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(flashback) - Don't waste my time
Mar 26 Sep 2017 - 18:26
16h30 - Le directeur ferme la porte de son bureau. Et tu sautes de joie. Tu veux crier de joie, mais tu te retiens. Tu sautes plusieurs fois sur place, comme un enfant. T'as enfin ton job. T'es enfin prof. Tu attendais ça depuis des années. Tu scrutes ton horaire, toujours plantée devant la porte du directeur. Ces quelques papiers confirmant ton entrée en tant que professeur à Hungcalf sont comme le cadeau tant attendu d'un gamin à Noël. Tu souris niaisement. Ton horaire est chargée, des cours de la première à la dixième, mais tu t'en fous. Parce que tu l'as ce job ! Ton job de rêve. Ton job de professeur dans l'université où tu as tout appris. Où tu as tout découvert.
17h30 - Installée dans ton canapé, une tasse de café dans une main et le tas de papiers, généreusement offert par le directeur, dans l'autre. Tu lis attentivement chaque détail, faisant glisser ton doigt sur tous les mots, ne voulant rien manquer. Le règlement, que tu connais déjà, ton horaire que tu as déjà analysé, les plans de l'école. Tu tournes les pages et tu arrives enfin à la dernière, la liste de tous les professeurs à Hungcalf. Et malheureusement, tu t'aperçois que Iain Campbell est toujours professeur de métamorphose. Tu croyais qu'il était mort d'une cirrhose, avec tout l'alcool que ce vieux ingurgite sur une journée. Mais non. Ou même renvoyé de l'établissement. Mais non. Tu lèves les yeux, fermant ce dossier et le déposant sur la table. Au fond, tu t'en fous, parce qu'à part se bourrer la gueule dans son bureau, il ne fait rien d'autre, tu ne le croiseras sûrement jamais dans les couloirs. Et c'est tant mieux. Parce qu'un meurtre ne sera sûrement pas très bien vu pour ton premier jour de cours. Faut dire que tu le détestes. Il ne t'a plus donné aucune nouvelle, du jour au lendemain. Et toi, Callie, t'es plutôt du genre à être en rogne après ce genre de personnes. Tu ne donnes pas souvent ta confiance à n'importe qui, t'es même très souvent sur la réserve. Et tu te confies à personne. Ou à presque personne. Les gens à qui tu te dévoiles, tu les comptes sur une seule main. Dont Iain. Et t'es toujours énervée à propos de ça. Même si ça fait un bail qu'il ne te parle plus. Mais t'es pas du genre à lâcher l'affaire. Si tu le vois, tu le coinceras pour savoir les raisons pour lesquelles il t'a laissée littéralement en plan.
19h00 - Après quelques hésitations, tu décides de débarquer au Vampire's Night. Parce que t'as envie de te bourrer la gueule avec les gérants pour fêter tout ça. Parce que tu sais que c'est l'une des dernières fois où tu pourras te le permettre, parce que tu dois garder une certaine réputation en étant professeur. Pas comme certains. Et le Vampire's Night est assez populaire auprès des étudiants, il ne vaut mieux pas qu'ils t'y croisent totalement alcoolisée.
Tu débarques, le bar est totalement vide. Tu prends tes aises, parce que t'es habituée à cet endroit. T'as été serveuse pendant toute ta scolarité et même si cela fait huit ans que tu as quitté ton job, t'es toujours aussi proche des patrons de la boite. Tu passes de temps en temps, pour boire un verre et prendre de leurs nouvelles. Tu te glisses derrière le comptoir pour saluer le barman. Lui, ça été une de tes meilleures rencontres ici. Vous vous racontez la totalité de votre vie à chaque fois que tu viens. Enfin surtout, lui, pas toi, te concernant tu racontes des choses futiles, un peu connes et c'est tout. Et vous le faites pendant des heures, entourés de beaucoup - trop - de bières et beaucoup trop d'alcool. Tu changes discrètement la musique, lançant l'un de tes groupes préférés, Arctic Monkeys. Tu te dandines comme une adolescente avant de t'installer sur l'un des nombreux tabourets entourant le comptoir. Une bière entre les mains, tu débutes la conversation avec le barman, un grand sourire aux lèvres. "C'est confirmé. Appelle-moi Madame Fairbairn, maintenant. S'il-te-plait. Je suis professeur à Hungcalf. La grande classe, tu ne trouves pas ?"
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Re: (flashback) - Don't waste my time
Mer 27 Sep 2017 - 16:21
Don't waste my time
Calliain
When you're feeling like a lover, Nothing really matters anymore I saw you standing there in the supermarket With your red dressing falling and your eyes are to the ground ▬ NICK CAVE
C'est presque la rentrée. Et bordel que tu n'as pas envie. Que tu as la flemme, une motivation quasi-inexistante. Alors, t'es là, dans tes appartement, une bouteille de whisky dans la main droite, une clope dans la gauche, et tu chantes de ta voix éraillée par les vices un air de Nick Cave. Nothing really matters, nothing really matters when the one you love is gone... Une chanson d'amour, un relent de sentiments dans le coeur amoché qui bat entre tes poumons cramés. Tu as passé toute la journée dans cet état lamentable. Une loque, un déchet. Affalé dans ta chaise, les pieds sur le bureau, avec en guise de piètre compagnie l'ombre de la cirrhose et du cancer. Il est un peu tard, assez tard pour que les bars soient ouverts. Assez tard pour entretenir ton alcoolisme resplendissant en ce moment. C'est toujours ça les vacances d'été. Tu passes quelques jours chez de la famille qui tu as en Argyllshire, quelques oncles et tantes qui sont "ravis de voir le petit Iain". Ca fait quelques années que tu viens les voir en été et ils sont ravis. Mais toi, ça te fout le cafard à mort. Toute la famille Campbell, qui pue la fraternité et l'amour. Et tout ça, tu peux de moins en moins le supporter. T'es pas très famille, tu l'as jamais vraiment été, même étant jeune. T'es toujours un peu été le reclu, le rebelle, la mauvaise graine. Tes parents n'avaient pas honte, ça jamais, mais t'étais clairement insupportable. Et tu l'es encore. Donc tous les étés, tu te replonges dans la nostalgie d'une enfance passée à écouter du Led Zeppelin chez tes grands-parents, et ça te bouffe, et tu noies ton foie dans une quantité assez exceptionnelle d'alcool. En vrai, Iain, t'es une légende vivante pour être encore en vie à 46 ans alors que tu baignes dans l'alcool et la drogue jusqu'au cou.
Ton regard passe brièvement sur les papiers étalés sur ton bureau, certains tâchés, d'autres quelque peu froissés. Tu tombes sur la liste des professeurs. "Encore une sympathique année..." T'es pas des masses liés avec tes collègues, à part certains qui sortent du lot, mais dans l'ensemble, le corps professoral ne t'approche pas trop. Tu devrais peut-être remédier à ça un jour... Et là, l'alcool brûle ta gorge, et te fait cracher tes poumons. Tu as avalé de travers. Par surprise. Tu reconnais ce nom que tu lis à côté de Professeur d'Histoire de la Magie. Ce nom que tu as répété au creux de son oreille, alors qu'elle n'était encore que toute jeune. Cette brunette aux yeux glaciaux. Callie Fairbairn. Callie. La Callie qui doit te détester en ce jour. La Callie que tu as lâchement abandonnée. Et que tu t'efforces de te dire que c'était pour son bien. Oui. Callie. Elle était prof. Et tu allais voir sa silhouette dans les couloirs maintenant. Et revoir son sourire. Tu restes là quelques minutes, la tête entre les mains, à réfléchir avec le peu de raison qu'il te reste. Mais au diable tout ça. La seule chose qu'il y a faire pour toi, c'est noyer ces pensées. Tu allais revoir Callie au bout d'un moment ? Très bien, que ça se passe. Tant pis. Tu verras le moment venu. Alors tu te mets en route vers le Vampire's, en allumant une énième clope.
Sauf que tu ne t'y attendais pas, mais le moment venu, c'est tout de suite. À peine tu passes la porte, tu reconnais cette femme assise au bar. Cette femme qu'elle est devenue. Elle impose le respect, elle est charismatique. Elle est toujours aussi magnifique. Alors toi, bourré comme un coin, les fringues chiffonnées empestant le tabac froid et l'alcool, mal rasé, des cernes à n'en plus finir, tu as l'idée la plus désastreuse de ta vie. Tu t'approches doucement de la jeune femme, écoutant sa conversation avec le serveur que tu connais presque aussi bien qu'elle -pas autant peut-être-, et tu t'assois à côté d'elle, un sourire béat sur le visage. "Madame Fairbairn, en effet grande classe." Tu la regardes quelques secondes, détaillant une nouvelle fois le moindre trait de son visage. Tu la redécouvres. Mais putain, c'que tu es pitoyable. "T'as pas changé Callie." Et tu t'enfonces encore et encore. Tu décides de commander un verre au serveur, un whisky parce que tu tournes à ça en ce moment. Il te le sert vivement. Tu te mets à le siroter tranquillement. "Alors, prête à affronter les terreurs d'Hungcalf ? Tu vas voir, c'est pas facile chérie." Tu te comportes comme si de rien été, comme si votre conversation était tout à fait normal, entre deux amis. Mais Iain, vous n'êtes plus amis depuis longtemps, et tu risques de t'écraser sur la dure réalité.
Ton regard passe brièvement sur les papiers étalés sur ton bureau, certains tâchés, d'autres quelque peu froissés. Tu tombes sur la liste des professeurs. "Encore une sympathique année..." T'es pas des masses liés avec tes collègues, à part certains qui sortent du lot, mais dans l'ensemble, le corps professoral ne t'approche pas trop. Tu devrais peut-être remédier à ça un jour... Et là, l'alcool brûle ta gorge, et te fait cracher tes poumons. Tu as avalé de travers. Par surprise. Tu reconnais ce nom que tu lis à côté de Professeur d'Histoire de la Magie. Ce nom que tu as répété au creux de son oreille, alors qu'elle n'était encore que toute jeune. Cette brunette aux yeux glaciaux. Callie Fairbairn. Callie. La Callie qui doit te détester en ce jour. La Callie que tu as lâchement abandonnée. Et que tu t'efforces de te dire que c'était pour son bien. Oui. Callie. Elle était prof. Et tu allais voir sa silhouette dans les couloirs maintenant. Et revoir son sourire. Tu restes là quelques minutes, la tête entre les mains, à réfléchir avec le peu de raison qu'il te reste. Mais au diable tout ça. La seule chose qu'il y a faire pour toi, c'est noyer ces pensées. Tu allais revoir Callie au bout d'un moment ? Très bien, que ça se passe. Tant pis. Tu verras le moment venu. Alors tu te mets en route vers le Vampire's, en allumant une énième clope.
Sauf que tu ne t'y attendais pas, mais le moment venu, c'est tout de suite. À peine tu passes la porte, tu reconnais cette femme assise au bar. Cette femme qu'elle est devenue. Elle impose le respect, elle est charismatique. Elle est toujours aussi magnifique. Alors toi, bourré comme un coin, les fringues chiffonnées empestant le tabac froid et l'alcool, mal rasé, des cernes à n'en plus finir, tu as l'idée la plus désastreuse de ta vie. Tu t'approches doucement de la jeune femme, écoutant sa conversation avec le serveur que tu connais presque aussi bien qu'elle -pas autant peut-être-, et tu t'assois à côté d'elle, un sourire béat sur le visage. "Madame Fairbairn, en effet grande classe." Tu la regardes quelques secondes, détaillant une nouvelle fois le moindre trait de son visage. Tu la redécouvres. Mais putain, c'que tu es pitoyable. "T'as pas changé Callie." Et tu t'enfonces encore et encore. Tu décides de commander un verre au serveur, un whisky parce que tu tournes à ça en ce moment. Il te le sert vivement. Tu te mets à le siroter tranquillement. "Alors, prête à affronter les terreurs d'Hungcalf ? Tu vas voir, c'est pas facile chérie." Tu te comportes comme si de rien été, comme si votre conversation était tout à fait normal, entre deux amis. Mais Iain, vous n'êtes plus amis depuis longtemps, et tu risques de t'écraser sur la dure réalité.
Gasmask
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Re: (flashback) - Don't waste my time
Mer 27 Sep 2017 - 19:23
Tu es là. Et lui aussi. Assis à côté de toi, tu l'as reconnu à sa voix. Sa voix rauque, un peu trop embrumée par l'alcool. Tu ne tournes pas la tête. Tu n'as pas envie de le voir. Tu n'as pas envie de voir à quoi il ressemble désormais. Après toutes ces années, sous le silence. Tu sens son regard. Son regard insistant. Tu sens qu'il te scrute, qu'il te regarde sous toutes tes coutures. Un frisson parcourt ton corps en entier. Mais ta seule réaction est de serrer le verre qui se trouve entre tes mains. Il te dit que tu n'as pas changée. Cette phrase bateau que l'on dit pour combler un blanc entre deux personnes, cette phrase bateau que l'on dit à une personne presque inconnue à tes yeux que tu revois quelques années après.
Tu ne dis toujours rien, et il profite de ce silence pour commander un whisky. Tu bois une gorgée de ta bière. Ta colère monte. Tu es énervée. Stressée. T'as pas envie qu'il reste à côté de toi. Tu n'as pas envie qu'il soit là. T'as envie de passer la soirée à fêter ta réussite professionnelle. Mais pas avec lui. Surtout pas avec lui. Tu as oublié Iain. Enfin... un peu. Tu avais oublié qu'il venait régulièrement ici. C'est ici qu'il passe la moitié de sa vie. C'est ici que vous vous êtes rencontrés. Tu regrettes de l'avoir connu, ce Campbell. Parce que t'es pas du genre à t'ouvrir aux gens et à leur faire confiance. Et tu regrettes de t'être confiée à lui. Parce qu'il connait tes moindres secrets. Comme tu connais les tiens. Et il t'a lâché. Sans rien dire. Et toi, ça t'énerves. T'es en colère, Callie. Tu n'aimes pas qu'on te traite comme ça. "Alors, prête à affronter les terreurs d'Hungcalf ? Tu vas voir, c'est pas facile chérie." Tu te lèves, tapant ton verre contre le comptoir. Et tu te retournes vers lui. Le fusillant du regard. Pendant une longue minute. Tu ne remarques que ses yeux, qui le trahissent. Ce n'était pas son premier verre. Loin de là. Et ce n'était pas non plus son dernier. Tu le connais parfaitement. Et il n'avait pas changé. Même pas physiquement et ça t'étonne. L'alcool n'a fait étonnamment que peu de ravages sur lui. Tu te dis qu'il oubliera peut-être ce début de soirée. Vu son état. Trop alcoolisé. Mais pas toi. T'es énervée. "Chérie ? Sérieusement ? Tu ne te moques pas un tout petit de moi, là ?" Tu ne réfléchis pas à ce que tu dis, tu ne lui laisses pas le temps de répondre que tu ajoutes. "Je suis plus une de tes petites minettes que tu te tapes. Je sais que c'est pas ton fort, mais tu pourrais un minimum me respecter non ? Parce que ton air hautain, j'en peux déjà plus. Alors ton chérie, tu te le gardes pour toi. Ou pour quelqu'un d'autre. Mais pas moi." Tu serres ton verre, un peu plus fort. Tu n'arrives plus à détacher ton regard du sien. Tu le dévisages encore.
Sans attendre une réponse, tu te retournes. Ton verre glissant le long du comptoir, tu te diriges à l'opposé. "Reste loin de moi, Iain. Tu es vraiment une personne détestable." dis-tu sans prendre la peine de le regarder. Tu t'assois, essayant de faire abstraction de sa présence. Tu espères qu'il parte. Ce qu'il ne fera pas. Parce que tu le connais. Il est égoïste, il ne pense qu'à lui et à son petit bonheur personnel qui se résume simplement aux cigarettes et à l'alcool. Ton verre désormais vide, tu commandes la même chose que lui. Whisky. Demandant également d'augmenter le volume de la musique.
En attendant ta commande, tu passes ta main dans tes cheveux. Et comme à ton habitude, tu arraches quelques une des tes mèches. Discrètement. Que tu laisses tomber par terre. Trop stressée. Trop toquée. Et il le remarquera sûrement. Tu t'es confiée à lui, de toutes ces choses qui te rendent malades, de tous ces tocs qui rendent ta vie un peu plus dure chaque jour. Et il allait remarquer que tu es mal à l'aise. Parce que ta trichomanie, elle apparaît quand t'es stressée, quand tu ne te sens pas à ta place. Et c'est ce qui arrive, là. Maintenant.
Le verre en main, tu ne le dégustes pas. Tu préfères le boire cul sec et tu en redemandes. Le barman ne te pose pas de questions, il te sert à nouveau, laissant même la bouteille à côté de toi. Tu glisses une vingtaine de galions sur le comptoir. La soirée risque d'être plus longue que prévu. Plus longue, car tu sens encore son regard posé sur toi. Tu essaies de rester impassible. Tu n'as pas envie qu'il voit à quel point cette situation te rend malade. Tu n'es pas triste, mais en colère. Tu as l'impression de ne pas avoir compté pour lui. Et faut dire que ça t'énerves. Tu t'es jamais réellement attachée à quelqu'un comme tu t'es attachée à lui. Et il te laisse en plan. Il ne te parle plus pendant des années, sans donner de raison. Et c'est ce dernier point qui t'énerve. Parce qu'il aurait pu, au moins, te donner une raison. Mais non. Et il ne le fera sûrement jamais. Tu le connais. Trop bien.
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Re: (flashback) - Don't waste my time
Mer 27 Sep 2017 - 23:00
Don't waste my time
Calliain
When you're feeling like a lover, Nothing really matters anymore I saw you standing there in the supermarket With your red dressing falling and your eyes are to the ground ▬ NICK CAVE
Bravo Iain. Belle performance ce soir. Qu'est-ce qu'il t'a pris ? Tu connais Callie -sur le bout des doigts oserais-tu dire ?-, alors pourquoi tu te comportes comme le plus magistral des connards ? L'alcool. Celui qui délie les langues, qui te fait oublier le passé. Arrête d'oublier ce que tu as fait, arrête de te trouver des excuses. Tu l'as laissé, comme si ce qui s'est passé entre vous n'avait été que poussière. Tu la regardes s'éloigner à l'autre bout, évitant ta présence. "Reste loin de moi, Iain. Tu es vraiment une personne détestable." Ces dernières paroles te laissent pantois, comme si on tambourinait sur ta poitrine. Tu l'as souvent entendu, mais jamais de sa bouche. Et le whisky qui coule dans tes veines n'arrange rien, tes émotions sont exacerbées. Émotion ? Sentiment ? Des mots qui franchissent rarement tes lèvres, qui osent à peine effleurer ta langue. Et pourtant, là, ils tourmentent bel et bien ton être. Des émotions contradictoires. Tu la regardes longuement, à l'autre bout du comptoir, la bouteille de whisky à ses côtés. Et tu remarques ces mèches qui glissent de sa main pour tomber par terre. Tu n'as pas oublié. Tu n'as pas oublié tout ce qu'elle t'as dit, tout ce que tu lui as dit. Ce que vous avez partagé et ça te fait presque mal au cœur toute cette haine qu'elle a gardé pour toi. Mais tu t'attendais à quoi ?
La musique est presque assourdissante, elle ne veut pas entendre tout ce qui pourrait sortir de ta bouche goût nicotine. Et pourtant, tu t'obstines, mais cette fois avec un chouïa plus de lucidité. "Ca va être compliqué de se parler dans ces conditions Callie.", tu hurles presque pour qu'elle t'entende à l'autre bout, essayant tant bien que mal de couvrir les basses de ce son que tu ne connais que trop bien. Le barman assiste en silence à ce cirque quelque peu pitoyable. Tu sirotes ton whisky qui brûle ton œsophage. Tu sens ton ventre te donner un premier avertissement, ta limite est quasiment atteinte. Tu la regardes encore, dans les lumières colorées du club qui commence à s'allumer. Et tu t'empêches d'aller la rejoindre. Il y a des mots qui restent coincés dans ta gorge. Un truc qui doit sortir. Que tu dis rarement, que tu ne dis jamais en fait. Tu as trop de fierté mal placée. Et pourtant. "Je suis désolé." Il est peu audible. Elle ne l'entendra sûrement pas avec la musique. Tu regardes le fond de ton verre, les yeux dans le vague. Tu sais que ça ne servira à rien. Des paroles aussi simples n'effaceront pas des années d'ignorance. Ces putains d'années où t'as déraillé.
Tu lui jettes un nouveau coup d'œil. C'est impressionnant quand tu te trouves dans une situation déplaisante comme tu décuves assez vite. Peu à peu, l'alcool retombe. Tu es toujours dans cette sorte de brouillard, ta vision est légèrement désynchronisée de tes mouvements, mais tu vis plus ou moins avec tous les jours. C'est grave quand même. Tu chuchotes à l'oreille du barman qui exécute ta requête sans discuter. Le son des Monkeys se termine, et l'employé met ton son. The Zephyr Song. Les Red Hot. Tu esquisses un sourire. Tu te lèves doucement sur la guitare qui démarre. Attrapant ton verre d'une main, tu en verses le contenu dans une poubelle non loin avant de le reposer. À quoi tu joues ? Tu arrêtes d'oublier, juste pour ce soir. Tu n'essayes pas de l'impressionner, oh que non. Dès que tu sortiras d'ici, tu boiras une gorgée de la petite bouteille de Jack Daniels qui dort paisiblement dans la poche intérieure de ta veste. Mais tant qu'elle sera dans ton champ de vision, tu essayeras de garder les idées claires. Alors tu t'approches sans le moindre sourire mesquin qui te définit, et tu te rassois à côté d'elle, dos au comptoir, les coudes posés dessus. Tu regardes la piste de danse, vide. "Tu es certainement la personne que je respecte le plus dans ce monde." Les mots sortent difficilement. Tu n'aimes pas parler à gorge déployée, sans filtre ironique. "Alors je m'excuse de cette approche peu... Adéquat." Tu la regardes à nouveau. "Callie, je veux sincèrement savoir comment tu vas, comment va ta vie." Tu voudrais lui dire pleins d'autres choses, que tu sais évidemment que ce sera jamais l'entente parfaite entre vous deux, que ce sera compliqué de vous croiser dans les couloirs, mais ça ne sort pas. T'es un peu lâche sur les bords Campbell.
La musique est presque assourdissante, elle ne veut pas entendre tout ce qui pourrait sortir de ta bouche goût nicotine. Et pourtant, tu t'obstines, mais cette fois avec un chouïa plus de lucidité. "Ca va être compliqué de se parler dans ces conditions Callie.", tu hurles presque pour qu'elle t'entende à l'autre bout, essayant tant bien que mal de couvrir les basses de ce son que tu ne connais que trop bien. Le barman assiste en silence à ce cirque quelque peu pitoyable. Tu sirotes ton whisky qui brûle ton œsophage. Tu sens ton ventre te donner un premier avertissement, ta limite est quasiment atteinte. Tu la regardes encore, dans les lumières colorées du club qui commence à s'allumer. Et tu t'empêches d'aller la rejoindre. Il y a des mots qui restent coincés dans ta gorge. Un truc qui doit sortir. Que tu dis rarement, que tu ne dis jamais en fait. Tu as trop de fierté mal placée. Et pourtant. "Je suis désolé." Il est peu audible. Elle ne l'entendra sûrement pas avec la musique. Tu regardes le fond de ton verre, les yeux dans le vague. Tu sais que ça ne servira à rien. Des paroles aussi simples n'effaceront pas des années d'ignorance. Ces putains d'années où t'as déraillé.
Tu lui jettes un nouveau coup d'œil. C'est impressionnant quand tu te trouves dans une situation déplaisante comme tu décuves assez vite. Peu à peu, l'alcool retombe. Tu es toujours dans cette sorte de brouillard, ta vision est légèrement désynchronisée de tes mouvements, mais tu vis plus ou moins avec tous les jours. C'est grave quand même. Tu chuchotes à l'oreille du barman qui exécute ta requête sans discuter. Le son des Monkeys se termine, et l'employé met ton son. The Zephyr Song. Les Red Hot. Tu esquisses un sourire. Tu te lèves doucement sur la guitare qui démarre. Attrapant ton verre d'une main, tu en verses le contenu dans une poubelle non loin avant de le reposer. À quoi tu joues ? Tu arrêtes d'oublier, juste pour ce soir. Tu n'essayes pas de l'impressionner, oh que non. Dès que tu sortiras d'ici, tu boiras une gorgée de la petite bouteille de Jack Daniels qui dort paisiblement dans la poche intérieure de ta veste. Mais tant qu'elle sera dans ton champ de vision, tu essayeras de garder les idées claires. Alors tu t'approches sans le moindre sourire mesquin qui te définit, et tu te rassois à côté d'elle, dos au comptoir, les coudes posés dessus. Tu regardes la piste de danse, vide. "Tu es certainement la personne que je respecte le plus dans ce monde." Les mots sortent difficilement. Tu n'aimes pas parler à gorge déployée, sans filtre ironique. "Alors je m'excuse de cette approche peu... Adéquat." Tu la regardes à nouveau. "Callie, je veux sincèrement savoir comment tu vas, comment va ta vie." Tu voudrais lui dire pleins d'autres choses, que tu sais évidemment que ce sera jamais l'entente parfaite entre vous deux, que ce sera compliqué de vous croiser dans les couloirs, mais ça ne sort pas. T'es un peu lâche sur les bords Campbell.
Gasmask
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Re: (flashback) - Don't waste my time
Jeu 28 Sep 2017 - 11:16
Tu l'entends hurler de l'autre côté du comptoir, sans réellement comprendre ce qu'il dit. De toute manière, tu ne veux plus l'entendre. Tu ne veux pas comprendre ses paroles. Tu te concentres sur la musique, regardant d'un oeil, le barman, qui avait l'air très amusé de cette situation. C'est vrai qu'en tant que spectateur, cette situation devait être particulièrement amusante. Tu avales ton deuxième verre. Et tu t'en sers un troisième. Tu repousses légèrement la bouteille. Parce que se bourrer au whisky n'est pas la meilleure idée que tu aies eue.
Son regard est encore posé sur toi. Ce qui t'énerve. Ta colère est toujours au même point. Tu espères qu'il parte. Comme une conne. Parce qu'il ne partira pas. Et tu vas rester coincée ici avec lui. Sauf si, toi tu pars. Mais t'es trop têtue, Callie. T'es trop têtue pour que ce soit toi qui partes et pas lui. T'essaies de te concentrer sur la musique, tu balances légèrement ta tête sur la musique. Et tu stoppes net. Parce que tu te rends compte que cette musique est une référence à Iain. Même si les Red Hot est l'un de tes groupes préférés, tu avais déjà supprimé cette piste de leur album depuis quelques années. Ce n'était pas que cette musique te rendait triste. C'est juste qu'elle t'énervait. Elle te mettait de mauvaise humeur dès l'instant où tu l'écoutais. Parce que tu pensais à ce con. Et ça te mettait en colère.
Tu le sens se rapprocher de toi. Mais tu continues à regarder les étagères du bar, remplies de nombreuses bouteilles d'alcool. Tu cherches qu'est-ce qui pourrait te bourrer la gueule facilement. Mais tu ne trouves rien qui te tente. Tu bois l'entièreté de ton verre, cul sec. Encore une fois. Et quand tu reposes ton verre, tu le vois. Accoudé au comptoir. Regardant la piste de danse. Tu lèves les yeux. Tu souffles. T'essaies de rester calme. Parce que même si le bar est vide, t'as pas envie de créer un scandale.
"Tu es certainement la personne que je respecte le plus dans ce monde." La seule chose qui sort de ta bouche est un rire ironique. Sérieusement ? Tu tends le bras afin de prendre la bouteille pour te verser un nouveau verre. Tu sais que le whisky n'est pas une bonne idée, mais c'est la seule chose que tu sais attraper, sans déranger le barman. Il se retourne vers toi. Et il te regarde. Tu serres ton verre. Encore une fois. Et clairement, tu rêves plus de l'assommer avec que de le boire. "Alors, je m'excuse de cette approche peu... Adéquat." Ton silence ne suffit pas à lui faire comprendre que tu n'as pas envie de parler. Tu lèves les yeux comme seule réponse. Il s'excuse. C'est la première fois que tu entends ces mots sortir de sa bouche. La première fois. Mais ça ne te fait aucun effet. Parce que tu voudrais autre chose. D'autres excuses. Tu voudrais qu'il s'excuse et se justifie de son absence. Mais il ne le fera pas. Parce qu'il est comme ça. Et qu'il a trop de fierté pour pouvoir avouer qu'il s'est mal comporté. "Callie, je veux sincèrement savoir comment tu vas, comment va ta vie." Tu tapotes ton verre contre le bois. Énervée. "C'est génial, en fait, si je réfléchis bien... Tu ne respectes pas la personne que tu respectes le plus au monde." Tu glisses sur ton tabouret, tu te retrouves à quelques centimètres de lui. Tu es face à lui. Tu le fixes. Tu le regardes dans les yeux. Tu es énervée. Tellement énervée que tu en trembles. Tu lèves légèrement ta main, et de l'autre, tu comptes tes doigts, listant chaque argument. "Parce que je ne sais pas si respecter une personne c'est : - ne plus jamais lui parler du jour au lendemain. Comme ça. En lui donnant l'impression de n'avoir jamais compté. Tu ne le laisses pas parler. De toute manière, tu parles tellement vite. Et c'est ton plus gros défaut. Parce que quand t'es énervée, t'as un débit hallucinant. Tu ne laisses pas parler les autres. - ne donner aucune raison, ni aucune excuse pendant plusieurs années. - revenir comme une fleur, comme si de rien était avec une phrase bateau. Tu ajoutes d'un ton ironique. "Oh Callie, tu n'as pas changée !" Sérieusement ?" Tu avales le contenu de ton verre, avant de donner la dernière raison. "Ah oui et aussi... - ne pas respecter le fait qu'elle ne veuille pas te parler. Mais de le faire quand même. Comme ici. J'ai plutôt l'impression que je suis la personne que tu respectes le moins." Voilà. C'est dit.
Tu souffles. Tu te sers un nouveau verre. Le whisky n'est pas une bonne idée, Callie. Et le fait que tu ne te souviennes plus le nombre est déjà une mauvaise nouvelle pour la suite de la soirée. Tu l'avales, encore une fois, cul sec. Tu grimaces. C'est le verre de trop pour ton corps. En tout cas, concernant le whisky. Tu es toujours face à lui. Et tu le regardes. Lui, n'a pas de verre en mains. Et tu rigoles. Parce que tu sais qu'il veut paraître sobre. Alors qu'il est encore bourré. Tu pointes sa poche du doigt. "L'alcool est meilleur ici que ce qui se trouve dans ta poche intérieur. Essaie pas de faire semblant. Je sais que tu vas boire dès que tu franchiras la sortie." Tu le connais un peu trop bien. Même si ça fait des années que tu ne l'as plus croisé. Tu sais encore comment il se comporte. La bouteille en main, tu laisses l'alcool se déverser, à nouveau, dans ton verre. Que tu lui proposes. Gentiment. Et tu ne sais pas pourquoi tu fais ça. T'as fait exprès de ne pas répondre à sa question. Il te demande si tu vas bien. Mais t'as pas envie de lui dire. Ça ne le regarde plus. Et t'as pas envie de lui demander, si lui, ça va. Parce que tu le déduis facilement en le voyant. Il est toujours fidèle à lui-même. Toujours bourré. Toujours mal fringué. "Vas-y, je ne pense pas que ça puisse te faire du mal." dis-tu ironiquement. Tu te retournes, t'es face au bar. Tu bouges légèrement la tête et tapes tes doigts, en rythme, sur le comptoir. Une nouvelle chanson, les Red hot laissent place à Don't Wanna Fight des Alabam Shakes. Ce qui t'amuse. T'avais toujours adoré les goûts musicaux de ce barman. Et combien de fois vous n'aviez pas discuté de musique moldue.
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Re: (flashback) - Don't waste my time
Sam 30 Sep 2017 - 0:04
Don't waste my time
Calliain
When you're feeling like a lover, Nothing really matters anymore I saw you standing there in the supermarket With your red dressing falling and your eyes are to the ground ▬ NICK CAVE
Vos deux visages à quelques centimètres. Et toi impuissant face à ce débit de paroles qui t'as toujours impressionné. Elle liste tes conneries. Et chacune crible ton estomac, déjà en piteux état. Tu la regardes, sans mot, un visage presque coupable, sur tes traits vieillis. Tu la regardes se déchaîner, cracher sa colère sur ta pauvre carcasse. Et toute cette haine qu'elle te porte. Tu te sens con. Parce que Callie, elle a compté pour toi. T'as été le pire des abrutis, mais elle a quand même compté. Et du jour au lendemain, tu t'es cassé. Et tu rappelles ce jour. Ce jour où tu t'es cassé de l'Écosse. Ou t'as plus donné de nouvelles à personne. Même pas à celle à qui t'aurais pu dire "je t'aime". Mais t'as été trop con.
Et aujourd'hui, tu vois toute cette haine nourrie au fil des années, à cause de toi. Oui. À cause de toi, aller en salle des profs, dans l'idée même de te croiser lui tordra l'estomac de rage. À cause de toi, son boulot de rêve sera accompagné d'une ombre au tableau. Sous la forme d'un mélange de tabac et d'alcool macéré. Et tu la regardes encore, souffler après ce qu'elle vient de te dire. Et tu ne sais pas quoi dire, pas quoi faire. Perdu. T'es perdu quand ses yeux bleus te regardent avec cette dureté. Ces yeux que tu as autrefois contemplés avec bonheur. Aujourd'hui dénués de toute once d'attachement. Et elle te perce à jour, te connaît trop bien pour comprendre que tu fais semblant. Tu ne bois pas, quelle blague. Elle le sait, et pointe la poche de ta veste. Tu te sens mal. Qu'est-ce que tu fais Iain ? Tu perds tes repères face à elle. Tu voudrais te racheter. Enfin, tu ne sais pas. Mais ça n'arrivera jamais de toute façon. Elle te regardera toujours avec ce mépris et cette déception dans le regard. Et tu seras toujours ce vieux con, minable.
Mais étrangement, même si elle t'invite à prendre la bouteille, tu ne bouges pas, n'acquiesce pas. Tu résistes à l'appel de tes vices. Tu prends une forte inspiration. Tu veux répondre, mais les mots se bousculent dans ta gorge, et tu ne sais pas quoi dire, sur le moment. Qu'est-ce que tu peux répondre à part, "désolé" ? Elle n'en veut pas de tes excuses. Et puis merde. Tu sers ton poing. Tes jointures blanchissent. "Je sais. Je sais très bien que tu veux pas me parler. Pourquoi tu parlerais à un déchet comme moi, hein ? Pourquoi t'adresserai la parole au pire des cons ? Je sais très bien que j'ai été horrible, détestable, tout ce que tu veux. Et c'est ton droit de me haïr. Et tu fais bien d'ailleurs." Tu passes une main nerveuse dans tes cheveux. Les mots sortent, enfin, peut-être pas vraiment comme tu le veux. Mais ça sort, tout seul. "J'ai aucune excuse d'accord. Je me suis barré, voilà. J'ai été lâche. De toute façon, c'est ce que je suis hein, tu le sais depuis le début. J'ai toujours été comme ça. Accro à ma bouteille d'alcool, accro à mon tabac minable, sarcastique et con. Je me suis cassé parce que mes erreurs me rattrapaient. Et la seule chose que j'ai trouvée à faire, c'est fuir." C'est plus fort que toi, tu attrapes la bouteille et verses le contenu dans ton verre. "Tu vois, je fuis encore les problèmes. Comme ça, je me souviendrai plus de ce que je t'ai dit, et je pourrais te regarder comme si de rien été. Voilà. Parce que je suis lâche." Tu te répètes, ton angoisse est de plus en plus importante. "Alors, écoute, je m'excuse pour ce que je suis. Pour ne pas t'avoir donné de nouvelles, et pour tout ce que tu as enduré avec moi." Tu bois d'une traite ton verre. "Mais sache que ce soir, je reste ici. J'ai bien l'intention d'aller vomir sur les parterres de fleurs de Hungcalf, après m'être miné le foie à coups d'absinthe." Ce n'est peut-être pas exactement ce que tu voulais dire. Tu n'arrives pas à tenir tes objectifs, tu n'arrives pas à parler correctement. Parce que tu es malade Iain. Alors tu t'enfonces. Encore et encore, et tu n'arrangeras jamais la situation avec Callie.
Tu demandes au serveur une bouteille de fée verte qu'il te sort illico. "Tu vois, les vieilles habitudes." Un faux sourire parcourt rapidement ton visage. Tu n'as pas envie de sourire. Non pas après ce que tu viens de dire. Tu n'as pas envie de jouer le tyran ironique que tu es d'habitude. T'as juste envie de te faire oublier ce que tu es. Ce que tu as été. Ce que tu seras encore quelques années avant que le cancer ou un coma éthylique ne t'emporte. Parce que ce soir, tu essayais de parler avec sincérité, mais comme d'habitude, tu te faufiles. Tu te dégonfles. Tu verses l'alcool émeraude dans ton verre vide. "J'aimerais juste que tu saches un truc. Tu vas pas le croire, penser que je dis ça pour avoir bonne figure. Donc prends-le comme tu veux, mais tu as compté pour moi." C'est vrai, ça devait sortir. Même si elle n'y croît pas. "J'ai pas dans l'intention de t'amadouer, que tu m'apprécies à nouveau. Mais je veux juste que tu saches, tout ce que je t'ai dit, aussi sincèrement que j'ai pu. Qu'au moins, tu saches juste que t'étais pas une histoire sans importance." Tu sers de nouveau tes poings, la gorge noué. Tu bois le contenu de ton verre pour effacer cette sensation, le regard dans le vide, les pensées chamboulées.
Et aujourd'hui, tu vois toute cette haine nourrie au fil des années, à cause de toi. Oui. À cause de toi, aller en salle des profs, dans l'idée même de te croiser lui tordra l'estomac de rage. À cause de toi, son boulot de rêve sera accompagné d'une ombre au tableau. Sous la forme d'un mélange de tabac et d'alcool macéré. Et tu la regardes encore, souffler après ce qu'elle vient de te dire. Et tu ne sais pas quoi dire, pas quoi faire. Perdu. T'es perdu quand ses yeux bleus te regardent avec cette dureté. Ces yeux que tu as autrefois contemplés avec bonheur. Aujourd'hui dénués de toute once d'attachement. Et elle te perce à jour, te connaît trop bien pour comprendre que tu fais semblant. Tu ne bois pas, quelle blague. Elle le sait, et pointe la poche de ta veste. Tu te sens mal. Qu'est-ce que tu fais Iain ? Tu perds tes repères face à elle. Tu voudrais te racheter. Enfin, tu ne sais pas. Mais ça n'arrivera jamais de toute façon. Elle te regardera toujours avec ce mépris et cette déception dans le regard. Et tu seras toujours ce vieux con, minable.
Mais étrangement, même si elle t'invite à prendre la bouteille, tu ne bouges pas, n'acquiesce pas. Tu résistes à l'appel de tes vices. Tu prends une forte inspiration. Tu veux répondre, mais les mots se bousculent dans ta gorge, et tu ne sais pas quoi dire, sur le moment. Qu'est-ce que tu peux répondre à part, "désolé" ? Elle n'en veut pas de tes excuses. Et puis merde. Tu sers ton poing. Tes jointures blanchissent. "Je sais. Je sais très bien que tu veux pas me parler. Pourquoi tu parlerais à un déchet comme moi, hein ? Pourquoi t'adresserai la parole au pire des cons ? Je sais très bien que j'ai été horrible, détestable, tout ce que tu veux. Et c'est ton droit de me haïr. Et tu fais bien d'ailleurs." Tu passes une main nerveuse dans tes cheveux. Les mots sortent, enfin, peut-être pas vraiment comme tu le veux. Mais ça sort, tout seul. "J'ai aucune excuse d'accord. Je me suis barré, voilà. J'ai été lâche. De toute façon, c'est ce que je suis hein, tu le sais depuis le début. J'ai toujours été comme ça. Accro à ma bouteille d'alcool, accro à mon tabac minable, sarcastique et con. Je me suis cassé parce que mes erreurs me rattrapaient. Et la seule chose que j'ai trouvée à faire, c'est fuir." C'est plus fort que toi, tu attrapes la bouteille et verses le contenu dans ton verre. "Tu vois, je fuis encore les problèmes. Comme ça, je me souviendrai plus de ce que je t'ai dit, et je pourrais te regarder comme si de rien été. Voilà. Parce que je suis lâche." Tu te répètes, ton angoisse est de plus en plus importante. "Alors, écoute, je m'excuse pour ce que je suis. Pour ne pas t'avoir donné de nouvelles, et pour tout ce que tu as enduré avec moi." Tu bois d'une traite ton verre. "Mais sache que ce soir, je reste ici. J'ai bien l'intention d'aller vomir sur les parterres de fleurs de Hungcalf, après m'être miné le foie à coups d'absinthe." Ce n'est peut-être pas exactement ce que tu voulais dire. Tu n'arrives pas à tenir tes objectifs, tu n'arrives pas à parler correctement. Parce que tu es malade Iain. Alors tu t'enfonces. Encore et encore, et tu n'arrangeras jamais la situation avec Callie.
Tu demandes au serveur une bouteille de fée verte qu'il te sort illico. "Tu vois, les vieilles habitudes." Un faux sourire parcourt rapidement ton visage. Tu n'as pas envie de sourire. Non pas après ce que tu viens de dire. Tu n'as pas envie de jouer le tyran ironique que tu es d'habitude. T'as juste envie de te faire oublier ce que tu es. Ce que tu as été. Ce que tu seras encore quelques années avant que le cancer ou un coma éthylique ne t'emporte. Parce que ce soir, tu essayais de parler avec sincérité, mais comme d'habitude, tu te faufiles. Tu te dégonfles. Tu verses l'alcool émeraude dans ton verre vide. "J'aimerais juste que tu saches un truc. Tu vas pas le croire, penser que je dis ça pour avoir bonne figure. Donc prends-le comme tu veux, mais tu as compté pour moi." C'est vrai, ça devait sortir. Même si elle n'y croît pas. "J'ai pas dans l'intention de t'amadouer, que tu m'apprécies à nouveau. Mais je veux juste que tu saches, tout ce que je t'ai dit, aussi sincèrement que j'ai pu. Qu'au moins, tu saches juste que t'étais pas une histoire sans importance." Tu sers de nouveau tes poings, la gorge noué. Tu bois le contenu de ton verre pour effacer cette sensation, le regard dans le vide, les pensées chamboulées.
Gasmask