Scar and scary face

Gif par Alaska sur Bazzart

Scar and scary face

ft. @anna reed - 4 avril 2020

Une journée de plus au compteur, que le temps passait lentement. Laël n'était plus aussi heureux d'affronter la banalité de l'université. Il était trop préoccupé par son avenir, celui dont il rêvait : un bel avenir au Département de la Justice Magique, au service du Ministère de la Magie. Il était trop préoccupé aussi par la réponse de son idole secret, un juge connu pour sa carrière réussie. Laël espérait qu'il veuille bien l'accompagner pour stage professionnalisant qui le propulserait vers le haut. Puis le visage grognon de son père se matérialisa devant lui. S'il était là, il lui demanderait certainement d'arrêter de rêver à vouloir faire régner l'ordre et de plutôt venir se former à la vente d'un amour factice. Laël grimaça à cette idée.

En avançant dans le parc du domaine de Hungcalf, il s'était aventuré jusqu'à l'étang dont il devinait l'autre berge au loin. Il prit une longue inspiration revigorante avant de parcourir des yeux la large étendue d'eau. Le vent faisait naître des vaguelette à la surface de l'eau. Puis son regard se posa sur une forme à peine mobile. En plissant les yeux il s'aperçu qu'il s'agissait d'une chevelure. Quelqu'un était quelque peu dissimulé par la végétation là-bas. Une femme, il pouvait le voir maintenant qu'il s'était légèrement approché. L'un de ses vêtements flottait dans l'air, on aurait dit un foulard. En passant sur le côté il put confirmer sa vision. Il s'agissait d'une étudiante, sûrement. Elle était seule, isolée, un peu comme lui finalement. Le week-end était fait pour cela, bien que d'autres en profitaient aussi pour se retrouver entre amis et faire la fête. D'un regard insistant il tentait de la reconnaître en vain, quand le foulard qu'elle portait s'envola et fila droit dans sa direction, porté par le vent. Une rafale l'emmena en direction du point d'eau et Laël eut le réflexe tardif de sortir sa baguette pour lancer un Accio sur le foulard. Celui-ci lui revint immédiatement dans les mains, après qu'une des extrémités ait trempé légèrement dans l'eau.

Il lui sembla que la jeune femme avait réagi à retardement. Alors qu'il tenait fermement le morceau de tissu de teinte verte, il regardait droit dans sa direction. Son cou était désormais découvert. Quelque chose d'étrange sauta aux yeux de Laël. Qu'est-ce que c'étaient que ces marques sur sa peau mat ?

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Samedi 4 avril

Anna s’était installée près de l’étang, loin de l’agitation provoquée par les autres étudiants qui étaient sortis pour profiter du soleil. Ces derniers n’étaient pas réellement plus actifs qu’elle physiquement parlant, mais le simple fait qu’ils soient engagés dans des discussions les rendait, selon la Grymm, déjà trop agités. La jeune femme était plongée dans la lecture d’un livre passionnant qui traitait des différents bois qu’il était possible d’utiliser pour confectionner une baguette magique. Elle ignorait combien de livres sur ce sujet elle avait déjà dévorés. Posé dans l’herbe juste à côté d’elle se trouvait un bloc de feuilles quadrillées sur lequel elle écrivait de temps en temps des notes de ce qu’elle lisait et ignorait jusqu’alors.

Pour écrire, elle utilisait un stylo-bille. Chez les sorciers, la coutume était d’écrire avec une plume et de l’encre sur des rouleaux de parchemins, mais Anna gardait cette pratique pour les devoirs qu’elle devait rendre ou pour la rédaction de lettres. Il faut dire que la demoiselle appréciait grandement le fait de découvrir les inventions moldues et de les utiliser lorsqu’elle les jugeait utiles. Par exemple, elle n’avait pas hésité à acheter une moto pour se déplacer (et se balader !) ou un téléphone portable pour envoyer des messages à ses amis restés à Washington ou en Suisse. Elle préférait également les vêtements moldus aux robes longues : d’ailleurs, elle portait en cet instant précis sa veste en cuir noir.

Le vent qui soufflait ce jour-là sur Inverness venait soulever à intervalles réguliers les extrémités du léger foulard qu’elle portait autour de son cou. Les oiseaux chantaient, le soleil brillait : quoi demander de plus ? Après un certain temps, Anna s’accorda une pause bien méritée en s’allongeant dans l’herbe verte, fermant les yeux pour profiter des doux rayons du timide soleil printanier qui venaient se déposer sur la peau mate de son visage. Elle ne resta pas bien longtemps dans cette position qu’elle trouva très vite inconfortable. Sans ouvrir les paupières, elle se redressa sur ses coudes, gardant son visage tourné vers la chaleureuse lumière.

Ce n’est que lorsqu’elle sentit l’air frais passer sur son cou qu’elle comprit que quelque chose clochait… En changeant de position, elle avait accidentellement coincé son foulard sous son coude. Sous le coup de la panique, elle se redressa subitement en ouvrant les yeux, sans savoir qu’il s’agissait-là de la pire erreur qu’elle pouvait faire : en se redressant, elle avait libéré le bout de tissu qui était jusque-là maintenu au sol par son coude. En voyant son foulard s’envoler au-dessus de l’étang, elle se maudit intérieurement de ne pas avoir fait un peu plus attention. S’emparant de son sac, elle chercha frénétiquement sa baguette magique qui se trouvait à l’intérieur.

Du coin de l’œil, Anna vit le bout de tissu vert changer subitement de direction. Suspendant son geste, elle le suivit du regard pour constater qu’il se dirigeait tout droit vers… Un étudiant. Aussi immobile qu’un lapin pris dans les phares, la Grymm fixa de son intense regard sombre le sorcier qui se tenait un peu plus loin. Très lentement, elle se leva et abandonna ses affaires par terre pour rejoindre l’étudiant. En approchant de lui, elle afficha son plus beau sourire et elle se mit à gratter nerveusement l’arrière de sa nuque, espérant pouvoir cacher ses griffures en réalisant ce geste. Anna s’adressa à l’inconnu en tendant sa main libre :

« Merci de l’avoir intercepté avant qu’il ne tombe dans l’eau. » Voyant qu’il ne lui rendait pas son foulard, elle demanda poliment, son sourire se crispant peu à peu : « Puis-je le récupérer ? » Cette situation ne lui plaisait pas du tout… Elle espérait sincèrement que le brun n’avait pas remarqué les trois cicatrices qui barraient horizontalement le côté gauche de son cou, même s’il y avait peu de chance pour qu’elles lui aient échappées. Mais comme on dit : l’espoir fait vivre !

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4 avril 2020

L'étudiante s'était levée presque aussitôt, et d'un geste un peu pressant. Mais son visage s'était vite transformé. Alors qu'elle avançait vers lui, Laël lui trouva l'air avenant, ou peut-être faussement avenant. A en voir son expression, on aurait même pu croire qu'elle était embarrassée par la situation. Et lui était persuadé d'avoir aperçu des traces semblables à des cicatrices dans son cou. Les deux éléments avaient sûrement à faire l'un avec l'autre.
Il ne répondit rien lorsqu'elle le remercia. D'un geste de retrait, Laël échappa à la main de la sorcière qui tentait de récupérer son bien. Il ne répondit rien non plus lorsqu'elle lui réclama son foulard. A vrai dire, il se concentrait sur son visage, et de ses yeux, il sondait son regard insistant.

- C'est étrange, je jurerais ne t'avoir encore jamais vue à Hungcalf, ni nulle part ailleurs en fait, dit-il l'air légèrement soupçonneux. Il jeta un coup d’œil au tissu vert. Tu es chez les Grymm, toi aussi ?

Après avoir rangé sa baguette dans la grande poche intérieure de sa veste noire, il se mit à enrouler le foulard tout autour de sa main et son poignet gauche, le rendant inaccessible. Drôle de façon de se présenter à une inconnu, mais quelque chose le rendait méfiant. Néanmoins, avant même de porter un quelconque jugement sur celle qui lui faisait face, il préférait en avoir le coeur net. Quoi de plus juste que de l'interroger ?

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Le brun tardait à lui rendre son foulard. Il fit alors quelque chose qu’Anna considérait comme étant très impoli : il enroula autour de sa main et de son poignet le bout de tissu qui lui appartenait. Sur son visage s’afficha une certaine surprise, mais elle ne montra rien de la rage qui commençait à monter en elle. Encore un peu et elle lui foutait une droite en plein visage. Elle ne savait pas pourquoi, mais depuis que le loup-garou dont elle ignorait aujourd’hui encore l’identité l’avait attaquée, elle s’énervait plus rapidement que par le passé. Il s’agissait probablement d’une simple impression injustifiée.

Elle abaissa la main qu’elle tendait jusqu’alors en comprenant que le sorcier qui lui faisait face n’était pas disposé à lui rendre son bien immédiatement. Troquant sa surprise passagère pour un sourire poli, elle acquiesça lorsque son interlocuteur lui demanda si elle était elle aussi chez les Grymm. Elle apprit ainsi qu’ils partageaient la même Maison. Son sourire n’était pas des plus francs, mais elle devait au moins se montrer avenante si elle voulait récupérer son foulard au plus vite. Elle reprit la parole pour compléter sa réponse silencieuse et donna au jeune homme des explications supplémentaires pour satisfaire sa curiosité qu’elle jugeait déplacée.

« Je suis arrivée il y a peu. Mais je ne vois pas trop ce que cela change pour toi… »

Pour parler, elle avait adopté un ton de voix détaché, cherchant ainsi à cacher le malaise qu’elle ressentait. En répondant, elle avait attrapé l’une de ses mèches bouclées et tiré sur son extrémité pour la faire passer par-dessus ses cicatrices. Elle se retourna ensuite, sa mèche toujours maintenue entre son pouce et son indexe, et elle s’éloigna du Grymm pour retourner vers ses affaires. Se plaçant de telle sorte qu’il ne puisse pas voir le côté de son cou qui avait été lacéré par les griffes du lycanthrope, elle s’accroupit pour commencer à ranger ses affaires dans son sac. Elle espérait qu’en s’éloignant de lui et en cessant de lui montrer de l’intérêt il déciderait de mettre fin à son petit jeu.

« Tu peux garder le foulard, si tu y tiens. Je m’en fiche. »

Du pur bluff. Elle ne se voyait pas réellement traverser les couloirs d’Hungcalf avec ses cicatrices à découvert. Elle ne voulait pas que sa réputation soit ternie par des rumeurs, car elle allait en avoir besoin pour la profession qu’elle visait. Elle voulait ouvrir une boutique de baguettes dans le quartier sorcier d’Inverness, car elle avait constaté que les sorciers des environs étaient contraints de se rendre ailleurs pour acquérir leur baguette magique. Quoiqu’il en soit, Anna ne laissait rien transparaître des émotions qu’elle ressentait en cet instant : c'était l'une des choses qui faisait d'elle une très bonne joueuse de poker. Les yeux rivés sur son sac, elle ne prêta plus attention au brun.

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4 avril 2020

Laël haussa les épaules comme pour signifier qu'il ne trouvait pas sa question si intrusive qu'elle semblait le penser. Connaitre la Maison de l'étudiante et la date de son arrivée à l'Université ne devait pas être des secrets. Cependant, il ne voulait pas la faire fuir. Mais très vite, son regard fut de nouveau attiré dans le cou de la sorcière. Elle y jouait avec une mèche de cheveux mais tout ce que Laël voyait c'était une étrange marque, par intermittence. Sa mâchoire se serra dans sa bouche fermement fermée. Il réprima un soupire. Cette marque, il n'avait aucun doute sur sa provenance : elle était l'oeuvre d'une bête féroce. L'image d'un loup-garou lui sauta aux yeux comme un flash, ce qui le fit légèrement grimacer.

La jeune femme en avait profité pour s'éloigner en jouant la carte de l'indifférence. Le foulard ? Laël regarda le tissu doux et verdoyant, puis il secoua la tête. Il s'en fichait bien, même si l'odeur qu'il portait était fort agréable. Ce n'était que sa monnaie d'échange contre une information qui scellerait la suite de sa relation avec cette inconnue. Laël fit quelques pas dans sa direction alors qu'elle rassemblait ses affaires. Il put apercevoir un gros grimoire à la couverture épaisse. Que pouvait-elle bien lire ?

- La pause est terminée, ça y est ?, demanda-t-il plus pour relancer la conversation que pour obtenir une réponse.

Il se posta derrière elle, l'observant en silence et sans bouger. Il déroula le foulard qui entourait son avant-bras jusque-là et le plia en trois pour ne pas le faire traîner par terre.

- Qui est le responsable de ta lycanthropie ?

Laël avait dit ça froidement, sans même une intonation. Il fixait le dos de la brune.

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« Yep ! » répondit Anna à la première question que lui avait posée Laël.

Toutes ses affaires se trouvant désormais à l’intérieur de son sac à dos, elle en extirpa sa baguette puis elle ferma la poche principale, s’attendant à ce que le Grymm mette fin à son petit jeu et qu’il lui rende son foulard. Elle espérait l’avoir lassé, de part son absence de réaction concrète. Se redressant, elle plaça l’une des lanières de son sac sur son épaule droite puis elle ouvrit sa veste en cuire pour ranger sa baguette dans l’une de ses poches intérieures. C’est alors que la seconde question du brun la stoppa dans son élan.

« Qui est le responsable de ta lycanthropie ? »

Se figeant, Anna se mit à réfléchir à toute vitesse. Il avait donc vu ses cicatrices. Elle ne voulait pas en parler, et certainement pas à un étudiant qui passait son temps à s’approprier des affaires qui ne lui appartenaient pas. N’ayant plus de raison de lui tourner le dos, elle fit lentement volte-face, tenant toujours dans sa main droite sa baguette qu’elle n’avait pas eu le temps de ranger dans sa veste. La métisse dut faire un effort surhumain pour ne pas laisser sa rage l’envahir. Après un instant de silence, elle répondit :

« Je ne suis pas atteinte de lycanthropie. » Sachant pertinemment qu’il était possible que Laël communique cette fausse information à quelqu’un dans le cas où elle ne lui donnait pas plus d’explications, elle poursuivit : « J’ai été attaquée, c’est vrai, mais mon agresseur ne m’a pas mordue. Je ne sais pas de qui il s'agit. Il s'est enfui. J’ai été gardée presque deux mois en observation pour que mon statut soit clarifié. Il l’a été. Malheureusement, le fait que le doute plane encore sur la possibilité que la malédiction soit transmissible par le biais des griffures me force à porter un foulard, sans quoi les gens me fuient comme la peste. »

Tout en parlant, elle s’était approchée de Laël. Elle lui faisait désormais face et elle le fixait intensément, son regard planté dans ses yeux. Lorsqu’elle avait mentionné son agresseur, le ton de sa voix n’avait laissé aucune place au doute : elle en voulait terriblement à ce loup-garou. Anna n’avait toutefois pas de préjugés et elle ne mettait pas tous les lycanthropes dans le même panier. Bien que Laël soit plus grand qu’elle, elle ne semblait pas le moins du monde impressionnée. Tendant la main, elle ordonna :

« Maintenant, rends-moi mon foulard. »

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4 avril 2020

Visiblement, à en voir sa réaction, l'étudiante pensait pouvoir s'en aller et s'en tirer sans encombre. Mais Laël était du genre à aller droit au but sans prendre de pincettes, que ça passe ou que ça casse. Mais la sorcière ne se démonta pas et répondit sans trop le faire attendre. Il aurait presque cru à sa négation. Mais ils disaient tous ça "Je ne suis pas un Loup-Garou", pour ne pas attirer l'attention. Il allait répliquer à ce propos mais elle le devança avec fermeté. Tout ce qu'elle déblatéra ensuite lui fit l'effet d'un discours des plus sincère. Laël ne lâchait pas le regard de la brune pour s'assurer qu'elle disait vrai. Il aurait certainement vu sa lèvre trembler, son regard dévier ou ses yeux ciller si jamais elle avait mentit sur un point. Mais rien. A vrai dire, il avait même déceler une pointe de rage dans le ton qu'elle avait employé. Une sorte de rancune gardée contre l'hybride qui s'en était pris à elle et l'avait sérieusement blessée. Il n'attendit pas plus longtemps pour lui obéir et lui rendre son foulard avec lenteur, et en silence. Il n'avait plus aucune raison de le garder.

- Effectivement, tu ferais mieux de garder bien attaché ce foulard si tu ne veux pas avoir à t'expliquer à tous les septiques comme moi., dit-il sur le ton du conseil.

Laël ne put s'empêcher de lancer un autre coup d'oeil en direction du cou balafré de la brune qui lui faisait face. Pas facile de dissimuler ces traces de griffure qui d'aussi près se distinguaient sans mal. N'importe qui penserait à une attaque de Loup-Garou avant tout autre chose. Et l'amalgame était toujours fait, ou presque.

- Je pourrais peut-être t'aider à retrouver celui qui t'a fait ça...

Parole en l'air ou volonté passagère ? Au fond Laël se sentait particulièrement lié à la tâche des chasseurs de Loup-Garoux. Il avait entendu de telles choses à leur sujet, des choses horribles. Pourquoi ne pas commencer par une petite enquête. Son stage au Département de la Justice pourrait sûrement l'y aider.

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Le Grymm lui rendit son foulard sans un mot. Encore un peu et Anna en serait venue à se demander si sa baguette ne lui avait pas lancé un Impero de son plein grès. Toutefois, elle ne possédait plus le bout de bois magique qu’elle avait par le passé et qui jetait parfois des sorts de son propre chef, poussé à l’action par la plume de phénix qu’il renfermait. Récupérant son foulard, elle ignora le conseil que lui donna son interlocuteur, car elle le jugeait inutile tellement il était évident qu’elle ferait mieux de remettre le bout de tissu autour de son cou. Tandis qu’elle était en train de rattacher son foulard, sa baguette magique coincée entre son flanc et son coude, l’étudiant qui lui faisait face prit la parole pour dire :

« Je pourrais peut-être t'aider à retrouver celui qui t'a fait ça… »

« Comment ? » demanda-t-elle sans attendre. « Sachant que ça s’est passé près de Washington et que les chasseurs de loups-garous qui sont sur le coup m’informent à peine de l’avancée de leurs recherches ? »

Anna s’était peut-être montrée un peu rude dans sa manière de s’adresser à Laël, mais cela était dû au fait qu’elle ne parvenait pas à comprendre comment un jeune homme qui n’avait même pas terminé ses études pouvait espérer lui venir en aide. Était-il étudiant en justice magique et avait-il des contacts ? Peut-être. Quoiqu’il en soit, elle ne pouvait pas vraiment le deviner : elle devait attendre sa réponse. Pour l’instant, elle n’avait que peu d’informations concernant son agresseur. Les chasseurs qui s’occupaient de son dossier avaient laissé sous-entendre qu’il n’y avait pas de raison pour qu’un loup-garou se trouve à cet endroit-là : la route sur laquelle Anna avait été attaquée n’était pas assez éloignée de la civilisation.

Il y avait certes des bois à proximité du lieu où l’attaque s’était produite, mais ceux-ci n’étaient pas assez denses et pas assez loin des habitations pour qu’un lycanthrope ait décidé d’y passer sa nuit de pleine lune. Les sorciers en charge du cas avaient fait fouiller les environs, mais il n’y avait pas la moindre trace d’une quelconque cave qui aurait pu laisser penser qu’un lycanthrope avait essayé de passer la nuit enfermé loin des habitants. La conclusion de ces observations n’avait rien de réjouissant : il était possible que le loup-garou ait cherché à faire volontairement du mal à quelqu’un. Mais son attaque visait-elle Anna en particulier ? Et, si oui, pour quelle raison ? C’était ces questions-là qui restaient en suspens, et seule la résolution de l’enquête permettrait d’en savoir plus.

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4 avril 2020

La sorcière parue soudainement intéressée par ce qu'il venait de lui dire. Pour sûr, elle n'avait pas du tout dans l'idée de laisser passer cette histoire d'agression et de tirer un trait dessus. Elle voulait sa vengeance, ou au moins la justice ? Laël était assez satisfait à l'idée de voir un Loup-Garou jugé pour un tel acte. Bien qu'il avait un sainte horreur des hybrides comme eux, il se laissait rarement dépassé par ses émotions au points de rendre les coups. Pas de dents pour dents, mais un jugement équitable, bourré de preuves irréfutables, de vrais témoignages, et hop, à Azkaban pour la fin de ses jours le mauvais sorcier. N'était-ce pas pire que la vangeance mortelle finalement ? On disait qu'Azkaban était un véritable enfer.

Laël lança sa main derrière son épaule comme pour dire à la fille qui lui faisait face en attente d'une réponse : "t'en fais pas". Néanmons, il nota proprement dans un coin de sa tête les quelques informations qu'elle venait de lui divulguer. Ca lui serait forcément utile pour se renseigner sur l'enquête en cours dès qu'il aurait trouvé comment faire.

- Je viendrais te trouver quand j'aurai du nouveau, assura-t-il, la tête haute. Quel est ton nom ?

La première chose à savoir finalement était l'identité de la demoiselle. Il commencerait par là. Il le regardait dans les yeux maintenant, c'était comme ça que Laël s'adressaità quelqu'un la plupart du temps. Il n'était pas du genre à fuir les regards. Pour le moment il ne la questionnerait pas. Il fallait déjà qu'il reprenne contact avec un des travailleurs du Département de la Justice pour obtenir son stage tant espéré. Après seulement il pourrait avancer sérieusement.

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Anna ne quittait pas son interlocuteur de ses yeux sombres. Elle essayait de le sonder. Parfois, elle regrettait de ne pas être légilimens. Même si elle parvenait sans trop de peine à cerner les gens qui lui faisaient face, il lui arrivait d’imaginer ce que sa vie serait si elle était capable de lire dans les pensées et les souvenirs des autres. D’un côté, elle trouvait que cela enlevait du charme au processus d’analyse, et de l’autre, cette technique magique aurait pu lui être utile à plus d’une occasion, notamment lorsqu’elle s’installait à une table de poker. Elle n’aurait eu aucune honte à user de ce pouvoir, tout comme elle n’avait jamais honte de compter les cartes.... Au contraire : elle était fière d’en être capable. Jaugeant Laël de haut en bas d’un très bref regard, elle se demandait si lui donner son nom lui était vraiment utile. Après tout, elle pouvait tout aussi bien s’en aller et le laisser en plan : elle ne lui devait rien.

C’est alors que ses pensées se dirigèrent vers une observation qu’elle avait faite quelques instants auparavant et qu’elle n’avait pas encore exploitée. Elle avait vu que la baguette de Laël était taillée dans du bois de châtaignier. Un bois plutôt commun, mais qui ne se comportait pas du tout de la même manière en fonction de la personne menée à le manipuler. Elle en était venue à la conclusion que le Grymm était peut-être étudiant dans les Forces Publiques ou en Justice Magique, car il avait annoncé qu’il pouvait éventuellement l’aider à retrouver le lycanthrope qui lui avait infligé les griffures qui avaient laissé des cicatrices sur son cou. C’est pour cette raison qu’Anna se demandait si sa baguette renfermait un crin de licorne. Cela lui aurait permis de mieux cerner Laël et de savoir s’il était de ceux qui étaient soucieux de justice. Toutefois, pour avoir une réponse à cette question-là sans avoir à la formuler verbalement, il lui était nécessaire de tenir l’objet entre ses doigts.

Si le Grymm était bel et bien étudiant en Forces Publiques ou en Justice Magique, alors il était fort probable qu’il ait entendu parler d’Henry Reed, le géniteur d’Anna. Ce dernier faisait régulièrement parler de lui pour les « prouesses » qu’il réalisait en tant qu’Auror. Or, la demoiselle ne voulait pas que les gens fassent le lien entre elle et lui. Toutefois, elle se devait de répondre à la question de Laël si elle désirait qu’il puisse la contacter pour lui communiquer ce qu’il découvrirait éventuellement de son côté. Le dilemme était complexe... Lui dire son nom et risquer qu’il fasse le lien et qu’il l’interroge ? Ou l’envoyer bouler ? Anna avait pensé à tout cela très rapidement. Son cerveau était passé d’une seconde à l’autre de la légilimancie à la baguette de Laël pour finalement s’attarder sur le lien de sang qui pouvait être fait entre elle et Henry Reed. Toutes ces pensées se bousculaient dans sa tête et se déroulaient au même niveau, en même temps, sans hiérarchisation aucune.

« Anna Reed. Que contient ta baguette ? J’ai vu qu’elle était faite en bois de châtaignier... »

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4 avril 2020

Laël crut déceler dans le regard perçant de l'étudiante un fort soupçon de concentration, comme si elle tentait de voir en lui, peut-être bien de s'assurer de sa sincérité. Toujours est-il que le brun se sentit légèrement désorienté d'être autant épié. Il se racla la gorge quand elle lui divulga son prénom, et il ne fit pas tout de suite attention à sa réponse qu'elle fit suivre d'une question pour le moins étrange. Elle avait vu que sa baguette était en bois de châtaigné ? Comment avait-elle pu ? Il fronça les sourcils, la bouche à peine ouverte par la stupeur visible sur son visage. Il allait la questionner, mais il s'interrompit. Il croisa les bras sur sa poitrine l'air interrogateur.

- Tu es voyante, ou bien tu as un lien de parenté avec une...

Soudainement le nom de la jeune femme lui revint en tête. Anne Reed. Reed... Ce nom résonnait dans sa tête comme un souvenir, quelque chose qu'il aurait presque oublié. D'un seul coup, cela fit tilt dans son esprit. Henry Reed, l'Auror dont les actes étaient toujours très médiatisés. C'était une sorte de sur-homme, un sorcier hors paire que le Ministère devait se féliciter d'avoir recruté. L'excitation devait pouvoir se lire sur le visage expressif de Laël bien qu'il garderait ses réflexions pour lui. Il n'avait aucune envie de se lancer sur un tel sujet. Lui-même détestait qu'on fasse l'amalgame entre lui et la société Romero qu'il préférait renier plutôt que la prendre sous sa direction.

Ses pensées se reconcentrèrent sur la question qu'Anna lui avait posée. Une question bien étrange pour une première rencontre et une première conversation. Laël avait toujours considéré la baguette comme un objet personnel précieux, presque intime. Il renfermait les capacités d'un sorciers et une partie de sa propre vie. Il n'avait pas l'habitude d'aborder ce sujet avec n'importe qui, mais, après tout, que risquait-il ?

- C'est de la corne de serpent cornu. Pourquoi cette question ?

Il restait néanmoins suspicieux. Peut-être Anna avait-elle vraiment des pouvoirs de divination, quelque chose en lien avec la vision.

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Le Grymm commença à demander à Anna si elle était la descendante d’une voyante ou si elle en était une elle-même, or, il ne termina par sa phrase. Sans doute s’était-il souvenu qu’elle avait eu l’occasion de voir sa baguette quand il l’avait sortie pour faire venir à lui le foulard qui s’était envolé. Il pouvait certes être surpris de sa capacité à identifier un bois de baguette sans même avoir besoin de le toucher, mais la voyance n’avait rien à voir là-dedans. C’est-à-dire que la jeune femme avait eu l’occasion d’étudier les bois de baguettes et tout ce qui concernait ces objets lors des longues semaines durant lesquelles elle était restée cloîtrée dans une chambre d’hôpital pour « observation ».

« C'est de la corne de serpent cornu. Pourquoi cette question ? »

L’information était très intéressante pour quelqu’un qui s’y connaissait. Anna en savait désormais un peu plus sur l’homme qui lui faisait face, mais il y avait une chose qu’elle ignorait encore le concernant : son nom. Avant de lui demander de décliner son identité, elle préféra répondre à sa question, et ce afin d’éviter qu’il ne se braque dans le cas où elle ne répondrait pas.

« Les différentes composantes d’une baguette peuvent révéler beaucoup de choses au sujet du propriétaire. »

Certaines personnes ignorantes affirmaient qu’il ne s’agissait que de balivernes et que ce n’était qu’une coïncidence si plusieurs personnes possédant des baguettes avec les mêmes composantes avaient des traits de caractères communs. Ils étaient persuadés que les caractéristiques que l’on accordait à chaque composante de baguette étaient trop vagues et ils disaient que tout le monde pouvait se sentir concerné par les descriptions des particularités de chaque bois ou de chaque coeur. Combien de fois Anna était-elle tombée sur des sorciers qui ignoraient tout des caractérisiques des composantes de leur baguette ? Elle avait arrêté de les compter...

« Dis-moi, comment t’appelles-tu ? »

Selon Anna, les prénoms des personnes permettaient eux aussi d’en apprendre plus sur les autres. Les mots ayant incontestablement de grands pouvoirs, comme celui de blesser ou encore celui de réconforter, pourquoi le prénom que les autres utilisaient pour nous appeler dès la naissance n'aurait pas, lui aussi, une influence sur notre personnalité ? Sans un mot de plus, Anna attendit sa réponse.

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Ah, oui. Elle avait aperçu sa baguette. C'était donc cela, cet intérêt pour l'objet. Anna était donc une passionnée. En tout cas, elle tenait le même discours que celui qui lui avait vendu la sienne lorsqu'il avait onze ans. Ses parents leur avait fait traverser le pays pour trouver un grand fabricant de baguettes. Il était hors de question qu'ils se fournissent dans le district de Myrddin Wyllt chez un amateur vendeur d'objets magiques en tout genre. Ils avaient mis le prix pour ça : neuf gallions.

- Effectivement... Enfin, c'est ce qu'on dit en tout cas, ajouta Laël, les sourcils légèrement froncés.

L'étudiante souhaitait-elle le percer à jour ? Qu'est ce que pouvait bien trahir sa baguette de toute façon ? L'homme qui lui avait vendu cette baguette lui avait soufflé que l'objet s'adapterait parfaitement à son caractère, même en grandissant. "Le châtaigner est résiliant, il te suivra toute ta vie tant que tu ne la casse pas", avait-il dit, ou quelque chose comme ça. Peut-être lui avait-il également venté le coeur et la flexibilité de l'objet magique, mais il n'en avait aucun souvenir.

- Laël, Laël Romero. Enchanté...

Cette fois il s'autorisa un bref et léger sourire accueillant. Ils se recroiseraient tôt ou tard tout les deux. S'ils voulaient s'entendre, ils fallaient qu'ils s'accordent un peu de confiance. Les prénoms, les maisons, ce n'étaient que des formalités ne serait-ce que pour se contacter et se retrouver. Le brun repensa soudain à l'affaire à laquelle Anna était mêlée. Son entrée au Ministère l'aiderait sans le moindre doute.

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