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It's been a while [Terminé]
Sam 18 Aoû 2018 - 12:17
Samedi matin,
Levius s'était réveillé habité par une sensation étrange. Il ne se souvenait plus du rêve qu'il venait de faire. Il n'y avait que des impressions, des restes un peu vagues. A dire vrai, il ne s'y attarda pas. Il avait beaucoup à faire.
Cela ne faisait que deux mois et demi (environs) qu'il était de retour à Inverness. Les premiers temps, le jeune homme prit la mesure de ce que son engagement représentait. S'il lui était souvent arrivé d'aider son grand père à la ferme, la réalité de ce travail était bien plus considérable que ce qu'il avait jamais imaginé.
Levius n'avait jamais été un grand sportif, ce n'était un secret pour personne. Alors il va sans dire que de s'occuper de tous ces travaux occupa l'intégralité de son temps, les premières semaines. Heureusement qu'il avait la magie de son côté, car sans cela il n'aurait sans doute pas pu relever le défi.
Peu à peu, le jeune homme gagna en rapidité et en efficacité. Il savait exactement ce qu'il avait à faire et ne perdait plus de temps en réflexions, tentatives et ajustements. Ainsi, la charge de travail s'était peu à peu compressée sur la demi journée seule, là où le double était auparavant nécessaire. Fort de ce temps gagné, Levius s'était donc fait employer à mi temps aux Trois Corneilles et c'est ainsi que l'on en arrivait à la moitié du mois d’août.
Samedi matin, Levius ne travaillait pas, mais cela ne l'empêchait pas de se lever tôt. L'habitude : il avait une horloge dans le ventre, ce garçon. Quand il descendit à la cuisine, il constata que sa grand-mère était déjà debout. Elle avait préparé le petit déjeuner (comme tous les matins) : ils le partagèrent en discutant silencieusement.
Puis, Levius s'en alla nourrir les animaux et changer la paille des chevaux. Il accorda un moment au potager aussi et passa par la serre pour vérifier que tout était en ordre (cette dernière était enchantée et le faux ciel était programmé pour pleuvoir régulièrement sur les cultures). Après et comme il lui restait encore deux heures avant midi, il s'occupa de réparer des lattes de bois abîmées dans la grange. Tout ceci l'occupa fort bien et pendant un long moment. Cependant, après le déjeuner, sa grand-mère insista pour qu'il prenne un peu de temps libre, car elle devait recevoir des voisins (ce prétexte était le seul à même de persuader efficacement le jeune homme de déserter la maison quand elle voulait qu'il cesse de travailler pour s'occuper un peu de lui). Susan Bird était très heureuse de bénéficier de l'aide de son petit fils, mais elle ne voulait pas qu'il s'épuise à la tâche.
Samedi après midi, Levius s'en était donc allé flâner en ville. Il avait glissé dans sa besace un carnet de croquis, un autre destiné plus spécifiquement à l'aquarelle et de quoi peindre. Assez naturellement, ses pas l'avaient mené au jardin botanique d'Inverness. Il n'avait pas eu l'occasion de s'y rendre depuis son retour dans les Highlands, mais comme c'était un de ses lieux préféré étant petit quand il venait voir ses grand-parents en vacances, l'idée d'y faire un tour s'était naturellement imposée à lui.
Après un consciencieux tour des lieux, le jeune homme s'était installé sur une pelouse et avait commencé à dessiner ce qui l'entourait : les serres, les visiteurs, les plantes... Le jardin botanique était un lieu moldu et pour quelqu'un comme Levius, le simple spectacle de ces individus dépourvus de magie était intéressant. Il avait donc gribouillé une page entière d'éléments non sorciers dont il ignorait l'usage, à côté des esquisse de fleurs et de visages.
La tranquillité sous sa forme la plus simple : un après midi ensoleillé, un coin de pelouse et aucune préoccupation.
Levius s'était réveillé habité par une sensation étrange. Il ne se souvenait plus du rêve qu'il venait de faire. Il n'y avait que des impressions, des restes un peu vagues. A dire vrai, il ne s'y attarda pas. Il avait beaucoup à faire.
Cela ne faisait que deux mois et demi (environs) qu'il était de retour à Inverness. Les premiers temps, le jeune homme prit la mesure de ce que son engagement représentait. S'il lui était souvent arrivé d'aider son grand père à la ferme, la réalité de ce travail était bien plus considérable que ce qu'il avait jamais imaginé.
Levius n'avait jamais été un grand sportif, ce n'était un secret pour personne. Alors il va sans dire que de s'occuper de tous ces travaux occupa l'intégralité de son temps, les premières semaines. Heureusement qu'il avait la magie de son côté, car sans cela il n'aurait sans doute pas pu relever le défi.
Peu à peu, le jeune homme gagna en rapidité et en efficacité. Il savait exactement ce qu'il avait à faire et ne perdait plus de temps en réflexions, tentatives et ajustements. Ainsi, la charge de travail s'était peu à peu compressée sur la demi journée seule, là où le double était auparavant nécessaire. Fort de ce temps gagné, Levius s'était donc fait employer à mi temps aux Trois Corneilles et c'est ainsi que l'on en arrivait à la moitié du mois d’août.
Samedi matin, Levius ne travaillait pas, mais cela ne l'empêchait pas de se lever tôt. L'habitude : il avait une horloge dans le ventre, ce garçon. Quand il descendit à la cuisine, il constata que sa grand-mère était déjà debout. Elle avait préparé le petit déjeuner (comme tous les matins) : ils le partagèrent en discutant silencieusement.
Puis, Levius s'en alla nourrir les animaux et changer la paille des chevaux. Il accorda un moment au potager aussi et passa par la serre pour vérifier que tout était en ordre (cette dernière était enchantée et le faux ciel était programmé pour pleuvoir régulièrement sur les cultures). Après et comme il lui restait encore deux heures avant midi, il s'occupa de réparer des lattes de bois abîmées dans la grange. Tout ceci l'occupa fort bien et pendant un long moment. Cependant, après le déjeuner, sa grand-mère insista pour qu'il prenne un peu de temps libre, car elle devait recevoir des voisins (ce prétexte était le seul à même de persuader efficacement le jeune homme de déserter la maison quand elle voulait qu'il cesse de travailler pour s'occuper un peu de lui). Susan Bird était très heureuse de bénéficier de l'aide de son petit fils, mais elle ne voulait pas qu'il s'épuise à la tâche.
Samedi après midi, Levius s'en était donc allé flâner en ville. Il avait glissé dans sa besace un carnet de croquis, un autre destiné plus spécifiquement à l'aquarelle et de quoi peindre. Assez naturellement, ses pas l'avaient mené au jardin botanique d'Inverness. Il n'avait pas eu l'occasion de s'y rendre depuis son retour dans les Highlands, mais comme c'était un de ses lieux préféré étant petit quand il venait voir ses grand-parents en vacances, l'idée d'y faire un tour s'était naturellement imposée à lui.
Après un consciencieux tour des lieux, le jeune homme s'était installé sur une pelouse et avait commencé à dessiner ce qui l'entourait : les serres, les visiteurs, les plantes... Le jardin botanique était un lieu moldu et pour quelqu'un comme Levius, le simple spectacle de ces individus dépourvus de magie était intéressant. Il avait donc gribouillé une page entière d'éléments non sorciers dont il ignorait l'usage, à côté des esquisse de fleurs et de visages.
La tranquillité sous sa forme la plus simple : un après midi ensoleillé, un coin de pelouse et aucune préoccupation.
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Re: It's been a while [Terminé]
Sam 18 Aoû 2018 - 21:42
Encore une nuit où je n'avais pas réussi à beaucoup dormir. Encore un matin où j'avais une tête d'enterrement. Heureusement, ma moitié n'était pas avec moi pour constater les dégâts, même si elle devait être habituée maintenant. Ce matin, je m'éveillais pour la première fois dans mon nouveau chez moi. N'ayant pas de colocataire depuis huit ans chez les Ethelred, en couple gardé par un Fidelitas, j'avais jugé plus intelligent de prendre mon indépendance dans un petit appartement à Inverness. J'avais choisi le quartier sorcier pour plus de simplicité pour moi.
Ma main droite venant me gratter le sommet du crâne, ébouriffant davantage mes cheveux bruns, je constatais que j'ouvrais les yeux au milieu des cartons, ma chambre étant encore sens dessus dessous. Mes parents étaient venus m'aider à tout amener et à ranger quelques cartons, mais j'avais tellement de livres que j'avais insisté pour les ranger moi-même. Le rangement des livres, c'était sacré. Il y avait le thème, même si la majorité parlait de dragon, puis la grandeur et l'épaisseur. Bref… j'avais encore beaucoup de choses à faire, mais j'étais bien heureuse de me retrouver chez moi. Ici, où personne ne pouvait me déranger sans mon accord.
C'est après avoir flâné encore de longues minutes que je me décidais à me lever, attrapant mes habits au passage pour me vêtir tout en sortant de ma chambre pour me diriger dans ma petite salle de bain. La douche, c'était le soir avec moi. Je préférais me laver de la transpiration de la journée que de me réveiller subitement avec de l'eau. Le réveil le samedi matin, c'était tranquille, surtout que ma journée s'annonçait de la sorte. J'enfilais donc mes sous-vêtements, un pantalon noir et un T-shirt blanc.
Puis, un peu désespérée, j'observais le capharnaüm de mon salon et de ma cuisine, je regrettais de ne plus pouvoir utiliser ma baguette magique. Tout serait déjà rangé et ordré. Hélas, je devais m'accommoder des méthodes moldus pour cette fois. Tant pis, ça me musclait un peu et me faisait oublier mes douleurs à cause de mes cicatrices qui me tiraient encore. Je me baissais pour attraper un livre et regarder son contenu rapidement avant de me demander où est-ce que j'allais pouvoir le ranger… je n'en avais aucune foutue idée… Alors je reposais mon livre, repoussant le rangement pour plus tard. Rah et ce soir j'allais travailler. J'avais entamé un travail à mi-temps au Rainbow, toujours dans le but de me permettre d'être un peu plus indépendante.
Et j'avais faim… il me fallait donc me décider à sortir et me rendre au moins à la boulangerie histoire d'avoir quelque chose dans l'estomac avant de partir travailler, même si c'était dans plusieurs heures. Depuis mon accident, je ne mangeais plus beaucoup, mais je comptais y remédier maintenant que j'avais mon chez moi et que je savais que, malgré mes marques, j'allais rester moi-même les nuits de pleine lune.
Enfilant ma paire de converses, j'attrapais ma veste légère en jean dans le but de cacher mes blessures, je passais une barrette dans mes cheveux afin que ma frange ne me tombe devant les yeux, puis je sortais dans la rue tranquillement. Je déambulais, perdue dans mes pensées légères, jusqu'à la boulangerie la plus proche où je me permettais d'acheter quelques douceurs, peut-être un peu trop, ainsi qu'un jus d'orange.
Je grignotais alors mon petit déjeuner paisiblement jusqu'à arriver au quartier moldu, et plus précisément dans le jardin botanique. Voilà longtemps que je n'y avais plus mis les pieds, c'était une bonne occasion de m'y rendre. Terminant mon troisième croissant au chocolat et mon jus d'orange, je déposais mes déchets dans la poubelle avant de me frotter les mains l'une contre l'autre puis de les enfoncer dans les poches de ma veste. Le temps était agréable ce matin, et je laissais mon regard expert se promener sur les animaux présents dans le zoo. Je ne pouvais pas m'en empêcher, même lorsque c'était des animaux dépourvus de magie, ils me fascinaient et j'étais irrémédiablement attirée par eux. Avec mon couple encore tout nouveau et mon accident, je n'avais guère eu le temps de me consacrer à mes passions animalières
C'est au détour d'un virage que mon regard sombre fut attiré par une silhouette que je croyais connaître. C'était plutôt atypique, et je pouvais le reconnaître entre mille, mais il me fallut le temps de l'analyser. Voilà longtemps que je ne l'avais plus revu, et je voulais être certaine que ce soit lui. Mais lorsque ce fut chose faite, mon cœur se mit à battre la chamade tout en ratant quelques battements. Le coquin ne m'avait pas prévenu de sa rentrée en Écosse ! J'étais si heureuse de le voir, même si c'était de loin. J'avais d'excellents souvenirs avec lui, et pour cause, il avait été mon premier véritable ami, et il l'était toujours à mes yeux. Il était le genre d'ami avec qui je n'étais pas obligée de parler tout le temps, que je pouvais perdre de vue, je savais que notre relation n'allait pas changer d'un iota.
Amusée de le voir concentré sur ses dessins, je décidais de ne pas le déranger de manière conventionnelle. Après tout, ensemble, nous ne l'étions pas, conventionnels. Ainsi, je me plaisais à faire un léger détour pour terminer en face de lui sur un chemin, un peu plus loin. Une fois certaine d'être convenablement dans son point de vue, je me redressais, toujours les mains dans mes poches, et je le fixais de là où je me trouvais, avec un petite sourire en coin. S'il ne me reconnaissait pas de vue, il allait au moins me reconnaître une fois que son crayon aura dessiné mes traits. Et si ce n'était pas le cas et bien, tant pis, je l'aborderais de manière plus… conventionnelle ?
Ma main droite venant me gratter le sommet du crâne, ébouriffant davantage mes cheveux bruns, je constatais que j'ouvrais les yeux au milieu des cartons, ma chambre étant encore sens dessus dessous. Mes parents étaient venus m'aider à tout amener et à ranger quelques cartons, mais j'avais tellement de livres que j'avais insisté pour les ranger moi-même. Le rangement des livres, c'était sacré. Il y avait le thème, même si la majorité parlait de dragon, puis la grandeur et l'épaisseur. Bref… j'avais encore beaucoup de choses à faire, mais j'étais bien heureuse de me retrouver chez moi. Ici, où personne ne pouvait me déranger sans mon accord.
C'est après avoir flâné encore de longues minutes que je me décidais à me lever, attrapant mes habits au passage pour me vêtir tout en sortant de ma chambre pour me diriger dans ma petite salle de bain. La douche, c'était le soir avec moi. Je préférais me laver de la transpiration de la journée que de me réveiller subitement avec de l'eau. Le réveil le samedi matin, c'était tranquille, surtout que ma journée s'annonçait de la sorte. J'enfilais donc mes sous-vêtements, un pantalon noir et un T-shirt blanc.
Puis, un peu désespérée, j'observais le capharnaüm de mon salon et de ma cuisine, je regrettais de ne plus pouvoir utiliser ma baguette magique. Tout serait déjà rangé et ordré. Hélas, je devais m'accommoder des méthodes moldus pour cette fois. Tant pis, ça me musclait un peu et me faisait oublier mes douleurs à cause de mes cicatrices qui me tiraient encore. Je me baissais pour attraper un livre et regarder son contenu rapidement avant de me demander où est-ce que j'allais pouvoir le ranger… je n'en avais aucune foutue idée… Alors je reposais mon livre, repoussant le rangement pour plus tard. Rah et ce soir j'allais travailler. J'avais entamé un travail à mi-temps au Rainbow, toujours dans le but de me permettre d'être un peu plus indépendante.
Et j'avais faim… il me fallait donc me décider à sortir et me rendre au moins à la boulangerie histoire d'avoir quelque chose dans l'estomac avant de partir travailler, même si c'était dans plusieurs heures. Depuis mon accident, je ne mangeais plus beaucoup, mais je comptais y remédier maintenant que j'avais mon chez moi et que je savais que, malgré mes marques, j'allais rester moi-même les nuits de pleine lune.
Enfilant ma paire de converses, j'attrapais ma veste légère en jean dans le but de cacher mes blessures, je passais une barrette dans mes cheveux afin que ma frange ne me tombe devant les yeux, puis je sortais dans la rue tranquillement. Je déambulais, perdue dans mes pensées légères, jusqu'à la boulangerie la plus proche où je me permettais d'acheter quelques douceurs, peut-être un peu trop, ainsi qu'un jus d'orange.
Je grignotais alors mon petit déjeuner paisiblement jusqu'à arriver au quartier moldu, et plus précisément dans le jardin botanique. Voilà longtemps que je n'y avais plus mis les pieds, c'était une bonne occasion de m'y rendre. Terminant mon troisième croissant au chocolat et mon jus d'orange, je déposais mes déchets dans la poubelle avant de me frotter les mains l'une contre l'autre puis de les enfoncer dans les poches de ma veste. Le temps était agréable ce matin, et je laissais mon regard expert se promener sur les animaux présents dans le zoo. Je ne pouvais pas m'en empêcher, même lorsque c'était des animaux dépourvus de magie, ils me fascinaient et j'étais irrémédiablement attirée par eux. Avec mon couple encore tout nouveau et mon accident, je n'avais guère eu le temps de me consacrer à mes passions animalières
C'est au détour d'un virage que mon regard sombre fut attiré par une silhouette que je croyais connaître. C'était plutôt atypique, et je pouvais le reconnaître entre mille, mais il me fallut le temps de l'analyser. Voilà longtemps que je ne l'avais plus revu, et je voulais être certaine que ce soit lui. Mais lorsque ce fut chose faite, mon cœur se mit à battre la chamade tout en ratant quelques battements. Le coquin ne m'avait pas prévenu de sa rentrée en Écosse ! J'étais si heureuse de le voir, même si c'était de loin. J'avais d'excellents souvenirs avec lui, et pour cause, il avait été mon premier véritable ami, et il l'était toujours à mes yeux. Il était le genre d'ami avec qui je n'étais pas obligée de parler tout le temps, que je pouvais perdre de vue, je savais que notre relation n'allait pas changer d'un iota.
Amusée de le voir concentré sur ses dessins, je décidais de ne pas le déranger de manière conventionnelle. Après tout, ensemble, nous ne l'étions pas, conventionnels. Ainsi, je me plaisais à faire un léger détour pour terminer en face de lui sur un chemin, un peu plus loin. Une fois certaine d'être convenablement dans son point de vue, je me redressais, toujours les mains dans mes poches, et je le fixais de là où je me trouvais, avec un petite sourire en coin. S'il ne me reconnaissait pas de vue, il allait au moins me reconnaître une fois que son crayon aura dessiné mes traits. Et si ce n'était pas le cas et bien, tant pis, je l'aborderais de manière plus… conventionnelle ?
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Re: It's been a while [Terminé]
Dim 19 Aoû 2018 - 14:08
Sur la page, les esquisses s'entremêlaient à mesure que le garçon capturait ce qu'il voyait. Levius ne cherchait pas à faire un beau dessin, seulement s’entraîner la main. La justesse d'un trait nourrissait sa compréhension des formes : il essayait avant tout de comprendre ce qu'il faisait. Face à un volume, il invoquait ses acquis en morphologie grappillés à force de pratique au sein d'ateliers de modèle vivant aux États-Unis.
Il était toujours étrange de constater combien la technique dépendait de la connaissance encyclopédique. On pourrait croire qu'il suffisait de dessiner ce que l'on voit pour produire quelque chose de juste. En vérité, la connaissance précédait souvent la justesse : on remarquait un détail parce que l'on savait qu'il était susceptible de s'y trouver. L’œil était fainéant, en vérité. Il n'appréhendait guère la complexité à moins d'une grande intuition. Mais là encore, l'on revenait à un talent particulier d'observation et non pas à quelque génie offert par la fortune au hasard.
Les visages, en outre, requéraient une technique particulière pour être correctement appréhendés. On parlait de grand visage et de petit visage. Le grand visage était la forme générale de la tête : les joues, le menton, la hauteur du front... C'était le contour général de l'ensemble. Ensuite, il y avait le petit visage. Celui-là, on pouvait le résumer à un trapèze formé par la distance entre les deux yeux et les coins de la bouche.
Appréhender correctement cette distance, c'était s'assurer de la ressemblance du portrait. Car chez l'être humain, la reconnaissance faciale faisait appel à un mécanisme cognitif très particulier. C'était une fonction spécifique pointues et qui se basait, entre autre, sur la mesure du petit visage. Il suffisait de voir un portraitiste en action pour comprendre : en quelques traits, on pouvait reconnaître l'individu dessiné là où une esquisse complexe mais mal proportionnée ne parlait pas.
Ainsi, Levius ne mit guère de temps à reconnaître Abigail au milieu de la foule. Quand son regard se posa sur elle pour la première fois, il baissa rapidement les yeux comme si cette vision venait de l'éblouir. Puis, ses prunelles bleues rivées sur les esquisses, il se mit à sourire. Ses mains s'étaient crispées autour des spirales du carnet. Il savait qu'elle l'avait vu : elle le fixait tant et si bien que leurs regards s'étaient croisé l'espace d'une seconde. Le jeune homme demeura un court instant dans cette position, comme un gamin prit par surprise et qui s'imagine que s'il détourne le regard, rien n'arrivera.
Mais il ne resta pas ainsi, non : Levius se mit à tourner rapidement les pages de son carnet de croquis à la recherche d'une feuille vierge. Saisissant un ou deux crayons de couleur, il gribouilla vivement quelque chose sur la page, pour l’arracher ensuite soigneusement en suivant la pré découpe. Puis, il plia méticuleusement la feuille en forme d'avion, avant de l'enchanter très discrètement d'un coup furtif de baguette magique.
Relevant les yeux en direction d'Abigail, le garçon esquissa un sourire pétillant de malice. Il lança son avion en papier et ce dernier se mit à piquer gracieusement en direction du ciel. Il vola un moment ainsi, rapide comme une hirondelle, effectuant de temps en temps un ou deux loopings gracieux, puis s'en alla virevolter doucement en direction des mains de la jeune femme. Levius retint sa respiration l'espace d'une seconde.
Il était toujours étrange de constater combien la technique dépendait de la connaissance encyclopédique. On pourrait croire qu'il suffisait de dessiner ce que l'on voit pour produire quelque chose de juste. En vérité, la connaissance précédait souvent la justesse : on remarquait un détail parce que l'on savait qu'il était susceptible de s'y trouver. L’œil était fainéant, en vérité. Il n'appréhendait guère la complexité à moins d'une grande intuition. Mais là encore, l'on revenait à un talent particulier d'observation et non pas à quelque génie offert par la fortune au hasard.
Les visages, en outre, requéraient une technique particulière pour être correctement appréhendés. On parlait de grand visage et de petit visage. Le grand visage était la forme générale de la tête : les joues, le menton, la hauteur du front... C'était le contour général de l'ensemble. Ensuite, il y avait le petit visage. Celui-là, on pouvait le résumer à un trapèze formé par la distance entre les deux yeux et les coins de la bouche.
Appréhender correctement cette distance, c'était s'assurer de la ressemblance du portrait. Car chez l'être humain, la reconnaissance faciale faisait appel à un mécanisme cognitif très particulier. C'était une fonction spécifique pointues et qui se basait, entre autre, sur la mesure du petit visage. Il suffisait de voir un portraitiste en action pour comprendre : en quelques traits, on pouvait reconnaître l'individu dessiné là où une esquisse complexe mais mal proportionnée ne parlait pas.
Ainsi, Levius ne mit guère de temps à reconnaître Abigail au milieu de la foule. Quand son regard se posa sur elle pour la première fois, il baissa rapidement les yeux comme si cette vision venait de l'éblouir. Puis, ses prunelles bleues rivées sur les esquisses, il se mit à sourire. Ses mains s'étaient crispées autour des spirales du carnet. Il savait qu'elle l'avait vu : elle le fixait tant et si bien que leurs regards s'étaient croisé l'espace d'une seconde. Le jeune homme demeura un court instant dans cette position, comme un gamin prit par surprise et qui s'imagine que s'il détourne le regard, rien n'arrivera.
Mais il ne resta pas ainsi, non : Levius se mit à tourner rapidement les pages de son carnet de croquis à la recherche d'une feuille vierge. Saisissant un ou deux crayons de couleur, il gribouilla vivement quelque chose sur la page, pour l’arracher ensuite soigneusement en suivant la pré découpe. Puis, il plia méticuleusement la feuille en forme d'avion, avant de l'enchanter très discrètement d'un coup furtif de baguette magique.
Relevant les yeux en direction d'Abigail, le garçon esquissa un sourire pétillant de malice. Il lança son avion en papier et ce dernier se mit à piquer gracieusement en direction du ciel. Il vola un moment ainsi, rapide comme une hirondelle, effectuant de temps en temps un ou deux loopings gracieux, puis s'en alla virevolter doucement en direction des mains de la jeune femme. Levius retint sa respiration l'espace d'une seconde.
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Re: It's been a while [Terminé]
Dim 19 Aoû 2018 - 18:25
Je ne pouvais m'empêcher d'élargir mon sourire en voyant sa réaction, pourtant, je ne bougeais pas davantage et je le laissais s'enfuir dans son carnet. Je me doutais bien qu'il était en train de préparer quelque chose, et lorsque je voyais le papier s'envoler, je le suivais du regard, presque avec émerveillement. Nos petites fantaisies m'avait manqué, je le réalisais maintenant que je les redécouvrais avec un délice non dissimulé. Voyant la descente s'amorcer, je tendais les mains pour accueillir le parchemin et observer ce qu'il contenait. Ce message m'allait droit au cœur et je sentais ma gorge se serrer d'émotion. Je pouvais être très émotive de temps à autre, Levius devait s'en souvenir, mais je me retenais de ne pas fondre en larme au milieu du parc comme un gros bébé. Je me contentais donc de relever mon regard vers lui tout en posant le parchemin contre mon cœur, démontrant à quel point il m'avait manqué.
J'aurai aimé lui répondre de la même manière, mais je n'avais pas ma baguette sur moi. J'avais toujours du mal à la prendre dans mes mains, je l'avais donc précieusement laissée dans l'un des tiroirs de ma table de chevet. Mais j'avais une autre idée.
Je connaissais la particularité de Levius. Ça nous avait permis de communiquer plus d'une fois en un langage presque secret. Observant autour de moi tout en pliant précieusement son parchemin pour le ranger dans la poche intérieure de ma veste, je me dirigeais vers le bord du chemin en gravier, devant la multitude de fleurs non magiques. D'une œillade tranquille, je m'assurais que le jeune homme m'ait suivi du regard, puis je désignais de l'index une fleur à mes pieds. Je connaissais son goût prononcé pour la botanique, comme moi, même si me concernant j'avais toujours eu une préférence pour les animaux, les fleurs faisaient tout de même parties intégrantes de mon univers.
Ainsi, celles que je désignais étaient des Glycines bleues. Cette fleur désignait l'amitié, le fait que j'étais restée fidèle à notre relation. La couleur bleue avait sa propre signification aussi, mais Levius allait sans doute le comprendre.
B
Me redressant ensuite, je regardais autour de moi pour me déplacer vers la fleur suivante. Un Hibiscus blanc. Cette fleur dans son langage désignait notre rendez-vous d'aujourd'hui, même s'il avait été un pur hasard. Encore une fois, la couleur avait son importance.
O
Non sans me défaire de mon sourire, je continuais ainsi jusqu'à la troisième fleur, orangée celle-ci, un Géranium. Il démontrait la distinction que je lui portais.
N
Surveillant qu'il me suivait toujours du regard, je ne me lassais pas de chercher les fleurs correspondantes aux messages que je voulais faire passer. La suivante était un peu plus délicate, j'essayais donc de faire au mieux avec ce que j'avais autour de moi. Je savais que même si je faisais des erreurs, il comprendrait l'ensemble de mes intentions. Ainsi, la fleur suivante fut une Gerbera rose, symbolisant les pensées tendres et amicales que j'avais pour lui.
J
Je retournais ensuite vers l'Hibiscus blanc.
O
Puis je reprenais le chemin de la Glycine, désignant cette fois un bleu quelque peu plus clair.
U
La dernière était véritablement problématique, je regardais alors autour de moi puis ne pouvait m'empêcher de rire légèrement en trouvant une idée. Ainsi, je trottinais jusqu'à un lampadaire éteint, son poteau étant noir. Je posais le plat de ma main contre lui pour le désigner non sans retenir mon rire, légèrement penchée en avant. Levius était une sorte de lumière après tout, et encore une fois, la couleur désignait quelque chose.
R
Je reprenais contenance après de courtes secondes, replaçant mes mains dans les poches de ma veste, attendant un signe de la part de mon ami, un grand sourire aux lèvres.
J'aurai aimé lui répondre de la même manière, mais je n'avais pas ma baguette sur moi. J'avais toujours du mal à la prendre dans mes mains, je l'avais donc précieusement laissée dans l'un des tiroirs de ma table de chevet. Mais j'avais une autre idée.
Je connaissais la particularité de Levius. Ça nous avait permis de communiquer plus d'une fois en un langage presque secret. Observant autour de moi tout en pliant précieusement son parchemin pour le ranger dans la poche intérieure de ma veste, je me dirigeais vers le bord du chemin en gravier, devant la multitude de fleurs non magiques. D'une œillade tranquille, je m'assurais que le jeune homme m'ait suivi du regard, puis je désignais de l'index une fleur à mes pieds. Je connaissais son goût prononcé pour la botanique, comme moi, même si me concernant j'avais toujours eu une préférence pour les animaux, les fleurs faisaient tout de même parties intégrantes de mon univers.
Ainsi, celles que je désignais étaient des Glycines bleues. Cette fleur désignait l'amitié, le fait que j'étais restée fidèle à notre relation. La couleur bleue avait sa propre signification aussi, mais Levius allait sans doute le comprendre.
B
Me redressant ensuite, je regardais autour de moi pour me déplacer vers la fleur suivante. Un Hibiscus blanc. Cette fleur dans son langage désignait notre rendez-vous d'aujourd'hui, même s'il avait été un pur hasard. Encore une fois, la couleur avait son importance.
O
Non sans me défaire de mon sourire, je continuais ainsi jusqu'à la troisième fleur, orangée celle-ci, un Géranium. Il démontrait la distinction que je lui portais.
N
Surveillant qu'il me suivait toujours du regard, je ne me lassais pas de chercher les fleurs correspondantes aux messages que je voulais faire passer. La suivante était un peu plus délicate, j'essayais donc de faire au mieux avec ce que j'avais autour de moi. Je savais que même si je faisais des erreurs, il comprendrait l'ensemble de mes intentions. Ainsi, la fleur suivante fut une Gerbera rose, symbolisant les pensées tendres et amicales que j'avais pour lui.
J
Je retournais ensuite vers l'Hibiscus blanc.
O
Puis je reprenais le chemin de la Glycine, désignant cette fois un bleu quelque peu plus clair.
U
La dernière était véritablement problématique, je regardais alors autour de moi puis ne pouvait m'empêcher de rire légèrement en trouvant une idée. Ainsi, je trottinais jusqu'à un lampadaire éteint, son poteau étant noir. Je posais le plat de ma main contre lui pour le désigner non sans retenir mon rire, légèrement penchée en avant. Levius était une sorte de lumière après tout, et encore une fois, la couleur désignait quelque chose.
R
Je reprenais contenance après de courtes secondes, replaçant mes mains dans les poches de ma veste, attendant un signe de la part de mon ami, un grand sourire aux lèvres.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Dim 19 Aoû 2018 - 19:36
Levius suivit la réaction d'Abigail à force de petits coups d’œils furtifs. Il était partagé entre un brin d'appréhension et l'excitation de revoir une vielle amie. Cela faisait près de sept ans qu'ils ne s'étaient vu, pourtant, il savait que rien n'avait changé. Abigail était faite du même bois que lui et lui, il n'avait pas besoin de voir régulièrement ses amis pour garder pour eux de vifs sentiments. Il avait suffit que leurs regards se croisent pour qu'il comprenne qu'elle ressentait la même chose. Une histoire pouvait se figer dans le temps : ils vibreraient des mêmes fantaisies qu'autrefois, lorsqu'il étaient enfant... A s'envoyer des avions en papier passé trente ans. Levius l'espérait dans le fond et il pouvait, car ce n'était pas aujourd'hui qu'Abigail contrarierait son souhait inavoué.
Le jeune homme regarda sa lettre atterrir contre le cœur de son amie. Aussitôt, le sien se mit à battre un peu plus fort. Levius réprima alors un sourire en se mordant la lèvre inférieure, tout en venant river les parterres fleuris. Trop émotif pour la plupart des gens, sans doute : il peinait à observer trop longtemps le spectacle du bonheur des autres. C'était comme un tumulte. Une vague qui balayait ses assises, jusqu'à le submerger tout à fait. Il ne savait plus qu'en faire, après.
Cependant, le garçon se fit violence après quelques secondes et s'enquit de la suivre des yeux. C'était à son tour de répondre, mais il ne savait pas quoi s'attendre. Quelque chose à leur mesure, assurément... Et en effet, la jeune femme ne tarda pas à lui encoder un message tout personnel, avec la complicité des fleurs du jardin botanique. Levius comprit immédiatement le sens caché derrière tous ces index pointés : il la connaissait bien. Et au delà de cela, il connaissait la façon qu'elle avait de se comporter avec lui.
Derrière les fleurs se cachaient les couleurs et dans les couleurs vivaient les lettres. Le jeune homme laissa le sens de tout cela lui parvenir à mesure que ses souvenirs concernant le langage des fleurs s'activaient. A son tour, il se vit touché par la flèche du lien qui se réveillait au fond de son ventre. L'amitié, comme les plantes, jamais ne meurt : parfois elle s'endort le temps d'un hiver, mais le printemps voit toujours sa renaissance.
Levius se retint de rire quand Abigail termina sa course à côté d'un lampadaire. Il la regarda en hochant la tête, l'air de lui demander pour qui elle le prenait. Puis, il signa un « bonjour » en venant placer une main sous sa bouche avant de l'abaisser devant lui. La jeune femme ne parlait pas couramment la langue des signes, mais elle l'avait suffisamment vu l'utiliser avec sa grand-mère pour reconnaître les formules les plus basiques.
Le garçon laissa ensuite s'écouler quelques secondes, toisant Abigail de loin d'un air qui semblait présager quelque chose. Il avait ramassé sa baguette entre temps et la tenait sous son écharpe de toile rouge délavée, de sorte à ce que les moldu ne la remarquent pas. Après un moment, il lui fit signe de regarder en direction du ciel.
« I missed you.
Disaient les nuages, avant de se faire balayer par le vent. Le garçon profita de ce moment où elle ne le regardait pas pour ranger ses affaires et se lever. Debout, l'un en face de l'autre et séparé par une dizaine de mètres, l'échange de regard prenait une autre allure.
Levius réalisait seulement l'outrage du temps sur leur relation : tout ce qu'il avait vécu et qu'elle ignorait (et réciproquement)... Et si elle-même avait changé, finalement ? Et si leur amitié était destinée à mourir d'être resté trop longtemps loin l'un de l'autre ? Et si, et si...
Le garçon souhaitait presque remonter le temps pour n'avoir pas à vivre cette incertitude. Il irait la voir avant de partir pour les États-Unis et lui dirait « je reviendrais, n'arrête jamais de m'aimer, s'il te plaît ». Trop de questions stériles, alors que le moment n'était qu'à la fête en vérité.
Il avait tort d'avoir peur et le pire dans tout cela, c'est qu'il le savait.
Le jeune homme regarda sa lettre atterrir contre le cœur de son amie. Aussitôt, le sien se mit à battre un peu plus fort. Levius réprima alors un sourire en se mordant la lèvre inférieure, tout en venant river les parterres fleuris. Trop émotif pour la plupart des gens, sans doute : il peinait à observer trop longtemps le spectacle du bonheur des autres. C'était comme un tumulte. Une vague qui balayait ses assises, jusqu'à le submerger tout à fait. Il ne savait plus qu'en faire, après.
Cependant, le garçon se fit violence après quelques secondes et s'enquit de la suivre des yeux. C'était à son tour de répondre, mais il ne savait pas quoi s'attendre. Quelque chose à leur mesure, assurément... Et en effet, la jeune femme ne tarda pas à lui encoder un message tout personnel, avec la complicité des fleurs du jardin botanique. Levius comprit immédiatement le sens caché derrière tous ces index pointés : il la connaissait bien. Et au delà de cela, il connaissait la façon qu'elle avait de se comporter avec lui.
Derrière les fleurs se cachaient les couleurs et dans les couleurs vivaient les lettres. Le jeune homme laissa le sens de tout cela lui parvenir à mesure que ses souvenirs concernant le langage des fleurs s'activaient. A son tour, il se vit touché par la flèche du lien qui se réveillait au fond de son ventre. L'amitié, comme les plantes, jamais ne meurt : parfois elle s'endort le temps d'un hiver, mais le printemps voit toujours sa renaissance.
Levius se retint de rire quand Abigail termina sa course à côté d'un lampadaire. Il la regarda en hochant la tête, l'air de lui demander pour qui elle le prenait. Puis, il signa un « bonjour » en venant placer une main sous sa bouche avant de l'abaisser devant lui. La jeune femme ne parlait pas couramment la langue des signes, mais elle l'avait suffisamment vu l'utiliser avec sa grand-mère pour reconnaître les formules les plus basiques.
Le garçon laissa ensuite s'écouler quelques secondes, toisant Abigail de loin d'un air qui semblait présager quelque chose. Il avait ramassé sa baguette entre temps et la tenait sous son écharpe de toile rouge délavée, de sorte à ce que les moldu ne la remarquent pas. Après un moment, il lui fit signe de regarder en direction du ciel.
« I missed you.
Disaient les nuages, avant de se faire balayer par le vent. Le garçon profita de ce moment où elle ne le regardait pas pour ranger ses affaires et se lever. Debout, l'un en face de l'autre et séparé par une dizaine de mètres, l'échange de regard prenait une autre allure.
Levius réalisait seulement l'outrage du temps sur leur relation : tout ce qu'il avait vécu et qu'elle ignorait (et réciproquement)... Et si elle-même avait changé, finalement ? Et si leur amitié était destinée à mourir d'être resté trop longtemps loin l'un de l'autre ? Et si, et si...
Le garçon souhaitait presque remonter le temps pour n'avoir pas à vivre cette incertitude. Il irait la voir avant de partir pour les États-Unis et lui dirait « je reviendrais, n'arrête jamais de m'aimer, s'il te plaît ». Trop de questions stériles, alors que le moment n'était qu'à la fête en vérité.
Il avait tort d'avoir peur et le pire dans tout cela, c'est qu'il le savait.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Dim 19 Aoû 2018 - 22:07
Il n'avait pas changé, et je n'en étais guère étonnée. Les lettres que nous avions échangées il y a des années me le démontraient bien. Je les avais toutes gardées qui plus est. Néanmoins, nous n'étions plus des enfants, mais des adultes. Peut-être avait-il mûrit sur certains détails, peut-être n'avait-il plus les mêmes goûts qu'à l'époque. Sans doute n'était-il plus à l'image exacte que j'avais en tête, du Levius que j'avais côtoyée enfant, à l'école de musique, puis à Poudlard. Je n'étais pas non plus la même fillette, car même si mon apparence avait, elle, été figée dans le temps, je savais que j'avais gagné en savoir, en maturité, en sagesse. Je restais explosive lorsque je faisais la fête, mais c'était un trait de caractère que je me gardais de ne pas trop dévoiler au jeune homme. Non pas que je cherchais à être quelqu'un d'autre, mais simplement que je respectais ce que mes amis aimaient ou n'aimaient pas. Et j'appréciais l'étrangeté de Levius, il me permettait de me sentir moins bizarre dans ce monde remplit de cases et de normalités.
Mais même si nous étions devenus adultes depuis le temps, nous avions sans l'ombre d'une hésitation gardé notre âme d'enfant.
Plantée à mon lampadaire, je savais encore reconnaître l'air qu'il avait sur son visage, celui qui présageait qu'il allait faire quelque chose. Je restais dans la surprise de ce que c'était, comme un enfant qui allait fêter son anniversaire et qui attendait impatiemment de pouvoir ouvrir son cadeau. À son signe, je levais alors les yeux au ciel en voyant son message, et je ne pouvais m'empêcher d'étirer à nouveau mes lèvres en un doux sourire. J'avais du mal à me défaire de ce message sincère que je lisais. Puisque j'étais une personne particulièrement seule, j'avais du mal à m'imaginer que je puisse manquer à quelqu'un. À ma sœur, évidemment, et à présent à Adoración… mais à quelqu'un d'autre ? Enfin, après tout, il m'avait manqué à moi aussi, durant les instants où je pensais à lui. Les moments où mon esprit vagabondait dans les souvenirs de mon enfance et me rappelaient à quel point je regrettais son départ, à quel point j'aurai aimé pouvoir retrouver une personne comme lui à Hungcalf pour me sentir moins seule. Mais j'avais su faire sans, et j'étais persuadée que ça m'avait quelque peu changée, endurcie. Néanmoins, je sentais le lien tissé entre nous qui n'avait pas tari. Celui qui nous liait le creu de l'estomac, la surface du cœur, cette forte expression de cette amitié intarissable.
Et maintenant que je baissais à nouveau les yeux sur lui, je le voyais debout, à attendre alors qu'il avait rassemblé ses affaires. Et même si une voix m'incitait à le rejoindre, à séparer les quelques mètres qui nous séparaient, je restais figée là, à l'observer comme s'il s'agissait d'un mirage. Au final, je ne savais plus trop comment je devais l'aborder. De loin, nos étrangetés avaient fait le travail, mais à présent si proches je craignais de me rapprocher davantage, comme si je risquais de briser un miroir déjà fendu. Les mains toujours obstinément dans mes poches, je bougeais alors mes lèvres pour parler sans que ma voix ne retentisse.
"Toi aussi"
Il m'avait terriblement manqué, et j'étais si heureuse de pouvoir le retrouver. Notre complicité était inchangée et je me réjouissais déjà des prochains échanges que nous allions pouvoir avoir. Même s'ils allaient être différents que lorsque nous étions enfants, ils n'allaient pas être moins intéressants.
Mes pieds décidèrent finalement à ma place de rompre la distance qui me séparait de lui, mes yeux brillants de la joie que je ressentais de le revoir, accompagnés par ce sourire en coin dont je n'arrivais pas à me défaire. Une personne ordinaire lui aurait sans doute adressée la parole, lui aurait demandé des nouvelles, de lui raconter toutes ces années de séparation. Moi, je n'en avais pas besoin, même si ça me ferait bien sûr plaisir. Je préférais profiter de l'instant présent plutôt que d'évoquer le passé. Ainsi, je sortais simplement ma main droite de ma poche tout en lui faisant signe de me suivre.
J'entamais alors une marche tranquille et lente dans les allées du parc, m'arrêtant de temps à autre pour observer silencieusement, apparemment, rien. Mais je savais que Levius pouvait voir la même chose que moi : une fleur sortant de l'ordinaire, le caractère des gens par leurs démarches ou l'expression de leurs visages, un oiseau dans un arbre, ou l'un des animaux dans l'un des grands enclos.
Je lui adressais régulièrement des regards complices, comme si j'étais dotée de télépathie avec lui. Tant qu'il ne parlait pas, je n'allais pas le faire. Je respectais ce silence sacré du samedi matin, même si mon corps, mon cœur et ma tête étaient en fête et en fanfare, célébrant nos retrouvailles inespérées.
Mais même si nous étions devenus adultes depuis le temps, nous avions sans l'ombre d'une hésitation gardé notre âme d'enfant.
Plantée à mon lampadaire, je savais encore reconnaître l'air qu'il avait sur son visage, celui qui présageait qu'il allait faire quelque chose. Je restais dans la surprise de ce que c'était, comme un enfant qui allait fêter son anniversaire et qui attendait impatiemment de pouvoir ouvrir son cadeau. À son signe, je levais alors les yeux au ciel en voyant son message, et je ne pouvais m'empêcher d'étirer à nouveau mes lèvres en un doux sourire. J'avais du mal à me défaire de ce message sincère que je lisais. Puisque j'étais une personne particulièrement seule, j'avais du mal à m'imaginer que je puisse manquer à quelqu'un. À ma sœur, évidemment, et à présent à Adoración… mais à quelqu'un d'autre ? Enfin, après tout, il m'avait manqué à moi aussi, durant les instants où je pensais à lui. Les moments où mon esprit vagabondait dans les souvenirs de mon enfance et me rappelaient à quel point je regrettais son départ, à quel point j'aurai aimé pouvoir retrouver une personne comme lui à Hungcalf pour me sentir moins seule. Mais j'avais su faire sans, et j'étais persuadée que ça m'avait quelque peu changée, endurcie. Néanmoins, je sentais le lien tissé entre nous qui n'avait pas tari. Celui qui nous liait le creu de l'estomac, la surface du cœur, cette forte expression de cette amitié intarissable.
Et maintenant que je baissais à nouveau les yeux sur lui, je le voyais debout, à attendre alors qu'il avait rassemblé ses affaires. Et même si une voix m'incitait à le rejoindre, à séparer les quelques mètres qui nous séparaient, je restais figée là, à l'observer comme s'il s'agissait d'un mirage. Au final, je ne savais plus trop comment je devais l'aborder. De loin, nos étrangetés avaient fait le travail, mais à présent si proches je craignais de me rapprocher davantage, comme si je risquais de briser un miroir déjà fendu. Les mains toujours obstinément dans mes poches, je bougeais alors mes lèvres pour parler sans que ma voix ne retentisse.
"Toi aussi"
Il m'avait terriblement manqué, et j'étais si heureuse de pouvoir le retrouver. Notre complicité était inchangée et je me réjouissais déjà des prochains échanges que nous allions pouvoir avoir. Même s'ils allaient être différents que lorsque nous étions enfants, ils n'allaient pas être moins intéressants.
Mes pieds décidèrent finalement à ma place de rompre la distance qui me séparait de lui, mes yeux brillants de la joie que je ressentais de le revoir, accompagnés par ce sourire en coin dont je n'arrivais pas à me défaire. Une personne ordinaire lui aurait sans doute adressée la parole, lui aurait demandé des nouvelles, de lui raconter toutes ces années de séparation. Moi, je n'en avais pas besoin, même si ça me ferait bien sûr plaisir. Je préférais profiter de l'instant présent plutôt que d'évoquer le passé. Ainsi, je sortais simplement ma main droite de ma poche tout en lui faisant signe de me suivre.
J'entamais alors une marche tranquille et lente dans les allées du parc, m'arrêtant de temps à autre pour observer silencieusement, apparemment, rien. Mais je savais que Levius pouvait voir la même chose que moi : une fleur sortant de l'ordinaire, le caractère des gens par leurs démarches ou l'expression de leurs visages, un oiseau dans un arbre, ou l'un des animaux dans l'un des grands enclos.
Je lui adressais régulièrement des regards complices, comme si j'étais dotée de télépathie avec lui. Tant qu'il ne parlait pas, je n'allais pas le faire. Je respectais ce silence sacré du samedi matin, même si mon corps, mon cœur et ma tête étaient en fête et en fanfare, célébrant nos retrouvailles inespérées.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Lun 20 Aoû 2018 - 9:40
Finalement, ce fut à Abigail de rompre les derniers mètres les séparant. Quand elle le fit et pendant un instant, Levius se demanda s'il aurait osé. La réponse lui vint presque aussitôt : oui, sans doute. Car Abigail le connaissait assez bien pour qu'il ne redoute d'elle aucune hostilité. Les façons solitaires du jeune homme lui avaient souvent causé du tort et nombre de ses relations s'étaient terminées sur la base de ce genre de malentendu : il n'était pas courant que l'on impose à ses amis de longues périodes de séparation. La plupart du temps, cela vexait ego et habitudes, alors on préférait se détourner.
Mais Levius avait besoin d'être loin pour ne pas s'enivrer de se sentir trop proche. Au moindre témoignage d'affection, il lui fallait se recentrer sur lui même pour ne pas s'oublier dans l'extase d'une convergence des esprits. Les zèbres vivaient tout trop intensément, mais on n'y pouvait rien. Il fallait le comprendre et faire le choix de l'accepter ou non.
Quand la jeune femme se trouva finalement face à lui, il baissa doucement la tête et lui adressa un petit regard en biais, par dessus ses lunettes rondes. Elle avait très peu changé physiquement. Ses traits juvéniles, sa taille menue : c'était comme si elle venait de sortir directement de sa mémoire pour le saluer. Lui avait dû changer en revanche. Sans doute son visage avait-il mûrit, les arêtes de sa mâchoire affirmées et la barbe étendue... Toutefois, il conservait cette allure éternelle de « garçon né la veille », dans sa tenue uniformément colorée et un brin débraillée. Des détails éloquents.
Comme elle lui fit signe de le suivre pour marcher, il obtempéra. Aucun mot n'avait encore été prononcé entre eux, mais il n'était pas pressé que cela arrive. Il avait besoin de se réhabituer lentement à sa présence. Les allées du jardin botanique, avec sa cohorte de visiteurs et ses choses à voir étaient parfaites pour cela.
Entre deux rêveries, il lui jetait des regards furtifs pour ensuite se laisser aller à d'intenses spéculations sur le détail qu'il venait de remarquer. Il se demandait souvent à quoi elle pensait, aussi, avant de reporter son regard sur la végétation et remarquer une variété intéressante et partir dans un enchaînement inarrêtable de pensées.
Quand leurs regards se croisaient, il constatait souvent que leur attention venait de remarquer la même chose. Ils échangeaient alors un sourire et un air entendu, comme une ponctuation muette à leur dialogue sans paroles. Cela le rassura beaucoup de voir qu'ils étaient encore capables de communiquer de la sorte. Il se disait que s'ils étaient devenu trop différent l'un de l'autre, ça n'aurait plus été possible.
Néanmoins, après un long moment d'errance, les deux jeunes gens parvinrent au fond de la serre tropicale, près du bassin aux carpes koï. Levius repéra un banc libre et invita Abigail à s'y asseoir d'un signe de tête. Le spectacle de ces poissons avait quelque chose de fascinant : ils étaient comme des traits de couleur évoluant le long d'une toile changeante. C'était beaucoup trop beau pour que l'on passe à côté sans prendre le temps de les contempler.
Et en effet, le garçon divagua pendant quelques minutes sans même s'en rendre compte, le regard capté par les mouvements gracieux des poissons. Ils évoluaient en un banc éparse et portés par une incroyable lenteur. Le moindre battement de nageoire engageait une courbe élégante, quand la surprise ne les faisait pas virer aussi subitement qu'un éclair.
« Grand-père est mort.
Dit alors Levius doucement. Un peu plus et il oubliait le cheminement de pensée qui l'avait mené là. Retrouver Abigail, la séparation, la vie aux États-Unis, les études de psychomagie, le centre pour jeunes sorciers autistes, la nouvelle du décès, la décision de retourner dans les Highlands, retrouver Abigail : ce fut à l'issue de ce cercle qu'il s'enhardit à ouvrir la bouche, comme une évidence.
Son intonation ne témoignait d'aucune forme de tristesse, ni n'appelait à la compassion cependant. Il lui disait ça simplement, parce que c'était l'information la plus importante dont il disposait pour lui permettre de comprendre sa présence ici.
Mais Levius avait besoin d'être loin pour ne pas s'enivrer de se sentir trop proche. Au moindre témoignage d'affection, il lui fallait se recentrer sur lui même pour ne pas s'oublier dans l'extase d'une convergence des esprits. Les zèbres vivaient tout trop intensément, mais on n'y pouvait rien. Il fallait le comprendre et faire le choix de l'accepter ou non.
Quand la jeune femme se trouva finalement face à lui, il baissa doucement la tête et lui adressa un petit regard en biais, par dessus ses lunettes rondes. Elle avait très peu changé physiquement. Ses traits juvéniles, sa taille menue : c'était comme si elle venait de sortir directement de sa mémoire pour le saluer. Lui avait dû changer en revanche. Sans doute son visage avait-il mûrit, les arêtes de sa mâchoire affirmées et la barbe étendue... Toutefois, il conservait cette allure éternelle de « garçon né la veille », dans sa tenue uniformément colorée et un brin débraillée. Des détails éloquents.
Comme elle lui fit signe de le suivre pour marcher, il obtempéra. Aucun mot n'avait encore été prononcé entre eux, mais il n'était pas pressé que cela arrive. Il avait besoin de se réhabituer lentement à sa présence. Les allées du jardin botanique, avec sa cohorte de visiteurs et ses choses à voir étaient parfaites pour cela.
Entre deux rêveries, il lui jetait des regards furtifs pour ensuite se laisser aller à d'intenses spéculations sur le détail qu'il venait de remarquer. Il se demandait souvent à quoi elle pensait, aussi, avant de reporter son regard sur la végétation et remarquer une variété intéressante et partir dans un enchaînement inarrêtable de pensées.
Quand leurs regards se croisaient, il constatait souvent que leur attention venait de remarquer la même chose. Ils échangeaient alors un sourire et un air entendu, comme une ponctuation muette à leur dialogue sans paroles. Cela le rassura beaucoup de voir qu'ils étaient encore capables de communiquer de la sorte. Il se disait que s'ils étaient devenu trop différent l'un de l'autre, ça n'aurait plus été possible.
Néanmoins, après un long moment d'errance, les deux jeunes gens parvinrent au fond de la serre tropicale, près du bassin aux carpes koï. Levius repéra un banc libre et invita Abigail à s'y asseoir d'un signe de tête. Le spectacle de ces poissons avait quelque chose de fascinant : ils étaient comme des traits de couleur évoluant le long d'une toile changeante. C'était beaucoup trop beau pour que l'on passe à côté sans prendre le temps de les contempler.
Et en effet, le garçon divagua pendant quelques minutes sans même s'en rendre compte, le regard capté par les mouvements gracieux des poissons. Ils évoluaient en un banc éparse et portés par une incroyable lenteur. Le moindre battement de nageoire engageait une courbe élégante, quand la surprise ne les faisait pas virer aussi subitement qu'un éclair.
« Grand-père est mort.
Dit alors Levius doucement. Un peu plus et il oubliait le cheminement de pensée qui l'avait mené là. Retrouver Abigail, la séparation, la vie aux États-Unis, les études de psychomagie, le centre pour jeunes sorciers autistes, la nouvelle du décès, la décision de retourner dans les Highlands, retrouver Abigail : ce fut à l'issue de ce cercle qu'il s'enhardit à ouvrir la bouche, comme une évidence.
Son intonation ne témoignait d'aucune forme de tristesse, ni n'appelait à la compassion cependant. Il lui disait ça simplement, parce que c'était l'information la plus importante dont il disposait pour lui permettre de comprendre sa présence ici.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Mer 22 Aoû 2018 - 9:12
Tandis que nos pas faisaient grincer le gravier des allées, je m'osais de temps à autre à lui jeter des regards furtifs lorsque je savais qu'il ne regardait pas dans ma direction. Il avait changé. Ce qui était normal, mais j'en ressentais presque du regret. J'avais comme un petit sentiment de l'avoir perdu, que l'image qui avait été gravé dans ma mémoire était à présent erronée et tombée en désuétude. D'apparence, il avait mûrit, alors que j'étais restée figée à l'âge de mes seize ans. Pourtant c'était comme si celui qui avait le plus changé entre nous était moi. Et pour cause… j'avais pu me faire des amis ces derniers mois, et j'étais même en couple. Peut-être qu'il en était de même pour Levius, j'étais curieuse de le savoir, mais je savais que ça viendrait en temps et en heure. De manière générale, je ne forçais pas les gens à se confier à moi, la seule exception à la règle étant ma sœur, car j'étais dans le devoir de la protéger.
De temps à autre, je sentais ses yeux se poser sur moi, et peut-être m'observait-il discrètement comme je le faisais pour lui. Je restais toutefois de marbre, faisant mine de l'ignorer, gardant mes mains dans mes poches, un petit sourire aux lèvres, mes cheveux bruns mi-longs déposés sur mes épaules de temps à autre secoués par la brise matinale.
À bien avouer, je craignais finalement que tout ait changé entre nous. Non pas que l'absence y soit pour quelque chose, simplement que nos routes soient devenues trop différentes. Et même si l'envie était là, je n'arrivais pas à rompre le silence et à prendre la parole à cause de ça. C'était comme si je tenais la boite de Pandore entre mes mains et que j'avais l'irrésistible envie de l'ouvrir, mais qu'elle me terrifiait aussi.
Pourtant, j'étais rassurée par nos nombreux regards complices alors qu'ensemble, nous avions aperçu la même chose, le même détail. Au moins ça, ça n'avait pas changé. Ça me rassurait quelque peu jusqu'à ce qu'il m'invite à prendre place à ses côtés sur un banc. Mais c'est sans rechigner que je le rejoignais en m'installant sans bruit. Posant mon dos meurtri par le loup-garou contre le dossier du banc, je remuais très sensiblement pour me mettre à l'aise avant de croiser les jambes et poser calmement mes mains sur mes cuisses.
Et alors que je voyais mon ami se perdre dans la contemplation des carpes, je ne pouvais m'empêcher de me souvenir de ses fascinations de l'époque… puis des miennes. Lorsqu'il était émerveillé d'un spectacle apparemment aussi insignifiant qu'un banc de poissons évoluant dans l'eau, moi, je voyais des dragons dans les nuages, rêvant de pouvoir les frôler du bout des doigts. L'un était sur terre, l'autre en l'air, mais tous les deux, nous rêvions.
C'est lorsque mon attention se posait vraiment sur le plan d'eau que je m'amusais à mon tour à cette contemplation silencieuse, comme des danseurs nous offrant un spectacle que personne ne pouvait remarquer à part nous dans notre complicité. J'essayais même de deviner les trajectoires des petits animaux, sans grand succès, car le trop grand groupe était chaotique pour chacun des individus. Cette pensée fit fondre lentement mon sourire. Un trop grand groupe rendait chaotique chacun des individus qui le formait… C'était peut-être ce que ressentait les gens trop sociabilisés, ayant trop "d'amis" sur qui ils ne savaient plus compter. Ils se faisaient emporter par la foule et ne savait plus comment s'en sortir. Ils perdaient leurs repères, ne savaient plus où se situait le bas et le haut.
Levius et moi nous n'étions pas comme ça. Renfermés, réfugiés dans notre monde, nous étions comme à présent, à regarder ce banc de carpes qu'était l'humanité, sans pour autant qu'il parvienne à nous toucher. Moi, je savais qu'il m'effleurait dangereusement de temps en temps, surtout depuis le début de l'année. Par Merlin heureusement j'avais su me préserver. Je craignais simplement que ça ne puisse durer et que je termine par glisser et me faire emporter par le courant.
Pour faire taire ce torrent de pensées, je décidais de fermer les yeux et de me contenter de ce que je pouvais entendre. Déjà petite je le faisais. Je préférais de loin le calme que je pouvais entendre que toute l'agitation que mes yeux pouvaient observer, trop aiguisés à voir le moindre détail suspect. Je profitais donc du chant des oiseaux et des bruissements feuillus des arbres emportés par le vent matinal. Encore une fois, je m'envolais en laissant Levius sur terre.
Mais les paroles du jeune homme me forcèrent à redescendre et à rouvrir mes paupières pour le regarder. La nouvelle me touchait, évidemment. J'avais un peu connu son grand-père, et apprendre un décès m'atteignait toujours. J'aurai pu lui dire que j'étais désolée, que j'étais présente pour le soutenir s'il en avait besoin, je savais à quel point il était attaché à ses grands-parents. Pourtant, j'observais un silence religieux. Tout ça, il l'avait sans doute déjà acquis. Je comprenais également à cette information la raison de son retour en Ecosse et plus précisément à Inverness.
Laissant échapper un léger soupir, je prenais, enfin, à mon tour la parole. Ma voix, elle non plus, n'avait pas changé. Elle était toujours celle de notre adolescence. Les derniers temps que nous avions pu passer ensemble avant son départ.
- Mais toi. Comment tu vas, toi ?
Mes yeux foncés s'étant à nouveau posés sur les carpes lorsque je les avais rouverts, je venais les poser tranquillement sur lui en osant l'observer franchement à présent. Non pas que je souhaitais le mettre mal à l'aise, mais j'avais toujours été une personne franche et directe. Il le savait.
Ma question avait plusieurs sens et je me doutais qu'il l'avait compris. Comment il se sentait après le décès de son grand-père. Comment il se sentait maintenant qu'il était revenu. Comment il se sentait en général, après tout, j'ignorais quels événements il avait pu vivre jusqu'à aujourd'hui.
De temps à autre, je sentais ses yeux se poser sur moi, et peut-être m'observait-il discrètement comme je le faisais pour lui. Je restais toutefois de marbre, faisant mine de l'ignorer, gardant mes mains dans mes poches, un petit sourire aux lèvres, mes cheveux bruns mi-longs déposés sur mes épaules de temps à autre secoués par la brise matinale.
À bien avouer, je craignais finalement que tout ait changé entre nous. Non pas que l'absence y soit pour quelque chose, simplement que nos routes soient devenues trop différentes. Et même si l'envie était là, je n'arrivais pas à rompre le silence et à prendre la parole à cause de ça. C'était comme si je tenais la boite de Pandore entre mes mains et que j'avais l'irrésistible envie de l'ouvrir, mais qu'elle me terrifiait aussi.
Pourtant, j'étais rassurée par nos nombreux regards complices alors qu'ensemble, nous avions aperçu la même chose, le même détail. Au moins ça, ça n'avait pas changé. Ça me rassurait quelque peu jusqu'à ce qu'il m'invite à prendre place à ses côtés sur un banc. Mais c'est sans rechigner que je le rejoignais en m'installant sans bruit. Posant mon dos meurtri par le loup-garou contre le dossier du banc, je remuais très sensiblement pour me mettre à l'aise avant de croiser les jambes et poser calmement mes mains sur mes cuisses.
Et alors que je voyais mon ami se perdre dans la contemplation des carpes, je ne pouvais m'empêcher de me souvenir de ses fascinations de l'époque… puis des miennes. Lorsqu'il était émerveillé d'un spectacle apparemment aussi insignifiant qu'un banc de poissons évoluant dans l'eau, moi, je voyais des dragons dans les nuages, rêvant de pouvoir les frôler du bout des doigts. L'un était sur terre, l'autre en l'air, mais tous les deux, nous rêvions.
C'est lorsque mon attention se posait vraiment sur le plan d'eau que je m'amusais à mon tour à cette contemplation silencieuse, comme des danseurs nous offrant un spectacle que personne ne pouvait remarquer à part nous dans notre complicité. J'essayais même de deviner les trajectoires des petits animaux, sans grand succès, car le trop grand groupe était chaotique pour chacun des individus. Cette pensée fit fondre lentement mon sourire. Un trop grand groupe rendait chaotique chacun des individus qui le formait… C'était peut-être ce que ressentait les gens trop sociabilisés, ayant trop "d'amis" sur qui ils ne savaient plus compter. Ils se faisaient emporter par la foule et ne savait plus comment s'en sortir. Ils perdaient leurs repères, ne savaient plus où se situait le bas et le haut.
Levius et moi nous n'étions pas comme ça. Renfermés, réfugiés dans notre monde, nous étions comme à présent, à regarder ce banc de carpes qu'était l'humanité, sans pour autant qu'il parvienne à nous toucher. Moi, je savais qu'il m'effleurait dangereusement de temps en temps, surtout depuis le début de l'année. Par Merlin heureusement j'avais su me préserver. Je craignais simplement que ça ne puisse durer et que je termine par glisser et me faire emporter par le courant.
Pour faire taire ce torrent de pensées, je décidais de fermer les yeux et de me contenter de ce que je pouvais entendre. Déjà petite je le faisais. Je préférais de loin le calme que je pouvais entendre que toute l'agitation que mes yeux pouvaient observer, trop aiguisés à voir le moindre détail suspect. Je profitais donc du chant des oiseaux et des bruissements feuillus des arbres emportés par le vent matinal. Encore une fois, je m'envolais en laissant Levius sur terre.
Mais les paroles du jeune homme me forcèrent à redescendre et à rouvrir mes paupières pour le regarder. La nouvelle me touchait, évidemment. J'avais un peu connu son grand-père, et apprendre un décès m'atteignait toujours. J'aurai pu lui dire que j'étais désolée, que j'étais présente pour le soutenir s'il en avait besoin, je savais à quel point il était attaché à ses grands-parents. Pourtant, j'observais un silence religieux. Tout ça, il l'avait sans doute déjà acquis. Je comprenais également à cette information la raison de son retour en Ecosse et plus précisément à Inverness.
Laissant échapper un léger soupir, je prenais, enfin, à mon tour la parole. Ma voix, elle non plus, n'avait pas changé. Elle était toujours celle de notre adolescence. Les derniers temps que nous avions pu passer ensemble avant son départ.
- Mais toi. Comment tu vas, toi ?
Mes yeux foncés s'étant à nouveau posés sur les carpes lorsque je les avais rouverts, je venais les poser tranquillement sur lui en osant l'observer franchement à présent. Non pas que je souhaitais le mettre mal à l'aise, mais j'avais toujours été une personne franche et directe. Il le savait.
Ma question avait plusieurs sens et je me doutais qu'il l'avait compris. Comment il se sentait après le décès de son grand-père. Comment il se sentait maintenant qu'il était revenu. Comment il se sentait en général, après tout, j'ignorais quels événements il avait pu vivre jusqu'à aujourd'hui.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Mer 22 Aoû 2018 - 13:18
Le paradoxe de Levius Bird c'était d'être tout à la fois introverti et d'une incroyable sincérité dès qu'il s'agissait de faire des aveux. Il n'avait pipé mot pendant la première demi heure de leurs retrouvailles, mais dès qu'il s'était autorisé à ouvrir la bouche, ce fut pour dévoiler un élément essentiel de son actualité personnelle. Comme une évidence : l'avare de parole se réserve pour les sujets qui en valent la peine.
A présent, le garçon observait Abigail dans sa vision périphérique. Il voyait les réflexions imprégner l'expression la plus subtile de son visage, tandis qu'elle songeait tout aussi bien à ce qu'elle allait lui dire qu'au contenu de son aveux. Il attendit patiemment, l'attention toujours partiellement captée par le ballet gracieux des poissons du bassin.
Finalement, Abigail décida de l'interroger directement sur son moral. Il tressaillit presque imperceptiblement, surprit de redécouvrir une voix de son adolescence. Pourtant, la question en elle-même ne l'étonna pas. Elle ouvrait à une multitude de réponse : un véritable cadeau pour celui dont l'esprit s'éparpille avec délice. Levius esquissa l'ombre d'un sourire, sentant qu'elle le fixait directement maintenant. Alors, il tourna la tête à son tour et plongea dans les prunelles sombres de la jeune femme ses yeux azurs.
C'était la première fois qu'ils se regardaient droit dans les yeux en sept ans.
« Je ne sais pas. Murmura-t-il, avant de s'enhardir à poursuivre d'un ton plus clair. La mort c'est... difficile à comprendre.
Il détourna à nouveau la tête pour river les poissons. Rassurantes créatures... Son expression était légèrement crispée, comme s'il tremblait tout au fond de son âme mais que ça ne se voyait pas plus que cela à l'extérieur.
« Il a été question de vendre, tu sais ? Ajouta-t-il après un moment. J'ai eu tellement peur en apprenant ça, de... Perdre mes repères. Je crois que je me sens un peu comme un navire à la dérive. J'ai eu le sentiment que je risquais de ne plus jamais apercevoir la terre... Alors, je suis rentré.
Ce fut sans doute à ce moment précis que Levius donna à Abigail de quoi mesurer l'ampleur de son changement. Il n'était plus tout à fait le petit garçon renfermé sur lui-même et incapable d'affirmer quoi que ce soit. C'était un psychomage : un homme à même de formuler ses plus intimes pensées sans drame ni tumulte. Il parlait simplement et ouvertement de ce qu'il ressentait, car il savait que son amie était à même de comprendre. Comprendre, verbaliser pour se libérer du poids des choses qui vivent au fond de l'inconscient.
« Mais je vais bien. Je veux dire... Même si ce n'est pas toujours simple, je sais ce que j'ai à faire. Ma grand-mère est contente de savoir que je suis là pour l'aider. Il réalisa qu'il ne lui avait pas parlé du déménagement et s'empressa de rectifier. J'habite chez elle maintenant. Je l'aide avec la ferme... C'est trop à son âge, toute seule.
Le garçon laissa échapper un petit souffle du nez et attendit quelques secondes, le temps pour Abigail d'assimiler ce qu'il venait de dire et lui, de reprendre son souffle avant d'amorcer un nouveau contact.
« Et toi Abi, comment tu vas ?
A présent, le garçon observait Abigail dans sa vision périphérique. Il voyait les réflexions imprégner l'expression la plus subtile de son visage, tandis qu'elle songeait tout aussi bien à ce qu'elle allait lui dire qu'au contenu de son aveux. Il attendit patiemment, l'attention toujours partiellement captée par le ballet gracieux des poissons du bassin.
Finalement, Abigail décida de l'interroger directement sur son moral. Il tressaillit presque imperceptiblement, surprit de redécouvrir une voix de son adolescence. Pourtant, la question en elle-même ne l'étonna pas. Elle ouvrait à une multitude de réponse : un véritable cadeau pour celui dont l'esprit s'éparpille avec délice. Levius esquissa l'ombre d'un sourire, sentant qu'elle le fixait directement maintenant. Alors, il tourna la tête à son tour et plongea dans les prunelles sombres de la jeune femme ses yeux azurs.
C'était la première fois qu'ils se regardaient droit dans les yeux en sept ans.
« Je ne sais pas. Murmura-t-il, avant de s'enhardir à poursuivre d'un ton plus clair. La mort c'est... difficile à comprendre.
Il détourna à nouveau la tête pour river les poissons. Rassurantes créatures... Son expression était légèrement crispée, comme s'il tremblait tout au fond de son âme mais que ça ne se voyait pas plus que cela à l'extérieur.
« Il a été question de vendre, tu sais ? Ajouta-t-il après un moment. J'ai eu tellement peur en apprenant ça, de... Perdre mes repères. Je crois que je me sens un peu comme un navire à la dérive. J'ai eu le sentiment que je risquais de ne plus jamais apercevoir la terre... Alors, je suis rentré.
Ce fut sans doute à ce moment précis que Levius donna à Abigail de quoi mesurer l'ampleur de son changement. Il n'était plus tout à fait le petit garçon renfermé sur lui-même et incapable d'affirmer quoi que ce soit. C'était un psychomage : un homme à même de formuler ses plus intimes pensées sans drame ni tumulte. Il parlait simplement et ouvertement de ce qu'il ressentait, car il savait que son amie était à même de comprendre. Comprendre, verbaliser pour se libérer du poids des choses qui vivent au fond de l'inconscient.
« Mais je vais bien. Je veux dire... Même si ce n'est pas toujours simple, je sais ce que j'ai à faire. Ma grand-mère est contente de savoir que je suis là pour l'aider. Il réalisa qu'il ne lui avait pas parlé du déménagement et s'empressa de rectifier. J'habite chez elle maintenant. Je l'aide avec la ferme... C'est trop à son âge, toute seule.
Le garçon laissa échapper un petit souffle du nez et attendit quelques secondes, le temps pour Abigail d'assimiler ce qu'il venait de dire et lui, de reprendre son souffle avant d'amorcer un nouveau contact.
« Et toi Abi, comment tu vas ?
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Mer 22 Aoû 2018 - 19:08
Ce contact visuel dont j'avais à nouveau droit sept ans plus tard me fit légèrement frissonner. C'était un véritable plaisir de retrouver quelque chose qu'on avait perdu, sans penser toutefois ne plus jamais pouvoir le voir. C'était comme une promesse silencieuse qu'on attend durant des années, qui ne vient pas, et c'est au final lorsqu'on ne l'attend plus que ça nous tombe dessus. Et même si je voyais que le jeune homme avait changé, qu'il n'était plus ce petit garçon, je pouvais toujours deviner dans ses prunelles azures qu'une partie de cette innocence était toujours belle et bien présente. Qu'au fond, il avait mûri, mais qu'il était toujours le Levius de mon enfance. En moi en revanche, j'ignorais ce qu'il pouvait y voir. Une lueur sans doute bien différente, ma fragilité s'étant d'autant plus aggravée depuis mon accident.
La mort… Je ne trouvais pas exagéré de prétendre que je lui avais dit bonjour d'un signe de la main il y avait bientôt deux mois déjà… Je n'aurai pas laissé grand-chose derrière moi, ma famille surtout. Mais mes amis, comme Levius, auraient sans doute finit par s'en remettre. Je n'étais pas une personne qui marquait les esprits puisque je m'appliquais à être discrète avec tout le monde. Mais peut-être que je me sous-estimais.
Lorsqu'il s'en retourna vers le banc de poisson, je m'autorisais à remuer nerveusement les épaules tandis que je croyais deviner en lui sa propre crispation. Je l'écoutais avec calme et attention, finissant moi aussi par retourner sur le ballet silencieux des animaux aquatiques devant nous. Je prenais bien soin de rester adossée, car il n'y avait que dans cette position que je ne sentais presque pas les cicatrices dans mon dos qui s'amusaient encore aujourd'hui à me tirer la peau régulièrement.
J'opinais du chef aux informations que je devais assimiler. Je comprenais bien cette sensation de chavirer. C'est ce qui m'était arrivée en réalisant que j'étais tombée amoureuse. J'avais perdu tous mes repères, d'autant plus que je n'avais pu me confier à personne. J'avais demandé conseil, à droite et à gauche, sans pour autant révéler quoique ce soit de la nature de mes sentiments, ni pour qui je nourrissais tout cela. Je ne pouvais donc que soupirer avant de répondre quelque peu pensive.
- Je te comprends… Voir d'autres horizons, le goût de l'aventure, c'est toujours appétissant… mais c'est lorsque nous perdons quelque chose que nous réalisons à quel point nous y tenions.
J'accordais un léger regard en biais à mon ami avec un léger rictus amusé. Oui, je sous-entendais bien son départ dans mes paroles. Sans rancune cela dit, je ne faisais que le taquiner gentiment. Pourtant, ces mots à mes yeux, ce n'était que la stricte vérité. Lorsque j'avais cru perdre Adoración et mes chances de ne pas pouvoir lui partager mon amour, je m'étais perdue dans un gouffre sombre.
- Il faut savoir garder un phare, un guide dans la nuit.
Pour le coup, je m'en étais sortie seule, ou plutôt, c'était le loup-garou qui m'avait rendu service et m'avait rendu ma lumière, ma précieuse Adora.
À l'annonce de son déménagement, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une joie que je tentais de dissimuler tant bien que mal. J'adorais cette ferme, et savoir qu'elle était vendue m'aurait beaucoup attristée. J'étais donc heureuse qu'il ait pu reprendre l'exploitation et aider sa grand-mère. J'élargissais mon sourire, toujours en le regardant.
- Si tu veux, je pourrai venir vous aider. Cet endroit me manque, et les animaux sont devenus ma spécialité.
J'étais déjà douée petite, maintenant j'avais le savoir-faire, que ce soit pour les animaux magiques ou non. J'avais un don, la sensibilité que la plupart des êtres humains n'avaient pas. Celui de ne pas avoir le désir de forcer l'animal, de le respecter, de le traiter comme son égal. Peu étaient capables d'une telle vision d'ensemble. De plus, l'aider à la ferme pourrait l'aider lui. Je remarquais bien qu'il avait changé, qu'il s'exprimait plus facilement et qu'il avait toujours confiance en moi, ce qui me flattait. Mais si je pouvais être une raison de plus pour lui donner du courage, pour simplifier son quotidien, alors j'en serai. Quel genre d'amie serai-je sinon ?
Mais à sa question, je perdais mon sourire et ce petit enjouement qui m'habitait depuis le début de notre rencontre. Bien sûr, j'aurai dû me douter que ça viendrait, qu'il me demanderait des nouvelles. Mais par où commencer ? Tout avait changé dès le début de cette année, et même moi j'étais perdue dans un labyrinthe de confusion. Je le vivais bien la plupart du temps… le plus difficile était depuis la pleine lune du mois de juin. Là où beaucoup d'éléments avaient été bousculés.
Soupirant à mon tour, je décidais de ne pas lui cacher la vérité. Pas à lui. Et, une connaissance que j'appréciais particulièrement m'avait fait remarquer qu'en parler aux personnes qui comptaient pour moi, était un moyen de combattre mon traumatisme. C'est donc nerveuse que je venais joindre mes mains sur mes cuisses tandis que je me ramassais un peu, en un réflexe de timidité.
- Et bien… J'ai failli mourir à la fin du mois de juin…
Lui jetant un regard rapide et furtif, je souriais fébrilement, comme si j'essayais de dédramatiser la situation.
- Un loup-garou m'a attaqué. Si je n'avais pas été accompagnée…
Inutile de terminer ma phrase. Et j'étais vivante. C'était ce qui comptait au fond. Nous étions vivantes toutes les deux, Aislin et moi. Nous avions pu y réchapper, ensemble, ou presque. Elle était bien moins marquée que moi, aussi physiquement que mentalement, et j'étais heureuse d'avoir pu prendre les coups à sa place. Mais maintenant, je devais apprendre à vivre avec mon nouveau corps, et avec toutes les séquelles que l'événement engendrait, aussi bien à mon apparence, qu'à mon esprit. Cette nuit-là, le lycan n'avait pas mordu et griffé uniquement ma peau… mais aussi mon âme.
La mort… Je ne trouvais pas exagéré de prétendre que je lui avais dit bonjour d'un signe de la main il y avait bientôt deux mois déjà… Je n'aurai pas laissé grand-chose derrière moi, ma famille surtout. Mais mes amis, comme Levius, auraient sans doute finit par s'en remettre. Je n'étais pas une personne qui marquait les esprits puisque je m'appliquais à être discrète avec tout le monde. Mais peut-être que je me sous-estimais.
Lorsqu'il s'en retourna vers le banc de poisson, je m'autorisais à remuer nerveusement les épaules tandis que je croyais deviner en lui sa propre crispation. Je l'écoutais avec calme et attention, finissant moi aussi par retourner sur le ballet silencieux des animaux aquatiques devant nous. Je prenais bien soin de rester adossée, car il n'y avait que dans cette position que je ne sentais presque pas les cicatrices dans mon dos qui s'amusaient encore aujourd'hui à me tirer la peau régulièrement.
J'opinais du chef aux informations que je devais assimiler. Je comprenais bien cette sensation de chavirer. C'est ce qui m'était arrivée en réalisant que j'étais tombée amoureuse. J'avais perdu tous mes repères, d'autant plus que je n'avais pu me confier à personne. J'avais demandé conseil, à droite et à gauche, sans pour autant révéler quoique ce soit de la nature de mes sentiments, ni pour qui je nourrissais tout cela. Je ne pouvais donc que soupirer avant de répondre quelque peu pensive.
- Je te comprends… Voir d'autres horizons, le goût de l'aventure, c'est toujours appétissant… mais c'est lorsque nous perdons quelque chose que nous réalisons à quel point nous y tenions.
J'accordais un léger regard en biais à mon ami avec un léger rictus amusé. Oui, je sous-entendais bien son départ dans mes paroles. Sans rancune cela dit, je ne faisais que le taquiner gentiment. Pourtant, ces mots à mes yeux, ce n'était que la stricte vérité. Lorsque j'avais cru perdre Adoración et mes chances de ne pas pouvoir lui partager mon amour, je m'étais perdue dans un gouffre sombre.
- Il faut savoir garder un phare, un guide dans la nuit.
Pour le coup, je m'en étais sortie seule, ou plutôt, c'était le loup-garou qui m'avait rendu service et m'avait rendu ma lumière, ma précieuse Adora.
À l'annonce de son déménagement, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une joie que je tentais de dissimuler tant bien que mal. J'adorais cette ferme, et savoir qu'elle était vendue m'aurait beaucoup attristée. J'étais donc heureuse qu'il ait pu reprendre l'exploitation et aider sa grand-mère. J'élargissais mon sourire, toujours en le regardant.
- Si tu veux, je pourrai venir vous aider. Cet endroit me manque, et les animaux sont devenus ma spécialité.
J'étais déjà douée petite, maintenant j'avais le savoir-faire, que ce soit pour les animaux magiques ou non. J'avais un don, la sensibilité que la plupart des êtres humains n'avaient pas. Celui de ne pas avoir le désir de forcer l'animal, de le respecter, de le traiter comme son égal. Peu étaient capables d'une telle vision d'ensemble. De plus, l'aider à la ferme pourrait l'aider lui. Je remarquais bien qu'il avait changé, qu'il s'exprimait plus facilement et qu'il avait toujours confiance en moi, ce qui me flattait. Mais si je pouvais être une raison de plus pour lui donner du courage, pour simplifier son quotidien, alors j'en serai. Quel genre d'amie serai-je sinon ?
Mais à sa question, je perdais mon sourire et ce petit enjouement qui m'habitait depuis le début de notre rencontre. Bien sûr, j'aurai dû me douter que ça viendrait, qu'il me demanderait des nouvelles. Mais par où commencer ? Tout avait changé dès le début de cette année, et même moi j'étais perdue dans un labyrinthe de confusion. Je le vivais bien la plupart du temps… le plus difficile était depuis la pleine lune du mois de juin. Là où beaucoup d'éléments avaient été bousculés.
Soupirant à mon tour, je décidais de ne pas lui cacher la vérité. Pas à lui. Et, une connaissance que j'appréciais particulièrement m'avait fait remarquer qu'en parler aux personnes qui comptaient pour moi, était un moyen de combattre mon traumatisme. C'est donc nerveuse que je venais joindre mes mains sur mes cuisses tandis que je me ramassais un peu, en un réflexe de timidité.
- Et bien… J'ai failli mourir à la fin du mois de juin…
Lui jetant un regard rapide et furtif, je souriais fébrilement, comme si j'essayais de dédramatiser la situation.
- Un loup-garou m'a attaqué. Si je n'avais pas été accompagnée…
Inutile de terminer ma phrase. Et j'étais vivante. C'était ce qui comptait au fond. Nous étions vivantes toutes les deux, Aislin et moi. Nous avions pu y réchapper, ensemble, ou presque. Elle était bien moins marquée que moi, aussi physiquement que mentalement, et j'étais heureuse d'avoir pu prendre les coups à sa place. Mais maintenant, je devais apprendre à vivre avec mon nouveau corps, et avec toutes les séquelles que l'événement engendrait, aussi bien à mon apparence, qu'à mon esprit. Cette nuit-là, le lycan n'avait pas mordu et griffé uniquement ma peau… mais aussi mon âme.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Mer 22 Aoû 2018 - 22:03
Levius écouta religieusement Abigail quand celle-ci exprima son sentiment au sujet des confidences qu'il venait de livrer. L'ivresse de l'aventure... Cette force qui s'imposerait aux individus pour leur intimer de s'en aller voir au delà de ce qui est connu : le garçon n'avait jamais eu le sentiment de l'éprouver véritablement.
Quand il s'en alla étudier aux États-Unis, sept ans plus tôt, ce fut d'abord et avant tout parce que l'Université d'Hungcalf ne proposait pas de filière spécialisée en psychomagie. Avant de souhaiter découvrir le monde, Levius voulait d'abord comprendre l'âme humaine. Il s'était arraché à sa terre natale comme un pan de roche lors d'une grande marée, sans vraiment comprendre ce qui lui arrivait. Il n'aimait pas le changement, ce garçon et il va sans dire qu'un tel déménagement ne s'était pas fait sans douleur.
La mort de son grand-père matérialisa ses craintes les plus profondes : il n'avait pas été là. Le monde avait continué d'orbiter sans lui et de le constater lui faisait l'effet d'un coup de poignard en plein ventre. Il saignait, Levius. C'était encore douloureux, de se dire qu'il ne se rappelait plus de la dernière fois qu'il avait parlé à son grand-père. Sans doute avait-ce été dans un moment ordinaire ? Un moment que l'on ne retient pas vraiment, parce qu'on en a vécu des centaines tout à fait semblables. Si la fortune avait pu leur donner une occasion rien qu'à eux, pour qu'il s'en souvienne à tout jamais... Si seulement. Mais l'on ne revient pas sur ce genre de choses.
Comme il le souhaitait, Levius, comme il le souhaitait pourtant.
Absorbé par ces quelques considérations, le jeune homme se reprit avant de manquer un morceau de la phrase de son amie. Il esquissa un sourire, effleuré par l'idée qu'elle parlait peut-être autant pour elle que lui.
« Quel genre de guide ?
S'enquit-il dans un murmure, d'une intonation curieuse. Levius avait bien comprit ce qu'elle voulait dire, mais une part de lui souhaitait l'entendre parler encore de phare et de lumière. Il en avait besoin.
Et au delà du besoin, il voulait encore entrevoir ce morceau d'elle-même qu'elle laissait glisser sans le savoir dans la conversation, pour le mieux comprendre. Il la connaissait bien, Abigail. Il sentait quand son caractère où ses état-d'âmes affleuraient dans le discours. Après tout, n'avait-elle pas parlé d'aventure un peu plus tôt ? Ce terme lui seyait plus qu'à lui. Amoureuse des dragons, force vive dans son noyau de douceur. Que voulait-elle lui dire d'elle, à travers ce conseil ?
Le jeune homme posa doucement ses mains contre ses cuisses puis, il se mit à jouer mécaniquement avec ses doigts. Il était heureux de savoir que d'autres que lui gardaient un profond attachement à la ferme des Oiseaux. La proposition de la jeune femme, de venir l'aider de temps à autre, lui fit très plaisir, cela va sans dire.
« Viens alors. Lui dit-il sans tergiverser. Grand-mère sera très contente de t'avoir à la maison. Elle me répète sans arrêt que je devrais voir plus de monde... Et puis, on ne manque pas de travail, tu sais.
Levius n'était pas un fermier, ni un grand sportif de nature. Ces deux derniers mois avaient été rudes pour sa frêle constitution. Il travaillait beaucoup, car à côté des corvées d'entretien s'additionnaient l'emploi aux Trois Corneilles (des heures moins physique mais tout aussi prenantes). Néanmoins, il commençait à prendre le pli et constatait même des changements au niveau de sa carrure, désormais plus masculine et dessinée. Une petite révolution pour cet éternel rêveur, bien forcé de renouer avec un corps longtemps négligé au profit de l'esprit.
Le jeune homme sourit pour lui même à l'idée d'avoir Abigail à la maison. Il avait envie de lui montrer beaucoup de choses : des souvenirs rapportés des États-Unis, ses créations... Ce serait comme avant. Comme avant la mort ?
Les dernières paroles de la jeune femme figèrent momentanément les réactions de Levius. Il entrouvrit la bouche, comme pour parler, mais ne dit rien. Le garçon se contenta de river ses poings, désormais fermés sur ses jambes et assimiler ce qu'elle venait de lui dire. Une seconde ou deux à peine s'écoulèrent avant qu'il ne retrouve ses moyens : un fragment d'éternité.
« Tu me raconterais ? Lui demanda-t-il doucement. Pas forcément tout de suite... Mais un jour.
Il avait vu son sourire forcé et il avait compris.
Quelques secondes passèrent dans le silence. Seconde au cours desquelles Levius la regarda par dessus ses lunettes rondes. Son esprit s'agitait de mille et une pensées, comme une envolée folle d'hirondelles. Après un instant, il s'enhardit à lever la main et, chose incroyable pour qui le connaissait, s'en vint la poser sur celle d'Abigail. Elle était tiède : il la serra doucement.
Quand il s'en alla étudier aux États-Unis, sept ans plus tôt, ce fut d'abord et avant tout parce que l'Université d'Hungcalf ne proposait pas de filière spécialisée en psychomagie. Avant de souhaiter découvrir le monde, Levius voulait d'abord comprendre l'âme humaine. Il s'était arraché à sa terre natale comme un pan de roche lors d'une grande marée, sans vraiment comprendre ce qui lui arrivait. Il n'aimait pas le changement, ce garçon et il va sans dire qu'un tel déménagement ne s'était pas fait sans douleur.
La mort de son grand-père matérialisa ses craintes les plus profondes : il n'avait pas été là. Le monde avait continué d'orbiter sans lui et de le constater lui faisait l'effet d'un coup de poignard en plein ventre. Il saignait, Levius. C'était encore douloureux, de se dire qu'il ne se rappelait plus de la dernière fois qu'il avait parlé à son grand-père. Sans doute avait-ce été dans un moment ordinaire ? Un moment que l'on ne retient pas vraiment, parce qu'on en a vécu des centaines tout à fait semblables. Si la fortune avait pu leur donner une occasion rien qu'à eux, pour qu'il s'en souvienne à tout jamais... Si seulement. Mais l'on ne revient pas sur ce genre de choses.
Comme il le souhaitait, Levius, comme il le souhaitait pourtant.
Absorbé par ces quelques considérations, le jeune homme se reprit avant de manquer un morceau de la phrase de son amie. Il esquissa un sourire, effleuré par l'idée qu'elle parlait peut-être autant pour elle que lui.
« Quel genre de guide ?
S'enquit-il dans un murmure, d'une intonation curieuse. Levius avait bien comprit ce qu'elle voulait dire, mais une part de lui souhaitait l'entendre parler encore de phare et de lumière. Il en avait besoin.
Et au delà du besoin, il voulait encore entrevoir ce morceau d'elle-même qu'elle laissait glisser sans le savoir dans la conversation, pour le mieux comprendre. Il la connaissait bien, Abigail. Il sentait quand son caractère où ses état-d'âmes affleuraient dans le discours. Après tout, n'avait-elle pas parlé d'aventure un peu plus tôt ? Ce terme lui seyait plus qu'à lui. Amoureuse des dragons, force vive dans son noyau de douceur. Que voulait-elle lui dire d'elle, à travers ce conseil ?
Le jeune homme posa doucement ses mains contre ses cuisses puis, il se mit à jouer mécaniquement avec ses doigts. Il était heureux de savoir que d'autres que lui gardaient un profond attachement à la ferme des Oiseaux. La proposition de la jeune femme, de venir l'aider de temps à autre, lui fit très plaisir, cela va sans dire.
« Viens alors. Lui dit-il sans tergiverser. Grand-mère sera très contente de t'avoir à la maison. Elle me répète sans arrêt que je devrais voir plus de monde... Et puis, on ne manque pas de travail, tu sais.
Levius n'était pas un fermier, ni un grand sportif de nature. Ces deux derniers mois avaient été rudes pour sa frêle constitution. Il travaillait beaucoup, car à côté des corvées d'entretien s'additionnaient l'emploi aux Trois Corneilles (des heures moins physique mais tout aussi prenantes). Néanmoins, il commençait à prendre le pli et constatait même des changements au niveau de sa carrure, désormais plus masculine et dessinée. Une petite révolution pour cet éternel rêveur, bien forcé de renouer avec un corps longtemps négligé au profit de l'esprit.
Le jeune homme sourit pour lui même à l'idée d'avoir Abigail à la maison. Il avait envie de lui montrer beaucoup de choses : des souvenirs rapportés des États-Unis, ses créations... Ce serait comme avant. Comme avant la mort ?
Les dernières paroles de la jeune femme figèrent momentanément les réactions de Levius. Il entrouvrit la bouche, comme pour parler, mais ne dit rien. Le garçon se contenta de river ses poings, désormais fermés sur ses jambes et assimiler ce qu'elle venait de lui dire. Une seconde ou deux à peine s'écoulèrent avant qu'il ne retrouve ses moyens : un fragment d'éternité.
« Tu me raconterais ? Lui demanda-t-il doucement. Pas forcément tout de suite... Mais un jour.
Il avait vu son sourire forcé et il avait compris.
Quelques secondes passèrent dans le silence. Seconde au cours desquelles Levius la regarda par dessus ses lunettes rondes. Son esprit s'agitait de mille et une pensées, comme une envolée folle d'hirondelles. Après un instant, il s'enhardit à lever la main et, chose incroyable pour qui le connaissait, s'en vint la poser sur celle d'Abigail. Elle était tiède : il la serra doucement.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Mer 22 Aoû 2018 - 23:47
Ressentant une pointe d'amusement à sa question, j'y réfléchissais sincèrement. C'est là que je réalisais à quel point mes mots qui me paraissaient de primes abords simples, ne l'étaient pas du tout. Quel genre de guide ?
J'imaginais qu'il pouvait y en avoir autant que de personnes sur terre. Sans repère, nous partions à la dérive et en sortir, c'était comme entendre le chant des sirènes. C'était toujours difficile de savoir si c'était une chimère ou non, de savoir si c'était une véritable porte de sortie, un vrai miracle, ou simplement quelque chose qui allait nous enfoncer encore plus. Pouvoir s'appuyer sur quelqu'un, ou quelque chose, c'était avoir l'assurance de ne jamais se perdre totalement. Car être à ce point proche d'une personne, s'était lui donner un peu de soi. Ces individus seraient présents pour aider à rassembler les morceaux égarés. Tout du moins, c'était la vision que j'avais de mon entourage depuis mon attaque, et pour cause… Aislin m'avait ramassée au sens propre du terme.
- Ça peut être beaucoup de chose… une personne, un animal, un objet… quelque chose qui te montres le haut du bas, qui est capable de t'accepter comme tu es, qui peut… te rassembler. J'imagine… que c'est assez personnel au fond.
Pour mes excursions avec la dragonologie, ce phare, c'était ma famille, ma sœur. Cette année, le destin avait décidé de changer un peu mes habitudes, j'avais des amis à présent, sur qui j'avais la prétention de pouvoir croire. Et j'avais mon aimée bien sûr, mais il était hors de question que je ne la mentionne… et même si je le faisais, le sortilège Fidelitas empêcherait Levius de comprendre le véritable sens de mes mots. Je n'avais pas envie de lui faire vivre ça même s'il n'allait pas s'en rendre compte, tout comme j'évitais le sujet avec Aileas. Le poids du secret était véritablement lourd lorsque j'étais en compagnie de mes proches.
Je ne savais pas trop comment m'étendre davantage sur le sujet puisque c'était de tout à chacun. Mais lorsque le thème de la ferme arriva, je ne pouvais m'empêcher de pouffer à la mention de sa grand-mère. Cette femme avait été si douce durant mon enfance, avec cette force de caractère qui faisait tout de même que je la respectais et que je pouvais la craindre, qu'il ne fallait pas faire de fausse note au risque de remontrance digne de ce nom. Comme un orage qui gronde et qui menace à l'horizon, sans jamais vraiment s'approcher.
- Promis, je viendrai, et ça me fera plaisir de revoir ta grand-mère. Et tu sais bien que le travail ne me fait pas peur. D'ailleurs, tu as bien une serre là-bas n'est-ce pas ?
Autant joindre l'utile à l'agréable. Ayden m'avait parlé d'un projet que je n'avais pu qu'alimenter lors de ses confidences. Il nous manquait simplement d'autres mains, et surtout un lieu. Je savais que le jeune homme à côté de moi pouvait nous apporter une grande partie de ce dont nous avions besoin. De plus, j'avais confiance en lui, je n'allais donc pas me risquer à un pari perdu.
Ainsi, je serai d'autant plus ravie d'apporter mon aide à la ferme si notre projet aboutissait. Après tout, il fallait bien rendre la monnaie de sa pièce. Qui plus est, ça m'aidera sans doute à penser à autre chose, à occuper mon esprit trop troublé en ce moment. Mon nouvel emploi au Rainbow le faisait déjà, mais durant la journée pendant mes vacances je n'avais rien. Je devais faire attention sinon mes journées étaient bien trop longues. Je voulais faire des efforts et prendre sur moi, surtout pour rendre mon couple plus léger à vivre.
Je n'avais donc pas peur de mettre la main à la pâte et de chahuter quelques bottes de foin. Après tout, avec les dragons j'en faisais presque tout autant, à une toute autre mesure, certes, mais dès qu'il s'agissait de travailler avec les animaux, il fallait s'investir. Levius savait à quel point je pouvais être studieuse et appliquée lorsque je le souhaitais.
Mais mon annonce figea tout autour de nous. Les carpes cessèrent de danser dans l'eau. Le vent ne soufflait plus. Les oiseaux ne chantaient plus. Il n'y avait plus que le vide, le néant… la mort ? Je voyais à sa réaction qu'il avait été secoué par la nouvelle, pourtant, je ne m'en voulais pas de le lui avoir dit, ni de comment je le lui avais dit. J'étais directe, je savais que ça pouvait être un défaut, mais j'étais comme ça. Au moins je ne passais pas mon temps à tourner autour du pot. Pas avec lui tout du moins. Je lui laissais le temps d'assimiler la nouvelle, d'entrevoir ce fragment de miroir qui aurait pu raconter son histoire avec moi en moins dans sa vie. Et à sa proposition, j'étais bien obligée de réfléchir. Il me fallait faire face, je le savais… et je n'avais jamais vraiment raconté encore à qui que ce soit ce qui était arrivé vraiment. Même mon aimée ne connaissait pas l'entièreté des détails.
En pleine hésitation, je sentais alors le contact chaud de sa main venir saisir la mienne avec douceur. J'aurai pu sursauter de surprise, mais j'étais bien trop calme et sereine en sa présence pour avoir un mouvement de recul. Bien au contraire, je ne pouvais m'empêcher de sourire légèrement, même s'il y avait un air triste qui se peignait avec. C'était comme s'il me transmettait le courage dont j'avais besoin. C'était maintenant ou jamais.
- Et bien… ce soir-là, je n'étais pas dans mon état normal. Tu sais comment je suis à l'approche d'une fin d'année scolaire, je ne fais qu'étudier au prix de mon sommeil. J'avais eu un gros bouleversement sentimental également. J'étais anesthésiée et j'avais besoin de parler. J'ai rejoint une amie aux abords de la forêt, que je connais bien, tu t'en doutes, pour pouvoir parler. Mais c'est une amie particulière, qui préfère ne pas faire face à ses problèmes. J'avais besoin de parler et elle m'a ignoré. Alors, lorsque j'ai entendu ce bruissement dans les bois, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller voir… pour oublier tout le reste, puisque je ne pouvais pas me confier.
Je nous revoyais assises toutes les deux à jouer à action ou vérité… enfin, Aislin jouait, moi je ne pouvais pas en placer une. La Pokeby ne cessait de parler pour essayer de me changer les idées, mais je n'avais pas besoin de ça…. J'avais besoin d'être écoutée, qu'importe qu'on puisse me comprendre. M'écouter, comme Levius le faisait à présent. Je sentais un vent glacial me parcourir l'échine, comme si je revivais cette nuit. Je me recroquevillais un peu, comme si j'avais froid, alors que je serrais à mon tour doucement la main de mon ami.
- Nous nous sommes enfoncées dans les bois et nous sommes tombées sur une biche à moitié dévorée. Mon instinct aurait dû me dicter de fuir, de partir avec prudence, car je savais ce que nous risquions. Pourtant, trop anéantie, j'étais restée, j'analysais le cadavre pour deviner l'auteur de sa mort, mais il s'est présenté à nous avant.
Je revoyais ses yeux jaunes apparaître dans la nuit profonde, deux billes maléfiques qui vinrent me congeler le cœur alors qu'en racontant ce récit, je revivais chaque scène, chaque instant, comme si j'y étais. Mon regard perdu dans le vide démontrait à quel point j'étais retournée dans le passé.
- Nous avons couru pour fuir, mais mon amie est tombée. Lorsqu'elle a crié au secours, je me suis rendue compte que je m'étais transformée sous ma forme animagus. Tu vois le courage dont j'ai fait preuve ?
Pouffant un instant, exaspérée par ma propre bêtise et ma propre médiocrité, je reprenais mon récit. C'est pourtant ce qui m'avait sauvée de la malédiction.
- En voyant le loup-garou penché au-dessus d'elle, mon sang n'a fait qu'un tour… Je lui ai sauté dessus. On s'est battus, comme des canidés… mais tu te doutes que je ne faisais pas le poids face à lui. Il m'a lacérée, mutilée, griffée et mordue de nombreuses fois… J'ai réussi, par miracle, à le faire reculer avant de m'évanouir. Mon amie a réussi à nous faire transplaner à Sainte-Mangouste pour lui échapper… elle a été blessée aussi…
Je tremblais. La dureté du combat, la douleur de chaque lambeau de peau qu'il m'avait arraché me revint instantanément en mémoire. Je me tordais de douleur, même si ce n'était que fantôme, à mon esprit, c'était bien réel. Je m'accrochais à la main que je tenais avec fermeté, comme si Levius était devenu, à cet instant précis, mon guide, mon phare dans la nuit. Je revoyais la blessure d'Aislin, le fait qu'elle ne me tenait pas rancune, que la vie continuait pour elle, qu'elle n'avait pas été touchée par la lycanthropie. Je la revoyais avec ses grands yeux terrifiés face à la bête.
Sans que je ne m'en rende compte, une larme d'effroi vint perler le long de ma joue alors que je revenais à moi petit à petit, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. J'essayais de regarder le jeune homme à côté de moi, sans grand succès, mes yeux se faisant fuyant. Je portais le poids de la culpabilité des événements. Si je n'avais pas autant manqué de sommeil… si je n'avais pas autant étudié… si je n'avais pas insisté pour suivre ce bruit… si je n'avais pas choisi une nuit de pleine lune… si je ne m'étais pas intéressée à cette biche, si j'avais simplement écouté Aislin faire son monologue plutôt que de m'en lasser…
- Tout ce qui est arrivé… je l'ai mérité.
C'était la première fois que je racontais tout en détail. C'était la première fois que j'osais revivre les événements de manière si précises. J'étais ramassée sur moi-même, pliée par la peur qui me tordait le ventre et l'âme. Je n'osais plus bouger, en dehors de mes tremblements incontrôlés, car si je ne bougeais pas, le loup-garou ne me verrait pas...
J'imaginais qu'il pouvait y en avoir autant que de personnes sur terre. Sans repère, nous partions à la dérive et en sortir, c'était comme entendre le chant des sirènes. C'était toujours difficile de savoir si c'était une chimère ou non, de savoir si c'était une véritable porte de sortie, un vrai miracle, ou simplement quelque chose qui allait nous enfoncer encore plus. Pouvoir s'appuyer sur quelqu'un, ou quelque chose, c'était avoir l'assurance de ne jamais se perdre totalement. Car être à ce point proche d'une personne, s'était lui donner un peu de soi. Ces individus seraient présents pour aider à rassembler les morceaux égarés. Tout du moins, c'était la vision que j'avais de mon entourage depuis mon attaque, et pour cause… Aislin m'avait ramassée au sens propre du terme.
- Ça peut être beaucoup de chose… une personne, un animal, un objet… quelque chose qui te montres le haut du bas, qui est capable de t'accepter comme tu es, qui peut… te rassembler. J'imagine… que c'est assez personnel au fond.
Pour mes excursions avec la dragonologie, ce phare, c'était ma famille, ma sœur. Cette année, le destin avait décidé de changer un peu mes habitudes, j'avais des amis à présent, sur qui j'avais la prétention de pouvoir croire. Et j'avais mon aimée bien sûr, mais il était hors de question que je ne la mentionne… et même si je le faisais, le sortilège Fidelitas empêcherait Levius de comprendre le véritable sens de mes mots. Je n'avais pas envie de lui faire vivre ça même s'il n'allait pas s'en rendre compte, tout comme j'évitais le sujet avec Aileas. Le poids du secret était véritablement lourd lorsque j'étais en compagnie de mes proches.
Je ne savais pas trop comment m'étendre davantage sur le sujet puisque c'était de tout à chacun. Mais lorsque le thème de la ferme arriva, je ne pouvais m'empêcher de pouffer à la mention de sa grand-mère. Cette femme avait été si douce durant mon enfance, avec cette force de caractère qui faisait tout de même que je la respectais et que je pouvais la craindre, qu'il ne fallait pas faire de fausse note au risque de remontrance digne de ce nom. Comme un orage qui gronde et qui menace à l'horizon, sans jamais vraiment s'approcher.
- Promis, je viendrai, et ça me fera plaisir de revoir ta grand-mère. Et tu sais bien que le travail ne me fait pas peur. D'ailleurs, tu as bien une serre là-bas n'est-ce pas ?
Autant joindre l'utile à l'agréable. Ayden m'avait parlé d'un projet que je n'avais pu qu'alimenter lors de ses confidences. Il nous manquait simplement d'autres mains, et surtout un lieu. Je savais que le jeune homme à côté de moi pouvait nous apporter une grande partie de ce dont nous avions besoin. De plus, j'avais confiance en lui, je n'allais donc pas me risquer à un pari perdu.
Ainsi, je serai d'autant plus ravie d'apporter mon aide à la ferme si notre projet aboutissait. Après tout, il fallait bien rendre la monnaie de sa pièce. Qui plus est, ça m'aidera sans doute à penser à autre chose, à occuper mon esprit trop troublé en ce moment. Mon nouvel emploi au Rainbow le faisait déjà, mais durant la journée pendant mes vacances je n'avais rien. Je devais faire attention sinon mes journées étaient bien trop longues. Je voulais faire des efforts et prendre sur moi, surtout pour rendre mon couple plus léger à vivre.
Je n'avais donc pas peur de mettre la main à la pâte et de chahuter quelques bottes de foin. Après tout, avec les dragons j'en faisais presque tout autant, à une toute autre mesure, certes, mais dès qu'il s'agissait de travailler avec les animaux, il fallait s'investir. Levius savait à quel point je pouvais être studieuse et appliquée lorsque je le souhaitais.
Mais mon annonce figea tout autour de nous. Les carpes cessèrent de danser dans l'eau. Le vent ne soufflait plus. Les oiseaux ne chantaient plus. Il n'y avait plus que le vide, le néant… la mort ? Je voyais à sa réaction qu'il avait été secoué par la nouvelle, pourtant, je ne m'en voulais pas de le lui avoir dit, ni de comment je le lui avais dit. J'étais directe, je savais que ça pouvait être un défaut, mais j'étais comme ça. Au moins je ne passais pas mon temps à tourner autour du pot. Pas avec lui tout du moins. Je lui laissais le temps d'assimiler la nouvelle, d'entrevoir ce fragment de miroir qui aurait pu raconter son histoire avec moi en moins dans sa vie. Et à sa proposition, j'étais bien obligée de réfléchir. Il me fallait faire face, je le savais… et je n'avais jamais vraiment raconté encore à qui que ce soit ce qui était arrivé vraiment. Même mon aimée ne connaissait pas l'entièreté des détails.
En pleine hésitation, je sentais alors le contact chaud de sa main venir saisir la mienne avec douceur. J'aurai pu sursauter de surprise, mais j'étais bien trop calme et sereine en sa présence pour avoir un mouvement de recul. Bien au contraire, je ne pouvais m'empêcher de sourire légèrement, même s'il y avait un air triste qui se peignait avec. C'était comme s'il me transmettait le courage dont j'avais besoin. C'était maintenant ou jamais.
- Et bien… ce soir-là, je n'étais pas dans mon état normal. Tu sais comment je suis à l'approche d'une fin d'année scolaire, je ne fais qu'étudier au prix de mon sommeil. J'avais eu un gros bouleversement sentimental également. J'étais anesthésiée et j'avais besoin de parler. J'ai rejoint une amie aux abords de la forêt, que je connais bien, tu t'en doutes, pour pouvoir parler. Mais c'est une amie particulière, qui préfère ne pas faire face à ses problèmes. J'avais besoin de parler et elle m'a ignoré. Alors, lorsque j'ai entendu ce bruissement dans les bois, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller voir… pour oublier tout le reste, puisque je ne pouvais pas me confier.
Je nous revoyais assises toutes les deux à jouer à action ou vérité… enfin, Aislin jouait, moi je ne pouvais pas en placer une. La Pokeby ne cessait de parler pour essayer de me changer les idées, mais je n'avais pas besoin de ça…. J'avais besoin d'être écoutée, qu'importe qu'on puisse me comprendre. M'écouter, comme Levius le faisait à présent. Je sentais un vent glacial me parcourir l'échine, comme si je revivais cette nuit. Je me recroquevillais un peu, comme si j'avais froid, alors que je serrais à mon tour doucement la main de mon ami.
- Nous nous sommes enfoncées dans les bois et nous sommes tombées sur une biche à moitié dévorée. Mon instinct aurait dû me dicter de fuir, de partir avec prudence, car je savais ce que nous risquions. Pourtant, trop anéantie, j'étais restée, j'analysais le cadavre pour deviner l'auteur de sa mort, mais il s'est présenté à nous avant.
Je revoyais ses yeux jaunes apparaître dans la nuit profonde, deux billes maléfiques qui vinrent me congeler le cœur alors qu'en racontant ce récit, je revivais chaque scène, chaque instant, comme si j'y étais. Mon regard perdu dans le vide démontrait à quel point j'étais retournée dans le passé.
- Nous avons couru pour fuir, mais mon amie est tombée. Lorsqu'elle a crié au secours, je me suis rendue compte que je m'étais transformée sous ma forme animagus. Tu vois le courage dont j'ai fait preuve ?
Pouffant un instant, exaspérée par ma propre bêtise et ma propre médiocrité, je reprenais mon récit. C'est pourtant ce qui m'avait sauvée de la malédiction.
- En voyant le loup-garou penché au-dessus d'elle, mon sang n'a fait qu'un tour… Je lui ai sauté dessus. On s'est battus, comme des canidés… mais tu te doutes que je ne faisais pas le poids face à lui. Il m'a lacérée, mutilée, griffée et mordue de nombreuses fois… J'ai réussi, par miracle, à le faire reculer avant de m'évanouir. Mon amie a réussi à nous faire transplaner à Sainte-Mangouste pour lui échapper… elle a été blessée aussi…
Je tremblais. La dureté du combat, la douleur de chaque lambeau de peau qu'il m'avait arraché me revint instantanément en mémoire. Je me tordais de douleur, même si ce n'était que fantôme, à mon esprit, c'était bien réel. Je m'accrochais à la main que je tenais avec fermeté, comme si Levius était devenu, à cet instant précis, mon guide, mon phare dans la nuit. Je revoyais la blessure d'Aislin, le fait qu'elle ne me tenait pas rancune, que la vie continuait pour elle, qu'elle n'avait pas été touchée par la lycanthropie. Je la revoyais avec ses grands yeux terrifiés face à la bête.
Sans que je ne m'en rende compte, une larme d'effroi vint perler le long de ma joue alors que je revenais à moi petit à petit, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. J'essayais de regarder le jeune homme à côté de moi, sans grand succès, mes yeux se faisant fuyant. Je portais le poids de la culpabilité des événements. Si je n'avais pas autant manqué de sommeil… si je n'avais pas autant étudié… si je n'avais pas insisté pour suivre ce bruit… si je n'avais pas choisi une nuit de pleine lune… si je ne m'étais pas intéressée à cette biche, si j'avais simplement écouté Aislin faire son monologue plutôt que de m'en lasser…
- Tout ce qui est arrivé… je l'ai mérité.
C'était la première fois que je racontais tout en détail. C'était la première fois que j'osais revivre les événements de manière si précises. J'étais ramassée sur moi-même, pliée par la peur qui me tordait le ventre et l'âme. Je n'osais plus bouger, en dehors de mes tremblements incontrôlés, car si je ne bougeais pas, le loup-garou ne me verrait pas...
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Jeu 23 Aoû 2018 - 11:35
Levius ne répondit rien suite au développement d'Abigail. Il s'interrogea simplement sur lui-même et la manière dont il ressentait les choses. Petit caillou isolé dans l'univers, avait-il une lumière pour le guider dans l'obscurité ? Il n'en était pas sûr... Ou alors, pas qu'une. Peut-être des centaines : des centaines d'individus qui, à un moment donné, lui auront fait cadeau d'une clé pour mieux comprendre l'existence.
Néanmoins et en dépit de tout cela, Levius se sentait seul. Pas d'une solitude lourde ou pesante, non : de la solitude commune à tous les êtres. Celle qui exige que l'on fasse ses compromis dans le secret de son âme à un moment où un autre et ce, que l'on soit entouré ou non. C'était là la limite du déterminisme, s'il en était.
Aujourd'hui, Levius savait ce qu'il avait à faire. Il s'était donné un nouvel objectif en venant habiter dans les Highlands. Toutefois, il n'oubliait pas que le décès de son grand père n'était pas le seul motif de son retour. Quelque part, tapis tout au fond de son esprit, demeurait un événement glacé. Quelque chose dont il ne savait encore que faire et qu'il écartait le jour, pour se laisser assaillir la nuit, à la faveur d'une défense relâchée. Cet événement là, il expliquait sans doute mieux que tous les autres le renoncement du jeune homme à la psychomagie.
Renoncement probablement temporaire néanmoins. Levius n'était pas décidé à tirer définitivement un trait sur cette carrière. Il avait seulement besoin de respirer un moment, le temps de réfléchir et retrouver ses moyens. A ce titre, d'avoir retrouvé Abigail lui ferait certainement le plus grand bien. Il était ravi de savoir qu'elle passerait le voir à la ferme. Sa promesse lui fit l'effet d'un bonbon acidulé : il acquiesça doucement, souriant en lui-même, tandis que son imaginaire s'affairait à représenter les bons moments qu'ils pourraient bientôt passer ensemble.
« Quatre serres en une à vrai dire. Répondit consciencieusement Levius quand son amie l'interrogea sur le sujet. Il y a un enchantement qui permet d'accéder à quatre niveaux distincts, avec un climat différent pour chacun. C'est grâce à cela que l'on obtient une variété de plante aussi diversifiée... Tu voudrais la voir ?
S'enquit-il enfin, en s'empêchant de développer trop ce sujet fascinant. Levius pourrait lui parler longuement des essences rares qu'il cultivait dans cette serre. Il pourrait évoquer les variétés rapportées par ses différents ancêtres et les croisements successifs que chacun d'eux avait effectué. Il pourrait aussi s'étendre sur les études menées en potionologie à partir des plants nouvellement créés... Mais Levius ne développa pas, non, car ce n'était pas le bon moment pour cela et qu'il savait que ses monologues de passionné n'intéressaient généralement que lui.
La conversation venait de prendre un détour beaucoup plus grave. Discuter botanique était certainement la dernière chose dont le jeune homme avait envie désormais. Il n'avait jamais vu Abigail sans cet état : ça lui glaçait le sang. Elle semblait sur le point de s'effondrer en elle-même. Derrière le sourire de façade, Levius sentait le vent de la détresse souffler en silence. Il n'avait pas besoin qu'on le lui dise pour le sentir. C'était palpable et lui, en véritable éponge émotionnelle qu'il était, recevait cette terreur sourde sans pouvoir rien y faire. Il l'écouta donc religieusement, buvant la tasse à la source de sa peine, jusqu'à ce que les émotions fassent céder le barrage des convenance et que le traumatisme engloutisse tout dans son tumulte.
Abigail tremblait d'effroi : son corps se souvenait. Elle n'était pas de taille : ça la saisissait dans son entièreté. Les réactions de son corps accompagnaient les mots. C'était difficile. Sans doute insurmontable pour le moment. Petite fille impuissante qui se cache du grand méchant loup : Levius la regardait dans son repli, lacéré d'émotions vives. Il ne laissa pas le silence s'installer entre eux néanmoins.
Non, le garçon se laissa glisser du banc sur lequel ils étaient assit. Accroupi devant elle, il gardait sa main fermement serrée dans la sienne, tandis que l'autre se posait sur le genoux de son amie. Elle était recroquevillée et c'était le seul moyen dont il disposait pour voir son visage.
« Ne confond pas responsabilité et mérite Abi. Dit-il à voix basse. Tu as pris des décisions qui ont mené à cette attaque, mais de la même manière que ton amie et tous les autres. Qu'en est-il du loup-garou en liberté ? Et du garde chasse qui l'a laissé entrer sur le domaine ? Et du concierge qui vous a laissé sortir ? Qu'en est-il des professeurs qui vous ont assailli de devoirs ? Qu'en est-il de cette personne qui t'as fait mal au cœur ? Et cette biche qui passait par là ?
Son intonation était d'une extraordinaire douceur. Levius savait mêler aux raisonnements logiques la profondeur des sentiments qu'il ressentait pour ceux à qui il s'adressait. Alors, il leva sa main libre en direction de la joue de la jeune femme et essuya ses larmes dans un geste lent et tendre.
« Tu vois, ça ne sert à rien de réfléchir à la responsabilité ou au mérite. Tu veux rationaliser un événement atroce pour lui donner du sens, mais tout ce que ça te fait, c'est du mal... Alors ne le fais plus Abi. Ce n'est pas ta faute, ce qui est arrivé.
Il attrapa sa deuxième main et rassembla les deux sur les genoux de la jeune femme, comme s'il s'agissait d'un jeune poussin que l'on voudrait garder au chaud entre ses doigts. Puis, le menton posé dessus, il lui adressa un nouveau regard par dessus ses lunettes rondes.
Au delà du récit d'Abigail, Levius se remémora sa gestuelle et commença à y voir les indices de son état. Sa façon de se tenir, sa démarche... Pourquoi n'avait-il rien pressenti ? Était il à ce point obsédé par l'idée du changement que toute autre explication à ce qui sort de l'ordinaire ne lui semblait pas pertinente ? Levius avait le sentiment de s'être aveuglé lui-même.
« Tu es en vie, ton amie aussi. Tout le monde va bien. Murmura-t-il. Il ne te fera plus de mal maintenant. Il est parti.
Je suis là, je resterai près de toi, ajouta-t-il sans le dire.
Néanmoins et en dépit de tout cela, Levius se sentait seul. Pas d'une solitude lourde ou pesante, non : de la solitude commune à tous les êtres. Celle qui exige que l'on fasse ses compromis dans le secret de son âme à un moment où un autre et ce, que l'on soit entouré ou non. C'était là la limite du déterminisme, s'il en était.
Aujourd'hui, Levius savait ce qu'il avait à faire. Il s'était donné un nouvel objectif en venant habiter dans les Highlands. Toutefois, il n'oubliait pas que le décès de son grand père n'était pas le seul motif de son retour. Quelque part, tapis tout au fond de son esprit, demeurait un événement glacé. Quelque chose dont il ne savait encore que faire et qu'il écartait le jour, pour se laisser assaillir la nuit, à la faveur d'une défense relâchée. Cet événement là, il expliquait sans doute mieux que tous les autres le renoncement du jeune homme à la psychomagie.
Renoncement probablement temporaire néanmoins. Levius n'était pas décidé à tirer définitivement un trait sur cette carrière. Il avait seulement besoin de respirer un moment, le temps de réfléchir et retrouver ses moyens. A ce titre, d'avoir retrouvé Abigail lui ferait certainement le plus grand bien. Il était ravi de savoir qu'elle passerait le voir à la ferme. Sa promesse lui fit l'effet d'un bonbon acidulé : il acquiesça doucement, souriant en lui-même, tandis que son imaginaire s'affairait à représenter les bons moments qu'ils pourraient bientôt passer ensemble.
« Quatre serres en une à vrai dire. Répondit consciencieusement Levius quand son amie l'interrogea sur le sujet. Il y a un enchantement qui permet d'accéder à quatre niveaux distincts, avec un climat différent pour chacun. C'est grâce à cela que l'on obtient une variété de plante aussi diversifiée... Tu voudrais la voir ?
S'enquit-il enfin, en s'empêchant de développer trop ce sujet fascinant. Levius pourrait lui parler longuement des essences rares qu'il cultivait dans cette serre. Il pourrait évoquer les variétés rapportées par ses différents ancêtres et les croisements successifs que chacun d'eux avait effectué. Il pourrait aussi s'étendre sur les études menées en potionologie à partir des plants nouvellement créés... Mais Levius ne développa pas, non, car ce n'était pas le bon moment pour cela et qu'il savait que ses monologues de passionné n'intéressaient généralement que lui.
La conversation venait de prendre un détour beaucoup plus grave. Discuter botanique était certainement la dernière chose dont le jeune homme avait envie désormais. Il n'avait jamais vu Abigail sans cet état : ça lui glaçait le sang. Elle semblait sur le point de s'effondrer en elle-même. Derrière le sourire de façade, Levius sentait le vent de la détresse souffler en silence. Il n'avait pas besoin qu'on le lui dise pour le sentir. C'était palpable et lui, en véritable éponge émotionnelle qu'il était, recevait cette terreur sourde sans pouvoir rien y faire. Il l'écouta donc religieusement, buvant la tasse à la source de sa peine, jusqu'à ce que les émotions fassent céder le barrage des convenance et que le traumatisme engloutisse tout dans son tumulte.
Abigail tremblait d'effroi : son corps se souvenait. Elle n'était pas de taille : ça la saisissait dans son entièreté. Les réactions de son corps accompagnaient les mots. C'était difficile. Sans doute insurmontable pour le moment. Petite fille impuissante qui se cache du grand méchant loup : Levius la regardait dans son repli, lacéré d'émotions vives. Il ne laissa pas le silence s'installer entre eux néanmoins.
Non, le garçon se laissa glisser du banc sur lequel ils étaient assit. Accroupi devant elle, il gardait sa main fermement serrée dans la sienne, tandis que l'autre se posait sur le genoux de son amie. Elle était recroquevillée et c'était le seul moyen dont il disposait pour voir son visage.
« Ne confond pas responsabilité et mérite Abi. Dit-il à voix basse. Tu as pris des décisions qui ont mené à cette attaque, mais de la même manière que ton amie et tous les autres. Qu'en est-il du loup-garou en liberté ? Et du garde chasse qui l'a laissé entrer sur le domaine ? Et du concierge qui vous a laissé sortir ? Qu'en est-il des professeurs qui vous ont assailli de devoirs ? Qu'en est-il de cette personne qui t'as fait mal au cœur ? Et cette biche qui passait par là ?
Son intonation était d'une extraordinaire douceur. Levius savait mêler aux raisonnements logiques la profondeur des sentiments qu'il ressentait pour ceux à qui il s'adressait. Alors, il leva sa main libre en direction de la joue de la jeune femme et essuya ses larmes dans un geste lent et tendre.
« Tu vois, ça ne sert à rien de réfléchir à la responsabilité ou au mérite. Tu veux rationaliser un événement atroce pour lui donner du sens, mais tout ce que ça te fait, c'est du mal... Alors ne le fais plus Abi. Ce n'est pas ta faute, ce qui est arrivé.
Il attrapa sa deuxième main et rassembla les deux sur les genoux de la jeune femme, comme s'il s'agissait d'un jeune poussin que l'on voudrait garder au chaud entre ses doigts. Puis, le menton posé dessus, il lui adressa un nouveau regard par dessus ses lunettes rondes.
Au delà du récit d'Abigail, Levius se remémora sa gestuelle et commença à y voir les indices de son état. Sa façon de se tenir, sa démarche... Pourquoi n'avait-il rien pressenti ? Était il à ce point obsédé par l'idée du changement que toute autre explication à ce qui sort de l'ordinaire ne lui semblait pas pertinente ? Levius avait le sentiment de s'être aveuglé lui-même.
« Tu es en vie, ton amie aussi. Tout le monde va bien. Murmura-t-il. Il ne te fera plus de mal maintenant. Il est parti.
Je suis là, je resterai près de toi, ajouta-t-il sans le dire.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Jeu 23 Aoû 2018 - 20:04
Quatre serres avec des climats différents… je croyais rêver. Il ne pouvait pas mieux m'annoncer. Des fois, j'étais persuadée intimement qu'il n'y avait pas de hasard. Sinon, comment en l'espace de quelques semaines j'en serai venue à discuter de botanique avec Ayden, d'un club, puis de retrouver Levius, passionné de botanique lui-aussi, et possédant un terrain propre aux expériences que nous pourrions mener ? Souriant aux jeunes hommes, mes yeux brillants d'amusement, je répondais d'un ton léger.
- Bien sûr que je voudrais la voir !
J'aurai pu lui parler de mon projet avec Ayden dès maintenant, car nous étions presque sur le sujet après tout, mais je ne le sentais pas. Je n'avais pas envie d'avoir l'air de profiter de lui. Évidemment ce n'était pas le cas, mais nous venions de nous retrouver après sept ans de séparation, je n'allais pas déjà lui demander s'il était possible que je vienne avec le Summerbee. Nous étions encore en train de nous rappeler comment fonctionnait l'autre, de tâter le terrain alors que nous trouvions nos différences, que chacun avait changé de son côté. Ça aurait été très impoli de ma part. Qui plus est, je n'étais pas sans savoir que Levius avait du mal avec les étrangers, et même si j'étais persuadée au fond de moi qu'Ayden et Levius pourraient devenir de grands amis, je ne voulais pas non plus précipiter les choses. J'allais donc encore attendre un peu, profiter du temps que nous passions ensemble, et peut-être revenir sur le sujet un peu plus tard. Histoire de placer un prochain rendez-vous convenablement.
Je me réjouissais déjà d'en apprendre plus sur cette serre. Je n'avais pas souvenir de ces niveaux lorsque j'étais enfant. Était-ce quelque chose qu'il avait mis en place à son arrivée ou est-ce que ma mémoire me faisait défaut ? La perspective de me voir là-bas et de pouvoir m'occuper des divers animaux et plantes m'enjaillait. J'étais persuadée que nous allions pouvoir faire de grandes choses tous les deux, ou les trois avec Ayden… et pourquoi pas quatre si lui aussi ramenait un ami à lui pour compléter notre groupe ? Partager des connaissances avec d'autres passionnés, il n'y avait pour moi rien de plus riche. Voilà pourquoi j'appréciais tout particulièrement mes cours privés avec monsieur Helsing. J'avais hâte de les reprendre à la rentrée.
Mais avant tout, il fallait essayer de vaincre mes démons. Et alors que je lui contais le récit de mon accident, je me sentais devenir de plus en plus faible. Prise au dépourvu de ma peur, je ne réussissais qu'à me replier, car la douleur était insupportable. Même si mon dos mon tirait, que ma nuque me brûlait, je n'étais pas assez forte pour pouvoir tenir droite, ça me demandait trop d'effort. Comme s'il essayait de lutter contre un froid intense, mon corps frissonnait, des fois de manière plus intense. À l'évidence, je n'avais pas froid, mais la peur glaciale qui me rongeait faisait son travail. Pour lutter tant bien que mal, je n'étais capable que de ces soubresauts qui me maintenaient en vie après ce choc violent.
Je savais que je luttais contre des monstres invisibles, que j'avais peur d'être attrapée par la main du démon alors que j'étais la seule à le voir. Voilà pourquoi je dormais si mal. J'apercevais les ombres bouger lorsque je restais éveillée la nuit, persuadée qu'elles allaient me happer. Et quand, miraculeusement, je tombais de sommeil, j'avais exactement les mêmes visions en cauchemar, le tout agrémenté de la présence de ce loup-garou qui me hantait définitivement. Fort heureusement, je ne dormais plus seule depuis, au début à Sainte Mangouste, et maintenant chez ma bien-aimée. Néanmoins, la douleur était présente, et je faisais subir à ma moitié des nuits particulièrement pénibles. Je m'en voulais pour ça aussi.
Tout ceci pourtant n'était que le fruit de mon imagination. Il me suffisait simplement de les effacer pour que tout rentre dans l'ordre, de les ignorer… mais c'était bien plus difficile à dire qu'à faire, et je n'avais pas encore trouvé le moyen de lutter véritablement en dehors des potions pour me faire dormir sans m'offrir le luxe de rêver, ce qui ne me reposait pas vraiment du coup, ou alors de me noyer dans l'alcool. Ce dernier point, je l'évitais au maximum.
Et alors que j'essayais de lutter contre mon effroi, mes tourments et mes larmes, je voyais mon ami quitter le banc pour venir se placer en face de moi, accroupi. Il me fallut plusieurs essais avant de trouver le courage de regarder à nouveau son visage et ses yeux, comme s'il était lui-même devenu le loup-garou qui m'avait agressée, ou qu'il allait me juger d'une certaine façon. Je devais redoubler ensuite d'effort pour ouvrir mon esprit à ce qu'il était en train de dire. Me renfermer, devenir sourde, c'était une manière de fuir et de me protéger. Entendre, retirer mes œillères, c'était comme me donner accès à ce que je ne voulais pas voir ou écouter, à savoir, la présence de mon bourreau.
Ses mots eurent l'effet d'une flèche qui vint me transpercer la poitrine et briser la glace qui emprisonnait mon cœur. Je savais tout cela, ma conscience et mon esprit étaient encore assez lucides pour avoir déjà eu cette réflexion… mais comme avec Nora, j'avais besoin qu'on me le dise, pas que j'ai l'impression de me persuader moi-même. Ce n'était qu'un enchainement malheureux d'événements qui s'étaient abattus sur moi sans la moindre délicatesse. Après tout, j'y avais réchappé pendant plus de vingt ans, il fallait bien que le sort s'acharne un jour ou l'autre, j'aurai dû m'y attendre… et en réalité, je m'y attendais… mais j'étais davantage prête à subir la colère d'un dragon que d'un loup-garou. Ma baguette possédant à son centre un poil de l'une de ces créatures, c'était à croire que j'avais été prédestinée depuis mes onze ans à vivre cette nuit-là.
Sa voix douce et rassurante me faisait du bien, et je réussissais à relever un peu le menton tandis qu'il venait essuyer ma joue humide par mes sanglots. J'essayais de trouver une explication à ce qui était arrivé, il le disait bien, parce que j'étais comme ça. J'étais rationnelle, et tout ce qui ne l'était pas m'échappait la plupart du temps, comme l'amour. C'était ironique pour une rêveuse comme moi, pourtant il y avait des sujets sur lesquels je n'arrivais pas à lâcher du lest. Celui-ci en faisait partie. Déglutissais avec peine, je réussissais à lui répondre, ma voix s'étant brisée en écho avec mon récit.
- J… Je n'arrive pas à arrêter d'y penser, de tout remuer. Je ne sais pas comment faire pour arrêter. Pour faire taire ce hurlement qui est en moi… Je ne sais pas comment faire...
Je n'arrivais pas à surmonter mon traumatisme, et je ne savais pas comment le faire. Le fait de ne pas être atteinte de lycanthropie m'avait aidé à voir la lumière au loin, pourtant, j'avais beau avancer dans sa direction, c'était comme si je faisais du sur-place. Je n'arrivais pas à atteindre la sortie, je restais perdue dans le noir, dans les ténèbres de la peur et de la terreur.
Tandis qu'il attrapait mes deux mains pour les serrer dans les siennes, je les fixais d'un air un peu absent. Néanmoins, c'était comme s'il m'avait enveloppé de ses bras, car je parvenais à me calmer un peu et à détendre mes épaules, étant alors moins ramassée sur moi-même. Et cette fois, je n'avais pas de mal à entendre ce qu'il me disait, que ce soit avec sa voix, ou ses yeux. Je devinais sans mal qu'il me promettait d'être à mes côtés pour me soutenir, qu'il me protégerait. Je n'avais rien besoin de plus présentement.
Alors, d'un geste doux, je libérais mes mains des siennes pour me pencher en avant. Passant mes doigts dans ses cheveux, je venais les serrer contre sa nuque. Ainsi pliée, je sentais mon dos me hurler que je tirais sur mes cicatrices, mais je n'en avais que faire. Serrant mon ami ainsi contre moi, je ne parvenais plus à bouger. Je n'avais pas de mots pour lui représenter ma gratitude, et lorsque je n'avais pas les mots, j'agissais. Je le faisais déjà lorsque nous étions enfants. À cet instant, il était comme la bouée de sauvetage qu'on avait lancé dans ma mer de solitude et d'effroi. Je m'accrochais à lui, dans l'espoir qu'il soit l'un de ceux qui pouvait m'extirper de ma situation.
Surtout, je le remerciais. Du fond du cœur.
- Bien sûr que je voudrais la voir !
J'aurai pu lui parler de mon projet avec Ayden dès maintenant, car nous étions presque sur le sujet après tout, mais je ne le sentais pas. Je n'avais pas envie d'avoir l'air de profiter de lui. Évidemment ce n'était pas le cas, mais nous venions de nous retrouver après sept ans de séparation, je n'allais pas déjà lui demander s'il était possible que je vienne avec le Summerbee. Nous étions encore en train de nous rappeler comment fonctionnait l'autre, de tâter le terrain alors que nous trouvions nos différences, que chacun avait changé de son côté. Ça aurait été très impoli de ma part. Qui plus est, je n'étais pas sans savoir que Levius avait du mal avec les étrangers, et même si j'étais persuadée au fond de moi qu'Ayden et Levius pourraient devenir de grands amis, je ne voulais pas non plus précipiter les choses. J'allais donc encore attendre un peu, profiter du temps que nous passions ensemble, et peut-être revenir sur le sujet un peu plus tard. Histoire de placer un prochain rendez-vous convenablement.
Je me réjouissais déjà d'en apprendre plus sur cette serre. Je n'avais pas souvenir de ces niveaux lorsque j'étais enfant. Était-ce quelque chose qu'il avait mis en place à son arrivée ou est-ce que ma mémoire me faisait défaut ? La perspective de me voir là-bas et de pouvoir m'occuper des divers animaux et plantes m'enjaillait. J'étais persuadée que nous allions pouvoir faire de grandes choses tous les deux, ou les trois avec Ayden… et pourquoi pas quatre si lui aussi ramenait un ami à lui pour compléter notre groupe ? Partager des connaissances avec d'autres passionnés, il n'y avait pour moi rien de plus riche. Voilà pourquoi j'appréciais tout particulièrement mes cours privés avec monsieur Helsing. J'avais hâte de les reprendre à la rentrée.
Mais avant tout, il fallait essayer de vaincre mes démons. Et alors que je lui contais le récit de mon accident, je me sentais devenir de plus en plus faible. Prise au dépourvu de ma peur, je ne réussissais qu'à me replier, car la douleur était insupportable. Même si mon dos mon tirait, que ma nuque me brûlait, je n'étais pas assez forte pour pouvoir tenir droite, ça me demandait trop d'effort. Comme s'il essayait de lutter contre un froid intense, mon corps frissonnait, des fois de manière plus intense. À l'évidence, je n'avais pas froid, mais la peur glaciale qui me rongeait faisait son travail. Pour lutter tant bien que mal, je n'étais capable que de ces soubresauts qui me maintenaient en vie après ce choc violent.
Je savais que je luttais contre des monstres invisibles, que j'avais peur d'être attrapée par la main du démon alors que j'étais la seule à le voir. Voilà pourquoi je dormais si mal. J'apercevais les ombres bouger lorsque je restais éveillée la nuit, persuadée qu'elles allaient me happer. Et quand, miraculeusement, je tombais de sommeil, j'avais exactement les mêmes visions en cauchemar, le tout agrémenté de la présence de ce loup-garou qui me hantait définitivement. Fort heureusement, je ne dormais plus seule depuis, au début à Sainte Mangouste, et maintenant chez ma bien-aimée. Néanmoins, la douleur était présente, et je faisais subir à ma moitié des nuits particulièrement pénibles. Je m'en voulais pour ça aussi.
Tout ceci pourtant n'était que le fruit de mon imagination. Il me suffisait simplement de les effacer pour que tout rentre dans l'ordre, de les ignorer… mais c'était bien plus difficile à dire qu'à faire, et je n'avais pas encore trouvé le moyen de lutter véritablement en dehors des potions pour me faire dormir sans m'offrir le luxe de rêver, ce qui ne me reposait pas vraiment du coup, ou alors de me noyer dans l'alcool. Ce dernier point, je l'évitais au maximum.
Et alors que j'essayais de lutter contre mon effroi, mes tourments et mes larmes, je voyais mon ami quitter le banc pour venir se placer en face de moi, accroupi. Il me fallut plusieurs essais avant de trouver le courage de regarder à nouveau son visage et ses yeux, comme s'il était lui-même devenu le loup-garou qui m'avait agressée, ou qu'il allait me juger d'une certaine façon. Je devais redoubler ensuite d'effort pour ouvrir mon esprit à ce qu'il était en train de dire. Me renfermer, devenir sourde, c'était une manière de fuir et de me protéger. Entendre, retirer mes œillères, c'était comme me donner accès à ce que je ne voulais pas voir ou écouter, à savoir, la présence de mon bourreau.
Ses mots eurent l'effet d'une flèche qui vint me transpercer la poitrine et briser la glace qui emprisonnait mon cœur. Je savais tout cela, ma conscience et mon esprit étaient encore assez lucides pour avoir déjà eu cette réflexion… mais comme avec Nora, j'avais besoin qu'on me le dise, pas que j'ai l'impression de me persuader moi-même. Ce n'était qu'un enchainement malheureux d'événements qui s'étaient abattus sur moi sans la moindre délicatesse. Après tout, j'y avais réchappé pendant plus de vingt ans, il fallait bien que le sort s'acharne un jour ou l'autre, j'aurai dû m'y attendre… et en réalité, je m'y attendais… mais j'étais davantage prête à subir la colère d'un dragon que d'un loup-garou. Ma baguette possédant à son centre un poil de l'une de ces créatures, c'était à croire que j'avais été prédestinée depuis mes onze ans à vivre cette nuit-là.
Sa voix douce et rassurante me faisait du bien, et je réussissais à relever un peu le menton tandis qu'il venait essuyer ma joue humide par mes sanglots. J'essayais de trouver une explication à ce qui était arrivé, il le disait bien, parce que j'étais comme ça. J'étais rationnelle, et tout ce qui ne l'était pas m'échappait la plupart du temps, comme l'amour. C'était ironique pour une rêveuse comme moi, pourtant il y avait des sujets sur lesquels je n'arrivais pas à lâcher du lest. Celui-ci en faisait partie. Déglutissais avec peine, je réussissais à lui répondre, ma voix s'étant brisée en écho avec mon récit.
- J… Je n'arrive pas à arrêter d'y penser, de tout remuer. Je ne sais pas comment faire pour arrêter. Pour faire taire ce hurlement qui est en moi… Je ne sais pas comment faire...
Je n'arrivais pas à surmonter mon traumatisme, et je ne savais pas comment le faire. Le fait de ne pas être atteinte de lycanthropie m'avait aidé à voir la lumière au loin, pourtant, j'avais beau avancer dans sa direction, c'était comme si je faisais du sur-place. Je n'arrivais pas à atteindre la sortie, je restais perdue dans le noir, dans les ténèbres de la peur et de la terreur.
Tandis qu'il attrapait mes deux mains pour les serrer dans les siennes, je les fixais d'un air un peu absent. Néanmoins, c'était comme s'il m'avait enveloppé de ses bras, car je parvenais à me calmer un peu et à détendre mes épaules, étant alors moins ramassée sur moi-même. Et cette fois, je n'avais pas de mal à entendre ce qu'il me disait, que ce soit avec sa voix, ou ses yeux. Je devinais sans mal qu'il me promettait d'être à mes côtés pour me soutenir, qu'il me protégerait. Je n'avais rien besoin de plus présentement.
Alors, d'un geste doux, je libérais mes mains des siennes pour me pencher en avant. Passant mes doigts dans ses cheveux, je venais les serrer contre sa nuque. Ainsi pliée, je sentais mon dos me hurler que je tirais sur mes cicatrices, mais je n'en avais que faire. Serrant mon ami ainsi contre moi, je ne parvenais plus à bouger. Je n'avais pas de mots pour lui représenter ma gratitude, et lorsque je n'avais pas les mots, j'agissais. Je le faisais déjà lorsque nous étions enfants. À cet instant, il était comme la bouée de sauvetage qu'on avait lancé dans ma mer de solitude et d'effroi. Je m'accrochais à lui, dans l'espoir qu'il soit l'un de ceux qui pouvait m'extirper de ma situation.
Surtout, je le remerciais. Du fond du cœur.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Ven 24 Aoû 2018 - 13:27
Levius regardait Abigail à travers ses lunettes rondes. La voix blanche, le corps tremblant, elle faisait montre de toute l'étendue de sa vulnérabilité à travers l'aveu des séquelles psychologiques dont elle était victime. C'était un fait étrange, que l'on n'accorde pas à l'esprit la même attention qu'au corps. La jeune femme se remettait sans doute à peine de ses blessures physiques, mais de constater les lacérations de son âme la prenait au dépourvu. Il n'y avait pourtant rien d'anormal à ce qu'elle souffre de la sorte. L'intensité de la violence avait débordé ses défenses psychiques. Elle avait frôlé la mort au point de voir sa dernière heure arriver, sans doute. Cependant, ça n'était pas arrivé et elle devait désormais se réconcilier avec la vie.
Le garçon entrouvrit la bouche, comme s'il s'apprêtait à parler, mais se ravisa quand Abigail dégagea les mains de son emprise pour l'enlacer. Il l'accueilli sans tressaillir, même si la sensation des doigts de la jeune femme glissant dans ses cheveux le débordait d'émotion vive. Il n'était pas coutumier de tant de proximité et ne l'acceptait que lorsqu'elle venait de personnes suffisamment proches, comme Abigail ou les membres de sa famille. Mais même là, le contact physique tendait à le bouleverser et c'était d'ailleurs pour cela qu'il s'en prémunissait en règle générale.
Cette fois-ci, Levius réalisa que cela faisait bien longtemps qu'ils ne s'étaient touché de la sorte. Il sentait son rythme cardiaque s'emballer et le cours de ses pensées perdre en clarté l'espace d'un instant. La tiédeur de son amie ou son odeur étaient des choses qu'il avait oublié (ou trop rêvé, peut-être). Le jeune homme avait l'impression de flotter au milieu de l'espace, un peu comme si la serre et le monde autour s'étaient évaporés dans le néant.
Un battement de cil, puis il revint au monde.
Abigail semblait toujours fébrile. Elle s'accrochait à lui comme le naufragé s'accroche à une planche flottante. Sans doute espérait-elle qu'il lui apporte les réponses dont elle avait besoin pour abattre la peur et la tyrannie d'un corps appesanti de souvenirs. Levius eut envie de lever les mains pour encercler Abigail de ses bras, à son tour. Puis, il se dit que ce faisant, il risquait de toucher ses cicatrices et que cela ne lui ferait sans doute aucun bien. Le garçon ignorait quel rapport elle entretenait désormais avec son corps, mais il savait d'expérience que c'était une question sérieuse. Alors il se ravisa et demeura ainsi, immobile.
« C'est tout à fait normal Abi.
Lui dit-il alors, le visage enfoui dans son épaule. Il cligna des yeux quelques fois. Une part de lui-même demandait à prolonger ce moment encore un peu, mais la raison, plus forte, le fit reculer. Il reprit sa position initiale en se dégageant très doucement de l'emprise de son amie, afin qu'ils puissent se voir quand il parlerait.
« Tu souffres très probablement d'un syndrome de stress post-traumatique. C'était le psychomage en lui qui parlait. Ce n'est pas un trouble qui se règle facilement. Il faut du temps... Et une prise en charge adaptée.
Levius savait que ce qu'il s'apprêtait à lui dire était sensible, néanmoins, il estimait devoir le faire. Le jeune homme n'avait, en revanche, aucune idée de la manière dont Abigail prendrait la chose.
« Il existe différentes sortes de traitement et de thérapies selon la gravité du trouble et les attentes du patient... L'hypnose, la désensibilisation, la thérapie par les souvenirs... Des potions aussi.
Il reprit ses mains pour donner à cet échange un peu de chaleur. Levius ne voulait pas qu'Abigail pense qu'il essayait de remettre son accompagnement à d'autres (au contraire), mais en bon professionnel, il savait que certains cas étaient trop graves pour qu'on les laisse se régler tout seuls. Les troubles psychiques méritaient qu'on les soigne avec autant d'application que les blessures du corps. A ce titre, il était souvent rassurant pour les patients de se savoir bien pris en charge.
« Moi je serais là si tu as besoin de moi. Et tant que tu seras bien entourée, ça ira... Mais il se peut que ça ne suffise pas... Auquel cas, je te conseille vraiment de faire appel à des professionnels. Je peux te recommander des confrères à Londres, si tu le souhaites.
Le garçon entrouvrit la bouche, comme s'il s'apprêtait à parler, mais se ravisa quand Abigail dégagea les mains de son emprise pour l'enlacer. Il l'accueilli sans tressaillir, même si la sensation des doigts de la jeune femme glissant dans ses cheveux le débordait d'émotion vive. Il n'était pas coutumier de tant de proximité et ne l'acceptait que lorsqu'elle venait de personnes suffisamment proches, comme Abigail ou les membres de sa famille. Mais même là, le contact physique tendait à le bouleverser et c'était d'ailleurs pour cela qu'il s'en prémunissait en règle générale.
Cette fois-ci, Levius réalisa que cela faisait bien longtemps qu'ils ne s'étaient touché de la sorte. Il sentait son rythme cardiaque s'emballer et le cours de ses pensées perdre en clarté l'espace d'un instant. La tiédeur de son amie ou son odeur étaient des choses qu'il avait oublié (ou trop rêvé, peut-être). Le jeune homme avait l'impression de flotter au milieu de l'espace, un peu comme si la serre et le monde autour s'étaient évaporés dans le néant.
Un battement de cil, puis il revint au monde.
Abigail semblait toujours fébrile. Elle s'accrochait à lui comme le naufragé s'accroche à une planche flottante. Sans doute espérait-elle qu'il lui apporte les réponses dont elle avait besoin pour abattre la peur et la tyrannie d'un corps appesanti de souvenirs. Levius eut envie de lever les mains pour encercler Abigail de ses bras, à son tour. Puis, il se dit que ce faisant, il risquait de toucher ses cicatrices et que cela ne lui ferait sans doute aucun bien. Le garçon ignorait quel rapport elle entretenait désormais avec son corps, mais il savait d'expérience que c'était une question sérieuse. Alors il se ravisa et demeura ainsi, immobile.
« C'est tout à fait normal Abi.
Lui dit-il alors, le visage enfoui dans son épaule. Il cligna des yeux quelques fois. Une part de lui-même demandait à prolonger ce moment encore un peu, mais la raison, plus forte, le fit reculer. Il reprit sa position initiale en se dégageant très doucement de l'emprise de son amie, afin qu'ils puissent se voir quand il parlerait.
« Tu souffres très probablement d'un syndrome de stress post-traumatique. C'était le psychomage en lui qui parlait. Ce n'est pas un trouble qui se règle facilement. Il faut du temps... Et une prise en charge adaptée.
Levius savait que ce qu'il s'apprêtait à lui dire était sensible, néanmoins, il estimait devoir le faire. Le jeune homme n'avait, en revanche, aucune idée de la manière dont Abigail prendrait la chose.
« Il existe différentes sortes de traitement et de thérapies selon la gravité du trouble et les attentes du patient... L'hypnose, la désensibilisation, la thérapie par les souvenirs... Des potions aussi.
Il reprit ses mains pour donner à cet échange un peu de chaleur. Levius ne voulait pas qu'Abigail pense qu'il essayait de remettre son accompagnement à d'autres (au contraire), mais en bon professionnel, il savait que certains cas étaient trop graves pour qu'on les laisse se régler tout seuls. Les troubles psychiques méritaient qu'on les soigne avec autant d'application que les blessures du corps. A ce titre, il était souvent rassurant pour les patients de se savoir bien pris en charge.
« Moi je serais là si tu as besoin de moi. Et tant que tu seras bien entourée, ça ira... Mais il se peut que ça ne suffise pas... Auquel cas, je te conseille vraiment de faire appel à des professionnels. Je peux te recommander des confrères à Londres, si tu le souhaites.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Ven 24 Aoû 2018 - 16:04
Je ne m'étais pas encore confiée de la sorte aussi ouvertement à quelqu'un depuis mon accident en dehors d'Adoración. Elle, elle voyait mes craintes tous les soirs ou presque, et me soutenait du mieux qu'elle pouvait. Elle avait une force de caractère que sans doute jamais je n'égalerai. Pourtant, je sentais comme un mur avec elle. Même si elle m'aidait, j'avais l'impression de la déranger. Sans doute ce sentiment était-il animé par le fait que nous nous connaissions encore peu, ou alors la différence d'âge peut-être ?
Habituellement, je me serai aussi confiée à Aileas, qui pouvait tout supporter et tout comprendre de moi, mais cette fois-ci, c'était moi qui m'empêchais de dire quoique ce soit. Elle avait quitté les États-Unis suite à l'accident, pour être proche de moi. Elle avait quitté sa vie là-bas, uniquement à cause de ma faiblesse. Je m'en voulais terriblement, même si j'étais très heureuse de l'avoir à nouveau à mes côtés, pourtant, c'était une culpabilité en plus à mon esprit. Elle avait fait son choix, et elle était bien assez grande pour se gérer seule, je le savais. Je la voyais pourtant toujours comme ce petit bébé fragile qui venait de naître. Alors, avec tout ça, je ne voulais pas en plus lui rajouter le poids de ma peine et de mon traumatisme.
Ainsi, voilà deux mois que je gardais tout en moi, vraiment tout, essayant de temps à autre de lâcher la pression avec certaines amies, comme Nora. Je confiais des bribes de mes peurs, de mes problèmes, comme une soupape de secours pour m'empêcher de craquer.
Le retour de Levius avait eu cet effet de relâcher toutes mes barrières. Il aurait pu totalement changer et devenir une personne mesquine et manipulatrice, mais je refusais de le croire. Je savais qu'il avait suivi des études de psychomage, et je n'avais à aucun moment douté de la réussite de sa démarche. Même si elle m'avait légèrement surprise à l'époque, comme pour la plupart de son entourage, j'avais peut-être compris plus vite que les autres que c'était une voie dans laquelle il pouvait exceller sans la moindre difficulté. Sa particularité à être aussi sensible et à prendre à ce point soin des détails devait le rendre redoutable dans sa fonction.
Mais ce n'était pas pour ça que j'avais décidé de me confier dans mon entièreté, et que j'étais venue m'accrocher à lui. En réalité, je n'avais rien décidé. J'avais laissé couler, ce que je ne m'étais plus autorisée à faire depuis l'attaque. Je retenais tout, je voulais tout contrôler, tout filtrer, comme si ça me rassurait de garder la main mise sur toute cette histoire. Bien sûr, ce n'était qu'illusion de ma part. Avec mon ami d'enfance, je savais que je n'avais pas besoin de porter de masque, que je pouvais être moi-même dans mon ensemble, qu'il n'allait pas me juger ou mal me voir. Au contraire, ça n'allait que renforcer notre relation.
Avec un peu de mal, je le laissais se redresser et me faire à nouveau face. J'avais l'impression d'avoir été décrochée de mon rocher qui me tenait à la terre ferme, mais sa proximité me rassurait toujours. Alors, petit à petit, j'arrivais à rassembler mes esprits, à prendre une profonde inspiration et à calmer quelque peu le rythme saccadé des battements de mon cœur. Je laissais donc le professionnel parler tout en l'écoutant sans essayer de fuir la suggestion qui s'offrait à moi. À Sainte Mangouste, les médicomages m'avaient déjà donnés quelques adresses et m'avaient déjà proposés un soutien psychologique… mais la timide, terrifiée qui plus est, que j'étais, avais obstinément refusé de se rendre ne serait-ce qu'à un seul rendez-vous. J'avais déjà du mal à aller vers les gens dans des situations ordinaires, alors m'asseoir sur un fauteuil et parler de ma vie en un genre de monologue étrange face à un sorcier en blouse blanche qui semblait vouloir me disséquer comme une petite souris… c'était impensable. Ça ne faisait même qu'accentuer mes angoisses. Pourtant, sortit de la bouche de Levius, ça ne me faisait plus aussi peur.
- Qu'est-ce que tu penses le mieux pour moi ?
Je n'avais jamais eu besoin de recourir à ce genre de pratique, car j'étais une femme sans histoire. Je devais même être chiante à écouter sans mon accident, parce que je ne pouvais raconter que des banalités, même en dragonologie. J'étais si prudente, si timide et réservée qu'il ne m'arrivait jamais rien. Totalement ignorante sur le sujet donc, je ne savais pas quelle méthode pouvait fonctionner sur moi, car je me doutais que ça dépendait de chaque individu.
C'est lorsqu'il suggérait que j'aille voir une autre personne que lui, que je me remettais alors à trembler un peu et que je secouais vivement la tête.
- Non hors de question… ce sera toi, ou personne…
Sans avoir la peur des médicomages ou des autres spécialistes, je ne désirais vraiment pas être confrontée à n'importe qui. Et s'il s'agissait de mon agresseur ? Que dans un instant de lucidité miraculeux, nous nous reconnaissions, l'espace d'une fraction de seconde ? Rien que de l'imaginer, j'avais une terrible nausée à m'en faire vomir.
Nerveuse alors, je venais me mordre la lèvre inférieure tout en serrant les mains de mon ami tandis que mon regard parcourait les traits de son visage comme si j'essayais de les mémoriser. Comme si c'était la dernière fois que je pouvais l'avoir en face de moi et qu'encore une fois, il disparaitrait.
- Tu sais, à Sainte Mangouste on m'a déjà proposé tout ça mais je n'ai pris aucun rendez-vous. Je n'ai pas pu.
Habituellement, je me serai aussi confiée à Aileas, qui pouvait tout supporter et tout comprendre de moi, mais cette fois-ci, c'était moi qui m'empêchais de dire quoique ce soit. Elle avait quitté les États-Unis suite à l'accident, pour être proche de moi. Elle avait quitté sa vie là-bas, uniquement à cause de ma faiblesse. Je m'en voulais terriblement, même si j'étais très heureuse de l'avoir à nouveau à mes côtés, pourtant, c'était une culpabilité en plus à mon esprit. Elle avait fait son choix, et elle était bien assez grande pour se gérer seule, je le savais. Je la voyais pourtant toujours comme ce petit bébé fragile qui venait de naître. Alors, avec tout ça, je ne voulais pas en plus lui rajouter le poids de ma peine et de mon traumatisme.
Ainsi, voilà deux mois que je gardais tout en moi, vraiment tout, essayant de temps à autre de lâcher la pression avec certaines amies, comme Nora. Je confiais des bribes de mes peurs, de mes problèmes, comme une soupape de secours pour m'empêcher de craquer.
Le retour de Levius avait eu cet effet de relâcher toutes mes barrières. Il aurait pu totalement changer et devenir une personne mesquine et manipulatrice, mais je refusais de le croire. Je savais qu'il avait suivi des études de psychomage, et je n'avais à aucun moment douté de la réussite de sa démarche. Même si elle m'avait légèrement surprise à l'époque, comme pour la plupart de son entourage, j'avais peut-être compris plus vite que les autres que c'était une voie dans laquelle il pouvait exceller sans la moindre difficulté. Sa particularité à être aussi sensible et à prendre à ce point soin des détails devait le rendre redoutable dans sa fonction.
Mais ce n'était pas pour ça que j'avais décidé de me confier dans mon entièreté, et que j'étais venue m'accrocher à lui. En réalité, je n'avais rien décidé. J'avais laissé couler, ce que je ne m'étais plus autorisée à faire depuis l'attaque. Je retenais tout, je voulais tout contrôler, tout filtrer, comme si ça me rassurait de garder la main mise sur toute cette histoire. Bien sûr, ce n'était qu'illusion de ma part. Avec mon ami d'enfance, je savais que je n'avais pas besoin de porter de masque, que je pouvais être moi-même dans mon ensemble, qu'il n'allait pas me juger ou mal me voir. Au contraire, ça n'allait que renforcer notre relation.
Avec un peu de mal, je le laissais se redresser et me faire à nouveau face. J'avais l'impression d'avoir été décrochée de mon rocher qui me tenait à la terre ferme, mais sa proximité me rassurait toujours. Alors, petit à petit, j'arrivais à rassembler mes esprits, à prendre une profonde inspiration et à calmer quelque peu le rythme saccadé des battements de mon cœur. Je laissais donc le professionnel parler tout en l'écoutant sans essayer de fuir la suggestion qui s'offrait à moi. À Sainte Mangouste, les médicomages m'avaient déjà donnés quelques adresses et m'avaient déjà proposés un soutien psychologique… mais la timide, terrifiée qui plus est, que j'étais, avais obstinément refusé de se rendre ne serait-ce qu'à un seul rendez-vous. J'avais déjà du mal à aller vers les gens dans des situations ordinaires, alors m'asseoir sur un fauteuil et parler de ma vie en un genre de monologue étrange face à un sorcier en blouse blanche qui semblait vouloir me disséquer comme une petite souris… c'était impensable. Ça ne faisait même qu'accentuer mes angoisses. Pourtant, sortit de la bouche de Levius, ça ne me faisait plus aussi peur.
- Qu'est-ce que tu penses le mieux pour moi ?
Je n'avais jamais eu besoin de recourir à ce genre de pratique, car j'étais une femme sans histoire. Je devais même être chiante à écouter sans mon accident, parce que je ne pouvais raconter que des banalités, même en dragonologie. J'étais si prudente, si timide et réservée qu'il ne m'arrivait jamais rien. Totalement ignorante sur le sujet donc, je ne savais pas quelle méthode pouvait fonctionner sur moi, car je me doutais que ça dépendait de chaque individu.
C'est lorsqu'il suggérait que j'aille voir une autre personne que lui, que je me remettais alors à trembler un peu et que je secouais vivement la tête.
- Non hors de question… ce sera toi, ou personne…
Sans avoir la peur des médicomages ou des autres spécialistes, je ne désirais vraiment pas être confrontée à n'importe qui. Et s'il s'agissait de mon agresseur ? Que dans un instant de lucidité miraculeux, nous nous reconnaissions, l'espace d'une fraction de seconde ? Rien que de l'imaginer, j'avais une terrible nausée à m'en faire vomir.
Nerveuse alors, je venais me mordre la lèvre inférieure tout en serrant les mains de mon ami tandis que mon regard parcourait les traits de son visage comme si j'essayais de les mémoriser. Comme si c'était la dernière fois que je pouvais l'avoir en face de moi et qu'encore une fois, il disparaitrait.
- Tu sais, à Sainte Mangouste on m'a déjà proposé tout ça mais je n'ai pris aucun rendez-vous. Je n'ai pas pu.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Ven 24 Aoû 2018 - 18:57
Abigail ne se braqua pas. Elle écouta Levius et, en dépit de ses crispations, accepta de considérer la suggestion qu'il lui faisait. De le constater soulagea nettement le jeune homme, trop habitué à l'hostilité que suscite habituellement la psychomagie pour en parler avec désinvolture. Il savait que la plupart des gens en souffrance reculaient au moment d'accéder au soin, pour la bonne et simple raison qu'aller chez un professionnel impliquait d'admettre au préalable l'existence d'un problème.
Il n'y avait rien de stigmatisant à consulter un médecin pour une fracture. En revanche, l'on vivait généralement moins bien les aléas de son psychisme : dépression, angoisse... Il persistait quelque chose de honteux à se dire que l'on n'était pas capable de s'en sortir seul. La représentation des maux dans la société n'était pas équitable. C'est pourquoi Levius fut heureux d'entendre son amie lui demander son avis.
« Je pourrais te conseiller. Dit-il. Mais il faudra que l'on en parle plus tranquillement, que... Tu me donnes tes attentes et... Les problèmes que tu rencontres, pour que je puisse déterminer un ordre des priorités.
Il pinça les lèvres. Levius était prêt à aider Abigail. Il disposait de connaissances théoriques, certes lacunaires en matière de trouble anxieux, mais néanmoins suffisantes pour l'orienter dans une direction plutôt qu'une autre. Toutefois, le jeune homme n'imaginait pas prendre en charge lui-même le suivi de son amie. Il songeait plutôt à la recommander à une personne de confiance, en faisant appel à son réseau de professionnels. Selon lui, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Il lui fournirait le soutien affectif dont elle avait besoin, aux côtés de tous ses proches, tandis qu'elle serait encadrée d'une manière saine et rigoureuse par des spécialistes/
C'est pourquoi sa réaction le prit au dépourvu, l'espace d'un moment. Levius ouvrit la bouche comme pour parler, mais ne parvint pas à articuler quoi que ce soit. Elle lui serrait les mains, nerveuse, tout en le regardant. Il était cerné. Quand elle évoqua Sainte-Mangouste et la tentative avortée de consulter, le jeune homme sentit bien qu'il se trouvait dans une impasse. Il baissa les yeux pour n'avoir pas à endurer son regard, soudain assailli par ses propres pensées.
« Ce n'est pas déontologique...
Souffla-t-il. Le jeune homme avait l'impression de s'être jeté lui-même dans un lac d'eau glacée. La réalité, c'est qu'il n'imaginait pas que l'on attendrait de lui d'exercer si tôt sa profession, de retour dans les Highlands. Quelque chose l'avait blessé, là bas à l'institut. Une chose dont il n'avait encore parlé à personne et qui le faisait douter de ses capacités à exercer.
« Je...
Son visage se froissa légèrement. Une ride apparut entre ses sourcils. Il semblait peiné ou bien embarrassé : c'était difficile à dire.
« On pourra essayer des choses, si tu veux. Finit-il par articuler. Mais je ne serai pas ton psychomage.
Il releva la tête et plongea dans le regard sombre d'Abigail ses yeux bleu.
« On ne peut pas être suivi par un membre de sa famille ou un proche... Mais... Son intonation se fit un peu plus vive, comme lorsque l'on se justifie. Je t'aiderai. Ce n'est pas ma spécialité, mais je lirais des articles sur le sujet. On trouvera un moyen. Enfin... Je chercherai et on essayera jusqu'à ce que ça marche... Si tu veux.
L'enthousiasme de sa voix s'envola aussi vite qu'il était venu. Au moment de conclure, il avait retrouvé cette prudence curieuse qui évoque le doute et la tristesse avant tout le reste.
« C'est juste... Enfin... N'en attend pas trop de moi. Je ne sais pas forcément ce que je fais.
Ses doigts s'étaient crispées. Il ne réalisa pas qu'il serrait peut-être les mains d'Abigail un peu trop fort.
Il n'y avait rien de stigmatisant à consulter un médecin pour une fracture. En revanche, l'on vivait généralement moins bien les aléas de son psychisme : dépression, angoisse... Il persistait quelque chose de honteux à se dire que l'on n'était pas capable de s'en sortir seul. La représentation des maux dans la société n'était pas équitable. C'est pourquoi Levius fut heureux d'entendre son amie lui demander son avis.
« Je pourrais te conseiller. Dit-il. Mais il faudra que l'on en parle plus tranquillement, que... Tu me donnes tes attentes et... Les problèmes que tu rencontres, pour que je puisse déterminer un ordre des priorités.
Il pinça les lèvres. Levius était prêt à aider Abigail. Il disposait de connaissances théoriques, certes lacunaires en matière de trouble anxieux, mais néanmoins suffisantes pour l'orienter dans une direction plutôt qu'une autre. Toutefois, le jeune homme n'imaginait pas prendre en charge lui-même le suivi de son amie. Il songeait plutôt à la recommander à une personne de confiance, en faisant appel à son réseau de professionnels. Selon lui, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Il lui fournirait le soutien affectif dont elle avait besoin, aux côtés de tous ses proches, tandis qu'elle serait encadrée d'une manière saine et rigoureuse par des spécialistes/
C'est pourquoi sa réaction le prit au dépourvu, l'espace d'un moment. Levius ouvrit la bouche comme pour parler, mais ne parvint pas à articuler quoi que ce soit. Elle lui serrait les mains, nerveuse, tout en le regardant. Il était cerné. Quand elle évoqua Sainte-Mangouste et la tentative avortée de consulter, le jeune homme sentit bien qu'il se trouvait dans une impasse. Il baissa les yeux pour n'avoir pas à endurer son regard, soudain assailli par ses propres pensées.
« Ce n'est pas déontologique...
Souffla-t-il. Le jeune homme avait l'impression de s'être jeté lui-même dans un lac d'eau glacée. La réalité, c'est qu'il n'imaginait pas que l'on attendrait de lui d'exercer si tôt sa profession, de retour dans les Highlands. Quelque chose l'avait blessé, là bas à l'institut. Une chose dont il n'avait encore parlé à personne et qui le faisait douter de ses capacités à exercer.
« Je...
Son visage se froissa légèrement. Une ride apparut entre ses sourcils. Il semblait peiné ou bien embarrassé : c'était difficile à dire.
« On pourra essayer des choses, si tu veux. Finit-il par articuler. Mais je ne serai pas ton psychomage.
Il releva la tête et plongea dans le regard sombre d'Abigail ses yeux bleu.
« On ne peut pas être suivi par un membre de sa famille ou un proche... Mais... Son intonation se fit un peu plus vive, comme lorsque l'on se justifie. Je t'aiderai. Ce n'est pas ma spécialité, mais je lirais des articles sur le sujet. On trouvera un moyen. Enfin... Je chercherai et on essayera jusqu'à ce que ça marche... Si tu veux.
L'enthousiasme de sa voix s'envola aussi vite qu'il était venu. Au moment de conclure, il avait retrouvé cette prudence curieuse qui évoque le doute et la tristesse avant tout le reste.
« C'est juste... Enfin... N'en attend pas trop de moi. Je ne sais pas forcément ce que je fais.
Ses doigts s'étaient crispées. Il ne réalisa pas qu'il serrait peut-être les mains d'Abigail un peu trop fort.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Ven 24 Aoû 2018 - 21:27
Les regards et la nette compassion de mon ami me faisaient le plus grand bien. J'avais simplement besoin de ça, me sentir entourée. Qu'importe d'être suivie par un professionnel lorsque l'entourage pouvait tout aussi bien faire son affaire. Tout du moins, j'avais la prétention de croire en cela. Je fixais Levius, comme pendue à ses lèvres, comme s'il avait en lui la clé qui allait me libérer de tous mes maux. Je n'étais pas dupe cependant, et je savais qu'il n'y avait que moi qui pouvais me libérer de mes problèmes… mais je n'y arrivais définitivement pas toute seule, et ce n'était pas faute d'avoir essayé.
Ce n'était pas par fierté que j'avais refusé de consulter, ou parce que je négligeais mon mal intérieur. C'était que je n'arrivais pas à faire confiance à un inconnu pour ça. Même si le psychomage en question me serait conseillé par mon ami d'enfance, j'aurai beaucoup de mal à me rendre au rendez-vous. Ça pouvait sembler être des crises absurdes, des enfantillages, pourtant c'était plus fort que moi. Je ne m'étais jamais forcée à parler à quiconque dans ma vie lorsque ça ma rebutait réellement. Qui le faisait après tout ? Il fallait un intérêt, même minime pour aller parler à quelqu'un. Ici, ma terreur n'était pas assez suffisante pour me convaincre. S'en était dramatique.
- D'accord… mais pas ici. Plutôt au calme, qu'en dis-tu ?
Exposer mon attaque dans un lieu publique avait déjà été une erreur en soit, je ne souhaitais donc pas commencer une sorte de début de thérapie là où je n'avais aucune intimité. Ça revenait un peu au même que de choisir le spécialiste en question.
Pourtant, lorsque je ne lui donnais plus le choix, je voyais sans difficulté le mal que je venais de lui faire. Aussitôt, je m'en voulais, et mon regard se confondait en excuse. Je voulais relever une main pour prendre contact à nouveau avec son visage, sa joue ou ses cheveux, mais je me ravisais… d'autant plus que je commençais à le sentir crispé. Trop crispé. Son allure démontrait une nervosité apparente que je ne lui connaissais que rarement et je devinais que j'avais touché un point sensible, bien malgré moi.
Sans trop savoir quoi répondre, car je n'osais plus parler pour ne pas le blesser davantage, je hochais simplement la tête, l'air confuse alors que je considérais son air froissé et déstabilisé. Je voyais bien pourtant qu'il luttait contre quelque chose et essayait de me le cacher tant bien que mal alors qu'il plongeait son regard dans le mien en ayant un ton rassurant et enthousiasme. Même dans son état, il arrivait à cacher ses émotions. Il avait fait beaucoup de progrès, j'étais heureuse de le constater… mais ça ne suffisait pas pour qu'il puisse me l'occulter entièrement. J'étais rassérénée, dans un sens, car ça signifiait que j'étais restée cette amie sur qui il pouvait compter. Tout du moins, cette personne qui réussissait à le lire et qui pouvait lui venir en aide.
De plus, il avait gagné en force, sans doute avec le travail à la ferme. Je sentais qu'il crispait ses doigts dans les miens, nos articulations devenant blanches ensemble. Je grimaçais légèrement, pourtant je n'essayais pas de me défaire de son emprise. Et puisque je ne pouvais plus bouger mes mains, je me penchais une nouvelle fois en avant pour m'adresser à lui d'une voix aussi claire et calme que possible dans mon état.
- Levius… Je ne te demande pas d'être mon psychomage, et je n'ai que faire de la déontologie…
Je me mordais encore une fois la lèvre inférieure tandis que je cherchais mes mots avant de reprendre en cherchant son regard, dans le but de le rassurer. J'arrivais même à esquisser un léger sourire de réconfort.
- J'ai juste besoin de parler et d'être écoutée, de comprendre ce qui m'arrive et de trouver des solutions pour me sortir de là. Je suis bien entourée, et je n'ai pas refusé les consultations par fierté, mais par timidité et crainte d'être mal prise en charge. J'ai confiance en toi, et je n'ai pas peur d'essayer avec toi.
Plus je parlais et plus je retrouvais assurance et calme. Inspirant profondément comme si je venais de courir un marathon et que j'essayais de retrouver mon souffle, je reprenais, presque redevenue moi-même. La crise et la peur étant passées. Pour le moment.
- Je n'attends rien d'autre que toi que tu sois simplement mon ami. Comme jusqu'à maintenant. Ne te mets pas la pression, je vais le ressentir sinon. Mmh disons que ce sera notre règle numéro 1 dans cette démarche, d'accord ?
Mon visage s'illuminait à nouveau de cette expression sereine qui me personnifiait d'ordinaire lorsque j'étais accompagnée des gens que j'appréciais particulièrement. Oui j'avais confiance en lui, profondément, et je n'avais pas peur de lui servir de cobaye s'il le fallait. Qu'est-ce que je risquais après tout ? Je ne craignais pas d'être davantage traumatisée, à mon sens, ce n'était pas possible. Pourtant, je reprenais une expression sérieuse et concernée en le regardant à nouveau sans perdre mon calme et ma sérénité retrouvée.
- Pourquoi dis-tu que tu ne sais pas forcément ce que tu fais ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Je n'étais pas une personne qui se dévalorisait beaucoup, ou alors, je ne m'en rendais pas spécialement compte. Toutefois, lorsque mon entourage le faisait, je le remarquais aussitôt, et je n'aimais pas ça. Encore plus quand il s'agissait de mes amis. Je ne doutais pas Levius et de ses capacités. Je savais qu'il avait fait des études en psychologie, toutefois j'ignorais jusqu'à quel point et en quoi au juste. C'était, apparemment, un chainon manquant d'importance.
J'avais l'étrange sensation que ma future thérapie n'allait pas être que la mienne.
Ce n'était pas par fierté que j'avais refusé de consulter, ou parce que je négligeais mon mal intérieur. C'était que je n'arrivais pas à faire confiance à un inconnu pour ça. Même si le psychomage en question me serait conseillé par mon ami d'enfance, j'aurai beaucoup de mal à me rendre au rendez-vous. Ça pouvait sembler être des crises absurdes, des enfantillages, pourtant c'était plus fort que moi. Je ne m'étais jamais forcée à parler à quiconque dans ma vie lorsque ça ma rebutait réellement. Qui le faisait après tout ? Il fallait un intérêt, même minime pour aller parler à quelqu'un. Ici, ma terreur n'était pas assez suffisante pour me convaincre. S'en était dramatique.
- D'accord… mais pas ici. Plutôt au calme, qu'en dis-tu ?
Exposer mon attaque dans un lieu publique avait déjà été une erreur en soit, je ne souhaitais donc pas commencer une sorte de début de thérapie là où je n'avais aucune intimité. Ça revenait un peu au même que de choisir le spécialiste en question.
Pourtant, lorsque je ne lui donnais plus le choix, je voyais sans difficulté le mal que je venais de lui faire. Aussitôt, je m'en voulais, et mon regard se confondait en excuse. Je voulais relever une main pour prendre contact à nouveau avec son visage, sa joue ou ses cheveux, mais je me ravisais… d'autant plus que je commençais à le sentir crispé. Trop crispé. Son allure démontrait une nervosité apparente que je ne lui connaissais que rarement et je devinais que j'avais touché un point sensible, bien malgré moi.
Sans trop savoir quoi répondre, car je n'osais plus parler pour ne pas le blesser davantage, je hochais simplement la tête, l'air confuse alors que je considérais son air froissé et déstabilisé. Je voyais bien pourtant qu'il luttait contre quelque chose et essayait de me le cacher tant bien que mal alors qu'il plongeait son regard dans le mien en ayant un ton rassurant et enthousiasme. Même dans son état, il arrivait à cacher ses émotions. Il avait fait beaucoup de progrès, j'étais heureuse de le constater… mais ça ne suffisait pas pour qu'il puisse me l'occulter entièrement. J'étais rassérénée, dans un sens, car ça signifiait que j'étais restée cette amie sur qui il pouvait compter. Tout du moins, cette personne qui réussissait à le lire et qui pouvait lui venir en aide.
De plus, il avait gagné en force, sans doute avec le travail à la ferme. Je sentais qu'il crispait ses doigts dans les miens, nos articulations devenant blanches ensemble. Je grimaçais légèrement, pourtant je n'essayais pas de me défaire de son emprise. Et puisque je ne pouvais plus bouger mes mains, je me penchais une nouvelle fois en avant pour m'adresser à lui d'une voix aussi claire et calme que possible dans mon état.
- Levius… Je ne te demande pas d'être mon psychomage, et je n'ai que faire de la déontologie…
Je me mordais encore une fois la lèvre inférieure tandis que je cherchais mes mots avant de reprendre en cherchant son regard, dans le but de le rassurer. J'arrivais même à esquisser un léger sourire de réconfort.
- J'ai juste besoin de parler et d'être écoutée, de comprendre ce qui m'arrive et de trouver des solutions pour me sortir de là. Je suis bien entourée, et je n'ai pas refusé les consultations par fierté, mais par timidité et crainte d'être mal prise en charge. J'ai confiance en toi, et je n'ai pas peur d'essayer avec toi.
Plus je parlais et plus je retrouvais assurance et calme. Inspirant profondément comme si je venais de courir un marathon et que j'essayais de retrouver mon souffle, je reprenais, presque redevenue moi-même. La crise et la peur étant passées. Pour le moment.
- Je n'attends rien d'autre que toi que tu sois simplement mon ami. Comme jusqu'à maintenant. Ne te mets pas la pression, je vais le ressentir sinon. Mmh disons que ce sera notre règle numéro 1 dans cette démarche, d'accord ?
Mon visage s'illuminait à nouveau de cette expression sereine qui me personnifiait d'ordinaire lorsque j'étais accompagnée des gens que j'appréciais particulièrement. Oui j'avais confiance en lui, profondément, et je n'avais pas peur de lui servir de cobaye s'il le fallait. Qu'est-ce que je risquais après tout ? Je ne craignais pas d'être davantage traumatisée, à mon sens, ce n'était pas possible. Pourtant, je reprenais une expression sérieuse et concernée en le regardant à nouveau sans perdre mon calme et ma sérénité retrouvée.
- Pourquoi dis-tu que tu ne sais pas forcément ce que tu fais ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Je n'étais pas une personne qui se dévalorisait beaucoup, ou alors, je ne m'en rendais pas spécialement compte. Toutefois, lorsque mon entourage le faisait, je le remarquais aussitôt, et je n'aimais pas ça. Encore plus quand il s'agissait de mes amis. Je ne doutais pas Levius et de ses capacités. Je savais qu'il avait fait des études en psychologie, toutefois j'ignorais jusqu'à quel point et en quoi au juste. C'était, apparemment, un chainon manquant d'importance.
J'avais l'étrange sensation que ma future thérapie n'allait pas être que la mienne.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Ven 24 Aoû 2018 - 22:19
Quand Abigail indiqua à Levius qu'elle souhaitait reporter le moment du bilan à un contexte plus intime, le jeune homme acquiesça aussitôt, comme s'il venait de réaliser qu'il avait manqué de clarté.
« Non, pas ici bien sûr. Un autre jour, chez moi... Ou chez toi. Ou ailleurs. Tu me diras. Juste... Il faut que je prépare un peu le sujet, avant. Et toi... Tu pourras y réfléchir aussi.
Le sujet demeurait délicat. Levius se plaçait instinctivement sur la défensive, mais il n'en avait pas conscience. Naturellement, il savait en lui-même que la psychomagie était devenu une dimension compliquée de son existence, mais il peinait à imaginer qu'un autre que lui s'en rende compte. Le jeune homme était habitué à ne rien laisser passer. Il était habitué à ne pas être compris, à ce que l'on ne s'inquiète pas pour lui. D'ailleurs, le remarquait-on seulement ?
A présent silencieux, le regard baissé, Levius remarqua la force de son étreinte sur les mains d'Abigail. Il la relâcha, traversé par un sentiment de honte diffus : elle n'avait rien dit, mais il était persuadé lui avoir fait mal. Terrible constat... Et le fait que sa voix ait retrouvé son calme lui apporta même la confirmation qu'il redoutait : elle avait remarqué son trouble et essayait désormais de le restructurer en l'apaisant. Le jeune homme se sentait comme un petit garçon : comme celui qu'il était, avant. Celui qui a peur de tour, qui s'angoisse pour un rien. Il fallait toujours qu'on le recadre, cet enfant, sinon son esprit se dispersait et il prenait peur.
Il n'était pas question de lui, pourtant.
Les paroles de la jeune femme le marquèrent de plusieurs impression mêlées. Il cernait un peu mieux ses motivations, ses besoins. Il était heureux de la confiance qu'elle lui portait. Il comprenait, il compatissait : la chose était claire et il ferait tout son possible pour lui donner ce dont elle avait besoin.
Mais dans le même temps...
Il voulait qu'elle réalise qu'il n'était pas la personne la mieux à même de l'aider. Peut-être même était-il la pire ? Si elle savait, sans doute réaliserait-elle qu'il n'était digne d'aucune confiance ? Sans doute le détesterait-elle... Sans doute aurait-elle raison.
Voilà Levius, si sereinement confiant... Il laissait le doute se frayer un chemin en lui pour abattre la structure interne de son être. Quelques paroles et le jeune homme tranquille perdait toute capacité à faire preuve d'indulgence envers lui même.
Levius ne regardait plus Abigail. Il l'écoutait, mais semblait perdu dans ses pensées. C'était une chose étrange. Il venait de régresser drastiquement. Les questions de la jeune femme ne trouvaient plus de réponse.
Il fallu attendre la dernière question d'Abigail pour le voir réagir à nouveau. Levius se crispa à l'instant même où elle lui demanda ce qui lui était arrivé. Jusque là accroupi, le jeune homme se laissa doucement retomber en arrière, finissant assit en tailleur sur le sol de la serre du jardin botanique. Ses mains se rassemblèrent près de son ventre et il se mit nerveusement à jouer avec ses doigts. Il avait toujours le regard dans le vague, dirigé vers un point insignifiant tant que sa tête restait baissée.
Après un moment, il ouvrit la bouche, comme pour parler. Mais une fois de plus, il n'y parvint pas. Le garçon acheva alors de se renfrogner, n'offrant pour réponse à la jeune femme qu'un « non » répétitif de la tête. Au fond de sa gorge croissait une pression qui l'empêchait de prononcer le moindre mot. Il se tordait toujours nerveusement les doigts, concentré sur le contrôle de ses émotions plus que sur toute autre chose.
C'était trop tôt. Il n'était pas prêt.
« Non, pas ici bien sûr. Un autre jour, chez moi... Ou chez toi. Ou ailleurs. Tu me diras. Juste... Il faut que je prépare un peu le sujet, avant. Et toi... Tu pourras y réfléchir aussi.
Le sujet demeurait délicat. Levius se plaçait instinctivement sur la défensive, mais il n'en avait pas conscience. Naturellement, il savait en lui-même que la psychomagie était devenu une dimension compliquée de son existence, mais il peinait à imaginer qu'un autre que lui s'en rende compte. Le jeune homme était habitué à ne rien laisser passer. Il était habitué à ne pas être compris, à ce que l'on ne s'inquiète pas pour lui. D'ailleurs, le remarquait-on seulement ?
A présent silencieux, le regard baissé, Levius remarqua la force de son étreinte sur les mains d'Abigail. Il la relâcha, traversé par un sentiment de honte diffus : elle n'avait rien dit, mais il était persuadé lui avoir fait mal. Terrible constat... Et le fait que sa voix ait retrouvé son calme lui apporta même la confirmation qu'il redoutait : elle avait remarqué son trouble et essayait désormais de le restructurer en l'apaisant. Le jeune homme se sentait comme un petit garçon : comme celui qu'il était, avant. Celui qui a peur de tour, qui s'angoisse pour un rien. Il fallait toujours qu'on le recadre, cet enfant, sinon son esprit se dispersait et il prenait peur.
Il n'était pas question de lui, pourtant.
Les paroles de la jeune femme le marquèrent de plusieurs impression mêlées. Il cernait un peu mieux ses motivations, ses besoins. Il était heureux de la confiance qu'elle lui portait. Il comprenait, il compatissait : la chose était claire et il ferait tout son possible pour lui donner ce dont elle avait besoin.
Mais dans le même temps...
Il voulait qu'elle réalise qu'il n'était pas la personne la mieux à même de l'aider. Peut-être même était-il la pire ? Si elle savait, sans doute réaliserait-elle qu'il n'était digne d'aucune confiance ? Sans doute le détesterait-elle... Sans doute aurait-elle raison.
Voilà Levius, si sereinement confiant... Il laissait le doute se frayer un chemin en lui pour abattre la structure interne de son être. Quelques paroles et le jeune homme tranquille perdait toute capacité à faire preuve d'indulgence envers lui même.
Levius ne regardait plus Abigail. Il l'écoutait, mais semblait perdu dans ses pensées. C'était une chose étrange. Il venait de régresser drastiquement. Les questions de la jeune femme ne trouvaient plus de réponse.
Il fallu attendre la dernière question d'Abigail pour le voir réagir à nouveau. Levius se crispa à l'instant même où elle lui demanda ce qui lui était arrivé. Jusque là accroupi, le jeune homme se laissa doucement retomber en arrière, finissant assit en tailleur sur le sol de la serre du jardin botanique. Ses mains se rassemblèrent près de son ventre et il se mit nerveusement à jouer avec ses doigts. Il avait toujours le regard dans le vague, dirigé vers un point insignifiant tant que sa tête restait baissée.
Après un moment, il ouvrit la bouche, comme pour parler. Mais une fois de plus, il n'y parvint pas. Le garçon acheva alors de se renfrogner, n'offrant pour réponse à la jeune femme qu'un « non » répétitif de la tête. Au fond de sa gorge croissait une pression qui l'empêchait de prononcer le moindre mot. Il se tordait toujours nerveusement les doigts, concentré sur le contrôle de ses émotions plus que sur toute autre chose.
C'était trop tôt. Il n'était pas prêt.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Ven 24 Aoû 2018 - 23:16
La réaction du jeune homme se fit d'autant plus aigüe alors que j'essayais de le rassurer. Je n'étais pas psychomage, et heureusement, j'aurai été l'une des pires, trop franche et trop maladroite dans ma manière d'être. Toutefois, je m'en voulais de ne pas avoir pu rendre cette assurance au garçon qui me faisait face. Je le percevais en train de se décomposer, et mon esprit voyait alors une sorte de Benjamin Button se métamorphoser devant moi. D'adulte presque accompli, il devint un petit garçon frêle et perdu dans un torrent d'émotions qui le dépassait. Je connaissais ce genre d'angoisse, je n'étais donc pas surprise. Je n'avais pas oublié que ça lui était déjà arrivé lorsque nous étions enfants, et à cette époque, je n'avais pas bien su comment réagir. J'essayais de lui parler, mais ça ne fonctionnait pas bien. La plupart du temps, je m'effaçais et attendais qu'il redevienne lui-même, comme une ombre. Je ne m'imposais pas assez à cette époque pour être capable de quoique ce soit de plus. Aileas l'était, mais son tempérament trop dynamique l'enfonçait bien souvent davantage qu'elle ne l'aidait.
Aujourd'hui, j'avais changé, j'avais gagné en assurance, surtout ces huit derniers mois. Un ami qui sortait de l'ordinaire me l'avait bien suggéré au début de l'année. Je devais savoir me faire une place dans la société, au risque de ne pas faire entendre ma voix en dragonologie, et de me faire marcher dessus. J'avais beaucoup considéré ces mots, et je m'étais souvent fait violence. Et c'est ce que j'allais faire maintenant.
Fort heureusement, je n'avais pas assez de considération envers moi-même et mon état lorsque mes amis démontraient de la détresse. J'arrivais donc à mettre ma peine et ma terreur de côté, à l'enfermer à double tour dans un coin de mon esprit et à me consacrer uniquement sur l'état de Levius. C'était comme si m'occuper des autres m'aidaient à me guérir, mais ce n'était qu'une image fardée. Je ne faisais que reporter mes propres problèmes à plus tard. Pour avoir vu faire Aislin, je savais que ce n'était pas une solution.
Sans le vouloir, j'avais appuyé sur un point sensible de celui qui me faisait face, c'était donc à moi de réparer les dégâts, et pas en attendant bêtement qu'il retrouve ses esprits, comme à l'époque.
Hélas, je n'avais pas ma baguette avec moi, j'étais donc dans l'incapacité d'utiliser la magie avec elle. Mais j'avais d'autre ressource heureusement. Voyant le jeune homme se poser en tailleur par terre, il me fallut un instant pour le considérer avec attention en réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir faire. Et puisque je savais par avance que les mots n'allaient pas fonctionner, j'allais agir. Comme je l'avais fait plus tôt en l'enlaçant, mais de manière différente cette fois. Observant autour de moi tranquillement, je me relevais et fis quelque pas en dehors du chemin balisé par les cailloux. M'aventurant dans l'herbe, je me penchais pour attraper quelque chose à terre, avant de passer devant une plantation de roses.
Calmement, je revenais vers mon ami recroquevillé qui secouait de temps à autre la tête en signe de négation. Sans vraiment y porter attention, je venais m'agenouiller devant lui, posant mes fesses sur mes pieds. Tout en gardant un silence religieux, je déposais ma main juste devant ses pieds, sous ses yeux, ma paume contenant une rose jaune. La couleur n'avait pas de signification de parole cette fois-ci, mais son langage en avait un. Celui du pardon. En général, c'était surtout adressé à une histoire d'amour, de couple, comme une tromperie. Nous n'étions pas en couple, et je ne le désirais pas, n'ayant pour lui que des sentiments amicaux. Pourtant, une paire d'amis comme nous, ça pouvait s'apparenter à un genre de couple. Bien spécial, certes, et très peu commun, mais un couple quand même.
Je tenais à m'excuser d'avoir pu le blesser, c'était un peu comme une trahison dans l’amitié, car ce n'était pas dans mon intention. Et même s'il en avait conscience, je voulais le lui signifier. La magie en moi faisant son office, les quelques pétales de la rose jaune se détachèrent lentement pour tourbillonner entre elles, à l'instar des carpes que nous avions observé un peu plus tôt. C'était un ballet de minis danseuses dont nous étions les seuls spectateurs silencieux.
Une fois certaine que l'attention du jeune homme fut captée par les pétales et qu'il commençait à en saisir le sens, j'introduisais une nouvelle danseuse. Une feuille de noisetier. Elle était là pour symboliser notre réconciliation, mon désir de me faire pardonner. Elle venait ajouter une couleur verte et chatoyante à l'ensemble de la chorégraphie. J'ignorais combien de temps tout cela avait pris. Une minute ? Une heure ? Ça m'importait peu. J'attendais patiemment que mon ami ait l'attention capté par le spectacle et les messages qui étaient cachés. J'attendais qu'il puisse canaliser le flot de pensées qui le submergeait.
Je n'osais pas reprendre la parole, de peur de briser mes efforts, prenant toujours garde à ce que nous ne soyons pas vus par les moldus. Mon regard cherchait inlassablement le sien, patientant qu'il daigne à nouveau me regarder, et me pardonner.
Aujourd'hui, j'avais changé, j'avais gagné en assurance, surtout ces huit derniers mois. Un ami qui sortait de l'ordinaire me l'avait bien suggéré au début de l'année. Je devais savoir me faire une place dans la société, au risque de ne pas faire entendre ma voix en dragonologie, et de me faire marcher dessus. J'avais beaucoup considéré ces mots, et je m'étais souvent fait violence. Et c'est ce que j'allais faire maintenant.
Fort heureusement, je n'avais pas assez de considération envers moi-même et mon état lorsque mes amis démontraient de la détresse. J'arrivais donc à mettre ma peine et ma terreur de côté, à l'enfermer à double tour dans un coin de mon esprit et à me consacrer uniquement sur l'état de Levius. C'était comme si m'occuper des autres m'aidaient à me guérir, mais ce n'était qu'une image fardée. Je ne faisais que reporter mes propres problèmes à plus tard. Pour avoir vu faire Aislin, je savais que ce n'était pas une solution.
Sans le vouloir, j'avais appuyé sur un point sensible de celui qui me faisait face, c'était donc à moi de réparer les dégâts, et pas en attendant bêtement qu'il retrouve ses esprits, comme à l'époque.
Hélas, je n'avais pas ma baguette avec moi, j'étais donc dans l'incapacité d'utiliser la magie avec elle. Mais j'avais d'autre ressource heureusement. Voyant le jeune homme se poser en tailleur par terre, il me fallut un instant pour le considérer avec attention en réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir faire. Et puisque je savais par avance que les mots n'allaient pas fonctionner, j'allais agir. Comme je l'avais fait plus tôt en l'enlaçant, mais de manière différente cette fois. Observant autour de moi tranquillement, je me relevais et fis quelque pas en dehors du chemin balisé par les cailloux. M'aventurant dans l'herbe, je me penchais pour attraper quelque chose à terre, avant de passer devant une plantation de roses.
Calmement, je revenais vers mon ami recroquevillé qui secouait de temps à autre la tête en signe de négation. Sans vraiment y porter attention, je venais m'agenouiller devant lui, posant mes fesses sur mes pieds. Tout en gardant un silence religieux, je déposais ma main juste devant ses pieds, sous ses yeux, ma paume contenant une rose jaune. La couleur n'avait pas de signification de parole cette fois-ci, mais son langage en avait un. Celui du pardon. En général, c'était surtout adressé à une histoire d'amour, de couple, comme une tromperie. Nous n'étions pas en couple, et je ne le désirais pas, n'ayant pour lui que des sentiments amicaux. Pourtant, une paire d'amis comme nous, ça pouvait s'apparenter à un genre de couple. Bien spécial, certes, et très peu commun, mais un couple quand même.
Je tenais à m'excuser d'avoir pu le blesser, c'était un peu comme une trahison dans l’amitié, car ce n'était pas dans mon intention. Et même s'il en avait conscience, je voulais le lui signifier. La magie en moi faisant son office, les quelques pétales de la rose jaune se détachèrent lentement pour tourbillonner entre elles, à l'instar des carpes que nous avions observé un peu plus tôt. C'était un ballet de minis danseuses dont nous étions les seuls spectateurs silencieux.
Une fois certaine que l'attention du jeune homme fut captée par les pétales et qu'il commençait à en saisir le sens, j'introduisais une nouvelle danseuse. Une feuille de noisetier. Elle était là pour symboliser notre réconciliation, mon désir de me faire pardonner. Elle venait ajouter une couleur verte et chatoyante à l'ensemble de la chorégraphie. J'ignorais combien de temps tout cela avait pris. Une minute ? Une heure ? Ça m'importait peu. J'attendais patiemment que mon ami ait l'attention capté par le spectacle et les messages qui étaient cachés. J'attendais qu'il puisse canaliser le flot de pensées qui le submergeait.
Je n'osais pas reprendre la parole, de peur de briser mes efforts, prenant toujours garde à ce que nous ne soyons pas vus par les moldus. Mon regard cherchait inlassablement le sien, patientant qu'il daigne à nouveau me regarder, et me pardonner.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Sam 25 Aoû 2018 - 16:36
Levius ne remarqua pas l'absence d'Abigail. Il s'était laissé couler en lui-même, absorbé par la pénombre tranquille de son propre esprit. Les aléas du monde extérieur semblaient bien loin. Il n'y avait que des lambeaux d'émotion flottant autour de lui dont il essayait de freiner le cours. Pourquoi prenait-il les choses à ce point intensément ? Ce n'était qu'une question. Il n'était pas obligé de répondre (d'ailleurs, il ne l'avait pas fait). La peine rattachée à un souvenir ne devrait pas le terrasser de la sorte : ce n'était pas le monde réel. Tout ceci était derrière lui... Tout du moins, c'est ce qu'il se disait.
Après un moment, dont il aurait été bien incapable d'estimer la durée, Abigail apparut dans son champ de vision. Plus précisément : la main d'Abigail apparut dans son champ de vision. Elle tenait une rose jaune : l'attention de Levius fut aussitôt captée par la couleur. Il pensa brièvement au « 1 » puis, le garçon se laissa fasciner par le ballet élégant des pétales. Abigail faisait de la magie comme les enfants : cette pensée l'adoucit aussitôt. Elle ne se servait pas de sa baguette mais de l'instinct innée qu'ont les jeunes sorciers avec la nature environnante. Il trouva ça très beau et se laissa bercer docilement par la vision offerte.
Puis, quand la feuille de noisetier s'invita à la fête, Levius comprit le sens caché derrière tout cela. Abigail lui demandait pardon : sans doute s'en voulait-elle de l'avoir mis dans cet état. Ce n'était pourtant pas sa faute, pensait-il : c'était lui le problème. Lui et ses émotions beaucoup trop vives, sa façon d'être étrange. Il se sentait coupable.
Cessant de tordre ses doigts, Levius vint attraper doucement le poignet d'Abigail. Son autre main s'éleva ensuite, avant de venir se poser sur celle de la jeune femme et la fleur, un peu comme un couvercle. Quelques secondes à peine s'écoulèrent. Quand il la libéra de son emprise, la rose s'était transformée en fleur d'Astragale.
« Pardon. Dit-il à voix basse. Je ne suis pas fâché du tout.
C'était vrai. Levius n'en voulait pas à Abigail de lui avoir posé la question. A dire vrai, il aurait aimé pouvoir lui répondre simplement et que ça ne pose aucun problème. Hélas, il y avait cette boule au fond de sa gorge.
« Je te raconterai, mais... Pas aujourd'hui.
Ajouta-t-il ensuite, avant de renifler. Il ôta brièvement ses lunettes, le temps d'essuyer le coin de ses yeux du revers de sa manche. Le souvenir pulsait encore doucement au fond de son ventre : ça le rendait triste. Il se sentait abattu, morose. Heureusement qu'il savait que cet état passerait aussi vite qu'il était venu : à défaut d'empêcher ses émotions de faire le grand huit, Levius se connaissait assez pour relativiser (un peu) les choses.
« Je me sens bête maintenant... Désolé.
Il étira un sourire un peu vain, en la regardant très brièvement. Ses défenses psychiques se remettaient en place et il se sentait idiot d'avoir fait montre d'autant de vulnérabilité. On ne s’épanchait pas autant, normalement.
« Si on sortait prendre l'air ?
L'atmosphère lourde de la serre tropicale commençait à le peser un peu. Assurément, ils avaient besoin de s'aérer l'esprit.
Après un moment, dont il aurait été bien incapable d'estimer la durée, Abigail apparut dans son champ de vision. Plus précisément : la main d'Abigail apparut dans son champ de vision. Elle tenait une rose jaune : l'attention de Levius fut aussitôt captée par la couleur. Il pensa brièvement au « 1 » puis, le garçon se laissa fasciner par le ballet élégant des pétales. Abigail faisait de la magie comme les enfants : cette pensée l'adoucit aussitôt. Elle ne se servait pas de sa baguette mais de l'instinct innée qu'ont les jeunes sorciers avec la nature environnante. Il trouva ça très beau et se laissa bercer docilement par la vision offerte.
Puis, quand la feuille de noisetier s'invita à la fête, Levius comprit le sens caché derrière tout cela. Abigail lui demandait pardon : sans doute s'en voulait-elle de l'avoir mis dans cet état. Ce n'était pourtant pas sa faute, pensait-il : c'était lui le problème. Lui et ses émotions beaucoup trop vives, sa façon d'être étrange. Il se sentait coupable.
Cessant de tordre ses doigts, Levius vint attraper doucement le poignet d'Abigail. Son autre main s'éleva ensuite, avant de venir se poser sur celle de la jeune femme et la fleur, un peu comme un couvercle. Quelques secondes à peine s'écoulèrent. Quand il la libéra de son emprise, la rose s'était transformée en fleur d'Astragale.
« Pardon. Dit-il à voix basse. Je ne suis pas fâché du tout.
C'était vrai. Levius n'en voulait pas à Abigail de lui avoir posé la question. A dire vrai, il aurait aimé pouvoir lui répondre simplement et que ça ne pose aucun problème. Hélas, il y avait cette boule au fond de sa gorge.
« Je te raconterai, mais... Pas aujourd'hui.
Ajouta-t-il ensuite, avant de renifler. Il ôta brièvement ses lunettes, le temps d'essuyer le coin de ses yeux du revers de sa manche. Le souvenir pulsait encore doucement au fond de son ventre : ça le rendait triste. Il se sentait abattu, morose. Heureusement qu'il savait que cet état passerait aussi vite qu'il était venu : à défaut d'empêcher ses émotions de faire le grand huit, Levius se connaissait assez pour relativiser (un peu) les choses.
« Je me sens bête maintenant... Désolé.
Il étira un sourire un peu vain, en la regardant très brièvement. Ses défenses psychiques se remettaient en place et il se sentait idiot d'avoir fait montre d'autant de vulnérabilité. On ne s’épanchait pas autant, normalement.
« Si on sortait prendre l'air ?
L'atmosphère lourde de la serre tropicale commençait à le peser un peu. Assurément, ils avaient besoin de s'aérer l'esprit.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Lun 27 Aoû 2018 - 8:56
Je laissais à Levius tout le temps dont il avait besoin pour se remettre, et c'est en sentant du soulagement au fond de moi que je regardais ses mains cesser de s'emmêler pour venir me voir moi. L'une attrapant mon poignet, l'autre formant une cloche sur ma paume ouverte. Calmement, j'observais sans indiscrétion mon ami sans pour autant lui imposer mon regard. Je savais, même à mon échelle d'émotion, que ça pouvait être difficile à supporter après une crise. Ma timidité en savait quelque chose. Puis, mon regard se baissa sur la fleur d'Astragale, me volant un petit sourire doux. Et tandis que je l'admirais, j'écoutais le jeune homme me parler à voix basse, même si je n'en avais pas l'air, trop absorbée par la fleur. Je me doutais bien qu'il n'était pas fâché, pourtant ma grande politesse et ma timidité, encore elle, m'avaient dictés de m'excuser. Je ne m'imposais jamais, d'aucune façon que ce soit, à quelqu'un. Plus j'étais transparente, mieux je me portais… et même si c'était un constat triste, il en valait de même lorsque j'étais avec mes amis… Même avec Adoración. Je ne voulais surcharger personne de ma présence.
Alors, me faire remarquer de la sorte à Levius, même si ça avait été involontaire, me mettait extrêmement mal à l'aise.
- Quand tu seras prêt.
Je gardais cet air doux alors que je le regardais s'essuyer les yeux rapidement. Pour qu'il se mette dans un tel état émotionnel, c'était que ce qui était arrivé avait dû être grave. Peut-être pas pour son entourage, ou pour la personne ou les personnes concernées. Mais pour lui, dans sa sensibilité, c'était grave. Alors, ça l'était aussi pour moi. Toutefois, je comprenais sa détresse et j'en avais pris pleine mesure à l'instant, je n'allais donc pas l'obliger à se dévoiler. Il y avait déjà beaucoup sentiments à gérer depuis nos retrouvailles. Inutile d'en rajouter, même à moi. Car même moi, maintenant, je me sentais fébrile, à cause de ma propre terreur.
Si proche de lui, j'arrivais à raisonner, mais je savais qu'il suffise que je m'éloigne très légèrement pour que j'aie la sensation que quelque chose vienne me sauter dessus par derrière pour me labourer la nuque et le dos.
Reposant mes mains sur mes cuisses, je ne pouvais me défaire de ma douceur apparente alors qu'un froid glacé me coulait le long de l'échine.
- Tu n'as pas à t'excuser.
De par mon affabilité apparente, je lui montrais que je ne lui en tenais pas rancune, et surtout que je ne faisais aucune façon de s'être montré si vulnérable. Dans un sens, ça m'avait permis de reprendre le contrôle de moi-même, mais ce n'était pas complet, ni satisfaisant.
Et à son invitation à sortir du jardin, je hochais doucement la tête en me relevant. J'attendais qu'il récupère ses affaires, enfonçait mes mains dans mes poches et reprenais une marche tranquille jusqu'à la sortie. Je jetais des regards un peu craintifs dans les buissons et les enclos des animaux, comme si je m'apprêtais à voir mon geôlier à tout instant. Pourtant, je faisais des efforts pour ne rien laisser paraître, même si j'avais conscience que face à Levius et à son sens de l'observation, ça ne servirait pas à grand-chose.
- Tu sais… tu n'es pas obligé de faire ça pour moi si… si tu n'en as pas envie.
Encore une fois, je ne voulais en aucun cas m'imposer. Il n'avait pas semblé certain de son choix, comme si je l'avais emprisonné dans des paroles qu'il regrettait d'avoir avancé. Voilà deux mois que je me débrouillais sans l'aide d'un psychomage. Je pouvais continuer après tout. J'étais bien plus soucieuse de ne pas forcer mon ami d'enfance à s'occuper de moi, que de m'occuper de ma santé mentale. J'étais comme ça, un genre de sacrifice absurde de ma personne.
Mais alors que je clignais des yeux pour essayer de me convaincre qu'aucun loup-garou n'allait me sauter dessus, je changeais rapidement de sujet.
- Au fait, concernant la ferme et ma visite… Je voudrais te présenter quelqu'un. Un bon ami, sur qui je peux compter. Il est aussi passionné de botanique, comme nous deux, si ce n'est pas plus. Ensemble, nous avons eu une idée… mais nous aurions besoin de toi.
Alors, me faire remarquer de la sorte à Levius, même si ça avait été involontaire, me mettait extrêmement mal à l'aise.
- Quand tu seras prêt.
Je gardais cet air doux alors que je le regardais s'essuyer les yeux rapidement. Pour qu'il se mette dans un tel état émotionnel, c'était que ce qui était arrivé avait dû être grave. Peut-être pas pour son entourage, ou pour la personne ou les personnes concernées. Mais pour lui, dans sa sensibilité, c'était grave. Alors, ça l'était aussi pour moi. Toutefois, je comprenais sa détresse et j'en avais pris pleine mesure à l'instant, je n'allais donc pas l'obliger à se dévoiler. Il y avait déjà beaucoup sentiments à gérer depuis nos retrouvailles. Inutile d'en rajouter, même à moi. Car même moi, maintenant, je me sentais fébrile, à cause de ma propre terreur.
Si proche de lui, j'arrivais à raisonner, mais je savais qu'il suffise que je m'éloigne très légèrement pour que j'aie la sensation que quelque chose vienne me sauter dessus par derrière pour me labourer la nuque et le dos.
Reposant mes mains sur mes cuisses, je ne pouvais me défaire de ma douceur apparente alors qu'un froid glacé me coulait le long de l'échine.
- Tu n'as pas à t'excuser.
De par mon affabilité apparente, je lui montrais que je ne lui en tenais pas rancune, et surtout que je ne faisais aucune façon de s'être montré si vulnérable. Dans un sens, ça m'avait permis de reprendre le contrôle de moi-même, mais ce n'était pas complet, ni satisfaisant.
Et à son invitation à sortir du jardin, je hochais doucement la tête en me relevant. J'attendais qu'il récupère ses affaires, enfonçait mes mains dans mes poches et reprenais une marche tranquille jusqu'à la sortie. Je jetais des regards un peu craintifs dans les buissons et les enclos des animaux, comme si je m'apprêtais à voir mon geôlier à tout instant. Pourtant, je faisais des efforts pour ne rien laisser paraître, même si j'avais conscience que face à Levius et à son sens de l'observation, ça ne servirait pas à grand-chose.
- Tu sais… tu n'es pas obligé de faire ça pour moi si… si tu n'en as pas envie.
Encore une fois, je ne voulais en aucun cas m'imposer. Il n'avait pas semblé certain de son choix, comme si je l'avais emprisonné dans des paroles qu'il regrettait d'avoir avancé. Voilà deux mois que je me débrouillais sans l'aide d'un psychomage. Je pouvais continuer après tout. J'étais bien plus soucieuse de ne pas forcer mon ami d'enfance à s'occuper de moi, que de m'occuper de ma santé mentale. J'étais comme ça, un genre de sacrifice absurde de ma personne.
Mais alors que je clignais des yeux pour essayer de me convaincre qu'aucun loup-garou n'allait me sauter dessus, je changeais rapidement de sujet.
- Au fait, concernant la ferme et ma visite… Je voudrais te présenter quelqu'un. Un bon ami, sur qui je peux compter. Il est aussi passionné de botanique, comme nous deux, si ce n'est pas plus. Ensemble, nous avons eu une idée… mais nous aurions besoin de toi.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Mar 28 Aoû 2018 - 14:55
Les réconciliations s'étaient faites aussi doucement que leurs retrouvailles. Aucun d'eux n'avait voulu blesser l'autre, mais il arrivait parfois que les sensibilités soient malmenées sans que l'on n'y puisse grand chose. Dans le cas de Levius et Abigail, les ajustements se faisaient vite et même si cela passait par de grandes et impressionnantes vagues émotionnelles, ce n'était pas si grave dans le fond.
Le jeune homme se releva donc doucement, avant de se tourner vers son sac et passer la bandoulière par dessus son épaule. Son regard s'en alla ensuite balayer l'espace alentours. Il reprenait conscience de l'endroit dans lequel il se trouvait, constatant que les gens allaient et venaient autour d'eux et que les poissons nageaient toujours, indolents, dans leur bassin. Évidence. Cette réalité lui avait totalement échappé. Il avait l'impression de sortir à l'extérieur de sa maison en plein milieu de l'hiver : effet de contraste.
Malgré tout, Abigail savait désormais qu'il restait quelque chose de douloureux entre Levius et la psychomagie. Cela l'amenait naturellement à douter de l'engagement qu'il avait accepté de prendre auprès d'elle. Elle ne tarda d'ailleurs pas à l'exprimer à travers une remarque pleine de retenue. Levius se demanda aussitôt si elle avait perçu la prudence dans sa voix. Il s'était effectivement senti un peu pressé par elle, à un moment. Mais à partir du moment où il avait accepté, son engagement s'était scellé de toute sa sincérité.
« Si, j'en ai envie. Lui dit-il. C'est promis.
Le problème de Levius se situait ailleurs et elle le savait désormais, quand bien même ignorerait-elle le détail de l'affaire. Il savait que le sujet s'inviterait à nouveau entre eux, un jour. Peut-être la prochaine fois qu'ils se verraient ? Peut-être plus tard. Il n'en savait rien, mais ce dont il était sûr, c'est qu'il lui fallait un environnement plus sûr que cette serre ouverte au public pour se confier.
Personne n'était au courant dans les Highlands. Il n'y avait que ses collègues de l'institut aux États-Unis et c'était tout. Là aussi, il y avait une raison à cela. Une raison bien simple : c'était la honte. La honte terrible et la culpabilité qui balançaient telles une épée de Damoclès au dessus de sa tête pour lui interdire de reprendre sa profession.
En silence, les deux jeunes gens sortirent finalement de la serre tropicale. En comparaison, le jardin semblait plus frais. Pourtant, un beau soleil brillait toujours au dessus d'eux dans un ciel sans nuage. Levius inspira une profonde bouffée de cet air abondant et en mouvement, sentant le poids sur ses entrailles s'envoler à mesure qu'ils parcouraient les allées de gravier. Dans le même temps, Abigail acheva de clore l'incident en abordant un nouveau sujet. Le garçon l'écouta distraitement et il lui fallu un moment avant de mettre en ordre le sens de ce qu'elle venait de dire.
« Un ami ? Répéta mécaniquement le jeune homme. Quelle idée ?
Il était certainement aussi craintif que curieux à l'idée de participer à un projet (quel qu'il soit) en compagnie d'une personne dont il ignorait tout. Levius ne laissait pas facilement entrer les gens dans sa vie et s'il pouvait socialiser (à l'occasion) avec des inconnus, mener des projets entrait déjà plus dans le cadre de l'épreuve. La notion de difficulté se substituait bien vite à celle du plaisir.
« C'est pour ça que tu voulais savoir si il y a toujours une serre à la ferme ?
Malin, la connexion entre les deux informations ne lui avait pas échappé et il réalisait qu'Abigail avait manifestement l'intention de lui en parler depuis un moment, puisqu'ils avaient abordé le sujet dès le début de leurs retrouvailles.
Le jeune homme se releva donc doucement, avant de se tourner vers son sac et passer la bandoulière par dessus son épaule. Son regard s'en alla ensuite balayer l'espace alentours. Il reprenait conscience de l'endroit dans lequel il se trouvait, constatant que les gens allaient et venaient autour d'eux et que les poissons nageaient toujours, indolents, dans leur bassin. Évidence. Cette réalité lui avait totalement échappé. Il avait l'impression de sortir à l'extérieur de sa maison en plein milieu de l'hiver : effet de contraste.
Malgré tout, Abigail savait désormais qu'il restait quelque chose de douloureux entre Levius et la psychomagie. Cela l'amenait naturellement à douter de l'engagement qu'il avait accepté de prendre auprès d'elle. Elle ne tarda d'ailleurs pas à l'exprimer à travers une remarque pleine de retenue. Levius se demanda aussitôt si elle avait perçu la prudence dans sa voix. Il s'était effectivement senti un peu pressé par elle, à un moment. Mais à partir du moment où il avait accepté, son engagement s'était scellé de toute sa sincérité.
« Si, j'en ai envie. Lui dit-il. C'est promis.
Le problème de Levius se situait ailleurs et elle le savait désormais, quand bien même ignorerait-elle le détail de l'affaire. Il savait que le sujet s'inviterait à nouveau entre eux, un jour. Peut-être la prochaine fois qu'ils se verraient ? Peut-être plus tard. Il n'en savait rien, mais ce dont il était sûr, c'est qu'il lui fallait un environnement plus sûr que cette serre ouverte au public pour se confier.
Personne n'était au courant dans les Highlands. Il n'y avait que ses collègues de l'institut aux États-Unis et c'était tout. Là aussi, il y avait une raison à cela. Une raison bien simple : c'était la honte. La honte terrible et la culpabilité qui balançaient telles une épée de Damoclès au dessus de sa tête pour lui interdire de reprendre sa profession.
En silence, les deux jeunes gens sortirent finalement de la serre tropicale. En comparaison, le jardin semblait plus frais. Pourtant, un beau soleil brillait toujours au dessus d'eux dans un ciel sans nuage. Levius inspira une profonde bouffée de cet air abondant et en mouvement, sentant le poids sur ses entrailles s'envoler à mesure qu'ils parcouraient les allées de gravier. Dans le même temps, Abigail acheva de clore l'incident en abordant un nouveau sujet. Le garçon l'écouta distraitement et il lui fallu un moment avant de mettre en ordre le sens de ce qu'elle venait de dire.
« Un ami ? Répéta mécaniquement le jeune homme. Quelle idée ?
Il était certainement aussi craintif que curieux à l'idée de participer à un projet (quel qu'il soit) en compagnie d'une personne dont il ignorait tout. Levius ne laissait pas facilement entrer les gens dans sa vie et s'il pouvait socialiser (à l'occasion) avec des inconnus, mener des projets entrait déjà plus dans le cadre de l'épreuve. La notion de difficulté se substituait bien vite à celle du plaisir.
« C'est pour ça que tu voulais savoir si il y a toujours une serre à la ferme ?
Malin, la connexion entre les deux informations ne lui avait pas échappé et il réalisait qu'Abigail avait manifestement l'intention de lui en parler depuis un moment, puisqu'ils avaient abordé le sujet dès le début de leurs retrouvailles.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Mar 28 Aoû 2018 - 17:25
Je ne forçais jamais personne de ma présence, et encore moins à prendre soin de moi. Adoración avait dû insister pour que je reste auprès d’elle la nuit, et la plupart du temps en journée. Souvent, j’essayais de m’éclipser tôt le matin puisqu’elle dormait encore, afin de lui laisser un peu d’air.
Ainsi, après son malaise, je ne voulais en aucun cas que Levius se sente obligé d’une quelconque façon de me voir pour que nous discutions. Après tout, je me sentais capable de garder tout ça pour moi, c’était ce que je faisais depuis deux mois… alors pourquoi changer ?
Je tournais vivement la tête en entendant un bruissement dans un buisson, mais ce n’était qu’un animal du zoo. Affaissant mes épaules alors que j’essayais de me détendre, je soupirais par le nez. En fait si… peut-être que j’avais besoin de vider mon sac. Il était vrai que le jeune homme n’était pas neutre avec moi, mais il était neutre dans la situation. Il ne m’avait pas vue à l’hôpital, ensanglantée ou recouverte de bandages. Il n’avait pas vu mes crises d’insomnies ni entendu mes hurlements. Si ça avait été le cas, je ne me serai pas permise de lui demander de l’aide.
Quoiqu’il en soit, il semblait vouloir tenir son engagement, ainsi, je n’insistais pas et me contentais de hocher la tête en lui souriant. Ça me touchait beaucoup, et je pouvais donc faire la conclusion que son propre choc émotionnel n’était peut-être pas directement lié à ses compétences dans sa fonction. Évidemment, je n’en avais pas douté, mais c’était une piste à écarter. Moi aussi, je voulais lui venir en aide, il n’y avait pas de raison après tout.
Même si nous étions sorciers, nous n’étions que des êtres humains. L’erreur était humaine. Ainsi, se tromper dans l’exercice de ses fonctions professionnelles était normal. La gravité pouvait changer suivant son grade et son emploi. C’était aussi vrai chez les moldus. Si ma mère se trompait en tant que vétérinaire, elle pouvait tuer un animal, comme moi en tant qu’étudiante en magizoologie. Je pouvais me faire tuer face à un dragon si je n’avais pas été suffisamment préparée. Mais depuis qu’Aileas suivait la formation de médicomage, et que je l’aidais de temps à autre, je pouvais deviner le poids de ce métier particulièrement difficile. Il fallait une dévotion pour l’autre à toute épreuve, et les conséquences des erreurs n’impactaient pas uniquement des animaux, mais surtout des Humains. Des semblables, de la famille, des amis. C’était d’autant plus lourd à porter.
J’imagine qu’il en allait de même pour la psychomagie, car une maladie physique ou mentale, c’était une maladie, et il fallait la soigner d’une quelconque façon. Que ce soit avec des onguents ou avec des mots.
Je m’arrêtais à ses questions vis-à-vis de mes paroles et lui souriait en le regardant, amusée.
- Oui, un ami. Difficile à croire que j’ai pu m’en faire n’est-ce pas ? Ne t’inquiètes pas, je suis certaine que tu t’entendras avec lui, tu sais bien que je ne te présenterais pas à n’importe qui.
Je ne disais pas ça pour être vexante, mais simplement parce que je savais que Levius était sensible et qu’il pouvait avoir des affinités, ou pas. Ayden était vif, mais particulièrement gentil et surtout, profondément passionné par la botanique. Ce seul dernier point suffisait à me rendre confiante. Je décidais de développer le fond de ma pensée. Après tout, encore une fois, je ne voulais pas qu’il se sente obligé.
- Nous nous sommes découvert la passion commune de la botanique, et nous voudrions en apprendre plus, en dehors de l’université. Tu sais comment sont les cours, théorie, un peu de pratique, mais on reste dans des cases et des formalités.
Je réussissais à le regarder dans les yeux pour lui faire preuve de ma sincérité, mais aussi de ma motivation.
- Nous voudrions nous voir régulièrement, pour partager nos connaissances, faire des expériences, pourquoi pas partir en excursion ? Dans l’idéal, nous pourrions même fonder un club. Un tout petit club restreint entre nous trois, ou quatre s’il voudrait inviter quelqu’un qu’il connait aussi.
Mon discours n’était clairement pas de donner envie à Levius et l’influencer. Je n’avais pas insisté sur le côté botanique, ni sur les expériences ou les découvertes. Encore moins des voyages. J’avais noyé ces informations avec l’idée de fonder un club et d’être plusieurs. C’était à mon ami de mesurer le pour et le contre.
Mais à son interrogation, je riais doucement. Il était perspicace, mais je n’en attendais pas moins de lui.
- Oui c’est pour ça. En gros, on a les idées, la passion, l’envie, mais il nous manque un lieu de rendez-vous où nous pourrions nous réunir, mettre en commun nos idées et garder nos plantes sous protection.
Ainsi, après son malaise, je ne voulais en aucun cas que Levius se sente obligé d’une quelconque façon de me voir pour que nous discutions. Après tout, je me sentais capable de garder tout ça pour moi, c’était ce que je faisais depuis deux mois… alors pourquoi changer ?
Je tournais vivement la tête en entendant un bruissement dans un buisson, mais ce n’était qu’un animal du zoo. Affaissant mes épaules alors que j’essayais de me détendre, je soupirais par le nez. En fait si… peut-être que j’avais besoin de vider mon sac. Il était vrai que le jeune homme n’était pas neutre avec moi, mais il était neutre dans la situation. Il ne m’avait pas vue à l’hôpital, ensanglantée ou recouverte de bandages. Il n’avait pas vu mes crises d’insomnies ni entendu mes hurlements. Si ça avait été le cas, je ne me serai pas permise de lui demander de l’aide.
Quoiqu’il en soit, il semblait vouloir tenir son engagement, ainsi, je n’insistais pas et me contentais de hocher la tête en lui souriant. Ça me touchait beaucoup, et je pouvais donc faire la conclusion que son propre choc émotionnel n’était peut-être pas directement lié à ses compétences dans sa fonction. Évidemment, je n’en avais pas douté, mais c’était une piste à écarter. Moi aussi, je voulais lui venir en aide, il n’y avait pas de raison après tout.
Même si nous étions sorciers, nous n’étions que des êtres humains. L’erreur était humaine. Ainsi, se tromper dans l’exercice de ses fonctions professionnelles était normal. La gravité pouvait changer suivant son grade et son emploi. C’était aussi vrai chez les moldus. Si ma mère se trompait en tant que vétérinaire, elle pouvait tuer un animal, comme moi en tant qu’étudiante en magizoologie. Je pouvais me faire tuer face à un dragon si je n’avais pas été suffisamment préparée. Mais depuis qu’Aileas suivait la formation de médicomage, et que je l’aidais de temps à autre, je pouvais deviner le poids de ce métier particulièrement difficile. Il fallait une dévotion pour l’autre à toute épreuve, et les conséquences des erreurs n’impactaient pas uniquement des animaux, mais surtout des Humains. Des semblables, de la famille, des amis. C’était d’autant plus lourd à porter.
J’imagine qu’il en allait de même pour la psychomagie, car une maladie physique ou mentale, c’était une maladie, et il fallait la soigner d’une quelconque façon. Que ce soit avec des onguents ou avec des mots.
Je m’arrêtais à ses questions vis-à-vis de mes paroles et lui souriait en le regardant, amusée.
- Oui, un ami. Difficile à croire que j’ai pu m’en faire n’est-ce pas ? Ne t’inquiètes pas, je suis certaine que tu t’entendras avec lui, tu sais bien que je ne te présenterais pas à n’importe qui.
Je ne disais pas ça pour être vexante, mais simplement parce que je savais que Levius était sensible et qu’il pouvait avoir des affinités, ou pas. Ayden était vif, mais particulièrement gentil et surtout, profondément passionné par la botanique. Ce seul dernier point suffisait à me rendre confiante. Je décidais de développer le fond de ma pensée. Après tout, encore une fois, je ne voulais pas qu’il se sente obligé.
- Nous nous sommes découvert la passion commune de la botanique, et nous voudrions en apprendre plus, en dehors de l’université. Tu sais comment sont les cours, théorie, un peu de pratique, mais on reste dans des cases et des formalités.
Je réussissais à le regarder dans les yeux pour lui faire preuve de ma sincérité, mais aussi de ma motivation.
- Nous voudrions nous voir régulièrement, pour partager nos connaissances, faire des expériences, pourquoi pas partir en excursion ? Dans l’idéal, nous pourrions même fonder un club. Un tout petit club restreint entre nous trois, ou quatre s’il voudrait inviter quelqu’un qu’il connait aussi.
Mon discours n’était clairement pas de donner envie à Levius et l’influencer. Je n’avais pas insisté sur le côté botanique, ni sur les expériences ou les découvertes. Encore moins des voyages. J’avais noyé ces informations avec l’idée de fonder un club et d’être plusieurs. C’était à mon ami de mesurer le pour et le contre.
Mais à son interrogation, je riais doucement. Il était perspicace, mais je n’en attendais pas moins de lui.
- Oui c’est pour ça. En gros, on a les idées, la passion, l’envie, mais il nous manque un lieu de rendez-vous où nous pourrions nous réunir, mettre en commun nos idées et garder nos plantes sous protection.
- InvitéInvité
Re: It's been a while [Terminé]
Mar 28 Aoû 2018 - 17:57
Levius esquissa un petit sourire en entendant Abigail. Esquisse qui s'élargit jusqu'à ce que le jeune homme laisse échapper un rire bref en réaction au trait d'humour qui s'était glissé dans sa réponse. Il n'avait jamais douté de la capacité de son amie à sympathiser avec d'autres personnes. Tout était affaire de comparaison et Levius pensait qu'entre eux, il était le moins à même de s'ouvrir au monde extérieur. Une représentation probablement fausse, puisque le jeune homme avait été capable de traverser l'océan pour mener à bien des études de son côté et même travailler. L'image que l'on avait de soi ne rendait pas toujours grâce à la réalité.
Quoiqu'il en soit, le jeune homme écouta attentivement les explications d'Abigail. Il était inquiet, c'était un point à reconnaître. Même si le projet correspondait tout à fait à son profil et ses goûts, Levius était réticent à l'idée de côtoyer régulièrement des étrangers. Le jeune homme n'était à l'aise qu'auprès d'un cercle restreint d'individus, dont il avait rencontré la plupart il y avait des années de cela. Il avait peur de s'épuiser en stratégies d'adaptation, qu'une bonne entente ne suffise pas à palier des modes de fonctionnement trop différents et que cela finisse par drainer toute son énergie.
Le pire scénario pour Levius reviendrait à ce que les présentations se soldent par un échec et que la jeune femme décide de se passer de sa compagnie, à défaut de pouvoir côtoyer ses deux amis en même temps. Mais quand cette pensée traversa le jeune homme, il réalisa que ses craintes allaient (une fois de plus) beaucoup trop loin et qu'il se perdait en spéculations vaines. Tout ceci n'était pas encore arrivé qu'il présageait déjà du pire. Par ailleurs, il savait qu'Abigail ne le laisserait pas tomber simplement pour des questions de mésentente avec l'un de ses camarades (elle s'était toujours montré très compréhensive sur le sujet). Après tout, ne venaient ils pas de convenir d'un important engagement tous les deux ?
Levius essaya donc d'apaiser un peu le flot de pessimisme qui le gagnait pour considérer la dimension positive de la chose. Cela ne coûtait rien d'essayer... Peut-être que l'accroche se ferait très bien ? On lui répétait sans cesse de côtoyer davantage de jeunes de son âge... Il pourrait en apprendre plus sur la botanique. Oui, toutes ces raisons étaient des bonnes raisons de donner une chance à ce projet. Et au delà de ça, levius n'était plus un enfant. Il n'allait pas se priver d'expériences nouvelles au prétexte que son tempérament réservé lui jouait des tours. Il fallait qu'il se fasse un peu violence (comme il avait déjà su le faire par le passé), pour ne pas nourrir les dimensions les moins porteuses de son identité.
« Je... Pourquoi pas.
Finit-il donc par dire. Il regardait devant lui comme ils marchaient, la main serrée autour de la bandoulière qui pendait de son épaule. Levius essayait d'imaginer la chose. Rien d'enchanteur pour le moment, mais... Pourquoi pas.
Oui, pourquoi pas.
« Comment s'appelle ton camarade ? S'enquit-il. Vous êtes dans la même maison ? La même filière ou...
La curiosité soudaine du jeune homme à l'endroit de ce mystérieux camarade se justifiait assez facilement par la volonté de se figurer les choses. Levius ne pouvait s'empêcher de tout décortiquer et réfléchir par anticipation aux événements à venir. Il voulait se faire une image un peu plus précise de ce fameux garçon, de sorte à se projeter un peu mieux dans ce projet de club et, peut-être même, s'enthousiasmer.
Quoiqu'il en soit, le jeune homme écouta attentivement les explications d'Abigail. Il était inquiet, c'était un point à reconnaître. Même si le projet correspondait tout à fait à son profil et ses goûts, Levius était réticent à l'idée de côtoyer régulièrement des étrangers. Le jeune homme n'était à l'aise qu'auprès d'un cercle restreint d'individus, dont il avait rencontré la plupart il y avait des années de cela. Il avait peur de s'épuiser en stratégies d'adaptation, qu'une bonne entente ne suffise pas à palier des modes de fonctionnement trop différents et que cela finisse par drainer toute son énergie.
Le pire scénario pour Levius reviendrait à ce que les présentations se soldent par un échec et que la jeune femme décide de se passer de sa compagnie, à défaut de pouvoir côtoyer ses deux amis en même temps. Mais quand cette pensée traversa le jeune homme, il réalisa que ses craintes allaient (une fois de plus) beaucoup trop loin et qu'il se perdait en spéculations vaines. Tout ceci n'était pas encore arrivé qu'il présageait déjà du pire. Par ailleurs, il savait qu'Abigail ne le laisserait pas tomber simplement pour des questions de mésentente avec l'un de ses camarades (elle s'était toujours montré très compréhensive sur le sujet). Après tout, ne venaient ils pas de convenir d'un important engagement tous les deux ?
Levius essaya donc d'apaiser un peu le flot de pessimisme qui le gagnait pour considérer la dimension positive de la chose. Cela ne coûtait rien d'essayer... Peut-être que l'accroche se ferait très bien ? On lui répétait sans cesse de côtoyer davantage de jeunes de son âge... Il pourrait en apprendre plus sur la botanique. Oui, toutes ces raisons étaient des bonnes raisons de donner une chance à ce projet. Et au delà de ça, levius n'était plus un enfant. Il n'allait pas se priver d'expériences nouvelles au prétexte que son tempérament réservé lui jouait des tours. Il fallait qu'il se fasse un peu violence (comme il avait déjà su le faire par le passé), pour ne pas nourrir les dimensions les moins porteuses de son identité.
« Je... Pourquoi pas.
Finit-il donc par dire. Il regardait devant lui comme ils marchaient, la main serrée autour de la bandoulière qui pendait de son épaule. Levius essayait d'imaginer la chose. Rien d'enchanteur pour le moment, mais... Pourquoi pas.
Oui, pourquoi pas.
« Comment s'appelle ton camarade ? S'enquit-il. Vous êtes dans la même maison ? La même filière ou...
La curiosité soudaine du jeune homme à l'endroit de ce mystérieux camarade se justifiait assez facilement par la volonté de se figurer les choses. Levius ne pouvait s'empêcher de tout décortiquer et réfléchir par anticipation aux événements à venir. Il voulait se faire une image un peu plus précise de ce fameux garçon, de sorte à se projeter un peu mieux dans ce projet de club et, peut-être même, s'enthousiasmer.
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