Juliet se mordait l'intérieur des joues alors qu'elle marchait depuis le château jusqu'à Inverness. A force, elle allait finir par avoir des aphtes ou même saigner mais son cerveau était incapable d'absorber ce genre d'information terre à terre. Son corps avait besoin d'exterioser le stress et c'était le seul moyen qu'elle avait à l'instant puisque ses mains étaient concentrées sur son téléphone sur lequel elle attendait que Jolan ne lui dise qu'il était disponible...

Une fois n'était pas coutume, c'était la jeune Blackthorn qui avait sollicité l'Amérindien. Elle lui avait envoyé un message le matin même et il lui avait demandé de venir à la crèche où il travaillait un peu avant l'heure du midi. Juliet était tellement angoissée de la discussion qu'elle s'apprêtait à avoir avec le Wauters qu'elle n'avait rien su avaler... Les seules calories absorbées ce jour correspondaient à un demi verre de jus d'orange...

Pourtant, elle était consciente qu'elle allait devoir s'alimenter. Et plus généralement, elle allait devoir faire attention à sa santé. Parce qu'hier elle avait prit une décision et que désormais son corps ne lui appartenait plus totalement. Ou plutôt... elle le partageait avec un petit être qui devrait naître dans sept mois et qui avait, lui aussi, besoin qu'elle mange et qu'elle boive pour subsister.

Arrivée devant la très mignonne crèche "Citrons et Papillons", la blonde jette un coup d'oeil à l'intérieur. Par la vitre fumée, elle devine le grand Cheyenne s'occuper des humains miniatures dont il a la gars et elle sent son estomac se tordre à l'idée de lui annoncer que bientôt il y aura potentiellement un petit Jolan qui existera dans ce monde imparfait. Elle pianote un message pour lui dire qu'elle est arrivée et elle attend en se mordant les joues... Elle ne sait pas encore comment elle va lui expliquer tout ça...

"Et ensuite... ? Le Grand Méchant Loup, il ... ?" Mais Tina s'interrrompit, alors que mon téléphone vibrait posé juste à coté de moi. Une réponse prés enregistrée plus tard, invitant le destinataire à rentrer, je terminais l'histoire. Non pas que je voulais bacler la tâche, mais l'heure de la sieste, c'était l'heure de la sieste. Et à défaut d'être surveiller constamment par ma patronne (@Niamh Walsh), je gardais quand même une vraie conscience professionnelle.

Et me voila, emmenant ces petits bouts de chou dans leur hamac surprotégés pour permettre des nuits douces et tranquilles, les couchant avec soin, donnant leur doudou à chacun avant de sortir de la zone en coupant la lumière d'un coup de baguette magique. Et fermant la porte, le visage encore taché de peinture de la matinée, je venais à l'acceuil pour y trouver Juliet.

"Tu peux venir." déclarais-je sourire aux lèvres, en la voyant comme tous les habitués, arrété à la démarcation de la zone d'acceuil. "La ligne rouge, c'est pour les parents, pas pour les amis. On essaye de garder le controle sur tous. Ca va toi ?" Je l'enlaçais le plus amicalement du monde, veillant à expliquer le plus simplement aussi la raison de cette ligne. "Fais pas attention au bazar, c'est l'heure où je range d'habitude. Si ca t'ennuie pas, je le ferais après, mais d'abord tu veux boire un truc ? Ou manger ?" ajoutais-je, tirant une des chaises non loin pour l'inviter à s'asseoir et à se débarrasser.

Son téléphone vibra dans sa main. La dernière fois qu’ils s’étaient envoyés un message en étant si proche, les circonstances étaient tout de même plus amusantes. Mais si ces circonstances n’étaient pas arrivées alors elle n’aurait pas eut le besoin d’une telle discussion avec le Wauters. Par Merlin comme elle appréhendait…

Le message est laconique et Juliet le comprend bien. Il lui demande d’entrer et elle hésite. Elle n’est pas sûre d’avoir envie de voir des enfants… Le sujet est assez sensible vous voyez. Pourtant elle prend son courage à deux mains et pousse la porte de la crèche. Malgré son état, elle ne peut s’empêcher de constater à quel point l’endroit est merveilleux pour ces petits sorciers en devenir…

Elle observe l’endroit avant d’observer le Jolan sortir sur la pointe des pieds de la salle du fond. Elle s’est arrêtée à la ligne rouge sans même vraiment s’en rendre compte. Elle aurait surement fait la même chose si elle l’avait vu. Elle aurait voulu esquisser un sourire en voyant Jolan, surtout avec les petites taches de peinture qu’il a sur le visage… Pourtant elle est tellement nerveuse qu’elle en est incapable.

- Ca va…

Mensonge. Elle ne va pas vraiment bien. Elle ne va pas mal non plus. Elle a accepté la situation mais maintenant elle devait l’expliquer à son entourage… et c’était une autre paire de manche. Elle est contente que l’accolade qu’il initie lui permet quelques secondes de cacher son visage dans son tee-shirt. Et ce temps elle en a besoin pour reprendre un peu de contenance avant de demander :

- Et toi ?

Lui ça a l’air d’aller. Elle ne l’aurait jamais imaginé travaillant dans une crèche mais ça semble lui réussir plus que bien. C’est presque attendrissant de le voir attraper cette peluche pour la ranger quelques pas lui loin en lui proposant quelque chose à boire ou à manger. Manger ? Impossible.

- Je veux bien un jus de fruit si tu as… sinon de l’eau.

Un jus de fruit, c’était tout ce qui passait.

Quelque chose. Il y avait quelque chose. Sans que je sache quoi, je le sentais au plus profond de moi. Et ce sentiment se décupla, devint une idée alors même qu'elle enfouissait sa tête dans mon t-shirt lors de l'accolade. Inconsciemment, cette seule pensée venait perturbée une mécanique en moi, rodée. Sans que je le comprenne, je savais qu'il y avait un truc de pas net. Pourtant, rien dans mon attitude ne changea. Je m'adaptais, comme toujours, afin de m'assurer à la manière d'un funambule.

Et relachant l'étreinte, attrapant un nounours pour le ranger, répondant à sa question par une affirmation aussi vraie que le sourire se dessinant sur mes lèvres, indiquant que j'allais bien, j'entreprenais de lui proposer à boire, et/ou à manger. Le premier choix retint son attention, et sur le ton de l'amusement, j'ajoutais : "On doit pouvoir te trouver ça." Sérieusement, je penses que si un jour, ici, on avait pas de quoi faire un jus de fruit, Niamh deviendrait hystérique. Non pas pour elle, mais contre la personne qui n'aurait pas controlé et fait tout ce qu'il faut pour le bien-être des bambins. Un bien-être qui passait par une alimentation saine et de qualité.

Passant de l'autre coté du comptoir où elle était, pour rejoindre la cuisine, j'ouvrais un tiroir pour en sortir un engin incroyable, comble de la technologie passée moldue : un presse agrumes à levier. Et sortant d'un autre des oranges et d'un dernier un couteau, j'ajoutais : "Les tiroirs sont fermés par magie. Si tu fais pas partie du staff, tu l'ouvres pas. On est obligés, avec les bambins." Un peu mon n'veu qu'on était obligé. D'abord parce qu'où sinon, on retrouverait des pommes et des nectarines entamées partout, ensuite pour les raisons évidentes de sécurité. Et coupant quelques oranges en deux, je venais placer le verre et une première demie sur l'ustensile. Un mouvement de levier plus tard, le jus était dans le verre, et je venais répéter l'étape deux et trois pour le nombre de demie.

Lui tendant finalement le verre, j'ajoutais : "T'es sure que ça va ?" Je commençais à prendre conscience de ce que je ressentais. Je commençais à m'apercevoir que quelque chose d'anormal se tramait. Sans savoir quoi.

Grâce à ce câlin, elle se sentait un petit peu mieux. Un tout petit peu mieux… même si ce qu’elle avait à dire était difficile, elle ne s’attendait pas à une mauvaise surprise de la part de Jolan. Elle était désolée de chambouler sa vie mais elle savait dans le fond qu’il aurait j’en réaction appropriée. Peut être après un instant de sidération. Alors pourquoi cette incroyable boule d’angoisse dans son estomac ?

Il allait bien. Il était loin de savoir ce qui allait lui tomber sur le coin du nez mais il allait bien. C’était déjà pas mal non ? Mieux valait lui apprendre ça alors que ça allait ? Oui ? Non ? Y avait il vraiment un bon moment ? En réalité, à partir du moment où elle avait prit sa décision, elle avait contacté Jolan. A partir du moment où elle savait qu’elle voulait garder ce bébé, elle voulait également savoir qui en était le père.

Elle reste debout et l’observe aller jusqu’à la petite cuisine pour lui préparer un jus de fruit pressé. Elle est étonné de se rendre compte qu’elle en a envie. Elle l’écoute à peine quand il lui explique le fonctionnement des tiroirs et qu’il coupe les oranges. Elle est complètement dans sa bulle, elle a du mal à se concentrer sur autre chose que sur ses reins qui tirent.

Elle n’en sort que quand le Wauters lui tend son jus de fruit et qu’il lui demande si ça va vraiment. Le voile sur son regard se lève alors qu’elle soutient celui du Pokeby. Elle inspire avant de demander :

- Oui ça va. Mais il faut qu’on discute. On peut s’assoir quelque part ?

Les mini chaises de la salle à manger des bambins ? Le tapis de jeu ? Le bureau ? Peu importe. Elle préférait encore être assise. Et elle préférait qu’il le soit.

Ta phrase m'arrêta pour plusieurs raisons. La première, c'était le mais. Un mais auquel on aurait pu s'attendre facilement si tu t'étais permise une courte pause. Et tu ne l'as pas fait, ce qui n'aide absolument pas n'est-ce-pas ? La situation est donc à ce point pesante ? Car le problème du mais, c'est qu'on affirme qu'il annule tout ce qui est dit avant. Tant et si bien que si quelqu'un affirme par exemple Je t'aime mais t'es un connard... on retient toujours ce qui suit, et non ce qui précède.

Il faut qu'on discute. Pas de problème, tu le sais ça. Depuis l'incident de mai, je n'ai fermé aucune porte de mon coté. Enfin, aucune sauf une, mais nous nous sommes mis d'accord tous les deux sur ce qu'il s'était passé. Et tu savais que au fond de mon coeur, c'était une autre dont j'étais amoureux. Tu savais, et je serais idiot de dire que tu ne me poussais pas dans cette direction alors je n'avais pas peur de discuter avec toi. Sauf que ça arrivait après le mais. Rien dans tout ça n'était rassurant.

Le pire, c'est la phrase suivante. On peut s'asseoir quelque part ? Mes yeux s'ouvrirent un peu, genre rond, alors que tu posais la question. Parce qu'avant de comprendre que tu parles de toi et moi, je regardais à coté de toi les chaises qui bordaient le comptoir, celles-là même où je t'avais invité un instant plus tôt à t'asseoir. Et là, à ce moment là, j'en étais sur : quelque chose n'allait pas. Il y avait un truc. Genre... genre je sais pas quoi, mais un truc. "Princess... les chaises sont juste à coté de toi. A moins que la pièce te plaise pas, et dans ce cas-là, on va où tu veux mais... Enfin, on est juste à coté de la pièce de sommeil et d'ici, si y a un blem, j'entends tout donc..." Donc ça m'arrangeait assez de rester ici, de continuer à préparer la suite de la journée de ces bambins, histoire d'être pret pour l'heure de fin de sieste.

"Ju'... T'sais qu'tu peux tout m'dire... Je veux dire on est potes. Rien de ce que tu diras ensuite changera quelque chose à ça... Alors vas-y..." Ce disant, oui, je me suis rapproché. Oui, j'ai pris tes mains qui entourent le verre dans les miennes. Oui je soutiens ton regard. Oui, je t'ai appelé Ju'. Pour ce dernier détail cependant, on en fera pas une habitude...

Le verre de jus de fruit dans les mains était doublement utile. Tant pour apporter quelques calories à ce corps qui semblait lui échapper que pour occuper ses mains et ainsi les empêcher de trembler. Elle était consciente du fait qu’elle rendait les choses pesantes voir mélodramatiques en lui demandant de s’ils pouvaient parler et s’ils pouvaient s’assoir.

Elle se rend compte à quel point elle est à côté de la plaque alors que le Wauters montre les chaises qui sont à peine à quelques pas d’elle et qu’elle n’avait absolument pas vu. Elle pose une seconde une main sur son front et pose son verre avant de grimper sur une dises chaises de comptoir pour s’assoir face au Wauters.

- Désolée…

Elle reprit son verre dans ses mains et elle le regarde s’approcher puis mettre ses mains autour des siennes. Il essaye de la rassurer de quelques mots, lui promettant qu’ils seraient toujours amis. Mais en réalité c’est la chaleur de ses mains qui réconforta un peu la douce Blackthorn. Elle essaye de sourire mais en réalité elle est trop stressée pour que ca soit naturel.

- Jolan… je…

Elle ne sait même pas pourquoi elle s’arrête. Elle sait qu’elle doit le lui dire. Elle sait qu’elle va bouleverser son monde. Elle en est tellement désolée. Mais elle n’a pas vraiment le choix. Elle ne peut pas lui mentir. Pas sûr ça. Ca allait à l’encontre de tout ceux en quoi elle croyait… Il fallait qu’elle trouve les mots. Il fallait qu’elle lui crache le morceau.

- Je suis enceinte. Et je crois que ce bébé est de toi.

Voila. Voila. C’était dit. C’était dit avec une voix qu’elle voulait neutre, blanche, presque pas la sienne. Elle n’allait pas pleurer. Elle avait assez pleuré. Elle voulait garder cet enfant, elle l’avait décidé ainsi. Elle n’avait pas de plan pour elle, ni pour ce bébé. Mais elle n’était pas capable de mettre un terme à cette grossesse. Elle sait que les questions vont pleuvoir mais elle ne veut pas anticiper les réponses… elle veut lui laisser le temps d’encaisser l’information…

BOUM !

La nouvelle explosa littéralement dans mon esprit. Un peu comme un feu d'artifice, projetant mille et unes idées, et au moins autant d'images dans mon esprit. Un bébé ? Moi, le père ? "..." Alors que mes synapses décodaient l'info à leur vitesse, c'est un premier temps de silence qui s'installait. Pas parce que j'étais du genre lent à capter, non juste que... "Genre... En un coup ?" J'étais trop fort, mais à ce point, même moi je ne le savais pas. Ce deuxième sentiment, c'était un peu comme si j'étais un golfeur, qui avait fait un trou en un coup zappez vos jeux de mots salaces.

Sur ce temps, mes mains ne s'étaient pas departies des siennes, pas un instant. Mais lorsque mes neurones se reconnectèrent, ce fut pour revenir à la réalité du moment. Est-ce que je réalisais qu'elle puisse avoir un avis ? Est-ce que je réalisais qu'elle...

"Qu'est-ce que tu souhaites ?" Ma voix, elle venait de changer. Elle était sérieuse, parce que finalement, je prenais la mesure de la situation. Elle, comment elle le vivait ? Qu'est-ce qu'elle voulait ? Comment voyait elle cet avenir qui se profiler ?

Ce silence. Juliet se pose mille questions… Est ce qu’il la déteste ? C’est peut être la question qui l’inquiète le plus. Parce qu’elle le comprendrait et pourtant l’amitié et la présence de Jolan est précieuse… Elle serait d’autant plus déterminante dans les mois à venir. Pourtant, elle pourrait le comprendre. Trois petits mots et elle venait littéralement de chambouler son monde. Elle retient presque sa respiration, s’attendant à ce que les mains du Wauters se retire des siennes avec un mouvement de recul, laissant les paumes tremblantes de la blonde sans leur douce et chaleureuse protection ambrée.

Elle s’attendait à des questions. Bien sûr. S’il y en avait mille dans sa tête, elle se doutait bien que pour l’Amérindien c’était la même chose. Mais… celle-ci en particulier ? Vraiment pas non. Elle retient un rire nerveux en se pinçant les lèvres. C’était totalement improbable. Totalement déplacé. Totalement Jolan.

- Et bien… oui…

Et son visage change. Sa voix changent. Jolan était capable de sérieux. Parfois il fallait plus ou moins le pousser. Merlin merci, aujourd’hui, il n’avait pas fallut beaucoup de temps pour qu’il atteigne ce stade. Elle n’était pas sûre d’avoir les ressources nécessaires si ça avait été le cas.

- Le garder.

Si elle avait été terriblement hésitante au moment de lui annoncer sa grossesse, la Blackthorn n’hésitait plus à cet instant. Plus du tout. Sa voix s’était raffermie parce qu’elle savait que c’était la bonne décision. Celle avec laquelle elle pouvait vivre. L’autre avait été envisagée mais… non.

- Je… je sais que ça peut paraitre… complètement inconsidérée comme décision. Mais je vais le garder Jolan et …

Elle marque une pause, elle ne sait pas comment formuler la suite de sa pensée :

- Je ne te demande rien du tout… Absolument rien si ce n’est un peu de sang pour faire les test génétiques et si effectivement tu es le père pour avoir tes antécédents médicaux… Je suis tellement désolée… Personne ne saura que c’est ton enfant… Je ne dirais rien, rien à personne, je te le promet… Je comprends que tu ne veuilles pas vivre ça, alors qu’il y a Grâce, avec les études, et puis tout, la vie, le fait que que ce soit moi et … je comprends parfaitement, je sais que rien n’a de sens mais je ne peux pas faire autrement et… je suis désolée si tu savais…

Elle aurait pu continuer longtemps comme ça sans jamais s’arrêter…

- Et bien… oui…

Ah ! Qu'on se le dise que je suis un mec de compét ! Un coup et sbim ! Bon, faut reconnaitre que l'un dans l'autre chassez cet esprit pervers, c'était clairement pas l'objectif visé, mais quand même. En un autre temps, j'aurais été fier de moi. Encore que, je ne pouvais pas vraiment m'avouer déçu.

La question suivante, je devais la poser. Parce qu'au fond, fallait que je saches. J'étais qui j'étais, mais face à cette nouvelle, ma première réaction n'était pas l'inquiétude de la nouvelle, mais de ce qui allait m'être apporté comme réponse à cette question. Qu'est-ce qu'elle voulait faire ? Etais-je capable d'imaginer l'entendre avorter ? Oui, mais seulement de l'imaginer probablement. L'entendre m'aurait d'une certaine façon détruit. Et lorsqu'elle répondit, aussi rapidement, ces deux seuls mots, je n'aurais pas réussi même si je l'avais voulu à cacher ce léger sourire naitre aux coins de mes lèvres. J'étais content sans mesurer la conséquence de ce que cette nouvelle pouvait entrainer. Une conséquence qui allait très vite me rattraper.

Inconsidérée ? Ce qui est inconsidérée, c'est mes mains qui n'ont pas quitté les siennes là. Ca ca l'est, car si quelqu'un entre maintenant, tout peut-être mal compris. Tout peut être mal interprété. Mais qu'importe car je vais...

- Je ne te demande rien du tout…

... Apparemment rien du tout. Ascenseur émotionnel, un véritable Twilight Zone Tower of Terror de Disneyland Paris ré-inventé par la non moins dramatique Juliet Blackthorn. Et c'est peut-être là que mes mains se désolidarise un peu, alors qu'elle continue, mon coeur lui est resté en haut, bloqué dans un autre univers. Mais pensez-vous qu'elle s'arrêtera là ? Non, bien sur que non, car le couperet tombe finalement. La lame s'abat sur ma conscience alors même qu'elle énonce sa demande, qu'elle l'explique et me rappelle à la fatalité la plus douloureuse de ma vie.

"Je m'en fous de tout ca..." Qu'on sache que je suis le père, que Grace l'apprenne. Le pire était juste avant. "Juliet... Si je te donnes ce que tu demandes..." Mon regard fixa le sien. "Si je le fais et que tu as raison..." Pouvais-je finir cette phrase ? Pouvais-je m'imaginer avoir pris ce risque, autant de fois jusqu'à maintenant sans jamais penser à cette conséquence ? "Il... il sera étiqueté toute sa vie." Je l'entendais dans mon esprit. Le hurlement de cette nuit-là, cette fameuse nuit où mon propre destin avait basculé à jamais.

Dans longtemps, très longtemps…, Juliet repenserait peut être à cet instant en souriant. Parce qu’il n’y avait bien que Jolan pour faire ce genre de reflexion dans une situation aussi périlleuse que celle-ci. Il n’y avait que lui pour parler avec si peu de filtre, pour avoir ces schémas mentaux saugrenus et pourtant si rafraichissants. Jolan, c’était une bouffée d’air frais dans une vie qui se trouvait parfois bien étouffante.

Et au delà de ça, il se trouvait peut être être la personne la plus bienveillante, la plus rassurante qui soit. Il avait eut l’intelligence émotionnelle de lui demander ce qu’elle voulait, il lui avait demandé ce qu’elle voulait faire pour pouvoir adapter son discours… Et heureusement parce que malgré ses hésitations Juliet savait ce qu’elle voulait et plus rien n’aurait pu la convaincre de ne pas mener à terme cette grossesse, de ne pas accueillir ce bébé que le destin avait imposé à sa vie.

Juliet ne vit pas le sourire sur les lèvres de Jolan. Elle sent toujours ses mains autour des siennes comme de douces auras de chaleurs réconfortantes. Pourtant son coeur et son âme s’emballent. Elle parle, parle, parle sans plus s’arrêter. Elle ne sait pas si elle chercher à rassurer Jolan ou si elle cherche à se rassurer elle même.

Les mains de Jolan se retirent et la blonde vacille, repose ce verre qu’elle n’a pas touché. Le coeur au bord des lèvres, elle craint quelque part d’être rejetée. Elle déglutit alors qu’il précise se foutre de tout ce qu’elle vient de dire… Elle ne sait pas comment l’interpreter. Pas plus qu’elle ne comprend pourquoi le Wauters lui a retiré cette étreinte qui semblait la maintenir debout. Elle hoche gravement la tête alors qu’il en vient directement à ce qu’impliquait le fait que Jolan puisse être le père.

- Peut être…

La voix de Juliet n’est plus qu’un souffle. Elle avait compté et recompté pour déterminer la date de conception en fonction des résultats de la prise de sang. Elle avait tout de suite pensé à la lycanthpopie quand elle s’était rendu compte que ce petit être partageait une partie de son adn avec l’Amérindien.

- La transmission du gêne n’est pas systématique mais… peut être…

Sa voix déraille. Elle n’imagine pas vraiment les conséquences. Elle sait que sa grossesse sera particulièrement douloureuse. Elle sait que son enfant sera fiché, suivi toute sa vie en plus de devoir se battre contre la nature du mal qui ronge son père.

- Je ne veux pas faire de test avant sa naissance… je ne veux pas risquer de le mettre en danger.

Elle disait « le » depuis le début. Parce que « le » bébé, mais aussi parce qu’elle imaginait un petit garçon grandissant en son sein. Et n’importe quel médicomage la trouverait folle s’ils savaient que Jolan était un loup-garou, de ne pas faire d’amniocenthèse. Mais un prélèvement de cette sorte, même magique, pouvait affecter le bébé. Elle ne voulait plus prendre le moindre risque pour cet enfant. Il avait déjà assez souffert de toutes ces semaines où elle avait ignoré sa grossesse…

Peut-être. Se rendait-elle compte à quel point ces deux mots venaient briser mon assurance apparente ? Est-ce que je comprenais que, d'une certaine façon, mon épouvantard se réalisait en cet instant ? Est-ce que je comprenais au plus profond de moi que ce que je cherchais si souvent à éviter, m'empoissonnant régulièrement se produisait sans que je ne puisses y faire quoi que ce soit.

Un instant, fugace et rapide, j'envisageais l'innommable à mon esprit. Je me disais que ne pas laisser cette grossesse arriver à terme était une solution, si pas la solution. Je me révulsais bien sur à l'idée, mais avais-je le droit d'imposer ça à un être vivant ?

*Réveilles-toi, Jolan. C'est déjà fait.* Mes pensées venaient m'assaillirent, menant un siège rapide et efficace sur ma raison alors que tout se bousculait dans ma tête. S'il était avéré médicalement qu'elle était enceinte d'un enfant lycanthrope, l'enfant ne serait jamais considéré comme humain. Il serait privé de certains de ses droits fondamentaux que je l'étais. Condamné de naitre avec une tare que je lui aurais transmise. Mon regard, face à ces idées, s'était littéralement vidé. Présent de corps, je ne l'étais plus d'esprit tandis que je réalisais à quel point mon manque de mesure se retournait aujourd'hui contre moi. Moi, celui qui était soi-disant toujours prêt à assumer. Qu'allais-je faire ? Qu'allais-je dire ?

Mes traits se raidirent doucement, se durcirent alors que j'entendais encore, au loin, cet écho du passé raisonner entre mes deux oreilles, ce hurlement diabolique qui n'était autre que le mien une nuit par mois. Akhela se moquait, et l'emportait sur mon calme. Le poing fermé, je venais passer ce qui était une rage dévorante dans un direct sur la première chose qui était à portée : le mur. Un coup violent, à la hauteur de ce que je ressentais présentement. Un coup qui marqua le mur autant que ma main, arrachant en plusieurs endroits la peau et la chair.

Est-ce que j'avais mal ? Même pas. Mais le hurlement s'était arrêté, et c'est ce qui comptait. Reprenant la mesure de la réalité, je voyais la marque sur le mur et était déjà content que ni Niamh, ni les enfants n'étaient présents. Ce n'était pas moi de perdre ainsi le contrôle, hors pleine lune. "Pardon." Le ton n'y était pas encore, mais j'étais sincère. Je venais de me rappeler qu'elle était là. Et me dirigeant vers l'evier, allumant l'eau, je passais ma main à l'eau froide. "Si t'a besoin de sang, c'est le moment." Note d'humour raté, j'assumais pour ce que je pouvais.

"Juliet. Je... Je ferais tout ce qu'il faut." Parce qu'au delà de la colère, au dela de mon ressenti, j'allais pas fuir. Je voulais qu'elle le sache. Ma haine de l'instant d'avant, ce n'était pas pour elle. "Mais s'il est vrai qu'il est de moi, et qu'il y a une chance qu'il soit... comme moi... on doit le protéger." Mon regard défiant le sien, je voulais clairement qu'il ait le choix. Celui que je n'avais pas eu. Celui de choisir de révéler ou non sa condition.

C’était effrayant une grossesse. Surtout à vingt et ans. Surtout étudiante. Surtout quand on s’appelait Juliet Blackthorn et que l’enfant à naitre était le fruit de moments égarements. Il n’y avait pas besoin de savoir que le père potentiel était lycanthrope pour avoir peur. C’était déjà effrayant et cette particularité génétique venait ajouter de l’angoisse au stress.

Juliet était naïve mais pas stupide. Elle savait à quoi s’attendre. Elle savait qu’elle avait environ 50% de chance que l’enfant naisse avec les gênes du loup garou hérités de son père. Elle savait que si c’était le cas, sa grossesse serait terrible à supporter. Elle savait aussi que ce tout petit bébé ne serait pas un sorcier comme les autres. Qu’il devrait être déclaré, tracé, empoisonné, entravé toute sa vie et ce dès sa plus tendre enfance. Dès sa naissance peut être même.

Pourtant elle ne pouvait se résoudre à mettre un terme à cette grossesse. Parce que c’était contre ses valeurs. Parce que malgré tout elle aimait déjà cet enfant. De même, malgré le risque, elle ne pouvait qu’espérer qu’il soit le fils de Jolan. Parce qu’elle préférait que cet enfant soit le fruit d’une nuit magique bien qu’écervelée, plutôt que le fruit d’un coup vite fait sans qu’elle sache trop pourquoi elle avait cédé.  Parce que même si elle n’envisageait pas de demander quoi que ce soit ni à l’un, ni à l’autre, elle préférait de loin porter l’enfant de l’amusant et du loyal Jolan, plutôt que celui de ce psychopathe d’Octave.

Elle s’exprime et elle voit bien dans le regard de Jolan qu’il n’est pas d’accord. Elle voit cette désapprobation dans toutes les fibres de son corps. La gorge de la blonde ne peut s’empêcher de se serrer. Elle essaye de ne pas imaginer les pensées du Wauters et pourtant... elle ne peut s’empêcher de s’imaginait qu’il la hait et le geste brutal de son ami ne vient que renforcer cette impression.

Les larmes qu’elle contrôlait il y a encore quelques minutes se mettent silencieusement à glisser sur ses joues. Elle les efface alors qu’il se frotte les mains sous l’eau, bien incapable de rire ou de sourire à la tentative d’humour mal placée. D’un geste de baguette, elle répare le mur abimé qui porte la trace du poing et du sang de Jolan. Puis elle entoure son corps de ses bras, ses mains viennent se glisser sur ses hanches comme pour se protéger et protéger ce bébé… Il l’assure qu’il fera ce qu’il faut mais la blonde répète :

- Je peux le faire seule, je vais le faire seule. Je ne te demande rien. Ne te sent pas obligé.

Et alors qu’il remet le sujet de la lycanthropie, Juliet ne comprend pas ce qu’il veut dire par « protéger ». Bien sur qu’elle avait l’intention de protéger cet enfant. C’était déjà ce qu’elle faisait depuis qu’elle avait tourné le dos à cette clinique où elle était censée avorter. Elle ne comprend pas ce qu’il chercher à dire. Parce qu’à part devenir une mère au soutient qui ne connaitrait pas de faille, elle ne peut vraiment rien contre l’état potentiel de ce bébé :

- Qu’est ce que tu veux dire ?

"Du Ministère." J'étais un Loup-Garou connu, enregistré. Et on savait ce que ça voulait dire. J'étais l'animal, même l'humain. Fiché et controlé. Une personne pouvait choisir de l'être, après réflexion, mais pas un enfant et encore moins un nourrisson. Il avait le droit de grandir sans subir le regard des autres. Sans subir la haine qu'engendre la peur de son espèce. De mon espèce. Dès lors, le protéger était important. "Et des autres. Du monde..." Mon regard se figea sur le sien alors que je venais ajouter l'évidence qui me traversait l'esprit : "Des tiens." Parce que sa famille, je me doutais de leur réaction. Les Sang-Pur qu'étaient les Blackthorn, j'étais prêt à parier sur leurs différentes réactions à mon sujet, si ils avaient su. J'étais sur de deviner l'expression de leur visage si ils avaient su avec qui la blonde face à moi avait fricotté. Et inutile de mentionner ce que serait leur tête si ils apprenaient les doutes qui assaillaient leur membre la plus douce maintenant.

Fermant les yeux, je soupirais un instant. Au fond, j'étais pas surpris des choix de la sorcière face à moi. Une Summerbee comme on en fait plus. Dévouée à la famille, qui refuse d'abandonner qui que ce soit qui a besoin de son aide, et qui veut tout réparer. Même le mur que je viens d'abîmer. On croirait voir Annah dans la Reine des Neiges.

"T'as pas à demander. " Elle était summerbee, mais j'étais un Wauters. Et les Wauters comme les De Booij, ça n'abandonnait pas la famille. C'était genre le level +1 de abeilles d'Hungcalf sur le sujet de la Famille. "Surtout que si il l'est, t'auras besoin de moi." C'était une chose de connaitre un Loup. C'en était une autre de le comprendre.

"Que tu le veuilles ou non, qu'il le soit ou pas... et même qu'il soit de moi ou pas..." Bon, je disais pas par là qu'elle avait couché avec tout le campus mais elle avait laissé planer le doute quand meme. "... je vais pas te laisser gérer ça toute seule." Et wesh, qu'elle me sorte pas un truc du style no stress, j'ai untel.

Elle était peut être naïve,  elle le savait, elle en était bien consciente. Mais elle ne voyait pas pourquoi il faudrait protéger un bébé lycanthrope du ministère. N’était ce pas leur but d’apporter un appui et un cadre aux loups-garous ? De les aider dans l’obtention de la potion pour se contrôler les soirs de pleine lune ? Financer les espaces sécurisés où ils pouvaient s’enfermer une fois par mois ? Evidemment il y avait une forme de contrôle… Mais les loups-garous pouvaient être dangereux c’était un fait, alors n’était-ce pas « normal » quelque-part. Elle manquait sûrement de connaissance dans la matière mais Juliet était de celles qui suivaient les règles.

- Je… ne veux pas frauder.

Elle ne voulait pas non plus se disputer avec Jolan. Elle ne voulait pas argumenter. Elle n’en avait pas la force. Elle n’avait pas du tout assez d’esprit pour ce genre de débat qui demande trop de réflexion, trop d’engagement… Plus qu’elle n’était capable d’en fournir aujourd’hui en tout cas. Pour le reste, Juliet hocha la tête gravement. Bien sûr qu’elle protegerait ce bébé du monde extérieur. Pour ça, elle s’en sentait la force. Une force qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant. C’était viscéral. Ca prenait aux tripes. Quant à ses parents…

- Je vais devoir couper les ponts et me débrouiller sans eux. Jamais ils ne pourront accepter que j’ai un enfant sans être mariée. Encore moins si le père est sang mêlé.

Elle marqua une pause et ajouta pour elle-même !

- Plutôt être deshéritée que d’être mariée à Octave Muller.

Les manoirs, les entreprises, l’argent… Elle renonçait volontiers à tout ça. Si on mettait dans la balance un mariage avec le benjamin des Muller… Non vraiment, elle préférait encore arrêter ses études, trouver un petit travail d’infirmière et élever cet enfant imparfaitement mais en autonomie et sans la pression familiale.

Les mots de Jolan lui allèrent droit au cœur. Elle qui avait tenté de rester forte, de rester droite, de retenir les larmes qui menaçaient de couler… voila qu’un sanglot l’étreint alors que le Wauters lui assure de son indéfectible présence, de son soutien sans condition. Elle savait qu’elle pouvait y arriver, elle avait pris sa décision en connaissance de cause. Mais elle avait cette impression qu’elle serait seule. Elle et ce bébé contre le reste du monde. Et petit à petit, elle sentait les rangs se resserer autour d’elle. Elle se sentait de plus en plus soutenue… Awa, Luce… et maintenant Jolan.

- Merci…

Elle répondit d’une voix étranglée par l’émotion, posant son verre pour tendre les bras vers son ami.

Frauder. Le mot est douloureux à entendre d'une certaine façon. Parce qu'au fond, à tes yeux, la fraude est parfois bien nécessaire. Surtout à ce niveau-là. Est-ce réellement frauder que donner le choix à cet enfant à naitre ?

"C'est vrai qu'il y a mieux." Octave. Tu le connais de réputation. Et la réputation te suffirait, si tu ne pouvais affirmer ne pas te rappeler de l'incident des Elfes. Baby Muller par excellence, il représente souvent ce que tu ne seras jamais. Pourtant, une part de toi se dit qu'Octave apporterait à cet enfant une sécurité financière que peu saurait égaler. Mais l'argent ne remplace pas l'amour.

A-t-elle réellement besoin de lever les bras vers toi pour que tu la rejoignes, l'étreigne, la rassure peut-être à ton contact ? Non, bien sur que non. Et alors qu'elle le fait, la distance est franchie rapidement. Tes bras épousent son corps dans une étreinte tout ce qu'il y a d'amical, parce que tu l'apprécies, cette blonde avec qui tu as passé au fond une nuit mémorable. Sans l'aimer de cette façon qui lie les couples, tu ne peux nier qu'elle t'attire et t'inspire un sentiment d'affection. A l'instar d'une soeur qu'elle n'est pas, mais que tu aurais aimé qu'elle soit. Parce que si ta soeur venait t'annoncer la même nouvelle, tu aurais répondu la même chose, les mêmes mots.

"Quoi qu'il se passe, je serais avec toi." Un nouveau murmure. Et qu'importe ce que l'on pense ou dise. Rien ne te fera plier d'un iota sur cette position. "Je dois ranger un peu. Tu veux m'aider ?"

Juliet est incroyablement fatiguée psychologiquement. Elle avait l’impression que chaque mouvement pour remonter à la surface de sa vie était une lutte sans nom. Elle était épuisée et elle n’était pas encore capable d’appréhender totalement l’idée de devenir mère alors mère d’un potentiel bébé lycan… Elle n’était pas capable d’y penser. Elle n’était pas naive au point d’occulter totalement cette hypothèse, mais elle n’était pas capable de le gérer pour l’instant… Et s’il y avait quelque-chose qu’elle devait faire c’était de prendre les choses une à la fois. L’annoncer à Jolan était une première étape…

L’annoncer à Octave Muller en serait une autre. Elle le savait déjà. Elle imaginait sans mal là réaction du Muller. Il n’allait pas apprécier, ça c’était sûr. Parce que l’enjeu n’était pas le même. Un bébé Muller-Blackthorn, imaginez quelques secondes… Des décennies que ces deux familles ne s’étaient pas unies. Par pure rivalité. Si les fiançailles Secunda et Caliban était un premier geste d’alliance… Imaginez les conséquences d’un enfant mélangeant les deux sang des deux plus grandes familles de sang-pur de Grande-Bretagne… Il deviendrait sans contest l’Héritier avec un grand « H ». Mais Juliet ne voulait pas de cette vie… Ni pour elle, ni pour son enfant à naitre. Octave n’avait rien d’un mari et encore moins d’un père. « C’est vrai qu’il y a mieux ». La blonde ne peut s’empêcher un rictus malgré le fait que le situation soit dramatique.

La blonde enfouit son visage dans la nuque de Jolan. La peau chaude et parfumée de l’Amérindien a un effet apaisant sur la blonde qui emprisonne sa nuque dans ses bras Les bras de Jolan ensèrent sa taille et malgré le soulagement ce sont des larmes silencieuses qui coulent le long de ses joues et vienne tacher le tee-shirt blanc du beau brun. Ses mots viennent la réconforter… Elle qui se sentait seule il y a encore quelques jours commence à se rendre compte qu’il y a des gens autour d’elles.

- Merci Jo’. Merci…

Une grande inspiration et elle se sent capable de quitter l’étreinte réconfortante de cet ami. Et elle hoche la tête alors qu’il lui demandait s’il pouvait l’aider à ranger. C’était une bonne idée, peut être fallait il qu’elle se familiarise avec les jouets… Retrouvant un peu de force, elle boit une gorgée de jus d’orange qui lui fait beaucoup de bien avant d’aller ramasser quelques peluche et de les entasser dans ses bras.

- @Grace de Launay est au courant.

Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle a dit ça… Peut être parce qu’elle craignait de blesser encore celle qu’elle considérait toujours comme sa meilleure amie. Elle repensait à ce message auquel elle n’avait jamais eut de réponse.

Grace est au courant...

Quel effet cette phrase devait-elle avoir sur toi, en l'instant ? Tu n'aurais su le dire. Si ça n'avait pas été le cas, l'aurais-tu fait ? Avertir celle avec qui tu étais à nouveau de la nouvelle ? Ou aurais-tu attendu d'avoir des certitudes ? La vérité est que tu n'en savais fichtrement rien. Ce trio que vous formiez, Grace, Juliet et toi était en soi déjà bien assez compliqué ainsi, pour que tu ne rajoute encore un bébé dans l'équation.

Ton regard se tourne vers la jeune femme avec toi alors, avant que tu n'ajoutes alors simplement : "C'est mieux." Réellement ? Peut-être, ou peut-être pas. Mais tu voulais croire que c'était mieux. Tu voulais croire que les deux pouvaient être à nouveau amies, sans que tu ne te retrouves entre les deux. Bien sur, une part de toi redoutait dans ce contexte l'idée d'être le père de l'enfant, de ce que cette naissance pouvait renvoyer à la Pokeby, et dans le même temps, tu n'aurais pas changer d'un iota la décision sur laquelle tu venais de t'affirmer. Tu serais là, quoi qu'il arrive et quoi qu'on en pense. @Grace de Launay, elle, aurait la responsabilité de choisir entre accepter ce choix ou non.

Attrapant quelques livres que tu venais ensuite ranger sur leur étagère, tu répétais encore la même et unique vérité : "Je regrette pas ce qu'il s'est passé. Les conséquences, oui bien sur." Et par conséquences, tu ne parlais pas du petit être dans le ventre de la blonde, mais bien des autres qui avaient suivies votre nuit d'ébats. "Mais pas le nous." Ordinairement, ta voix sur ce genre de phrases auraient été plus séductrice, pourtant cette fois, ce n'est pas le cas. Pour une fois, tu te montres sérieux. Parce que tu leur dois au moins ça non, à elles deux ?

"Votre amitié... J'aurais pas du..." Il est au fond ton unique regret de cette nuit, l'ombre au tableau, la seule chose que tu ne peux pas réellement accepter. Parce qu'elle était à tes yeux un prix bien trop élevé pour ton plaisir égoiste. Parce que, si tu avais eu assez de cervelle sur le moment pour te rendre compte de ce que cela aurait pu réellement couté, tu n'aurais toi-même pas accepter de céder. Mais ce qui était fait était fait. Et aujourd'hui, ton unique espoir de voir cette amitié recollé, c'était de ne pas t'en mêler.

Elle ne sait pas pourquoi elle a dit ça. Vraiment, elle ne sait pas. Elle sait pourquoi elle à pensé à @Grace de Launay à cet instant. Elle était entrain de se dire qu’elle n’était finalement pas si seule que ça. Qu’elle n’était pas isolée. Qu’elle pourrait compter sur le soutien de beaucoup de ses proches. Et elle s’était souvenue du silence de Grâce quand elle lui avait annoncé qu’elle avait fait demi-tour avant d’annihiler toute vie qui demeurait en elle. Un silence assourdissant qui résonnait encore dans l'esprit de la cadette Blackthorn.

Les mots étaient sortis de sa bouche avant qu’elle ne s’en rende vraiment compte, brisant le silence de la sieste des petits anges. Le Wauters s’est immobilisé et la Blackthorn retient son souffle jusqu’à ces deux mots. “C’est mieux.” La surprise se lit dans les yeux de la blondinette. Est-ce que ça l’était vraiment ? Peut être. Sûrement. Au moins ne pouvait on plus lui reprocher, leur reprocher un manque de transparence.

Elle s’attendait à ce qu’ils parlent de la renaissance de la relation du couple de Pokeby mais il n’en est rien. Elle sait. Il sait qu’elle sait. Elle sait qu’il sait qu’elle sait. Et ma foi, c’est sûrement aussi bien comme ça. Juliet s’était tenue à distance des deux en espérant que cet effacement leur permettrait de se retrouver. C’était ce qu’il semblait se passer, et Juliet ne leur souhaitait que le meilleur.

Elle dépose les peluches entassées dans son bras dans le panier en rotin et un frisson la parcourt alors qu’il exprime ne pas regretté ce qu’il s’est passé. Quand il parle des conséquences, elle ne doute même pas un seul instant de quoi il parle, il le confirme quelques secondes plus tard. Elle aussi, elle regrettait d’avoir perdu sa meilleure amie, elle le regrettait amèrement. Mais dans le fond… reviendrait-elle en arrière ? Ferait-elle une croix sur cette nuit ? Sur le plaisir qui avait parcouru son corps ? Sur ce bébé qui grandissait en son sein ? Et tout simplement sur cette amitié qui avait été scellée à la suite de ce pacte ? La réponse était simple.

Non.

- Ce qui est fait est fait, Jolan. Tout aurait pu être différent. Mais la réalité c’est que moi non plus je ne regrette pas. Ne serait-ce que pour ce petit bout qui va venir éclairer ma vie, j’en suis sûre. Tout semble sombre aujourd’hui, mais quand il sera là, je suis sûre que tout ira mieux.

Elle en était intimement persuadée. Elle avait la foi. Grâce l’avait dit elle-même, on ne pouvait renier vingt ans d’amitié sur les faits d’une nuit inconsciente. Tout irait bien, et pour ce bébé aussi. Elle esquisse un sourire et son regard s’attarde sur la pendule. L’heure tourne si vite en présence de l’Amérindien.

- Je vais te laisser, merci de m'avoir faite venir.  

Elle s’approche du Pokeby, dépose un baiser chaste sur sa joue et s’en retourne vers la porte mais avant de la ferme derrière elle, elle adresse quelques mots à son ami.

- Jolan. J’espère qu’il est de toi.