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Food first, family second • #Blackwood (Terminé)
Sam 16 Sep 2017 - 23:43
Réveil en sursaut. Respiration haletante. Rythme cardiaque irrégulier. Emma jaillit prématurément de son sommeil, comme on s’arrache d’un mauvais rêve. Se dégageant doucement de ses draps cotonneux, elle se dirigea mélancoliquement vers la fenêtre de sa chambre. Le soleil était déjà haut dans le ciel, Ethan ne tarderait bientôt plus à venir la chercher. Chaque samedi, il passait à son appartement à dix heures et cinquante-huit minutes, deux tasses de café à la main qu’ils partageaient plaisamment, relatant et décortiquant une à une leurs aventures hebdomadaires. Chaque samedi, ils quittaient, dans la précipitation, le domicile de la dernière-née à onze heures et trente-deux minutes, rejoignant d’un pas alerte le portoloin qui les mènerait tout droit dans la campagne écossaise. Chaque samedi, Emma manquait de peu son atterrissage, se relevant aisément, elle se cramponnait, dans la minute, à la main de son grand-frère afin de transplaner rapidement jusqu’à la résidence familiale. Midi sonnait. La porte du manoir s’ouvrait résolument laissant place à leur chère et tendre mère, un sourire radieux aux lèvres, se félicitant intérieurement de la ponctualité de ses enfants. Ou peut-être était-elle simplement soulagée que certains d’entre eux se donnent toujours la peine d’honorer les traditions familiales ? Chaque samedi, Emma s’asseyait sur le rebord de la béante fenêtre de sa chambre qui donnait sur la rivière sillonnant la ville. L’air frais venait lui caresser le visage et se mêler à ses longs cheveux, tandis qu’elle listait mentalement les sujets de conversation autorisés au cours du repas à venir. Cependant, aujourd’hui n’était pas un samedi comme les autres et cela, Emma s'apprêtait à le découvrir. Un vent puissant vint furieusement claquer sa chevelure en bataille sur ses joues meurtries. Elle s’apprêtait à refermer la lucarne d’un geste rapide lorsqu’elle aperçut son petit-duc, bravant la tempête pour lui délivrer son courrier. « Dépêche-toi Finn… » chuchota-t-elle. Une brise âpre et assassine refroidissait ses extrémités, alors qu’un léger goût soufré imprégnait sa délicate bouche, glissant le long de sa poitrine jusqu’à lui brûler désagréablement le cœur. Lorsque son minuscule volatile se posa sur son bras, Emma claqua vivement sa fenêtre, mettant aussitôt fin à ses silencieuses souffrances. Elle s’empara de la lettre que Finn gardait jalousement dans ses griffes et lui donna une poignée de miamhiboux pour le remercier de son courage.
Il fallait exactement quatre minutes et cinquante-et-une seconde à son petit-duc pour effectuer le trajet entre l’appartement de son frère et le sien. Ils s’étaient amusés à le chronométrer le jour où Emma s’était installée ici. Cela signifiait qu’il ne lui restait plus que onze minutes pour se préparer et trois minutes et neuf secondes pour rejoindre Ethan au lieu du rendez-vous. La benjamine sauta immédiatement sous la douche et parvint à se préparer en seulement huit minutes et quarante-cinq secondes. Profitant de ces infimes instants vaillamment gagnés, elle se précipita dans sa chambre pour rassembler ses affaires. Ta curiosité ne t’apportera rien de plaisant, Emma… Se figeant aussitôt, elle tenta de chasser la voix menaçante de Cedrella Blackwood de sa tête, rassemblant quelques parchemins récemment achetés, ainsi que sa gracieuse plume dans l’éventualité où une liste pourrait l’aider à délibérer. Si j’étais toi, j’abandonnerais ces petites manigances hâtivement. Cette voix l’avait hantée, traquée et tourmentée pendant des jours. Aujourd’hui ne ferait pas exception. Nerveuse, la dernière-née accourut en direction de sa commode, vidant un à un ses tiroirs, à la recherche de berlingots de fièvre ou de petits fours tourndelœil. Emma n’avait pas ouvert sa boite à flemme depuis des années, mais peut-être que celle-ci lui sauverait la vie, ou plutôt, la journée. Lorsqu’elle mit, enfin, la main dessus, elle réalisa qu’il ne lui restait plus que quelques pastilles de gerbe, En réalité, cela n’avait rien de surprenant puisqu’Emma détestait vomir. Peu importe. Elle n’avait aucune autre issue de secours. Mais, nous reparlerons de tout cela samedi prochain autour d’un délicieux repas. C’était donc pour cela qu’elle avait si mal dormi la nuit dernière, son inconscient avait essayé de l'alerter. Emma glissa ses sucreries dans son sac et quitta brusquement son appartement pour retrouver son frère. Elle avait accumulé énormément de retard et n’avait plus que deux minutes et vingt-huit secondes pour se rendre dans le centre-ville. Ce matin-là, Emma battit probablement son record de vitesse tant sa foulée fut rapide. Néanmoins, une fois parvenue au point de rencontre établi, elle comprit qu’Ethan s’était évaporé. Ce samedi était des plus étranges, indubitablement anormal. A défaut des probabilités, il semblait que les éléments extérieurs cherchaient à la prévenir du désastre qui s’annonçait. Jetant un bref coup d’œil à sa montre, la benjamine réalisa que la fine aiguille dorée supposée signaler la position de son frère ne cessait de s’agiter frénétiquement, incapable de se stabiliser ou ne serait-ce qu’indiquer la direction dans laquelle il pourrait se localiser. Emma soupira tristement, peut-être Ethan était-il en train de transplaner ? Elle ne s’était jamais interrogée sur l’exactitude de cet instrument lorsque ses ainés étaient en train de voyager. Ses prochaines recherches porteraient très certainement sur ce singulier problème. Véritablement inquiète, elle s’empressa de rejoindre le vieux journal qui lui servirait de portoloin. Elle devait retrouver son frère au plus vite, l'informer de ses découvertes et des menaces de leur mère. Emma apparut, quelques secondes plus tard, au beau milieu des Highlands. Contrairement à chaque samedi, elle ne loupa pas son atterrissage et toucha terre délicatement. Malheureusement, elle n’avait nullement le temps de se congratuler pour cet exploit. Le ciel était d’un gris sombre et épais, dissimulant intégralement le moindre rayon de soleil. Emma imaginait que midi n’allait plus tarder, elle devait absolument se dépêcher. La silhouette qu’elle entrevit au loin était, immanquablement, celle d’Ethan. Il s’approchait dangereusement de la demeure familiale, d’un pas mal assuré. Elle tenta de l’appeler à trois reprises, espérant le ralentir, mais cette violente brise matinale couvrait sa douce voix. Contrairement à chaque samedi, Emma ne put transplaner jusqu’à la maison. Un groupe de moldus armés de sacs à dos et bâtons de marche aux couleurs criardes avaient décidé d’effectuer une virée aux alentours du domaine des Blackwood. Ethan lui avait dit un jour que cela s’appelait « randonnée » et qu’il s’agissait d’un sport souvent prisé des personnes âgées. Emma dû alors se résoudre à ne pas utiliser la magie et à talonner son frère qui, fort heureusement, semblait ralentir à mesure qu’il s’approchait du manoir. « Ethan ! » l’appela-t-elle, désormais à quelques mètres de lui. « Ethan, attends ! Il faut que je te parle de quelque chose… » bafouilla-t-elle, parvenant enfin à le rattraper. « Em’ ! Je suis tellement dés… » commença-t-il avant de s’interrompre subitement. Contrairement à chaque samedi, la porte d’entrée s’ouvrit mollement, leur père les observait froidement. Si l’on était bien attentif, il était même possible de distinguer un léger mépris dans ses yeux. Les bras croisés sur son torse, il avait un air cinglant, sévère et autoritaire ancré sur le visage, son pied tapant furieusement le plancher du hall d’entrée. « Dépêchez-vous tous les deux ! Le repas a été servi il y a cinq minutes. » fulmina-t-il. Incapable de se disculper, Emma jeta un regard apeuré à son frère. Dans un silence coupable, elle se réfugia derrière Ethan qui se dirigeait vers la salle à manger. |
Pando |
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Re: Food first, family second • #Blackwood (Terminé)
Lun 30 Oct 2017 - 23:22
T'es en retard. Tu viens de te lever. Il te reste vingt minutes pour te préparer et faire le trajet jusqu'à la demeure des Blackwood. Facile. Mais pas aujourd'hui. Parce que t'es encore bourré de la veille. Les bouteilles vides sur ta table basse témoignent du taux d'alcool dans ton sang et de la façon dont tu as passé ta soirée et ta nuit passées. Tu dois avoir dormi trois heures. Plutôt deux. En fait, t'en sais rien. Parce que t'as trop bu. Parce que tu t'es endormi comme un déchet sans prendre la peine de mettre un réveil. Tu n'es pas prêt à passer une après-midi chez tes parents.
Vingt minutes. Un hibou rapide à ta soeur. Tu espères qu'elle ne t'en voudra pas. Mais tu ne peux pas la rejoindre. Tu vas être en retard. Et tu n'as pas envie qu'elle le soit. Toi, tu t'en fous si tes parents te hurlent dessus, parce que t'as l'habitude. Un peu de trop. Le vilain petit canard de la famille a plus l'habitude des reproches que des compliments. Elle, c'est la fille exemplaire que tout parent voudrait avoir. Disciplinée, polie, intelligente et cultivée. Tu te demandes encore comment elle arrive à être aussi calme et posée dans une famille aussi horrible. Toi, à chaque repas de famille, tu te retiens à ne pas exploser, à ne pas renverser la table devant laquelle tu t'assois. Quand tu entres dans la demeure des Blackwood, ton souffle est coupé. Tu as l'impression d'étouffer. Tu comptes les minutes. Tu comptes les secondes. La vitesse à laquelle ta mère et ton père mangent. Combien de bouchées par dizaine de minutes. Combien de temps prennent l'entrée, le plat et le dessert. T'en es arrivé à en faire une moyenne. Et tu comptes. Tu comptes combien de temps il te reste à chaque bouchée, à chaque parole. Tu ne les écoutes même plus. Tu hoches la tête à chaque remarque. Parce que, putain, t'en as rien à foutre de ce que racontent tes parents. Toujours les mêmes sujets. Toujours les bonnes notes d'Emma. Toujours les mêmes histoires sur les familles de sang-pur qu'ils détestent ou adorent. Toujours des remarques sur toi. Toujours des reproches. Toujours à ramener ton histoire avec Reagan. Comme si tu n'en souffrais pas assez. Ton père glisse environ six remarques sur cette demoiselle née-moldue que tu as côtoyée pendant deux ans. Six remarques où tu sers les dents. T'as envie de l'encastrer. Surtout depuis que tu sais que cet homme est tombé amoureux d'une sang-mêlée. Tu le détestes. T'as déjà insinué cette petite histoire qui t'a valu de voler contre un des murs du château.
Quinze minutes. T'es toujours dans le canapé, tu te frottes les yeux. T'arrives pas à te lever. T'es un déchet, Ethan. T'as aucune force et ta tête tourne à chacun de tes mouvements.
Treize minutes, tu arrives enfin à t'extirper de ton canapé. Il te reste treize minutes, mais tu prends le temps de lancer Walk Idiot Walk des Hives sur ton petit iPod moldu. Les premières notes résonnent. Tu lances un petit Recurvite afin que l'entièreté de ton appartement soit nettoyée. Si ta petite-soeur a envie de débarquer chez toi pour souffler un peu après le repas, tu préfères qu'elle ne découvre pas ta passion pour l'alcool. En fait, tu ne veux pas qu'elle la découvre. Parce qu'elle s'inquiéterait pour toi. Et t'en as pas envie. T'as pas envie qu'elle se prenne la tête à cause de toi et de la vie pourrie que tu mènes. Elle est loin de la vérité et ça te va. Tu le sais, qu'elle ne se doute de rien parce que tu lis régulièrement dans ses pensées. Quand t'es avec elle. Quand elle débarque chez toi pour jouer à la console ou pour discuter de tout et de rien. T'essaies de voir si elle se doute de quelque chose.
Douze minutes, un nouveau morceau se lance Dark Necessities des Red Hot. Tu te glisses sous la douche. Eau froide. Eau glacée. Il faut que tu te réveilles. Faut que tu paraisses potable aux yeux de ta soeur. Aux yeux de tes parents, t'en as un peu rien à foutre. Mais faut pas qu'Emma se demande ce que tu as fait de ta soirée pour avoir l'air aussi crevé. Tu sens encore les effets de l'alcool sur ton corps. T'es horriblement lent. Tu prends deux minutes à comprendre que t'es sous la douche. T'es vraiment un déchet, Ethan.
Huit minutes, tu finis de boutonner ta chemise, à moitié chiffonnée. Lonely Boy des Black Keys parvient à tes oreilles. Tu traverses ton appartement, ajoutant quelques pas de danse. Comme si tu n'étais pas assez en retard. Ta veste sur le dos, tu glisses une petite bouteille de scotch dans la poche intérieur.
Six minutes, tu décroches ton iPod des enceintes et tu ajoutes des écouteurs à ce dernier. Provocation. Parce que si tes parents découvrent ce joli petit objet, tu valseras aussi rapidement que ce dernier contre un mur. Et en mille morceaux. Toi, comme l'iPod.
Trois minutes. Transplanage. Mauvaise idée. Parce que t'es encore bourré. Pas besoin de te faire un schéma. Tu vas souffrir en arrivant. Tu fixes ton esprit sur la demeure des Blackwood, qui te donne déjà la nausée.
Tu arrives sur les lieux. Tu soupires. Tu n'en peux déjà plus. Parce que le voyage a été long et que des nausées font leur apparition. Guérir le mal par le mal. Tu sors la bouteille de ta poche, tu bois une gorgée pour la forme. Tu ranges rapidement cette merveille. Tes pas se ralentissent. Tu n'as pas envie d'entrer. T'as pas envie de pousser les portes de l'enfer. Tu sais que tu y es obligé. Tu tiens trop à ton appartement joyeusement payé par tes parents. Tu entends la voix d'Emma, elle se rapproche de toi, elle te rattrape. Elle te dit qu'elle doit te parler de quelque chose. Avant de la laisser continuer, tu t'excuses. Enfin, tu veux t'excuser. Parce que tu aperçois à la porte d'entrée votre père. Votre père vous ordonnant de rentrer. Tu lèves les yeux. Tu es déjà épuisé par ce repas de famille. Tu es le premier à franchir le pas de la porte sous le regard aimant de ton père. Sous le regard mécontent de ton père. Aimant ? Impossible. Il te déteste autant que les moldus. Mais faut pas t'inquiéter, parce que tu le détestes tout autant.
Tu te diriges vers la salle à manger. Le repas est dressé, tu grimaces. Tout ce que tu détestes est présenté sur la table. Encore un repas de folie qui t'attend. Tu subis ta famille et le repas désormais. Excellent. Ta mère est assise au bout de la table et ton père rejoint sa place de l'autre côté. Tu ne prends pas le temps de la saluer. Parce que tu t'en tapes. La seule personne qui parvient à attirer ton attention est celle de ton frère aîné, Caleb. Caleb est là. Impossible. "C'est quoi ce bordel ?" glisses-tu discrètement à l'oreille de ta soeur avant de vous installer. Aujourd'hui, tes moyennes étudiées pour savoir le temps de chacun des gestes de tes parents tombent à l'eau. Parce qu'il y a un invité en plus. Quelqu'un que tu n'as plus vu depuis longtemps.
Vingt minutes. Un hibou rapide à ta soeur. Tu espères qu'elle ne t'en voudra pas. Mais tu ne peux pas la rejoindre. Tu vas être en retard. Et tu n'as pas envie qu'elle le soit. Toi, tu t'en fous si tes parents te hurlent dessus, parce que t'as l'habitude. Un peu de trop. Le vilain petit canard de la famille a plus l'habitude des reproches que des compliments. Elle, c'est la fille exemplaire que tout parent voudrait avoir. Disciplinée, polie, intelligente et cultivée. Tu te demandes encore comment elle arrive à être aussi calme et posée dans une famille aussi horrible. Toi, à chaque repas de famille, tu te retiens à ne pas exploser, à ne pas renverser la table devant laquelle tu t'assois. Quand tu entres dans la demeure des Blackwood, ton souffle est coupé. Tu as l'impression d'étouffer. Tu comptes les minutes. Tu comptes les secondes. La vitesse à laquelle ta mère et ton père mangent. Combien de bouchées par dizaine de minutes. Combien de temps prennent l'entrée, le plat et le dessert. T'en es arrivé à en faire une moyenne. Et tu comptes. Tu comptes combien de temps il te reste à chaque bouchée, à chaque parole. Tu ne les écoutes même plus. Tu hoches la tête à chaque remarque. Parce que, putain, t'en as rien à foutre de ce que racontent tes parents. Toujours les mêmes sujets. Toujours les bonnes notes d'Emma. Toujours les mêmes histoires sur les familles de sang-pur qu'ils détestent ou adorent. Toujours des remarques sur toi. Toujours des reproches. Toujours à ramener ton histoire avec Reagan. Comme si tu n'en souffrais pas assez. Ton père glisse environ six remarques sur cette demoiselle née-moldue que tu as côtoyée pendant deux ans. Six remarques où tu sers les dents. T'as envie de l'encastrer. Surtout depuis que tu sais que cet homme est tombé amoureux d'une sang-mêlée. Tu le détestes. T'as déjà insinué cette petite histoire qui t'a valu de voler contre un des murs du château.
Quinze minutes. T'es toujours dans le canapé, tu te frottes les yeux. T'arrives pas à te lever. T'es un déchet, Ethan. T'as aucune force et ta tête tourne à chacun de tes mouvements.
Treize minutes, tu arrives enfin à t'extirper de ton canapé. Il te reste treize minutes, mais tu prends le temps de lancer Walk Idiot Walk des Hives sur ton petit iPod moldu. Les premières notes résonnent. Tu lances un petit Recurvite afin que l'entièreté de ton appartement soit nettoyée. Si ta petite-soeur a envie de débarquer chez toi pour souffler un peu après le repas, tu préfères qu'elle ne découvre pas ta passion pour l'alcool. En fait, tu ne veux pas qu'elle la découvre. Parce qu'elle s'inquiéterait pour toi. Et t'en as pas envie. T'as pas envie qu'elle se prenne la tête à cause de toi et de la vie pourrie que tu mènes. Elle est loin de la vérité et ça te va. Tu le sais, qu'elle ne se doute de rien parce que tu lis régulièrement dans ses pensées. Quand t'es avec elle. Quand elle débarque chez toi pour jouer à la console ou pour discuter de tout et de rien. T'essaies de voir si elle se doute de quelque chose.
Douze minutes, un nouveau morceau se lance Dark Necessities des Red Hot. Tu te glisses sous la douche. Eau froide. Eau glacée. Il faut que tu te réveilles. Faut que tu paraisses potable aux yeux de ta soeur. Aux yeux de tes parents, t'en as un peu rien à foutre. Mais faut pas qu'Emma se demande ce que tu as fait de ta soirée pour avoir l'air aussi crevé. Tu sens encore les effets de l'alcool sur ton corps. T'es horriblement lent. Tu prends deux minutes à comprendre que t'es sous la douche. T'es vraiment un déchet, Ethan.
Huit minutes, tu finis de boutonner ta chemise, à moitié chiffonnée. Lonely Boy des Black Keys parvient à tes oreilles. Tu traverses ton appartement, ajoutant quelques pas de danse. Comme si tu n'étais pas assez en retard. Ta veste sur le dos, tu glisses une petite bouteille de scotch dans la poche intérieur.
Six minutes, tu décroches ton iPod des enceintes et tu ajoutes des écouteurs à ce dernier. Provocation. Parce que si tes parents découvrent ce joli petit objet, tu valseras aussi rapidement que ce dernier contre un mur. Et en mille morceaux. Toi, comme l'iPod.
Trois minutes. Transplanage. Mauvaise idée. Parce que t'es encore bourré. Pas besoin de te faire un schéma. Tu vas souffrir en arrivant. Tu fixes ton esprit sur la demeure des Blackwood, qui te donne déjà la nausée.
Tu arrives sur les lieux. Tu soupires. Tu n'en peux déjà plus. Parce que le voyage a été long et que des nausées font leur apparition. Guérir le mal par le mal. Tu sors la bouteille de ta poche, tu bois une gorgée pour la forme. Tu ranges rapidement cette merveille. Tes pas se ralentissent. Tu n'as pas envie d'entrer. T'as pas envie de pousser les portes de l'enfer. Tu sais que tu y es obligé. Tu tiens trop à ton appartement joyeusement payé par tes parents. Tu entends la voix d'Emma, elle se rapproche de toi, elle te rattrape. Elle te dit qu'elle doit te parler de quelque chose. Avant de la laisser continuer, tu t'excuses. Enfin, tu veux t'excuser. Parce que tu aperçois à la porte d'entrée votre père. Votre père vous ordonnant de rentrer. Tu lèves les yeux. Tu es déjà épuisé par ce repas de famille. Tu es le premier à franchir le pas de la porte sous le regard aimant de ton père. Sous le regard mécontent de ton père. Aimant ? Impossible. Il te déteste autant que les moldus. Mais faut pas t'inquiéter, parce que tu le détestes tout autant.
Tu te diriges vers la salle à manger. Le repas est dressé, tu grimaces. Tout ce que tu détestes est présenté sur la table. Encore un repas de folie qui t'attend. Tu subis ta famille et le repas désormais. Excellent. Ta mère est assise au bout de la table et ton père rejoint sa place de l'autre côté. Tu ne prends pas le temps de la saluer. Parce que tu t'en tapes. La seule personne qui parvient à attirer ton attention est celle de ton frère aîné, Caleb. Caleb est là. Impossible. "C'est quoi ce bordel ?" glisses-tu discrètement à l'oreille de ta soeur avant de vous installer. Aujourd'hui, tes moyennes étudiées pour savoir le temps de chacun des gestes de tes parents tombent à l'eau. Parce qu'il y a un invité en plus. Quelqu'un que tu n'as plus vu depuis longtemps.
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Re: Food first, family second • #Blackwood (Terminé)
Mar 31 Oct 2017 - 11:49
► October 2017, demeure des blackwood senior | milieu de journée
Food first, family second
The Blackwood clan
" Comment çà, sur ordre du Département de la Justice magique ? " Elle fulmine la rouquine alors qu'il n'est qu'à peine midi tapantes. Depuis ce matin, elle était aux prises avec deux agents du ministère accompagnant une équipe de nettoyage venant vérifier l'état salubre de la taverne du troll. Une action assez étrange alors que la tenancière s’époumonait dans la cour d'entrée en brandissant un parchemin attestant que l'hygiène de son établissement avait déjà été contrôlé un mois plus tôt et que cette action n'était qu'une supercherie. Une supercherie visant à lui faire perdre son temps, son argent et assurément sa clientèle fidèle du samedi midi, soit tous ceux n'ayant pas de famille à proximité pour pouvoir festoyer ou faisant une halte avant d'aller vadrouiller gaiement dans les ruelles marchandes. " Allez donc rôtir sous la fourche de Salazar, vous et votre bureaucratie corrompue. Ca ne se passera pas comme çà." Elle ne dérage pas, la rouquine alors qu'elle les laisse entrer - comme si elle avait véritablement le choix - en croisant les bras et relisant la missive d'enquête. Un tel ordre ne pouvait venir que d'une seule personne. Une personne lui ayant déjà sommé par lettre de venir ce jour pour l'heure du repas. Une trêve étrange sentant l'embuscade à plein nez qu'elle avait tout simplement brûlé sans intention de répondre ou de se pointer. Mais maintenant... elle n'avait même plus de chez elle pour la journée - en espérant que cela ne prenne que la journée-. Faisant les cent pas devant son établissement recouvert d'une bâche magique, elle tente de se résonner et de trouver un autre moyen de faire passer cette colère déployant en elle mais aucune idée ne trouve receveur : hormis une. Une seule la faisant attraper ses affaires, ordonner à son second de surveiller les travaux d'un œil attentif et de rapporter toutes interventions suspectes et de la faire transplaner.
Elle ne prend même pas la peine de toquer contre le bois de la porte d'entrée, poussant cette dernière avec violence au fur et à mesure où ses ruminations contre ses parents fomenter avec force. L'elfe de maison, Winky, apparut alors dans un pop dans l'entrée, l'oreille alertée. " Miss, nous vous attendions... Miss ? Votre cape et votre sac, miss... " Winky a beau faire des courbettes et des révérences mielleuses, Effie les ignore royalement, passant à ses côtés sans la saluer ni même lui obéir. Les règles de convenance sont loin derrière elle, autant qu'elle ne le pensait de cette maison. Au vu du jour et de l'heure, il n'était pas difficile de savoir où se trouvaient les Blackwood. Les traditions imposaient un rituel scandé qu'elle avait été heureuse de quitter en un sens, profitant alors de ses premières grasses matinées ou l'envie toute simple de manger et boire autre chose qu'un repas traditionnel préparé par l'elfe de maison. Et le verre de whisky du samedi midi était un présent idyllique qu'elle ne troquerait pas. Bien qu'en contre-partie, elle n'avouerait jamais que les réunions de famille où le sentiment d'appartenance prime lui manquaient parfois.
Dans la salle à manger, on entend seulement la porte claquer contre un mur au loin signe que le dernier invité est arrivé. Le pas cadencé sur le parquet indique que l'invité porte des talons... et marche d'un pas rapide, voir énergétique. Le plop de l'elfe retentit. "Monsieur, Madame Blackwood, miss Blackwood est..." la pauvre elfe n'a pas le temps de terminer son annonce qu'Effie entre en trombe dans la salle à manger, faisant claquer la porte contre le mur, l'air furibonde. Pauvre elfe de maison, dernier oublié de la famille Blackwood qui tend pourtant à servir tous ses membres avec honneur et discrétion. Malgré les nombreuses menaces d'Effie quand elle était jeune, elle n'a jamais rien cafté aux parents sur ses sorties nocturnes. Elle est juste là, seul membre à demi-part fidèle et loyale jusqu'au bout de ses oreilles pointues. Traitée sans ménagement et qui devrait être définitivement libre de ses choix. Mais pour l'heure, Effie n'est pas revenue au manoir Blackwood pour sauver une pauvre âme en berne : elle est venue régler ses comptes. " Un contrôle d'hygiène par rapport à des puces de lits ? Dans un établissement de restauration, vraiment mère ? Vous n'avez pas trouver mieux cette fois-ci pour me mettre des bâtons dans les roues ?! " En hurlant, elle brandit l'ordonnance ministérielle ayant fait fermer son établissement ce jour, avant de poser brutalement son poing sur la table pour exprimer son mécontentement. " Savez-vous au moins qu'il est impossible d'avoir ce genre de nuisance là où il n'y a pas de lit ?! Ca ne vous dérange pas de gaspiller l'argent du contribuable pour des conneries pareilles ?! Tout çà pour me faire venir jusqu'ici. Mais qu'est-ce que vous voulez encore ? C'est vous qui m'avez mise à la porte et maintenant vous me sommez, non vous me contraignez à revenir. Décidez-vous ! " Elle fulmine, Effie, si bien que ses joues se teintent d'une couleur proche de celle de sa chevelure, plus lumineuse que Cedrella mais si identique. Mère et fille se ressemblent sur bien des points, autant du point de vue du tempérament que de l'apparence physique et pourtant, la dernière fois qu'un enfant Blackwood s'est rebellé de la sorte envers ses géniteurs fut le jour où Effie sortit définitivement de sa demeure en ne pensant ne plus jamais y remettre les pieds un jour - sauf en douce afin de reprendre ses affaires. Elle sait qu'elle est ici sur "convocation parentale" mais comme elle a perdu le droit d'être appelé "enfant de James et Cedrella Blackwood", ils avaient perdu le droit de la convoquer un stupide samedi de famille, journée où généralement elle recueillait en son antre les âmes esseulées comme elle. Elle en avait oublié la présence de sa fratrie, notamment avec le retour de Caleb, bien assis autour de la table et attendant en silence la suite des événements, surement eux-mêmes surpris par la venue de leur furie rousse. Les bras croisés sur sa poitrine, elle observe distraitement le couvert esseulé qui semble attendre preneur et arque un sourcil d'étonnement alors que ses doigts pianotent sur son avant-bras avec impatience. Bon repas les Blackwood !
CODE BY ÐVÆLING // groover par une licorne
- InvitéInvité
Re: Food first, family second • #Blackwood (Terminé)
Mer 1 Nov 2017 - 11:34
Les repas de famille, le bonheur !
Une seconde parait parfois l'éternité, trois ans sont passés comme un battement de cil. Je n'ai pas le temps de réaliser que ma merveilleuse aventure vient de prendre fin que je suis déjà de retour dans notre magnifique maison. Chouette alors. Je suis arrivé tôt dans la matinée, avant les premiers rayons de soleil, sac au dos et Rufus au pied - au grand bonheur de père d'ailleurs. Le plaisir des retrouvailles fut bref, quelques accolades discrètes et puis voilà, bon retour Caleb, je me sens déjà pris au piège, à la limite de la suffocation dans ces grands murs qui me sont pourtant si familier. Winky s'affaire à rendre ma chambre présentable, pourtant je n'y dormirais probablement même pas. Je préfère prendre mes distances avec la famille, garder cette part de moi qui est enfin apparue durant mes voyages et qui ne serait qu'anéantie une nouvelle fois ici, sous le poids des regards et des obligations. Emma et Ethan viendront déjeuner, comme d'habitude, enfin si tu t'en souviens encore. Discrètement je roule des yeux et soupire avant de répondre à notre mère Comment pourrais-je l'oublier mère ? Je me réjouis de les voir. Malgrè la sincérité de mes paroles quelque chose sonne faux, oui je suis heureux de les voir à nouveau après trois ans, mais j'ai aussi peur que cette absence ait changé les choses. Je me rends compte à présent que je n'ai pas donné beaucoup de nouvelles, que j'ai été relativement lâche, comme si je devenais autre chose qu'un Blackwood durant ces trois années, alors peut-être qu'à force je suis vraiment devenu une autre version de moi-même ? Et si cette version de moi-même ne plaisait pas à ma soeur ? Parce que oui, Emma est celle dont j'ai toujours été le plus proche, celle qui me connait certainement le mieux et donc celle qui me percera peut-être plus rapidement à jour.
Il me reste quelques heures avant l'arrivée des "E", je mets ce temps à profit pour faire le tour du domaine, mains dans les poches et le regard vide. Je voudrais tellement être ailleurs en ce moment, ne plus jamais devoir faire semblant. Je suis déjà fatigué alors que ça n'a même pas encore commencé. Rufus semble s'amuser de cette nouvelle découverte, le chien flaire chaque recoin du terrain, réagissant au son de ma voix quand je le rappelle, le vent se lève, une fine bruine commence à tomber, je n'ai pas envie que père trouve qu'il sent le chien mouillé en plus. Viens mon chien ! On rentre ! Je vois dans son regard un peu d'incompréhension, lui qui est habitué aux longues balades par tous les temps ne doit pas comprendre pourquoi est-ce que trois gouttes d'eaux écourtent son temps de jeu. Je soupire tout en souriant quand ma main lui caresse la tête Je te promet que je me rattraperais mon grand.. Nous rentrons dans la maison, prenant place dans le salon où se trouve déjà mon père avec un verre à la main, je n'ai pas besoin qu'il me le dise, je sais déjà qu'il regarde l'heure. Les "E" ont encore une heure pour arriver et lui est déjà occupé à scruter l'éventuel -probable- retard des cadets, finalement rien ne change. Tu devrais rendre visite à ta fiancée, elle sera ravie de ton retour, de même que ses parents. Je me laisse glisser un peu plus dans le canapé, retenant un soupire je me contente d'hocher la tête Kels est déjà au courant de mon retour père, elle était probablement la première à le savoir. Comme toujours En effet. Mon père semble satisfait, il me lance ce regard, celui qui veut dire c'est bien mon fils, ce regard qui me rend littéralement malade depuis des années. J'aimerais avoir le courage d'Effie, ou même d'Ethan, ça serait un bon début, mais mon courage à moi consiste à subir, à les protéger. Tant que nos parents auront ce qu'ils désirent ils seront plus cléments avec les autres. Enfin, sauf pour Effie, là c'est mort.
Il me reste un peu moins d'une heure pour me préparer, je monte dans ma chambre pour prendre une douche, je passe des vêtements, non pas la traditionnelle robe de sorcier que mes parents adulent tant, un simple jean et une chemise noire par-dessus. Je prends un moment pour me coiffer et fini par redescendre, onze heures quarante-sept, mais bordel vous êtes où ? Caleb ! Qu'est-ce que cette tenue ? Par Merlin, est-ce qu'ils vont me laisser une minute ? C'est un pantalon et une chemise mère, rien de bien extravaguant je vous assures. Tu es tellement plus beau avec ta belle robe Arghhh ! Mais non ! Je suis pris d'une furieuse envie de transplaner loin, très loin, mais midi sonne à l'horloge et je déglutis, ils ne sont pas encore là. Je réponds à notre mère par un sourire poli, profitant de l'annonce du repas servis pour disparaître plus rapidement qu'un esprit frappeur Courage Cal, ce n'est que pour quelques heures.
Les habitudes sont tenaces, je prends la place qui est la mienne depuis toujours, mes parents à chaque extrémité, je fais un rapide tour de table et remarque qu'il reste trois couverts dressés, trois ? Ethan et Emma oui, mais qui est le dernier ? Je croise le regard de Winky qui semble s'excuser, je regarde les places et retourne vers l'elfe qui baisse les yeux. Pour qui est cette dernière assiette ? Je ne poserais pas la question parce que je n'ai probablement pas envie d'avoir la réponse, pourtant mes parents semblent exaspéré de voir ce couvert supplémentaire. Je n'y comprends plus rien, à croire que je viens de passer dans un autre monde. Tout était tellement plus simple à l'autre bout de la terre. Père se lève et prend la direction de l'entrée d'où je l'entends dire que le repas est servi, il faut toujours qu'il exagère, c'est plus fort que lui, il ne pourrait pas leur laisser deux minutes de répits ? Je passe une main déjà las sur mon visage et me tourne vers la porte avec une espèce de petit sourire sur le visage surprise les gars !. Je vois Ethan murmurer quelque chose à Emma et je fais la moue, ils sont heureux de me voir dis-donc ! Les "E" sont à peine installés, une furie rousse débarque dans la pièce hurlant à qui veut l'entendre les injustices qui lui sont faite, s'en est trop, je ne peux retenir un petit rire rien ne change... Dans un regard j'incite notre père au calme, je n'ai pas envie de dispute aujourd'hui, c'est entre Effie et notre mère, mais j'aimerais ne pas subir leurs foudres s'il vous plait, puisque tout le monde est là, on pourrait essayer une trêve de quelques heures ? Je vous en pries ...
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Re: Food first, family second • #Blackwood (Terminé)
Sam 4 Nov 2017 - 1:13
En pénétrant dans la salle à manger, son anxiété s’évapora un court instant: onctueuses soupes de légumes, délicieuses grillades de faisan, pommes de terre rissolées et chou-frisé légèrement caramélisé envahissaient la majestueuse table autour de laquelle Ethan et Emma prenaient place. Une fois de plus, leurs parents avaient encore vu les choses en grand, ils ne pouvaient se l'en empêcher. Chaque samedi était plus fastueux, plus exubérant et excessif que le précédent. Et chaque samedi, leur elfe de maison s’affairait en cuisine pour combler les moindres désirs et caprices de leurs géniteurs. Les yeux à demi-clos, la dernière-née se laissait submerger par ses exquises saveurs qui avaient bercé son enfance. Un sourire se dessina sur ses douces lèvres alors que son frère se penchait vers elle pour lui murmurer une interrogation : « C’est quoi ce bordel ? » Surprise, Emma sortit de ses songeries et, pour la première fois depuis le début de repas, releva la tête pour y apercevoir… Caleb ! Aussitôt, son corps se crispa, ses doigts s’enroulant férocement autour de ses couverts afin de contenir au mieux sa rancune, afin de ne pas exploser, pas tout de suite en tout cas. « Donne-moi une seule bonne raison de ne pas planter ma fourchette dans son coeur… » chuchota-t-elle à l’oreille d’Ethan. Comme si toute sa douceur s’était envolée, elle dévisageait l’ainé de la fratrie. Qu’il ose ouvrir la bouche et elle lui sauterait à la gorge pour l’avoir abandonné de la sorte. C’est à ce moment qu’une femme à la crinière flamboyante surgit au sein de la demeure familiale. Hurlant sa haine et brandissant farouchement un parchemin ministériel à qui voulait bien l’apprécier. Des années qu’elle n’avait pas mis les pieds ici et néanmoins il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait d’Effie, sa grande-soeur aussi libre et indépendante qu'une impétueuse brise automnale. Sa seule présence suffit à Emma pour comprendre ce qu’il allait se passer, des reproches, des injures et des lamentations. Ce repas va virer au cauchemar… pensa-t-elle en se mordillant la lèvre. Trop absorbée par ses pensées, elle distinguait mal les remontrances de son ainée. Visiblement, il était question d’un contrôle d’hygiène sans queue ni tête, d’argent jeté par les fenêtres et, comme toujours, d’abandon. Indubitablement l’oeuvre de leur mère, sa position au Ministère de la Magie lui permettant d’imposer sa terrible volonté comme bon lui semblait. Les larmes lui montaient aux yeux alors qu’elle commençait à percuter que tout ceci était sa faute à elle. Tous, ici présents, allaient subir le courroux de leurs parents pour les dangereuses recherches qu’elle avait mené tout l’été. Je me déteste… Je me déteste tellement. J’aurais dû parler de tout ceci avec Ethan plus tôt, beaucoup plus tôt… se répétait-elle intérieurement. Plaçant sa main tremblotante sur le genou d’Ethan, Emma espérait ainsi attirer l’attention de son frère. Néanmoins, il semblait ailleurs, probablement déjà réfugié dans sa citadelle impénétrable, celle qu’il se construisait chaque samedi afin d’encaisser les critiques de son père sans broncher. C’est le léger ricanement de Caleb, le regard ferme et presque autoritaire qu’il lança à leur père qui apporta momentanément le silence entre les murs du manoir. « S'il vous plait, puisque tout le monde est là, on pourrait essayer une trêve de quelques heures ? Je vous en prie. » dit-il de ce ton paisible qui le caractérisait tant. Au moins, certains traits de sa personnalité n’avaient pas été altérés par son périple autour du monde. Une bonne chose en soit, et pourtant… La benjamine ne put retenir la bête féroce qui sommeillait en elle, éprouvant bien trop de rancune, de ressentiment à l’égard de cet homme qui avait placé son bonheur avant celui de sa famille. Si Effie était assez forte pour se tirer d’affaires, s’éloigner de ce tourment qui était le leur, Ethan et Emma avaient , quant à eux, sombré dans la perversité de leurs parents, année après année. Sa réplique fut froide et cinglante: « Tu disparais pendant trois ans sans donner de nouvelles et tu te permets de nous donner des conseils ? Pour qui tu… » Le poing que leur père écrasa violemment sur la table l’interrompit dans son élan. « Assez ! » articula sèchement leur mère, fusillant Emma du regard pour son écart de conduite. D’un claquement de doigts, leurs assiettes se remplirent copieusement et tous savaient que cela signifiait que ces amères discussions étaient désormais closes. Joignant ses mains puissantes à son coeur, James proféra d’une voix grave ces paroles que les Blackwood connaissaient par coeur : « Bénissez-nous, Merlin, nous et notre sang-pur, ainsi que le repas que nous nous apprêtons à partager. Et, faites-nous en la grâce de bien user de notre puissance, de nos richesses et de notre supériorité sur les autres familles de sorciers pour votre gloire et pour notre salut. » Leur père était à l’affût de la moindre réaction de la part d’Ethan. Il savait très bien que ces mots-là le faisaient toujours enrager, rappel cruel de son histoire avec Reagan Bale. Une provocation. Cedrella leva son verre vers le ciel et tous, sauf Effie qui soupirait bruyamment, les bras croisés sur sa poitrine, répétèrent en coeur : « Succès et rigueur ! » L’entrain était plus ou moins partagé autour de la table, mais il fallait faire bonne figure, ne pas attirer leurs foudres, pas maintenant. D’un coup de baguette, leur mère recula légèrement la chaise que sa fille ainée avait longtemps occupé, une invitation, pour ne pas dire un ordre, à s’asseoir au plus vite. Elle poursuivit d’une voix insensible et austère: « James et moi-même vous avons convié ici afin de mettre au clair certains points quand à ce que la précellence que votre nom implique. Le premier sera bref. Certains clans de sorciers, ennemis de notre famille, ont refait surface sur notre territoire… L’un d’entre eux nous venant tout droit de Suède. Nous vous demanderons, par conséquent, de vous tenir loin de cette… Vermine. » Portant sa coupe de champagne à ses lèvres, c’est leur père qui prit ensuite la relève : « Le deuxième point concerne votre petite-soeur, Emma. Enfant modèle, elle nous a, malheureusement, beaucoup déçu au cours de l’été… » La douce déglutit difficilement, toutefois incapable de dire quoi que ce soit, de se défendre. Ils vont me détruire, me mettre à la porte comme ils l'ont fait avec Effie... Toutes ces années à les rendre fiers, en vain. Si seulement Ethan était au courant, il m'aurait protégé. Et ce mensonge... Pourquoi a-t-il fallu que je mentionne Effie ? Elle n'est au courant de rien. Leur père s’interrompit brusquement. Une assiette remplie de soupe venait de voler furieusement à travers la pièce. |
Pando |
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Re: Food first, family second • #Blackwood (Terminé)
Ven 24 Nov 2017 - 0:17
Impossible, te dis-tu. Tu te crois clairement dans un monde parallèle. Ton frère est déjà assis à table et ta grande soeur débarque et dans sa splendeur se présente avec une jolie petite remarque que tu attendais depuis tellement de temps. Tu rêvais de ce repas depuis bien longtemps. Revoir Effie dans le château des Blackwood. Quelques étincelles manquaient à ces repas ennuyeux. Un sourire amusé apparaît sur ton visage. Un sourire. Un véritable sourire se dessine sur tes lèvres. Cela fait longtemps que tu n'as pas décroché un sourire à ces repas de famille. C'est le bordel. Et ça t'amuse. Ce soir, tu ne seras pas le souffre-douleur de ton père. Ton frère supplie le reste de la famille de faire une trêve, le temps du repas. Tu lèves les yeux. Tu espères plutôt que ça s'enflamme un peu plus. Tu sens la main de ta soeur, tremblotante sur ta cuisse. Mais faut dire que tu es plus attiré par les pensées de tes parents et de ton frère pour prêter attention à Emma. Lire dans leurs pensées rajoute un peu de piment. Savoir ce qu'ils pensent et comparer à ce qu'ils disent : un pur bonheur. T'as toujours ce sourire au bout des lèvres qui doit sûrement te rendre insupportable. Tu le sens, le regard de ton père. Insistant. Il te regarde. Tu le sens et à la place d'avoir peur, tu continues à sourire, à prétendre n'avoir pas senti son regard pesant. Ta soeur répondit aux supplications de ton frère. Tu te tournes vers elle, étonné de sa réponse si agressive envers votre frère. Tu savais qu'elle avait une dent contre lui depuis son départ. Mais tu pensais que cette haine s'était dissipée depuis le temps. Depuis toutes ses années sans Caleb. Mais non. Ton père fit cesser cette conversation avec violence. Comme à son habitude. Son poing s'écrase sur la table, distinctement et sèchement il fit comprendre que la conversation était terminée.
D'un claquement de doigt, ton assiette se remplit et une grimace fit disparaître ton sourire amusé. Génial... te dis-tu. Tu as l'impression que ton père fait exactement tous les plats que tu détestes. Chaque semaine, tu décortiques chaque élément de ton assiette et tu essaies, avec difficulté, à avaler chacun d'eux.
"Bénissez-nous, Merlin, nous et notre sang-pur, ainsi que le repas que nous nous apprêtons à partager. Et, faites-nous en la grâce de bien user de notre puissance, de nos richesses et de notre supériorité sur les autres familles de sorciers pour votre gloire et pour notre salut." Tu restes impassible, tu sens le regard de ton père sur toi. Insistant. Attendant la moindre réaction de ta part. La seule chose que tu fais est de serrer tes poings sous la table. Les bénédictions terminées, tu regardes ton assiette, cuillère en main, essayant de déduire ce qui se trouvait dans ton assiette. Une soupe verdâtre. La soupe tirait plus une sale gueule que toi. Elle ne te donne pas vraiment envie. Tu grimaces. Ca a l'air vraiment dégueulasse. te dis-tu.
Ta mère commence à parler. Et tu ne l'écoutes pas. Parce que t'en as rien à foutre. Et aujourd'hui, ta tête te dit également non. La voix stridente de ta mère t'exaspère et augmente ton mal de crâne. Tu poses ta tête dans l'une de tes mains, et tu fais tourner ta cuillère dans cette immonde soupe. Sans en boire une seule gorgée. Ta mère continue à parler et tu ne l'écoutes toujours pas. C'est toujours comme ça avec toi. T'en as strictement rien à foutre de ce que tes parents disent aux repas. La seule chose que tu fais est de compter leur temps de parole et de calculer combien de temps il te reste à être assis à côté du Diable en personne. Ton père. Et justement... ce dernier enchaîne. "Le deuxième point concerne votre petite-soeur, Emma. Le prénom de ta petite soeur parvient à tes oreilles et tu te redresses immédiatement sur ta chaise. Impossible qu'ils parlent d'elle. Enfant modèle, elle nous a, malheureusement, beaucoup déçus au cours de l’été…" Tu écoutes la fin de la phrase et tu t'étonnes. Déçue ? Emma ? Décevoir tes parents ? Ce n'est pas possible. Emma a toujours été une fille exemplaire, une enfant modèle. Et tu l'as toujours admirée pour cette rigueur et la patience qu'elle accordait à vos parents.
Tu te tournes vers ta soeur. Elle a l'air totalement perdue. Tu te concentres et tu parviens à lire en elle. Tu l'entends. Elle est paniquée, perdue, inquiète... Elle a peur. Peur que vos parents la détruisent, la mettent à la porte. Tu n'aimes pas voir ta petite soeur dans cet état. T'es un peu le cliché du grand frère protecteur, mais tu as seulement envie qu'elle soit heureuse : tu ne peux pas réellement la protéger de votre famille, alors tu la protèges sur d'autres plans. Tu n'as pas envie que ce repas soit un cauchemar pour elle. T'as l'habitude de t'en prendre plein la gueule. T'as l'habitude. Et ça te va. Parce que t'as pris l'habitude de ne plus écouter tes parents. Leurs paroles, leurs critiques ne te touchent plus. Mais ils n'ont pas le droit de toucher à ta soeur. T'as envie de la sauver de ce règlement de compte qui allait, sûrement, être chaotique pour elle. Ta réaction est de marmonner un sort avant d'avaler ta coupe de champagne cul sec. Ton assiette valse, traverse la table et finit par s'écraser contre le mur. Tu es déçu : tu espérais que cette dernière s'écrase contre la figure de ton paternel plutôt que le mur. Le mur ne le mérite pas. Ton père oui. "Je suis désolé, mais j'ai préféré m'en débarrasser. Je pense que je suis allergique à cette chose immonde. Ça commençait à me filer des boutons." Excuse de merde. Si t'étais pas encore bourré de la veille, t'aurais sûrement trouvé une meilleure excuse. Tu regardes, du coin de l'oeil Emma. T'allais en prendre plein la gueule, mais tu es rassuré : parce que ça allait être toi désormais, pas ta petite-soeur.
D'un claquement de doigt, ton assiette se remplit et une grimace fit disparaître ton sourire amusé. Génial... te dis-tu. Tu as l'impression que ton père fait exactement tous les plats que tu détestes. Chaque semaine, tu décortiques chaque élément de ton assiette et tu essaies, avec difficulté, à avaler chacun d'eux.
"Bénissez-nous, Merlin, nous et notre sang-pur, ainsi que le repas que nous nous apprêtons à partager. Et, faites-nous en la grâce de bien user de notre puissance, de nos richesses et de notre supériorité sur les autres familles de sorciers pour votre gloire et pour notre salut." Tu restes impassible, tu sens le regard de ton père sur toi. Insistant. Attendant la moindre réaction de ta part. La seule chose que tu fais est de serrer tes poings sous la table. Les bénédictions terminées, tu regardes ton assiette, cuillère en main, essayant de déduire ce qui se trouvait dans ton assiette. Une soupe verdâtre. La soupe tirait plus une sale gueule que toi. Elle ne te donne pas vraiment envie. Tu grimaces. Ca a l'air vraiment dégueulasse. te dis-tu.
Ta mère commence à parler. Et tu ne l'écoutes pas. Parce que t'en as rien à foutre. Et aujourd'hui, ta tête te dit également non. La voix stridente de ta mère t'exaspère et augmente ton mal de crâne. Tu poses ta tête dans l'une de tes mains, et tu fais tourner ta cuillère dans cette immonde soupe. Sans en boire une seule gorgée. Ta mère continue à parler et tu ne l'écoutes toujours pas. C'est toujours comme ça avec toi. T'en as strictement rien à foutre de ce que tes parents disent aux repas. La seule chose que tu fais est de compter leur temps de parole et de calculer combien de temps il te reste à être assis à côté du Diable en personne. Ton père. Et justement... ce dernier enchaîne. "Le deuxième point concerne votre petite-soeur, Emma. Le prénom de ta petite soeur parvient à tes oreilles et tu te redresses immédiatement sur ta chaise. Impossible qu'ils parlent d'elle. Enfant modèle, elle nous a, malheureusement, beaucoup déçus au cours de l’été…" Tu écoutes la fin de la phrase et tu t'étonnes. Déçue ? Emma ? Décevoir tes parents ? Ce n'est pas possible. Emma a toujours été une fille exemplaire, une enfant modèle. Et tu l'as toujours admirée pour cette rigueur et la patience qu'elle accordait à vos parents.
Tu te tournes vers ta soeur. Elle a l'air totalement perdue. Tu te concentres et tu parviens à lire en elle. Tu l'entends. Elle est paniquée, perdue, inquiète... Elle a peur. Peur que vos parents la détruisent, la mettent à la porte. Tu n'aimes pas voir ta petite soeur dans cet état. T'es un peu le cliché du grand frère protecteur, mais tu as seulement envie qu'elle soit heureuse : tu ne peux pas réellement la protéger de votre famille, alors tu la protèges sur d'autres plans. Tu n'as pas envie que ce repas soit un cauchemar pour elle. T'as l'habitude de t'en prendre plein la gueule. T'as l'habitude. Et ça te va. Parce que t'as pris l'habitude de ne plus écouter tes parents. Leurs paroles, leurs critiques ne te touchent plus. Mais ils n'ont pas le droit de toucher à ta soeur. T'as envie de la sauver de ce règlement de compte qui allait, sûrement, être chaotique pour elle. Ta réaction est de marmonner un sort avant d'avaler ta coupe de champagne cul sec. Ton assiette valse, traverse la table et finit par s'écraser contre le mur. Tu es déçu : tu espérais que cette dernière s'écrase contre la figure de ton paternel plutôt que le mur. Le mur ne le mérite pas. Ton père oui. "Je suis désolé, mais j'ai préféré m'en débarrasser. Je pense que je suis allergique à cette chose immonde. Ça commençait à me filer des boutons." Excuse de merde. Si t'étais pas encore bourré de la veille, t'aurais sûrement trouvé une meilleure excuse. Tu regardes, du coin de l'oeil Emma. T'allais en prendre plein la gueule, mais tu es rassuré : parce que ça allait être toi désormais, pas ta petite-soeur.
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Re: Food first, family second • #Blackwood (Terminé)
Mer 29 Nov 2017 - 21:48
Les repas de famille, le bonheur !
Après trois ans d'absence je ne m'attendais pas à ce qu'ils me sautent au cou, mais tout de même. Emma et Ethan prennent place, je les vois se murmurer des choses et je sens une pointe d'agacement poindre en moi, avant c'était avec moi qu'elle murmurait de la sorte. Le stress que m'a causé mon retour n'était rien comparé à ce que je ressens maintenant, ils sont ce que j'ai de plus précieux et ils ne sont pas un soutien, je le vois dans leurs regards, c'est foutu. L'arrivée d'Effie me donne un peu de répit et me permet de constater un sourire naissant sur le visage d'Ethan. La hyène se repaît du spectacle. Je passe une main lasse sur mon visage, maintenant je sais pourquoi ils ne m'ont pas manqué ! Effie s’énerve et puis j'essaie d'intervenir en sa faveur, j'essaie d'apaiser les choses quand je me prends une remarque cinglante. La voix si douce de ma soeur vient de se transformer en une arme cinglante, je suis abasourdi, presque choqué, je trébuche dans ma respiration et quand mon regard croise enfin le sien l'amertume que j'y lis me fait terriblement mal je suis tellement désolé Emma, si tu savais ... Je ne reprends pas, ni pour elle, ni pour Effie, ni pour mes parents, je reste simplement stoïque et silencieux, je n'ai rien à dire pour ma défense, rien qui ne conviendrait à mes parents en tout cas et je ne suis pas même sûr que ça conviendrait à ma soeur.
Les assiettes se remplissent, je n'ai pas faim, mais je serais obligé de manger. Les paroles de la bénédiction m'étaient sorties de la tête durant ces dernières années, mais comme une ritournelle de l'enfance, elles me reviennent presque naturellement, sans effort. J'ai envie de partir loin, mais les hostilités reprennent et l'ordre du jour n'est autre qu'Emma. WHAT ? Mon regard se tourne vers ma petite soeur si parfaite, qu'est-ce qu'elle pourrait avoir fait pour attirer ainsi les foudres de nos parents ? Je m'inquiète pour elle, on sait tous ce que ça donne quand nos parents sont contrariés, Effie en à suffisamment fait les frais et jamais je ne tolérerais que ça arrive à Emma, elle n'est pas assez forte pour supporter d'être mise à l'écart. Nous n'avons pas tous le courage de notre furie rousse. Je sursaute quand j'entends le fracas de l'assiette entrant en contact avec le mur, je n'ai pas besoin de regarder, je sais que c'est Ethan qui fait diversion et un sourire illumine mon regard, il est toujours prêt à tout pour éviter à Emma de prendre cher. Il est rodé lui. L'assiette qui à frôler notre père déchaîne sa colère et je secoue la tête en levant les yeux au plafond par Merlin, sortez moi de là ! J'en ai marre d'entendre tout le monde s'engueuler, je dois faire un effort surhumain pour ne pas transplaner et retourner au milieu de ma forêt canadienne.
- InvitéInvité
Re: Food first, family second • #Blackwood (Terminé)
Mer 6 Déc 2017 - 18:56
Il s’était sacrifié pour elle, une fois de plus. Néanmoins, elle ne s’attendait pas à ce qu’il aille si loin, son frère, son protecteur. Ethan avait manqué leur père de si peu, son assiette creuse s'écrasant violemment à quelques centimètres de son visage dur. Sa réaction serait d’une violence incommensurable et Emma en tremblait déjà. Discrètement, elle s’empara des doigts de son frère, déposant dans sa paume les quelques pastilles de gerbe qu’elle avait mis de côté en cas d’urgence. Après cet acte aussi héroïque qu’inconscient, il ne fait aucun doute qu’il aurait certainement besoin d’un échappatoire. Un craquement. Winky s'empressa de faire disparaître les souillures aux murs et de collecter les fragments de porcelaine, sans un bruit. Pauvre créature assujettie… Dire qu’elle était habituée à cette véhémence et ces emportements, certainement persuadée qu’il s’agissait d’un comportement naturel pour des sorciers de leur envergure. Menaçant, James se redressa brusquement, sa baguette dangereusement pointée sur son insolent de fils. Non… Elle ne le laisserait pas faire, ne pourrait supporter une énième vision de son frère torturé. Brusquement, Emma s’interposa entre Ethan et son père. « Je… J’ai mené des recherches cet été, des recherches sur… » révéla-t-elle précipitamment. Quelle sotte ! N'avait-elle donc pas réfléchi aux conséquences que cet agissement soudain engendrerait ? S'agissait-il d'un acte courageux ou d'une attitude insolente ? Inutile de préciser la position de son géniteur à cet égard... Sortilège informulé, il avait soudainement filé, ne l’avait pas manqué. Une coupure d’une précision remarquable vint balafrer sa joue pâle. Jamais, il n’avait levé la main sur elle auparavant. Était-ce la lâcheté, l’effroi ou l’inquiétude qui conquérait ce pauvre James ? La main tremblotante d’Emma s’éleva dans les airs vers son visage avant de retomber faiblement le long de son corps. Elle se mordilla l’intérieur de la joue, retenant un hurlement de douleur. Pourtant ce n’était rien, rien en comparaison à ce que son frère avait enduré lorsque sa relation avec Reagan avait éclaté au grand jour. Relevant faiblement la tête, quelques perles ensanglantées virent s’écraser sur le plancher de la salle à manger. Son regard déchirant vint, un instant, se poser sur son grand-frère, Caleb. Réalisait-il que cette violence avait été le quotidien d’Ethan lors de ces trois dernières années ? Probablement pas… Bien trop occupé à porter secours à un quelconque animal en danger plutôt qu’à sa propre famille. Oui, elle lui en voulait terriblement, ressentant sa simple présence comme un véritable supplice. S’il tenait tant que cela à partir, eh bien qu’il parte, les délaisse une fois encore. Peu importe… Elle devait agir rapidement, se montrer forte pour Ethan qui avait subi bien pire au cours de ces derniers mois. « Sur nos ancêtres. » conclut-elle d’un voix frêle. Avant que son père ne s’en prenne à elle une fois de plus, elle poursuivit : « Des informations aberrantes émanant de manuscrits douteux ont, malencontreusement, erroné mon jugement. Puisque nous sommes tous réunis, je tenais à vous présenter mes excuses les plus sincères quant à l’offense que j’ai porté à notre famille. Père... Mère... Je ne peux qu’entrevoir votre déception et regrette profondément mes agissements. Sachez que cela ne se reproduira plus. Voilà des siècles que les Blackwood se distinguent de par leurs remarquables réussites et accomplissements méritants qui, au demeurant, ont toujours eu pour vocation de protéger et… » Elle hésitait, choisissait ses mots avec précaution afin que ce mensonge soit aussi crédible que possible aux yeux de tous. La vérité était bien plus sombre, bien plus cruelle et désolante. S’ils ne s’étaient pas acharnés à la réduire au silence, à la sermonner publiquement, Emma aurait probablement pensé à une simple coïncidence. Néanmoins, leurs parents avaient pris le temps d’effacer chaque preuve, chaque indice, qui laissait imaginer que les Blackwood auraient pu anéantir le clan Douglas auquel ils étaient affiliés des siècles auparavant. Pour quelles raisons ? Domination, richesse et autorité… Cela semblait désormais évident. Une porte ouverte sur bien d’autres secrets dissimulés par cette extraordinaire famille. Cedrella, James et Emma n’étaient pas sans l’ignorer. « Garantir la souveraineté de notre clan. » articula-t-elle finalement, reprenant maladroitement place sur sa chaise. Un court silence prit place au coeur de la salle à manger, suivi d’un rictus non contenu, celui d’Effie qui n’en pouvait plus de ces drames familiaux, de ce soudain retournement de situation. Était-elle réellement venue jusqu’ici pour assister à ces terribles réprimandes ? Premièrement, ne pas s'approcher ces malheureux suédois et deuxièmement, ne pas fouiller dans les archives de cette filiation qu’elle déteste. C’en était trop ! « Je te remercie de ta sincérité, Emma. Ton père et moi-même saurons nous montrer magnanimes à cette occasion. Il n’est nul doute que cet incident te servira de leçon. À l’avenir, fais-nous le plaisir de te concentrer sur tes études plutôt que sur des racontars infondés. Et, par pitié, ne suis pas le même chemin douteux que ton idiote de soeur ici présente… » déclara froidement leur mère, défiant son aînée du coin de l’oeil. En un claquement de doigts, elle confisqua les baguettes de son mari et ses enfants. S’ils souhaitaient se battre, qu’ils le fassent verbalement, comme au Ministère. « Vous les récupérez à la fin du repas ! Effie… Ta présence sous ce toit n’est plus prescrite. Libre à toi de te joindre à nous ou de vaquer à tes extravagantes occupations. » Elle sourit légèrement, casser du sucre sur le dos de sa fille était l’un de ses passe-temps favoris. Avec élégance, elle choisit de ré-orienter la conversation vers un sujet plus plaisant : « Ne souhaiterais-tu pas nous faire part de l’une de tes anecdotes de voyage, Caleb ? Parle-nous donc du Canada ! » Et, cette interrogation claqua comme un ordre, celui de faire bonne figure, de rétablir l’ordre et le calme après cette explosion de violence qui laissait James et Cedrella indifférents. |
Pando |
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