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nocturnal animals (tommy) | terminé
Ven 29 Déc 2017 - 16:02
S’il y avait bien une période de l’année que Reagan redoutait tout particulièrement, c’était bien celle des fêtes de Noël. La plupart de ses camarades étaient rentrés chez eux pour partager le repas du Réveillon traditionnel, tandis que d’autres – bien moins nombreux, cela dit – avaient décidé, tout comme elle, de passer les vacances de fin d’année à l’université. Elle n’avait pas particulièrement apprécié le banquet qui avait eu lieu le 24 décembre, ni les effusions de joie de ses camarades ayant découvert des piles de cadeaux au bout de leur lit au matin de Noël. Elle n’avait aimé ni les guirlandes, ni les sapins… Non. Bien au contraire. Elle avait eu tout en horreur. Tout lui rappelait cette douloureuse période, un an plus tôt, où tout le monde pleurait de joie, chantait et se réjouissait tandis qu’elle perdait celle qui l’avait mise au monde.
La belle rousse savait qu’elle aurait très certainement dû prendre sa voiture et conduire jusqu’à Cardiff pour rejoindre sa famille durant ce moment difficile. Seulement, elle n’avait pas pu. Elle ne s’était simplement pas senti la force de passer le pas de la porte et de s’installer à table, face à son père, face à son frère, et s’abandonner aux sentiments glacés que leur inspiraient ces fêtes. Reagan avait préféré briller par son absence – plutôt que de se présenter face à eux, enveloppés dans un voile de d’artifices.
Ce qu’il y a d’ardu lorsque l’on essaie d’échapper à son propre désarroi, c’est certainement de tromper son ennui dans une solitude assourdissante. Il était tard, la nuit était tombée depuis des heures lorsque Reagan se redressa dans son lit pour attraper son carnet à dessins et son crayon de papier. Elle n’arrivait pas à dormir et, lorsque son esprit était troublé, elle avait la nécessité absolue de laisser glisser ce qu’elle imaginait sur une page vierge. De fil en aiguille, elle en vint à repenser à la carte d’Hungcalf qu’elle n’avait pas eu le temps de finir et son esprit vagabonda contre les murs du château, se représentant et délimitant le tout sur son carnet. C’est ainsi qu’elle se rendit compte à quel point elle connaissait peu les niveaux inférieurs du château. Il y avait là des pièces bien peu recommandables, paraissait-il, et elle n’y avait jamais mis les pieds. Or, elle ne comptait pas mettre de points d’interrogation sur sa carte – c’était tout bonnement hors de question. Cela allait à l’encontre de son perfectionnisme chronique. Elle hésita un instant – elle aurait aimé pouvoir s’y rendre avec Hermès. Le Wright l’accompagnait souvent lors de ses expéditions et, en réalité, était d’une compagnie intéressante. Néanmoins, il était… 3 heures du matin. Elle n’allait tout de même pas lui envoyer un hibou à cette heure-là. Elle enfila un pantalon et un pull à col roulé noir, chaussa ses bottes et sortit doucement de sa chambre.
Les couloirs étaient vides. La Bale pouvait même entendre les battements de son myocarde, tant le silence régnait dans l’université. À l’angle d’un corridor, elle rencontra un magnifique félin qui se frotta longuement contre sa jambe et qu’elle ne put s’empêcher de gratifier de longues caresses… Jusqu’à ce qu’il se laisse tomber sur le flanc et la regarde d’un air de dire « okay ginger hair, keep doing that ». Elle sourit. Elle n’avait jamais eu d’animaux de compagnie – quand elle était plus jeune, elle voulait un chien. Aujourd’hui, son cœur balançait.
D’une démarche souple et silencieuse, la jeune femme s’aventura dans les niveaux inférieurs d’Hungcalf sans rencontrer la moindre résistance. Les tableaux étaient endormis et elle avait eu la chance de ne pas tomber sur un fantôme – ou même sur le concierge qu’elle avait eu l’occasion d’esquiver – quand elle avait de la chance - plusieurs fois durant ses escapades nocturnes. Elle entra dans une salle, au hasard, car elle ne la connaissait pas. Reagan referma doucement la porte derrière elle et inscrit minutieusement chaque détail de la salle dans sa mémoire, tandis qu’elle sortait son carnet de dessins. Des lignes commencèrent à apparaître sur sa feuille, tandis qu’elle travaillait son esquisse, lorsque soudainement, l’atmosphère de la pièce bascula. La Bale ressentit une langueur froide se disperser de la base de son myocarde jusqu’à ses membres, alors qu’une enclume de tristesse faisant écho à ses peines les plus intimes commençait à peser sur ses épaules. Sans réellement savoir pourquoi, elle sentit des larmes tièdes rouler sur ses joues et une bulle de désespoir gonflé dans sa gorge. Elle était prête à se rompre dans de profonds sanglots, sans la moindre raison particulière. Précipitamment, sa main chercha la poignée de la porte qui résista juste le temps de l’affoler un peu plus. Elle put finalement sortir, complètement désorientée et plaqua son corps tremblant contre le mur avant de s’y laisser glisser, comme pour retrouver pieds avec la réalité. Sa respiration était rapide et elle aurait pu se morfondre sur son ressenti un long moment si le chat qu’elle avait croisé un quart d’heure plus tôt n’était pas venu se frotter à elle à nouveau.
« Tu es encore là toi ? » murmura-t-elle en gratouillant le félin derrière les oreilles, le faisant ronronner de délice.
Au bout du couloir, une ombre détacha sa silhouette de l’obscurité…
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Ven 29 Déc 2017 - 23:34
Assit sur le rebord de la muraille, j'observe la nuit passer sans bruit. Son manteau noir piqué d'or nous couvre jusqu'à l'horizon et au delà... Peut-être. Pas une lueur ne s'invite sur l'étendue sombre des Highlands, si ce n'est Inverness, à quelques miles de là.
Le silence anime un concert discret de hululement et autres bruits de bêtes. Ça vit, un peu partout, sans que personne ne s'en inquiète. Les diurnes ne le savent pas, mais il y a un monde après leur monde. La nuit, quand dorment les humains, s'en vient l'heure des choses de l'ombre. C'est une leçon d'humilité, de se dire qu'il n'y a pas que nous à fouler l'herbe enneigée du parc. Les bestioles qui s'appellent, ça se bagarre ou ça s'aime. Dans tous les cas, ça vit.
Moi, je regarde tout ça depuis mon perchoir. J'observe les choses bouger comme un oiseau de nuit. L’œil aux aguets et de la musique dans les oreilles.
Je suis juste peinard, parce-que c'est mon petit monde. Tout ceux qui sont éveillés à cette heure luttent contre le sommeil ou l'angoisse qui les retient de sombrer. C'est pas naturel, pour eux, de vivre derrière le soleil. Pour moi, si.
Et c'est con, mais j'aime bien me dire que j'ai ça. Et pas eux.
Ça n'a l'air de rien pourtant.
Quand je tourne la tête, je vois Clarice qui me regarde avec ses grands yeux bleus tout brillants. Elle est plus aimable qu'à l'ordinaire, parce que c'est calme et qu'on lui fiche la paix. En pleine journée, elle fuit les couloirs de l'Université comme si ça risquait de ternir sa réputation de frayer avec les humains. Elle est comme ça, Clarice.
Je l'aime bien, même si elle ne me le rend pas.
Sale bête, va.
« Tu veux quoi ?
Je lui demande. Elle répond pas, évidemment. C'est juste une chatte.
Cela dit, elle a ce drôle de regard qu'elle fait quand on n'est pas tout seul. Je sais que ça veut dire qu'elle a croisé quelqu'un dans les couloirs. Et comme cette petite collabo n'a aucun scrupule, je sais aussi qu'elle me conduira à l'intéressé sans regret, si j'me lève pour la suivre.
Et c'est précisément ce qui se passe.
Le monde est bien fait, non ?
Y'a la silhouette de cette fille, qui se laisse couler le long du mur. J'entends, au son de sa respiration, qu'elle n'est pas bien. Pas besoin de chercher très loin, faut dire. Elle sort tout juste de la salle du désespoir.
Ouais, j'ai toujours trouvé ça un peu abusé d'appeler une salle comme ça. D'un autre côté, ça résume plutôt bien l'atmosphère et les effets de cet endroit. J'ignore quel genre de tordu a pu avoir l'idée de la construire... En tout cas, elle est là : cause de générations d'élèves traumatisés.
« Vaut mieux éviter de rentrer là dedans tout seul, chaton.
Je lui lance, tout en allant me planter face à elle. La lumière des chandelles fait danser les ombres. Je prend un moment pour la détailler.
« C'est quoi ton nom ?
Je lui demande, avant de poser un genou à terre, histoire de me retrouver à sa hauteur. Une petite rouquine aux yeux verts. Mignonne comme tout, avec un petit air insolent dans le regard.
« C'est pas la première fois que tu sors te balader la nuit, hun ?
Je me disais bien que j'avais affaire à un visage familier. Je suppose qu'à force de pas se faire pincer, elle s'est dit que c'était plus la peine de faire attention. Le truc, c'est que je finis toujours par tout savoir. Y'a pas toujours de conséquences avec moi... Pour autant, je sais.
Le silence anime un concert discret de hululement et autres bruits de bêtes. Ça vit, un peu partout, sans que personne ne s'en inquiète. Les diurnes ne le savent pas, mais il y a un monde après leur monde. La nuit, quand dorment les humains, s'en vient l'heure des choses de l'ombre. C'est une leçon d'humilité, de se dire qu'il n'y a pas que nous à fouler l'herbe enneigée du parc. Les bestioles qui s'appellent, ça se bagarre ou ça s'aime. Dans tous les cas, ça vit.
Moi, je regarde tout ça depuis mon perchoir. J'observe les choses bouger comme un oiseau de nuit. L’œil aux aguets et de la musique dans les oreilles.
Je suis juste peinard, parce-que c'est mon petit monde. Tout ceux qui sont éveillés à cette heure luttent contre le sommeil ou l'angoisse qui les retient de sombrer. C'est pas naturel, pour eux, de vivre derrière le soleil. Pour moi, si.
Et c'est con, mais j'aime bien me dire que j'ai ça. Et pas eux.
Ça n'a l'air de rien pourtant.
Quand je tourne la tête, je vois Clarice qui me regarde avec ses grands yeux bleus tout brillants. Elle est plus aimable qu'à l'ordinaire, parce que c'est calme et qu'on lui fiche la paix. En pleine journée, elle fuit les couloirs de l'Université comme si ça risquait de ternir sa réputation de frayer avec les humains. Elle est comme ça, Clarice.
Je l'aime bien, même si elle ne me le rend pas.
Sale bête, va.
« Tu veux quoi ?
Je lui demande. Elle répond pas, évidemment. C'est juste une chatte.
Cela dit, elle a ce drôle de regard qu'elle fait quand on n'est pas tout seul. Je sais que ça veut dire qu'elle a croisé quelqu'un dans les couloirs. Et comme cette petite collabo n'a aucun scrupule, je sais aussi qu'elle me conduira à l'intéressé sans regret, si j'me lève pour la suivre.
Et c'est précisément ce qui se passe.
Le monde est bien fait, non ?
Y'a la silhouette de cette fille, qui se laisse couler le long du mur. J'entends, au son de sa respiration, qu'elle n'est pas bien. Pas besoin de chercher très loin, faut dire. Elle sort tout juste de la salle du désespoir.
Ouais, j'ai toujours trouvé ça un peu abusé d'appeler une salle comme ça. D'un autre côté, ça résume plutôt bien l'atmosphère et les effets de cet endroit. J'ignore quel genre de tordu a pu avoir l'idée de la construire... En tout cas, elle est là : cause de générations d'élèves traumatisés.
« Vaut mieux éviter de rentrer là dedans tout seul, chaton.
Je lui lance, tout en allant me planter face à elle. La lumière des chandelles fait danser les ombres. Je prend un moment pour la détailler.
« C'est quoi ton nom ?
Je lui demande, avant de poser un genou à terre, histoire de me retrouver à sa hauteur. Une petite rouquine aux yeux verts. Mignonne comme tout, avec un petit air insolent dans le regard.
« C'est pas la première fois que tu sors te balader la nuit, hun ?
Je me disais bien que j'avais affaire à un visage familier. Je suppose qu'à force de pas se faire pincer, elle s'est dit que c'était plus la peine de faire attention. Le truc, c'est que je finis toujours par tout savoir. Y'a pas toujours de conséquences avec moi... Pour autant, je sais.
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Dim 4 Fév 2018 - 1:18
« Vaut mieux éviter de rentrer là-dedans tout seul, chaton. »
Reagan sursauta et leva son regard bleuté vers le nouveau venu. Elle plissa les paupières, méfiante, pour parvenir à distinguer le visage de cette douce voix masculine – cette voix qui ne trahissait aucune hostilité envers elle. Ce n'était qu'un simple conseil, énoncé posément. La pénombre des cachots était dense. Son premier réflexe aurait très certainement été de s'esquiver le plus rapidement possible – et, sans doute l'aurait-elle fait si ses jambes n'avaient pas menacé de se dérober sous elle un mètre plus loin. Pour ainsi dire, la tête lui tournait encore un peu et sa bouche était devenue très sèche. Elle avait besoin d'un verre. Ou peut-être deux.
« Reviens me dire ça vingt minutes plus tôt. » Ironisa-t-elle avec un sourire.
Très honnêtement, elle ne pensait pas qu'entrer tout court dans cette pièce était une bonne idée. Les charmes qui étaient ancrés dans les murs de la pièce étaient puissants – comme à peu près toutes les salles spéciales du château. Pour autant, si chacune avait une raison d'être, elle ne comprenait pas la nécessité de l'existence de celle-ci. Une envie sordide de l'architecte, sans doute.
« C'est quoi ton nom ? »
Enfin, il apparut dans son champ de vision. C'est à peine si elle l'avait entendu s'approcher d'elle tant son pas été léger, comme celui du félin qui observait silencieusement leur échange. Lorsqu'il posa un genou à terre pour amener son visage à hauteur du sien, Reagan fut surprise. Étrangement, il lui donna l'impression d'avoir été sculpté dans le marbre le plus froid. Pour autant, ses traits dégageaient une sympathie naturelle à laquelle elle était réceptive – tout particulièrement en ce moment de faiblesse. Reagan n'avait jamais eu l'occasion de faire face au concierge de l'université. D'habitude, elle prenait plutôt la direction opposée à la sienne et ne s'attardait nullement pour échanger quelques mots sur les intérêts du respect du couvre-feu.
« Greer » Mentit-elle – enfin, à moitié. Un stratagème qui ne risquait pas de durer bien longtemps, s'il s'agissait de reporter sa présence dans les couloirs au directeur des pokeby. Néanmoins, elle s'en contenterait pour le moment. Don't blame a girl to try.
« C'est pas la première fois que tu sors te balader la nuit, hun ? » Continua-t-il.
« C'est vrai. » Répondit-elle en se relevant avec précaution pour ne pas perdre l'équilibre qu'elle retrouvait tout juste. « Rends-toi à l'évidence, tu n'es pas le seul insomniaque du château. »
Un sourire fendit ses lèvres, tandis qu'elle se baissait pour récupérer son carnet de dessins... Lorsqu'elle se figea soudainement.
« Putain, merde... » Murmura-t-elle en portant une main à son front.
Dans la confusion, elle avait dû sans s'en rendre compte laissé tomber son précieux carnet de dessins dans la salle qu'elle venait de quitter. À la simple pensée de l'étreinte glaciale qui l'avait enveloppé quelques minutes plus tôt, elle trembla.
« J'ai laissé tomber quelque chose dans la salle... » dit-t-elle à haute voix, comme si elle s'attendait à se faire détromper.
- HRP:
- Infiniment désolée pour l'attente Tommy, j'espère que ce post te convient
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Lun 5 Fév 2018 - 18:51
La jeune femme ironise... Je réponds à son sourire par un autre, tandis qu'elle me jauge du regard. Le timbre de sa voix traduit les restes d'un flot d'émotion trop vif. C'est encore un peu fébrile, mais ça va. Tant mieux.
Le nom qu'elle me donne, visiblement de mauvaise grâce, ne m'évoque rien : je le note pour moi-même. Je n'ai pas l'intention de donner suite à cette histoire, mais j'aime connaître les élèves par leur nom. C'est indispensable pour se tenir au courant de ce qui arrive et causer des uns aux autres.
Tandis qu'elle se relève, je fais un pas en arrière... Son équilibre est encore légèrement incertain. A croire que c'était vraiment pas la fête là dedans... Je dis ça, parce que mine de rien ça fait bien longtemps que je ne suis pas entré dans cette pièce. C'est se faire du mal pour rien.
Elle confirme finalement mes observations, évoquant les insomnies. J'ai donc bel et bien affaire à un oiseau de nuit... Le genre à se balader pour tuer le temps, plutôt que de se retourner indéfiniment dans son lit en quête d'un sommeil qui ne veut pas venir. Il y en avait quelques uns comme ça...
Des chats de gouttière.
Comme elle entreprend de ramasser ses affaires, la demoiselle réalise que tout ne s'est pas passé comme prévu... Le vide apparaît là où elle s'attendait à trouver quelque chose.
J'esquisse l'ombre d'un sourire, tandis que les pièces du scénario s'assemblent peu à peu dans mon esprit.
« Hé bien, il n'y a plus qu'à aller le récupérer... Fais-je d'un ton léger. Ça ne devrait pas être long.
Pour peu qu'elle l'ai laissé au milieu de la salle. Il n'y avait pas beaucoup d'autres alternatives, de toute façon. Et en définitive, il valait mieux s'y coller à deux que tout seul.
« À moins que tu n'y tiennes pas plus que ça... De quoi s'agit il d'ailleurs ?
J'ajoute en la toisant brièvement. Je proposais ça pour lui rendre service, mais en définitive, je m'en moquais bien. C'était elle qui voyait.
« Au fait, mademoiselle Greer a-t-elle un prénom ?
Je demande d'un ton gentiment provocateur. La jeune femme ne semblait pas ravie par l'idée de me donner son nom, tout à l'heure. Celui-ci n'était peut-être même pas le bon, pour un peu... Je crois que ça ne m'étonnerait pas. Car si elle n'a pas l'air méchante, mais pas totalement « franc jeu » non plus. Une élève normale quoi... Bien consciente du fait que ses intérêts diffèrent des miens.
Le nom qu'elle me donne, visiblement de mauvaise grâce, ne m'évoque rien : je le note pour moi-même. Je n'ai pas l'intention de donner suite à cette histoire, mais j'aime connaître les élèves par leur nom. C'est indispensable pour se tenir au courant de ce qui arrive et causer des uns aux autres.
Tandis qu'elle se relève, je fais un pas en arrière... Son équilibre est encore légèrement incertain. A croire que c'était vraiment pas la fête là dedans... Je dis ça, parce que mine de rien ça fait bien longtemps que je ne suis pas entré dans cette pièce. C'est se faire du mal pour rien.
Elle confirme finalement mes observations, évoquant les insomnies. J'ai donc bel et bien affaire à un oiseau de nuit... Le genre à se balader pour tuer le temps, plutôt que de se retourner indéfiniment dans son lit en quête d'un sommeil qui ne veut pas venir. Il y en avait quelques uns comme ça...
Des chats de gouttière.
Comme elle entreprend de ramasser ses affaires, la demoiselle réalise que tout ne s'est pas passé comme prévu... Le vide apparaît là où elle s'attendait à trouver quelque chose.
J'esquisse l'ombre d'un sourire, tandis que les pièces du scénario s'assemblent peu à peu dans mon esprit.
« Hé bien, il n'y a plus qu'à aller le récupérer... Fais-je d'un ton léger. Ça ne devrait pas être long.
Pour peu qu'elle l'ai laissé au milieu de la salle. Il n'y avait pas beaucoup d'autres alternatives, de toute façon. Et en définitive, il valait mieux s'y coller à deux que tout seul.
« À moins que tu n'y tiennes pas plus que ça... De quoi s'agit il d'ailleurs ?
J'ajoute en la toisant brièvement. Je proposais ça pour lui rendre service, mais en définitive, je m'en moquais bien. C'était elle qui voyait.
« Au fait, mademoiselle Greer a-t-elle un prénom ?
Je demande d'un ton gentiment provocateur. La jeune femme ne semblait pas ravie par l'idée de me donner son nom, tout à l'heure. Celui-ci n'était peut-être même pas le bon, pour un peu... Je crois que ça ne m'étonnerait pas. Car si elle n'a pas l'air méchante, mais pas totalement « franc jeu » non plus. Une élève normale quoi... Bien consciente du fait que ses intérêts diffèrent des miens.
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Dim 11 Fév 2018 - 0:17
La simple idée de retourner dans la salle du Désespoir lui donna la nausée. Elle n'aimait vraiment pas cet endroit. Pour ainsi dire, Reagan n'était absolument pas accoutumée à se sentir aussi vulnérable. Habituellement, la rouquine était une personne solide, que très peu de chose pouvait réellement ébranler. Depuis toujours, elle s'était construite autour d'un schéma bien précis : ignorer ce qui fait mal, s'enfoncer le plus loin possible dans le déni de la douleur, et si possible, oublier – jusqu'à développer la sensibilité émotionnelle d'une petite cuillère. Seulement, lorsqu'une chose la touchait au plus profond d'elle-même, comme c'était le cas cette nuit, lorsque ses émotions se débattaient férocement pour ressurgir du trou béant où elle les avait enterrées, elle ne pouvait plus fermer les yeux et ignorer quoi que ce soit. Elle devait ressentir réellement – and that fucking sucks.
« Hé bien, il n'y a plus qu'à aller le récupérer... Ça ne devrait pas être long. » Dit-il, guilleret.
« Tu accepterais d'y entrer avec moi ? » Demanda-t-elle, prise au dépourvue par son avenance.
Décidément, le concierge ne ressemblait en rien au portrait qu'elle avait pu s'imaginer de lui. D'ailleurs, plus elle le dévisageait, moins elle trouvait d'utilité réelle à lui mentir sur son identité – comme si un magnétisme ambiant planait autour de lui, auquel elle ne pouvait pas tellement résister. Ça avait quelque chose d'agréable, en réalité, même si son instinct lui soufflait que ce n'était pas tout à fait normal.
« À moins que tu n'y tiennes pas plus que ça... De quoi s'agit-il d'ailleurs ? »
Elle pinça les lèvres. Si elle n'y tenait pas plus que ça, comme il le disait, Reagan ne l'aurait pas même mentionné dans la conversation. Pour dire vrai, elle ne se serait même pas rendue compte de la disparition de l'objet, comme toute chose inutile à ses yeux. Elle aurait juste... Oublié. Mais comment expliquer à une personne qui ne la connaissait pas, que son carnet de dessins avait plus de valeur à ses yeux qu'une pile de gallions ? Là où certains parlaient, chantaient, écrivaient... Reagan elle, dessinait. Parce qu'elle ne savait pas s'exprimer correctement d'une autre manière. Et pour preuve, dire ça à voix haute, ça lui paraissait stupide.
« C'est... Un carnet. Un carnet de dessins. » Finit-elle par dire, après quelques hésitations. « J'y recense à peu près tout ce qui me passe par la tête, des visages, des idées... Des croquis pour mes cours d'architecture. Tout. » Poursuivit-elle, mise en confiance par l'aura étrange du jeune homme. « C'est idiot, mais ce carnet vaut plus pour moi qu'une bouteille d'eau pour un assoiffé. » Finit-elle par dire, sans s'attendre avec vraiment être comprise.
« Au fait, mademoiselle Greer a-t-elle un prénom ? »
La Bale sourit un instant, entendant la note provocatrice dans le ton de son interlocuteur. Il savait pertinemment qu'elle ne jouait pas franc-jeu avec lui. Néanmoins, s'il l'aidait vraiment à retrouver son bien, elle lui devait au moins une pincée d'honnêteté.
« Reagan » répondit-elle. « Et toi ? Je me rends compte qu'à part essayer de semer 'le concierge, je n'ai jamais vraiment pris la peine de savoir qui pouvait me trouver dans les couloirs en pleine nuit. »
Quelques minutes plus tard, ils firent face côte à côte à la porte de la salle. « Un shot de vodka n'aurait pas été de trop » plaisanta-t-elle, nerveusement. La jeune femme rassembla son courage et actionna la poignée de la porte. Ils entrèrent...
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Dim 11 Fév 2018 - 21:58
Quand la jeune femme s'étonne de me voir lui proposer de l'accompagner avec tant de facilité, j'acquiesce simplement.
A quoi bon tergiverser ? La laisser gérer cela toute seule reviendrait à lui faire prendre un risque inutile. Cette salle pouvait s'avérer extrêmement dangereuse... Aucun esprit n'était en mesure d'y résister indéfiniment. Les émotions qu'elle exacerbait amenaient toutes sortes de pensées... Des simples idées noires au désespoir le plus intense.
La jeune femme consent ensuite à m'expliquer l'importance de cet objet malencontreusement égaré. Un carnet de croquis. A l'énumération qu'elle me fait, je comprends qu'il s'agit d'une étudiante en architecture. Cela dit, je suppose qu'elle utilise plus d'un carnet, au quotidien...
Dans la mesure où je la trouve ainsi, en pleine nuit, on peut aisément imaginer que celui-ci renferme des choses autrement plus importantes que de simples dessins pour les cours. Sans doute y couche-t-elle le fruit de ses inspirations nocturnes ? Auquel cas, l'objet porterait en lui une dimension intime... Et donc chère.
L'aveu de son prénom me semble tout à fait sincère. J'ai le sentiment qu'elle se rattrape, en quelque sorte, pour sa précédente roublardise. La méfiance première s'est visiblement un peu tassée. Sans doute a-t-elle compris que je n'ai pas l'intention de la mettre en difficulté.
Le fait de me demander mon nom en retour m'arrache l’ombre d'un sourire : c'est amusant, cette façon de justifier les choses, en pointant du doigt ses manquements précédents.
« Thomas Cioban. Fais-je simplement. Tu peux m'appeler Thomas.
Mon regard quitte brièvement ses prunelles bleues, pour aller chercher la porte massive de la salle, un peu plus loin.
Quelques instants plus tard, nous voilà devant elle. Reagan laisse deviner son état de nervosité à travers une plaisanterie de circonstance. Moi-même, je dois bien admettre n'être pas particulièrement enjoué à l'idée d'entrer là dedans. Les sujets à même de me torturer l'esprit sont si nombreux qu'il ne me faudra guère de temps pour ressentir les premiers effets...
« Ça devrait aller vite. Lui dis-je calmement. Reprends simplement ton parcours en sens inverse. Tout ira très bien.
Les adultes portent en eux la responsabilité d'avoir l'air de parfaitement maîtriser ce qu'ils font, en situation de crise. Quand les choses deviennent dangereuses, ou simplement tendues, on se fie à leur expérience et leur pondération. On se dit que tout ira bien, parce qu'ils sont là.
La vérité, c'est que nous ne sommes pas plus alerte que les autres sur ce qu'il convient de faire. Nous faisons simplement bonne figure, de sorte à ne pas inquiéter, voire à encourager les plus jeunes.
J'avais réalisé cela, au moment de mes débuts à l'Université.
La salle du Désespoir se caractérisait par une décoration sombre et une atmosphère pénible. Tout semblait avoir été conçu pour n'inspirer que la peine et la mélancolie.
Qui plus est l'on pouvait entendre s'élever, comme un murmure, une musique sinistre. Je ne saurais dire d'où émanait cette litanie... C'est un peu comme si les murs s'étaient joint pour nous chuchoter à l'oreille des confidences relatives à l'absurdité de l'existence.
L'enchantement ne s'est pas encore emparé de moi que je ressens déjà toute la lourdeur des lieux.
Mon regard balaye rapidement l'espace, en quête de tout ce qui s'apparente de près, ou de loin, à un carnet de croquis. Seulement, la pièce était surchargée de babioles glauques. Je me rends rapidement à l'évidence que Reagan n'a pas laissé tomber son carnet à côté de la porte, malheureusement.
« Allons-y...
Fais-je, fronçant légèrement les sourcils. En dépit d'un manque criant de conviction, je m'efforce d'entrer plus avant, fouillant le moindre recoin des yeux.
Et comme je pouvais m'y attendre, chaque pas s'accompagne de la diffusion subtile d'un sentiment de peine totalement irrationnel. Je me sentais tout à fait bien avant d'entrer... A présent, je vois fleurir en moi une impression générale de lourdeur. Tout ce qui m’égaye ordinairement me semble désormais tout à fait insipide. Ma volonté se flétris lentement, comme un bloc de sucre se disloque une fois plongé dans l'eau.
Je m'accroche, toutefois, à l'idée bien solide que tout ceci n'est qu'illusoire et que la peine disparaîtra sitôt dehors.
Mes yeux noirs s'en vont alors chercher Reagan. Je l'interroge sans mot dire, voulant simplement m'assurer du fait qu'elle va bien... Et qu'elle trouve ce qu'elle est venue chercher.
A quoi bon tergiverser ? La laisser gérer cela toute seule reviendrait à lui faire prendre un risque inutile. Cette salle pouvait s'avérer extrêmement dangereuse... Aucun esprit n'était en mesure d'y résister indéfiniment. Les émotions qu'elle exacerbait amenaient toutes sortes de pensées... Des simples idées noires au désespoir le plus intense.
La jeune femme consent ensuite à m'expliquer l'importance de cet objet malencontreusement égaré. Un carnet de croquis. A l'énumération qu'elle me fait, je comprends qu'il s'agit d'une étudiante en architecture. Cela dit, je suppose qu'elle utilise plus d'un carnet, au quotidien...
Dans la mesure où je la trouve ainsi, en pleine nuit, on peut aisément imaginer que celui-ci renferme des choses autrement plus importantes que de simples dessins pour les cours. Sans doute y couche-t-elle le fruit de ses inspirations nocturnes ? Auquel cas, l'objet porterait en lui une dimension intime... Et donc chère.
L'aveu de son prénom me semble tout à fait sincère. J'ai le sentiment qu'elle se rattrape, en quelque sorte, pour sa précédente roublardise. La méfiance première s'est visiblement un peu tassée. Sans doute a-t-elle compris que je n'ai pas l'intention de la mettre en difficulté.
Le fait de me demander mon nom en retour m'arrache l’ombre d'un sourire : c'est amusant, cette façon de justifier les choses, en pointant du doigt ses manquements précédents.
« Thomas Cioban. Fais-je simplement. Tu peux m'appeler Thomas.
Mon regard quitte brièvement ses prunelles bleues, pour aller chercher la porte massive de la salle, un peu plus loin.
Quelques instants plus tard, nous voilà devant elle. Reagan laisse deviner son état de nervosité à travers une plaisanterie de circonstance. Moi-même, je dois bien admettre n'être pas particulièrement enjoué à l'idée d'entrer là dedans. Les sujets à même de me torturer l'esprit sont si nombreux qu'il ne me faudra guère de temps pour ressentir les premiers effets...
« Ça devrait aller vite. Lui dis-je calmement. Reprends simplement ton parcours en sens inverse. Tout ira très bien.
Les adultes portent en eux la responsabilité d'avoir l'air de parfaitement maîtriser ce qu'ils font, en situation de crise. Quand les choses deviennent dangereuses, ou simplement tendues, on se fie à leur expérience et leur pondération. On se dit que tout ira bien, parce qu'ils sont là.
La vérité, c'est que nous ne sommes pas plus alerte que les autres sur ce qu'il convient de faire. Nous faisons simplement bonne figure, de sorte à ne pas inquiéter, voire à encourager les plus jeunes.
J'avais réalisé cela, au moment de mes débuts à l'Université.
La salle du Désespoir se caractérisait par une décoration sombre et une atmosphère pénible. Tout semblait avoir été conçu pour n'inspirer que la peine et la mélancolie.
Qui plus est l'on pouvait entendre s'élever, comme un murmure, une musique sinistre. Je ne saurais dire d'où émanait cette litanie... C'est un peu comme si les murs s'étaient joint pour nous chuchoter à l'oreille des confidences relatives à l'absurdité de l'existence.
L'enchantement ne s'est pas encore emparé de moi que je ressens déjà toute la lourdeur des lieux.
Mon regard balaye rapidement l'espace, en quête de tout ce qui s'apparente de près, ou de loin, à un carnet de croquis. Seulement, la pièce était surchargée de babioles glauques. Je me rends rapidement à l'évidence que Reagan n'a pas laissé tomber son carnet à côté de la porte, malheureusement.
« Allons-y...
Fais-je, fronçant légèrement les sourcils. En dépit d'un manque criant de conviction, je m'efforce d'entrer plus avant, fouillant le moindre recoin des yeux.
Et comme je pouvais m'y attendre, chaque pas s'accompagne de la diffusion subtile d'un sentiment de peine totalement irrationnel. Je me sentais tout à fait bien avant d'entrer... A présent, je vois fleurir en moi une impression générale de lourdeur. Tout ce qui m’égaye ordinairement me semble désormais tout à fait insipide. Ma volonté se flétris lentement, comme un bloc de sucre se disloque une fois plongé dans l'eau.
Je m'accroche, toutefois, à l'idée bien solide que tout ceci n'est qu'illusoire et que la peine disparaîtra sitôt dehors.
Mes yeux noirs s'en vont alors chercher Reagan. Je l'interroge sans mot dire, voulant simplement m'assurer du fait qu'elle va bien... Et qu'elle trouve ce qu'elle est venue chercher.
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Ven 20 Avr 2018 - 13:15
« Ça devrait aller vite. Reprends simplement ton parcours en sens inverse. Tout ira très bien. »
C’est en s’accrochant à ces mots de réconforts que Reagan entra dans la salle du Désespoir aux côtés de Thomas. À peine eu-t-elle passé le pas de la porte qu’un long frisson d’effroi remonta le long de sa colonne vertébrale, la faisant immanquablement trembler. Elle ne parvenait pas à comprendre comment le macabre de la pièce ne lui était pas directement sauté aux yeux lors de sa toute première visite. À première vue, il lui avait simplement semblé que la pièce était vieillotte, sombre et insalubre. Oubliée. Elle songeait que la magie qui imprégnait les murs avait mis un petit moment à l’atteindre elle aussi. Le sentiment d’insécurité s’était tout bonnement frayé un chemin sinueux jusqu’à son cœur et son psychisme, l’encerclant lentement comme un prédateur le ferait avec sa proie. Dorénavant, son mental était piégé par l’atmosphère pesante qui se dégageait de chaque recoin des lieux. La toile était tissée et de la manière la plus stupide possible, elle avait foncé dedans.
Reagan déglutit difficilement lorsque la porte se referma derrière eux. Un rapide coup d’œil autour d’elle lui fit comprendre qu’elle n’avait clairement pas fait traîner son carnet de dessins près de la porte – en croisant le regard de Thomas, elle vit qu’ils étaient arrivés à la même conclusion.
« Allons-y.… » Dit-il, rompant le silence qui s’était installé entre eux.
Elle se sentait comme une gamine dans son ombre. Certes, il ne semblait pas plus à l’aise qu’elle ne l’était dans cette situation clairement inconfortable. Pour autant, il parvenait à la guider et à se contraindre à avancer. Sans lui faire perdre davantage de son temps, elle lui emboîta le pas. Reagan faisait glisser son regard bleuté sur le sol, les tables, les chaises… Son carnet n’avait rien de particulier, ils auraient certainement dû déjà tomber dessus. Dans sa confusion, elle ne parvenait pas à se souvenir jusqu’où elle avait pu errer.
Bientôt, la Bale s’aperçut que plus elle avançait, plus il faisait sombre dans la pièce. Initialement, la luminosité de celle-ci n’était déjà pas au beau fixe, mais au bout d’un moment, elle ne vit plus rien du tout. Elle savait que cela devait être lié aux charmes – après tout, comment se sentir plus isolé qu’en étant aveugle et pris aux griffes de sortilèges néfastes ?
« Thomas ? » Appela-t-elle. Sa voix tremblait un peu. « Thomas, je n'y vois plus rien... »
Elle tendit l’oreille et en bougeant pour se tourner – trouver un mur pour se guider – son genou percuta une table lui arrachant un grognement de douleur. Elle allait saisir sa baguette pour lancer un lumos.... Mais se figea lorsqu’une voix désincarnée vint glisser des murmures dans le creux de son oreille.
« Ce n’est pas réel, c’est dans ta tête. Ressaisis toi… » Se dit-elle à elle-même.
« Bien sûr que ça se passe dans ta tête, mais pourquoi faudrait-il en conclure que ce n'est pas réel ? » répondit l'obscurité
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Ven 27 Avr 2018 - 11:45
Les minutes s’égrainent, semblant des heures. Le temps s’étire à l’infini, quand plus rien ne semble beau. Comme s’il fallait ressentir plus profondément la détresse, que la torture s’éternise encore… Et encore. C’est étrange. Je me sens bientôt tout à fait submergé par cette impression générale d’obscurité pesante. La pénombre ambiante suggère l’isolement et la fin de tout.
Bien sûr, cela me prend, mais sans doute pas autant que Reagan. Ma vie est déjà pleine de ces moments alors… Je suppose que cela m’atteint moins. Ce n’est qu’un charme, après tout. Et un charme, comparé à la réalité d’une existence pleine de rejet et de peine, ce n’est vraiment pas grand chose.
Je continue de chercher, donc, entravé d’une volonté qui s’effrite un peu plus à chaque seconde. Alors, en réaction, je ne m’écoute pas. Je fais juste, j’essaie de ne pas penser. Un peu comme dans la vie, finalement. Reagan, de son côté, semble en passe d’être dépassée. Je l’entends qui m’appelle, la voix tremblante. Mes yeux se rivent sur elle, en quête d’un indice pour comprendre ce qui se passe. Elle dit qu’elle ne voit plus. La nécessité s’impose alors à mon esprit : quoique ce soit, je dois réagir.
Je dois réagir vite.
Mes pensées s’ordonnent vivement. En quelques secondes, je passe mentalement en revue une dizaine d’options. Tout va très vite au point que c’en est presque enivrant : ma main s’empare de ma baguette magique sans que j’ai même à y penser. Un instant suffit pour que je sache ce que j’ai à faire. Car de la nature du charme qui la prend, je ne sais rien. Ce que je sais, c’est qu’elle a besoin de lumière et d’une force positive à laquelle s’accrocher. Et pour cela, je connais un sortilège.
« Expecto patronum !
Ce tressaillement de volonté me permet d’aller chercher au fond de moi les souvenirs les plus positifs dont je dispose. Répondant à la formule, ma baguette voit soudain jaillir un chat argenté qui s’en vient bondir souplement à travers la salle. Bientôt, son aura tiède s’impose au dessus de la morosité ambiante et l’on voit les ténèbres reculer devant cette incarnation de la positivité.
Je m’en vais chercher la jeune femme, escorté par l’apparition de lumière et la prend par les épaules pour l’aider à retrouver contenance.
« Comment tu te sens ? Mieux ?
Je lui demande. Un petit sourire s’en vient égayer mon visage.
« Pas géniale l’ambiance, mais ça va le faire. T’inquiète pas.
En fait, je n’en sais rien. Cet enchantement est puissant, ancien, sans doute tout autant que les murs du château. J’ai peur que mon patronus ne fasse pas long feu dans cette atmosphère. Mais bon, j’imagine que cela devrait suffire, le temps de mettre la main sur ce satané carnet. En tout cas, si cela peut nous permettre de le retrouver avant d’avoir des envies de suicide, ce serait bien.
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Mer 23 Mai 2018 - 16:55
Le chat argenté gambada avec une joie provocatrice à travers la pièce, rependant autour de lui une clarté vive et chaleureuse qui détonnait largement avec le reste du décor. Il fit plusieurs tours sur lui-même, dévisageant un bref instant son créateur, avant de s’aventurer effrontément dans les coins de la pièce. Un sentiment de détresse latent planait dans l’atmosphère et son poil se hérissa. Il pouvait le sentir avec beaucoup de distinction – et de par son le but de son existence même, il s’approcha de sa source afin de le chasser, tel un félin courant après une souris pour la forcer à se cacher. Il arriva au pieds d’une belle jeune femme dont la silhouette fine se détachait de plus en plus dans la pénombre, au fur et à mesure qu’il s’approchait d’elle. Elle avait les paupières closes et ses mains plaquées contre ses oreilles, comme pour empêcher le Désespoir de s’insinuer en elle. Le chat s’avança jusqu’à elle et s’enroula, protecteur, autour de sa cheville.
Le murmure désincarné s’était tût. Il fallut une poignée de secondes supplémentaires pour que Reagan en prenne pleinement conscience. Lorsque ce fut le cas, elle ouvrit doucement ses yeux bleutés et abaissa lentement les bras, sur le qui-vive. La Bale découvrit avec stupeur un petit félin argenté lové autour de sa cheville et elle comprit que ce dernier avait chassé ce qui s’en prenait à elle. Peu à peu, elle sentit ses membres se réchauffer agréablement. Elle n’était pas encore tout à fait sereine, mais elle se calmait peu à peu. C’est à ce moment-là qu’elle s’aperçut que Thomas était près d’elle – il avait été si furtif qu’elle ne s’était pas tout de suite aperçue de sa présence. Pendant une fraction de seconde, la jeune femme se demanda comment son compagnon avait-il fait pour être si silencieux, mais son questionnement s’évapora lorsqu’il s’adressa à elle. Peu importe après tout, tant qu’il était présent. « Comment tu te sens ? Mieux ? » Sa sollicitude rasséréna d’autant plus Reagan – contre toute attente, elle se sentait en sécurité avec lui, même si elle ne le connaissait pas et qu’ils se trouvaient dans la pièce la plus morbide de l’université. « Magnifique sortilège » Complimenta-t-elle faiblement avec un sourire encore un peu pâle. « Très bien réalisé. J’ai vraiment cru pendant un instant que je perdais l’esprit… Merci. » Ajouta-t-elle, sans pour autant mentionner le murmure qu’elle avait entendu près de son oreille. Après tout, tout le monde sait que ce n’est pas bon signe d’entendre des voix, même dans le monde des sorciers. « Finissons-en. »
Reagan avait retrouvé sa détermination coutumière. Sans pour autant s’éloigner de Thomas – jouant cette fois-ci la carte de la prudence -, elle les mena vers le fond de la pièce, car elle se souvenait avoir observé le mur à cet endroit précis lors de son premier passage. Après quelques minutes de recherches supplémentaires, Reagan lâcha une petite exclamation victorieuse. Son carnet était juste là, étrangement ouvert à une page où elle avait illustré très fidèlement un vampire – pour tromper un bref instant d’ennui en Histoire de la Magie. « Thomas, je l’ai trouvé ! » Dit-elle, en lui désignant les pages. Elle attrapa son carnet de dessins, satisfaite. Lorsqu’elle entraperçut l’expression du jeune homme, elle flancha légèrement. « Tu tiens le coup ? On devrait sortir, ton sortilège ne va pas durer éternellement. »
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Lun 28 Mai 2018 - 20:42
J'acquiesce silencieusement après Reagan : oui, le patronus est un sortilège magnifique. Sans doute l'un des plus beaux qui soient. Et parvenir à l'invoquer sous sa forme corporelle relevait d'un niveau relativement élevé de magie. C'était, à ce titre, une chose étrange... Car en dépit de mes difficultés, à Poudlard, je n'avais pas eu de mal à appréhender ce sortilège. Au contraire, je m'en étais emparé avec passion.
En effet, quand on nous le présenta, j'eus eu à cœur de le réussir parfaitement. Je voulais montrer aux autres qu'en dépit de leurs regards et leur jugement, j'étais heureux : capable d'invoquer la plus belle forme de magie... Tandis qu'ils se débattaient avec un voile blanc inachevé. Je m'étais donc entraîné longtemps, la nuit : personne pour me voir... Et quand le moment arriva de faire montre de nos acquis, j'impressionnais mon monde.
Cet épisode fut certainement ma plus belle revanche à Poudlard. Une époque dont la plupart des gens se souviennent avec un brin de nostalgie... Sauf les exclus dans mon genre, naturellement.
« Merci.
Répondais-je donc simplement au compliment de la jeune femme. Pour moi, cela signifiait beaucoup, de savoir qu'il l'avait aidé, ce chat... Néanmoins, je délaisse bien vite le sujet du patronus pour songer à sa description de la détresse juste éprouvée. Une moue inquiète se fraye un chemin sur mes traits, tandis que je regarde alentours, comme si je m'attendais à voir soudain surgir quelque forme sombre ou autre créature maléfique.
« J'imagine que ça aurait pu arriver... Dis-je. Je ne comprends pas qu'on laisse cette salle ouverte.
Le monde magique laisse à chacun le loisir de s'aventurer en dépit des risques. De Poudlard à Hungcalf, nombreux étaient les dangers. Les étudiants avaient beau savoir à quoi s'en tenir, il arrivait fréquemment que les plus enhardis se heurtent aux limites de notre périlleux monde. La témérité était vite sanctionnée, ici.
Néanmoins, si j'appréciais la liberté que cette façon de faire offrait, il m'arrivait d'estimer que certaines choses n'en valaient pas la peine. Cette salle en était un bon exemple... A quoi bon entretenir une pièce qui n'avait pour seul intérêt qu'une atmosphère pesante et qui vous infiltrait le cœur au point de pousser au suicide ? Qu'était-on censé apprendre de ce lieu morose ?
C'est plein de ces considérations que je poursuis mes recherches aux côté de la jeune femme. Escortés par le chat argenté, nous allons d'un bon pas et le moral protégé des remous. Après un moment nous parvenons finalement au fond de la pièce. Reagan reconnaît alors son carnet, parmi une foule d'autres objets. Comme elle le désigne, mon regard s'y pose aussitôt. Je remarque le vampire à défaut de son regard : quand elle m'interroge, c'est un peu comme si je venais brusquement de sortir de mes pensées. Je relève les yeux vers elle et esquisse un petit sourire.
« Oui, ça va... Je regarde autour de nous avant d'ajouter : allons-y.
Sans perdre une seconde de plus, nous retournons à la porte. Après quoi, je prends soin de bien la refermer derrière nous et y ajoute même un tour de clé supplémentaire : pas question d'avoir à y retourner ce soir. Je préfère en interdire l'accès pour le moment.
« Bon, voilà une bonne chose de faite.
Je laisse échapper un profond soupir. Tout ceci fut inutilement intense... Bien que je ne regrette pas d'avoir pu rendre service à une élève en difficulté, naturellement. Je me dis simplement qu'une tâche aussi simple que récupérer un carnet oublié ne devrait pas drainer autant d'énergie.
« Une pause café clope, ça te dit ?
Fais-je alors, adressant à Reagan un sourire malicieux. Après toutes ces émotions, je crois que nous avons bien mérité de nous poser un peu... J'ajoute ensuite, sur le même ton :
« Peut-être que tu pourras me raconter l'histoire de ce vampire, au passage.
En effet, quand on nous le présenta, j'eus eu à cœur de le réussir parfaitement. Je voulais montrer aux autres qu'en dépit de leurs regards et leur jugement, j'étais heureux : capable d'invoquer la plus belle forme de magie... Tandis qu'ils se débattaient avec un voile blanc inachevé. Je m'étais donc entraîné longtemps, la nuit : personne pour me voir... Et quand le moment arriva de faire montre de nos acquis, j'impressionnais mon monde.
Cet épisode fut certainement ma plus belle revanche à Poudlard. Une époque dont la plupart des gens se souviennent avec un brin de nostalgie... Sauf les exclus dans mon genre, naturellement.
« Merci.
Répondais-je donc simplement au compliment de la jeune femme. Pour moi, cela signifiait beaucoup, de savoir qu'il l'avait aidé, ce chat... Néanmoins, je délaisse bien vite le sujet du patronus pour songer à sa description de la détresse juste éprouvée. Une moue inquiète se fraye un chemin sur mes traits, tandis que je regarde alentours, comme si je m'attendais à voir soudain surgir quelque forme sombre ou autre créature maléfique.
« J'imagine que ça aurait pu arriver... Dis-je. Je ne comprends pas qu'on laisse cette salle ouverte.
Le monde magique laisse à chacun le loisir de s'aventurer en dépit des risques. De Poudlard à Hungcalf, nombreux étaient les dangers. Les étudiants avaient beau savoir à quoi s'en tenir, il arrivait fréquemment que les plus enhardis se heurtent aux limites de notre périlleux monde. La témérité était vite sanctionnée, ici.
Néanmoins, si j'appréciais la liberté que cette façon de faire offrait, il m'arrivait d'estimer que certaines choses n'en valaient pas la peine. Cette salle en était un bon exemple... A quoi bon entretenir une pièce qui n'avait pour seul intérêt qu'une atmosphère pesante et qui vous infiltrait le cœur au point de pousser au suicide ? Qu'était-on censé apprendre de ce lieu morose ?
C'est plein de ces considérations que je poursuis mes recherches aux côté de la jeune femme. Escortés par le chat argenté, nous allons d'un bon pas et le moral protégé des remous. Après un moment nous parvenons finalement au fond de la pièce. Reagan reconnaît alors son carnet, parmi une foule d'autres objets. Comme elle le désigne, mon regard s'y pose aussitôt. Je remarque le vampire à défaut de son regard : quand elle m'interroge, c'est un peu comme si je venais brusquement de sortir de mes pensées. Je relève les yeux vers elle et esquisse un petit sourire.
« Oui, ça va... Je regarde autour de nous avant d'ajouter : allons-y.
Sans perdre une seconde de plus, nous retournons à la porte. Après quoi, je prends soin de bien la refermer derrière nous et y ajoute même un tour de clé supplémentaire : pas question d'avoir à y retourner ce soir. Je préfère en interdire l'accès pour le moment.
« Bon, voilà une bonne chose de faite.
Je laisse échapper un profond soupir. Tout ceci fut inutilement intense... Bien que je ne regrette pas d'avoir pu rendre service à une élève en difficulté, naturellement. Je me dis simplement qu'une tâche aussi simple que récupérer un carnet oublié ne devrait pas drainer autant d'énergie.
« Une pause café clope, ça te dit ?
Fais-je alors, adressant à Reagan un sourire malicieux. Après toutes ces émotions, je crois que nous avons bien mérité de nous poser un peu... J'ajoute ensuite, sur le même ton :
« Peut-être que tu pourras me raconter l'histoire de ce vampire, au passage.
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Jeu 28 Juin 2018 - 20:23
Reagan s’était approchée de Thomas qui, pendant une fraction de secondes, sembla s’être égaré dans les limbes de ses pensées. Cela lui laissa un temps infirme pour le dévisager et lui déceler un charme troublant. Ce n’était pas qu’il lui plaisait ou qu’il la faisait chavirer d’une quelconque manière… C’était plutôt un charme hypnotique qu’elle ne pouvait pas réellement qualifier. Les pupilles du jeune homme s’étrécirent subitement, tandis qu’il reprenait pieds avec la réalité et ils se dirigèrent rapidement vers la sortie de la pièce. À peine eut-elle posé un pied en-dehors de la salle qu’elle ressentit un soulagement monstrueux. La torpeur qui pesait sur sa rationalité s’envola et avec, ses élucubrations ténébreuses et morbides. Un soupir s’échappa d’entre ses lèvres rosées qui s’étirèrent en un sourire. C’était fini pour ce soir. Reagan s’adossa au mur de pierres glacé et cela lui fit du bien. Elle ne s’était pas rendue compte – du moins pas jusqu’à quel point – son corps s’était tendu au fur et à mesure qu’ils progressaient dans la salle. À présent, chacun de ses muscles se déliait un à un, lui permettant de se détendre réellement. Elle chercha le félin argenté des yeux, mais ce dernier avait sans doute disparu en même temps que la menace qui planait autour d’eux.
« Bon, voilà une bonne chose de faite. » Dit-il en verrouillant la salle derrière eux. Elle n’était pas certaine que cela suffirait à arrêter les étudiants les plus téméraires, néanmoins, elle ne pouvait qu’applaudir l’initiative. « Je ne mettrai plus jamais les pieds dans cet endroit. Au diable l’architecture, jamais je ne souhaiterais concevoir une salle pareille. » Grommela-t-elle – sauf peut-être pour une nouvelle branche à la prison d’Azkaban et encore, elle n’était pas certaine de vouloir être sur un tel projet. Ils se regardèrent et une moue navrée finit par s’afficher sur le visage doucereux de la Pokeby. « Tu dois sans doute te dire « tout ça … pour ça. » » Dit-elle en agitant légèrement son carnet. Elle lui était reconnaissante d’être resté. Elle n’était pas certaine que quelqu’un d’autre l’aurait fait à sa place. « Une pause-café clope, ça te dit ? » S’enquit-il au bout de quelques instants. Reagan grimaça légèrement : elle ignorait encore pourquoi les gens s’obstinaient à fumer. Elle abandonna rapidement ses grands airs : hey, il l’avait bien mérité sa dose de nicotine. « Va pour le café. » Répondit-elle alors qu’ils s’éloignaient de ce lieu désolant pour s’asseoir sur des marches de marbre, un peu plus loin.
« Peut-être que tu pourras me raconter l'histoire de ce vampire, au passage. » Ajouta-t-il, alors qu’ils se posaient. « Oh, ce vieux dessin… » Elle ouvrit à nouveau son carnet, faisant défiler une bonne quantité de croquis – sombrals, maisons, dragons, plantes… - avant de retrouver la page qu’elle lui avait montré, malgré elle, un petit peu plus tôt. « Je ne suis pas très convaincue, j’ai sans doute laissé un peu trop courir mon imagination. En même temps, on ne rencontre pas un vampire à tous les coins de couloirs » Sourit-elle. La jeune femme sortit sa baguette et, un tour de poignet plus tard, deux tasses fumantes apparaissaient entre eux. « C’était en cours d’Histoire de la Magie, au sujet d’un vampire qui avait violé le Code International du Secret Magique… Et au bout d’une petite heure à lire « voyages avec les vampires » qui est d’une absurdité innommable, j’ai préféré dessiner. »
Au loin, des bruits de pas professoraux que Reagan ne pouvait distinguer commencèrent à claquer sur les dalles de l'université...
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Mar 3 Juil 2018 - 13:19
Je ne pouvais que saluer la résolution de Reagan. A ce titre, si cette même raison pouvait s'emparer du reste des élèves, j'en serais très content (c'était peut-être trop espérer). Après avoir rangé le trousseau de clé dans ma poche, je me tournais vers la jeune femme et posais mon regard sur le carnet qu'elle était en train d'agiter sous mes yeux. J'avoue que l'idée que le jeu puisse n'en valoir pas la chandelle ne m'avait pas spécialement traversé. De toute façon, cette mésaventure serait bien vite oubliée.
Pour cela, je ne connaissais rien de plus efficace d'une bonne cigarette et un café. La demoiselle étant partante, nous primes un peu de distance en allant nous asseoir un peu plus loin. J'allumais alors une cigarette (après avoir pris soin de conjurer un sortilège anti fumée) tandis qu'elle faisait défiler les croquis sous mes yeux.
« Tu as une belle patte. Lui dis-je, un brin admiratif. Tu as mis un peu de tout là dedans...
Je me penchais légèrement sur le dessin représentant un vampire et ne pu contenir un petit gloussement en le voyant.
« Tu en as deux beaux spécimens au Vampire's night, si il te manque de la doc.
Fis-je avec un brin de malice. Après quoi, elle me parla de son cours et du reste. Le genre de tableau qui m'amuse toujours un peu (forcément). Cela dit, je n'avais pas lu l'ouvrage dont elle parlait. Ce genre de bouquin, c'était carrément sans objet pour moi. D'autant que les sorciers avaient toujours plus ou moins tendance à en rajouter des caisses... Mais bon. J'imagine que tout ceci peut sembler bien abstrait pour quelqu'un qui n'a aucune idée de la réalité de la chose.
J'eus tout juste le temps de boire une gorgée du café que la demoiselle venait d'invoquer que des bruits de pas commencèrent à retentir au loin. Apparemment, je n'étais pas le seul à patrouiller dans ce couloir, ce soir.
« Ah... Glissais-je doucement. Je crois qu'il est l'heure de mettre les voiles.
Je fis disparaître ma tasse d'un coup de baguette et me levais sans attendre. Mon regard rivait toujours Reagan. J'esquissais un sourire et lui proposais de me suivre d'un hochement de tête.
« On peut jouer à « qui connaît le plus de passage secret », si tu veux.
Sans plus attendre, je pris la tête de notre petit duo. Les bruits de pas se rapprochaient vivement et j'étais à peu près sûr qu'il s'agissait d'un professeur (les élèves faisaient en sorte de marcher doucement). Cela dit, nous avions encore le temps de voir venir.
Je guidais donc Reagan jusqu'à une imposante statue qui rendait majestueusement grâce au pan de mur qu'elle ornait. Il s'agissait d'un dragon mit en scène avec un sorcier (je n'avais pas la moindre idée de l'événement auquel tout cela se rattachait cela dit). Après avoir passé la main sur le museau du dragon, un passage s'ouvrit dans le mur (il débouchait plus loin dans le niveau inférieur, à proximité des cuisines).
« Si mademoiselle veut bien se donner la peine.
J'assortissais l'invitation d'un geste (un brin théâtral) de la main.
Pour cela, je ne connaissais rien de plus efficace d'une bonne cigarette et un café. La demoiselle étant partante, nous primes un peu de distance en allant nous asseoir un peu plus loin. J'allumais alors une cigarette (après avoir pris soin de conjurer un sortilège anti fumée) tandis qu'elle faisait défiler les croquis sous mes yeux.
« Tu as une belle patte. Lui dis-je, un brin admiratif. Tu as mis un peu de tout là dedans...
Je me penchais légèrement sur le dessin représentant un vampire et ne pu contenir un petit gloussement en le voyant.
« Tu en as deux beaux spécimens au Vampire's night, si il te manque de la doc.
Fis-je avec un brin de malice. Après quoi, elle me parla de son cours et du reste. Le genre de tableau qui m'amuse toujours un peu (forcément). Cela dit, je n'avais pas lu l'ouvrage dont elle parlait. Ce genre de bouquin, c'était carrément sans objet pour moi. D'autant que les sorciers avaient toujours plus ou moins tendance à en rajouter des caisses... Mais bon. J'imagine que tout ceci peut sembler bien abstrait pour quelqu'un qui n'a aucune idée de la réalité de la chose.
J'eus tout juste le temps de boire une gorgée du café que la demoiselle venait d'invoquer que des bruits de pas commencèrent à retentir au loin. Apparemment, je n'étais pas le seul à patrouiller dans ce couloir, ce soir.
« Ah... Glissais-je doucement. Je crois qu'il est l'heure de mettre les voiles.
Je fis disparaître ma tasse d'un coup de baguette et me levais sans attendre. Mon regard rivait toujours Reagan. J'esquissais un sourire et lui proposais de me suivre d'un hochement de tête.
« On peut jouer à « qui connaît le plus de passage secret », si tu veux.
Sans plus attendre, je pris la tête de notre petit duo. Les bruits de pas se rapprochaient vivement et j'étais à peu près sûr qu'il s'agissait d'un professeur (les élèves faisaient en sorte de marcher doucement). Cela dit, nous avions encore le temps de voir venir.
Je guidais donc Reagan jusqu'à une imposante statue qui rendait majestueusement grâce au pan de mur qu'elle ornait. Il s'agissait d'un dragon mit en scène avec un sorcier (je n'avais pas la moindre idée de l'événement auquel tout cela se rattachait cela dit). Après avoir passé la main sur le museau du dragon, un passage s'ouvrit dans le mur (il débouchait plus loin dans le niveau inférieur, à proximité des cuisines).
« Si mademoiselle veut bien se donner la peine.
J'assortissais l'invitation d'un geste (un brin théâtral) de la main.
- InvitéInvité
Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Mer 11 Juil 2018 - 12:42
Ils s’assirent sur les marches de l’escalier en marbre blanc et échangèrent quelques mots. Reagan se sentait beaucoup plus sereine à présent et s’ouvrait à la conversation avec une aisance surprenante, elle qui avait si peu coutume de parler d’elle aux autres. Cette rencontre lui permettait de mettre une certaine distance entre elle et l’amertume qu’elle ressentait ces derniers jours. Pour ainsi dire, ses idées noires s’étaient envolées avec le désespoir factice créé par la salle. Assise, à tourner les pages de son carnet de dessins, à montrer ces derniers à Thomas, elle se sentait plus légère. Parfois, il suffisait juste de partager quelques choses, aussi anodines cela pouvait-il être, pour être bien. « Tu as une belle patte. Tu as mis un peu de tout là-dedans... » Dit-il tandis qu’elle tournait les pages de son carnet de dessins, faisant défiler de nombreux croquis griffonnés par ses soins. « Merci. Les résultats de l’union d’un trop-plein de créativité et d’un ennui chronique profond. » Répondit-elle avec un sourire. Combien de fois avait-elle senti sa main brûler d’envie de s’emparer d’un crayon pour ravager une page blanche ? Autant de fois où la lassitude d’une journée l’avait étreinte. Reagan avait un génie créatif insatiable dans lequel elle s’épanouissait pleinement. Et comme tout artiste elle pouvait s’avérer irascible jusqu’à l’achèvement de son œuvre. C’est ainsi qu’elle dupait l’ennui. Elle l’entendit s’esclaffer lorsqu’elle retrouva la page du vampire qu’elle lui avait montré un peu plus tôt. À sa place, elle en aurait sans doute fait de même. Il était vrai que son imagination s’était libérée un peu trop sauvagement sur ce croquis. Elle avait illustré le vampire avec de longs cheveux noirs, un teint de craie, de lourdes cernes sous les yeux et du sang dégoulinait de ses crocs. Un crucifix et de l’ail s’attardaient aussi en arrière-plan. « Tu en as deux beaux spécimens au Vampire's night, s’il te manque de la doc. » Ils échangèrent un sourire complice.
La jeune femme buvait tranquillement son café, lorsque l’écho de pas résonna contre les murs. Une allure ferme et peu discrète, démontrant que ce n’était nullement un étudiant, mais bel et bien un professeur qui patrouillait. Elle n’était pas certaine que cela soit bon, ni pour elle, ni pour Thomas, d’être découverte à cette heure-ci dans les couloirs, quand bien même conversait-elle avec lui. « Merde. » Dit-elle en refermant son carnet et en se levant. Droite comme un pique, elle sembla guetter pendant une fraction de secondes l’intrusion professorale. Puis, elle regarda autour d’elle – il n’y avait pas réellement d’autre issue au niveau inférieur. « Ah... Je crois qu'il est l'heure de mettre les voiles. » Il fit disparaître leurs tasses de café et se leva souplement à son tour. Elle le regarda l’air de dire, on fait quoi maintenant ? en écarquillant légèrement les yeux au fur et à mesure que les pas s’approchaient. Ça le fit sourire. « On peut jouer à ‘qui connaît le plus de passage secret’, si tu veux. » Elle faillit répondre, effrontément, qu’il n’y avait pas de passage secret à ce niveau. Après tout, elle le saurait, non ? Elle qui cartographiait avec rigueur et précision chaque recoin de l’université. Il n'en lui laissa pas le temps et s’aventura rapidement dans le sens opposé du couloir. Reagan regarda par-dessus son épaule et, sans poser davantage de questions, lui emboîta le pas. Ils arrivèrent près d’une imposante sculpture représentant un dragon et un sorcier qui lui fit penser à une épreuve du Tournoi des 3 sorciers. Elle observa attentivement ses gestes et un hoquet d’étonnement l’agita lorsqu’un passage s’ouvrit, juste derrière. « Incroyable, je ne savais pas qu’il y en avait un là. » Hungcalf, tout comme Poudlard, la surprendrait toujours. Il fallait qu’elle prenne note de ça. « Si mademoiselle veut bien se donner la peine. » Reagan sourit face à la théâtralité de Thomas et passa donc la première. « Je suppose que tu gagnes. » Lui dit-elle en passant devant lui. « Où débouche-t-il ? » Lui chuchota-t-elle, tandis que le passage se refermait derrière eux. Elle n’avait probablement qu’à s’y aventurer pour le savoir.
« Depuis l’année dernière, j’essaie de créer une carte interactive de l’université » Comme dans les centres commerciaux, manqua-t-elle d’ajouter. Elle préféra s’abstenir, ne sachant pas s’il pouvait visualiser exactement ce à quoi elle se référait. Cette idée lui était venue lorsqu’elle s’était aperçue que beaucoup de première année se perdaient dans le dédale de couloirs d’Hungcalf – et en tant que membre de l’AESH et toujours avide de nouveaux projets, elle s’était lancée : premièrement pour son propre exercice, deuxièmement pour les aider. « Il doit y avoir bon nombre de passages dont j’ignore encore l’existence, comme celui-ci. » Bien entendu, elle ne se confiait pas tout à fait en toute innocence à lui sur ce sujet. Elle avait peut-être l’espoir qu’il lui apporterait davantage de détails sur les raccourcis qui existaient à Hungcalf et qu’il devait très certainement avoir l’habitude d’arpenter – peut-être parfois même était-il le seul.
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Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Sam 14 Juil 2018 - 16:49
Le passage se referma derrière nous en un frôlement discret. Quelques instants plus tard, on entendit le bruit des pas (à peine étouffé par la porte de pierre) passer à l'endroit exact où nous nous trouvions encore il y a quelques minutes de cela.
J'esquissais un sourire : me voilà dans la peau de l'étudiant cherchant à éviter la surveillance des adultes au milieu de la nuit. Cela me rappelait les années Poudlard, quand je jouais au jeu du chat et de la souris avec le concierge (le pauvre homme n'en pouvait plus de me voir, mais par la force des choses, nous avions fini par devenir amis). A présent, j'étais chasseur bien plus souvent que proie... Mais je dois bien admettre que d'être pris en filature a quelque chose de grisant (même si, dans mon cas, je ne risque strictement rien).
Les grands enfants ne changent pas.
« Pas loin des cuisines. Tu vas voir.
Répondis-je, tandis que la demoiselle prenait le pas dans l'étroit couloir. C'est alors qu'elle me fit part de son projet de carte. J'acquiesçais d'un air intéressé, tout en me demandant si la raison de cette sortie tardive n'était pas liée à cela depuis le début.
« C'est pour ça que tu es entrée dans la salle du désespoir initialement ?
La manière la plus simple d'obtenir une réponse consiste à demander directement. Cette idée ressemblait à l'un de ces projets étudiants qui mêlent tout à la fois disciplines enseignées et envie de s'amuser à travers quelque chose de ludique. J'imaginais assez bien l'utilité de posséder une carte interactive des lieux (surtout si on aime se promener la nuit).
« Je t'en montrerais d'autres, si tu veux.
Ajoutais-je dans la foulée, comme nous progressions dans la pénombre. Je n'avais pas pris la peine d'éclairer le bout de ma baguette magique d'un « lumos » car l'obscurité ne me posais aucun problème. De toute façon, l'étroitesse du couloir était telle qu'on ne pouvait guère s'y égarer ni effectuer le moindre demi tour (même par inadvertance). Il suffisait de garder la main posée sur le mur et d'avancer tranquillement pour arriver à la sortie.
« Je pense les connaître... Allé, presque tous. Je n'irais pas jusqu'à affirmer être allé partout, mais bon. Depuis le temps que je traîne dans ce château...
A dire vrai, je serais bien surpris d'en découvrir un nouveau après une décennie passée à travailler ici. D'autant que mon métier consistait précisément à fouiner dans le moindre recoin de l'université, à la recherche des élèves les plus rusés et déterminés. Il va sans dire que cela impliquait beaucoup d'astuce et ne pas se contenter de ce que l'on sait déjà.
« Ce sont les elfes de maison travaillant en cuisine qui me l'on montré, celui-là. Poursuivais-je à voix basse, sur le ton de la conversation. Ils en savent beaucoup sur les salles et leur enchantement... Les passages... Un peu tout, quoi. Si le sujet t'intéresse, n'hésite pas à leur en parler.
Les elfes de maison, comme les vieux concierges, espèce oubliée des étudiants mais qui en savent long sur tout. Je levais alors les yeux et constatais que la pénombre laissait doucement place à la lueur vacillante d'un candélabre (signe que nous approchions la sortie) qui perçait à travers les interstices de la porte.
Porte qui s'avérait être, en vérité, l'envers d'un tableau. Quand on le poussait, on arrivait dans un genre de couloir de service au bout duquel se trouvait l'entrée des cuisines. Les étudiants n'étaient jamais amenés à y passer, c'est pourquoi l'endroit affichait une dimension moins vaste et prestigieuse (même si on y trouvait tout de même quelques toiles et ornement). Je pris le pas sur Reagan et repoussait délicatement le tableau, tout en lui intimant de ne faire aucun bruit en venant placer l'index contre ma bouche. Une fois dehors, je lui adressais un signe de tête pour qu'elle jette un œil au tableau en question : il s'agissait d'une vue sur un paysage champêtre avec, bien en évidence, un coq. En l’occurrence, un coq couché sur un motte de paille et en train de dormir. Il va sans dire que nous avions intérêt à rester silencieux, dans ces conditions : réveiller le sujet du tableau et c'est tout le château qui serait alerté.
Comme je n'avais pas très envie de me retrouver avec une troupe d'elfe de maison tout juste tirée du lit sur les bras, je fis signe à la jeune femme de me suivre. Après une courte marche et comme nous étions enfin hors d'atteinte, je m'autorisais à reprendre la parole.
« Bon. Ce coup-ci, on est tranquille. Tu sais te retrouver à partir de là ?
J'esquissais un sourire : me voilà dans la peau de l'étudiant cherchant à éviter la surveillance des adultes au milieu de la nuit. Cela me rappelait les années Poudlard, quand je jouais au jeu du chat et de la souris avec le concierge (le pauvre homme n'en pouvait plus de me voir, mais par la force des choses, nous avions fini par devenir amis). A présent, j'étais chasseur bien plus souvent que proie... Mais je dois bien admettre que d'être pris en filature a quelque chose de grisant (même si, dans mon cas, je ne risque strictement rien).
Les grands enfants ne changent pas.
« Pas loin des cuisines. Tu vas voir.
Répondis-je, tandis que la demoiselle prenait le pas dans l'étroit couloir. C'est alors qu'elle me fit part de son projet de carte. J'acquiesçais d'un air intéressé, tout en me demandant si la raison de cette sortie tardive n'était pas liée à cela depuis le début.
« C'est pour ça que tu es entrée dans la salle du désespoir initialement ?
La manière la plus simple d'obtenir une réponse consiste à demander directement. Cette idée ressemblait à l'un de ces projets étudiants qui mêlent tout à la fois disciplines enseignées et envie de s'amuser à travers quelque chose de ludique. J'imaginais assez bien l'utilité de posséder une carte interactive des lieux (surtout si on aime se promener la nuit).
« Je t'en montrerais d'autres, si tu veux.
Ajoutais-je dans la foulée, comme nous progressions dans la pénombre. Je n'avais pas pris la peine d'éclairer le bout de ma baguette magique d'un « lumos » car l'obscurité ne me posais aucun problème. De toute façon, l'étroitesse du couloir était telle qu'on ne pouvait guère s'y égarer ni effectuer le moindre demi tour (même par inadvertance). Il suffisait de garder la main posée sur le mur et d'avancer tranquillement pour arriver à la sortie.
« Je pense les connaître... Allé, presque tous. Je n'irais pas jusqu'à affirmer être allé partout, mais bon. Depuis le temps que je traîne dans ce château...
A dire vrai, je serais bien surpris d'en découvrir un nouveau après une décennie passée à travailler ici. D'autant que mon métier consistait précisément à fouiner dans le moindre recoin de l'université, à la recherche des élèves les plus rusés et déterminés. Il va sans dire que cela impliquait beaucoup d'astuce et ne pas se contenter de ce que l'on sait déjà.
« Ce sont les elfes de maison travaillant en cuisine qui me l'on montré, celui-là. Poursuivais-je à voix basse, sur le ton de la conversation. Ils en savent beaucoup sur les salles et leur enchantement... Les passages... Un peu tout, quoi. Si le sujet t'intéresse, n'hésite pas à leur en parler.
Les elfes de maison, comme les vieux concierges, espèce oubliée des étudiants mais qui en savent long sur tout. Je levais alors les yeux et constatais que la pénombre laissait doucement place à la lueur vacillante d'un candélabre (signe que nous approchions la sortie) qui perçait à travers les interstices de la porte.
Porte qui s'avérait être, en vérité, l'envers d'un tableau. Quand on le poussait, on arrivait dans un genre de couloir de service au bout duquel se trouvait l'entrée des cuisines. Les étudiants n'étaient jamais amenés à y passer, c'est pourquoi l'endroit affichait une dimension moins vaste et prestigieuse (même si on y trouvait tout de même quelques toiles et ornement). Je pris le pas sur Reagan et repoussait délicatement le tableau, tout en lui intimant de ne faire aucun bruit en venant placer l'index contre ma bouche. Une fois dehors, je lui adressais un signe de tête pour qu'elle jette un œil au tableau en question : il s'agissait d'une vue sur un paysage champêtre avec, bien en évidence, un coq. En l’occurrence, un coq couché sur un motte de paille et en train de dormir. Il va sans dire que nous avions intérêt à rester silencieux, dans ces conditions : réveiller le sujet du tableau et c'est tout le château qui serait alerté.
Comme je n'avais pas très envie de me retrouver avec une troupe d'elfe de maison tout juste tirée du lit sur les bras, je fis signe à la jeune femme de me suivre. Après une courte marche et comme nous étions enfin hors d'atteinte, je m'autorisais à reprendre la parole.
« Bon. Ce coup-ci, on est tranquille. Tu sais te retrouver à partir de là ?
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Re: nocturnal animals (tommy) | terminé
Mer 18 Juil 2018 - 15:25
Reagan acquiesça lorsqu’il évoqua les raisons de sa venue dans la salle du désespoir. Ce devait lui apparaître plus logique, à présent. Même si, il faut le dire, ça n’avait pas été très malin de sa part. Elle avait largement sous-estimé les effets indésirables que pourraient avoir les lieux sur son mental – elle n’avait pensé ressentir qu’une déprime légère, entourée d’une atmosphère morbide, sans pour autant y associer une quelconque détresse. Dorénavant, la Bale saurait à quoi s’en tenir. « Je ne pouvais pas cartographier cette salle, sans y avoir jamais mis les pieds » se justifia-t-elle, presque. Ça n’aurait pas vraiment été digne d’elle – elle avait besoin de voir, toucher et analyser, toujours. De la même manière qu’elle trouvait ridicule – voire, risible – de s’improviser expert sur un sujet que l’on ne maîtrise aucunement. « Je t’en montrerai d’autres, si tu veux. » Lui proposa-t-il. Bingo. Il avait très certainement dû percevoir l’intérêt derrière sa confession à des kilomètres, mais peu lui importait. La Bale était simplement ravie qu’il ne s’offusque pas et ne garde pas jalousement pour lui les secrets que renfermaient les couloirs de l’université – comme l’aurait sans doute fait n’importe quel autre concierge, désireux de ne croiser une âme qui vive aux heures nocturnes. « Avec plaisir. Tu en connais beaucoup d’autres ? » S’enquit-elle, curieuse de ce qu’il pourrait lui apprendre en introduction de leur prochaine escapade. « Je pense les connaître... Allez, presque tous. Je n'irais pas jusqu'à affirmer être allé partout, mais bon. Depuis le temps que je traîne dans ce château... » Reagan pouvait très bien imaginer un Thomas plus jeune, se frayer des chemins dans le château, à cette même heure, semant derrière lui – tout comme ils le faisaient à présent – un concierge assoiffé de poursuites. Ça la fit sourire. Elle ignorait s’il avait fait des études ici – pour autant, elle ne doutait pas qu’il soit allé dans une école sorcière et Hungcalf, part beaucoup d’aspects, pouvait ressembler à Poudlard. Ils continuèrent d’avancer, leurs mains suivant le mur de pierre. Le passage était si étroit qu’elle n’aurait même pas été capable de se tourner vers lui. « Ce sont les elfes de maison travaillant en cuisine qui me l'on montré, celui-là. Ils en savent beaucoup sur les salles et leur enchantement... Les passages... Un peu tout, quoi. Si le sujet t'intéresse, n'hésite pas à leur en parler. » Reagan acquiesça de nouveau, tout en songeant qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de se rendre aux cuisines de l’université. Bon, elle y était déjà allée, lorsqu’elle était à Poudlard – en revanche, elle avait toujours fait en sorte de ne pas tomber sur un elfe de maison. Ces derniers étaient parfois très pointilleux et n’appréciaient pas d’être importunés dans leurs tâches. « Je n’y aurais pas pensé » Admit-elle.
Ils arrivèrent finalement au bout du passage et Reagan se plaqua de tout son long contre le mur pour laisser Thomas passer devant elle. Ils devaient être derrière un tableau, estima-t-elle, lorsqu’elle se rendit compte que le panneau de la porte avait des dimensions assez peu communes. Elle ne fit aucun bruit et descendit souplement du passage – un peu haut. Lorsqu’il referma la peinture, il lui désigna le paysage et Reagan pu aisément distinguer un coq endormi – et qui ferait certainement mieux de le rester. Ils s’éloignèrent silencieusement et une fois à bonne distance, Thomas reprit la parole. « Bon. Ce coup-ci, on est tranquille. Tu sais te retrouver à partir de là ? » Reagan balaya du regard les alentours, tendant une oreille alerte pour vérifier qu’aucune intrusion professorale ne ferait soudainement son apparition. Ce ne semblait pas être le cas. « Oui, oui. Ça devrait aller. Je vais retourner directement dans ma chambre. J’ai eu mon lot d’émotions pour la nuit. » Elle commença à monter les marches de l’escalier pour atteindre les niveaux supérieurs et se retourna une brièvement vers lui : « On remet ça quand tu voudras. » Dit-elle avec un léger sourire. « Pas la salle, évidemment. Mais les autres passages. J’amènerai le thermos de café en prévision. Bonne soirée Thomas et merci d’avoir été là. » Une fois en haut de l’escalier, sa silhouette disparut dans la pénombre.
FIN DU RP