d’un refuge, mais je ne savais pas où aller. D’un œil dégoûté, je regardais mes mains ensanglantées, les multiples écorchures qui lézardaient ma peau blême. J’inspirai profondément, tentant de canaliser toutes ces émotions négatives. Je me sentais trop mal. J’avais besoin de voir quelqu’un.
Capri s’imposa à moi comme une évidence. Bien sûr, nous avions rendez-vous dans la soirée. Je ne pouvais pas repousser l’échéance de nos retrouvailles indéfiniment. Mais il y avait une toute autre raison à cette envie de la voir, outre l’enfant qu’elle attendait et qui était prétendument de moi. C’était presque comme un vieux réflexe, comme une vieille habitude qui avait fini par s’éteindre au fil du temps qui passe. Il a bien fallu mettre un point final à tout ça, et c’était elle qui était partie, elle qui m’avait abandonnée. Elle avait été mon seul réconfort pendant des mois, une raison de m’accrocher, même si je ne faisais que survivre. J’avais même cru qu’entre ses bras j’aurais pu me reconstruire totalement, après mes échecs, après mes déboires sentimentaux. Après avoir vu celle que j’aimais dans les bras d’un autre. Capri, elle, avait été là. Trop belle pour son propre bien, trop désirable pour le mien. Je m’étais perdu entre ses bras, dans ces nuits qui n’en finissaient plus, noyé entre le chagrin, l’alcool et la coke, je m’étais accroché à elle comme à une bouée de sauvetage, à l’époque je n’imaginais même pas qu’un jour nous en serions là, à s’éviter perpétuellement et à se haïr. Quel putain de gâchis. La savoir enceinte de moi avait été la goutte qui avait fait déborder la carafe déjà trop pleine, qui avait lentement mais sûrement amorcé la bombe, prête à exploser. Et la bombe avait immanquablement fini par exploser, ravageant tout sur son passage. Je l’avais jetée, j’avais été le pire des connards. Je refusais tout simplement de voir l’évidence. La douleur laissée par cette claque mentale était bien trop cuisante. Je pris à nouveau une profonde inspiration, tripes nouées par l’appréhension et tout un tas d’émotions aussi puissantes que contradictoires. Enfin, je transplanai, pour être là pile à l’heure. Je la vis là, assise à même le sol. La première fois que je la voyais depuis des mois. Cinq mois pour être précis. Je tremblai légèrement en m’imaginant que sa grossesse était déjà bien avancée. Je me refusais à me représenter son ventre probablement rebondi, cette vie qu’elle portait en elle et qui était le fruit de ma bêtise, de mon irresponsabilité. Lentement, les mains dans les poches, comme pour cacher les ravages apparents de ma folie furieuse, je m’avançais avec prudence, presque craintif. Je ne savais pas quoi lui dire, je lui avais déjà tout dit. Elle savait à quoi s’attendre avec moi. Je n’étais pas un tendre, j’étais un connard, un être à haïr. L’enfant qu’elle portait ne méritait pas ça comme père. Je ne les méritais pas. « Je suis venu. » déclarai-je simplement, avant de me révéler totalement à elle. La gorge nouée, je laissais mon regard étudier la belle italienne, me remémorant ses cheveux blonds, la douceur de sa peau satinée, ses prunelles turquoise. Son corps que j’avais su désirer et apprécier. Son corps marqué par nos excès. Je détournai le regard, blessé. Je dus faire tous les efforts du monde pour ne fixer que son visage. Du bout des lèvres, je lâchai les mots interdits. « Tu sais combien cela a pu me coûter. Le courage dont j’ai pu faire preuve. Mon orgueil qui en a plus que pâti. » J’avais la voix bien trop rauque, la gorge bien trop nouée. Je savais que je jouais avec le feu. Qu’immanquablement, j’allais finir par me brûler. Mais cela ne m’empêcha pas de faire encore un pas vers elle. « Pourquoi tu es partie? » Mes paroles s’évanouirent en un murmure anéanti, la vieille blessure qu’elle m’avait infligée s’était rouverte. A présent, venant s‘ajouter à la douleur, un froid glacial m’avait pris.
- InvitéInvité
Re: Une femme et un couffin
Mer 12 Jan 2011 - 0:20
Capri était en avance. Elle savait qu'il ne viendrait pas, pourquoi changerait-il soudainement d'avis ? Pourtant, elle tentait par tous les moyens de se persuader du contraire. Et parce qu'elle avait été particulièrement pressée de se prouver à elle-même qu'elle avait raison d'espérer, elle était arrivée trop vite, trop tôt. Maintenant, elle se retrouvait là, dans ce grenier où personne n'allait jamais, assise à même le sol. Au loin, le soleil disait aurevoir promettant de revenir le lendemain jettant au passage un halo angélique sur son visage. Cela détonnait fortement avec son doigt dépourvu de bague et son ventre rebondi. Un ventre qu'elle ne pouvait s'empêcher de caresser comme pour se persuader à chaque seconde que tout cela était réel. C'était fou, tellement énorme, tellement tout! Il lui arrivait parfois de se réveiller en sursaut en pleine nuit et de toucher son ventre pour se rassurer, pour se dire que non, ce n'était pas un rêve. Elle allait être mère. Elle attendait un enfant d'Aldéric.. Elle n'avait jamais douté de l'identité du père de son enfant d'ailleurs, cet enfant n'était pas prétendument celui d'Aldéric, c'était le sien à coup sûr! En apprennant sa grossesse, Capri avait su tout de suite, cela s'était imposé à elle comme une évidence. Personne d'autre ne pouvait jouer ce rôle, il était impossible qu'il en soit autrement. Mais outre ce sentiment intérieur très fort, elle avait une autre raison de penser qu'il était le père, une raison plus scientifique : il avait été le seul.. Qu'on ne se méprenne pas, Capri était bien cette fille que tout le monde connait, celle qui enchaine les hommes sans se soucier de leur faire ou non du mal, elle avait eu des dizaines et des dizaines d'amants et avait toujours trouvé ça normal. Puis Aldéric était arrivé. Ce n'était ni l'homme qu'elle avait toujours attendu pour la délivrer de sa débauche, ni l'homme de sa vie mais il avait chamboulé pas mal de choses en elle. Il ne l'avait pas su mais même si leur relation - ou quoi que cela s'appelle - avait principalement reposé sur le sexe et la drogue, il lui avait fait voir la lumière. Ils ne s'étaient promis aucune fidélité, au contraire. Ils devaient se voir quand l'envie se présentait, ne suivre que leurs désirs et abandonner toutes prises de tête. Mais Capri n'avait suivi aucune de ces règles.. Elle avait continué à se droguer, avec lui ou sans lui, mais durant tout le temps qu'ils avaient passé ensemble à s'amuser, elle n'avait jamais couché avec qui que ce soit d'autre. Si elle lui disait cela maintenant, sûr qu'il penserait qu'elle mentait pour le retenir auprès d'elle, auprès de leur enfant, mais c'était la vérité. Elle n'avait plus eu envie de personne d'autre. Et aujourd'hui encore, elle n'était plus sûre de rien. Elle sentait au fond d'elle-même que quelque chose clochait. Que son envie de l'avoir auprès d'elle dépassait la seule envie de donner un père à son fils. Mais elle n'était plus sûre de rien, peut-être que..
Perdue dans ses pensées, elle ne l'entendit pas transplaner, ni même marcher vers elle. Elle caressait son ventre, songeuse. Jusqu'à ce qu'il annonce son arrivée. Elle sursauta puis finit par tourner la tête vers lui, le détaillant au passage. Il avait changé. Peu de mois s'étaient écoulés entre leur dernière rencontre et aujourd'hui mais pourtant il y'avait quelque chose en lui qui n'était plus pareil. Etait-il plus heureux ? Ou au contraire l'était-il moins ? Elle n'arrivait pas à déceler ce qui clochait. Parce que quelque chose clochait. Mais peut-être était-ce simplement son retour le problème...
"Tu es venu..", dit-elle alors dans un souffle. Il était venu.. Elle avait donc eu raison d'espérer, il ne l'avait pas laissé tomber une nouvelle fois. Il était là... Elle écouta ensuite ce qu'il avait à dire, sur l'effort que cela lui avait demandé, et elle hocha simplement la tête ne sachant quoi répondre à cela. Elle préférait garder le silence, et le regarder. Dieu comme il lui avait manqué... Elle rêvait de se lever et de l'agripper pour le serrer fort contre elle. Mais elle ne pouvait pas, elle ne pouvait pas lui montrer ce côté là d'elle-même, pas encore.. Pourtant il ne lui facilitait pas la tâche, l'obligeant à crisper ses poings sous ses jambes pour l'empêcher de se lever. Là, alors qu'il lui posait enfin la question qu'elle redoutait il semblait triste. Ou en colère ? C'était sûrement de la colère, mais elle aimait à penser que c'était de la tristesse, qu'il avait souffert autant qu'elle. Pas parce qu'elle désirait le voir souffrir, surtout pas!, seulement la souffrance aurait signifié qu'au-dessous se cachait des sentiments. Mais ce ne pouvait être le cas, elle n'était pas folle au point de le penser. Elle se contentait d'espérer. Quoi qu'il en soit, elle était prête à tout pour qu'il se tourne de nouveau vers elle.
"Tu le sais.. Tu m'as demandé de te laisser en dehors de ça, je l'ai fais...", dit-elle alors parce qu'il était temps qu'elle réponde à sa dernière question. Il connaissait la réponse, elle la lui avait dit au téléphone mais elle comprenait qu'il ait besoin qu'elle le répète une nouvelle fois. "Attends!", rajouta-t-elle alors voyant que cela semblait l'énerver encore plus. "Je ne dis pas que tout est de ta faute, loin de là. J'ai eu tord de t'annoncer ça aussi abruptement alors que ce n'était ni l'endroit, ni le moment. J'avais pensé que... Je sais pas, que tu aurais été aussi heureux que moi de l'apprendre, tu vois ? , lui demanda-t-elle en relevant la tête vers lui, puis sans attendre de réponse, elle reprit, mais évidemment ça n'était pas le cas. Pourquoi aurais-tu été content d'apprendre que la fille que tu sautais pour t'amuser te collait un enfant sous le bras ? Mais..., elle s'arrêta un instant, jouant avec ses doigts, cherchant ses mots et baissant sensiblement le niveau de sa voix, je ne regrette pas ce bébé...". Elle ne le regretterait jamais. Elle aimait déjà cet enfant plus que tout, y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Ce petit bout qui grandissait en elle était devenu l'amour de sa vie, il avait donné un nouveau sens à sa vie, et tout ça grâce à Aldéric. Alors maintenant, elle espérait qu'il finirait, comme elle, à apprécier cet enfant. Ce qu'elle ne manqua pas de lui dire avant qu'un silence trop pesant ne s'installe. "J'aimerais vraiment que tu ne nous repousses pas cette fois Aldéric, ce bébé a besoin d'un père. Il a besoin de toi.", rajouta-t-elle en le regardant droit dans les yeux cette fois-ci.
Perdue dans ses pensées, elle ne l'entendit pas transplaner, ni même marcher vers elle. Elle caressait son ventre, songeuse. Jusqu'à ce qu'il annonce son arrivée. Elle sursauta puis finit par tourner la tête vers lui, le détaillant au passage. Il avait changé. Peu de mois s'étaient écoulés entre leur dernière rencontre et aujourd'hui mais pourtant il y'avait quelque chose en lui qui n'était plus pareil. Etait-il plus heureux ? Ou au contraire l'était-il moins ? Elle n'arrivait pas à déceler ce qui clochait. Parce que quelque chose clochait. Mais peut-être était-ce simplement son retour le problème...
"Tu es venu..", dit-elle alors dans un souffle. Il était venu.. Elle avait donc eu raison d'espérer, il ne l'avait pas laissé tomber une nouvelle fois. Il était là... Elle écouta ensuite ce qu'il avait à dire, sur l'effort que cela lui avait demandé, et elle hocha simplement la tête ne sachant quoi répondre à cela. Elle préférait garder le silence, et le regarder. Dieu comme il lui avait manqué... Elle rêvait de se lever et de l'agripper pour le serrer fort contre elle. Mais elle ne pouvait pas, elle ne pouvait pas lui montrer ce côté là d'elle-même, pas encore.. Pourtant il ne lui facilitait pas la tâche, l'obligeant à crisper ses poings sous ses jambes pour l'empêcher de se lever. Là, alors qu'il lui posait enfin la question qu'elle redoutait il semblait triste. Ou en colère ? C'était sûrement de la colère, mais elle aimait à penser que c'était de la tristesse, qu'il avait souffert autant qu'elle. Pas parce qu'elle désirait le voir souffrir, surtout pas!, seulement la souffrance aurait signifié qu'au-dessous se cachait des sentiments. Mais ce ne pouvait être le cas, elle n'était pas folle au point de le penser. Elle se contentait d'espérer. Quoi qu'il en soit, elle était prête à tout pour qu'il se tourne de nouveau vers elle.
"Tu le sais.. Tu m'as demandé de te laisser en dehors de ça, je l'ai fais...", dit-elle alors parce qu'il était temps qu'elle réponde à sa dernière question. Il connaissait la réponse, elle la lui avait dit au téléphone mais elle comprenait qu'il ait besoin qu'elle le répète une nouvelle fois. "Attends!", rajouta-t-elle alors voyant que cela semblait l'énerver encore plus. "Je ne dis pas que tout est de ta faute, loin de là. J'ai eu tord de t'annoncer ça aussi abruptement alors que ce n'était ni l'endroit, ni le moment. J'avais pensé que... Je sais pas, que tu aurais été aussi heureux que moi de l'apprendre, tu vois ? , lui demanda-t-elle en relevant la tête vers lui, puis sans attendre de réponse, elle reprit, mais évidemment ça n'était pas le cas. Pourquoi aurais-tu été content d'apprendre que la fille que tu sautais pour t'amuser te collait un enfant sous le bras ? Mais..., elle s'arrêta un instant, jouant avec ses doigts, cherchant ses mots et baissant sensiblement le niveau de sa voix, je ne regrette pas ce bébé...". Elle ne le regretterait jamais. Elle aimait déjà cet enfant plus que tout, y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Ce petit bout qui grandissait en elle était devenu l'amour de sa vie, il avait donné un nouveau sens à sa vie, et tout ça grâce à Aldéric. Alors maintenant, elle espérait qu'il finirait, comme elle, à apprécier cet enfant. Ce qu'elle ne manqua pas de lui dire avant qu'un silence trop pesant ne s'installe. "J'aimerais vraiment que tu ne nous repousses pas cette fois Aldéric, ce bébé a besoin d'un père. Il a besoin de toi.", rajouta-t-elle en le regardant droit dans les yeux cette fois-ci.
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Re: Une femme et un couffin
Jeu 13 Jan 2011 - 20:26
"Tu es venu.." Mon regard resta rivé sur elle, alors qu’il sembla demander pourquoi. Pourquoi Capri, pourquoi maintenant? Oui, je suis venu, mais avais-je réellement le choix? Je l’avais, c’était indéniable. Je pouvais tout aussi bien fuir. Rester muré dans mon silence à tout jamais, ignorant délibérément ses appels au secours. Si j’avais été lâche, encore une fois, ma conscience n’aurait pas manqué se rappeler à moi, sentencieuse et cruelle. Je lui adressai finalement un sourire crispé. Oui, j’étais venu. Elle m’avait arraché aux bras de celle que j’aimais, et qui n’était pas elle. Était-il vraiment possible que je vive sans que le passé ne se rappelle à moi sans cesse? "Tu le sais.. Tu m'as demandé de te laisser en dehors de ça, je l'ai fais..." Ma mâchoire se serra, imperceptiblement. Mes poings firent de même. Mon corps en lui-même sembla se tendre en un même mouvement colérique. Malgré le semblant d’éruption qui s’annonçait, la lassitude reprit rapidement le contrôle. Bien sûr. Tout était de ma faute. JE l‘avais plaquée, JE l’avais sommée de rester hors de ma vie. Mais qu’avait-elle fait, dans toute cette histoire? Mais putain Capri, c’est toi qui a fui, c’est toi qui m’a laissé! Et tu oses m’accabler ensuite, tu oses prétendre que tu n’as fait que m’obéir? Si tu m’avais laissé le temps, je serais resté. Non, mais tu as vraiment cru que je prendrais la nouvelle avec le sourire? Elle s’était trompée sur toute la ligne. Je n’étais pas prêt pour ça. J’avais vingt ans, bordel. Que j’aie à présent une année de plus au compteur n’y changerait rien. Je n’avais tout simplement pas envisagé la possibilité d’être père. Pour moi, cela allait arriver un jour, c’était inéluctable, bien que rien ne soit encore sûr, mais pas maintenant. J’estimais avoir encore le temps. Tout était tellement prématuré, tellement précipité, je n’avais pas eu le temps de m’y préparer, encore moins de me faire à l’idée. "Je ne dis pas que tout est de ta faute, loin de là. J'ai eu tord de t'annoncer ça aussi abruptement alors que ce n'était ni l'endroit, ni le moment. J'avais pensé que... Je sais pas, que tu aurais été aussi heureux que moi de l'apprendre, tu vois ? mais évidemment ça n'était pas le cas. Pourquoi aurais-tu été content d'apprendre que la fille que tu sautais pour t'amuser te collait un enfant sous le bras ? Mais...,je ne regrette pas ce bébé...". Je secouais la tête, en signe de dénégation. J’étais perdu entre l’envie de rire et de pleurer. Rire, devant le ridicule de mon comportement et de ses difficultés à comprendre mon raisonnement. Pleurer, parce que je ne savais toujours pas que faire, comment appréhender cette nouvelle vie. Cela reviendrait à renoncer à tout ce que j’avais bâti jusqu’alors, non sans de nombreuses difficultés. Cela reviendrait aussi à renoncer à Bree. Et je ne pouvais m’y résoudre. Malgré tout ce qu’elle pouvait penser, je n’étais pas un connard. Je ne l’avais pas sautée juste pour m’amuser. Pour moi, nos étreintes avaient été plus significatives que cela. Elles voulaient réellement dire quelque chose. Capri n’avait pas seulement été la fille que je baisais parce que j’allais mal ou parce que je m‘ennuyais. Elle avait été celle qui m’avait aidé à me reconstruire, dans une certaine mesure, puisque je ne m’étais jamais relevé complètement, la douleur était trop profonde, bien trop corrosive. "J'aimerais vraiment que tu ne nous repousses pas cette fois Aldéric, ce bébé a besoin d'un père. Il a besoin de toi." Je n’étais qu’un putain d’égoïste. Et elle n’avait pas tort. Il fallait être deux pour faire un enfant. C’était trop facile de se barrer en prétendant ne rien avoir à faire dans l’histoire.
Je réfléchissais, mais aucune des solutions qui s’imposaient à moi comme une évidence ne m’étaient satisfaisantes. À la place, je me mis à tourner en rond, nonobstant mon regard irrésistiblement captivé par son ventre qui s’arrondirait davantage au fil des mois. La chair de ma chair. Mon sang. Ma bêtise, mon irresponsabilité. Je pris une profonde inspiration, avant d’arrêter de faire les cent pas. Brusquement. Comme si un éclair de génie venait de me traverser l’esprit. Mais quand je m’adressai de nouveau à elle, mes paroles étaient de nouveau creuses, vides de sens. «Capri. » Mon murmure se faisait rauque, mon regard s’éteignait peu à peu, mes prunelles ambrées redevenaient ces pierres froides et sans vie. « tu te trompes. » Je n’avais que ces mots à la bouche en ce moment. Tu te trompes. Pas même un pardon. Comme si je ne faisais que remuer allègrement le couteau dans la plaie déjà béante. « Je ne t’ai pas demandé de t’effacer de ma vie. » L’heure des confessions avait sonné. Je me frottais nerveusement les tempes, je n’avais cure de mes mains maculées de sang séchées et meurtries des quelques blessures que je m’étais infligées par cet accès de violence. « C’est toi qui est partie. Du jour au lendemain. C’est toi qui m’as abandonné, bordel! » D’un murmure, mon ton s’était fait colère, douleur et dépit. j’étais en colère contre elle, de m’avoir mis de la sorte devant le fait accompli. D’être partie comme une voleuse. De me laisser songer que quelque part, il y avait une femme qui portait mon enfant. De m’avoir laisser ruminer tout ça pour ensuite revenir, comme si de rien n’était. Comme si nous n’avions jamais changé. Comme si au fond, tout était resté pareil. Identique. Immuable. « tu croyais quoi putain? Que je t’ai oubliée? C’est faux, je ne t’ai jamais oubliée. » Je refusais de m’approcher d’elle. Je perdais le contrôle de mes émotions, tout ce qu’il y avait de négatif en moi reprenait le dessus. Oui, j’aurais pu prendre soin d’elle, si seulement elle était restée. « Au contraire, je n’ai pas arrêté d’y penser. Toute cette putain d’histoire n’aura fait que de me tarauder. Je me demandais où tu étais, où vous étiez. » J’avais insisté sur le vous, comme si je venais d’accepter l’inévitable. Ce à quoi je ne pouvais me soustraire, quand bien même je l’aurais voulu. « Moi, j’ai dû continuer à avancer. À survivre tant que je pouvais. Oui, j’ai tenté de me flinguer peu après ton départ, et ça n’a ne m’a pas réussi. Oui je suis lâche, mais qu’est-ce que ça change bon sang? Parce que nous ne sommes pas faits pour être ensemble. J’aurais été mort, ou avec une autre. Le sort a voulu que je sois avec une autre. » Je savais que ces mots lui feraient mal, mais je ne pouvais m’empêcher de les prononcer. De l’attaquer sur ce sujet pourtant sensible. « Considère qu’il a été clément envers moi, ce putain de sort. Parce qu’au moins…il ou elle aura la chance de me connaître…Ne serait-ce que de loin. »
Je réfléchissais, mais aucune des solutions qui s’imposaient à moi comme une évidence ne m’étaient satisfaisantes. À la place, je me mis à tourner en rond, nonobstant mon regard irrésistiblement captivé par son ventre qui s’arrondirait davantage au fil des mois. La chair de ma chair. Mon sang. Ma bêtise, mon irresponsabilité. Je pris une profonde inspiration, avant d’arrêter de faire les cent pas. Brusquement. Comme si un éclair de génie venait de me traverser l’esprit. Mais quand je m’adressai de nouveau à elle, mes paroles étaient de nouveau creuses, vides de sens. «Capri. » Mon murmure se faisait rauque, mon regard s’éteignait peu à peu, mes prunelles ambrées redevenaient ces pierres froides et sans vie. « tu te trompes. » Je n’avais que ces mots à la bouche en ce moment. Tu te trompes. Pas même un pardon. Comme si je ne faisais que remuer allègrement le couteau dans la plaie déjà béante. « Je ne t’ai pas demandé de t’effacer de ma vie. » L’heure des confessions avait sonné. Je me frottais nerveusement les tempes, je n’avais cure de mes mains maculées de sang séchées et meurtries des quelques blessures que je m’étais infligées par cet accès de violence. « C’est toi qui est partie. Du jour au lendemain. C’est toi qui m’as abandonné, bordel! » D’un murmure, mon ton s’était fait colère, douleur et dépit. j’étais en colère contre elle, de m’avoir mis de la sorte devant le fait accompli. D’être partie comme une voleuse. De me laisser songer que quelque part, il y avait une femme qui portait mon enfant. De m’avoir laisser ruminer tout ça pour ensuite revenir, comme si de rien n’était. Comme si nous n’avions jamais changé. Comme si au fond, tout était resté pareil. Identique. Immuable. « tu croyais quoi putain? Que je t’ai oubliée? C’est faux, je ne t’ai jamais oubliée. » Je refusais de m’approcher d’elle. Je perdais le contrôle de mes émotions, tout ce qu’il y avait de négatif en moi reprenait le dessus. Oui, j’aurais pu prendre soin d’elle, si seulement elle était restée. « Au contraire, je n’ai pas arrêté d’y penser. Toute cette putain d’histoire n’aura fait que de me tarauder. Je me demandais où tu étais, où vous étiez. » J’avais insisté sur le vous, comme si je venais d’accepter l’inévitable. Ce à quoi je ne pouvais me soustraire, quand bien même je l’aurais voulu. « Moi, j’ai dû continuer à avancer. À survivre tant que je pouvais. Oui, j’ai tenté de me flinguer peu après ton départ, et ça n’a ne m’a pas réussi. Oui je suis lâche, mais qu’est-ce que ça change bon sang? Parce que nous ne sommes pas faits pour être ensemble. J’aurais été mort, ou avec une autre. Le sort a voulu que je sois avec une autre. » Je savais que ces mots lui feraient mal, mais je ne pouvais m’empêcher de les prononcer. De l’attaquer sur ce sujet pourtant sensible. « Considère qu’il a été clément envers moi, ce putain de sort. Parce qu’au moins…il ou elle aura la chance de me connaître…Ne serait-ce que de loin. »
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Re: Une femme et un couffin
Lun 24 Jan 2011 - 23:21
It's a quarter after one, I'm all alone and I need you now / Said I wouldn't call but I lost all control and I need you now / And I don't know how I can do without, I just need you now
Pour une raison qui lui échappait complètement, Capri ne pouvait se sortir cette chanson de la tête. Surtout ce refrain-là. Sans doute parce que cela reflétait parfaitement son état d'esprit. Il était là devant elle, lui expliquant à quel point il lui en voulait d'être parti en "l'abandonnant" et elle se demandait pourquoi elle l'avait appelé au final. Elle n'avait pas envie de ce moment délicat des "explications", elle aurait voulu tirer un trait sur tout et attaquer directement sans s'attarder inutilement sur le pourquoi du comment de leurs agissements passés. Mais c'était impossible... Pourquoi l'avait-elle appelé ? Elle ne supportait pas de le voir aussi en colère contre elle, alors pourquoi ? Simplement parce que, comme le rappelait si bien cette chanson, elle avait besoin de lui. Elle était seule et avait besoin de lui. Elle s'était promis de ne pas l'appeler mais elle l'avait fait parce qu'elle avait besoin de lui. C'était ainsi, elle ne savait plus comment faire sans lui, sans son aide, elle avait besoin de lui. Tout menait donc à cette même et simple conclusion : elle avait besoin de lui. Attentive à ce qu'il disait, bien qu'un peu dans ses pensées, il fallut qu'il prononce ce fameux vous qui l'englobait elle et son bébé pour qu'elle relève la tête vers lui et accepte enfin de le regarder dans les yeux, prête à affronter tout ce qu'il pourrait encore avoir à dire et à lui reprocher. Elle ne minimisait pas sa faute dans l'histoire, encore une fois, elle sentait bien que malgré tout ce que son esprit obtus avait accepté de faire parvenir jusqu'à son cerveau, il avait aussi des raisons valables pour avoir agit comme il l'avait fait. C'est vrai qu'elle aurait pu attendre, lui laisser un peu de temps de se faire à l'idée avant de s'enfuir. Mais non, elle n'avait rien voulu savoir et avait pris ce rejet de prime abord comme étant permanent. Pourtant, elle-même n'avait-elle pas eu besoin de se remettre du choc du test de grossesse positif avant de pouvoir l'accepter ? Si! Elle était donc prête à le concéder, elle avait eu tord...
Elle avait eu tord certes mais lui aussi ! Et plus il parlait, plus elle avait finalement l'impression que tout était de sa faute. Elle passa alors très vite du repentir à la colère sourde. Elle avait fuit, sans doute en inteprétant mal ses dires; sans doute avait elle été trop rapide, et trop peu patiente. Mais était-ce une raison pour qu'il lui balance que son départ avait accéléré son désir de se flinguer ? Okay peut-être qu'il n'était pas exactement en train de dire qu'il avait eu envie de mettre fin à ses jours par sa faute mais par corrélation on pouvait parfaitement comprendre que sa fuite n'avait pas arrangé les choses de ce côté là, loin de là. Etait-il en train de lui dire que si elle n'était pas parti il n'aurait pas ainsi intenté à sa vie ? Ah apparemment non, voilà qu'il rajoutait qu'il n'était pas fait pour être ensemble de toutes les manières et qu'il l'avait donc remplacé. SI on pouvait dire cela ainsi.
D'une voix sourde, tentant vainement de cacher sa colère montante, elle dit alors : "Si je comprend bien tu me reproches de t'avoir abandonné puis tu me dis que de toutes façons, puisque nous ne sommes pas fait pour être ensemble, cela n'aurait rien changé ? Je ne comprend pas je dois avouer", elle émit un rire faux puis repris, "c'est vrai quoi, peu importe ma fuite, tu aurais été quoi qu'il arrive mort ou avec une autre. C'est bien ce que tu viens de dire ?"Elle comprenait sans doute tout de travers, mais elle arrivait à peine et elle était déjà las. Cela faisait presque cinq mois qu'elle se battait avec tout et tout le monde. Ses parents qui ne lui adressaient la parole que pour l'insulter, sa cousine qui l'hébergeait tout en la sommant de très vite trouver une autre solution, ses souvenirs qui l'assaillaient sans cesse... Elle n'avait pas en plus besoin de rajouter Aldéric à la liste. Elle ne voulait plus se battre, elle était fatiguée de tout... Et l'annonce de sa tentative de suicide, si soudainement n'arrangeait rien et contre toute attente, cela ne faisait qu'accentuer et sa colère et sa lassitude.
"Isaiah..", reprit-elle dans un soupir, se calmant alors, et en utilisant sans vraiment y prêter attention son second prénom comme elle le faisait d'antan, oubliant qu'il n'aimait pas ça, "Je suis enceinte de quasiment cinq mois. Cela signifie cinq mois loin de toi, à essayer de ne pas ressasser sans cesse la même chose mais à me la ressasser tout de même. Cinq mois où je ne pense qu'à ce petit être en moi qui risque de tout chambouler, pour moi, pour toi et je l'espérais alors, pour nous. Je sais que cinq mois c'est long, et que tu as eu le temps de traverser plein de choses difficiles ou heureuses. Je sais que me voir débarquer soudainement n'est pas simple, et tu as parfaitement le droit de m'en vouloir. Mais Isaiah, cinq mois putain!", dit-elle en haussant soudainement la voix, "c'est long! Je suis partie en t'annonçant que j'étais enceinte, tu semblais être attaché un minimum à moi et tu n'as rien fait, rien ! Je n'ai pas quitté le monde des sorciers, je ne me suis pas reclue sur une autre planète! Ne me dis pas que nous ne sommes pas fait pour être ensemble sans savoir, ne me dis pas qu'il est normal que tu ais fini par être avec quelqu'un d'autre alors que tu n'as jamais essayé d'être avec moi! Tu comprends ? Si tu avais réellement pensé à moi, à nous - ce bébé et moi - tu m'aurais cherché, tu aurais tenté de comprendre. Tu n'as pas cherché à en comprendre davantage. Tu ...." Elle se tut un moment pour reprendre son souffle après ce long discours et reprit d'une voix très basse. " Tu as choisi la solution de facilité toi aussi. J'ai fuit, mais toi aussi. Et aujourd'hui, je suis là, prête à prendre en mains mes responsabilités. Je te demande de faire pareil. Simplement..."Ce n'était pas simple, non, mais l'idée était là. Elle avait fait un énorme effort en revenant, elle en faisait un autre avec ce discours qui en dévoilait tellement sur elle en à peine quelques secondes. Elle voulait juste qu'Aldéric fasse l'autre pas, l'autre moitié d'effort nécessaire et qu'il accepte leur enfant.
Pour une raison qui lui échappait complètement, Capri ne pouvait se sortir cette chanson de la tête. Surtout ce refrain-là. Sans doute parce que cela reflétait parfaitement son état d'esprit. Il était là devant elle, lui expliquant à quel point il lui en voulait d'être parti en "l'abandonnant" et elle se demandait pourquoi elle l'avait appelé au final. Elle n'avait pas envie de ce moment délicat des "explications", elle aurait voulu tirer un trait sur tout et attaquer directement sans s'attarder inutilement sur le pourquoi du comment de leurs agissements passés. Mais c'était impossible... Pourquoi l'avait-elle appelé ? Elle ne supportait pas de le voir aussi en colère contre elle, alors pourquoi ? Simplement parce que, comme le rappelait si bien cette chanson, elle avait besoin de lui. Elle était seule et avait besoin de lui. Elle s'était promis de ne pas l'appeler mais elle l'avait fait parce qu'elle avait besoin de lui. C'était ainsi, elle ne savait plus comment faire sans lui, sans son aide, elle avait besoin de lui. Tout menait donc à cette même et simple conclusion : elle avait besoin de lui. Attentive à ce qu'il disait, bien qu'un peu dans ses pensées, il fallut qu'il prononce ce fameux vous qui l'englobait elle et son bébé pour qu'elle relève la tête vers lui et accepte enfin de le regarder dans les yeux, prête à affronter tout ce qu'il pourrait encore avoir à dire et à lui reprocher. Elle ne minimisait pas sa faute dans l'histoire, encore une fois, elle sentait bien que malgré tout ce que son esprit obtus avait accepté de faire parvenir jusqu'à son cerveau, il avait aussi des raisons valables pour avoir agit comme il l'avait fait. C'est vrai qu'elle aurait pu attendre, lui laisser un peu de temps de se faire à l'idée avant de s'enfuir. Mais non, elle n'avait rien voulu savoir et avait pris ce rejet de prime abord comme étant permanent. Pourtant, elle-même n'avait-elle pas eu besoin de se remettre du choc du test de grossesse positif avant de pouvoir l'accepter ? Si! Elle était donc prête à le concéder, elle avait eu tord...
Elle avait eu tord certes mais lui aussi ! Et plus il parlait, plus elle avait finalement l'impression que tout était de sa faute. Elle passa alors très vite du repentir à la colère sourde. Elle avait fuit, sans doute en inteprétant mal ses dires; sans doute avait elle été trop rapide, et trop peu patiente. Mais était-ce une raison pour qu'il lui balance que son départ avait accéléré son désir de se flinguer ? Okay peut-être qu'il n'était pas exactement en train de dire qu'il avait eu envie de mettre fin à ses jours par sa faute mais par corrélation on pouvait parfaitement comprendre que sa fuite n'avait pas arrangé les choses de ce côté là, loin de là. Etait-il en train de lui dire que si elle n'était pas parti il n'aurait pas ainsi intenté à sa vie ? Ah apparemment non, voilà qu'il rajoutait qu'il n'était pas fait pour être ensemble de toutes les manières et qu'il l'avait donc remplacé. SI on pouvait dire cela ainsi.
D'une voix sourde, tentant vainement de cacher sa colère montante, elle dit alors : "Si je comprend bien tu me reproches de t'avoir abandonné puis tu me dis que de toutes façons, puisque nous ne sommes pas fait pour être ensemble, cela n'aurait rien changé ? Je ne comprend pas je dois avouer", elle émit un rire faux puis repris, "c'est vrai quoi, peu importe ma fuite, tu aurais été quoi qu'il arrive mort ou avec une autre. C'est bien ce que tu viens de dire ?"Elle comprenait sans doute tout de travers, mais elle arrivait à peine et elle était déjà las. Cela faisait presque cinq mois qu'elle se battait avec tout et tout le monde. Ses parents qui ne lui adressaient la parole que pour l'insulter, sa cousine qui l'hébergeait tout en la sommant de très vite trouver une autre solution, ses souvenirs qui l'assaillaient sans cesse... Elle n'avait pas en plus besoin de rajouter Aldéric à la liste. Elle ne voulait plus se battre, elle était fatiguée de tout... Et l'annonce de sa tentative de suicide, si soudainement n'arrangeait rien et contre toute attente, cela ne faisait qu'accentuer et sa colère et sa lassitude.
"Isaiah..", reprit-elle dans un soupir, se calmant alors, et en utilisant sans vraiment y prêter attention son second prénom comme elle le faisait d'antan, oubliant qu'il n'aimait pas ça, "Je suis enceinte de quasiment cinq mois. Cela signifie cinq mois loin de toi, à essayer de ne pas ressasser sans cesse la même chose mais à me la ressasser tout de même. Cinq mois où je ne pense qu'à ce petit être en moi qui risque de tout chambouler, pour moi, pour toi et je l'espérais alors, pour nous. Je sais que cinq mois c'est long, et que tu as eu le temps de traverser plein de choses difficiles ou heureuses. Je sais que me voir débarquer soudainement n'est pas simple, et tu as parfaitement le droit de m'en vouloir. Mais Isaiah, cinq mois putain!", dit-elle en haussant soudainement la voix, "c'est long! Je suis partie en t'annonçant que j'étais enceinte, tu semblais être attaché un minimum à moi et tu n'as rien fait, rien ! Je n'ai pas quitté le monde des sorciers, je ne me suis pas reclue sur une autre planète! Ne me dis pas que nous ne sommes pas fait pour être ensemble sans savoir, ne me dis pas qu'il est normal que tu ais fini par être avec quelqu'un d'autre alors que tu n'as jamais essayé d'être avec moi! Tu comprends ? Si tu avais réellement pensé à moi, à nous - ce bébé et moi - tu m'aurais cherché, tu aurais tenté de comprendre. Tu n'as pas cherché à en comprendre davantage. Tu ...." Elle se tut un moment pour reprendre son souffle après ce long discours et reprit d'une voix très basse. " Tu as choisi la solution de facilité toi aussi. J'ai fuit, mais toi aussi. Et aujourd'hui, je suis là, prête à prendre en mains mes responsabilités. Je te demande de faire pareil. Simplement..."Ce n'était pas simple, non, mais l'idée était là. Elle avait fait un énorme effort en revenant, elle en faisait un autre avec ce discours qui en dévoilait tellement sur elle en à peine quelques secondes. Elle voulait juste qu'Aldéric fasse l'autre pas, l'autre moitié d'effort nécessaire et qu'il accepte leur enfant.
- InvitéInvité
Re: Une femme et un couffin
Sam 29 Jan 2011 - 11:55
Elle n’avait pas le droit, me répétais-je avec véhémence, elle n’avait pas le droit de m’imposer un choix qu’elle avait fait toute seule. Que je me sois fermé au moment où elle a laissé s’échapper la nouvelle n’avait rien changé au problème, absolument rien. Elle n’avait pas le droit de partir, faire je ne sais quoi entre temps et revenir me hanter de la sorte. Elle n’avait pas le droit. Elle aurait pourtant dû comprendre ce qu’avait impliqué ma réaction plus qu’hostile la dernière fois, non? Ainsi, qu’elle revienne dans l’espoir que je me sois fait une raison, presque prêt à l’accueillir à bras ouverts était purement utopiste. Je n’avais pas passé ces quelques mois d’abandon à me morfondre et à l’attendre, j’avais refait ma vie, tout du moins autant que mon état, à la fois physique et mental, me le permettait. Et maintenant, j’étais quoi? Un zombie. Je n’étais même plus humain, la souffrance avait effacé toutes les miettes d’humanité qu’il me restait. Mon cœur ne battait plus, il n’était qu’un gouffre béant et palpitant au gré de mes piètres tentatives de ressentir enfin quelque chose. Mais à présent que ma vie de débauche n’était plus qu’une routine, les maigres doses d’adrénaline qu’elle m’avait apportées étaient disparu dans un néant aussi effrayant que la mort pouvait l’être. Le vide qui désormais m’habitait ne manquait pas de m’effarer, tandis que je n’étais plus capable de ressentir quelque émotion que ce soit. Il n’y avait plus en moi qu’une rage sourde, une haine sans bornes, un profond sentiment d’injustice. Et c’était ce moteur qui me maintenait en vie. Un sourire désabusé se dessina sur mes lèvres devenues livides, tandis que j’établissais un simple constat: de nous deux, ce n’était pas moi le plus égoïste. « Si je comprend bien tu me reproches de t'avoir abandonné puis tu me dis que de toutes façons, puisque nous ne sommes pas fait pour être ensemble, cela n'aurait rien changé ? Je ne comprend pas je dois avouer, c'est vrai quoi, peu importe ma fuite, tu aurais été quoi qu'il arrive mort ou avec une autre. C'est bien ce que tu viens de dire ? » J’arquai un sourcil. Un seul, perplexe qui plus est. Avant de les froncer dans une grimace d’incompréhension. Dans ce que je venais de dire, lui avais-je seulement adressé un seul reproche? Non, je ne crois pas. Je ne faisais que constater. Elle était partie du jour au lendemain, en colère et contrariée, et surprise, elle revenait cinq mois plus tard et la fleur au fusil. Je n’écoutai que d’une oreille ce qu’elle me dit alors, bien que mon entière attention fut suscitée dès lors qu’elle avait prononcé mon second prénom, si rare. Avant de jeter l’éponge, tout simplement, le discours qu’elle me servait était imprégné d’une forte impression de déjà vu…et je n’avais pas envie de débattre une fois de plus. J’estimais lui avoir communiqué mon point de vue plus qu’il n’était nécessaire, et si elle ne voulait pas comprendre au bout de la énième tentative, soit. Il ne fallait pas s’attendre alors que je ne veuille plus rien à voir avec elle, il n’y avait rien de plus énervant, à mon sens, qu’une personne qui campait rageusement sur ses positions, quoique je n’étais guère mieux par moments.
Je me remis à faire les cent pas, mains dans les poches. Mon agacement filtrait à travers mon attitude et mon allure guindée. Je me félicitais d’être resté calme, ignorant l’appel de la moutarde qui me montait au nez, bien que j’eusse plus d’une fois l’occasion de crier, tempêter, lui dire ses quatre vérités. Il n’y avait pas qu’elle dont la lassitude s’était emparée, j’étais tout aussi las que Capri. Mais je ne pouvais pas partir d’ici sans tenter de lui faire comprendre mon raisonnement, aussi fumeux fusse-t-il. « En effet Capri, t’as rien pigé. » Aucune agressivité, ma voix s’était faite murmure empli d’amertume face à ce simple constat. Toujours constater, je n’extrapolais en rien. Pas cette fois, en tout cas. « Je suis peut-être égoïste, mais tu l’es tout autant. Sinon plus. » Je m’étais arrêté de faire les cent pas, pour la regarder droit dans les yeux. Mes prunelles ambrées s’étaient depuis longtemps éteintes, et s’étaient faites pour l’occasion impénétrables. « Tu n’as pas le droit. » ajoutai-je dans un souffle, murmure à la fois prévenant et assassin. « Tu n’as pas le droit de m’imposer un choix que tu as fait toute seule. » Qu’elle dise que je me posais une fois de plus en victime, je n’en avais rien à faire. Elle savait qu’au fond, orgueil mis à part, que j’avais raison. « C’est facile de partir et revenir comme si de rien n’était, en faisant comme si rien n’avait changé. » Au contraire, beaucoup de choses s’étaient passés en cinq mois. Des larmes, des drames, des morts. Ma tentative de suicide. Le retour de Bree, qui m’avait abandonné elle aussi pour roucouler avec Sawyer. La rentrée pénible qui s’en suivit, tandis que je ne cessais plus de couler en cours, touchant inexorablement le fond. Ma maladie, qui avait choisi cette période pour se détraquer, ayant pour conséquence direct un sevrage plus ou moins forcé. La mort de la mère d’Ekstasy, la mort de mon père. Les choses ont eu le temps de se succéder en cinq mois de temps. « J’ai moi-même changé, Capri. Au risque de te déplaire, je ne suis plus le même. Regarde moi. Je ne suis plus qu’une épave. J’ai arrêté toutes ces conneries qui ne faisaient que d’aggraver le problème. Regarde combien j’ai pu maigrir, mais vieillir également. J’ai l’air d’avoir dix ans de plus, tu ne peux pas prétendre que rien n’a changé. » une de mes mains vint ébouriffer mes cheveux. Je repris ma plaidoirie, impassible. Je m’étais automatiquement retranché derrière mon bouclier, l’insensibilité.
« Ta requête est injuste, Capri, même si elle est légitime. Je sais que tu aurais aimé avoir un père pour l’enfant que tu attends. Mais si ce n’est que pour cette raison que tu t’acharnes autant, alors bien d’autres hommes pourront remplir ce rôle à merveille. Je ne peux pas abandonner Bree sous prétexte que tu ne veux qu’un père pour cet enfant, si ce n’est que ça je peux tout aussi bien faire acte de présence sans nécessairement être avec toi. Tu comprends ce que je veux dire? » Non, bien sûr qu’elle ne comprendrait pas. Elle me voulait moi, personne d’autre. Comme si…Le père que je pourrais être pour cet enfant n’était qu’une option. Qu’elle s’accrochait autant pour une toute autre raison. Et si…Non. Je n’avais pas le droit d’y penser. « J’aime Bree. » finis-je par lui asséner, ne me préoccupant guère de ce qu’elle pouvait bien ressentir face à ces paroles cruelles. « ça non plus tu ne comprendras pas, mais c’est avec elle et elle seule que je veux finir ma vie, aussi courte fusse-t-elle. Tu n’as pas l’air de te rendre compte, mais elle aussi souffre de cette histoire. Elle vit avec la crainte que je l’abandonne, pour toi. Mais autant être francs tout de suite, ça n’arrivera pas. Pour la simple et bonne raison que mes sentiments pour elle existent déjà depuis longtemps, et ne se sont jamais vraiment éteints. Je te laisse faire le calcul, mais ça remonte au moins à la première année. » un léger rire cynique franchit mes lèvres, tandis que je repensais à tout ce que je venais de dire. Je ne cherchais pas à la blesser délibérément, je ne faisais que constater, encore et toujours. Je disais à la Grymm ce que je n’avais jamais eu le courage de dire à la Summerbee, de telles déclaration n’étant vraiment pas mon fort. « Je ne me suis pas casé avec elle pour dire de me caser. Je peux très bien être seul, je ne suis pas ce genre de type. Tu…Je sais que…que je sois là est important pour toi…Mais…tu sais très bien aussi que tu n’as pas le droit de m’imposer ton choix. » Ma voix s’éteint alors, en un murmure à la fois rauque et agacé. J’osais espérer que Capri ne soit pas aussi égoïste et butée, et qu’elle comprenne les enjeux que son retour impliquaient pour moi. Je finis par soupirer lourdement. Autant croire au Père-Noël, cela reviendrait sûrement au même.
Je me remis à faire les cent pas, mains dans les poches. Mon agacement filtrait à travers mon attitude et mon allure guindée. Je me félicitais d’être resté calme, ignorant l’appel de la moutarde qui me montait au nez, bien que j’eusse plus d’une fois l’occasion de crier, tempêter, lui dire ses quatre vérités. Il n’y avait pas qu’elle dont la lassitude s’était emparée, j’étais tout aussi las que Capri. Mais je ne pouvais pas partir d’ici sans tenter de lui faire comprendre mon raisonnement, aussi fumeux fusse-t-il. « En effet Capri, t’as rien pigé. » Aucune agressivité, ma voix s’était faite murmure empli d’amertume face à ce simple constat. Toujours constater, je n’extrapolais en rien. Pas cette fois, en tout cas. « Je suis peut-être égoïste, mais tu l’es tout autant. Sinon plus. » Je m’étais arrêté de faire les cent pas, pour la regarder droit dans les yeux. Mes prunelles ambrées s’étaient depuis longtemps éteintes, et s’étaient faites pour l’occasion impénétrables. « Tu n’as pas le droit. » ajoutai-je dans un souffle, murmure à la fois prévenant et assassin. « Tu n’as pas le droit de m’imposer un choix que tu as fait toute seule. » Qu’elle dise que je me posais une fois de plus en victime, je n’en avais rien à faire. Elle savait qu’au fond, orgueil mis à part, que j’avais raison. « C’est facile de partir et revenir comme si de rien n’était, en faisant comme si rien n’avait changé. » Au contraire, beaucoup de choses s’étaient passés en cinq mois. Des larmes, des drames, des morts. Ma tentative de suicide. Le retour de Bree, qui m’avait abandonné elle aussi pour roucouler avec Sawyer. La rentrée pénible qui s’en suivit, tandis que je ne cessais plus de couler en cours, touchant inexorablement le fond. Ma maladie, qui avait choisi cette période pour se détraquer, ayant pour conséquence direct un sevrage plus ou moins forcé. La mort de la mère d’Ekstasy, la mort de mon père. Les choses ont eu le temps de se succéder en cinq mois de temps. « J’ai moi-même changé, Capri. Au risque de te déplaire, je ne suis plus le même. Regarde moi. Je ne suis plus qu’une épave. J’ai arrêté toutes ces conneries qui ne faisaient que d’aggraver le problème. Regarde combien j’ai pu maigrir, mais vieillir également. J’ai l’air d’avoir dix ans de plus, tu ne peux pas prétendre que rien n’a changé. » une de mes mains vint ébouriffer mes cheveux. Je repris ma plaidoirie, impassible. Je m’étais automatiquement retranché derrière mon bouclier, l’insensibilité.
« Ta requête est injuste, Capri, même si elle est légitime. Je sais que tu aurais aimé avoir un père pour l’enfant que tu attends. Mais si ce n’est que pour cette raison que tu t’acharnes autant, alors bien d’autres hommes pourront remplir ce rôle à merveille. Je ne peux pas abandonner Bree sous prétexte que tu ne veux qu’un père pour cet enfant, si ce n’est que ça je peux tout aussi bien faire acte de présence sans nécessairement être avec toi. Tu comprends ce que je veux dire? » Non, bien sûr qu’elle ne comprendrait pas. Elle me voulait moi, personne d’autre. Comme si…Le père que je pourrais être pour cet enfant n’était qu’une option. Qu’elle s’accrochait autant pour une toute autre raison. Et si…Non. Je n’avais pas le droit d’y penser. « J’aime Bree. » finis-je par lui asséner, ne me préoccupant guère de ce qu’elle pouvait bien ressentir face à ces paroles cruelles. « ça non plus tu ne comprendras pas, mais c’est avec elle et elle seule que je veux finir ma vie, aussi courte fusse-t-elle. Tu n’as pas l’air de te rendre compte, mais elle aussi souffre de cette histoire. Elle vit avec la crainte que je l’abandonne, pour toi. Mais autant être francs tout de suite, ça n’arrivera pas. Pour la simple et bonne raison que mes sentiments pour elle existent déjà depuis longtemps, et ne se sont jamais vraiment éteints. Je te laisse faire le calcul, mais ça remonte au moins à la première année. » un léger rire cynique franchit mes lèvres, tandis que je repensais à tout ce que je venais de dire. Je ne cherchais pas à la blesser délibérément, je ne faisais que constater, encore et toujours. Je disais à la Grymm ce que je n’avais jamais eu le courage de dire à la Summerbee, de telles déclaration n’étant vraiment pas mon fort. « Je ne me suis pas casé avec elle pour dire de me caser. Je peux très bien être seul, je ne suis pas ce genre de type. Tu…Je sais que…que je sois là est important pour toi…Mais…tu sais très bien aussi que tu n’as pas le droit de m’imposer ton choix. » Ma voix s’éteint alors, en un murmure à la fois rauque et agacé. J’osais espérer que Capri ne soit pas aussi égoïste et butée, et qu’elle comprenne les enjeux que son retour impliquaient pour moi. Je finis par soupirer lourdement. Autant croire au Père-Noël, cela reviendrait sûrement au même.