- InvitéInvité
All new adventures are scary • Blackhole
Mer 11 Oct 2017 - 15:23
All new adventures are scary
Alarik Reinhold • Emma Blackwood
Soundtrack ♪
Soundtrack ♪
La nuit était sombre et inquiétante lorsqu’Emma quitta son appartement du centre-ville. Quelques heures auparavant, une lettre curieuse était venue se loger sous sa porte d’entrée. Intriguée, elle déchira maladroitement l’étonnante enveloppe, incisant alors l’extrémité de ses doigts. De sinistres larmes ensanglantées naquirent et perlèrent le long de sa main délicate. Néanmoins, seule cette missive semblait digne d’intérêt. Sitôt le courrier dévoilé, elle reconnut l’élégante calligraphie de sa grande-sœur. Aucune explication, juste cette requête étrange qui avait une apparence de directive.
Effie a écrit:
Meet me at 11:30 PM in front of the Vampire’s Night. Don’t be late !
Meet me at 11:30 PM in front of the Vampire’s Night. Don’t be late !
Elégamment vêtue, Emma se faufila hâtivement dans les ruelles obscures. Ce soir-là, Myrddin Wyllt recelait de sorciers menaçants, de fantômes terrifiants. Les mélodies discordantes qui s’élevaient des restaurants environnants lui donnaient la chair de poule. Seule une douce odeur de cannelle venait la réconforter. Elle approchait du lieu de rendez-vous lorsqu’elle entendit des cris perçants derrière elle. Tranchants, pénétrants. Des silhouettes macabres s’approchaient solennellement. Emma pouvait entendre leurs pas résonner au loin. De plus en plus rapides, de plus en plus proches. Angoissée, elle n’osa pas affronter ses agresseurs et se précipita vers le Vampire’s Night. La peur parcourait son corps, pénétrait son cœur, dont les battements s’accéléraient dangereusement. L’asile tant espéré se trouvait juste devant elle. Malheureusement, elle ne put qu’effleurer le bois de l’embrasure. Une main se dressa sur son épaule et la tira violemment en arrière. Puis une seconde se posa brusquement sur sa bouche. Elle voulait hurler, s’échapper, mais un homme au visage balafré la retenait prisonnière. Et d’autres, encapuchonnés, s’avançaient dans sa direction.
Un rire. Glacial, aigu et pourtant familier… Effie se présenta devant Emma, hilare. « You should have seen your face ! » articula-t-elle, visiblement fière de sa plaisanterie. Furieuse, Emma se débâtit jusqu’à ce que son assaillant la relâche. « That wasn’t fun Effie ! » rugit-elle, saisissant sa baguette prête à régler ses comptes avec sa sœur. « Oh come on, sweetie… It’s Halloween ! Here… Some chocolates frogs for you. I know you love them… » annonça Effie en exhibant des sucreries dans l’espoir de se faire pardonner. La dernière-née du clan Blackwood s’en empara afin de mieux les jeter au sol et pénétra insolemment dans le bar. L’un des hommes qui accompagnaient sa sœur agrippa vivement son poignet et la mena vers une salle privée dont elle ignorait l’existence. L’atmosphère était ténébreuse, préoccupante. Emma n’aimait pas cela. Pas du tout. Elle se laissa tomber dans un fauteuil en velours rougeâtre et croisa ses bras sur sa poitrine, signe d’irritation. Effie la retrouva rapidement, un nombre invraisemblable de flutes, verres et chopes lévitant derrière elle. « So… You’ve already met Carsten ! » expliqua-t-elle en désignant le sorcier à l’effroyable cicatrice. « This is Anton… Filip and Elza ! They’re old pals, in town for a few days. They’ve been telling me about this amazing experiment and I thought you’d like to participate. » raconta-t-elle, visiblement enthousiaste. Cela suffit à piquer la curiosité d’Emma qui s’adoucit légèrement, portant un verre de rhum groseille à ses lèvres.
Les amis de sa sœur prirent places autour d’elle : Anton disposait d’effrayantes cartes au centre de la table, pendant qu’Elza allumait des bougies en chantonnant un air terrifiant. Filip, lui, ordonnait consciencieusement des statuettes blanchâtres qui semblaient provenir d’ossements de créatures magiques. A moins qu’ils ne soient humains ? Seul Carsten observait la scène sans ciller. Brillante, Emma l’était, mais cette forme de magie lui échappait, l’épouvantait pour une raison qu’elle ignorait encore. « Effie, you go first ! Please, pick a card. » dit Anton d’une voix grave. Les incantations que murmuraient Filip n’avaient rien de rassurant. Pourtant, la séduisante Blackwood semblait ravie et se rapprocha, avec beaucoup d’entrain, de cet agencement lugubre. Et soudain le déclic. De la magie noire… « Please don’t ! » la supplia Emma, en interceptant le bras de sa sœur. « You’re such a child sometimes Em’ ! » lui répondit Effie en se dégageant brutalement de son emprise. S’emparant d’une carte, au hasard, elle divulgua alors une monstrueuse manticore. Affolée, Emma s’empara d’un autre verre qu’elle but en une fraction de seconde. « Now… The blood of an innocent woman. » continua Filip en en la désignant, un sourire perfide aux lèvres.
« Are you kidding me ? Is that why you asked me to come ? » cria-t-elle à l’attention de sa grande-soeur. Le puissant Carsten se leva brusquement, cramponnant cruellement le bras d’Emma l’empêchant alors de s’enfuir. D’un coup de baguette avisé, Elza lui entailla la paume tandis que Filip recueillait le précieux sérum qui s’en échappait. « I hate you Effie ! » hurla-t-elle en bataillant contre cet infâme sorcier. Blessée, enragée ou dépitée, l’ainée finit par s’avancer lentement vers elle : « Do you… Do you really hate me ? I promise I was just trying to do something fun with you ! But if you’re not happy… » lui murmura-t-elle tristement avant de s’interrompre. « Then, go to hell ! » poursuivit Carsten en la repoussant férocement vers ce qui semblait être une cheminée.
Emma ne comprit pas ce qu’il se produisit ensuite et se retrouva étendue sur le sol d’une pièce sombre et humide. Une désagréable odeur de moisi flottait légèrement dans l’air. Se redressant aussitôt, elle fila vers l’unique porte qu’elle distingua. Ancienne et détériorée, la serrure était rouillée. Oscillante, elle tourna la poignée qui ne céda pas sous ses doigts. Verrouillée. Comme si cela ne suffisait pas, sa main scarifiée la faisait souffrir. Elle s’empara de sa baguette et susurra : « Alohomora… ». En vain ! De rage, elle donna un coup dans cette maudite issue. Dos contre le mur, elle ferma les yeux un instant. L’alcool commençait à lui monter à la tête. C’est alors qu’elle entendit un bruit, comme un craquement sourd. Elle frissonna. Pourtant, cette salle mal éclairée semblait totalement abandonnée. Hésitante, elle se dirigea vers l’immense âtre qui l’avait mené jusqu’ici. Rien non plus… Et sans poudre de cheminette, elle n’avait nulle part où aller. Grelottante dans sa délicate robe désormais tachée de sang, elle songea à attiser un feu. Néanmoins, la moiteur environnante était si pesante qu’elle réalisa qu’elle n’y parviendrait pas. Se levant doucement, elle se mit en quête d’une autre issue, une fenêtre, un passage, n’importe quoi à vrai dire. Quelques rares chandelles illuminaient faiblement les affreux recoins de ce lieu funeste. Encore ce bruissement ! « Is anybody in there ? » articula-t-elle d’une voix craintive. Tandis qu’elle jetait des coups d’œil apeurés autour d’elle, sa respiration se faisait de plus en forte. Un coup de vent, polaire, hostile, souffla l'unique flambeau qui lui permettait réellement de voir. Épouvantée, Emma fut alors plongée dans le noir le plus complet. Elle hurla.
made by black arrow
- InvitéInvité
Re: All new adventures are scary • Blackhole
Ven 13 Oct 2017 - 2:09
Les draps de soie glissèrent sur le corps de marbre de l'héritier des Reinhold, tandis que celui-ci se levait, les traits tirés, ses cheveux gominés, emmêlés. Réflexe journalier, ses longs doigts actionnèrent le mécanisme d'un briquet et un bruit de tison annonça une fumée insidieuse qui parcourut les poumons de l'intéressé. Moins consistant qu'un petit-déjeuner, mais plus rapide, ses lattes matinales étaient le moteur qui aidaient à entreprendre des journées bien remplies. Le verre bouteille de ses yeux arpenta la chambre qu'il occupait, seul, depuis son arrivée à Hungcalf. Par choix, évidemment, le jeune Alarik ayant toujours rechigné à partager ses affaires, son intimité comprise. Déjà deux mois qu'il avait rejoint l'université écossaise, qu'il tentait de reconstruire un univers à sa hauteur. Bon gré, mal gré, à pas de loups dans une mare aux canards. Ses vêtements quittèrent leurs cintres pour être passés sur le corps du scandinave dans un geste machinal. À le voir, les yeux dans le vide, on pouvait aisément deviner que le Reinhold avait les idées ailleurs. Quelque chose le tracassait. Même s'il ignorait encore la chose.
La réponse lui sauta au visage en même temps qu'un confetti orangé lui glissait sous le nez, alors qu'il avait rejoint la Grande Salle. Sourires carnassiers de citrouilles évidées et bonbecs parsemés aux quatre coins de la pièce. Le 31 octobre. Halloween. Fucking halloween. Alarik devait avouer qu'il n'était pas un très grand fan de la festivité qui célébrait la chasse aux bonbons et autres monstres. Il s'agissait toujours d'une occasion pour lui de recevoir des hiboux haineux ou piégés d'ail, pour voir s'il allait montrer son vrai visage et se transformer en chauve-souris pour fondre sur ses détracteurs. Ce qui n'était bien sûr jamais arrivé. Alors, de fait, Alarik avait appris à embraser les préjugés et les on-dit, à en jouer à son avantage. Mais il avait toujours des a priori lorsque la fête païenne arrivait.
Ici, à Hungcalf, il ne redoutait rien. Il ne s'attendait pas à recevoir de colis remplis de gousses. Non, ici, on le craignait plus qu'on ne l'approchait, car les gens le connaissaient très peu. Reinhold ne croisait que des murmures sur son passage, des personnes qui se posaient encore des questions sur son réel état. Il ne pouvait que les comprendre. Ajoutez aux rumeurs un teint cireux comme le sien et des incisives aiguisées, et le tour était joué. Il n'en avait cure, au fond. Cela tenait éloigné la raclure que pouvait contenir cette école.
La journée se passa donc sans incident majeur. Une première, pour le suédois, qui avait rarement connu un jour de fête tranquille, depuis sa jeune enfance. Et lorsque ses camarades Grymm sortirent les bouteilles pour célébrer la fin du mois d'octobre, le blond fut loin de rechigner à l'invitation. Tout était prétexte à sortir les verres pour s'injecter un peu d'alcool dans les veines. Voilà des habitudes qui ne changeaient pas, et qui resteraient telles quelles encore un bon moment, il le pensait. Une chose en entraînant une autre, la petite troupe qu'il formait avec les autres verts se mit en route pour rejoindre un bar huppé du quartier sorcier, qui accueillait bon nombre de festivités. Leurs pas résonnaient dans le niveau inférieur du château, les murs leur renvoyaient l'écho de leurs rires déjà imbibés, néanmoins, quelque chose de bien différent parvint jusqu'aux oreilles du blond.
- Alarik...
Une voix qu'il aurait reconnu entre toutes. Ses pas se stoppèrent net, ses oreilles à l'affût d'une autre répétition. Était-ce jusque le fruit de son imagination ou la réalité ? Les autres s'arrêtèrent également, surpris, mais Alarik leur fit un signe de la main.
- Just go. I'll join you guys later.
Il n'en fallut pas plus pour que ses acolytes s'éclipsent et que le Grymm se retrouve seul dans les sous-sols lugubres d'Hungcalf. Il attendit, quelques instants, qui lui semblèrent une éternité, avant de tourner les talons en se disant qu'il avait probablement tout imaginé. Lorsque, de nouveau, un murmure s'éleva.
- Alarik...
- Who's there ? Le ton claqua dans l'air, durement, froidement. Alarik n'était pas d'humeur à ce qu'on se joue de lui, mais surtout, il devait avouer qu'il était intrigué. Cette voix... Ne pouvait être autre que celle d'une femme qui avait jadis habiter son passé. I don't think it's funny. Show yourself or shut the hell up. Cependant, le frisson qui parcourait son échine ne trompait pas : quelque chose d'anormal se produisait, la même chose qui aimantait ses pieds dans la direction opposée à la sortie du château, vers cet écho toujours plus bourdonnant qui l'appelait sans cesse.
Alarik s'enfonçait dans le couloir où les chandelles avaient disparu ; soufflées, probablement, par le courant d'air constant qui semblait habiter les lieux. Même le bruit de ses pas ne se répercutait plus contre les murs, tandis que s'introduisait sournoisement des airs morbides jusqu'aux tréfonds de son crâne. Alarik semblait comme occulté, plus maître de ses mouvements ; il se rendit à peine compte qu'il venait de pénétrer dans une pièce qui lui était totalement inconnue auparavant, et que le chemin qu'il avait emprunté pour la rejoindre semblait avoir disparu avec toute sa raison. L'appel continuait, inlassablement, toujours tel un bruissement, qui gonflait à mesure que le Grymm tombait dans le piège. Son prénom, répété dans un sourire, par une voix qu'il avait aimé, ne pouvait le laisser indifférent. Marisa ? Is that you ? Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ici, à Hungcalf ? Était-elle venue pour lui ? Ce n'était pas improbable, et une lueur d'espoir commença à poindre dans son cœur.
Puis, plus rien.
Le néant.
Le silence, pesant, l'oppressa brusquement, le tirant de sa torpeur.
- What's happening... Where am I ?
Aucune réponse, si ce n'est le cliquetis furieux de centaines d'exosquelettes qui enflaient dans son crâne. Alarik se plaqua les mains sur les deux oreilles, grinçant des dents à l'approche du bruit strident. Des ombres se formaient, tout autour de lui, s'allongeant sur les murs, révélant des doigts crochus qui tentaient de l'agripper sans pour autant y parvenir. Luttant contre l'envie d'aboyer son désespoir, le Grymm se rua sur les murs, tentant de trouver une échappatoire. Les cliquetis se transformaient en voix, les voix se muaient en rire, les ombres se décollaient des parois pour se matérialiser à ses pieds. Comme dans ses rêves, ces terreurs nocturnes qui vivaient au fond de son sommeil.
Il n'aurait su dire depuis combien de temps il était là, à tourner en rond dans cette pièce, dans la Salle du Désespoir, qui usait de ses malfaisances sur lui. Elle faisait resurgir ses peurs, ses secrets et ses plus sombres pensées au grand jour, et le jeune homme n'arrivait pas à s'en détacher, sans comprendre que tout cela se passait uniquement dans sa tête. Une éternité aurait très bien pu s'écouler, alors qu'il avait fini par se laisser tomber au sol, dos au mur, tandis qu'un fracas attira son attention. Il ne fut même pas surpris, il avait déjà donné tous ses soubresauts, ce soir.
Une apparition. Encore un tour machiavélique de son cerveau abîmé. Sortant de nulle part, une forme, une silhouette, une femme, qui tentait, elle aussi, de sortir de l'endroit. Les yeux lourds, le regard perdu entre réalité et hallucination, Alarik suivait le ballet désordonné de la nouvelle marionnette de sa cellule, jusqu'à ce qu'il remarque le sang qui tâchait sa robe fine. Le jeune homme se releva, faisant craquer le plancher sous son poids, attirant l'attention de l'intruse. Is there anybody in there ? You already know that. Sa voix résonna gravement entre les quatre murs, donnant consistance au trop-plein de sa soirée. Car pour lui, il s'agissait une nouvelle fois d'une apparition pour le tester. Alors qu'il s'approchait à pas feutrés, une bourrasque lui souffla dans le dos, éteignant l'unique source de lumière qui persistait encore, et l'apparition lâcha un cri de terreur. Ce qui n'impressionna par le Grymm. Don't scream. I'm not going to hurt you. Ses pas se rapprochaient toujours plus du piège dressé pour lui par la pièce. Not yet. Le blond était loin de se rendre compte qu'il ne s'agissait que d'une jeune femme, sûrement plus effrayée par lui que l'inverse. La Salle du Désespoir avait trop joué avec son esprit, qui s'avérait détraqué. I'd like to talk, before anything else. Before the big test. Because that's why you're here, right? D'un sortilège informulé, Alarik désarma de sa baguette l'apparition. Sans encore une fois percuter que les apparitions n'avaient pas besoin de baguette. So, tell me. Where are we ? And what do you want ? Le scandinave s'était rapproché jusqu'à la brunette, dont il ressentait toujours la présence dans la pénombre environnante, ignorant les battements de son coeur qui auraient du lui mettre la puce à l'oreille. Sa main se saisit de celle, meurtrie, pleine de sang, de l'importune, l'attirant jusqu'à lui. You want to see if the rumors are true, that's it ?You're trying to tempt me to see if I will give in ? D'un nouveau sortilège informulé, la baguette d'Alarik éclaira la pièce d'un lumos, éclairant son visage par le bas, les ombres dessinant sa mâchoire carrée et ses paupières lourdes d'un air macabre. Un sourire carnassier, dévoilant ses incisives si célèbres, s'était glissé sur ses lèvres fines. À trop vouloir un vampire, il allait finir par leur en donner un. Well, lucky day for you, my dear. Because tonight, I might just give you what you want.
blackhole
all new adventures are scary
Ici, à Hungcalf, il ne redoutait rien. Il ne s'attendait pas à recevoir de colis remplis de gousses. Non, ici, on le craignait plus qu'on ne l'approchait, car les gens le connaissaient très peu. Reinhold ne croisait que des murmures sur son passage, des personnes qui se posaient encore des questions sur son réel état. Il ne pouvait que les comprendre. Ajoutez aux rumeurs un teint cireux comme le sien et des incisives aiguisées, et le tour était joué. Il n'en avait cure, au fond. Cela tenait éloigné la raclure que pouvait contenir cette école.
La journée se passa donc sans incident majeur. Une première, pour le suédois, qui avait rarement connu un jour de fête tranquille, depuis sa jeune enfance. Et lorsque ses camarades Grymm sortirent les bouteilles pour célébrer la fin du mois d'octobre, le blond fut loin de rechigner à l'invitation. Tout était prétexte à sortir les verres pour s'injecter un peu d'alcool dans les veines. Voilà des habitudes qui ne changeaient pas, et qui resteraient telles quelles encore un bon moment, il le pensait. Une chose en entraînant une autre, la petite troupe qu'il formait avec les autres verts se mit en route pour rejoindre un bar huppé du quartier sorcier, qui accueillait bon nombre de festivités. Leurs pas résonnaient dans le niveau inférieur du château, les murs leur renvoyaient l'écho de leurs rires déjà imbibés, néanmoins, quelque chose de bien différent parvint jusqu'aux oreilles du blond.
- Alarik...
Une voix qu'il aurait reconnu entre toutes. Ses pas se stoppèrent net, ses oreilles à l'affût d'une autre répétition. Était-ce jusque le fruit de son imagination ou la réalité ? Les autres s'arrêtèrent également, surpris, mais Alarik leur fit un signe de la main.
- Just go. I'll join you guys later.
Il n'en fallut pas plus pour que ses acolytes s'éclipsent et que le Grymm se retrouve seul dans les sous-sols lugubres d'Hungcalf. Il attendit, quelques instants, qui lui semblèrent une éternité, avant de tourner les talons en se disant qu'il avait probablement tout imaginé. Lorsque, de nouveau, un murmure s'éleva.
- Alarik...
- Who's there ? Le ton claqua dans l'air, durement, froidement. Alarik n'était pas d'humeur à ce qu'on se joue de lui, mais surtout, il devait avouer qu'il était intrigué. Cette voix... Ne pouvait être autre que celle d'une femme qui avait jadis habiter son passé. I don't think it's funny. Show yourself or shut the hell up. Cependant, le frisson qui parcourait son échine ne trompait pas : quelque chose d'anormal se produisait, la même chose qui aimantait ses pieds dans la direction opposée à la sortie du château, vers cet écho toujours plus bourdonnant qui l'appelait sans cesse.
Alarik s'enfonçait dans le couloir où les chandelles avaient disparu ; soufflées, probablement, par le courant d'air constant qui semblait habiter les lieux. Même le bruit de ses pas ne se répercutait plus contre les murs, tandis que s'introduisait sournoisement des airs morbides jusqu'aux tréfonds de son crâne. Alarik semblait comme occulté, plus maître de ses mouvements ; il se rendit à peine compte qu'il venait de pénétrer dans une pièce qui lui était totalement inconnue auparavant, et que le chemin qu'il avait emprunté pour la rejoindre semblait avoir disparu avec toute sa raison. L'appel continuait, inlassablement, toujours tel un bruissement, qui gonflait à mesure que le Grymm tombait dans le piège. Son prénom, répété dans un sourire, par une voix qu'il avait aimé, ne pouvait le laisser indifférent. Marisa ? Is that you ? Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ici, à Hungcalf ? Était-elle venue pour lui ? Ce n'était pas improbable, et une lueur d'espoir commença à poindre dans son cœur.
Puis, plus rien.
Le néant.
Le silence, pesant, l'oppressa brusquement, le tirant de sa torpeur.
- What's happening... Where am I ?
Aucune réponse, si ce n'est le cliquetis furieux de centaines d'exosquelettes qui enflaient dans son crâne. Alarik se plaqua les mains sur les deux oreilles, grinçant des dents à l'approche du bruit strident. Des ombres se formaient, tout autour de lui, s'allongeant sur les murs, révélant des doigts crochus qui tentaient de l'agripper sans pour autant y parvenir. Luttant contre l'envie d'aboyer son désespoir, le Grymm se rua sur les murs, tentant de trouver une échappatoire. Les cliquetis se transformaient en voix, les voix se muaient en rire, les ombres se décollaient des parois pour se matérialiser à ses pieds. Comme dans ses rêves, ces terreurs nocturnes qui vivaient au fond de son sommeil.
Il n'aurait su dire depuis combien de temps il était là, à tourner en rond dans cette pièce, dans la Salle du Désespoir, qui usait de ses malfaisances sur lui. Elle faisait resurgir ses peurs, ses secrets et ses plus sombres pensées au grand jour, et le jeune homme n'arrivait pas à s'en détacher, sans comprendre que tout cela se passait uniquement dans sa tête. Une éternité aurait très bien pu s'écouler, alors qu'il avait fini par se laisser tomber au sol, dos au mur, tandis qu'un fracas attira son attention. Il ne fut même pas surpris, il avait déjà donné tous ses soubresauts, ce soir.
Une apparition. Encore un tour machiavélique de son cerveau abîmé. Sortant de nulle part, une forme, une silhouette, une femme, qui tentait, elle aussi, de sortir de l'endroit. Les yeux lourds, le regard perdu entre réalité et hallucination, Alarik suivait le ballet désordonné de la nouvelle marionnette de sa cellule, jusqu'à ce qu'il remarque le sang qui tâchait sa robe fine. Le jeune homme se releva, faisant craquer le plancher sous son poids, attirant l'attention de l'intruse. Is there anybody in there ? You already know that. Sa voix résonna gravement entre les quatre murs, donnant consistance au trop-plein de sa soirée. Car pour lui, il s'agissait une nouvelle fois d'une apparition pour le tester. Alors qu'il s'approchait à pas feutrés, une bourrasque lui souffla dans le dos, éteignant l'unique source de lumière qui persistait encore, et l'apparition lâcha un cri de terreur. Ce qui n'impressionna par le Grymm. Don't scream. I'm not going to hurt you. Ses pas se rapprochaient toujours plus du piège dressé pour lui par la pièce. Not yet. Le blond était loin de se rendre compte qu'il ne s'agissait que d'une jeune femme, sûrement plus effrayée par lui que l'inverse. La Salle du Désespoir avait trop joué avec son esprit, qui s'avérait détraqué. I'd like to talk, before anything else. Before the big test. Because that's why you're here, right? D'un sortilège informulé, Alarik désarma de sa baguette l'apparition. Sans encore une fois percuter que les apparitions n'avaient pas besoin de baguette. So, tell me. Where are we ? And what do you want ? Le scandinave s'était rapproché jusqu'à la brunette, dont il ressentait toujours la présence dans la pénombre environnante, ignorant les battements de son coeur qui auraient du lui mettre la puce à l'oreille. Sa main se saisit de celle, meurtrie, pleine de sang, de l'importune, l'attirant jusqu'à lui. You want to see if the rumors are true, that's it ?You're trying to tempt me to see if I will give in ? D'un nouveau sortilège informulé, la baguette d'Alarik éclaira la pièce d'un lumos, éclairant son visage par le bas, les ombres dessinant sa mâchoire carrée et ses paupières lourdes d'un air macabre. Un sourire carnassier, dévoilant ses incisives si célèbres, s'était glissé sur ses lèvres fines. À trop vouloir un vampire, il allait finir par leur en donner un. Well, lucky day for you, my dear. Because tonight, I might just give you what you want.
- InvitéInvité
Re: All new adventures are scary • Blackhole
Mer 18 Oct 2017 - 22:58
All new adventures are scary
Alarik Reinhold • Emma Blackwood
Soundtrack ♪
Soundtrack ♪
Voix rauques. Cris stridents. Un perpétuel susurrement lui insufflait des intentions macabres depuis que le piège s’était refermé sur elle. Comme un disque enrayé qui la maudissait encore et encore pour avoir commis l’irréparable. Blackwood ! Une éloquence douloureuse, profonde, surgissant des ténèbres vagabondait dans son cœur et son corps. We used to be one… How could you ? Déchirantes résonances masculines qui lui glaçaient le sang, nervure après nervure. Inconnues et pourtant si familières, ces paroles assassines avaient hanté ses nébuleuses nuits d’été. Le cauchemar ne faisait que débuter. Emma luttait, tant bien que mal contre ces mots coléreux, cruels et frénétiques. Car, elle était bien esseulée dans cette prison psychique, ce lieu funeste. Du moins, c’est ce qu’elle se plaisait à croire. « You already know that. » Un timbre grave, éraillé la fit frémir. Son imagination lui jouait encore des tours. Dépeuplées, inhabitées, désertées, elle était persuadée d’avoir parcouru chaque recoin des catacombes.
Si seulement elle savait… We screamed, we begged you to stop. Elle secoua la tête comme pour se débarrasser de ces murmures incessants, ces odieuses confidences qui jamais ne se taisaient. Ses ongles pénétraient sa chair nue, petit à petit. Il fallait que cela cesse au plus vite. We burnt because of you, Blackwood ! I burnt because of you ! Ses grands yeux bleus s'humidifiaient gravement, sur le point de craquer, de se jeter dans ce précipice mortel qui énonçait son nom, encore et encore. Elle n’y était pour rien. Ses ancêtres avaient certainement eu un rôle à jouer dans cet incendie meurtrier mais, Emma n’en était pas l’instigatrice, ne pouvait l’être. Plus de deux-cent ans s’étaient écoulés depuis l’anéantissement du clan Douglas. Alors pourquoi se sentait-elle coupable ? Now… I’ll make you suffer, just like your family did. L’obscurité. Son hurlement aigu brisant cette tranquillité dénaturée. La voix se tut un instant. Et revint lentement. Néanmoins, plus rassurante, apaisante : « Don't scream. I'm not going to hurt you. »
Emma s’adoucit, relâchant momentanément ses muscles crispés. Elle expira doucement dans l’espoir de retrouver son calme, son pauvre cœur battant si fort qu’elle se demandait s’il n’allait pas finir par exploser. « You… You aren’t ? » balbutia-t-elle fébrilement. La délicate Blackwood avait perdu toute notion de temps, d’espace, mais il lui semblait s’entretenir avec un revenant. Et pas n’importe lequel… Archibald. Cet éprouvé et talentueux sorcier de la lignée Douglas tué de sang-froid par son ascendance, à elle. Dans son malheur, il ne semblait pas tenir rancune à Emma. Suffisamment pour ne pas l’estropier, à moins que... « Not yet… » Sa gorge se serra et elle déglutit avec difficulté. Bien sûr que ce vieillard la détestait, qu’il la torturerait jusqu’à ce que son essence périsse. Comment avait-elle pu penser le contraire ? Si douce, si naïve…
Il lui semblait que les intonations s’approchaient, mais elle n’en était plus certaine. Ces sentiments mélancoliques qui s’agrégeaient sur sa silhouette, détérioraient sa volonté, la désenchantaient. Cette vague de désespoir qui la submergeait semblait insurmontable. Pessimisme permanent, elle ne se reconnaissait plus. « I’d like to talk, before anything else. Before the big test. Because that's why you're here, right? » Sa baguette lui échappa des mains, le bicentenaire avait osé la désarmer. Aussitôt, ses doigts touchèrent terre, mais dans cette noirceur opaque, impossible de remettre la main sur son précieux bien. Elle s’éleva, tristement. Il lui faudrait désormais être forte, agile pour s’échapper de ce profond cachot. Etait-ce cela l’épreuve dont il parlait ? Si elle parvenait à exaucer ses désirs, peut-être trouverait-il la paix et Emma le chemin vers la sortie. « Yes... That’s why I’m here. » répondit-elle calmement.
« So, tell me. Where are we ? And what do you want ? » Apparition égarée au sein de sa propre citadelle dévastée, jadis dévorée par les flammes. Deux siècles que cet esprit tourmenté errait dans ces souterrains épargnés. Les mains vides, Emma n’avait plus que son brillant esprit pour se sortir cette malfaisante embuscade. Tant bien que mal, elle se risqua à apprivoiser ces chuchotements éternels. 1. Les laisser approcher timidement telle une bête craintive qui convoiterait son âme. 2. Les observer longuement, patiemment afin de 3. Mieux les identifier, les appréhender dans l’unique visée de 4. Les dompter. Les négociations étaient finalement ouvertes. « Would you help me getting out of here if I answer your questions ? Because that’s what I want… » articula-t-elle, aussi fermement que la peur qui lui rongeait les os le lui permettait. Elle avait une idée du lieu où ils évoluaient, mais elle ne voulait pas froisser l’esprit, le décevoir et répliqua à l’aide d’une nouvelle question : « What was the last place you remember being at ? »
Silencieusement, il se rapprocha, saisit sa main mutilée. « You want to see if the rumors are true, that's it ? You're trying to tempt me to see if I will give in ? » Elle frémit à ce contact, étrange courant électrique parcourant lentement ses longs doigts, sa paume délicate, son bras fragile, sa douce poitrine jusqu’à se loger au creux de son ventre. Chaleur ardente et incontrôlable. « I promise I didn't know anything about you and your family until this summer… » confia-t-elle déconcertée. Jamais, elle n’avait eu vent des rumeurs dont il lui faisait part. Désarçonnée, Emma présuma que le revenant lui indiquait les doutes qui la consumaient depuis plusieurs semaines, conjectures indiquant que les Blackwood auraient volontairement exterminé leurs alliés. Si cette interrogation était dès à présent élucidée, la suite de l’énigme était plus problématique, plus complexe. Et cette fascination inhabituelle pour son sang la faisait frissonner. Ses récentes mésaventures l’incitèrent à envisager qu’Archibald était, lui aussi, un adepte de magie noire. Emma redouta alors de l’encourager à commettre un acte d’une animosité véhémente. Elle dégagea doucement sa main de la prise du démon qui la tourmentait, rompant la tentation signalée.
« Well, lucky day for you, my dear. Because tonight, I might just give you what you want. » Un mouvement de recul, vif, maladroit, lorsqu’elle perçut cette effigie éclairée. Elle aurait voulu crier, mais aucun son ne semblait vouloir sortir sa bouche. Un vampire ! Elle ignorait que sa famille en comprenait, mais ce sourire carnassier ne pouvait la tromper. Dos au mur qui la retenait captive, sa respiration était irrégulière, pénible. Emois féroces et impitoyables, ses jambes chancelaient, vacillaient. Emma faiblit, puis capitula insensiblement. Les genoux repliés sur ce plancher humide et grinçant, elle releva lentement la tête vers la bête, ses longs cheveux bruns caressant son visage terrorisé. « I’m sorry about what they did to you… » mumura-t-elle, sincèrement déchirée. Ses mains éraflèrent le sol, à la recherche d’un appui qui lui permettrait de redresser ce corps estropié. C’est en réalité sa curiosité, insatiable et excessive, qui lui donna la force de faire quelques pas vers le monstre qui se tenait devant elle. Issus du même clan, s’en prendrait-il réellement à elle ? D’un geste délicat, sa main ensanglantée se posa sur la mâchoire carrée de l’apparition et ses lèvres s’entrouvrirent fiévreusement: « I’ll help you… I’ll bring you peace, justice as you deserve. »
Son geste poursuivant sa course, ses doigts glissèrent le long de ce bras vampirique, jusqu’à la baguette qu’il empoignait. D’un sortilège informulé, Emma raviva la lueur à l’extrémité de ce remarquable bout de bois, orientant délicatement la chétive lueur vers ce visage qui lui semblait de plus en plus humain. Elle ne voulait pas l’effrayer, encore moins le tourmenter ou l’aveugler. La tête légèrement inclinée, elle contemplait avec attention ce qu’elle pensait être un parent éloigné. Et soudain, elle comprit. « You’re not Archibald, right ? » adjura-t-elle, à nouveau alarmée. D’une manière qu’elle ne saurait expliquer, son instinct timoré lui avait soufflé qu’elle ne faisait pas face à un Douglas et encore moins à un fantôme. Ce visage aux traits durs n’était en rien comparable aux portraits qu’elle avait dénichés le mois dernier. La belle était affolée retenue en cage avec un homme sans doute aussi déséquilibré qu’elle, la Salle du Désespoir érodant son jugement et sa raison. En tentant de s’éloigner, elle se heurta maladroitement à l’anatomie masculine. Le son d’une baguette roulant lourdement sur le plancher la troubla. L’obscurité dans laquelle ils s’enfoncèrent une fois de plus, confirma ses craintes, il avait lâché son arme. Saisissant cette opportunité singulière, Emma agrippa le bras du jeune homme et murmura dans les ténèbres: « Then... Who are you ? And, what do you want from me ? »
made by black arrow
- InvitéInvité
Re: All new adventures are scary • Blackhole
Dim 29 Oct 2017 - 2:42
Les ombres se mouvaient tout autour d'eux, comme avides de l'échange qui se déroulaient entre leurs proies du soir. Comme si elles se nourrissaient de leurs paroles, se nourrissaient de leur peur, dissimulée ou pas. La pénombre entourait les silhouettes, dévorante, et seul le faible lumos du scandinave permettait encore de discerner quelque chose dans cet amas d'épouvante. Chacun des deux protagonistes étaient aveuglés par un voile : ce qu'ils avaient véritablement en face d'eux n'existait pas, seuls les fantômes, les fantômes de leurs angoisses profondes, prenaient le dessus sur leurs esprits à cet instant. Un tête-à-tête des plus étranges s'élevait entre les deux égarés, chacun s'adressant à quelque chose d’irréel, à une vision fabriquée de toute pièce par une salle maléfique.
Un bruit sourd de baguette avait résonné entre les quatre murs ravisseurs quelques instants plus tôt. Désarmée, la belle intruse ne pouvait désormais plus attaquer Alarik, sauf avec les mots, peut-être. Lui-même savait ô combien ils pouvaient être meurtriers. Il préférait attaquer, d'abord, ne plus se laisser submerger par le désespoir que la situation lui inspirait. S'il arrivait à surmonter cette nouvelle - et dernière ? - épreuve, peut-être reviendrait-il à la raison. S'il la retrouvait, un jour. L'apparition finit par confirmer ses craintes. Yes... That’s why I’m here. Un son dédaigneux s'échappa des lèvres du Grymm. Of course, you are. Et ses lèvres formèrent directement une autre interrogation, chose qui le taraudait depuis qu'il avait succombé aux intonations d'une voix traîtresse. Où est-ce qu'il était, qu'est-ce qu'on attendait de lui, exactement ? Il était cruel de faire vivre un tel calvaire à quelqu'un, sans au moins lui donner une bonne raison de souffrir.
L'apparition, plus vraie que nature, pourtant, semblait d'humeur joueuse. Elle ne voulait pas répondre à ses interrogations franchement, elle souhaitait continuer à le tourmenter, le faire tourner en bourrique - le rendre fou, même, sûrement. Would you help me getting out of here if I answer your questions ? Because that’s what I want… Le nez d'Alarik se retroussa sur son visage courroucé ; son ton, à lui, ne laissait transparaître aucun amusement, et l'agacement se faisait ressentir. What ? What do you mean ? You're the one that made me come here in the first place. Une inspiration, rapide, censée le calmer, le maîtriser, mais le ton ne se faisait que plus doucereux. Don't play your little games on me. I'm really not in the mood. If you want to get out of this, so do I. Let's not keep on going any longer. Pourtant, son opposante ne se laissait pas décontenancer. Derrière sa voix chevrotante, le suédois décela une certaine force de conviction. What was the last place you remember being at ?
Agacé, Rik ne répondit même pas. Non, il était plutôt obnubilé par le sang dont elle était couverte, par la diversion qu'elle représentait. Dans sa tête, tout ça, c'était un test. Un test pour prouver quoi, il n'en savait rien, pourtant, il savait une chose : les gens étaient assez tordus pour en arriver à ce genre de manigances pour avoir réponse à toutes leurs questions malvenues. L'ignorant, éludant sa question ostensiblement, il préféra s'approcher de la chimère, gardant une certaine réserve. Pourtant, sa curiosité avait besoin d'être rassasiée. You want to see if the rumors are true, that's it ? You're trying to tempt me to see if I will give in ? La main du monstre avait saisi celle de la poupée, le liquide poisseux, répandu sur la paume étant plus tangible qu'il ne l'aurait cru. Il ne réalisait pas encore, toujours pas, que celle qui se tenait face à lui en cet instant n'était pas le fruit de son imagination, mais bien une réalité.
De nouveau, elle n'embarqua pas dans le charabia illusionné du blond, prétendant simplement qu'elle n'avait jamais entendu parler de lui jusqu'à l'été dernier. Sa voix se fit rauque, presqu'enrouée. Just like everyone else. La main de la brune quitta celle du possédé, tandis que celui-ci serrait le poing, ressentait toujours la chaleur de l'hémoglobine. And yet, here you are. Don't tell me it's not to be part of the show. L'irritation se faisait toujours autant ressentir en lui. Ces voix qui n'arrêtaient pas de le tourmenter et les ombres qui continuaient à onduler autour d'eux, l'enlisant dans un état d'engourdissement, et les paroles goguenardes de l'esprit plus vrai que nature, il commençait à ne plus le supporter. Une bouffée de chaleur s'empara de lui, un sourire dément pris place sur son visage, tandis qu'il lançait le lumos prodigueur de lumière. Well, lucky day for you, my dear. Because tonight, I might just give you what you want. S'il se montrait le plus effrayant des deux, sans doute le laisserait-on partir. Et au fond, en cet instant, il se sentait plus près du monstre que de l'humain, comme il ne l'avait jamais ressenti auparavant.
Cette pièce avait un pouvoir immensément grand sur le Reinhold, bien malgré lui. Lui qui contrôlait toujours tout, en apparence, en société, dans les couloirs de l'école, lui-même se sentait plus affaibli que jamais en cet instant, ce moment où il sentait le monstre qu'on avait toujours fait de lui, s'exprimer. Ses sens étaient éveillés, pourtant camouflés par le voile de l'emprise de la salle, il ressentait le sang sur ses doigts, respirait celui-ci sur sa robe, son regard, attiré par sa nuque. Il ne savait pas ce qui le retenait encore de se jeter sur elle. Une étincelle de raison, cachée quelque part. L'effarement dans les yeux de la brunette, qui avait reculé, qui était tombée au sol, aussi. Son regard exprimant l'aversion de centaines d'yeux posés sur lui. I’m sorry about what they did to you…
Pétrifié, Alarik resta sur place, toutes les pensées de son cerveau restant canalisées là-haut, n'appuyant pas sur le bouton "action", pour en terminer de tout ça. You're sorry... It's not going to change anything. All of this... It made me who I am. No turning back. Et pourtant, elle se relève, l'incongrue, elle parvint à revenir vers lui, malgré sa véritable nature révélée. Sa main se dirigea vers la joue du scandinave, ses doigts passant sur sa mâchoire tranchante, avant qu'Alarik ne retienne son geste en se saisissant de son poignet. Il fallait qu'il mette fin à tout ça, il n'arrivait décidément plus à distinguer le faux de la réalité. Cette caresse, l'avait-il rêvée ou vraiment ressentie ? I’ll help you… I’ll bring you peace, justice as you deserve. How ? Is death what you're thinking of ? I'm not that much of a fool. Il ignorait encore de quoi elle parlait, il n'était pourtant pas enclin à connaître sa vérité. Perturbé, il ne remarqua pas la main de la jeune femme s'échapper, descendre vers sa propre baguette, et un faisceau de lumière les éclaira une nouvelle fois. Cette fois, pourtant, les yeux du blond accrochèrent le regard de la Lufkin, comme un instant de lucidité, avant de retomber dans l'aveuglement. You’re not Archibald, right ? Rik se contenta d'infirmer sa demande par une négation du visage, encore perturbé par ce qu'il venait de voir, un nouveau tour joué par le Désespoir. Tellement surpris, le jeune homme en laissa échapper sa baguette, les replongeant une nouvelle fois dans l'obscurité. Ce visage, qu'il venait de voir apparaître, avait été celui d'Emma, un court instant, avant que la Salle ne reprenne le dessus sur lui. Ce qu'il avait vu, alors, était loin de l'enchanter. On jouait désormais avec ses sentiments, en prenant l'apparence d'une bien aimée qui se trouvait bien loin d'ici. Then... Who are you ? And, what do you want from me ? Et la voix, désormais, qui dans ses oreilles, prenait des teintes suédoises sans pareille. Il agrippa l'apparition, la poussant contre le mur non loin d'eux, sans maîtriser une certaine violence, alimentée par la rage d'un tel affront. Shut up ! Stop it, right now ! How dare you take her face ? I've let you played with me way longer than I should have, now you've gone too far. L'une de ses mains se plaqua contre la gorge de l'incarnation, il voulait juste la faire taire, que tout ça s'arrête. Pourtant, quelque chose l'empêcha de serrer sa prise, de briser une nuque de ses doigts. Un tapotement, vif, rapide, sous sa paume, qui le sortit de sa torpeur. Un cœur qui battait, dans cette poitrine qu'il s'apprêtait à priver d'oxygène. Aussitôt, ses doigts se dénouèrent, bien qu'ils restèrent à hauteur de cette nuque, au-dessus de ce buste plein de vie. You're... You're real. Un murmure, l'étonnement incarné. Soudainement, c'était comme si le poids, l'effet de suffocation que la Salle du Désespoir avait exercé sur lui, s'envolait, d'un coup. Pourtant, Alarik ne se reposait pas sur ses lauriers. Son pouce frôla la courbe d'un menton, ses doigts effleurèrent une mèche de cheveux. Il sentait l'accélération d'une respiration saccadée. I need to know that you're real. Et qu'il n'était pas complètement en train de virer cinglé. Même s'il ne la voyait pas, il la sentait, là, bien réelle, bien en chair, près de lui, apeurée. Il le sentait au fond de lui, désormais : la Salle n'avait plus d'emprise sur lui, il s'accrochait désormais à Emma pour ne pas replonger.
Ils semblaient loin d'être tiré du compte, pour autant. Alors que le Grymm réalisait seulement ce qu'il venait de se passer, quelque chose les frôla, un ricanement s'éleva, comme s'il provenait des quatre coins de la pièce. Alarik se retourna, prêt à en découdre, cette fois. Enough ! You've wasted enough of our time, let us go now. You're not fooling us anymore. Son ton était catégorique, il se pencha pour récupérer sa baguette. Pourtant, il était difficile de combattre un ennemi qu'on ne pouvait apercevoir.
Un bruit sourd de baguette avait résonné entre les quatre murs ravisseurs quelques instants plus tôt. Désarmée, la belle intruse ne pouvait désormais plus attaquer Alarik, sauf avec les mots, peut-être. Lui-même savait ô combien ils pouvaient être meurtriers. Il préférait attaquer, d'abord, ne plus se laisser submerger par le désespoir que la situation lui inspirait. S'il arrivait à surmonter cette nouvelle - et dernière ? - épreuve, peut-être reviendrait-il à la raison. S'il la retrouvait, un jour. L'apparition finit par confirmer ses craintes. Yes... That’s why I’m here. Un son dédaigneux s'échappa des lèvres du Grymm. Of course, you are. Et ses lèvres formèrent directement une autre interrogation, chose qui le taraudait depuis qu'il avait succombé aux intonations d'une voix traîtresse. Où est-ce qu'il était, qu'est-ce qu'on attendait de lui, exactement ? Il était cruel de faire vivre un tel calvaire à quelqu'un, sans au moins lui donner une bonne raison de souffrir.
blackhole
all new adventures are scary
Agacé, Rik ne répondit même pas. Non, il était plutôt obnubilé par le sang dont elle était couverte, par la diversion qu'elle représentait. Dans sa tête, tout ça, c'était un test. Un test pour prouver quoi, il n'en savait rien, pourtant, il savait une chose : les gens étaient assez tordus pour en arriver à ce genre de manigances pour avoir réponse à toutes leurs questions malvenues. L'ignorant, éludant sa question ostensiblement, il préféra s'approcher de la chimère, gardant une certaine réserve. Pourtant, sa curiosité avait besoin d'être rassasiée. You want to see if the rumors are true, that's it ? You're trying to tempt me to see if I will give in ? La main du monstre avait saisi celle de la poupée, le liquide poisseux, répandu sur la paume étant plus tangible qu'il ne l'aurait cru. Il ne réalisait pas encore, toujours pas, que celle qui se tenait face à lui en cet instant n'était pas le fruit de son imagination, mais bien une réalité.
De nouveau, elle n'embarqua pas dans le charabia illusionné du blond, prétendant simplement qu'elle n'avait jamais entendu parler de lui jusqu'à l'été dernier. Sa voix se fit rauque, presqu'enrouée. Just like everyone else. La main de la brune quitta celle du possédé, tandis que celui-ci serrait le poing, ressentait toujours la chaleur de l'hémoglobine. And yet, here you are. Don't tell me it's not to be part of the show. L'irritation se faisait toujours autant ressentir en lui. Ces voix qui n'arrêtaient pas de le tourmenter et les ombres qui continuaient à onduler autour d'eux, l'enlisant dans un état d'engourdissement, et les paroles goguenardes de l'esprit plus vrai que nature, il commençait à ne plus le supporter. Une bouffée de chaleur s'empara de lui, un sourire dément pris place sur son visage, tandis qu'il lançait le lumos prodigueur de lumière. Well, lucky day for you, my dear. Because tonight, I might just give you what you want. S'il se montrait le plus effrayant des deux, sans doute le laisserait-on partir. Et au fond, en cet instant, il se sentait plus près du monstre que de l'humain, comme il ne l'avait jamais ressenti auparavant.
Cette pièce avait un pouvoir immensément grand sur le Reinhold, bien malgré lui. Lui qui contrôlait toujours tout, en apparence, en société, dans les couloirs de l'école, lui-même se sentait plus affaibli que jamais en cet instant, ce moment où il sentait le monstre qu'on avait toujours fait de lui, s'exprimer. Ses sens étaient éveillés, pourtant camouflés par le voile de l'emprise de la salle, il ressentait le sang sur ses doigts, respirait celui-ci sur sa robe, son regard, attiré par sa nuque. Il ne savait pas ce qui le retenait encore de se jeter sur elle. Une étincelle de raison, cachée quelque part. L'effarement dans les yeux de la brunette, qui avait reculé, qui était tombée au sol, aussi. Son regard exprimant l'aversion de centaines d'yeux posés sur lui. I’m sorry about what they did to you…
Pétrifié, Alarik resta sur place, toutes les pensées de son cerveau restant canalisées là-haut, n'appuyant pas sur le bouton "action", pour en terminer de tout ça. You're sorry... It's not going to change anything. All of this... It made me who I am. No turning back. Et pourtant, elle se relève, l'incongrue, elle parvint à revenir vers lui, malgré sa véritable nature révélée. Sa main se dirigea vers la joue du scandinave, ses doigts passant sur sa mâchoire tranchante, avant qu'Alarik ne retienne son geste en se saisissant de son poignet. Il fallait qu'il mette fin à tout ça, il n'arrivait décidément plus à distinguer le faux de la réalité. Cette caresse, l'avait-il rêvée ou vraiment ressentie ? I’ll help you… I’ll bring you peace, justice as you deserve. How ? Is death what you're thinking of ? I'm not that much of a fool. Il ignorait encore de quoi elle parlait, il n'était pourtant pas enclin à connaître sa vérité. Perturbé, il ne remarqua pas la main de la jeune femme s'échapper, descendre vers sa propre baguette, et un faisceau de lumière les éclaira une nouvelle fois. Cette fois, pourtant, les yeux du blond accrochèrent le regard de la Lufkin, comme un instant de lucidité, avant de retomber dans l'aveuglement. You’re not Archibald, right ? Rik se contenta d'infirmer sa demande par une négation du visage, encore perturbé par ce qu'il venait de voir, un nouveau tour joué par le Désespoir. Tellement surpris, le jeune homme en laissa échapper sa baguette, les replongeant une nouvelle fois dans l'obscurité. Ce visage, qu'il venait de voir apparaître, avait été celui d'Emma, un court instant, avant que la Salle ne reprenne le dessus sur lui. Ce qu'il avait vu, alors, était loin de l'enchanter. On jouait désormais avec ses sentiments, en prenant l'apparence d'une bien aimée qui se trouvait bien loin d'ici. Then... Who are you ? And, what do you want from me ? Et la voix, désormais, qui dans ses oreilles, prenait des teintes suédoises sans pareille. Il agrippa l'apparition, la poussant contre le mur non loin d'eux, sans maîtriser une certaine violence, alimentée par la rage d'un tel affront. Shut up ! Stop it, right now ! How dare you take her face ? I've let you played with me way longer than I should have, now you've gone too far. L'une de ses mains se plaqua contre la gorge de l'incarnation, il voulait juste la faire taire, que tout ça s'arrête. Pourtant, quelque chose l'empêcha de serrer sa prise, de briser une nuque de ses doigts. Un tapotement, vif, rapide, sous sa paume, qui le sortit de sa torpeur. Un cœur qui battait, dans cette poitrine qu'il s'apprêtait à priver d'oxygène. Aussitôt, ses doigts se dénouèrent, bien qu'ils restèrent à hauteur de cette nuque, au-dessus de ce buste plein de vie. You're... You're real. Un murmure, l'étonnement incarné. Soudainement, c'était comme si le poids, l'effet de suffocation que la Salle du Désespoir avait exercé sur lui, s'envolait, d'un coup. Pourtant, Alarik ne se reposait pas sur ses lauriers. Son pouce frôla la courbe d'un menton, ses doigts effleurèrent une mèche de cheveux. Il sentait l'accélération d'une respiration saccadée. I need to know that you're real. Et qu'il n'était pas complètement en train de virer cinglé. Même s'il ne la voyait pas, il la sentait, là, bien réelle, bien en chair, près de lui, apeurée. Il le sentait au fond de lui, désormais : la Salle n'avait plus d'emprise sur lui, il s'accrochait désormais à Emma pour ne pas replonger.
Ils semblaient loin d'être tiré du compte, pour autant. Alors que le Grymm réalisait seulement ce qu'il venait de se passer, quelque chose les frôla, un ricanement s'éleva, comme s'il provenait des quatre coins de la pièce. Alarik se retourna, prêt à en découdre, cette fois. Enough ! You've wasted enough of our time, let us go now. You're not fooling us anymore. Son ton était catégorique, il se pencha pour récupérer sa baguette. Pourtant, il était difficile de combattre un ennemi qu'on ne pouvait apercevoir.
- InvitéInvité
Re: All new adventures are scary • Blackhole
Mer 1 Nov 2017 - 20:13
All new adventures are scary
Alarik Reinhold • Emma Blackwood
Soundtrack ♪
Soundtrack ♪
Combien de temps tiendraient-ils encore entre ces quatre murs avant de s’anéantir l’un l’autre ? Emprisonnés dans ces redoutables catacombes, Alarik et Emma jouaient avec leurs propres nerfs, éprouvant et repoussant les limites de chacun jusqu’à ce que, finalement, la souffrance les détruise silencieusement. Il était son enfer et elle était le sien, infernal et envoûtant. Incapables de se comprendre… Tous deux aveuglés par leurs peurs les plus ancrées, électrisés par une douloureuse lutte contre leurs sombres démons, à défaut de se venir en aide. Un pas de travers et ils sombreraient dans la noirceur, tentés, à chaque minute, chaque seconde qui s’envolait, de commettre l’irréparable. Dans la pénombre, le Désespoir les guettait, prêt à cueillir l’âme la plus saignée, à libérer, supposément, le corps le plus immolé. Mais d’abord… D’abord, le Croque-Mitaine exultait dans le noir, se nourrissant de leur cruauté confinée et de leurs songes les plus monstrueux.
Confuse, la Blackwood perdait la tête. Etait-elle responsable de l’arrivée de son aïeul dans ces souterrains ? À trop songer à lui, peut-être avait-elle fini par l’invoquer… Involontairement bien entendu. Cependant, la nuit du 31 octobre n’était-elle pas consacrée, vouée aux dialogues avec ces essences perdues dans l’au-delà ? L’explication était plausible, plutôt recevable même... Mais alors, pourquoi Archibald était-il persuadé qu’elle jouait avec lui ? Elle n’en était pas capable et jamais Emma ne se risquerait à contrarier une âme en peine. Elle lui tendait la main pourtant, lui proposant son aide. Stupéfaite, elle se heurta à un mur de mystères, froid, sinistre et surtout silencieux, négligeant avec vigilance chacune de ses questions. Extenuée, elle lâcha prise, devint un court instant, sa marionnette, rejoignant sa danse millimétrée et le laissant la manipuler avec précaution. Il se perdait, toutefois, dans un monologue abyssal, s’enfonçant peu à peu vers davantage de folie. Perplexe, elle laissait son ancêtre divaguer, le rassurant de temps à autre quant aux inquiétudes qu’il se résignait à partager… Jusqu’à ce qu’elle découvre son visage, ses canines effilées. La peur la saisit, comme un coup qu’on lui assenait droit au cœur et, dans sa maladresse, chuta contre terre, uniquement en état de bredouiller de miséreuses excuses.
« You're sorry... It's not going to change anything. All of this... It made me who I am. No turning back. » lui confia-t-il froidement. « I’m… » commença-t-elle avant de s’arrêter brutalement. Une fois de plus, elle s’apprêtait à lui présenter des excuses. Bien trop effrayée à l’idée de l’offenser davantage, Emma poursuivit sur une lancée discordante : « It may not change anything… But I’m different from them. Most of them. Whatever you’ve been through, you can let it go now. I promise. » Son ton était plus ferme que désiré, mais cela importait-il réellement ? L’esprit ne semblait, de toute évidence, pas particulièrement réceptif à la sincérité et la candeur dont elle faisait preuve. Les mots durs de l’apparition virevoltaient et tourbillonnaient perpétuellement dans sa tête. Cet accent… Léger, certes, mais il n’avait rien de rond, contrairement aux intonations écossaises qu’elle connaissait et chérissait tant. Plus tranchant et acéré, qui était-il vraiment ? Emma avait besoin d’en avoir le cœur net et c’est ainsi qu’elle se redressa pour s’approcher du spectre. Une prise de risque, une sotte esquisse afin de le rassurer, le réconforter, et sa repartie claqua froidement : « How ? Is death what you're thinking of ? I'm not that much of a fool. » Mais, de quoi parlait-il ? « Death ? » répéta-t-elle simplement, déconcertée. Comment un fantôme pouvait-il avoir peur de la mort ? Ces paroles n’avaient aucun sens. A moins qu’elle ne se soit fourvoyée depuis le début, illusionnée par des murmures qui n’appartenaient pas à son ancêtre. La baguette qu’il tenait à la main soutint subtilement ses doutes qui, sans relâche, s’affermissaient. Comment avait-elle pu ne pas y penser plus tôt ? Le faible rayonnement qui s’en échappa ensuite confirma finalement ses hypothèses. Et c'est alors qu’elle se perdit dans le regard émeraude de cet étranger, dans le regard troublant d’Alarik Reinhold. Une onde de méfiance et d’incrédulité l’accaparant, elle débuta son interrogatoire. Il semblait réservé, silencieux, inapte à répondre à ses quelques questions, se contentant d’infirmer, de temps à autre, par une négation du visage. De nouveau plongés dans l’obscurité, elle ne pouvait plus interpréter ses traits durs, ses expressions stupéfiées, seulement se remémorer encore et encore cette physionomie qui l’ensorcelait.
Soudain, deux mains hargneuses s’agrippèrent à elle et aussitôt Emma se figea, tétanisée par cette impulsion inattendue. Cette violence… Son corps frêle et contusionné repoussé avec fureur contre l’un des murs de la pièce, sa tête heurtant la cloison de pierres froides et poisseuses. Et ces hurlements assassins qui virent la frapper en plein visage : « Shut up ! Stop it, right now ! How dare you take her face ? I've let you played with me way longer than I should have, now you've gone too far. » Elle aurait aimé se débattre, fuir cette puissante poigne mais, cela en valait-il véritablement la peine ? La douce Blackwood se savait prise au piège avec cet homme qui semblait la haïr pour d’obscures raisons. Instinct de survie. Une veine tentative pour se dégager de cette prise meurtrière et aussitôt le jeune homme saisit sa gorge, Emma en avait désormais la certitude, elle allait mourir ici, dans cette salle étrange qui avait manqué de lui faire perdre sa raison quelques instants auparavant. Sa respiration était saccadée, angoissée, son rythme cardiaque si endiablé que son corps entier frémissait sous le coup de chacune de ces pulsations terrifiées. Des larmes ruisselaient sur ses joues délicates et alors qu’elle s’apprêtait à succomber, ses dernières pensées furent pour sa famille : Caleb qu’elle avait sottement délaissé après qu’il l’ait abandonné afin de parcourir le monde, Effie qu’elle admirait tant mais qui l’avait malencontreusement attiré dans ce cauchemar, Ethan qu’elle aimait plus que tout, qu’elle aurait désiré enlacer, rassurer et tranquilliser une dernière fois. Peut-être serait-il le seul de la fratrie à pleurer sa mort ? Lui et ses parents naturellement…
Alors qu’elle s’apprêtait à rendre son dernier souffle, les doigts enveloppés autour de son cou se délièrent, ses poumons s’emplissant de l’air funeste de la Salle du Désespoir, des fragrances toxiques de son agresseur. « You're... You're real. » C’est l’effarement dans la voix du Grymm qui la retint d’exprimer sa rage, de s’insurger contre ce psychopathe ou encore d’abattre violemment sa main sur le visage qui se tenait à quelques centimètres d’elle. Avait-il, lui aussi, subi le tourment de ces puissantes apparitions ? Si tel était cas, les troublants yeux verts qui avaient momentanément accroché son regard appartenaient à une victime éprouvée, un homme qui souffrait sans doute autant qu’elle. Incapable de le distinguer dans la pénombre qui les recouvrait, Emma se contentait d’imaginer ses traits apeurés, de ressentir sa présence. Un pouce, celui d’Alarik, effleura lentement son menton et une fois de plus, cette curieuse ardeur s’empara d’elle. Les doigts du scandinave s’enroulèrent délicatement autour de l’une de ses mèches de cheveux et dans un murmure : « I need to know that you're real. »
Désemparée par cette confidence, la belle se raidit. Le souffle court, elle réfléchissait à la vitesse de l’éclair. Si elle ne le rassurait pas, il risquait à nouveau de sombrer dans ses tourments et cela, elle ne pourrait le supporter. Son crâne lancinant n’était qu’une vague piqure de rappel quant à la brutalité dont il pouvait faire preuve lorsque ses démons rongeaient son âme accablée. Sa baguette perdue quelque part dans les recoins de cette pièce sombre, elle s’adonna alors à cette aptitude qui la caractérisait tant, cette qualité qui faisait qu’elle était et ne cesserait d’être Emma Blackwood : sa douceur. Rassemblant tout le courage dont elle était encore capable, sa main tremblotante et scarifiée rechercha maladroitement celle de l’héritier. Ses doigts délicats se mêlèrent timidement aux siens, plus masculins, tandis qu’elle les déposait avec bienveillance à l’emplacement de son cœur apeuré. Peut-être que les battements de ce dernier, vifs et agités, finiraient par le convaincre de son existence ? La concernant, elle n’avait plus aucun doute à propos de l’humanité de cet homme dont elle ignorait, cependant, la véritable identité. Sa voix n’était qu’un chuchotement affolé lorsqu’elle parvint finalement à briser le silence : « My name is Emma. I was spending the evening at the Vampire’s Night with my sister when… When I ended up here. I don’t what happened… You have to trust me. » Elle retenait son chagrin avec difficulté, ne voulait pas complètement se dévoiler à l’inconnu qui se tenait devant elle. Toutefois, des émotions puissantes et contradictoires la submergeaient et il lui semblait que si elle se confiait, si elle s’ouvrait à cet homme, peut-être serait-il plus clément à son égard ? « The truth is… » poursuivit-elle doucement avant de s’interrompre subitement. D’un geste malaisé, elle accompagna la main d’Alarik, l’ôtant de son buste paniqué et la verrouillant aussi loin que possible de son cou délicat. La peur qu’il ne le lui torde, une fois encore, subsistant anxieusement dans un recoin de son esprit. « I am not sure where we are anymore. I thought you were someone else. Still, I believe we’re in some… Haunted basements. » Terrifiée qu’il s’en prenne à elle, Emma amoindrit l’espace entre leurs deux corps. Une vague d’empathie, une étrange attirance ou un égarement mal contenu, elle l’enlaça un instant, ses doigts longs et fins remontant légèrement le long de la nuque du Reinhold. Misant sur un possible effet de surprise, elle chuchota à son oreille : « I’m just as real as you are. And… It’s over now. We’ll find a way out of this nightmare. Together. »
Alors qu’Emma pensait, espérait que leur mauvais rêve touchait à sa fin, quelque chose érafla sa jambe, martelant son épaule avec insistance. Ce quelque chose qui ne pouvait être Alarik, temporairement suspendu dans ses bras frêles. « Did you feel that too ? » lui demanda-t-elle, l’affolement étranglant sa faible voix. Puis, un éclat, strident, déchirant, vint lui glacer le sang, rebondissant sur chacun des murs qui les entouraient. Le jeune homme fit volteface et articula fermement : « Enough ! You've wasted enough of our time, let us go now. You're not fooling us anymore. » Dans l’obscurité, la jeune Blackwood s’évertuait à ne pas trop s’éloigner de lui, immensément vulnérable maintenant que sa baguette lui avait été retiré. Un craquement. Et subitement, elle devina une main squelettique saisir sa cheville, la tirant cruellement en arrière. La douce perdit l’équilibre, s’écrasant brusquement contre le sol humide des sous-sols. Epuisée, aussi bien physiquement que mentalement, elle priait intérieurement pour que ce supplice cesse. Oh, Emma… L’épouvante ne faisait pourtant que commencer. Une force la traina sur le plancher grinçant et moite de la Salle du Désespoir. Ses ongles raclaient le sol alors qu’elle tentait de se débattre. « Please, help me ! » supplia-t-elle à l’attention du Grymm. Elle s’accrochait à la vie, au désir de retrouver l’amour de son clan, les rires de ses meilleurs amis et la ferveur du soleil sur son visage. Coup du destin, elle discerna un bout de bois filer entre ses doigts, peut-être sa baguette ? Elle resserra sa prise autour de cet accessoire familier. Il lui serait désormais possible de prendre le dessus sur ces détestables hallucinations. Contre toute attente, Emma sentit son corps s’élever violemment dans les airs. Terrorisée, elle ne put retenir un hurlement. Tentative désespérée, elle raviva une éblouissante lueur dans la pièce alors qu’une épouvantable créature se tenait derrière elle, prête à les attaquer tous les deux.
made by black arrow
- InvitéInvité
Re: All new adventures are scary • Blackhole
Jeu 2 Nov 2017 - 22:35
Tourment insatiable, les démons continuaient à taquiner Alarik et Emma jusqu’aux tréfonds de leurs tripes, s'insinuant dans leurs veines comme dans leurs poumons, altérant leurs regards pour qu’ils ne voient plus qu’une chose : ce qu’ils redoutaient le plus, ce qu’ils n’osaient avouer, ces monstres cachés au fond de leurs cœurs, qui trouvaient, ce soir, enfin un moyen de s'échapper, de s’exprimer.
Le plus affecté semblait néanmoins être le Grymm. Était-ce parce qu’il avait été dans la pièce depuis bien plus longtemps que la Lufkin ? Ou bien, parce que malgré les apparences, le masque qu’il portait constamment, il n’était que faiblesse, au fond ? Que malgré sa lutte quotidienne contre ses démons, ceux-ci restaient aussi puissants qu'à l’origine, peut être même plus, au fur et à mesure que les années passaient. Les inquiétudes de petit garçon s'étaient muées en réalité de l’homme adulte. À cela s'ajoutaient les erreurs de parcours, celles-là même qui le hantaient au point de le faire se réveiller chaque nuit, en sueur, malade. Ce n’était pas pour rien que le Reinhold ne partageait sa chambre avec personne, si ce n’était des conquêtes sporadiques. Il refusait tout simplement que quiconque assiste à sa réelle détresse, à la vulnérabilité que le sommeil amenait en lui. Pourtant, à l'instant, il ne dormait pas, n’arrivait ni à comprendre comment il se trouvait là, ni pourquoi on le tourmentait de telle façon. Et le pire, sans doute, c'était qu'il y avait un témoin à cette scène pathétique, bien que le blond ne s'en rendait pas totalement compte. L’endroit avait tellement joué avec ses nerfs, avec son cœur : il était à bout. Il voulait que ça en finisse. Il voulait effrayer son bourreau, mais ce fut lui, une fois de plus, qui se fit avoir. Un visage. C’est tout ce qu’il avait fallu comme apparition pour déboussoler le suédois. Bien plus, encore : provoquer sa colère. Comment ? Comment osaient-ils prendre son apparence ? La sienne, qu’il avait à la fois adorer et détester. La femme qu'il avait laissé en Suède. C’en était trop. Le feu contenu en lui jusqu’ici explosa : il voyait rouge, littéralement, et la peur qu’il essayait d'insuffler se mua en violence. Il allait les faire arrêter, d’une manière ou d’une autre.
Rik se mit à crier, dément qu'il était à l'idée qu'on se joue de lui de la sorte. Shut up ! Stop it, right now ! How dare you take her face ? I've let you played with me way longer than I should have, now you've gone too far. Il n’était pas dans les habitudes du Reinhold de jurer, loin de là, il voulait juste tellement que l’apparition se taise à tout jamais, alors qu’elle utilisait, en plus, la voix qui avait jadis murmuré des paroles réconfortantes à son oreille. Plaqué contre le mur, le monstre se retrouvait désormais avec de longs doigts serrés autour de son cou si mince. Il allait lui faire regretter cet affront, il allait lui faire regretter de s’en être pris à Alarik Reinhold. Ses mains agissaient avec hargne, comme elles mêmes animées d’une rage sans nom. Et qui sait quel destin funeste elles auraient pu accomplir, si le Reinhold n’était pas revenu à la raison. Une, deux larmes s'écrasèrent sur ses mains meurtrières. Un pouls, qui annonçait le dernier souffle de vie, s'animait sous ses paumes. Aucune chance qu’un esprit soit capable d'exécuter aussi bien des caractéristiques humaines. Aucune chance qu’un réel ennemi se soit laisser dominer aussi facilement. Les doigts relachèrent la nuque meurtrie précipitamment, l'effarement pris la place de la haine dans le regard du Grymm. You’re… You're real. Une intonation interrogative. Rik ne savait plus ce qu’il pouvait croire ou pas. Si son instinct était encore fiable. L'obscurité encore palpable continuait de jouer avec ses sens, il décida néanmoins de faire confiance à son toucher. Son pouce rencontra un visage, ses doigts se lièrent à une mèche de cheveux. Le visage qu’il avait entraperçu avant de virer fou, cette jeune femme aux prunelles bleus et à l'air désemparé… Était-ce vraiment elle ? L’avait-il imaginée, était-ce encore un tour alambiqué ? I need to know that you're real, avoua t il finalement. Il ne savait pas exactement comment il pouvait en être sûr, mais si cette présence, semblant si réelle, n'était encore qu'une ruse, c'était qu'il était totalement perdu et ne pourrait jamais revenir à la raison. Une dernière tentative de revenir à la raison, une dernière chance qu'il accordait à son instinct, et cette fois, comme il espérait ne pas se tromper.
Une main se saisit de la sienne, tremblotante, timide, peu sûre d'elle. Alarik hésitait encore, il savait tellement ce que ce genre d'hallucination pouvait parvenir à faire pour arriver à ses fins. Néanmoins, il décida de faire confiance à ses doigts chauds palpitants, qui contrastaient avec la froideur des siens. Guidée, sa main trouva son chemin jusqu'au cœur alarmé de celle qu'il avait pris pour un ennemi, encore quelques instants auparavant. Les yeux fermés, le Grymm se concentrait, ressentant la chamade des battements sous cette poitrine qui se remettait du coup de l'émotion. Alarik se mordit l'intérieur des joues, se punissant d'être aussi idiot. Il s'en était pris à une jeune femme innocente et n'était pas passé loin du point de non retour. Quel abruti ! Quel idiot se laissait si facilement perturber par des esprits malfaisants ? My name is Emma. I was spending the evening at the Vampire’s Night with my sister when… When I ended up here. I don’t know what happened… You have to trust me. Emma. Un prénom qui ne lui disait encore rien, mais qui allait bientôt prendre une signification particulière, pour lui. Rik secoua la tête. Il n'en revenait toujours pas de ce qu'il avait fait, presque fait. Cela ne faisait que deux mois qu'il était à Hungcalf, et déjà, il s'égarait dans ses mauvais travers. Personne, jamais, ne devait apprendre ce qu'il s'était passé. I do. I believe you. Sa voix était rauque, comme si elle venait de loin, comme si elle revenait à lui en même temps que ses esprits. Lorsqu'il eut déclaré qu'il la croyait, désormais, Emma recula la main avide de réponses d'Alarik, bien qu'elle la garda étroitement serrée dans la sienne. The truth is… I am not sure where we are anymore. I thought you were someone else. Still, I believe we’re in some… Haunted basements. Alarik hocha la tête, bien que son geste passa probablement inaperçu dans l'obscurité toujours environnante. You're right. Some kind of place that makes you go mad. Alarik poussa un profond soupir. Il n'était pas dans ses habitudes de s'excuser, il ne pouvait pas non plus ne pas le faire, dans ce cas-ci. I'm sorry for what I did to you, Emma. I wasn't being myself. I thought you were... Something else, too. Sans trop en dévoiler sur l'histoire. Elle en savait bien trop, déjà, à présent. Il espérait qu'elle ne lui en tiendrait pas trop rigueur, bien qu'elle semblait avoir compris qu'il n'avait plus maîtrisé ce qu'il faisait. Please, forgive me, glissa-t-il finalement avant que sa voix ne se brise dans un silence lourd de sens.
Leurs mains entrelacées, Alarik n'arrivait pas à s'arracher à l'emprise d'Emma, au fait qu'elle le rassurait et que, grâce à elle, il avait quitté l'état de torpeur qui l'avait habité jusqu'ici. Il ne comprenait pas réellement pourquoi, mais il se sentait mieux, plus proche d'elle, à son contact. Telle une ancre qui lui permettait de ne pas partir à la dérive, il fallait le temps au suédois de reprendre ses esprits, de se poser et de réfléchir à comment ils pouvaient bien se sortir de là, maintenant que leurs esprits étaient plus clairs. Bien qu'ils auraient sans nul doute dû mettre ce temps à profit pour trouver une échappatoire, leurs corps, comme aimantés, ne se détachaient pas, et Rik avait fini par laisser son front reposer contre celui de la Lufkin. Leurs respirations étaient toujours irrégulières, un sentiment étrange habitait toujours le Reinhold, comme un pressentiment. Pourtant, il se concentrait sur la jeune femme qui partageait ce cauchemar avec lui, sur son parfum embaumant ses narines, qui lui faisait oublier l'odeur de souffre ressentie plus tôt, sur ses doigts qui se baladaient sur sa nuque, se voulant rassurants. I’m just as real as you are. And… It’s over now. We’ll find a way out of this nightmare. Together. Rik finit par se reculer un peu, brisant leur étreinte, bien qu'ils furent toujours proches et qu'une sorte de courant électrique persistait entre eux. Le jeune homme n'aurait su dire s'il provenait d'eux-mêmes ou des présences tout autour d'eux, qui continuaient à flotter dans la pièce, l'air de rien. Comme attendant le moment propice pour attaquer, alors qu'Emma et Alarik étaient au plus bas. You're right. Let's get out of here. Ses doigts pressèrent ceux d'Emma dans sa main, comme pour se donner un peu de consistance. Il ne fallait pas qu'il échappe à certains démons pour retomber dans d'autres. Il l'attira dans son sillage, pour partir d'ici, même s'il ignorait encore comment. Cependant, la soirée d'Halloween leur réservait encore de mauvaises surprises, et la Salle du Désespoir ne voulait pas les laisser s'échapper aussi aisément.
Quelque chose, se situant entre le souffle et le matériel, se glissa entre eux, s'accrocha à leurs chevilles, leur tira les épaules. Did you feel that too ? Oh que oui, il l'avait senti. Son cœur se serra. Yes. Hurry up, we have to get out, and fast. Mais ils n'eurent pas l'occasion d'opérer un pas de plus. Un rire strident retentit soudainement entre les quatre murs, les immobilisant, faisant se rabattre les mains du Grymm sur ses oreilles, tandis qu'il lâchait par la même occasion la main d'Emma. Rik cria, pour se faire entendre du Mal qui régnait dans les lieux. Enough ! You've wasted enough of our time, let us go now. You're not fooling us anymore ! Par chance, son pied avait heurté sa baguette, qu'il avait perdu un peu plus tôt et, tandis qu'il se baissait pour la récupérer, il entendit un bruit sourd derrière lui. Vif, il se retourna, un lumos au poing, pour remarquer qu'Emma était tombée et était en train de se faire traîner en toute vitesse par une simple main à la force herculéenne. Emma ! Le Grymm ne réfléchit même pas, et s'élança à la suite, lançant un Lashlabask enragé sur le spectre, qui glissa sur la forme noire et ricocha dans le néant. Please, help me !, s'époumonna-t-elle, tandis que Rik avait déjà entamé une course en sa direction. S'élançant, le scandinave s'écrasa sur le plancher poussiéreux, parvenant cependant à attraper le bout des doigts de la brune. Hold on to me ! Et même si Rik s'était accroché de toute ses forces, celles du Désespoir étaient bien plus grandes, et Emma échappa à sa prise, continuant à se faire traîner sur le sol, avant d'être soulevée en plein air, telle une marionnette de chiffon à qui échappaient des cris de détresse, insoutenables.
Par chance, elle avait récupéré sa propre baguette, et parvint à éclairer la scène d'une lumière plus éclatante que Rik n'en avait jamais vu. Peut-être était-ce la conséquence d'être resté dans l'obscurité aussi longtemps. Le bras levé, le Grymm s'était caché le regard, avant d'oser jeter un œil sur la scène, qui le laissa paralysé. Il avait l'impression d'être en plein rêve, dans l'un de ces si nombreux cauchemars qui le laissaient pétrifié et impuissant dans son sommeil. Terreurs nocturnes, qu'on appelait ça, où dans votre sommeil paradoxal, vous voyez des monstres s'en prendre à vous tandis que vous ne pouvez lever le petit doigt pour agir. Et le monstre de la Salle avait précisément pris la forme du Croc-Mitaine de ses nuits. Rik ne pouvait se permettre de rester immobile, cette fois, et il se releva, les jambes ancrées dans le plancher, le bras pointé de sa baguette vers le spectre filamenteux, aux grands yeux creux, vides de tout orbite. Let her go, lança-t-il d'une voix affirmée, ne laissant pas percevoir l'angoisse qui lui serrait l'estomac. Let her go and I won't hurt you. L'apparition s'exprima d'un rire amusé, filtré tel un Sonorus enraillé. You won't ? You know how to threaten people, don't you, Alarik ? Le spectre s'amusait avec Emma alors qu'il s'adressait au Grym, la faisant léviter de haut en bas tel un yoyo fatigué. Le jeune homme savait pertinemment à quoi l’apparition faisait référence, il ne voulait pas que cette dernière continue à étaler son savoir face à la Lufkin. I don't know what you're talking about. Anyway, let her go, she has nothing to do with all of this. Alors qu'il prononçait ces paroles, un grésillement se mit à parcourir toute la pièce, tandis que des flammes oranges commençaient à s'élever tout autour d'eux. Alarik vit Emma s'agiter entre les mains squelettiques, tandis qu'elle se débattait férocement. She has everything to do with it, s'éleva une autre vois du néant, alors qu'une chaleur atroce se faisait désormais ressentir. Rik tenta des Aguamenti dans différentes directions, pourtant, les flammes jaillissaient plus hautes qu'auparavant dès que l'eau s'était effacée. Paniqué, il commençait à ne plus avoir de ressource, n'arrivant pas à affronter le regard sans vie du monstre qui détenait Emma. You'll never get out of here, you coward. Et c'est seulement à cet instant que la solution frappa de plein fouet le Grymm. Un lâche, qu'ils le traitent comme ça s'ils le désiraient, mais il n'était pas dénué d'intelligence. Tout concordait. Si ces formes parvenaient à prendre l'apparence de ce qui pouvait le plus effrayer Alarik, c'était simplement parce que... RIDDIKULUS, s’époumona Rik en direction de l'épouvantard qui retenait Emma. Rien que ça. Des épouvantards.
La forme effrayante écarquilla ses grands yeux vides tandis que le sort la frappait de plein fouet, et elle se transforma presque instantanément en balançoire, qui balançait désormais Emma d'avant en arrière, de manière plus douce. Les flammes, quant à elle, léchaient toujours les murs tout autour d'eux, tandis qu'Alarik se dirigeait vers Emma pour la rattraper, alors que l'épouvantard-balançoire se transformait en fumée, désormais déconfit. Le Grymm réceptionna la Lufkin lourdement, s'assurant qu'elle n'avait rien, alors que la pauvre chose semblait toujours aussi effrayée. Emma... Are you ok ? Il la reposa sur le sol, sans pour autant s'éloigner d'elle. Il ne la laisserait plus échapper comme cela avait été le cas. Don't be scared, those are just boggarts, they can be defeated. We're going to make it. Son ton se voulait rassurant, mais il avait toujours sa baguette braquée sur l'inconnu qui les entourait. Sans doute suffisait-il de maîtriser ce mur de flammes pour trouver l'issue de ce cauchemar, mais Alarik avait l'infime conviction que cette épreuve ne lui était pas réservée.
Le plus affecté semblait néanmoins être le Grymm. Était-ce parce qu’il avait été dans la pièce depuis bien plus longtemps que la Lufkin ? Ou bien, parce que malgré les apparences, le masque qu’il portait constamment, il n’était que faiblesse, au fond ? Que malgré sa lutte quotidienne contre ses démons, ceux-ci restaient aussi puissants qu'à l’origine, peut être même plus, au fur et à mesure que les années passaient. Les inquiétudes de petit garçon s'étaient muées en réalité de l’homme adulte. À cela s'ajoutaient les erreurs de parcours, celles-là même qui le hantaient au point de le faire se réveiller chaque nuit, en sueur, malade. Ce n’était pas pour rien que le Reinhold ne partageait sa chambre avec personne, si ce n’était des conquêtes sporadiques. Il refusait tout simplement que quiconque assiste à sa réelle détresse, à la vulnérabilité que le sommeil amenait en lui. Pourtant, à l'instant, il ne dormait pas, n’arrivait ni à comprendre comment il se trouvait là, ni pourquoi on le tourmentait de telle façon. Et le pire, sans doute, c'était qu'il y avait un témoin à cette scène pathétique, bien que le blond ne s'en rendait pas totalement compte. L’endroit avait tellement joué avec ses nerfs, avec son cœur : il était à bout. Il voulait que ça en finisse. Il voulait effrayer son bourreau, mais ce fut lui, une fois de plus, qui se fit avoir. Un visage. C’est tout ce qu’il avait fallu comme apparition pour déboussoler le suédois. Bien plus, encore : provoquer sa colère. Comment ? Comment osaient-ils prendre son apparence ? La sienne, qu’il avait à la fois adorer et détester. La femme qu'il avait laissé en Suède. C’en était trop. Le feu contenu en lui jusqu’ici explosa : il voyait rouge, littéralement, et la peur qu’il essayait d'insuffler se mua en violence. Il allait les faire arrêter, d’une manière ou d’une autre.
Rik se mit à crier, dément qu'il était à l'idée qu'on se joue de lui de la sorte. Shut up ! Stop it, right now ! How dare you take her face ? I've let you played with me way longer than I should have, now you've gone too far. Il n’était pas dans les habitudes du Reinhold de jurer, loin de là, il voulait juste tellement que l’apparition se taise à tout jamais, alors qu’elle utilisait, en plus, la voix qui avait jadis murmuré des paroles réconfortantes à son oreille. Plaqué contre le mur, le monstre se retrouvait désormais avec de longs doigts serrés autour de son cou si mince. Il allait lui faire regretter cet affront, il allait lui faire regretter de s’en être pris à Alarik Reinhold. Ses mains agissaient avec hargne, comme elles mêmes animées d’une rage sans nom. Et qui sait quel destin funeste elles auraient pu accomplir, si le Reinhold n’était pas revenu à la raison. Une, deux larmes s'écrasèrent sur ses mains meurtrières. Un pouls, qui annonçait le dernier souffle de vie, s'animait sous ses paumes. Aucune chance qu’un esprit soit capable d'exécuter aussi bien des caractéristiques humaines. Aucune chance qu’un réel ennemi se soit laisser dominer aussi facilement. Les doigts relachèrent la nuque meurtrie précipitamment, l'effarement pris la place de la haine dans le regard du Grymm. You’re… You're real. Une intonation interrogative. Rik ne savait plus ce qu’il pouvait croire ou pas. Si son instinct était encore fiable. L'obscurité encore palpable continuait de jouer avec ses sens, il décida néanmoins de faire confiance à son toucher. Son pouce rencontra un visage, ses doigts se lièrent à une mèche de cheveux. Le visage qu’il avait entraperçu avant de virer fou, cette jeune femme aux prunelles bleus et à l'air désemparé… Était-ce vraiment elle ? L’avait-il imaginée, était-ce encore un tour alambiqué ? I need to know that you're real, avoua t il finalement. Il ne savait pas exactement comment il pouvait en être sûr, mais si cette présence, semblant si réelle, n'était encore qu'une ruse, c'était qu'il était totalement perdu et ne pourrait jamais revenir à la raison. Une dernière tentative de revenir à la raison, une dernière chance qu'il accordait à son instinct, et cette fois, comme il espérait ne pas se tromper.
blackhole
all new adventures are scary
Leurs mains entrelacées, Alarik n'arrivait pas à s'arracher à l'emprise d'Emma, au fait qu'elle le rassurait et que, grâce à elle, il avait quitté l'état de torpeur qui l'avait habité jusqu'ici. Il ne comprenait pas réellement pourquoi, mais il se sentait mieux, plus proche d'elle, à son contact. Telle une ancre qui lui permettait de ne pas partir à la dérive, il fallait le temps au suédois de reprendre ses esprits, de se poser et de réfléchir à comment ils pouvaient bien se sortir de là, maintenant que leurs esprits étaient plus clairs. Bien qu'ils auraient sans nul doute dû mettre ce temps à profit pour trouver une échappatoire, leurs corps, comme aimantés, ne se détachaient pas, et Rik avait fini par laisser son front reposer contre celui de la Lufkin. Leurs respirations étaient toujours irrégulières, un sentiment étrange habitait toujours le Reinhold, comme un pressentiment. Pourtant, il se concentrait sur la jeune femme qui partageait ce cauchemar avec lui, sur son parfum embaumant ses narines, qui lui faisait oublier l'odeur de souffre ressentie plus tôt, sur ses doigts qui se baladaient sur sa nuque, se voulant rassurants. I’m just as real as you are. And… It’s over now. We’ll find a way out of this nightmare. Together. Rik finit par se reculer un peu, brisant leur étreinte, bien qu'ils furent toujours proches et qu'une sorte de courant électrique persistait entre eux. Le jeune homme n'aurait su dire s'il provenait d'eux-mêmes ou des présences tout autour d'eux, qui continuaient à flotter dans la pièce, l'air de rien. Comme attendant le moment propice pour attaquer, alors qu'Emma et Alarik étaient au plus bas. You're right. Let's get out of here. Ses doigts pressèrent ceux d'Emma dans sa main, comme pour se donner un peu de consistance. Il ne fallait pas qu'il échappe à certains démons pour retomber dans d'autres. Il l'attira dans son sillage, pour partir d'ici, même s'il ignorait encore comment. Cependant, la soirée d'Halloween leur réservait encore de mauvaises surprises, et la Salle du Désespoir ne voulait pas les laisser s'échapper aussi aisément.
Quelque chose, se situant entre le souffle et le matériel, se glissa entre eux, s'accrocha à leurs chevilles, leur tira les épaules. Did you feel that too ? Oh que oui, il l'avait senti. Son cœur se serra. Yes. Hurry up, we have to get out, and fast. Mais ils n'eurent pas l'occasion d'opérer un pas de plus. Un rire strident retentit soudainement entre les quatre murs, les immobilisant, faisant se rabattre les mains du Grymm sur ses oreilles, tandis qu'il lâchait par la même occasion la main d'Emma. Rik cria, pour se faire entendre du Mal qui régnait dans les lieux. Enough ! You've wasted enough of our time, let us go now. You're not fooling us anymore ! Par chance, son pied avait heurté sa baguette, qu'il avait perdu un peu plus tôt et, tandis qu'il se baissait pour la récupérer, il entendit un bruit sourd derrière lui. Vif, il se retourna, un lumos au poing, pour remarquer qu'Emma était tombée et était en train de se faire traîner en toute vitesse par une simple main à la force herculéenne. Emma ! Le Grymm ne réfléchit même pas, et s'élança à la suite, lançant un Lashlabask enragé sur le spectre, qui glissa sur la forme noire et ricocha dans le néant. Please, help me !, s'époumonna-t-elle, tandis que Rik avait déjà entamé une course en sa direction. S'élançant, le scandinave s'écrasa sur le plancher poussiéreux, parvenant cependant à attraper le bout des doigts de la brune. Hold on to me ! Et même si Rik s'était accroché de toute ses forces, celles du Désespoir étaient bien plus grandes, et Emma échappa à sa prise, continuant à se faire traîner sur le sol, avant d'être soulevée en plein air, telle une marionnette de chiffon à qui échappaient des cris de détresse, insoutenables.
Par chance, elle avait récupéré sa propre baguette, et parvint à éclairer la scène d'une lumière plus éclatante que Rik n'en avait jamais vu. Peut-être était-ce la conséquence d'être resté dans l'obscurité aussi longtemps. Le bras levé, le Grymm s'était caché le regard, avant d'oser jeter un œil sur la scène, qui le laissa paralysé. Il avait l'impression d'être en plein rêve, dans l'un de ces si nombreux cauchemars qui le laissaient pétrifié et impuissant dans son sommeil. Terreurs nocturnes, qu'on appelait ça, où dans votre sommeil paradoxal, vous voyez des monstres s'en prendre à vous tandis que vous ne pouvez lever le petit doigt pour agir. Et le monstre de la Salle avait précisément pris la forme du Croc-Mitaine de ses nuits. Rik ne pouvait se permettre de rester immobile, cette fois, et il se releva, les jambes ancrées dans le plancher, le bras pointé de sa baguette vers le spectre filamenteux, aux grands yeux creux, vides de tout orbite. Let her go, lança-t-il d'une voix affirmée, ne laissant pas percevoir l'angoisse qui lui serrait l'estomac. Let her go and I won't hurt you. L'apparition s'exprima d'un rire amusé, filtré tel un Sonorus enraillé. You won't ? You know how to threaten people, don't you, Alarik ? Le spectre s'amusait avec Emma alors qu'il s'adressait au Grym, la faisant léviter de haut en bas tel un yoyo fatigué. Le jeune homme savait pertinemment à quoi l’apparition faisait référence, il ne voulait pas que cette dernière continue à étaler son savoir face à la Lufkin. I don't know what you're talking about. Anyway, let her go, she has nothing to do with all of this. Alors qu'il prononçait ces paroles, un grésillement se mit à parcourir toute la pièce, tandis que des flammes oranges commençaient à s'élever tout autour d'eux. Alarik vit Emma s'agiter entre les mains squelettiques, tandis qu'elle se débattait férocement. She has everything to do with it, s'éleva une autre vois du néant, alors qu'une chaleur atroce se faisait désormais ressentir. Rik tenta des Aguamenti dans différentes directions, pourtant, les flammes jaillissaient plus hautes qu'auparavant dès que l'eau s'était effacée. Paniqué, il commençait à ne plus avoir de ressource, n'arrivant pas à affronter le regard sans vie du monstre qui détenait Emma. You'll never get out of here, you coward. Et c'est seulement à cet instant que la solution frappa de plein fouet le Grymm. Un lâche, qu'ils le traitent comme ça s'ils le désiraient, mais il n'était pas dénué d'intelligence. Tout concordait. Si ces formes parvenaient à prendre l'apparence de ce qui pouvait le plus effrayer Alarik, c'était simplement parce que... RIDDIKULUS, s’époumona Rik en direction de l'épouvantard qui retenait Emma. Rien que ça. Des épouvantards.
La forme effrayante écarquilla ses grands yeux vides tandis que le sort la frappait de plein fouet, et elle se transforma presque instantanément en balançoire, qui balançait désormais Emma d'avant en arrière, de manière plus douce. Les flammes, quant à elle, léchaient toujours les murs tout autour d'eux, tandis qu'Alarik se dirigeait vers Emma pour la rattraper, alors que l'épouvantard-balançoire se transformait en fumée, désormais déconfit. Le Grymm réceptionna la Lufkin lourdement, s'assurant qu'elle n'avait rien, alors que la pauvre chose semblait toujours aussi effrayée. Emma... Are you ok ? Il la reposa sur le sol, sans pour autant s'éloigner d'elle. Il ne la laisserait plus échapper comme cela avait été le cas. Don't be scared, those are just boggarts, they can be defeated. We're going to make it. Son ton se voulait rassurant, mais il avait toujours sa baguette braquée sur l'inconnu qui les entourait. Sans doute suffisait-il de maîtriser ce mur de flammes pour trouver l'issue de ce cauchemar, mais Alarik avait l'infime conviction que cette épreuve ne lui était pas réservée.
- InvitéInvité
Re: All new adventures are scary • Blackhole
Jeu 9 Nov 2017 - 22:50
All new adventures are scary
Alarik Reinhold • Emma Blackwood
Soundtrack ♪
Soundtrack ♪
« I do. I believe you. » Il était revenu à la raison. Seuls quelques mots avaient suffi pour qu’il se rallie à sa cause, embrasse ces confidences maladroites. À moins qu’il ne s’agisse simplement de cette proximité entre leur deux corps, du coeur d’Emma qui battait vivement sous les doigts d’Alarik ? Elle soupira doucement, apaisée, rassurée de la discrète bienveillance dont cet homme faisait preuve, de cette fébrile espérance qu’il lui accordait. Ses mains froides et masculines désormais éloignées de son buste, elle redoutait, cependant, qu’elles ne resurgissent ardemment afin de lui briser la nuque. Car, Emma s’aventurait en terrain inconnu et dangereux, lui avouant qu’elle ne savait pas, ne savait plus où ils se trouvaient. Pourtant, cette voix rauque se fit conciliante: « You're right. Some kind of place that makes you go mad. » Un lieu sombre et empli de secrets qui les dévorerait, se nourrirait avec un entrain non dissimulé de leur folie. Car, ils n’étaient pas seuls. Peut-être le pensait-il, l’espérait-il ? Ces quelques minutes de répit étaient nécessaires à l'esprit satanique pour parachever son plan diabolique. Un soupir… Celui de Rik. Si proches, Emma pouvait sentir son souffle sur son visage, s’abandonnant entièrement à cette sublime intimité. Ce qu’il s’apprêtait à lui dire, elle ne s’y attendait pour le moins monde: « I'm sorry for what I did to you, Emma. I wasn't being myself. I thought you were... Something else, too. » Elle resserra ses longs doigts autour des siens. Brève consolation alors qu’elle restait silencieuse, incapable de dire quoi que ce soit. Pourtant, elle en avait des choses à dire: Please, don’t be sorry… We’ve been through our worst nightmares tonight. I guess I wasn’t myself neither, unable to fight my fears to guide you, to save you. I am so sorry if I misled you or hurt you, drove you insane... Et, bien évidemment, il y avait cette interrogation qui lui brûlait les lèvres depuis qu’il lui avait présenté ses excuses… Curiosité insatiable, elle se retint une courte minute, puis succomba. « Does… Does that “something else” deserve to die ? » lui demanda-t-elle d’une voix hésitante. Son instinct lui soufflait qu’il ne réagirait pas, que cette question ne trouverait pas de réponse aujourd'hui, comme perdue dans les ténèbres de la Salle du Désespoir. Il en avait déjà ignoré tant d’autres au cours de la nuit, alors pourquoi celle-ci ferait exception ? « Please, forgive me » finit-il par articuler. Le rythme cardiaque d’Emma s’emballa une fois de plus, bien incapable de mettre un mot sur ce phénomène singulier. « We don’t have to talk about it anymore… » murmura-t-elle avant que cette obscurité feutrée ne reprenne le dessus sur eux. Véritable boîte de Pandore qu’ils emplissaient de leurs terreurs et confidences, qu’ils refermeraient violemment en s’arrachant à cet horrible cauchemar. D’ordinaire si rancunière, sa proposition était des plus surprenantes, mais cela il ne le saurait sans doute jamais. Passer sous silence un tel événement, un tel traumatisme, signifiait qu’elle lui avait déjà pardonné son écart, qu’elle lui en pardonnerait probablement d’autres à venir…
Elle ne pouvait se résoudre à délier leurs doigts entremêlés, à s’arracher à cette étreinte alors qu’il reposait son front contre le sien. Chaque contact, aussi infime soit-il, Emma le ressentait, le vivait avec fougue et tendresse. La respiration d’Alarik caressant son visage, elle peinait à retrouver ses esprits, ses expirations de plus en plus irrégulières alors que cette curieuse chaleur parcourait ses membres les uns après les autres. Sa mère, Cedrella, lui avait appris à ne pas se dévoiler, à contenir ses sentiments et c’est en cela que tout comme elle, la dernière-née parviendrait à s’élever aux plus hauts rangs du Ministère de la Magie. Brillante juriste, son avenir était déjà tout tracé… Toutefois, cet homme ne cessait de la surprendre, de faire surgir en elle des émotions qu'elle pensait éteintes depuis plusieurs années. Qui était-il réellement et surtout, le reverrait-elle un jour ? Alors que ses doigts caressaient la nuque du Suédois, qu’elle lui chuchotait des paroles bienveillantes, elle ne remarqua pas que deux yeux rouges les scrutaient dans le noir. Ils n’étaient pas seuls, ne l’avaient jamais été. Leurs tourments, si puissants, avaient donné vie à un monstre bien plus terrible que ce qu’ils s’apprêtaient à affronter. Ils l’ignoraient, le découvriraient violemment d’ici peu. Patience… Doucement, l’homme s’éloigna et pour une raison qu’elle ignorait encore, Emma espérait qu’il l’avait fait à contrecœur: « You're right. Let's get out of here. » Ces sages paroles la ramenèrent à la raison. Oui… Ils devaient fuir au plus, fuir avant que le piège ne se referme sur eux.
Le Désespoir était prêt, prêt à jouer avec ces deux âmes en peine, se faufilant entre eux, malfaisant et immatériel. Dans son malheur, la jeune femme n’était pas seule. Alarik aussi avait senti cette néfaste présence: « Yes. Hurry up, we have to get out, and fast. » Trop tard ! Alors que ce ricanement insupportable les déchirait de l’intérieur, il lâcha la main d’Emma pour se protéger de ses cauchemars. Vigoureuse emprise sur cet héritier aux traits sévères. L’instant était propice à l’attaque, un monstre après l’autre jusqu’à ce qu’ils craquent. Et, c’est la terreur du Suédois qui s’attaqua violemment à elle, la traînant avec fureur contre le plancher poussiéreux de cette pièce macabre. Hurlant à l’aide, il parvint toutefois à rattraper Emma, à saisir l'extrémité de ses doigts frêles: « Hold on to me ! » Elle s'agrippa vivement à sa main, écartelée entre sa poigne et celle de la main squelettique qui la tirait vers les ténèbres, se mordillant la lèvre afin d’ignorer cette douleur qui embrasait son corps. S’en prendre à son psychisme, leur jugement ne suffisait plus. Cette masse sombre qui les guettait dans les ténèbres exigeait bien plus encore… La souffrance était insupportable et la Blackwood ne pu retenir un cri aigu, désolant. Relâchant malgré elle, les doigts d’Alarik, les délaissant avant que que sa chair ne rompe sous cette abominable sujétion ou pire, que cette force ne l’emporte dans l'obscurité lui aussi.
Sa baguette retrouvée, elle luttait courageusement contre cette créature, abominable Croque-Mitaine qui retenait la douce prisonnière. Jamais, elle n’avait vu un monstre pareil par le passé pourtant, son frère, Caleb, lui avait beaucoup appris à leur sujet. Une main qui la balançait dans la vide, de haut en bas, de gauche à droite l’épuisait tandis que deux énormes orbites creuses étaient occupées à défier Alarik, Alarik qui s’efforçait de convaincre ce démon de libérer la Lufkin. L’occasion était bien trop belle pour la laisser filer ainsi : « You won't ? You know how to threaten people, don't you, Alarik ? » Un nom… Alarik. Nom qu’elle n’oublierait plus jamais alors qu’elle se débattait adroitement dans l’espoir de toucher terre, de le rejoindre au plus vite et de s’évader cette épouvantable prison. Au moment où elle s’apprêtait à le questionner, lui demander à quelles menaces cette abomination faisait référence, le Grymm prit la parole : « I don't know what you're talking about. Anyway, let her go, she has nothing to do with all of this. » Désespérée, Emma tenta désarçonner son agresseur: « Confundo ! » prononça-elle fermement alors que les mouvements de balancier semblaient s'amoindrir. Peut-être que ces quelques secondes de trêve permettraient au scandinave de la tirer d’affaires. Grave erreur. Un feu ardent, menaçant les encercla rapidement: « She has everything to do with it. » Elle n’y comprenait plus rien, paniqua à la vue de cette ardeur terrifiante. Les braves tentatives de Rik pour les délivrer ne les menaient nulle part. La Blackwood susurra un « Protego » présumant que cela suffirait à épargner le scandinave. Et toujours ses deux prunelles écarlates qui les observaient dans le noir, rieurs, jubilant de leur présente détresse, de celle à venir. « You'll never get out of here, you coward » s’esclaffa le Croque-Mitaine. Emma n’en pouvait plus, exténuée par cette situation intenable. Alors que ce monstre s’en prenait à l’héritier, elle parvint à articuler: « Just… Don't listen to that creature ! We’ll get out of here. You know we will. » Vacillante, quelques secondes de plus et elle aurait probablement capitulé. Néanmoins, le Reinhold la délivra de cette emprise venimeuse, parvenant à déjouer le premier méfait de l’horreur qui ne cessait des les pister discrètement. Oscillant doucement sur une balançoire, elle était trop faible, trop apeurée pour y demeurer plus longtemps, se lassa tomber maladroitement de son perchoir tandis qu’Alarik la rattrapait.
Elle tremblait de tout son corps alors qu’il la retenait dans ses bras: « Emma... Are you ok ? » Encore sous le choc, elle ne parvint pas à lui répondre. La reposant délicatement sur le sol, elle s’agrippa vivement au col de la chemise d’Alarik, se blottissant contre lui. « What was that ? Where does this creature come from ? » l’interrogea-t-elle, retenant avec difficulté le sanglot qui secouait son buste affolé. Elle s'efforçait de reprendre le contrôle sur son anxiété. Relevant lentement la tête vers lui, la Lufkin se perdit momentanément dans le regard troublant du scandinave: « Thanks for… Saving me. » Et, comme s’il l’avait compris, avait perçu sa détresse, il la rassura doucement. « Don't be scared, those are just boggarts, they can be defeated. We're going to make it. » Elle hocha la tête doucement, rassemblant son courage à deux mains alors qu’un feu ardent s’apprêtait à les consummer. « If you’re right… If they’re just boggarts, you can drop your guard. » dit-elle en désignant la baguette qu’Alarik pointait dans le vide. « Unfortunately, this one is mine… » confia-t-elle dans un filet de voix. Avant de se relever fébrilement, elle lui murmura: « Stay close to me… » Emma tendit vers lui sa main amochée dans l’espoir qu’il la saisisse, obsédée par ce contact électrique avec cet homme singulier. Courageusement, elle s’avança vers ce début d’incendie. Les cris désespérés de sa famille prise au piège retentissaient dans sa tête, l’effrayant davantage. Elle détourna un instant le regard, tandis que ses doigts s’enroulaient un peu plus intensément autour de sa baguette, renforçant sa prise pour se donner un peu de contenance. Cette douce chaleur émanant de ces flammes ardentes devenait de plus en plus dangereuse, véritablement infernale. You can do it Em’... se répétait-elle pour vaincre ses peurs, dompter les hurlements de ses frères et sa soeur. None of this is real. C’est alors que les mots tant attendus franchirent finalement ses lèvres apeurées: « Riddikulus. » Et instantanément, les braises reculèrent fougueusement, devenant de délicates bulles de savon comblant cette pièce mystérieuse. Un sourire aux lèvres, elle articula sur un ton léger: « It’s over now… Is the front door unlocked ? »
Emma se retourna en direction d’Alarik. Il se tenait à quelques mètres derrière elle, comme paralysé. Progressivement, son regard émeraude vira vers une profonde couleur rougeâtre. Lentement, comme son père, James, aurait versé un précieux vin aux arômes puissants dans un verre à pied raffiné. Emma observa sa main écorchée, les prunelles d’Alarik avaient une teinte identique à celle du sang qui la recouvrait, ainsi que ce qui fut, jadis, une élégante robe de soirée. Reportant son attention sur le jeune homme, un tressaillement mordant remonta le long de son échine. Un sourire inhumain s’étirait le long du visage de l'homme qui lui faisait face alors qu’il restait de marbre, la cruauté animant ses traits secs. Il n’était plus lui-même, comme si un revenant s’était emparé de son âme. Était-ce ce démon-ci qui s’était emparé de lui lorsqu’il s’en était pris à elle ? Prince des Ténèbres. « Alarik ! Alarik... That’s your name, right ? » s'exprima-t-elle avec douceur. Sa baguette pointée sur le Grymm, elle s’avançait précautionneusement dans sa direction. Vague tentative d’intimidation, car Emma savait parfaitement qu’elle ne l’attaquerait pas. S’en prendre au tentateur qui l’habitait désormais signifiait s’en prendre à Alarik aussi… Et cela, elle ne pouvait s’y résoudre. Il fit un pas vers elle, pas dénué d’humanité, lourd et mécanique. Elle déglutit avec difficulté, réfléchissant aussi rapidement que possible. « Look at me… » poursuivit-elle, alors que les pupilles de l’héritier s’effaçaient soudainement, laissant place à deux orbites blanchâtres paraissant l’épier avec insanité. Elle frémit, ne savait que faire dans cette situation délicate. Emma excellait en sortilèges délicats, en enchantements aériens. Les vagues souvenirs de ses cours de Défense contre les Forces du Mal remontaient à bien des années. Le Désespoir étudiait ses failles, les exploitait et, brique par brique, construisait un mur d’épouvante qu’il lui serait bientôt impossible de franchir. Prudente, elle désarma discrètement Alarik, réceptionnant avec adresse sa baguette dans son autre main. Il luttait, elle le percevait à la manière dont il serrait furieusement les poings, alors que ce sourire sans vie ne cessait de grandir sur son visage. S’il ne pouvait la voir, peut-être pouvait-il l’entendre ?
Naïvement, elle s’élança dans ses bras, connectant son corps avec le sien, inerte et froid. Sa main posée avec tendresse sur le visage d’Alarik, elle chuchota: « Listen to my voice. You can fight it… I won’t let you down. » Les pupilles d'Alarik apparaissaient, puis disparaissaient de plus en plus rapidement. La repoussant avec rage, elle fit quelques pas en arrière. Brandissant à nouveau son arme vers le Suédois, elle se demandait s’il était judicieux de l’immobiliser. Deux mots : Petrificus Totalus. Deux mots qu’elle craignait néanmoins de prononcer de peur de le blesser. Il rit… Un ricanement bestial et cruel qui ne pouvait lui appartenir. So weak… Timorous and spineless Emma ! susurra une voix dans sa tête. Elle encaissa le coup silencieusement et alors qu’elle s’apprêtait à riposter, les sifflements se firent plus stridents, plus envahissants. Would you like to see him suffering? Because I’d be pleased to torture our dear friend. Let’s get him what he deserves… Sans réfléchir davantage, elle scella maladroitement son sort. « Please no ! I’ll do anything ! Just leave him alone, let him get out of here... » supplia-t-elle alors que ces rauques chuchotements s’introduisaient une fois de plus dans son faible esprit. Si sage et réfléchie, elle se montrait toutefois bien stupide ce soir. Emma comptait-elle véritablement, se sacrifier, vendre son âme au diable pour tenter de sauver cet homme qui, quelques instants auparavant lui aurait volontiers ôté la vie ? Faust n’impressionnait plus personne depuis des années, mais peu importe… Lucifer, lui, n’attendait que cela.
made by black arrow
|
|