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[Bal] Because I like the way it hurts
Ven 4 Nov 2011 - 19:01
LENKA & LUST.
Debout devant le miroir de ma chambre, je scrutais chaque centimètre carré de mon corps avec une moue relativement satisfaite. Ma peau de porcelaine blanchâtre brillait légèrement dans le clair de lune qui commençait à percer au travers des grandes fenêtres. Portant uniquement des sous vêtements, je regardais fixement mon corps maigre et élancé. Je me sentais différente, fondamentalement changée dans ma nature depuis que j’étais devenue le calice de Lust. Moi qui m’étais promise de ne plus jamais être soumise à personne, j’avais finalement capitulé, perdu contre moi-même et accepté de le laisser boire mon sang. D’une manière inattendue et beaucoup trop forte à mon gout, j’y avais pris beaucoup de plaisir. Beaucoup trop. Je m’attachais à lui, pulsions contradictoires. J’aurais voulu fuir, je m’étais jurée de ne plus jamais me laisser être aussi proche de quelqu’un, je m’étais jurée de rester froide et stoïque à jamais, de verrouiller mon cœur de façon permanente. Je m’étais juré de donner raison aux rumeurs qui me disaient être un cœur de pierre. Je me décevais et soudain mon corps dans la lumière lunaire me dégoutait. Je détournais les yeux du miroir, m’arrachais à ce reflet satanique et faisais demi tour vers mon lit où m’attendait la robe que j’avais été acheté la veille. Souci d’être irrésistible. Une robe noire bustier qui m’arrivait mi cuisse. Une robe en soi extrêmement banale comme la moitié des filles en auraient ce soir. Mais sur ma peau diaphane et presque translucide elle prenait une connotation beaucoup plus sensuelle. Mon égo surdimensionné me criait d’éclipser n’importe quelle autre sylphide présente dans la salle. Je ne voulais l’avouer mais je ne voulais pas que Lust porte son regard ailleurs que sur moi. Jalousie maladive qui ne présageait rien de sain, relation vouée à être malsaine et à agiter de mon cœur de sentiments trop forts pour le vampire. Il n’était même pas humain, et pourtant. J’enfilais le bout de tissu beaucoup trop court sur mes jambes interminables et faisait uniquement bouffer mes cheveux blonds comme les blés. Je ne me maquillais jamais, non pas par fainéantise mais parce que mes immenses yeux marrons sur ma peau de verre me donnaient déjà un air suffisamment dramatique. Grands, vides, ils fixaient le monde m’entourant avec une résignation farouche. Certains disaient qu’on aurait pu s’y perdre, tomber dans leurs abimes infinis et rester scotchés. Je glissais mes pieds fins dans des talons noirs vernis d’une hauteur indécente. Je refusais même de me regarder une dernière fois. Je claquais la porte de ma chambre, le bruit de mes talons continuant de résonner contre les murs de pierre du château. Je m'évanouissais dans les ténèbres d'un couloir et puis d'un autre, incandescente et furtive. Je passais, ne parlait à personne et pourtant je ne pouvais nier sentir tout les regards poursuivre ma silhouette gracile à la lumière des torches. J'arrivais en haut du grand escalier et repérait Lust m'attendant devant les potes de la grande salle. Moi qui était restée stoïque, de marbre tout le long du trajet je sentais à présent le sang affluer brutalement vers mes tempes, mon cœur s’accélérer pour emplir ma poitrine sous son regard envieux. Je baissais les yeux quelques secondes, reprenais brièvement mes esprits avant de me lancer dans l'escalier, descendant agilement les marches de marbre. J'évitais de croiser son regard pendant l'affaire, redoutant une soudaine perte d'équilibre sur ses douze centimètres de talons. Je finis par arriver au bas de l'escalier, mon visage toujours aussi impassible et fermé. Froid, presque dur mais dégageant une grâce folle de matriochka déchue. Je relevais mes pupilles brunes sur son visage froid lui aussi. D'une certaine manière, nous nous étions trouvés. Deux prétendues statues de pierre incapables de ressentir quoi que ce soit, pourtant dévorés d'une passion inassouvie et inavouée. Malsaine, pesante, lourde. Elle emplissait l'atmosphère d'une odeur de souffre, brûlante et incandescente. Ne demandant qu'à exploser, le danger rôdait, à chaque instant autour de nous, nous enserrant un peu plus à chaque regard échangé. Je reprenais ma respiration et esquissais un sourire sur mes lèvres vermeilles et charnues. Mes cheveux lâchés sur mes épaules laissaient apercevoir mon cou gracile et charnel. Je pouvais percevoir la lueur d'excitation dans les yeux du vampire. Feignant de l'ignorer, je parlais d'une voix posée et légèrement rauque, comme à mon habitude. Sensuelle jusque dans mes mots.
« Ce costume te va plutôt bien... » Je le toisais, regardant les coutures impeccables d'un costume noir qui semblait d'une excellente qualité. Assortis jusqu'au bout ,sobre et glaciaux. « ... On y va? Bien que je ne sois pas fan de ce genre de soirées, ça peut être amusant » Une lueur étrange traversa mon regard. Amusant... Ca le serait sûrement. Maintenant, j'avais tendance à avoir une vision un peu paradoxale de l'amusement, ce que nombre de mes camarades avait déjà remarqué. Mais Lust et moi avions à peu près les mêmes idées à ce sujet, et à cette simple pensée, je dévoilais mes dents blanches d'un sourire carnassier. Aucun jeu n'est innocent.