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Sometimes you can't make it on your own | pv Teddy Bear
Dim 16 Jan 2011 - 20:55
Comme j’en avais pris l’habitude depuis mon arrivée à Hungcalf, après la fin des cours je prenais un peu de temps pour flâner dans les jardins de l’Université. Ayant toujours eu l’habitude de vivre au grand air et au plus près de la nature, je ressentais le besoin de me retrouver et de me ressourcer auprès de la flore hungcalfienne. En ce mois de janvier frisquet, je m’étais emmitouflée dans un long manteau de laine noir cachant ainsi mes nouvelles formes maternelles, couvrant mon cou d’une écharpe bleu ciel et mes mains de gants assortis. J’étais bien dans cet environnement calme où peu d’élèves s’aventuraient à cause du froid mais avant tout parce qu’une fois les cours terminés, la plupart se rendaient en ville pour aller boire, pour s’amuser comme les débauchés que nous sommes souvent, nous étudiants de Hungcalf. J’aurais pu aller avec eux, m’amuser, me saouler pour oublier l’insignifiance de ma vie, pour mettre de la distance entre mon nouvel état et la personne que j’étais jusque là. Mais voilà si une partie de moi était encore blessée par tout ce qui s’était passé avec Jack, avec Mya ; une autre partie se réjouissait parce que pour une fois le revers de la médaille m’apportait quelque chose d’unique. Depuis aussi longtemps que je me souvienne j’ai toujours désiré un enfant, je crois même pouvoir dire que j’ai toujours su que je serais maman. Lorsque je m’étais retrouvée enceinte de mon ex mari, j’avais été la plus heureuse, j’y avais vu l’espoir de remettre notre couple à flot, de lui montrer que nous étions encore liés l’un à l’autre. Bien sûr, il arriva ce que je préférais oublier, il s’énerva contre moi, me frappa, me laissa pour morte à la porte d’un hôpital moldu m’ayant de plus fait perdre la vie qui se développait sous mon nombril. Aussi lorsqu’il y a un mois, quand je passais de nombreux examens à Ste-Mangouste suite au sort d’oubliette que je m’étais jeté et qui n’avait pas fonctionné, les médicomages m’annoncèrent que j’étais enceinte, je tombais des nues.
- « Melle MacLean, nous ne pouvons pas vous administrer ce traitement, nous allons devoir en trouver un dérivé. » Etonnée j’avais regardé le médicomage avec suspicion et m’était tournée vers ma cousine Becca qui m’avait fait signe de poser ma question. « Puis-je demander pourquoi ? » L’homme de médecine m’avait observé d’un air pincé. « Je pensais pourtant que cela serait clair pour vous miss. Etant donné votre état nous ne pouvons pas risqué de mettre en danger sa vie. » Le visage de ma cousine était devenu blême, apparemment elle savait de quoi il parlait mais moi je ne comprenais rien. « Excusez-moi, je dois vous paraitre stupide mais de qui ou de quoi parlez-vous ? » Le regard ahuri du docteur termina de me faire sentir comme une personne inconséquente « Enfin, Miss MacLean, je parle de votre bébé, vous n’ignorez pas que vous êtes enceinte tout de même ». Si le sol ne se déroba pas sous mes pas, j’eus néanmoins l’impression que la salle tanguait. « Enceinte…. Vous voulez dire enceinte comme dans Je vais avoir un bébé ? Un bébé ? » Rebecca vint me soutenir au moment où j’avais essayé de me relever. Elle posa son front contre le mien, me donnant ainsi le temps de reprendre mon souffle. « Dr vous êtes sur ? Vous ne pouvez pas vous tromper ? Mais est-ce que vous avez une idée du nombre de mois ? Enfin c’est bizarre que je ne me sois rendue compte de rien ? » La guérisseuse me fit m’allonger et déposa le liquide froid qui allait permettre une meilleure vision des choses pour l’échographie. Il mesura le fœtus, il prit toutes sortes de notes et lorsqu’enfin il finit son diagnostique il se tourna vers moi. « Vous êtes enceinte de 4 mois et demi et je suis on ne peut plus sur de moi. Vous devriez accoucher au tout début du mois de mai. Quand au fait que vous n’ayez pas vu les signes, il y a une explication. Parfois le corps et l’esprit entre en contradiction lorsque la mère n’arrive pas à gérer la situation d’une grossesse, lorsque ses émotions sont trop exacerbés pour laisser le déroulement normal de la grossesse se faire. Il y a de nombreux cas comme le vôtre. Je comprends mieux maintenant. Vous faisiez un déni de grossesse.» Aussi rapide que l’éclair je comptais sur mes doigts pour connaître l’identité du père. Comme je n’avais eu que deux aventures entre juillet et décembre, il me fut simple de mettre un nom et un visage. Mes mains se posèrent sur mon visage avant que des larmes ne viennent le baigner. Teddy en était le père et moi je n’avais fait que le repousser depuis qu’il était devenu professeur à Hungcalf. « Merci Dr.... merci...» Déni de grossesse, moi qui avais toujours voulu un bébé, j’avais failli me priver de tout ça, j’avais failli mettre en danger la vie de ce petit être. Etait-il donc possible qu’après tout, j’ai le droit moi aussi à une part de sérénité, à petit morceau de bonheur comme tout à chacun ?
Le chant d’un moineau me sortit de mes réflexions, il s’était posé à côté de moi, loin de là craintif. Par petit saut il se rapprochait de moi, chantant pour attirer mon attention. Je plongeais ma main dans la poche de mon manteau et en sortit un petit paquet de gâteaux secs. Depuis peu j’avais pris l’habitude de prendre des provisions en cas de coup de pompes, les médicomages m’avaient fait des recommandations dans ce sens. Entre mes doigts j’écrasais un gâteau, le réduisant en miettes que j’abandonnais sur le banc à quelques centimètres de mon ami à plumes. Me préoccuper de ce petit animal m’empêchait de penser à Théodore. Je savais que je devais lui parler, que je devais lui avouer ce qui se passait mais voilà je n’arrivais pas à m’y résoudre. Alors que nous ne nous étions pas vu en 5 ans, je l’avais retrouvé lors de la fête d’anniversaire de mon frère Keir. Quand il est venu vers moi, j’ai eu l’impression de l’avoir quitté la veille, comme si il ne m’avait jamais laissé sur la lande le cœur en miette. L’alchimie entre nous n’avait pas changé, je dirais même qu’avec le temps elle s’était amplifiée. Cette attirance me faisait peur, j’avais envie d’être à ses côtés car il n’avait jamais quitté mon esprit, il était toujours là dans un coin de ma tête. Pourtant lorsque l’été pris fin, je choisis de refermer cette page de mon histoire, je ne voulais pas une fois de plus avoir mal parce qu’il me quitterait un jour prochain. Pourquoi ne m’avait-il pas avoué qu’il avait eu un poste ? Pourquoi était-il venu là ? Est-ce que je devais y voir un signe ? Finalement je pris la décision de l’ignorer, de lui montrer une façade froide, indifférente. Je ne voulais pas qu’il sache à quel point j’étais bouleversée de le voir ici. A présent en cette fin d’après-midi de janvier, j’essayais de me détendre, de souffler, de faire le vide. En 5 mois et demi ma vie avait été bouleversée à un point que je n’avais pas connu, si ce n’est depuis mon divorce. Etre prise entre des sentiments pour deux personnes si différentes, avoir le cœur chaviré par deux hommes n’était pas dans mes habitudes et même si tous deux m’avaient blessé comme jamais personne avant eux, je restais pourtant fidèle à mon cœur. Mais je savais très bien qu’au milieu de tout cela seul un des deux était l’être que j’attendais mais pour l’heure seul mon bébé m’importait. Comme le moineau continuait de chanter, j’observais les alentours, les magnifiques chênes du parc, les massifs qui au printemps seraient fleuris. Je me sentais en paix, je me sentais sereine jusqu’à ce que j’entende un craquement et des pas derrière moi. Mon regard se posa alors sur Théodore qui s’avançait vers moi avec prudence. Vivement je me levais posant une main sur mon ventre par instinct, j’avais eu besoin de protéger mon bébé à son approche, comme un réflexe d’auto-défense. Mon menton se releva lorsque je croisais son regard, je me voulais pleine d’importance, pleine de défi mais pourtant là-dessous, la peur prédominait parce que je ne savais pas ce qu’il me voulait, même si au fond de moi j’en avais une petite idée.
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Re: Sometimes you can't make it on your own | pv Teddy Bear
Lun 17 Jan 2011 - 10:52
Connaissant les moindres recoins de l’Université depuis que j’y avais fait mes études, mon retour ici en tant que professeur s’était fait de façon tout à fait banale. Je n’avais pas eu besoin de m’acclimater à l’ambiance qui régnait ici, c’était une sorte de retour aux sources. Depuis 5 mois que j’étais revenu, j’avais cherché par tous les moyens à la voir, à lui parler, à pouvoir rester 5 minutes dans un même endroit sans qu’elle ne se sauve comme une biche apeurée. Alors quand je la vis assise là sur un banc, apprivoisant un petit moineau, flattant son cou, mes souvenirs me ramenèrent à l’été dernier. Lorsqu’elle avait pris soin de ma petite Julia j’ai alors vu chez elle la sensibilité, des accents de maternité et une douceur incroyable. Eléanore ne s’était pas forcée pour s’occuper de ma fille, elle y avait pris plaisir et mon enfant me réclamait sans cesse de la voir depuis que nous nous étions séparés fin août.
- « Papa, dis, elle revient quand Eléanore ? On devait faire du poney… » J’avais regardé les petites boucles chocolat de ma fillette et ses grands yeux verts qui cherchaient des réponses se poser sur moi. Comment répondre à cette question sans lui dire que c’était à cause de moi qu’elle ne venait pas la voir. « Elle est très occupé en ce moment, elle a beaucoup de travail mais je lui demanderais de passer bientôt. » L’air suspicieux la petite était venue se blottir dans mes bras et m’avait fait un calin. « Tu sais papa, quand elle est partie, elle pleurait quand elle m’a dit au revoir. Tu crois qu’elle est fâchée contre moi ? » Mon cœur se serra en entendant la voix de Julia se briser de sanglots, je n’avais pas compris à quel point elles s’étaient attachées l’une à l’autre et à quel point la séparation avait été douloureuse aussi bien pour ma fille que pour moi. « Julia, je te promets qu’Eléa n’est pas fâchée contre toi, comment pourrait-elle l’être contre une petite fille aussi adorable que toi ? » Au travers de ses larmes ma poupée me regarda, essayant de ravaler ses sanglots tant bien que mal. « Mais alors pourquoi elle est partie ? Pourquoi elle est pas restée avec nous ? » Si j’avais pu répondre à cette question, si seulement j’avais eu une explication mais j’étais démuni et je ne pouvais pas mentir à la seule personne qui croyait en moi aveuglément. « Je ne sais pas mon cœur, je ne sais pas mais elle reviendra je te le promets. » Nous restâmes l’un contre l’autre pendant une bonne heure essayant de calmer le chagrin qui nous avait tout deux submergé sans prévenir.
Tout était si nébuleux lorsque je repensais à notre séparation alors que mes pensées étaient claires lorsque je pensais à notre premier baiser, à cette première étreinte. Je ne savais pas que l’on pouvait avoir envie de retrouver quelqu’un à ce point. Tout était si différent lorsque je pensais à Abby puis à Eléa. Ma relation avec l’une et l’autre était si différente mais pourtant si douloureuse. Abby m’avait donné envie de me poser, de prendre le temps de vivre et non pas de courir après des mirages. Eléanore, elle, m’avait fait ressentir l’homme que j’étais vraiment, elle m’avait confronté à mes démons, à mes contradictions sans même le savoir. Et quand elle me quitta cet été, j’ai su que je ne devais pas la laisser faire, qu’elle ne devait pas faire ce que moi je lui avais fait par peur.
Avec prudence mes pas me menèrent près d’elle, je n’évitais pas de faire du bruit, au contraire je préférais lui laisser le temps de m’apercevoir, pour lui donner le temps de choisir la conduite à tenir. Lorsque je la vis se relever du banc mon regard ne put se détacher de sa main qu’elle posa sur renflement qu’il y avait sous son long manteau de laine. Ainsi je ne m’étais pas trompé lorsque je l’avais revu au début de la rentrée, elle était bel et bien enceinte. Elle, la jeune femme attentive à sa mise, non pas qu’elle était narcissique, mais elle aimait bien se sentir belle. D’ailleurs c’était une des choses qui me faisait rire chez elle, elle avait toujours peur de ne pas plaire, de ne pas répondre aux attentes que je pouvais avoir en l’observant. Il m’avait souvent fallu la rassurer et lui dire à quel point je la désirais et à quel point j’aimais la regarder. Son regard se planta dans le mien avec ce que j’identifiais comme de l’appréhension et du défi, c’était tellement contradictoire pourtant elle semblait déterminé. Sans attendre une parole de ma part elle se dirigea vers la direction opposée de la mienne. Décidemment, elle ne supportait pas ma présence il fallait pourtant qu’elle accepte enfin de me voir. Avec rapidité je courus vers elle attrapant son bras avec légèrement ne voulant ni l’effrayer ni lui faire de mal.
« Eléanore… ne pars pas s’il te plait, je crois qu’on a besoin de parler. »
Un courant électrique me parcourut lorsque je la touchais, précipitamment je la relâchais ne voulant pas amenuiser mes chances de discuter avec elle. Ses yeux de chats me scrutaient comme deux aigues marines acérés. La partie ne s’annonçait pas simple et j’allais devoir faire preuve de beaucoup de persuasion et de volonté si je voulais ne serait-ce que discuter quelques minutes avec elle, ou tout du moins l’obliger à m’écouter. J’allais me planter contre le tronc du chêne qui surplombait le banc où la jeune femme était assise quelques secondes plus tôt. Je ne voulais pas qu’elle se sente acculée et je préférais pour cela lui laisser de l’espace. L’espace de quelques secondes, alors que mes pupilles exploraient l’arrondi de son visage, les mots qui se bousculaient dans ma tête disparurent. Elle avait le don de me faire perdre mes moyens, de me rendre muet, de me faire oublier ce que je voulais dire. Après un raclement de gorge et des paupières closes pendant une seconde, je repris enfin mes esprits. Je savais exactement ce que je devais lui dire même si elle n’en serait pas heureuse.
« Ta mère et la mienne m’ont parlé au nouvel an, elles m’ont parlé de ce que tu t’étais fait, de ce qui t’arrivais. Bien sûr avec le Wizzard Book j’ai appris aussi pas mal de choses mais je voulais en avoir le cœur net. Je ne voulais pas rester sur des on-dit. »
Bien qu’elle essayait de garder son calme, je sentais dans l’air comme si l’atmosphère se chargeait d’électricité à l’approche d’un orage. C’était si bizarre de se sentir comme étranger à une personne que l’on connaissait depuis sa plus tendre enfance. Je pensais bien connaître Eléanore mais en la voyant là, le regard acerbe, le sourire crispé, j’avais l’impression de ne plus la connaître, de ne plus savoir qui elle était.
« Ne prends surtout pas la mouche. Ta mère s’inquiétait pour toi et comme je suis professeur à Hungcalf, elle m’a demandé de veiller sur toi, de faire attention à toi. Et apparemment j’ai déjà manqué à ma parole…»
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Re: Sometimes you can't make it on your own | pv Teddy Bear
Lun 17 Jan 2011 - 19:34
Le voir là si près de moi, j’aurais voulu disparaître pour ne pas avoir à l’affronter, pour ne pas avoir à lui parler. Jusqu’aux vacances de Noël j’avais réussit à l’éviter mais apparemment désormais le destin en décidait autrement. Bien sûr mes raisons de ne pas lui parler n’étaient plus les mêmes, maintenant c’était la peur qui me guidait, ne pas savoir quelle sera sa réaction en apprenant ma vérité. Sans m’en rendre compte mes pas m’avaient délibérément éloignés de celui qui me souriait à chaque fois qu’il m’avait aperçu dans l’enceinte de Hungcalf. Pourtant là ce n’est pas son sourire qui me réchauffa le cœur mais sa main qui se posa sur mon avant-bras m’empêchant de partir loin de lui. « Eléanore… ne pars pas s’il te plait, je crois qu’on a besoin de parler. » Mon regard s’accrocha au sien avec beaucoup de mal car son regard me transperçait de part en part et j’arrivais difficilement à ne rester à insensible à ce qu’il était encore pour moi.
« Je n’ai pas envie de te parler… je pensais que tu avais compris depuis le temps. » Ma voix m’apparut plus revêche que je ne l’aurais voulu, plus acerbe qu’il n’en était besoin. Après tout il n’était certainement pas venu pour moi ici et je n’avais pas à lui rapprocher de se promener lui aussi dans le parc. Parfois je me faisais vraiment l’impression de retomber à l’adolescence, de retrouver la fille de 17ans que j’étais et encore plus en sa présence. Dire que je ne savais plus comment me comporter quand Théodore était près de moi, est une réalité mais encore plus aujourd’hui. Mais voilà je ne voulais pas baisser ma garde alors que je lui battais froid depuis 4 mois et demi. Sa main avait relâché mon bras avec une moue indéchiffrable. J’aurais donné n’importe quoi pour savoir lire dans les pensées, pour pouvoir connaître les moindres pensées qui flottaient dans son esprit. « Ta mère et la mienne m’ont parlé au nouvel an, elles m’ont parlé de ce que tu t’étais fait, de ce qui t’arrivais. Bien sûr avec le Wizzard Book j’ai appris aussi pas mal de choses mais je voulais en avoir le cœur net. Je ne voulais pas rester sur des on-dit. » Dire que je venais d’être giflée en l’entendant parler de nos mères, du fait que j’étais au cœur des commérages et autres conversations du genre, n’était pas peu dire. Je n’aimais pas être le centre d’intérêt et je n’avais pas changé en grandissant. Il s’appuya contre un arbre, gardant un œil sur moi, attendant surement que je réagisse et je dois dire que je ne le fis pas attendre.
« Parce qu’elles t’ont parlés de moi ? Elles t’ont parlés de mon accident de sortilèges ? Elles auraient mieux fait de ne rien dire. Je vais bien, il y a plus de peur que de mal après tout. Alors arrête d’avoir l’air aussi inquiet. Quand à Wizzard Book, je ne pensais pas que tu t’intéressais à ce genre de chose, sinon je n’aurais rien écrit. De tout façon tu as perdu le droit de regard sur moi il y a bien longtemps. » A peine ma bouche venait-elle de se refermer que je regrettais déjà ma dernière intervention. Je ne sais pas pourquoi mais je me sentais sur la défensive à chaque fois que je parlais, je me sentais obligé de lui montré un visage d’une Eléanore combative, forte, sure d’elle alors qu’au fond j’étais terrorisée, perdue et que tout semblait s’effondrer ou changer autour de moi. Il était loin le temps où Théodore venait me chercher chez mes parents, pour que Keir me laisse tranquille, et m’emmenait monter à cheval ou jouer au Quidditch.
- « Teddy Bear ! Je parie que tu n’arriveras jamais à me rattraper ! » J’adorais le mettre au défi et encore plus sur un terrain qu’il maîtrisait aussi bien que le quidditch. J’avais pris le nimbus 2000 de sa sœur Moïra, qui me considérait comme sa disciple, et je le narguais en tournant autour de lui. « Ne tente pas trop ta chance brunette ! Ce n’est pas parce que tu es une fille que je vais être plus fair play ! » Mon rire avait ponctué la fin de sa phrase. « J’espère bien ne pas avoir de traitement de faveur ! » Son menton en avant il me fit un clin d’œil s’envola plus haut dans les airs. Je le cherchais mais ne le vit pas alors j’allais vers les buts, le souaffle à la main j’allais le lancer lorsqu’il fondit en piquet sur moi, me faisant perdre la balle et me laissant pousser un cri aigu de surprise. « Théodore Matthew MacGregor ! Tu n’as pas honte de m’avoir fait peur comme ça ! C’est de la triche ! » Avec un rire tonitruant il vint mettre son balai à ma hauteur et passa sa main sur mon visage. Merlin que j’aimais sentir ses doigts sur ma peau. « Désolée petite chérie, je ne voulais pas te faire peur ! Mais je n’ai fait que respecter ta demande, je t’ai considéré comme n’importe quel adversaire » Je fis une moue désabusée puis un sourire joyeux se peignit sur mes traits. « Alors dans ce cas, je ne regrette pas d’avoir eu peur. » Ma main se posa sur la sienne, je n’avais que 16 ans et demi mais je sentais qu’entre nous quelque chose se passait.
Je ne sais plus comment je suis sortie de ma rêverie mais au final j’ai retrouvé l’instant présent, je retrouvais son regard posé sur moi et j’entendis alors la réponse à mes paroles acerbes. « Ne prends pas la mouche. Ta mère s’inquiétait pour toi et comme je suis professeur à Hungcalf, elle m’a demandé de veiller sur toi, de faire attention à toi. Et apparemment j’ai déjà manqué à ma parole » Il allait presque me faire me sentir coupable. Comme si je devais me sentir mal à l'aise d'avoir vécu ma vie pendant 4 mois sans lui avoir rendu des comptes.
« Tu croyais quoi Teddy ? Que tu pourrais m’empêcher de tomber, de me faire mal, de souffrir tout ça parce que tu es mon prof ? Oh s’il te plait, comment est-ce que tu as pu croire ça ? » De rage je m’étais assise sur le banc plantant mes doigts dans la pierre comme si j’allais pouvoir en briser les moindres recoins. Depuis que Jack m’avais laissé tombé comme une vieille chaussette j’avais tant bien que mal mis un mouchoir sur ma peine ne prenant en compte que la nouvelle vie à venir. C’était ce qui m’avait maintenu en vie, j’en étais persuadée. Bien sur jamais mon enfant ne devrait le savoir car ce serait bien trop à porter pour lui. Un enfant ne devait pas être une béquille, ou un faire valoir, ou un substitut, la seule qu’il devait être s’était le prolongement d’un désir fort, d’une attente. Mon fils était attendu depuis si longtemps, jamais je ne pourrais dire à quel point j’avais hâte de le prendre dans mes bras, de le cajoler et de le toucher.
« Teddy… cet été, on n’aurait pas dû… Après ce qui s’est passé il y a cinq ans… J’étais trop jeune, je ne connaissais rien de la vie, de l’amour. J’étais idéaliste, je pensais que toi et moi ça durerait toute la vie alors que je me trompais. Te revoir cet été, ça a été merveilleux mais ça ne marchera pas. » Le pire c’est que je ressentais aux coins de ms yeux des petits picotements annonciateurs de larmes. Pourtant je ne voulais pas pleurer devant lui, je ne voulais pas qu’il soit le témoin de ma faiblesse, de mon désarroi. Et voilà que Teddy réapparaissait une fois de plus dans ma vie, je pensais qu’il me laisserait, qu’il mettrait une croix sur moi surtout avec la petite Julia dont il s’occupait à temps plein. Qui aurait pu me dire qu’en cet après-midi de janvier je serais là face à l’une des personnes qui a le plus comptée dans ma vie et que par stupidité, par orgueil je rejetais à des kilomètres de moi pour ne pas souffrir à nouveau. J’avais trop souffert, je ne voulais pas de ça même pour lui.
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Re: Sometimes you can't make it on your own | pv Teddy Bear
Mar 18 Jan 2011 - 14:23
Autour de nous l’air embaumait la résine de pins et l’odeur du chêne, cela me rappelait les journées de chasses passées avec le clan en Hiver. Si certains d’entre nous aimaient à rapporter des proies, pour ma part je participais à ce rituel pour observer les animaux et pour être avec mon père, mes oncles et mes cousins. C’était toujours un moment de communion masculine intense, le côté mâle de chacun de nous était exacerbé. Je me souviens encore de la seule fois où Moïra était venue accompagnée d’Eléanore qui ne devait alors avoir qu’une dizaine d’année. On peut dire qu’elles avaient été accueillies de façon plutôt spéciale.
- « Bon les donzelles ! On vous prévient tout de suite, pas questions de pleurer sur les animaux ! Y’aura pas d’exception ! » « Tu nous prends pour qui Finn ! On est des filles pas des bébés ! Compris ?! » Moïra n’avait jamais la langue dans sa poche et elle supportait très mal le machisme. « Mo, c’est pas la peine de t’énerver ! Finn essaye juste de vous prévenir qu’une fois que la partie est commencée vous ne pourrez plus reculer. » J’aurais mieux fait de me taire que de m’adresser à elle. « Que ce soit toi qui défende ce type Ted je n’en reviens pas ! » A ce moment là un groupe s’approcha, ils avaient tous le visage bardés de bandes de couleurs rouges en dessous des yeux. Je lâchais un juron en regardant mon père, le clan avait donc prévu de baptiser les deux premières chasseresses. « Allez les filles tenaient vous tranquille, vous allez devenir des membres du clan à l’égal des hommes. » Eléanore m’avait aperçu esquissant un pas vers moi mais son père qui faisait partis des chasseurs m’empêcha d’aller vers elle. « C’est un honneur ma fille, jamais avant Moïra et toi, aucune autre femme n’a reçu une telle marque de confiance » Fergus MacLean plongea deux doigts dans le sang et traça ensuite sur le visage de la jeune fille le signe de l’appartenance. « Bien maintenant allons-y messieurs ! » Moïra allait répliquer mais lorsque mon père se tourna vers elle je vis son visage devenir blême. Apparemment ce dernier devait lui avoir fait comprendre qu’aucune réplique ne serait admise. La chasse étant une affaire d’hommes, maintenant qu’elles avaient été adoubés par les hommes du clan, elles étaient devenus des nôtres et je dois dire que pendant cette journée nous n’avons fait aucun effort quand aux propos misogynes, machistes, vexatoires voir même grivois que nous avons tenus. Moïra fulmina toute la journée tandis qu’Eléanore gardait son calme, riant parfois mais restant toujours proche de son père qui la couvait du regard en toutes circonstances, détournant parfois son attention lorsqu’il voulait qu’elle n’écoute pas certaines paroles.
« Tu croyais quoi Teddy ? Que tu pourrais m’empêcher de tomber, de me faire mal, de souffrir tout ça parce que tu es mon prof ? Oh s’il te plait, comment est-ce que tu as pu croire ça ? »
Mes souvenirs m’avaient emmenés bien trop loin de Hungcalf aussi l’explosion la voix d’Eléanore à mes oreilles retentit comme une bombe tout comme la rage que je vis dans la tension de son corps, dans la crispation de ses membres et plus encore celles de ses doigts. Le fait qu’elle se soit assise m’inquiéta, j’avais compris son état et je ne voulais pas qu’elle s’énerve outre mesure. Lorsqu’Abby était enceinte de Julia, elle avait parfois des contractions dus au stress et je ne voulais pas aujourd’hui qu’à cause de notre discussion, mon amie en subisse les effets.
« Eléa, je pensais vraiment que je pourrais t’aider tu sais. Après tout ce que l’on a vécu tous les deux, après cet été…»
J’avais lâché mes mots comme on jette une bouée à la mer, ma voix n’était pas claire, elle n’était pas forte, j’avais presque dit cela pour moi, pour me conforter du bien fondé de mon attitude. Je voulais me conforter dans l’idée que vouloir la protéger, vouloir être près d’elle n’était pas quelque chose qui pouvait la mettre mal à l’aise ou qui aurait pu lui nuire. Je savais bien qu’être là alors qu’elle cherchait à me fuir devait être pour elle comme un caillou dans sa chaussure mais je voulais la confronter. Calmement je sortis mes mains de mes poches pour refermer un peu plus le col de mon manteau et remettre en place mon écharpe. Je n’avais pas remarqué à quel point il faisait froid cependant le jour commençait à tomber et avec lui une brume s’accrochait aux monuments et aux végétaux. Cependant sa voix répondit à la petite phrase que j’avait à peine chuchotée.
« Teddy… cet été, on n’aurait pas dû… Après ce qui s’est passé il y a cinq ans… J’étais trop jeune, je ne connaissais rien de la vie, de l’amour. J’étais idéaliste, je pensais que toi et moi ça durerait toute la vie alors que je me trompais. Te revoir cet été, ça a été merveilleux mais ça ne marchera pas. »
J’aurais pu jurer voir dans ses yeux les prémices de larmes, ses paupières clignaient comme si elle allait pleurer. Cependant rien ne vint, mais la brillance que je pouvais y lire me donnait raison. Elle était aussi touché que moi par ce qu’elle venait de dire. Pour ma part j’étais comme cloué sur place, je ne savais que dire. Ma bouche s’ouvrait et se refermait telle celle d’un poisson hors de l’eau, je ne savais comment exprimer mes pensées, comment les ordonner pour exprimer quelque chose d’intelligible.
« Tu regrettes vraiment ce qui s’est passé entre nous ? »
Stupide, ridicule, je n’avais trouvé que cela à répondre, comme un petit garçon paumé lorsqu’il comprend qu’il s’est trompé sur toute la ligne. Tout ce qu’elle venait de dire me transperçait encore aussi sûrement qu’une lame de couteau à cran d’arrêt. J’aurais voulu lui dire qu’elle se trompait, qu’elle n’avait pas eu tort de croire en nous, d’avoir été idéaliste. Mon rythme cardiaque s’accéléra pourtant lorsqu’elle parla de cet été. Je ne voulais pas qu’elle y pense en de mauvais termes.
« Pourtant, on était bien ensemble, c’était bien d’être avec toi, de te voir jouer avec Julia. »
Ma Julia, elle s'était tellement attachée à Eléanore. D'une certaine façon elles se ressemblaient plus que je ne saurais le dire. On pourrait appeler ça du mimétisme parce qu'à les voir ensemble on aurait pu les prendre pour une mère et sa fille. D'ailleurs ma mère m'avait rapporté certains commentaires d'amis lors de la dernière fête de l'été. Tous allaient dans le même sens, Eléa ferait une jolie maman pour la petite Julia. Comme c'était étrange que ceux qui m'avaient tant de fois fait des reproches, critiqués soient ceux qui à présent se demandaient pourquoi je n'étais pas avec elle. Un coup de vent passa sur mon visage m'obligeant à clore mes paupières. Mes mains se plaquèrent sur le tronc du chêne, j’en ressentais les aspérités sous la pulpe de mes doigts, je connaissais si bien cet arbre qui poussait avec tant de beauté dans les contrées verdoyantes autour d’Aberdeen. Cela n’avait cependant rien à voir mes highlands que j’observais et aimais depuis ma plus tendre enfance. Quand je pensais à la lande, j’avais toujours le visage d’Eléanore à l’esprit, elle était comme elle sauvage, mystérieuse, pleine de vie, de ressource, forte et fragile. Mes billes bleues se plantèrent dans les siennes alors que j’allais m’exprimer à nouveau.
« Tu me reprocheras donc toujours d’être parti ? Je sais que j’ai mal agi, que j’ai réagis comme un pauvre type, comme un égoïste. Khae, je me suis défilé, j’ai écouté les autres au lieu de m’écouter moi. Je ne savais plus où j’en étais. »
Dessous de mes cils je jetais un coup d’œil sur les mains de ma tendre amie, l’une d’elle était toujours crispé sur le banc tandis que l’autre s’était posée sur son ventre rond. Ce geste d’une beauté sans pareil, ce geste maternelle me serra le cœur au point que j’en avais le souffle coupé. Abby avait la même attention lorsqu’elle attendait Julia, elle avait ce même instinct de défense, cette même douceur lorsqu’elle touchait l’endroit où son corps se transformait chaque jour un peu plus. Qu’il était difficile de se faire pardonner lorsque l’autre n’a en tête que la vie qu’elle porte en elle. A dire vrai qui aurait pu excuser mon geste d’une faiblesse sans pareil. J’avais préféré faire la sourde oreille plutôt que de me battre et à présent j’étais là devant elle à vouloir qu’elle m’excuse, qu’elle veuille bien faire table rase du passé. D’une certaine façon j’étais sans gêne, j’espérais qu’elle soit plus forte que moi, plus compréhensive, qu’elle soit tout ce que je n’étais pas et tellement plus encore.
« Ne vois-tu pas que j’ai changé maintenant ? Ne pourrais-tu pas me pardonner ? »
Avec prudence je vins m’asseoir à côté d’elle, je laissais de l’espace entre nous ressentant sa présence plus forte que toutes celles à côté de qui je m’étais assis dans toute ma vie. Il n’y avait qu’elle pour vous mettre le cœur dans ses états juste parce qu’elle a l’aune d’être présente. Mon regard s’insinua dans le sien à la recherche d’une petite faille, d’un élément qui pourrait me dire qu’elle était à deux doigts de non pas me pardonner dans la minute mais tout du moins qu’elle accepterait d’envisager ma demande.
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Re: Sometimes you can't make it on your own | pv Teddy Bear
Ven 21 Jan 2011 - 1:46
Après tout ce que j’avais fait depuis le temps il aurait du arrêter de s’en faire pour moi, il aurait dû arrêter de veiller sur moi mais non depuis que nous nous étions retrouvé où que mon regard se posait il était là proche de moi. Je ne comprenais pas pourquoi, je n’arrivais pas à me faire à l’idée après tout je l’avais repoussé, je lui avais notifié mon refus et quand je m’étais amouraché de jack pourquoi était-il encore là à me regarder comme s’il se faisait du souci pour moi comme si cela le concernait. Oh merlin, je ne sentais des larmes couler le long de joues et cela n’allait pas en s’arrangeant car Teddy me regardait toujours, il essaya de dire quelque chose mais il semblait ne pas pouvoir formuler de phrase. Est-ce que j’allais avoir un peu de répit pour arrêter de pleurer et cacher derrière un mouchoir ses traitresses liquides qui ornaient mes pommettes ? « Tu regrettes vraiment ce qui s’est passé entre nous ? » Sa voix s’insinua au creux de mon ventre comme un souffle glacé. J’avais envie de lui dire que je ne regrettais rien car c’était la stricte vérité, parce que ces deux mois avaient été plus intense que les cinq dernières années que j’avais vécu sans lui.
« Ce n’est pas ça, c’est juste que l’on a déjà essayé une fois et ça a été voué à l’échec. » Dans un souffle j’avais brandit cette excuse comme on porte un bouclier pour se défendre. Je ne pouvais décemment pas lui dire à quel point cela m’avait coûté et me coûtait encore d’avoir renoncé à lui et encore plus à présent que je portais son enfant. « Son enfant » cette pensée me fit un double effet, j’eu froid dans le dos en y pensant et pourtant une autre part de moi se réjouissait et engourdissait mes sens d’une douce chaleur. Etait-il possible de contenir une telle dualité dans un seul et même corps ? dans un seul et même esprit ? Le renoncement était quelque chose qui était devenu pour moi de l’ordre du réflexe. A chaque fois que j’avais réellement voulu quelque chose ou quelqu’un alors j’avais du y renoncer soit par peur, soit parce que cette chose/personne m’échappait, soit par manque de courage. 5 ans plutôt j’avais voulu me battre pour lui mais j’avais du faire face aux autres, faire face à mon frère, à ses regards, à ses mains…
- Assise dans la lande, mes cheveux s’emmêlant à cause du vent, je ne bougeais pas, je n’arrivais pas à me lever, à partir de cet endroit qui était à présent chargé des embruns et de ma peine de cœur. A compter du jour de notre rupture, je revenais tous les jours pour revivre ce moment, pour me persuader que j’avais halluciné. Mais invariablement, à la fin du jour quelqu’un venait me chercher, me sortait de mon rêve et me ramenait au manoir. Un soir alors que le jour s’achevait, qu’un coucher de soleil flamboyant illuminait le ciel, j’ai senti la présence de quelqu’un derrière moi. L’espace d’un instant j’ai cru que c’était lui, le pas semblait le même, la démarche identique, le cœur battant j’attendais qu’il s’approche. « Teddy… si tu savais combien de fois je t’ai attendu ici. » une main se posa sur mon épaule mais je ne ressentis pas ce courant habituel et enivrant, à la place je ressentie un froid glacé et un grand malaise. « Désolé de te décevoir Eléanore, mais je peux le remplacer tu sais ». J’avais envie de m’enfuir, j’essayais de me défaire de son emprise mais je n’y arrivais pas. Il était plus fort que moi, il était plus grand et son regard me glaçait de l’intérieur. « Keir, tu n’as pas à faire ça arrête ! Et puis ne te mêles pas de ça… » Me tournant doucement son regard glissa sur moi de bas en haut avec une moue appréciatrice. Ce que je détestais qu’il regarde comme une proie ou comme l’une de ses filles que les garçons ramenaient lors de leurs périples d’un soir. « Tu es ma petite Eléa, je n’aime pas qu’on te fasse du mal, je veux voir ton sourire » Sa main glissa sur mon visage puis caressa ma tempe, je reculais rapidement. « Ne me touche pas, ne me regarde pas comme si j’étais à toi. » « Eléanore, ne fais pas la farouche ! Après tout, tu es bien sorti avec Teddy cet été, tu ne vas pas faire la sainte-ni-touche à présent » L’horreur se peignit sur mon visage quand je saisis les insinuations qu’il sous-entendait. « Mais Théodore n’était pas mon frère ! Nous n’avons pas de liens comme ça ! Et puis… lui, enfin nous deux c’était… » « C’était quoi ? De l’amour ? » Son rire ironique et mauvais me gifla avec violence. « Oui, c’était ça de l’amour. Mais toi tu ne sais pas ce que c’est l’amour ! » Keir agrippa ma taille et porta sa main à mon visage. « Regarde ton amour, il t’a quitté sans rien dire, il t’a lâché. Moi je ne te ferais jamais ça. Je t’aime moi, tu es à moi Eléa. » De toutes mes forces je le repoussais à m’en faire mal mais n’y arrivais pas. Sa main descendit le long de hanche puis sur ma cuisse. Je me détestais de ne pas réussir à repousser celui qui était mon frère. « Keir… s’il te plait, laisse-moi… ne fais pas ça » Sa bouche se vissa à la mienne avec force et une forme de méchanceté, il me mordit la lèvre au sang puis me repoussa. « Je me demande bien ce que tu lui trouvais à ton Théodore » Avec forces je ravalais mes larmes, je ne voulais pas pleurer et lui faire ce plaisir. « Des dizaines de choses que tu ne pourras jamais avoir ou comprendre. » Sa main s’abattit sur ma joue avec force et me fit tomber sur le sol de bruyères. « Tu as osé… Tu as levé la main sur moi ? » Son regard était écarquillé, il observa sa main puis ma joue, puis sa main et puis il voulu m’aider à me relever. « Ne me touche pas ! Je rentre au manoir… je vais voir Maman ! » « Fais pas ça… s’il te plait » Je lançais un regard de défi mais ne lui adressait plus la parole jusqu’à la maison.
Ce souvenir horrible de Keir, me fit voir encore plus le vide que Théodore avait laissé dans ma vie. Je ne lui en voulais pas de ce qui m’était arrivé mais lorsqu’il était là, lorsque Keir nous savait ensemble même si Teddy n’était pas dans les parages, cela suffisait à tenir mon frère en respect. Alors je n’avais pas peur d’être dans la même pièce que lui. Bien sur avec les 5 années que j’avais en plus à mon actif, j’avais appris à faire face à ce détraqué qui me servait de frère. Mes parents n’en savaient rien, du moins je n’avais rien dit, quelque fois je sentais le regard de mon père sur moi lorsque Keir s’approchait sournoisement mais jamais il n’était venu me dire quoi que ce soit. J’essayais de chasser de ma tête ce souvenir lorsque s’implanta dans ma tête le souvenir de l’été que nous venions de passer. Tout semblait si serein quand il était là, je me sentais en sécurité comme à chaque fois qu’il avait été à mes côtés. Sa voix me ramena sur terre, il était devant moi, il rajusta son manteau, le vent soufflait plus fort et je commençais moi-même à grelotter. « Pourtant, on était bien ensemble, c’était bien d’être avec toi, de te voir jouer avec Julia. » Quand il parlait de nous, quand il parlait de Julia, il plissait légèrement les paupières, la commissure de ses lèvres remontait légèrement.
« Julia est une adorable petite fille, mais ça ne change rien au fait que tous les deux on a un lourd passif ». L’adorable poupée aux boucles brunes, aux yeux verts s’était jetée à mon cou, s’était jeté sur mon cœur et en retour je l’avais aimé plus que je n’aurais du certainement. Mais voilà je ne savais pas faire dans la demi-mesure, je ne savais pas aimer à moitié, être timorée dans mes émotions. J’étais une personne au caractère entier et je ne pouvais pas faire semblant pour plaire au plus grand nombre. Aussi Julia avait pris une place en moi que personne ne pourrait plus prendre, elle était à elle de manière définitive et entendre son prénom moi qui avait essayé de l’oublier comme son père depuis 4 mois et demi se révélait douloureux et déchirant. Derrière mes grands yeux clairs je le couvais, j’appréciais la force de sa stature, la carrure de ses épaules, la beauté de son visage d’homme dans la fleur de l’âge et même lorsqu’il ferma les yeux, qu’il se colla au tronc du chêne. Ce que je n’avais pas prévu c’est qu’il ouvrirait ses paupières et tiendrait mon regard dans le sien par la seule force de ses pupilles brillantes et mystérieuses. Il me tenait à sa merci et je n’avais aucune envie de m’effaroucher parce que la chaleur de se contact me faisait vibrer.
« Tu me reprocheras donc toujours d’être parti ? Je sais que j’ai mal agi, que j’ai réagis comme un pauvre type, comme un égoïste. Khae, je me suis défilé, j’ai écouté les autres au lieu de m’écouter moi. Je ne savais plus où j’en étais. » ‘’Khae’’ il m’avait donné le surnom qu’il était le seul à me donner, il m’avait dit un jour que mon deuxième prénom lui faisait penser à une île en plein océan pacifique. Théodore était comme ça, il trouvait de la poésie là où les choses semblaient en être dépourvues. Si mon cerveau avait allumé le signal d’alarme, le reste de mon corps semblait hypnotisé par ce qu’il me racontait. Je me sentais comme une funambule sur le point de perdre l’équilibre. Lorsque sa voix chaude m’enveloppa tout entière je n’ai pu retenir mon corps et mes épaules de se détendre. Je me sentais chavirée, je sentais comme une envie impérieuse de le toucher aussi ma main glissa du banc sur ma cuisse avant de courir sur l’arrondi de mon ventre avec un amour tout récent et encore fragile. Des papillons dans l’estomac, des fourmis dans la colonne vertébrale, la bouche sèche, les mains tremblantes, tout en moi était fébrile à cause de sa présence. Là alors que j’avais toujours trouvé une répartie spirituelle ou intelligente j’étais en manque de mots, manque de souffle et manque d’amour. Rien ne me semblait assez fort, je voulais qu’il ait mal, je voulais qu’il souffre mais rien ne venait à mon esprit. Il dut prendre mon silence pour de la provocation ou de l’arrogance ou comme une façon de l’ignorer. « Ne vois-tu pas que j’ai changé maintenant ? Ne pourrais-tu pas me pardonner ? » Quelque chose me transperça, la chaleur de sa peau lorsqu’il vint s’assoir près de loi, lorsque sa présence enivra mon espace, lorsque ses doigts se posèrent non loin des miens. D’instinct j’avais eu envie de me pencher pour respirer l’odeur de sa peau, de son parfum, de toucher ses cheveux noirs, de caresser sa joue où poussait une barbe de 3 jours. J’aurais pu me perdre irrémédiablement mais voilà à la dernière minute alors que ma main s’aventurait vers le revers de son manteau je lui fis abandonner sa course ce qui donna un mouvement bizarre et interrompu. Ce sont les fenêtres de son âme qui me remirent les pieds sur terre car il me scrutait intensément comme à la recherche de quelque chose. Mon sang ne fit qu’un tour et j’assenais une réponse peut réfléchit mais cette fois avec moins de mordant, plus en décontraction.
« J’ai changé, tu as changé, le monde change ! Que je te pardonne ou non au final ça ne change rien de toute façon. Maintenant tu es professeur, tu as une fille, tu es un homme responsable et moi… moi j’ai d’autres choses à penser et je vais être pas mal occupée. » Me croyait-il si puérile pour penser que je n’avais pas remarqué à quel point d’un jeune adulte, il était maintenant devenu un homme à part entière ? C’est l’une des choses que j’ai tout de suite remarqué en le voyant cet été mais encore plus lorsqu’il avait poussé la porte de la serre n°3. Tout en lui m’appelait, tout me disait à quel point il était celui que j’avais toujours connu et un autre totalement différent. L’un et l’autre nous attendions quelque chose mais quoi ?
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Re: Sometimes you can't make it on your own | pv Teddy Bear
Sam 22 Jan 2011 - 21:34
Maintenant que j’étais près d’elle, je voyais enfin la finalité de mon arrivée à Hungcalf. Depuis le matin tout m’était apparu étrange. Cela vous est-il déjà arrivé d’avoir cette impression de déjà vu ? De savoir à l’avance ce que les autres vont vous répondre, de regarder quelqu’un ou quelque chose et de pouvoir à l’avance dire ce qu’il va se passer ? Et bien en me levant ce matin j’ai vécu cette expérience que l’on peut dire paranormal. Tout à commencé avec mon cours de Botanique, celui auquel assista Eléanore. De son entrée jusqu’à ce qu’elle s’en aille en refermant la porte de la serre avec son doux sourire et son regard fuyant, j’aurais pu dire avant elle chacun de ses mots, prévenir le moindre de ses gestes. Mais voilà je n’avais eu aucun moyen de mettre tout cela sur pause, de changer les choses, de refaire cette journée comme je le souhaitais. A la place c’est notre première journée à Hung que je fis revivre dans mes souvenirs, cette journée qui détermina le reste de nos relations pour les mois qui suivirent.
- 1 Septembre 2010, le jour était haut dans le ciel, l’air embaumait encore l’herbe fraichement coupée. Julia avait accepté de se lever et j’avais pu la conduire à la crèche moldue sans trop de difficulté si ce n’est qu'elle se mit à pleurer lorsque je l’avais embrassé pour lui dire au revoir. Le cœur serré j’avais rejoint le lieu du crime pour être accueilli par mes nouveaux collègues et par le directeur. Nous étions pas mal de nouveaux, apparemment l’équipe avait subi de profond changement, ce qui me soulagea un peu car je me sentais moins seul de cette façon à être un bleu dans l’enseignement. Tant et si bien que nous avions pris la décision de nous réunir le soir-même pour un dîner informel dans une brasserie de Norwich. Ce faisant la cloche sonna et chacun alla rejoindre sa classe. Je commençais mon cours avec les dernières années de Botanique avancée, soient avec des élèves qui n’avaient pas pris ce cours faute de mieux mais parce qu’il leur importait. J’entrais dans la classe le pas décidé et la démarche dynamique et le sourire carnassier. « Mesdemoiselles et Messieurs, bienvenue en cours de Botanique Avancée ! Je suis Théodore MacGregor votre professeur pour l’année à venir. Si vous avez des questions je vous invite à me les poser de suite avant le début du cours. » Mon regard se porta sur mes étudiants jusqu’à ce que deux saphirs m’hypnotisent et me renvoie une question ‘’que fais-tu là ?’’ Et voilà dès le premier jour, dès la première heure, Eléanore et moi nous fûmes confrontés l’un à l’autre. Sa main se leva « Eléanore Maclean » dit-elle en fermant son visage à toute émotion « Je vous écoute Miss MacLean » elle toussota, et coula un regard mauvais vers sa voisine de table qui gloussait « Avec notre ancien professeur nous avions établi un programme de stage et un programme de révisions sur deux ans pour les examens terminaux. Allez-vous continuer cela ? » Ses pupilles me lançaient des éclairs, elle cherchait sans doute une explication à ma présence. « Je vais vous faire passer des tests aujourd’hui pour connaître votre niveau, puis je ferais des binômes par niveau ensuite je vous donnerais des études comparatives à faire sur le terrain pour une durée de 3 mois. Pour ce qui est des stages, je continuerais le principe qui a fait ses preuves, j’en suis un pur produit. Par contre, le programme de révisions va être revu et corrigé en fonction de vos tests et attendez-vous à des surprises, je suis juste mais je ne tolère pas que l’on bâcle un travail lorsque l’on a des capacités évidentes. Bien allons-y » J’avais mis fin à mon discours en m’assurant que chacun avait bien entendu. Le bruissement de feuilles, les murmures et les claquements de langues m’apprirent qu’ils avaient très bien captés le message. Les sujets furent distribués, les esprits planchèrent et les copies me furent rendues au bout des 3 heures et demi que dura le test. Chacun passa devant moi avec un regard emprunt de défi et d’approbation. Apparemment mon test était digne de ceux de mon prédécesseur, j’en fus grandement soulagé du moins jusqu’au passage d’Eléanore près de moi. « Mr MacGregor. » Elle allait s’en aller comme ça ? « Eléa ne pars pas, il faut que je t’explique. » « Que tu m’expliques quoi ? Que tu es mon prof ? Je l’ai remarqué. Que tu es venu à Hungcalf sans me le dire ? Je le vois également. Qu’est-ce qu’il y a à dire de plus ? » Ses pupilles me clouaient sur place elle était si froide, si déterminée « Je.. et bien… » « Mr MacGregor, si cela ne vous dérange pas je dois partir. Les premières années doivent être conduits à la salle commune des Grymms et comme vous l’avez sans doute remarqué, je suis préfète de ma maison. Aussi je me permets de mettre fin à cet entretien. Bonne journée à vous. » Avec un sourire contrit, j’esquissais un geste de la main qu’elle ignora et sortie sans dire un mot de plus. Nous avons eu d’autres conversations de cet ordre mais je n’ai jamais réussit à lui dire les raisons de ma venue, à lui dire que j’avais fait ce choix pour moi, pour Julia, pour mon avenir et pas uniquement pour elle, pour la contraindre à me voir alors qu’elle m’avait repoussé. Je sentais parfois son regard envelopper mon corps et s’attendrir sur moi, je sentais dans ses regards acérés une pointe d’envie mais l’instant d’après revenait l’Eléanore déterminée, forte, combattive, insensible qu’elle était devenue malgré elle. Elle me manquait ma belle brune au regard de biche et à la voix de velours.
Lorsque sa main se dirigea vers moi, nos regards liés l’un à l’autre, je sentis son souffle sur le mien, m’enivrant d’elle plus que je n’aurais du. Aussi lorsqu’elle se figea à mi chemin la déception m’étreignit le cœur. J’avais envie de sentir la fraicheur de sa paume sur ma joue, je voulais qu’elle me touche, qu’elle se laisse enfin aller vers moi sans aucune retenue mais voilà sa main retomba et ses mots me parvinrent dans un souffle de plus en plus dur. Eléanore répondait à mes questions, elle m’expliquait tout même si à ce moment là j’aurais préféré qu’elle reste là près de moi sans mot dire. Il n’y avait que ses yeux qui continuaient de poser une question, comme si elle essayait de me dire quelque chose, de me faire comprendre mais je n’avais aucun moyen de savoir quoi.
« J’ai changé, tu as changé, le monde change ! Que je te pardonne ou non au final ça ne change rien de toute façon. Maintenant tu es professeur, tu as une fille, tu es un homme responsable et moi… moi j’ai d’autres choses à penser et je vais être pas mal occupée. »
Quoi ?! Mais que voulait-elle dire ? Plus la conversation se passait moins les choses m’apparaissaient claires. Certes à présent j’étais son professeur, j’étais entré dans la vie active mais j’étais toujours Teddy, j’avais grandit, j’avais fini par me poser mais j’étais encore le même qu’elle avait connu. Bien sur le monde avait changé, parce que c’est ce que le monde a toujours fait. Son argument me paraissait tellement faux comme si elle n’avait trouvé que cela pour mettre un terme à un silence gêné à mes questions qui la dérangeaient. J’aurais pu laisser tomber mais je n’y arrivais pas, j’avais besoin qu’elle me parle, qu’elle me regarde, qu’elle me laisse entendre sa voix qui me manquait toujours un peu trop à chacun de ses silences.
« Qu’est-ce que ma fille et mon job viennent faire ici ? Et en quoi tu vas être occupé ? »
Je ne lui laissais pas le temps de répondre, en fait il n’y avait qu’une seule question qui me taraudait, une seule qui depuis la mi-décembre me tenait éveillé lorsque je pensais à elle. J’avais vu sa silhouette s’arrondir, j’avais vu ses joues se remplirent, ses formes prendre une douceur maternelle. Pourtant elle jusqu’avant Noël elle n’avait pas semblé faire grand cas de cela, elle continuait de sortir, de s’adonner à la boisson et aux autres paradis à sa portée. Comment j’étais au courant de cela ? Les étudiants de Hungcalf ne sont pas reès discrets, ils parlent haut et fort de leurs exploits nocturnes et puis Norwich n’est pas Londres, il est facile de croiser certains d’entre eux dans quelques bars et night-club. Oui, je ne suis pas un saint, avec mes amis, profs ou non, je sors comme mes élèves pour prendre un verre, pour me détendre après le boulot. La fête n’est pas l’apanage des étudiants.
« Est-ce que je peux te poser une question ? »
Je ne sais pas pourquoi ni même comment mais ma main s’était posée sur la sienne, ce contact avait été indispensable pour poser me lancer. Je ne me sentais pas du tout dans mon élément, il était rare de voir les plantes me parler. Je n’étais du tout un de ses beaux parleurs qui vous font des longs discours, qui enjolivent les choses d’un paquet cadeau, de phrases pompeuses et philosophiques. J’étais idéaliste, franc et je n’arrivais pas à cacher les choses que je pensais. Mes amis aimaient cette part de moi qui ne savait pas tricher. Apparemment savoir observer les autres était certes un atout car j’en apprenais plus en déchiffrant le langage du corps, des émotions mais à l’inverse j’étais démuni lorsqu’il s’agissait de m’exprimer en public. C’est pourquoi toucher la peau de ma demoiselle avait été si bon, si réconfortant, elle me donna le courage de poursuivre et de poser enfin la question qui me brulait les lèvres.
« Eléanore, tu es enceinte !? Je veux dire tu ne le caches et on en parle dans le clan… Argh ce que c’est difficile… Bon je me lance et ne t’énerve pas ok ! Est-ce que c’est Jack le père ? »
Ce prénom m’écorchait les lèvres. Dès que je le voyais, dès que je repensais à ma belle dans ses bras à lui je sentais la haine ensevelir tout autre sentiment, je sentais mes poings se fermer et s’ouvrir. Du reste à l’instant même je n’avais pas pu rester assis auprès d’elle, j’avais laissé sa main, laissé son regard pour faire face à la nuit qui descendait doucement nous enveloppant dans son immense manteau sombre. Je ne pouvais pas lui faire face parce qu’elle aurait lu ma peine, elle aurait lu combien j’avais mal d’imaginer qu’elle attendait son enfant à lui. Il lui a brisé le cœur, il lui a pris son âme, elle s’est brisée et elle en a gardé un trou béant au cœur. Oh bien sur je sais qu’elle a besoin de temps, qu’elle a besoin d’être seule pour trouver ce qu’elle a toujours eu devant les yeux. Mon Eléanore si seulement tu pouvais ouvrir les yeux et voir que je suis celui qui t’aime vraiment, celui qui est là devant ta porte à attendre un signe de ta part. La violence de mes sentiments pour Jack ne s’arrêta pas, j’haïssais ce garçon aussi farouchement que l’on peut haïr son pire ennemi, sans aucune restriction et sans retour en arrière possible.
« Savoir que ce Jack est surement le père de ton enfant, ça m’énerve au plus au point ! Après tout ce qu’il t’a fait ! Je ne comprends pas comment tu as pu être amoureuse de ce type ! J’ai vu comme tu pleurais à cause de lui ! Tu ne le crois peut être pas mais ce qui te concerne me touche parce que je tiens à toi. »
Mon poing s’écrasa sur le tronc du chêne allant faire trembler les maigres branches qui au printemps seraient chargées de fines feuilles vertes et de bourgeons. Pour le moment cet arbre était morne, il n’était qu’une pâle copie de lui-même tout comme je n’étais que l’ombre ténébreuse de moi-même lorsque des images d’Eléanore embrassant ce mec me venaient en tête. Ses lèvres à lui sur sa bouche, ses mains à lui sur sa peau tremblante, son corps offert… Ah s’en était trop ! Je ne voulais plus les imaginer, je ne voulais pas qu’il puisse ne serait-ce que l’avoir approché ! Je voulais qu’il disparaisse, qu’il ne puisse plus jamais la voir, la toucher mais là lorsque j’imaginais que cet enfant était le fruit de leur liaison, j’avais mal comme jamais. Lorsque je tentais enfin de la regarder alors je découvris son expression tendu, je remarquais une grimace de douleur sur ses lèvres, sa main qui protégeait son ventre et ce regard de défiance. J’avais déconné, elle avait eu peur lorsque j’avais frappé l’arbre. Comme j’étais con, comme j’étais stupide. J’avais laissé éclater ma colère devant elle.
« Ok je vais me calmer pour le bébé Eléa, mais répond-moi s’il te plait, c’est lui ? »
Mon regard couva le petit monde qui se développait sous le nombril de ma tendre Khae, je voulais qu’il soit mien, je le voulais si fort. Aussi longtemps que je vivrais je l’attendrais, aussi longtemps que je respirerais je serais là pour elle. Chaque fois qu’elle m’appellera je l’attendrais, chaque fois qu’elle aura besoin de moi je serais là.
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Re: Sometimes you can't make it on your own | pv Teddy Bear
Dim 23 Jan 2011 - 18:22
Sa voix me brulait, son air profondément je ne sais pas si je peux dire choqué mais au moins un rien blessé. Il avait vu clair en moi, il avait vu que mes arguments étaient faux, que je n’arrivais pas à lui dire quelque chose. Teddy avait toujours été très observateur, il pouvait en un simple regard vous connaître, vous désarmer et découvrir vos moindres secrets. Ce n’était jamais quelque chose dont il se vantait ou avec lequel il jouait. Il était respectueux des autres, il était quelqu’un de bien même si là pour l’heure je ne voulais pas me dire cela, même si je ne voulais pas voir le vrai Teddy parce qu’aussi surement j’allais retomber pour lui. « Est-ce que je peux te poser une question ? » Je n’avais jamais vu Teddy aussi nerveux il semblait vraiment sur le point de perdre pied et soudain ses doigts ont touché les miens, sa main s’est entremêlé à la mienne comme si ce geste était naturel, comme si cette main n’avait jamais quitté la mienne. La chaleur de cette étreinte légère me fit battre le cœur encore plus fort encore plus vite. Il suffisait qu’il me touche pour que je perde le nord pour que 5 ans, 5 mois disparaisse en deux secondes. Pourquoi, pourquoi est-ce que je ne pouvais pas me défaire de son emprise sur moi, j’étais perdue…
« Vas-y mais je ne suis pas sûre de te répondre… » je n’avais dit cela que pour la forme, je voulais me donner un air détaché alors que mon sang bouillait de savoir de quoi il retournait. Le vent s’emmitoufla à nouveau dans ma longue chevelure brune, mon épiderme était glacé, je sentais que tout mon être était frigorifié pourtant je ne fis que réajuster mon col, ne délassant pas mes doigts des siens. Il était ma seule source de chaleur à mesure que le temps changeait et que la nuit assombrissait le ciel. Comme je n’arrivais plus vraiment à discerner son visage, je pris ma baguette pour faire apparaître un petit bocal en verre dans lequel j’allumais un feu que j’enfermais ensuite à l’intérieur. Cette source de lumière me réconforta laissant un petit sourire s’épanouir sur mes lèvres rosées. « Eléanore, tu es enceinte !? Je veux dire tu ne le caches et on en parle dans le clan… Argh ce que c’est difficile… Bon je me lance et ne t’énerve pas ok ! Est-ce que c’est Jack le père ? » Pourtant toute vie sembla soudain quitter mes lèvres, mon visage pâlit, mes mains tremblaient et encore plus lorsqu’il lâcha celle qu’il retenait jusque là. Alors qu’il me parlait jusque là les yeux dans les yeux à présent il me tournait le dos, il n’arrivait pas à me regarder. « Enceinte » le mot claqua sur sa langue comme un coup dans ma tête. Bien sûr qu’il le savait, bien sur qu’on en parlait dans mon dos mais jamais nous n’avions évoqué le sujet et à dire vrai jusqu’ici je me passais très bien de cette conversation. Plus j’y pensais et plus le voir se cacher de moi me montrait à quel point il était touchait par cette simple idée. Alors peut être était-il sincère cet été lorsqu’il m’avait parlé d’avenir, lorsqu’il avait parlé de nous. Mais lorsqu’il évoqua Jack, qu’il cracha son prénom comme l’on gifle quelqu’un, lorsqu’il me demanda s’il était le père, oh comme j’aurais voulu disparaître et m’enfuir loin de lui. J’avais si mal à l’entendre parler ainsi. Pourtant je ne voulais pas l’entendre parler de jack de cette façon, comme s’il était fautif, comme s’il était un monstre.
« Tout ça ne te concerne pas et puis jusqu’à preuve du contraire tout ce qui m’est arrivé l’a été aussi par ma faute. Je savais qu’il était fou de son ex copine et pourtant j’ai quand même continué à le voir. » J’aurais cru que ma voix serait brisée, que je ne réussirais pas à faire passer le moindre son par-dessus mes lèvres pourtant il en fut autrement. La force, la détermination qui parvint à mon oreille m’étonna. Je ne sais pas pourquoi j’évoquais jack, pourquoi je racontais ça à Théodore, j’avais comme un besoin impérieux de me justifier, de défendre celui qui m’avait aimé, mal aimé certes mais tout de même aimé. Jack et moi nous avions trouvé l’un dans l’autre une personne pour panser nos plaies, pour nous faire du bien alors que la vie nous écorchait. Je m’étais certes plus attachée que je n’aurais su le prévoir, j’avais eu mal lorsqu’il me quitta, lorsqu’il me fit comprendre sans rien dire que Mya avait toujours été dans vie. Regardons les choses en face de mon côté Teddy n’avait jamais quitté mon cœur même si je préférais m’en défendre que d’affronter ma réalité. Le souvenir d’une de nos dernières rencontres avec Jack vint se greffer dans mon esprit alors que je voyais les épaules de Théodore s’affaissait en m’entendant lui répondre.
- Nous étions à la mi-décembre, je préparais doucement mon départ pour l’Ecosse où j’allais retrouver ma famille. Rebecca m’accompagnerait en voiture jusque chez mes parents ne voulant pas que je transplane afin d’éviter tout risque pour l’enfant. J’allais annoncer au mien la nouvelle qui remuait au fond de moi tellement de sentiments contradictoires. Ce soir là j’avais refusé de sortir avec quelques amis prétextant la fatigue. J’avais juste envie d’être seule, de me pleurer sur mes erreurs passées et de tourner la page. On frappa à ma porte, j’allais ouvrir pour découvrir Jack. Il entra, pendant un quart d’heure nous n’avons pas échangé beaucoup de mots, il était difficile d’évoquer notre relation ou de parler de son nouvel avenir. « Eléanore, je voulais m’excuser pour tout, vraiment… » « Ne fais pas ça Jack, nous avons fait nos choix, tu ne m’avais rien promis et moi je devais rester maitresse de moi-même. » Il me regarda incrédule, voulu toucher ma main mais je lui refusais ce geste d’intimité car il en avait perdu le droit. « je suis content de voir que tu n’as plus rien aux yeux, ça me rassure. Si tu savais combien je m’en suis voulu ce jour là. Tu allais si mal à cause de moi et je n’ai rien fait. » « Rebecca m’a soigné du mieux qu’elle a pu. Je resterai toujours très sensible à la lumière mais au moins je vois. Oh ce jour là, je n’étais plus moi-même, je découvrais que je m’étais trompé sur toi, tes sentiments, sur les miens. Je me suis sentie trahie alors que toi tu l’aimais encore plus qu’avant. » Un sourire forcé se dessina, je me levais pour marcher de long en large. « Pourtant tu n’as rien caché, moi j’avais juste fermé les yeux parce que je ne voulais pas me regarder en face, je ne voulais pas avoir ton courage, celui d’ouvrir mon cœur à la personne à laquelle j’avais toujours pensé… » Jack passa une main sur son front incrédule « Je n’ai pas l’impression de bien comprendre mais tu dois savoir ce que tu dis. » « Ce n’est pas grave, l’important c’est que maintenant toi comme moi nous avons pris des chemins différents et au fond cela vaut mieux. » Il se leva et observa mon profil, il toucha ses lèvres comme il le faisait lorsqu’il avait une question sur le bout de la langue. « Eléa… il n’est pas de moi au moins… » En l’entendant un rire m’échappa non pas mesquin mais réellement amusé. « Non Jack, ce n’est pas ton enfant, je te le promets. » « Tu ne dis pas ça pour me rassurer n’est-ce pas ? Tu sais, même si je suis avec Mya, je t’aiderais » « Oh non Jack, tu ne vas t’impliquer dans ma vie pour la simple et bonne raison que tu n’es vraiment pas le père de ce bébé. » Je passais ma main sur mon ventre « Je vais me débrouiller seule ne t’inquiète pas, tout ira bien. » Après il n’y avait plus vraiment grand-chose à dire. Il avait voulu avoir le cœur net sur la paternité de mon enfant à venir, il avait eu sa réponse et rien. Dire que j’avais été estomaquée par cette conversation était juste, je m’en souviendrais longtemps. Après ce que nous avions vécu ensemble je pensais que nous aurions eu plus de choses à nous dire mais on ne sortait pas indemne d’un drame sentimentale et encore moins lorsque vous étiez amis avant d’être amants. L’emportement de Teddy me sortit de ce cauchemar éveillé.
« Savoir que ce Jack est surement le père de ton enfant, ça m’énerve au plus au point ! Après tout ce qu’il t’a fait ! Je ne comprends pas comment tu as pu être amoureuse de ce type ! J’ai vu comme tu pleurais à cause de lui ! Tu ne le crois pas mais ce qui te concerne me touche parce que je tiens à toi. » La violence de sa voix lorsqu’il prononça à nouveau son prénom me déstabilisa mais ce ne fut rien lorsque je le vis planter son poing dans le tronc de l’arbre proche de lui. Le bruit du craquement du bois, de ses phalanges qui se plaquèrent dessus me fit trembler d’effroi. L’espace d’un instant je ne vis plus Théodore mais je revis mon ex-mari qui dans ses accès de violence et de sauvagerie. Tout me revint en mémoire, les coups, le sang, la peur, les cris, les sévices, les brulures de cigarettes, les coups de ceinturons, ses coups de poings, ses coups de pieds. Je ne supportais plus que l’on s’énerve près de moi, que l’on me parle durement, que l’on s’en prenne à moi-même de façon indirect. Teddy connaissait mon histoire, on lui en avait parlé, je l’avais évoqué avec lui cet été mais il ne savait pas combien parfois le claquement d’une porte ou les cris me faisaient sursauter et trembler. Là mon instinct premier fut de me contracter de tout mon être, un spasme me coupa aussitôt le souffle. Assurément je venais d’avoir ma première contraction, je me mordis la lèvre de douleur essayant de reprendre ma respiration. Mon bras entoura mon gros ventre de femme enceinte, doucement j’appuyais sur le sommet pour masser le point de contraction et en profitait pour me protéger. Mon regard perçu celui de Théodore alors je poignardais ses prunelles avec autant de défiance que de peur.
« En quoi ça te regarde Théodore ? Qu’est-ce que ça peut bien te faire que Jack soit ou non le père de mon futur enfant ? Arrête de t’énerver tu veux bien, tu me stresses et le bébé n’aime pas ça.» Afin de ne pas me donner une nouvelle contraction, je fermais les yeux quelques secondes puis les rouvrit en m’adressant à lui avec autant de calme que je pouvais. L’une de mes mains s’approcha du bocal où brulait le feu emprisonné, je ressentis la morsure de la chaleur, mes yeux se vrillaient sur la flamme qui dansait ignorante du drame qui se jouait entre deux êtres qui se retrouvaient et qui se cherchaient. Deux âmes que la vie avait malmenées et qu’elle éprouvait encore comme l’on teste la force d’un amour dans la tempête. Mon Teddy bear pourquoi était-ce aussi difficile d’être avec toi ? Pourquoi ne pouvions-nous pas être dans les bras l’un de l’autre sans se déchirer et sans se blesser l’un l’autre ?
« Ok je vais me calmer pour le bébé Eléa, mais répond-moi s’il te plait, c’est lui ? » Mes hormones m’affectaient de plus en plus, je pouvais passer de la colère à la tristesse en moins d’une seconde. Là lorsqu’il avait levé les mains en signe de reddition, qu’il m’avait regardé avec tristesse en posant sa question j’avais senti ma gorge se serrer tout comme le voir poser ses pupilles bleutées sur mon nombril. Il était si attendrissant, sa voix cassée quand il m’avait parlé comme un chuchotement comme un souffle. D’un coup la tension qui m’avait entouré se dissipa, j’arrêtais alors de me mordre les lèvres et adressais un regard plein de tendresse à Teddy. Il méritait que je sois franche, que je sois honnête avec lui et que j’arrête tout de suite de le laisser se monter la tête sur une fausse vérité. Je lui devais bien ça même si je ne voyais pas comment tout lui dire sans que notre rencontre ne tourne au drame.
« Non ce n’est pas Jack, nous n’étions même pas ensemble quand je suis tombée enceinte. Alors arrête d’y penser. Si tu veux vraiment le savoir je suis enceinte de 5 mois et demi.» Son air incrédule et interloqué lorsque j’avais évoqué les 5 mois et demi de ma grossesse me laissa également sans voix quelques secondes. Pouvait-il seulement imaginer que j’étais le genre de fille qui passait ses nuits avec une personne différente chaque soir. Je me sentais non pas blessée mais vexée et de ce fait je n’avais qu’une envie lui rendre la monnaie de sa pièce. J’étais une personne entière et il m’était difficile de rester calme lorsque je voyais une personne que j’aimais s’imaginer sur moi à des choses qui n’étaient réelles.
« Je n’ai pas l’habitude de coucher avec n’importe qui Teddy. Tu devrais le savoir quand même. Mais ne t’inquiète pas je ne te demande rien. J’avais même prévu de ne pas t’en parler. » Joséphine et Leah m’avaient demandé si j’en avais parlé avec le père, si je comptais le faire, si je voulais qu’il s’implique dans la vie de mon fils. Aussi loin que je voulais un enfant, je voulais également qu’il ait un père comme moi-même j’avais le mien qui m’épaulait en toute circonstance et même aujourd’hui alors que je le savais désappointer par la façon dont je menais ma vie. Bien sur comme ma mère, il avait espéré qu’entre Théodore et moi il se passe quelque chose mais il ne m’avait pas accablé lorsque j’étais reparti en fuyant Teddy et mes sentiments à son égard. Bref, je ne voulais pas que Théodore se sente obligé de quoi que ce soit, qu’il se sente pieds et points liés avec un nouvel enfant dans sa vie alors qu’il avait déjà sa petite Julia qu’il aimait plus que tout. Il était un bon père, je l’avais vu cet été et j’en avais été que plus touchée et plus je le regardais plus je savais qu’il serait merveilleux. Cependant je n’étais pas ce genre de femme, je n’étais pas de celle qui demandait de l’aide, qui pleurait sur son sort. Je voulais m’en sortir par moi-même.
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Re: Sometimes you can't make it on your own | pv Teddy Bear
Dim 23 Jan 2011 - 21:40
A la lueur de la flamme qu’elle avait allumée, je voyais ses pupilles myosotis s’illuminaient, je voyais la douceur de son regard mais celui-ci avait changé quand je lui avais fait peur quand je m’étais rendu coupable de ce crime qui en résultait la grimace de douleur que je lui voyais encore. J’avais alors cru bon de lever mes mains pour lui montrer que je ne lui voulais aucun mal, que je ne la frapperais pas. Comment avais-je oublier cela ? Je m’étais rendu coupable de violence devant elle alors qu’elle avait elle-même était une victime de ce comportement des plus masculins et abjectes. J’en avais honte, je n’osais plus la regarder préférant poser mes yeux sur son corps tout en courbes divines et voluptueuses. Il y avait chez les femmes enceintes quelque chose de mystérieux, d’énigmatique et de magnifiquement attirant. Toutes les femmes enceintes ne me faisaient pas cet effet mais Abby et maintenant Eléanore étaient plus que désirables à mes yeux. C’est en pensant à la beauté de ses courbes que sa voix parvint à mes oreilles.
« Non ce n’est pas Jack, nous n’étions même pas ensemble quand je suis tombée enceinte. Alors arrête d’y penser. Si tu veux vraiment le savoir je suis enceinte de 5 mois et demi.»
Un sourire satisfait traversa mon visage lorsqu’elle m’assura ne pas être enceinte de lui toutefois ce ne fut que de courte durée car mes yeux s’écarquillèrent en l’entendant me dire qu’elle était enceinte de 5 mois et demi. Un calcul rapide me ramena en arrière, me ramena à l’été qui venait de passer. Si elle était enceinte depuis ce temps là alors il était vraisemblable que je sois le père du bébé ? Oh alors elle m’évitait depuis tout ce temps à cause de ça ? Parce qu’elle se savait enceinte ? Parce qu’elle ne voulait pas me le dire ? Mon esprit fumait littéralement sous une foultitude de questions qui restaient sans réponse. Aussi lorsque je m’entendis lui parler, j’eu l’impression que ma bouche avait sa vie propre, qu’elle avait pris le contrôle de mon cerveau sans même me demander mon avis.
« 5 mois et demi… Ca veut dire que tu es enceinte depuis cet été… Est-ce que ça veut dire que je suis le père ? »
- Des flashs me sautaient au visage tandis que je scrutais son visage attendant qu’elle me réponde, qu’elle me donne une explication, qu’elle allume le phare de mes élucubrations. « Tu viens me rejoindre Eléa, j’ai envie qu’on se balade tous les deux » souriante elle m’avait rejoint mais elle n’était pas seule, ma fille lui tenait la main. « Ca ne te gênes pas j’ai emmené Julia, elle ne voulait pas rester avec ta mère. » Comment lui en vouloir alors que je voyais les deux personnes que j’aimais le plus au monde s’adorait à ce point. « Alors les filles, on va faire cette balade ! » J’allais prendre la main de Julia lorsqu’elle me poussa vers Eléanore avec un petit rire sans me faire prié je nouais mes doigts aux siens. « Tu avais imaginé ton été comme ça Khae » Elle m’avait un clin d’œil puis s’était serré contre mon épaule. « Non… mais c’est encore mieux que ce que j’espérais. » Julia lâcha nos mains pour courir vers la mer où elle voulu tremper ses pieds. « Julia, ne va pas trop loin et ne cours pas dans l’eau » On aurait pu croire que ses mots étaient les miens alors qu’en fait ce fut ma belle brune qui les prononça. « Quoi ? Oh désolée, j’ai eu peur pour elle, je n’aurais pas du après tout c’est ta fille.. » Je mis mon doigts sur ses lèvres pour l’empêcher de poursuivre avant de poser mes lèvres sur les siennes. « J’aime que tu prennes soin de Julia, que tu t’inquiètes pour elle. Un jour tu feras une merveilleuse petite maman. » Elle avait rit en se libérant de moi puis elle était allé rejoindre ma fille la prenant dans ses bras et sautant dans les vagues avec elle. J’avais pris des photos d’elles et parfois je les regardais encore entendant leurs rires mêlés. Cette nuit là après avoir mis Julia au lit, nous nous étions retrouvés pour partager un moment de pure plaisir et de tendresse. « Teddy, tu crois vraiment que je serais une bonne maman ? Tu crois qu’un jour j’aurais un bébé, que je saurais m’en occuper ? » « J’en suis persuadé. Et ton bébé sera le plus heureux, il aura la chance de t’avoir ». Nous avions fait l’amour, nous étions abandonnés dans les bras l’un de l’autre avant de nous endormir. Depuis lors j’avais repensé à nos moments mais cette conversation là je l’avais rangé dans un pan de ma mémoire. Ce n’était pas étonnant qu’en cette froide fin d’après-midi elle me revienne en mémoire. C’était même d’une vérité troublante.
« Je n’ai pas l’habitude de coucher avec n’importe qui Teddy. Tu devrais le savoir quand même. Mais ne t’inquiète pas je ne te demande rien. J’avais même prévu de ne pas t’en parler. »
Une fois de plus je venais de la froisser, ma question l’avait sans nulle doute blessée. Par là même j’avais émis un doute sur elle, sur sa vertu, sur ses valeurs, sur sa façon de vivre. Je savais bien qu’elle n’était pas une marie-couche-toi-là mais je savais aussi qu’elle était de ses jeunes femmes libérées qui n’avaient pas honte d’avoir plusieurs amants dans leur vie. Cependant je n’aurais pas du douter d’elle car l’abandon de son corps contre le mien m’avait donné à espérer qu’elle serait à nouveau mienne. Pourtant elle m’assena un coup de massue en évoquant son intention de ne rien me dire à l’égard du bébé. Si elle s’était sentie humiliée, moi je me sentais comme elle voire même trahi dans ma chaire et mon sang. Alors elle était ce genre de personne ? Non je ne pouvais pas me résoudre à croire cela ! Je ne voulais pas imaginer qu’elle puisse vouloir évincer de sa vie le père de son enfant. Si j’avais échoué dans mon couple et ma famille avec Abby, je ne laisserais pas Eléanore me faire sortir de sa vie avant même d’avoir pu y entrer à nouveau.
« Tu plaisantes, dis-moi que tu plaisantes ?! Tu allais faire comme si de rien n’était, tu allais mettre cet enfant au monde sans rien me dire ? »
Une fois de plus je perdis mon calme, ma voix s’intensifia et devint plus profonde à mesure que je formulais les mots mais je ne montrais aucun signe de violence. Mes gestes étaient maitrisés, je marchais certes de long en large lui jetant des coups d’œil pour connaître sa réaction, pour l’entendre me parler, me répondre mais ses mots ne s’imprimaient pas. J’étais abasourdi par le fait qu’elle ait voulu me cacher qu’elle attendait mon enfant. De quoi avait-elle peur ? Que craignait-elle ? Que je lui demande d’avorter ? Est-ce que c’était la raison qui l’avait empêché de m’en parler bien avant ? Je sais bien qu’une femme est maîtresse de son corps, qu’il lui appartient, que les décisions la concernant ne regardent qu’elle mais lorsqu’on attend un enfant on ne peut décider seul. Mon âme était au supplice car je cherchais tant bien que mal à comprendre ce qui avait motivé son silence.
« Eléanore, tu aurais du me le dire dès que tu l’as su. »
En me plantant mes mirettes dans les siens je lui avais assené cette petite phrase, je lui avais exprimé mon regret de sa décision. Bien sur ce n’était pas fair play de ma part de lui dire cela, je le savais pourtant je n’avais pas pu m’empêcher, j’en avais eu le besoin. Cependant alors que je voulais qu’elle entende ma requête j’ai eu l’irrésistible envie de la toucher, de lui montrer que j’étais là avec elle, qu’elle n’était seule et surtout j’avais envie de poser mes mains sur elle. Lentement je pris sa main, je l’obligeais à se lever, je rivais mon regard sur le sien puis sans attendre un mot de sa part je touchais sa joue caressant sa pommette, m’enivrant du doux parfum de sa peau, exhalant la chaleur de son haleine sucrée sur la mienne.
« Alors cet été tu n’as rien vu. Je pensais que tu avais compris... Je viens de te retrouver et tu es enceinte de moi. On… on va avoir un bébé ensemble. Enfin Eléanore ça ne compte pas pour toi ?»
Avoir grandit, avoir murit me donnait plus de foi en mes idéaux, en mes envies qu’elles soient réalistes ou non. Lorsque cet été nous nous étions retrouvés, je n’avais pas eu l’ombre d’un doute sur ce que je ressentais et j’avais maintenant la maturité pour savoir exactement ce que je voulais. Il n’y avait plus d’amis, de famille ou d’autres prétextes pour me faire reculer. A présent j’étais un homme, je me devais d’assumer pleinement ma vie. Demander à Eléanore d’en faire autant était mesquin de ma part. Après tout elle avait assumé ses actes en épousant son mari, en essayant de mener son mariage à bien. Elle avait eu le courage de tout ce qu’elle avait subi et même plus encore en se relevant de son divorce sans jamais devenir aigrie ou méchante. Je voulais qu’elle voit en moi plus que celui qui l’avait quitté, plus qu’un professeur, plus qu’un ancien ami d’enfance. Je voulais qu’elle voit en moi celui qu’elle avait aimé et qu’elle aimait encore je l’espérais. Mon front se posa contre le sien, je voulais qu’elle entende mon cœur battre, qu’elle sente à quel point la sentir près de moi me chamboulait.