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wild prince ; i'm everything you can't control
Mar 4 Juil 2017 - 15:58
Avgaan Naranbaatar
Je suis un sorcier | perso inventé
« when there is nothing left to burn, set yourself on fire. »
WIZARD CARD INFORMATIONS | © suture. ◈ shin hoseok |
I’VE SEEN SHIT
Once upon a time, I didn’t care. I still don’t. The end.
Il s’étira de tout son long, ses griffes marquant légèrement le sol alors qu’il lâchait un long bâillement satisfait. Encore engourdi par le sommeil, le léopard se redressa lentement pour laisser place à la forme humaine, nu au milieu de sa salle. Il se souvenait encore de son rêve, un mélange confus entre montages et grattes ciels, quelques visages familiers et la sensation perpétuelle de déjà-vu. Il faisait nuit dehors, le soleil n’allait pas l’éclairer avant plusieurs heures, mais les rayons de la lune éclairaient encore le bric-à-brac qui lui servait d’habitation.
Son regard se posa sur l’endroit d’où il venait d’émerger : plusieurs draps formant une espèce de nid de tissus, et parmi eux, un que l’homme avait toujours eu avec lui : le Khadag, l’écharpe de prière bleue mongole. Il l’avait eu à sa naissance, il ne savait pas vraiment ce qu’il foutait encore avec, mais elle était utile pour sa magie. En soit, elle n’avait plus vraiment de valeur sentimentale à ses yeux, peut-être même n’en avait-elle jamais eu. Ce bout de tissu était-ce qui l’avait protégé du froid quand il avait servi de vulgaires monnaies d’échange avec un groupe de nomades rivaux ? Le nourrisson était né dans un des derniers groupes de sorciers nomades qui arpentaient les terres de l’Altaï à la rivière Khalkha, dans laquelle Mongolie. C’était une étrange époque pour ce pays, une époque où les noms de famille avaient disparu des papiers officiels et peu à peu des mémoires, il n’y avait plus que des prénoms, et pour le nourrisson qui venait de naître, c’était le début d’une vie sans identité.
Quel genre de gosse n’a pas de nom à sa naissance ? Le genre de gosse qui n’est pas désiré. Ou peut-être l’était-il, il ne savait pas, il s’en foutait, si ses parents avaient voulu le garder, ils l’auraient fait. C’était peut-être horrible à penser, mais jamais il ne pourrait oublier l’humiliation d’avoir été échangé contre quelques bêtes et la protection temporaire d’un chaman.
Il n’y avait que les bêtes sauvages qui n’ont pas de noms. Et ça leur convient. Alors l’enfant, à qui son clan adoptif ne s’était jamais attardé à lui donner un nom, surement par superstition, grandit le nez levé vers les montages de l’Altaï. Un animal ne s’embarrasse pas d’un nom, ça ne se prend pas la tête à vouloir imposer des cadres, c’est instinctif. Le petit garçon n’avait pas besoin de se présenter à un animal sauvage pour établir un contact avec lui, il ne voulait pas l’apprivoiser, il voulait juste voir, apprendre et comprendre. Très tôt, si tôt qu’il ne se souvenait pas d’une époque antérieure, il apprit à devenir physiquement la bête sauvage qu’il admirait plus que tout, le léopard des neiges. Oh, ce n’était pas un exploit de devenir un animagus, beaucoup d’enfants recevait cet apprentissage, mais peut-être était-il le plus précoce, le premier qu’on a réussi à faire entrer en transe pour facilité la transformation. L’enfant sans nom devait bien servir à quelque chose, à protéger les autres membres du clan. Oh, ça avait été douloureux, mais le pire avait été le retour à la vie humaine.
L’homme referma sa prise sur l’écharpe bleue, il ne s’était pas rendu compte qu’il l’avait saisie, plongé dans ses souvenirs. Il s’était laissé embarqué dans ses souvenirs. Parfois, sa Mongolie natale lui manquait un peu, la vie chez les nomades aussi, malgré tous le mal qu’il pouvait penser des personnes qui l’avaient « élevé », la simplicité et la logique pragmatique s’effaçaient souvent dans les autres endroits où il avait posé les pieds. Hé, c’était de la nostalgie qu’il avait à cet instant ? Il rit tout seul, se rappelant une discussion avec le sale gosse, après s’être paumés quelque part dans Chicago à force de courir après on se sait quelle connerie.
« T’es toujours aussi con et insensible ?
- Non. Parfois, la nuit, j’ai des sentiments. »
Il avait quel âge à cette époque ? Il ne se souvenait plus, de toute façon, il avait pris une date au hasard sur le calendrier pour lui servir de date de naissance. En revanche, il se souvenait encore de l’odeur de cigarette froide du gosse qui n’avait pas encore fini Ilvermory, il se souvenait qu’ils avaient été sous un ciel d’été, qu’il y avait un peu de tristesse dans l’air. C’était pourtant pas leur truc, d’être triste. Il se souvenait aussi de l’expression du gosse quand il lui avait répondu :
« Ok, le vieux, je vais attendre que le soleil se couche alors. »
L’homme rouvrit les yeux. Le gosse était en sûreté maintenant, pour l’instant. D’un revers de main, il chassa un autre souvenir qui voulait s’imposer à lui et couvrit enfin sa nudité en enfilant les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main, il attrapa aussi sa baguette. Encore aujourd’hui, il avait l’impression de la sentir pulser contre sa paume, se souvint du vieux marchand chez qui il l’avait récupérée.
« J’suis sensé en faire quoi, de ce vieux bout de bois ?
- Ce bout de bois est une baguette. Elle sert à maîtriser la magie.
- Je la maîtrise déjà moi, c’est une sorte d’accessoire pour les occidentaux ?
- Tout le monde l’utilise, c’est pour faire d’autres formes de magie, mais comme tu n’es pas intéressé, repose-là veux-tu, ce genre de baguette est vraiment précieuse et n’est pas pour les…
- Je la prends.
- Pardon ?
- Tu m’as entendu, et tu l’as dit toi-même, ce genre de truc choisit son sorcier, et il se trouve qu’elle semble réceptive. Donc, tu m’excuses bien, mais j’y vais.
- Mais… Tu n’es pas un… Et l’argent ?
- J’ai vraiment la gueule à me balader avec de l’argent ? »
Et il avait détalé dans les rues d’Oulan-Bator. Il l’aimait bien cette capitale, ville perdue au milieu de la nature. C’était la veille de son départ. Un jour avant de s’envoler, s’envoler vers la Chine, vers un nouvel endroit et il avait pour seuls bagages sa vielle écharpe et sa rage de vivre. Il était à peu près sûr d’avoir vers treize ans à ce moment, il s’en foutait un peu, mais il faut bien avoir quelques repères dans la vie. Maintenant, il avait gagné une nouvelle compagne, cette baguette ; il paraît qu’elle était rare, qu’un cœur en poils de Nian était réservé qu’aux princes. Et le gamin qu’il était alors se considérait comme un prince. Un prince qui survivait en chantant et en embrouillant l’esprit de ses spectateurs avec de vieux tours de passe-passe. Il devait juste être con à l’époque.
L’homme utilisa sa baguette pour aider à ranger le bordel qui l’environnait, le sommeil avait déjà déserté son corps. Il se réchauffa un pain farci, et le mâchonna. Son esprit, qui lui cassait les couilles à lui donner des flashbacks soudains et absolument pas bienvenus, lui murmura qu’il en avait mangé des meilleurs, à Shanghai, quelques semaines après son arrivée.
Il avait été frappé par cette ville, par son univers, d’une rue à l’autre, on passait d’un univers totalement différent même en étant moldu. Si on sortait d’un gratte-ciel, il suffisait de traverser la rue pour arriver dans le quartier aux maisons traditionnelles et de tourner au coin pour voir cohabiter les quartiers pauvres et les quartiers riches. Mais le jeune garçon avait surtout été marqué par l’ambiance particulière du quartier sorcier, les soirs d’hiver.
Il avait les joues pleines de ce pain farci qu’il avait réussi à se payer grâce à l’argent récolté ce jour-là, ainsi que plusieurs vieux livres en anglais et en chinois. Il s’était senti riche, en haut de l’immeuble sur lequel il passait ses nuits, chaque soir, il avait l’escalader pour pouvoir dormir en paix, avec quelques autres sorciers vagabonds comme lui. Il s’était senti riche de connaissance, il venait d’habituer sa langue à l’anglais et au mandarin, il avait appris vite, c’était la langue de la rue, mais avec ces livres, il en aller en savoir plus. Il avait entendu parler d’une école, dans une île au Japon, il aurait voulu y aller, mais cette école était élitiste et n’aurait jamais voulu d’un gosse dormant de squats en squats. Il était en pleine adolescence, il avait pris les sors qui lui passaient par la main et très vite, il sut tirer de ses talents et très vite, il s’était fait remarquer.
Comme toujours, il ne s’était pas facilement laissé approcher, ce genre de sorciers attirait que des emmerdes, trop gourmands pour se cantonner à un seul monde, toujours sur le point de dévoiler le secret si jamais la perspective était juteuse. Heureusement, ou malheureusement, l’adolescent n’avait pas d’avis à ce sujet, les autorités sorcières chinoises étaient particulièrement vigilantes à ce genre de dérives, raison de plus pour le garçon de ne pas s’y lier : sa situation était beaucoup trop irrégulière et fondée sur des faux papiers et des noms usurpés.
Pourtant, il y a cet homme, qui n’était pas du coin, qui lui avait fait découvrir le merveilleux monde des combats de rue. Des duels clandestins pour les sorciers, un jeu de poings pour les moldus, dans les deux cas l’adolescent avait vite fait ses preuves, malgré les nombres coups encaissés lors de ses premières confrontations. C’était bon, c’était l’adrénaline dans ses veines, dans sa bouche, l’instinct qui ne lui faisait jamais défaut. Ses opposants avaient la fâcheuse manie de viser sa gueule d’ange et celle-ci se teintait très vite de sang, qui n’était pas forcément le sien. Il frappait, mordait, sautait, ses sauts étaient hauts, aussi terrifiants que son expression au moment du coup final. Mais un soir, il y avait eu ce combat, contre un type, d’à peu près son âge. Comme lui, il avait débarqué de nulles parts, il n’avait pas vraiment la gueule de l’emploi, mais ses poings étaient aussi abîmés que les siens. Alors l’adolescent l’avait frappé, c’était le premier à avoir fait le premier pas, lui qui attendait habituellement une faille. C’était bizarre, il avait eu envie de déformer sa belle sale gueule. Ils s’étaient battus, poings contre poings bien que sorciers tous les deux. Et ils s’étaient amusés, amusés comme des fous, si bien que leur combat eût fini en éclat de rire. Il ne se rappelait plus de qui avait gagné, sa fierté lui chuchotait que c’était lui, mais rien n’était moins sûr. Ils avaient terminé sur l’immeuble où dormait l’adolescent, là où ils pouvaient voir son royaume, leur royaume, et leur trésor étaient de vieilles babioles volées, de vieux bouquins et des pains farcis.
L’homme attendit que la brûlure dans sa gorge disparaisse et allât de nouveau s’allonger, dans son lit cette fois. Il pouvait jurer entendre de la musique au loin, surement les Beer Flops ou il ne savait quelle association étudiante, et grogna fortement en se reconnaissant cette musique. C’était une malédiction ce soir, ces souvenirs qui ressurgissaient, pour essayer d’échapper à ça, pour s’enfuir de cet esprit humain qui lui marteler le cerveau, il laissa son corps glissait de nouveau dans la peau du léopard. Ce n’était pas une fuite, il voulait juste un peu de repos. C’était ce qu’il avait dit au gamin avant de partir. Avant de disparaître des mois. Ça lui avait appris à s’attacher à des humains. Ses yeux devenus animal rencontrèrent à travers la fenêtre ceux d’un chat, et ils s’observèrent en silence. Les animaux aussi mourraient, plus vite que les humains quelques fois, et parfois l’homme avait un léger pincement au cœur en retrouvant le corps d’une bestiole morte après avoir fait son temps. Mais c’était normal, c’était la nature, et l’esprit de l’animal continuait à exister dans la nature. Les proies étaient chassées, c’était comme ça, mais les humains avaient le drôle de délire de vouloir tout s’approprier et de vouloir tuer pour autre chose que se nourrir.
Il se souvint du regard que le sale gosse lui avait lancé quand il s’était éloigné vers la forêt, dans sa forme animale. Pourtant, il ne regrettait que très peu le temps passé ainsi, en léopard des neiges, à ne pas voir d’humain et à juste vivre en suivant son instinct. Ce n’était pas grave de vivre sans argent, de vivre sans rien d’autre que sa force. Personne pour s’apitoyer sur ton sort, pas de larmes à essuyer, pas de crises à raisonner, pourtant ça lui avait manqué un peu, ces cons lui avaient manqué. Juste un peu.
Il avait vu les saisons passer doucement, il avait oublié quelques passages de sa vie entre deux arbres, des rencontres filèrent avec les poissons dans la rivière sans qu’il ne fasse rien pour les rattraper, le temps faisait son tri, et ça lui allait.
Il observa ce chat à la fenêtre. Il entendit la musique au loin. Non, ça ne marchait pas de se transformer en animal. Car les yeux de ce chat avec la même forme que cette femme, et cette musique ressemblait à celle qu’il avait entendue autrefois, juste avant qu’une rage sourde ne le prenne.
Cette femme, il lui avait volé des bijoux, c’était leur première rencontre, un vol à l’arraché, le quotidien pour lui dans les rues de Chicago. Elle était jolie, elle l’était toujours, mais le jeune homme avait l’habitude des belles femmes et des belles formes. Ce qui l’avait surpris, c’est la facilité avec laquelle elle s’était glissée dans sa vie. Elle était comme lui, elle était comme eux, comme le sale gosse, comme l’autre con qu’il avait rencontré à Shanghai, comme celui qui lui avait foutu la passion du combat dans les tripes. Ils s’étaient tous liés, et personne ne savait vraiment ce qu’ils étaient, ce qu’ils représentaient. Les autorités pourraient dire un gang vu le bordel qu’ils foutaient, mais lui ne les voyait pas vraiment comme ça. Un clan ? Pas vraiment convainquant. Une famille ? Il n’avait pas vraiment d’éléments de comparaison. Il y avait un semblant d’organisation, sans que ce ne soit vraiment dit : celui qui organisait les combats était un peu devenu le leader, elle était celle qui vivait une double vie, mais veillait sur eux, le sale gosse était le sale gosse, et lui, il se servait de ses poings quand c’était utile. Elle l’avait remercié, une fois, de l’avoir aidé. C’était la première fois qu’il entendait un « merci » aussi sincère.
Ils n’étaient pas tout le temps ensemble, lui voyageait toujours autant, chacun avait ses exigences. Mais ils finissaient toujours par se retrouver. Souvent à Chicago, parfois à Detroit. Maintenant, c’était en Écosse qu’ils gravitaient tous.
L’homme laissa son regard se porter sur sa cheminé et se rappela, cette fois, il n’essaya pas de stopper le souvenir, il avait compris le message et il le laissa glisser sur sa peau.
Ils avaient foutu le feu à un immeuble. Par vengeance, et il avait fait plus que contribuer. Il se souvenait encore de la discussion entre l’autre et le leader alors que le sale gosse lui passait un bandage sur les mains, dans une de leur planque à Detroit.
« T’es bien silencieux.
- t’as d’jà vu un mec comploter à voix haute ? »
C’était étrange, c’était la première fois qu’il avait eu cette rage sourde qui lui prenait la poitrine et la gorge. Le gosse en face de lui avait encore des traces de sang sur le visage, et la coupure à sa lèvre était encore sanguinolente. Ce dernier avait levé un sourcil quand il avait vu sa mine sombre :
« Ne me dis pas que t’étais inquiet pour moi ?
- Tu sais quoi le mioche ? J’adore le son que tu fais quand tu la fermes. »
Oui, il s’était inquiété. Parce que le mioche s’était fait pincer par de vieilles connaissances pas vraiment joviales, parce que le mioche avait manqué d’y passer, parce que le mioche a manqué de crever sous un éclair vert. Parce qu’elle s’était interposée et était encore inconsciente, parce que l’autre con avait chopé une belle balafre dans le dos, parce que le leader le bras cassé, parce que d’autres de leur groupe les avaient abandonnés. Parce que lui s’était senti un instant impuissant, parce qu’il sentit quelque chose se briser en lui quand la pensée de ne plus jamais lui avait frôlé l’esprit. Il avait frappé, il s’était brisé les poings, sa baguette avait manqué de se briser, mais il les avait ramenés. Ils étaient vivants, mais lui se sentait comme un animal blessé, comme ce tigre en cage qu’il avait vu dans un cirque en Europe.
Son esprit avait crié vengeance, ce n’était pas un désir animal, les animaux ne cherchent pas la vengeance. C’était humain, il se sentait faible et terriblement humain à cet instant. Et ils allaient se venger. Grâce à lui, à ses talents de chamanisme, ils avaient mis en place le plan parfait pour les forcer à rester dans l’immeuble, pour les prendre au piège comme les rats qu’ils étaient.
« Comment on saura qu’il n’y qu’eux et pas d’autres personnes à l’intérieur ?
- Est-ce que je te donne l’impression d’en avoir quelque chose à foutre ? »
C’était un immeuble désinfecté, qui servait surtout de planque pour ces sorciers, et il connaissait très bien l’endroit : ça avait aussi été chez lui. Ça n’a pas été dur de les faire flamber. Il savait que ce n’était pas quelque chose de « bien », mais il s’en foutait, il s’était préparé à ça. En revanche, il ne s’était préparé aux cris et à l’odeur de chair brûlée. Le gosse avait été à ses côtés, ce n’était pas eux qui avaient mis à proprement parler le feu, mais ils étaient tout aussi responsables, et pour une fois, l’homme n’avait pas repoussé le sale gosse quand il était venu se coller à lui.
C’était pour ça qu’il était parti. Parce qu’il ne savait pas quoi faire pour prendre en main ses sentiments. Alors il avait disparu quelques mois après cet événement. Deux ans. Pendant ces deux ans, le sale gosse avait fini son temps dans l’école de magie et était parti en Écosse. Elle avait continué à mener sa double vie, à jouer les belles-dames alors qu’elle vivait à la rue et avait fini par atterrir en Écosse. L’autre con s’était à peu près rangé, et commençait à faire son trou en Écosse. Le leader, il finissait son temps en prison, pour des faits qui n’avaient rien à voir avec leur crime, mais quand il était allé lui rendre visite, il parlait aussi d’Écosse. C’était hilarant. Lui, il était reparti en Mongolie. Quelques mois seulement, pour se rappeler. Il était parti voir les dragons, il les adorait ces bestioles, mais aussi tous les animaux qu’il admirait et admirerait toujours, fantastiques ou non. Il avait fait un détour à Shanghai aussi.
L’homme posa ses yeux sur les papiers sur sa table basse. Il y voyait le nom de l’université inscrit, ainsi qu’une signature. Il ferma les yeux et soupira.
Lui aussi avait fini par atterrir en Écosse. Tous les autres avaient eu une raison de venir ici et de s’y installer, étude, mariage, reprendre un business, et lui, c’était simplement parce qu’il avait envie. Parce qu’il avait entendu des histoires sur le coin, parce qu’une université signifiait savoir et savoir signifiait comprendre.
Il avait improvisé quelque chose en arrivant, il avait posé ses valises, et avait foncé à l’université d’Hungcalf. Il y avait une rumeur comme quoi il leur fallait un nouveau garde-chasse, alors il s’était lié avec son leader qui lui avait filé quelques papiers, mais aussi des astuces légales ainsi que des conseils pour se faire accepter. Et il s’était pointé chez le doyen, ça n’avait pas été facile, il avait aussi demandé des papiers en règle et après de nombreuses semaines, il emménageait comme le nouveau garde-chasse de l’université. C’était bizarre, il avait un chez lui. Quelque chose de stable, quelque chose de confortable, et surtout, il y avait des animaux tout autour de lui. Et des étudiants. Mais il ne faisait pas vraiment la différence parfois (il avait remarqué que les étudiants avaient une horloge biologique différente en fonction des saisons et des examens, comme les animaux).
Ce n’était pas simple, il impressionnait, il faisait peur parfois, il s’était montré aimable comme une porte de prison, des rumeurs circulaient tout le temps sur lui. Mais il s’y faisait. Il était tombé sous le charme de ce pays, même s’il ne savait pas combien de temps il comptait y rester.
L’homme, allongé sur son lit, pouvait voir son nom inscrit sur ses papiers officiels. Il sourit. Un sourire de sale gosse. Parce qu’il avait bien un nom. Un nom qui s’était lui-même attribué.
« Agvaanluvsanchoijinnyamdanzanvanchigbalsambuu.
- Pardon ?
- Agvaanluvsanchoijinnyamdanzanvanchigbalsambuu, ce n’est pas compliqué pourtant.
- Tu te fous de ma gueule ?
- Etes-vous en train d’insulter le nom qu’a jadis porté un de nos plus grands leaders spirituels monsieur ? »
Le policier l’avait fusillé du regard avant de vérifier que personne ne les écoutait. Ils étaient à d’Oulan-Bator, dans quelques heures, il devait partir. Partir à Shanghai. Il avait sa nouvelle amie enfoncée dans sa poche, mais il ne pouvait pas la sortir sous le nez de ce policier moldu. Ce policier moldu à qui il avait essayé de faire les poches, ce qu’il avait en parti réussi à faire avant de se faire choper.
Voilà comme il avait obtenu de ce nom, qu’il ressortait dans son intégralité que lors des grandes occasions (c’est-à-dire un contrôle judiciaire), sur un coup de tête. Comme presque toutes les décisions dans sa vie.
L’homme ferma les yeux sur cette pensée. Il avait passé sa vie à improviser, à vagabonder. Et étrangement, même s'il s’était peut-être paumé en chemin, mais il avait l’impression d’avoir vécu. Il pensa au bébé enveloppé dans son écharpe bleue, utilisé comme une vulgaire pièce de monnaie, il pensa au gosse qui avait volé une baguette, il pensa à l’ado aux poings abîmés dans les rues de Shanghai un pain farcis dans la bouche, il pensa à l'être de vengeance et au criminel qu’il était devenu, il pensa à la bête sauvage dans les forêts au Nord des Etats-Unis, il pensa au nouveau garde-chasse dans une université de magie à Hungcalf. Il en avait collectionné des aventures et des emmerdes pour un gosse qui aurait dû crever tôt.
Il s’étira de tout son long, ses griffes marquant légèrement le sol alors qu’il lâchait un long bâillement satisfait. Encore engourdi par le sommeil, le léopard se redressa lentement pour laisser place à la forme humaine, nu au milieu de sa salle. Il se souvenait encore de son rêve, un mélange confus entre montages et grattes ciels, quelques visages familiers et la sensation perpétuelle de déjà-vu. Il faisait nuit dehors, le soleil n’allait pas l’éclairer avant plusieurs heures, mais les rayons de la lune éclairaient encore le bric-à-brac qui lui servait d’habitation.
Son regard se posa sur l’endroit d’où il venait d’émerger : plusieurs draps formant une espèce de nid de tissus, et parmi eux, un que l’homme avait toujours eu avec lui : le Khadag, l’écharpe de prière bleue mongole. Il l’avait eu à sa naissance, il ne savait pas vraiment ce qu’il foutait encore avec, mais elle était utile pour sa magie. En soit, elle n’avait plus vraiment de valeur sentimentale à ses yeux, peut-être même n’en avait-elle jamais eu. Ce bout de tissu était-ce qui l’avait protégé du froid quand il avait servi de vulgaires monnaies d’échange avec un groupe de nomades rivaux ? Le nourrisson était né dans un des derniers groupes de sorciers nomades qui arpentaient les terres de l’Altaï à la rivière Khalkha, dans laquelle Mongolie. C’était une étrange époque pour ce pays, une époque où les noms de famille avaient disparu des papiers officiels et peu à peu des mémoires, il n’y avait plus que des prénoms, et pour le nourrisson qui venait de naître, c’était le début d’une vie sans identité.
Quel genre de gosse n’a pas de nom à sa naissance ? Le genre de gosse qui n’est pas désiré. Ou peut-être l’était-il, il ne savait pas, il s’en foutait, si ses parents avaient voulu le garder, ils l’auraient fait. C’était peut-être horrible à penser, mais jamais il ne pourrait oublier l’humiliation d’avoir été échangé contre quelques bêtes et la protection temporaire d’un chaman.
Il n’y avait que les bêtes sauvages qui n’ont pas de noms. Et ça leur convient. Alors l’enfant, à qui son clan adoptif ne s’était jamais attardé à lui donner un nom, surement par superstition, grandit le nez levé vers les montages de l’Altaï. Un animal ne s’embarrasse pas d’un nom, ça ne se prend pas la tête à vouloir imposer des cadres, c’est instinctif. Le petit garçon n’avait pas besoin de se présenter à un animal sauvage pour établir un contact avec lui, il ne voulait pas l’apprivoiser, il voulait juste voir, apprendre et comprendre. Très tôt, si tôt qu’il ne se souvenait pas d’une époque antérieure, il apprit à devenir physiquement la bête sauvage qu’il admirait plus que tout, le léopard des neiges. Oh, ce n’était pas un exploit de devenir un animagus, beaucoup d’enfants recevait cet apprentissage, mais peut-être était-il le plus précoce, le premier qu’on a réussi à faire entrer en transe pour facilité la transformation. L’enfant sans nom devait bien servir à quelque chose, à protéger les autres membres du clan. Oh, ça avait été douloureux, mais le pire avait été le retour à la vie humaine.
L’homme referma sa prise sur l’écharpe bleue, il ne s’était pas rendu compte qu’il l’avait saisie, plongé dans ses souvenirs. Il s’était laissé embarqué dans ses souvenirs. Parfois, sa Mongolie natale lui manquait un peu, la vie chez les nomades aussi, malgré tous le mal qu’il pouvait penser des personnes qui l’avaient « élevé », la simplicité et la logique pragmatique s’effaçaient souvent dans les autres endroits où il avait posé les pieds. Hé, c’était de la nostalgie qu’il avait à cet instant ? Il rit tout seul, se rappelant une discussion avec le sale gosse, après s’être paumés quelque part dans Chicago à force de courir après on se sait quelle connerie.
« T’es toujours aussi con et insensible ?
- Non. Parfois, la nuit, j’ai des sentiments. »
Il avait quel âge à cette époque ? Il ne se souvenait plus, de toute façon, il avait pris une date au hasard sur le calendrier pour lui servir de date de naissance. En revanche, il se souvenait encore de l’odeur de cigarette froide du gosse qui n’avait pas encore fini Ilvermory, il se souvenait qu’ils avaient été sous un ciel d’été, qu’il y avait un peu de tristesse dans l’air. C’était pourtant pas leur truc, d’être triste. Il se souvenait aussi de l’expression du gosse quand il lui avait répondu :
« Ok, le vieux, je vais attendre que le soleil se couche alors. »
L’homme rouvrit les yeux. Le gosse était en sûreté maintenant, pour l’instant. D’un revers de main, il chassa un autre souvenir qui voulait s’imposer à lui et couvrit enfin sa nudité en enfilant les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main, il attrapa aussi sa baguette. Encore aujourd’hui, il avait l’impression de la sentir pulser contre sa paume, se souvint du vieux marchand chez qui il l’avait récupérée.
« J’suis sensé en faire quoi, de ce vieux bout de bois ?
- Ce bout de bois est une baguette. Elle sert à maîtriser la magie.
- Je la maîtrise déjà moi, c’est une sorte d’accessoire pour les occidentaux ?
- Tout le monde l’utilise, c’est pour faire d’autres formes de magie, mais comme tu n’es pas intéressé, repose-là veux-tu, ce genre de baguette est vraiment précieuse et n’est pas pour les…
- Je la prends.
- Pardon ?
- Tu m’as entendu, et tu l’as dit toi-même, ce genre de truc choisit son sorcier, et il se trouve qu’elle semble réceptive. Donc, tu m’excuses bien, mais j’y vais.
- Mais… Tu n’es pas un… Et l’argent ?
- J’ai vraiment la gueule à me balader avec de l’argent ? »
Et il avait détalé dans les rues d’Oulan-Bator. Il l’aimait bien cette capitale, ville perdue au milieu de la nature. C’était la veille de son départ. Un jour avant de s’envoler, s’envoler vers la Chine, vers un nouvel endroit et il avait pour seuls bagages sa vielle écharpe et sa rage de vivre. Il était à peu près sûr d’avoir vers treize ans à ce moment, il s’en foutait un peu, mais il faut bien avoir quelques repères dans la vie. Maintenant, il avait gagné une nouvelle compagne, cette baguette ; il paraît qu’elle était rare, qu’un cœur en poils de Nian était réservé qu’aux princes. Et le gamin qu’il était alors se considérait comme un prince. Un prince qui survivait en chantant et en embrouillant l’esprit de ses spectateurs avec de vieux tours de passe-passe. Il devait juste être con à l’époque.
L’homme utilisa sa baguette pour aider à ranger le bordel qui l’environnait, le sommeil avait déjà déserté son corps. Il se réchauffa un pain farci, et le mâchonna. Son esprit, qui lui cassait les couilles à lui donner des flashbacks soudains et absolument pas bienvenus, lui murmura qu’il en avait mangé des meilleurs, à Shanghai, quelques semaines après son arrivée.
Il avait été frappé par cette ville, par son univers, d’une rue à l’autre, on passait d’un univers totalement différent même en étant moldu. Si on sortait d’un gratte-ciel, il suffisait de traverser la rue pour arriver dans le quartier aux maisons traditionnelles et de tourner au coin pour voir cohabiter les quartiers pauvres et les quartiers riches. Mais le jeune garçon avait surtout été marqué par l’ambiance particulière du quartier sorcier, les soirs d’hiver.
Il avait les joues pleines de ce pain farci qu’il avait réussi à se payer grâce à l’argent récolté ce jour-là, ainsi que plusieurs vieux livres en anglais et en chinois. Il s’était senti riche, en haut de l’immeuble sur lequel il passait ses nuits, chaque soir, il avait l’escalader pour pouvoir dormir en paix, avec quelques autres sorciers vagabonds comme lui. Il s’était senti riche de connaissance, il venait d’habituer sa langue à l’anglais et au mandarin, il avait appris vite, c’était la langue de la rue, mais avec ces livres, il en aller en savoir plus. Il avait entendu parler d’une école, dans une île au Japon, il aurait voulu y aller, mais cette école était élitiste et n’aurait jamais voulu d’un gosse dormant de squats en squats. Il était en pleine adolescence, il avait pris les sors qui lui passaient par la main et très vite, il sut tirer de ses talents et très vite, il s’était fait remarquer.
Comme toujours, il ne s’était pas facilement laissé approcher, ce genre de sorciers attirait que des emmerdes, trop gourmands pour se cantonner à un seul monde, toujours sur le point de dévoiler le secret si jamais la perspective était juteuse. Heureusement, ou malheureusement, l’adolescent n’avait pas d’avis à ce sujet, les autorités sorcières chinoises étaient particulièrement vigilantes à ce genre de dérives, raison de plus pour le garçon de ne pas s’y lier : sa situation était beaucoup trop irrégulière et fondée sur des faux papiers et des noms usurpés.
Pourtant, il y a cet homme, qui n’était pas du coin, qui lui avait fait découvrir le merveilleux monde des combats de rue. Des duels clandestins pour les sorciers, un jeu de poings pour les moldus, dans les deux cas l’adolescent avait vite fait ses preuves, malgré les nombres coups encaissés lors de ses premières confrontations. C’était bon, c’était l’adrénaline dans ses veines, dans sa bouche, l’instinct qui ne lui faisait jamais défaut. Ses opposants avaient la fâcheuse manie de viser sa gueule d’ange et celle-ci se teintait très vite de sang, qui n’était pas forcément le sien. Il frappait, mordait, sautait, ses sauts étaient hauts, aussi terrifiants que son expression au moment du coup final. Mais un soir, il y avait eu ce combat, contre un type, d’à peu près son âge. Comme lui, il avait débarqué de nulles parts, il n’avait pas vraiment la gueule de l’emploi, mais ses poings étaient aussi abîmés que les siens. Alors l’adolescent l’avait frappé, c’était le premier à avoir fait le premier pas, lui qui attendait habituellement une faille. C’était bizarre, il avait eu envie de déformer sa belle sale gueule. Ils s’étaient battus, poings contre poings bien que sorciers tous les deux. Et ils s’étaient amusés, amusés comme des fous, si bien que leur combat eût fini en éclat de rire. Il ne se rappelait plus de qui avait gagné, sa fierté lui chuchotait que c’était lui, mais rien n’était moins sûr. Ils avaient terminé sur l’immeuble où dormait l’adolescent, là où ils pouvaient voir son royaume, leur royaume, et leur trésor étaient de vieilles babioles volées, de vieux bouquins et des pains farcis.
L’homme attendit que la brûlure dans sa gorge disparaisse et allât de nouveau s’allonger, dans son lit cette fois. Il pouvait jurer entendre de la musique au loin, surement les Beer Flops ou il ne savait quelle association étudiante, et grogna fortement en se reconnaissant cette musique. C’était une malédiction ce soir, ces souvenirs qui ressurgissaient, pour essayer d’échapper à ça, pour s’enfuir de cet esprit humain qui lui marteler le cerveau, il laissa son corps glissait de nouveau dans la peau du léopard. Ce n’était pas une fuite, il voulait juste un peu de repos. C’était ce qu’il avait dit au gamin avant de partir. Avant de disparaître des mois. Ça lui avait appris à s’attacher à des humains. Ses yeux devenus animal rencontrèrent à travers la fenêtre ceux d’un chat, et ils s’observèrent en silence. Les animaux aussi mourraient, plus vite que les humains quelques fois, et parfois l’homme avait un léger pincement au cœur en retrouvant le corps d’une bestiole morte après avoir fait son temps. Mais c’était normal, c’était la nature, et l’esprit de l’animal continuait à exister dans la nature. Les proies étaient chassées, c’était comme ça, mais les humains avaient le drôle de délire de vouloir tout s’approprier et de vouloir tuer pour autre chose que se nourrir.
Il se souvint du regard que le sale gosse lui avait lancé quand il s’était éloigné vers la forêt, dans sa forme animale. Pourtant, il ne regrettait que très peu le temps passé ainsi, en léopard des neiges, à ne pas voir d’humain et à juste vivre en suivant son instinct. Ce n’était pas grave de vivre sans argent, de vivre sans rien d’autre que sa force. Personne pour s’apitoyer sur ton sort, pas de larmes à essuyer, pas de crises à raisonner, pourtant ça lui avait manqué un peu, ces cons lui avaient manqué. Juste un peu.
Il avait vu les saisons passer doucement, il avait oublié quelques passages de sa vie entre deux arbres, des rencontres filèrent avec les poissons dans la rivière sans qu’il ne fasse rien pour les rattraper, le temps faisait son tri, et ça lui allait.
Il observa ce chat à la fenêtre. Il entendit la musique au loin. Non, ça ne marchait pas de se transformer en animal. Car les yeux de ce chat avec la même forme que cette femme, et cette musique ressemblait à celle qu’il avait entendue autrefois, juste avant qu’une rage sourde ne le prenne.
Cette femme, il lui avait volé des bijoux, c’était leur première rencontre, un vol à l’arraché, le quotidien pour lui dans les rues de Chicago. Elle était jolie, elle l’était toujours, mais le jeune homme avait l’habitude des belles femmes et des belles formes. Ce qui l’avait surpris, c’est la facilité avec laquelle elle s’était glissée dans sa vie. Elle était comme lui, elle était comme eux, comme le sale gosse, comme l’autre con qu’il avait rencontré à Shanghai, comme celui qui lui avait foutu la passion du combat dans les tripes. Ils s’étaient tous liés, et personne ne savait vraiment ce qu’ils étaient, ce qu’ils représentaient. Les autorités pourraient dire un gang vu le bordel qu’ils foutaient, mais lui ne les voyait pas vraiment comme ça. Un clan ? Pas vraiment convainquant. Une famille ? Il n’avait pas vraiment d’éléments de comparaison. Il y avait un semblant d’organisation, sans que ce ne soit vraiment dit : celui qui organisait les combats était un peu devenu le leader, elle était celle qui vivait une double vie, mais veillait sur eux, le sale gosse était le sale gosse, et lui, il se servait de ses poings quand c’était utile. Elle l’avait remercié, une fois, de l’avoir aidé. C’était la première fois qu’il entendait un « merci » aussi sincère.
Ils n’étaient pas tout le temps ensemble, lui voyageait toujours autant, chacun avait ses exigences. Mais ils finissaient toujours par se retrouver. Souvent à Chicago, parfois à Detroit. Maintenant, c’était en Écosse qu’ils gravitaient tous.
L’homme laissa son regard se porter sur sa cheminé et se rappela, cette fois, il n’essaya pas de stopper le souvenir, il avait compris le message et il le laissa glisser sur sa peau.
Ils avaient foutu le feu à un immeuble. Par vengeance, et il avait fait plus que contribuer. Il se souvenait encore de la discussion entre l’autre et le leader alors que le sale gosse lui passait un bandage sur les mains, dans une de leur planque à Detroit.
« T’es bien silencieux.
- t’as d’jà vu un mec comploter à voix haute ? »
C’était étrange, c’était la première fois qu’il avait eu cette rage sourde qui lui prenait la poitrine et la gorge. Le gosse en face de lui avait encore des traces de sang sur le visage, et la coupure à sa lèvre était encore sanguinolente. Ce dernier avait levé un sourcil quand il avait vu sa mine sombre :
« Ne me dis pas que t’étais inquiet pour moi ?
- Tu sais quoi le mioche ? J’adore le son que tu fais quand tu la fermes. »
Oui, il s’était inquiété. Parce que le mioche s’était fait pincer par de vieilles connaissances pas vraiment joviales, parce que le mioche avait manqué d’y passer, parce que le mioche a manqué de crever sous un éclair vert. Parce qu’elle s’était interposée et était encore inconsciente, parce que l’autre con avait chopé une belle balafre dans le dos, parce que le leader le bras cassé, parce que d’autres de leur groupe les avaient abandonnés. Parce que lui s’était senti un instant impuissant, parce qu’il sentit quelque chose se briser en lui quand la pensée de ne plus jamais lui avait frôlé l’esprit. Il avait frappé, il s’était brisé les poings, sa baguette avait manqué de se briser, mais il les avait ramenés. Ils étaient vivants, mais lui se sentait comme un animal blessé, comme ce tigre en cage qu’il avait vu dans un cirque en Europe.
Son esprit avait crié vengeance, ce n’était pas un désir animal, les animaux ne cherchent pas la vengeance. C’était humain, il se sentait faible et terriblement humain à cet instant. Et ils allaient se venger. Grâce à lui, à ses talents de chamanisme, ils avaient mis en place le plan parfait pour les forcer à rester dans l’immeuble, pour les prendre au piège comme les rats qu’ils étaient.
« Comment on saura qu’il n’y qu’eux et pas d’autres personnes à l’intérieur ?
- Est-ce que je te donne l’impression d’en avoir quelque chose à foutre ? »
C’était un immeuble désinfecté, qui servait surtout de planque pour ces sorciers, et il connaissait très bien l’endroit : ça avait aussi été chez lui. Ça n’a pas été dur de les faire flamber. Il savait que ce n’était pas quelque chose de « bien », mais il s’en foutait, il s’était préparé à ça. En revanche, il ne s’était préparé aux cris et à l’odeur de chair brûlée. Le gosse avait été à ses côtés, ce n’était pas eux qui avaient mis à proprement parler le feu, mais ils étaient tout aussi responsables, et pour une fois, l’homme n’avait pas repoussé le sale gosse quand il était venu se coller à lui.
C’était pour ça qu’il était parti. Parce qu’il ne savait pas quoi faire pour prendre en main ses sentiments. Alors il avait disparu quelques mois après cet événement. Deux ans. Pendant ces deux ans, le sale gosse avait fini son temps dans l’école de magie et était parti en Écosse. Elle avait continué à mener sa double vie, à jouer les belles-dames alors qu’elle vivait à la rue et avait fini par atterrir en Écosse. L’autre con s’était à peu près rangé, et commençait à faire son trou en Écosse. Le leader, il finissait son temps en prison, pour des faits qui n’avaient rien à voir avec leur crime, mais quand il était allé lui rendre visite, il parlait aussi d’Écosse. C’était hilarant. Lui, il était reparti en Mongolie. Quelques mois seulement, pour se rappeler. Il était parti voir les dragons, il les adorait ces bestioles, mais aussi tous les animaux qu’il admirait et admirerait toujours, fantastiques ou non. Il avait fait un détour à Shanghai aussi.
L’homme posa ses yeux sur les papiers sur sa table basse. Il y voyait le nom de l’université inscrit, ainsi qu’une signature. Il ferma les yeux et soupira.
Lui aussi avait fini par atterrir en Écosse. Tous les autres avaient eu une raison de venir ici et de s’y installer, étude, mariage, reprendre un business, et lui, c’était simplement parce qu’il avait envie. Parce qu’il avait entendu des histoires sur le coin, parce qu’une université signifiait savoir et savoir signifiait comprendre.
Il avait improvisé quelque chose en arrivant, il avait posé ses valises, et avait foncé à l’université d’Hungcalf. Il y avait une rumeur comme quoi il leur fallait un nouveau garde-chasse, alors il s’était lié avec son leader qui lui avait filé quelques papiers, mais aussi des astuces légales ainsi que des conseils pour se faire accepter. Et il s’était pointé chez le doyen, ça n’avait pas été facile, il avait aussi demandé des papiers en règle et après de nombreuses semaines, il emménageait comme le nouveau garde-chasse de l’université. C’était bizarre, il avait un chez lui. Quelque chose de stable, quelque chose de confortable, et surtout, il y avait des animaux tout autour de lui. Et des étudiants. Mais il ne faisait pas vraiment la différence parfois (il avait remarqué que les étudiants avaient une horloge biologique différente en fonction des saisons et des examens, comme les animaux).
Ce n’était pas simple, il impressionnait, il faisait peur parfois, il s’était montré aimable comme une porte de prison, des rumeurs circulaient tout le temps sur lui. Mais il s’y faisait. Il était tombé sous le charme de ce pays, même s’il ne savait pas combien de temps il comptait y rester.
L’homme, allongé sur son lit, pouvait voir son nom inscrit sur ses papiers officiels. Il sourit. Un sourire de sale gosse. Parce qu’il avait bien un nom. Un nom qui s’était lui-même attribué.
« Agvaanluvsanchoijinnyamdanzanvanchigbalsambuu.
- Pardon ?
- Agvaanluvsanchoijinnyamdanzanvanchigbalsambuu, ce n’est pas compliqué pourtant.
- Tu te fous de ma gueule ?
- Etes-vous en train d’insulter le nom qu’a jadis porté un de nos plus grands leaders spirituels monsieur ? »
Le policier l’avait fusillé du regard avant de vérifier que personne ne les écoutait. Ils étaient à d’Oulan-Bator, dans quelques heures, il devait partir. Partir à Shanghai. Il avait sa nouvelle amie enfoncée dans sa poche, mais il ne pouvait pas la sortir sous le nez de ce policier moldu. Ce policier moldu à qui il avait essayé de faire les poches, ce qu’il avait en parti réussi à faire avant de se faire choper.
Voilà comme il avait obtenu de ce nom, qu’il ressortait dans son intégralité que lors des grandes occasions (c’est-à-dire un contrôle judiciaire), sur un coup de tête. Comme presque toutes les décisions dans sa vie.
L’homme ferma les yeux sur cette pensée. Il avait passé sa vie à improviser, à vagabonder. Et étrangement, même s'il s’était peut-être paumé en chemin, mais il avait l’impression d’avoir vécu. Il pensa au bébé enveloppé dans son écharpe bleue, utilisé comme une vulgaire pièce de monnaie, il pensa au gosse qui avait volé une baguette, il pensa à l’ado aux poings abîmés dans les rues de Shanghai un pain farcis dans la bouche, il pensa à l'être de vengeance et au criminel qu’il était devenu, il pensa à la bête sauvage dans les forêts au Nord des Etats-Unis, il pensa au nouveau garde-chasse dans une université de magie à Hungcalf. Il en avait collectionné des aventures et des emmerdes pour un gosse qui aurait dû crever tôt.
RÉSERVE TON AVATAR
- Code:
<bottin><span class="pris">●</span> <b>Shin Hoseok (Wonho)</b> ━ Avgaan Naranbaatar</bottin>
- Hungcalf UniversityΔ PNJ - Temple du Savoir Δ
- » parchemins postés : 5513
» miroir du riséd : castel hungcalf
» crédits : créateur du design (ava) tblr (gif)
» âge : fondée en 1318
» gallions sous la cape : 11067
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: wild prince ; i'm everything you can't control
Mar 4 Juil 2017 - 16:43
OOOOOH ! Le sexy garde-chasse mongol !
Mais j'aime déjà tellement ton personnage ! Ca promet !
Bon courage pour la rédaction de ta fiche mon bouchon !
Mais j'aime déjà tellement ton personnage ! Ca promet !
Bon courage pour la rédaction de ta fiche mon bouchon !
- InvitéInvité
Re: wild prince ; i'm everything you can't control
Mar 4 Juil 2017 - 16:45
rebienvenue bb
j'ai déjà hâte de voir l'entièreté de ton personnage, j'sens qu'il va envoyer du lourd
bon courage pour la suite de ta fiche
- InvitéInvité
Re: wild prince ; i'm everything you can't control
Mar 4 Juil 2017 - 17:38
Hum je ne ferai aucun commentaire sur le nom de ce nouveau perso mais j'ai qu'en même hâte de le voir naître bon courage ;)
- InvitéInvité
Re: wild prince ; i'm everything you can't control
Mar 4 Juil 2017 - 18:22
Rebienvenue sexy Flanders *--*
- InvitéInvité
Re: wild prince ; i'm everything you can't control
Mar 4 Juil 2017 - 20:11
Merci tout le monde
Prime ; sexy sexy merci en tout cas, je suis vraiment contente que l'idée te plaise je vais essayer de la finir le plus vite possible !
Mina ; je vais essayer d'en faire un truc bien classe et t'auras surement un pote animagus pour vagabonder dans les bois
Aïtana ; aucune remarque sur son nom non :xx:
Max ; bonjour bonjour
Au passage, si vous avez des liens en tête n'hésitez pas à m'envoyer des mps je suis preneuse !
Prime ; sexy sexy merci en tout cas, je suis vraiment contente que l'idée te plaise je vais essayer de la finir le plus vite possible !
Mina ; je vais essayer d'en faire un truc bien classe et t'auras surement un pote animagus pour vagabonder dans les bois
Aïtana ; aucune remarque sur son nom non :xx:
Max ; bonjour bonjour
Au passage, si vous avez des liens en tête n'hésitez pas à m'envoyer des mps je suis preneuse !
- InvitéInvité
Re: wild prince ; i'm everything you can't control
Mar 4 Juil 2017 - 20:21
Heeennn me réjouis de lire son histoire , reBienvenue et pis bonne chance
- James BlackthornADMIN ☽ ○ ☾ Ice child of Gaïa
- » parchemins postés : 1898
» miroir du riséd : Lucky Blue Smith
» crédits : ECK ou Google est mon ami
» multinick : L'hermine (Holly De L.) et le moineau (Luan N.) (RIP l'alligator (Aroha H.) et le Leprechaun (Adrian O'C.))
» âge : 25 ans (26/06/1998)
» situation : fiancé et amoureux (de plusieurs personne, chut)
» année d'études : 5e année
» options obligatoires & facultatives : Options obligatoires
• Botanique
• SACM
• Astronomie
Options facultatives
• Vol/Sport
• Potions
» profession : plus ou moins apprenti potioniste
» particularité : aucune mais cherche à apprendre l'occlumancie
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 932
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: wild prince ; i'm everything you can't control
Mar 4 Juil 2017 - 21:44
Rebienvenuuuuuue ! J'ai pas encore de lien précis en tête, mais je vais trouver t'inquiète ! Bon courage pour la fin de ta fiche en tout cas
– the best –
- InvitéInvité
Re: wild prince ; i'm everything you can't control
Mer 5 Juil 2017 - 0:11
bienvenue m'sieur l'garde chasse!
- InvitéInvité
Re: wild prince ; i'm everything you can't control
Mer 5 Juil 2017 - 17:12
Re-bienvenue sur le fofo
bonne chance pour ta fiche
bonne chance pour ta fiche
- Hungcalf UniversityΔ PNJ - Temple du Savoir Δ
- » parchemins postés : 5513
» miroir du riséd : castel hungcalf
» crédits : créateur du design (ava) tblr (gif)
» âge : fondée en 1318
» gallions sous la cape : 11067
Inventaire Sorcier
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Re: wild prince ; i'm everything you can't control
Dim 9 Juil 2017 - 20:10
bienvenue
dans ta nouvelle famille
★ Le Staff de Hungcalf a l'immense plaisir de te compter parmi ses
★ Lorsque la paperasse sera enfin bouclée, tu pourras enfin commencer tes rps, faire ta fiche de liens, lire quelques annexes ou bien développer l'histoire de ton personnage dans ta bibliothèque personnelle.
★ Si le quidditch est ta passion, n'hésite pas à agrandir les rangs de l'équipe de ta maison. Tu souhaites t'investir dans un club ou une association ? Alors viens donc en rejoindre un, c'est de ce côté. Tu peux également faire un tour du côté de notre marché aux liens pour te faire des amis ! *-*
★ Si tu te cherches un copain ou une idée de RP, n'hésite pas à passer dans notre roulette ! Et quand tu auras amassé plein de points, une boutique avec plein d'objets est à ta disposition ! *--*
Have fun sur Hung !
PS: DOUX JÉSUS !
C'est quoi ce personnage de folie làààààààààà ! JPP, j'suis en PLS, okay ?
Cette plume, cette histoire, ce perso J'aime TOUT.
T'es parfait, bon dieu !
PS: laisse tomber le mec qui a pas eut de chance dans la vie
- InvitéInvité
Re: wild prince ; i'm everything you can't control
Dim 9 Juil 2017 - 22:19
Yas
Merci à tout le monde et merci Prim pour tes compliments ça me va droit au cœur (oui, je ne lui ai pas fait une vie facile )
Merci à tout le monde et merci Prim pour tes compliments ça me va droit au cœur (oui, je ne lui ai pas fait une vie facile )
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