- InvitéInvité
Little did you know [Terminé]
Mar 10 Déc 2019 - 22:01
Il avait appris la nouvelle, simplement, sans artifices. L’un des hiboux du domaine Delgado était venu le rejoindre, déposant la missive sur ses genoux tandis qu’il lisait le dernier bouquin de sa longue liste, assis sur l’un des bancs peuplant les jardins suspendus du château. La lettre ne disait rien de plus que les faits, froidement, sans émotion : que de l’encre étendue sur un bout de parchemin. Senhora Villanueva était morte ; elle avait accueilli le sommeil éternel, la crise cardiaque venant recueillir son âme pourtant si jeune. Le choc avait traversé les nerfs de l’héritier Delgado, électrochoc puissant, et d’une main devenue moite, la lettre s’était évadée pour rejoindre le sol, délaissée. Au final, il ne la connaissait que très peu cette dame. Et si cette femme possédait autant de mystères qu’une inconnue traversant son chemin, aucune émotion ne liant réellement Evandro à cette dernière, les deux individus partageaient, malgré tout, ce point commun des plus précieux. Cette personne à qui qu’il n’aurait jamais cru s’attacher autant au fil des années : Adalia Blackthorn. Si Adalia était connue sous le nom de Blackthorn, le brésilien la connaissait aussi sous le nom de Villanueva, la fille de feu Esperenza Villanueva ; la petite protégée sur laquelle l’homme avait promis de veiller, supplié par ses parents déchus. Ce fameux serment qu’il avait déclaré plusieurs années déjà. Cette promesse qui pesait si lourdement sur ses épaules depuis quelque temps maintenant. Si le secret avait été enterré depuis longtemps, gardé précieusement au fin fond de l’esprit du lufkin, ce dernier savait que le jour viendrait où la vérité devrait être révélée. Le bal d’Halloween avait sous-entendu la présence d’un mystère aux oreilles de la principale concernée, murmurant les échos d’une cachotterie dont elle était le sujet, mais le motif n’avait jamais été discuté entre eux deux.
Et bien qu’il aurait pu jouer l’incompréhension, subterfuge maîtrisé, le désir de tout dévoiler se faisait rage en son âme. La lettre reçue n’avait qu’enflammé son envie et ce fut à peine quelques jours plus tard, que l’héritier Delgado décida d’agir, au détriment de sa promesse de ne rien révéler à la concernée. Assis sur un banc, le jeune homme démontrait les caractéristiques perceptibles de l’inquiétude. La cheville posée sur le genou de son autre jambe, cette dernière s’amusait à galoper au sol, bondissant sous la nervosité du lufkin. Ses mains étaient interreliées, serrées entre elles au point de rendre blanchâtres quelques-unes de ses jointures martyrisées. Sous l’angoisse grandissante, le regard du jeune homme naviguait les eaux tranquilles de la marina d’Inverness, contrastant la tempête qui rageait sauvagement en lui. Il avait demandé à son amie de venir le rejoindre ici et d’une minute à l’autre, Adalia le rejoindrait. Les minutes jouaient dans tous les sens ; à un moment se languissant tandis qu’à un autre, défilant d’une rapidité fulgurante. Il n’avait pas dit grand-chose à la brunette, soufflant seulement qu’il aimerait discuter avec elle. Aucune raison n’avait été annoncée. Et après tout, qu’aurait-il pu dire ? Que ses parents n’étaient pas morts dans le naufrage de son enfance, au contraire, lui-même les connaît depuis plusieurs années ? Oh, mais de ne pas trop se faire d’espoir, sa mère, elle, vient tout juste de rendre l’âme ? Le sujet de la discussion qui débuterait sous peu le frappa de nouveau de plein fouet. Une grimace étira les traits de son visage et d’une main tendue, Evandro passa son pouce et son index contre les paupières fermées de ses yeux. Quelques points colorés flottèrent quelques instants dans la noirceur de son regard avant qu’il n’osât finalement retrouver la lumière tamisée caractéristique d’une fin d’après-midi.
Tournant son visage vers la rue, le brésilien remarqua la silhouette de son amie. Elle s’approchait doucement, jouant de sa grâce naturelle pour réduire l’espace les séparant, toujours aussi élégante dans ses mouvements qu’à son habitude. Et bien qu’il voulut lui offrir l’un de ses sourires habituels, le visage d’Evandro resta figé, interdit. Il se leva, sa grâce, quant à lui, légèrement moins distinguée tandis qu’il accueillait la jeune femme d’une douce accolade, chuchotant à son oreille : “Merci d’être venue.” Il indiqua d’un mouvement simple de la main le banc qu’il avait quitté quelques instants plus tôt, attendant que la princesse y prenne place avant de la rejoindre à son tour. Son regard ne semblait jamais réellement se poser sur celui de son amie, déviant autour, fébrile. Il hésita, ouvrant la bouche un instant, avant de refermer celle-ci. Sa main monta à celle-ci, couvrant ses lèvres et son menton avant de retomber, puisant dans le peu de courage qui lui restait. “J’ai quelque chose à te dire... mais je ne sais pas par où débuter...”, avoua-t-il, avant de soupirer, le portugais si proche de l'espagnol qu'il ne doutait pas qu'elle avait compris, malgré tout, ses dires : "É mais difícil do que eu pensava".
Et bien qu’il aurait pu jouer l’incompréhension, subterfuge maîtrisé, le désir de tout dévoiler se faisait rage en son âme. La lettre reçue n’avait qu’enflammé son envie et ce fut à peine quelques jours plus tard, que l’héritier Delgado décida d’agir, au détriment de sa promesse de ne rien révéler à la concernée. Assis sur un banc, le jeune homme démontrait les caractéristiques perceptibles de l’inquiétude. La cheville posée sur le genou de son autre jambe, cette dernière s’amusait à galoper au sol, bondissant sous la nervosité du lufkin. Ses mains étaient interreliées, serrées entre elles au point de rendre blanchâtres quelques-unes de ses jointures martyrisées. Sous l’angoisse grandissante, le regard du jeune homme naviguait les eaux tranquilles de la marina d’Inverness, contrastant la tempête qui rageait sauvagement en lui. Il avait demandé à son amie de venir le rejoindre ici et d’une minute à l’autre, Adalia le rejoindrait. Les minutes jouaient dans tous les sens ; à un moment se languissant tandis qu’à un autre, défilant d’une rapidité fulgurante. Il n’avait pas dit grand-chose à la brunette, soufflant seulement qu’il aimerait discuter avec elle. Aucune raison n’avait été annoncée. Et après tout, qu’aurait-il pu dire ? Que ses parents n’étaient pas morts dans le naufrage de son enfance, au contraire, lui-même les connaît depuis plusieurs années ? Oh, mais de ne pas trop se faire d’espoir, sa mère, elle, vient tout juste de rendre l’âme ? Le sujet de la discussion qui débuterait sous peu le frappa de nouveau de plein fouet. Une grimace étira les traits de son visage et d’une main tendue, Evandro passa son pouce et son index contre les paupières fermées de ses yeux. Quelques points colorés flottèrent quelques instants dans la noirceur de son regard avant qu’il n’osât finalement retrouver la lumière tamisée caractéristique d’une fin d’après-midi.
Tournant son visage vers la rue, le brésilien remarqua la silhouette de son amie. Elle s’approchait doucement, jouant de sa grâce naturelle pour réduire l’espace les séparant, toujours aussi élégante dans ses mouvements qu’à son habitude. Et bien qu’il voulut lui offrir l’un de ses sourires habituels, le visage d’Evandro resta figé, interdit. Il se leva, sa grâce, quant à lui, légèrement moins distinguée tandis qu’il accueillait la jeune femme d’une douce accolade, chuchotant à son oreille : “Merci d’être venue.” Il indiqua d’un mouvement simple de la main le banc qu’il avait quitté quelques instants plus tôt, attendant que la princesse y prenne place avant de la rejoindre à son tour. Son regard ne semblait jamais réellement se poser sur celui de son amie, déviant autour, fébrile. Il hésita, ouvrant la bouche un instant, avant de refermer celle-ci. Sa main monta à celle-ci, couvrant ses lèvres et son menton avant de retomber, puisant dans le peu de courage qui lui restait. “J’ai quelque chose à te dire... mais je ne sais pas par où débuter...”, avoua-t-il, avant de soupirer, le portugais si proche de l'espagnol qu'il ne doutait pas qu'elle avait compris, malgré tout, ses dires : "É mais difícil do que eu pensava".
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Mar 10 Déc 2019 - 23:27
little did you know
Emmitouflée dans une épaisse écharpe, cape doublée de fourrure posée sur ses épaules la jeune femme avait traversé l’Inverness sorcier pour rejoindre Evandro sur les quais de la marina. L’invitation avait été agréable accueillie, ravie de pouvoir partager un moment avec son ami, ces derniers temps ne leur en avaient pas réellement laissé l’occasion et la soirée d’Halloween avait été soigneusement éludée, mauvais souvenir qu’ils ne souhaitaient pas voir ressassé maintenant que les plaies s’étaient refermées. Arrivée à sa destination, lieu du rendez-vous qu'il lui avait indiqué, elle le reconnait aisément assis sur un banc. Allure altière, regard perdu dans l’horizon il dénote avec les passants agités par le spectacle des phoques et des dauphins, avant qu’il ne tourne la tête, s'animant légèrement en la remarquant, elle aussi, qui s’avançait dans la rue. Signe de la main de la part de la Blackthorn qui presse un peu le pas pour rejoindre le jeune sorcier. Quelques secondes, son regard est attiré par quelques oiseaux marins qui viennent se poser sur le rivage, les douces vagues viennent lécher les pavés du port et le vent fait doucement valser les navires amarrés dans un tableau qui est cher au coeur de l’espagnole. Encore une fois, les étendues d’eau, cette impression de liberté, le mystère des profondeurs et des vagues qui se perdent à l’horizon. La fuite peut être, l’inconnu, surement, le souvenir flou d’une famille qui s’était perdue en mer, beaucoup de choses la ramenaient à l’océan et à ses méandres. Pensées vagabondes qui finissent par accoster à nouveau en Ecosse, elle se promet de prendre la mer un jour, peut-être vers les Amériques, comme l’ont fait les siens, ou du moins, l’ont tenté.
« Hola cariño ! Estoy contenta de verte » Accolade chaleureuse, l’espagnole dépose une bise sur la joue de son ami, tendresse réelle qu’elle ne prend même pas la peine de dissimuler même si le masque ne cessait jamais réellement d’être présent sur son visage de poupée : habitude qu’elle ne perdrait certainement jamais, de s’offrir une distance même face à ceux qui étaient le plus cher à son coeur. Elle porte un sourire aux lèvres tandis qu’il l’invite à s’assoir sur le banc, bien loin de s’imaginer ce qu’il comptait lui apprendre, bien loin d’imaginer qu’il nageait en eaux troubles et que bientôt, elle se noierait elle aussi dans les profondeurs de ses aveux. Il ne lui fallu néanmoins que très peu de temps pour se rendre compte de l’agitation qui habitait le brésilien, la tension qui pouvait s'observer jusque dans sa nuque, son regard fuyant et ses paroles hésitantes, le soucis commence à poindre dans l’esprit de la sorcière qui fronce légèrement les sourcils, restant néanmoins silencieuse dans l’attente de savoir ce qu’il comptait lui annoncer. « J’ai quelque chose à te dire… mais je ne sais pas par où débuter… » Nouveau froncement de sourcils, assise sur le banc, Adalia se tourne complètement vers le sorcier, jambes croisées en tailleur pour pouvoir lui faire face alors qu’il soupire avant de lâcher en portugais : « É mais dificil do que eu pensava » Inutile d’être native pour comprendre ce qu’il disait, ses notions d’espagnol étaient suffisantes pour faire la traduction. S’en était trop, les bonnes résolutions de la lufkin s’effondrent comme un château de cartes balayé par les vents sur la jetée : impossible pour elle de rester stoïque face au désarroi du brun.
Elle se rapproche un peu plus de lui sur le banc, main dégantée qui vient attraper celle d’Evandro elle tente de croiser son regard, yeux noirs habités d’une lueur d’inquiétude. Bien qu’incapable de s’approcher ne serait-ce qu’un peu de la vérité, elle l’interroge : « Il y a un problème ? » Voix presque timide qui détonne avec la constance habituelle de la sorcière, ton plaintif qui semble implorer l’ainé de la rassurer, encore une fois. Elle qui était habituée à voir Evandro comme un roc, empli de certitudes et d’assurance se voyait totalement désemparée par l’air fébrile de son ami. « Tu vas bien au moins ? » Elle pense immédiatement au pire, du moins, à ce qu’elle pense être le pire. Incapable de se dire que cela pouvait avoir un rapport avec elle : c’était tellement improbable que cela ne lui effleurait même pas l’esprit. « Evandro tu m’inquiètes… » Elle reprend finalement, moue plaquée sur son visage tandis qu’elle fait doucement glisser ses doigts contre ceux du sorcier, tentative de le rassurer, geste de douceur pour lui prouver qu’il n’avait pas à s’inquiéter : « Tu peux tout me dire tu sais. » Elle le pensait réellement, honnêteté qu’elle ne se permettait pas souvent d’afficher mais qu’elle offrait sans concession au brésilien. Par Merlin, qu’elle pouvait être naïve à cet instant précis, de se croire suffisamment forte pour pouvoir tout entendre. Orgueilleuse Adalia qui voulait pour une fois prouver qu’elle aussi, pouvait être là lorsqu’il était en peine, ce sorcier si doux à son coeur face à qui elle souhaitait se montrer sous son meilleur jour. Besoin de le voir fier, besoin de le voir, simplement ? Elle ne se rendait qu’à peine compte des raisons qui la poussaient ainsi à l’inquiétude, à la grandeur des émotions et des sentiments lorsqu’il s’agissait de lui.
solsken (code) tumblr (icons) @evandro delgado
« Hola cariño ! Estoy contenta de verte » Accolade chaleureuse, l’espagnole dépose une bise sur la joue de son ami, tendresse réelle qu’elle ne prend même pas la peine de dissimuler même si le masque ne cessait jamais réellement d’être présent sur son visage de poupée : habitude qu’elle ne perdrait certainement jamais, de s’offrir une distance même face à ceux qui étaient le plus cher à son coeur. Elle porte un sourire aux lèvres tandis qu’il l’invite à s’assoir sur le banc, bien loin de s’imaginer ce qu’il comptait lui apprendre, bien loin d’imaginer qu’il nageait en eaux troubles et que bientôt, elle se noierait elle aussi dans les profondeurs de ses aveux. Il ne lui fallu néanmoins que très peu de temps pour se rendre compte de l’agitation qui habitait le brésilien, la tension qui pouvait s'observer jusque dans sa nuque, son regard fuyant et ses paroles hésitantes, le soucis commence à poindre dans l’esprit de la sorcière qui fronce légèrement les sourcils, restant néanmoins silencieuse dans l’attente de savoir ce qu’il comptait lui annoncer. « J’ai quelque chose à te dire… mais je ne sais pas par où débuter… » Nouveau froncement de sourcils, assise sur le banc, Adalia se tourne complètement vers le sorcier, jambes croisées en tailleur pour pouvoir lui faire face alors qu’il soupire avant de lâcher en portugais : « É mais dificil do que eu pensava » Inutile d’être native pour comprendre ce qu’il disait, ses notions d’espagnol étaient suffisantes pour faire la traduction. S’en était trop, les bonnes résolutions de la lufkin s’effondrent comme un château de cartes balayé par les vents sur la jetée : impossible pour elle de rester stoïque face au désarroi du brun.
Elle se rapproche un peu plus de lui sur le banc, main dégantée qui vient attraper celle d’Evandro elle tente de croiser son regard, yeux noirs habités d’une lueur d’inquiétude. Bien qu’incapable de s’approcher ne serait-ce qu’un peu de la vérité, elle l’interroge : « Il y a un problème ? » Voix presque timide qui détonne avec la constance habituelle de la sorcière, ton plaintif qui semble implorer l’ainé de la rassurer, encore une fois. Elle qui était habituée à voir Evandro comme un roc, empli de certitudes et d’assurance se voyait totalement désemparée par l’air fébrile de son ami. « Tu vas bien au moins ? » Elle pense immédiatement au pire, du moins, à ce qu’elle pense être le pire. Incapable de se dire que cela pouvait avoir un rapport avec elle : c’était tellement improbable que cela ne lui effleurait même pas l’esprit. « Evandro tu m’inquiètes… » Elle reprend finalement, moue plaquée sur son visage tandis qu’elle fait doucement glisser ses doigts contre ceux du sorcier, tentative de le rassurer, geste de douceur pour lui prouver qu’il n’avait pas à s’inquiéter : « Tu peux tout me dire tu sais. » Elle le pensait réellement, honnêteté qu’elle ne se permettait pas souvent d’afficher mais qu’elle offrait sans concession au brésilien. Par Merlin, qu’elle pouvait être naïve à cet instant précis, de se croire suffisamment forte pour pouvoir tout entendre. Orgueilleuse Adalia qui voulait pour une fois prouver qu’elle aussi, pouvait être là lorsqu’il était en peine, ce sorcier si doux à son coeur face à qui elle souhaitait se montrer sous son meilleur jour. Besoin de le voir fier, besoin de le voir, simplement ? Elle ne se rendait qu’à peine compte des raisons qui la poussaient ainsi à l’inquiétude, à la grandeur des émotions et des sentiments lorsqu’il s’agissait de lui.
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Mer 11 Déc 2019 - 17:54
Elle semblait heureuse de le voir, jovialité contenue sous le masque qu’il savait de plus en plus déchiffrer. Un petit signe de la main, doucereuse vision que le jeune homme peinait à retourner. Si seulement elle savait. La tendre accolade savait le réconforter, sentiment imposteur dont il vivait les heurts tandis qu’elle déposait la bise sur sa joue froide. Il savait que son visage devait démontrer l’absence de joie, étrangeté dans leur relation, lui qui appréciait tant leurs moments partagés. Victime de ses propres sentiments, le brésilien se punissait lui-même, refusant de jouer la mascarade, refusant d’offrir un sourire qui sonnerait tant hypocrite dans si peu. L’accueil de la brunette jouait d’appréciation, sourire contenu flottant sur ses jolies lèvres rosées. Et malgré les affres habitant son âme, Evandro ne put s’empêcher de noter la beauté de son visage éclairé. Le masque n’ajoutait qu’une fausse timidité à son expression guillerette, mascarade imposée par la noblesse de son sang. Assis côte à côte, la princesse s’épanouissait près de lui, tournant son corps pour mieux le regard de ses yeux bleutés. Sa voix avait attiré son attention, les échos de sa détresse coloraient son ton et d’une proximité qui était devenue habitude, Adalia s’était rapprochée. La petite main qui s’accrocha le fit légèrement grimacer, le sentiment d’imposture brûlant l’intérieur de son être d’un feu vengeur. Et malgré tout, ses doigts se referment autour de la petite main, serrant doucement la peau délicate de sa petite protégée.
Sa petite voix s'éleva, inhabituellement plaintive, soucieuse. “Il y a un problème ?”. Coeur qui se resserrait en réponse, honteux sentiment qui narguait par sa rudesse tandis qu’il réussissait finalement à affronter son regard bleu. Et regard il dut affronter, car la lueur d’inquiétude qui y flottait ne fit qu’accroître sa culpabilité féroce, bouillonnante, débordante. Sa voix mourrait dans sa gorge, incapable de s’élever et pendant ce temps, la princesse s’inquiétait davantage, douce âme qu’elle était. Elle offrait une tendresse qu’elle regretterait, offrait douceur qu’elle voudrait ensuite violemment arracher. Il savait que cette discussion ne serait pas aisée, mais il n’avait point prévu que son hésitation pousserait le demoiselle à tant de délicatesse à son égard. Et pourtant, il aurait dû s'en douter, des éclipses de leur matinée à danser flottant aux abords de son esprit endolori. Si seulement elle savait. Le doigt qui se promenait doucement sur sa main, geste attendrissant, fut le déclic ultime et d’un mouvement sans brusquerie, mais distant, l’aîné retira sa main de l’emprise chaleureuse. Il n’y méritait pas son réconfort, aucun. Pas maintenant, et peut-être plus jamais ?
Il releva légèrement le menton, une main se glissant sur sa nuque raidie, interdit. “Au bal d’Halloween… je ne suis pas certain que tu te souviennes, mais je t’ai appelé par un surnom… ma petite protégée”, débuta-t-il, ses yeux fixant finalement son visage, cherchant confirmation que le souvenir ne lui était pas perdu, réminiscence douloureuse d’une soirée qu’ils peinaient à effacer. Les bruits joviaux des alentours lui semblaient de mauvais goût, insupportables. Il avait envie de hurler au monde de se taire, de respecter le silence tendu, de lui laisser le temps de respirer. Car sa respiration, elle lui manquait. “C’est le surnom que tu as depuis bientôt près de cinq ans”, continua-t-il, la nausée s'immisçant en lui, vivide. Son coeur accélérait, bruit de tambour omniprésent. Il ne se connaissait réellement que depuis quatre ans, son arrivée à Hungcalf. Mais lui, il la connaissait d’avant, de nom du moins. Il avait vu une photo d’enfant, petite fillette de quatre ans, bien loin de s’imaginer la belle femme qu’elle était devenue avec les années. Et pourtant, elle se ressemblait tant. Les petites joues d’un rosé chaleureux, les yeux d’un bleu océanique, rappelant les vagues d’une mer tranquille abrillées du couché de soleil coloré.
Il avala le peu de salive qu’il possédait, sécheresse douloureuse dans sa gorge irritée. "J'ai promis que je te protégerais dès ton arrivée à Hungcalf". La faiblesse l'assaillit. Et l'espace d'un instant, l'homme s'accorda un répit qu'il ne méritait point. Il laissa sous silence à qui la promesse avait été faite, inconnus qui ne le resterait point longtemps, mais assez pour qu'Evandro reprenne le souffle qui lui manquait. Le pire était encore à venir. Il courait un marathon, l'endurance plus émotionnelle que physique tandis qu’il déliait les noeuds de son histoire. Il ne pouvait savoir ce que le début de son récit pouvait créer comme réaction. Son amitié s’était développée, sincère, réelle. Bien que leur rencontre avait été provoquée, exigée par la parole qu’il avait donnée, les émotions qu’il ressentait maintenant pour elle étaient des plus légitimes.
Sa petite voix s'éleva, inhabituellement plaintive, soucieuse. “Il y a un problème ?”. Coeur qui se resserrait en réponse, honteux sentiment qui narguait par sa rudesse tandis qu’il réussissait finalement à affronter son regard bleu. Et regard il dut affronter, car la lueur d’inquiétude qui y flottait ne fit qu’accroître sa culpabilité féroce, bouillonnante, débordante. Sa voix mourrait dans sa gorge, incapable de s’élever et pendant ce temps, la princesse s’inquiétait davantage, douce âme qu’elle était. Elle offrait une tendresse qu’elle regretterait, offrait douceur qu’elle voudrait ensuite violemment arracher. Il savait que cette discussion ne serait pas aisée, mais il n’avait point prévu que son hésitation pousserait le demoiselle à tant de délicatesse à son égard. Et pourtant, il aurait dû s'en douter, des éclipses de leur matinée à danser flottant aux abords de son esprit endolori. Si seulement elle savait. Le doigt qui se promenait doucement sur sa main, geste attendrissant, fut le déclic ultime et d’un mouvement sans brusquerie, mais distant, l’aîné retira sa main de l’emprise chaleureuse. Il n’y méritait pas son réconfort, aucun. Pas maintenant, et peut-être plus jamais ?
Il releva légèrement le menton, une main se glissant sur sa nuque raidie, interdit. “Au bal d’Halloween… je ne suis pas certain que tu te souviennes, mais je t’ai appelé par un surnom… ma petite protégée”, débuta-t-il, ses yeux fixant finalement son visage, cherchant confirmation que le souvenir ne lui était pas perdu, réminiscence douloureuse d’une soirée qu’ils peinaient à effacer. Les bruits joviaux des alentours lui semblaient de mauvais goût, insupportables. Il avait envie de hurler au monde de se taire, de respecter le silence tendu, de lui laisser le temps de respirer. Car sa respiration, elle lui manquait. “C’est le surnom que tu as depuis bientôt près de cinq ans”, continua-t-il, la nausée s'immisçant en lui, vivide. Son coeur accélérait, bruit de tambour omniprésent. Il ne se connaissait réellement que depuis quatre ans, son arrivée à Hungcalf. Mais lui, il la connaissait d’avant, de nom du moins. Il avait vu une photo d’enfant, petite fillette de quatre ans, bien loin de s’imaginer la belle femme qu’elle était devenue avec les années. Et pourtant, elle se ressemblait tant. Les petites joues d’un rosé chaleureux, les yeux d’un bleu océanique, rappelant les vagues d’une mer tranquille abrillées du couché de soleil coloré.
Il avala le peu de salive qu’il possédait, sécheresse douloureuse dans sa gorge irritée. "J'ai promis que je te protégerais dès ton arrivée à Hungcalf". La faiblesse l'assaillit. Et l'espace d'un instant, l'homme s'accorda un répit qu'il ne méritait point. Il laissa sous silence à qui la promesse avait été faite, inconnus qui ne le resterait point longtemps, mais assez pour qu'Evandro reprenne le souffle qui lui manquait. Le pire était encore à venir. Il courait un marathon, l'endurance plus émotionnelle que physique tandis qu’il déliait les noeuds de son histoire. Il ne pouvait savoir ce que le début de son récit pouvait créer comme réaction. Son amitié s’était développée, sincère, réelle. Bien que leur rencontre avait été provoquée, exigée par la parole qu’il avait donnée, les émotions qu’il ressentait maintenant pour elle étaient des plus légitimes.
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Mer 11 Déc 2019 - 18:35
little did you know
Main retirée à ses caresses réconfortantes, d’un geste qui n’était pas brusque mais dont l’étudiante tendait à comprendre les sentiments, Evandro s’éloigne, refusant le contact, refusant le soutien qu’elle cherchait à lui offrir. Blessée dans son ego, ’espagnole serre les dents, c’était suffisamment difficile pour elle de se montrer prévenante, de mettre de côté l’égoïsme qu’on lui avait inculqué, sans que la personne en face rejette ses efforts. Qu’avait-elle donc fait pour qu’il se comporte de la sorte ? Elle tente de trouver des raisons, mais rien ne lui venait, avait-elle était mauvaise sans même s’en rendre compte ? Elle avait beau tenir énormément à Evandro, peut-être avait-elle fait quelque chose qui l’avait mis mal à l’aise malgré elle. Ce qu’elle avait pensé être une douce rencontre, comme celles qu’ils partageaient parfois au château prenait un tout autre visage, écho de l’humeur distante du jeune sorcier. Salive difficilement avalée elle jette un oeil autour d’eux, roulement des vagues qui apaisaient son fort intérieur alors qu’elle garde le poison qui l’emplit à l’intérieur d’elle-même.
Pour la première fois il remonte les yeux vers son visage, évoquant un évènement du bal d’Halloween dont il pensait qu’elle n’avait pas le souvenir. Acquiesçant doucement elle tente de paraitre moins sèche que son naturel la pousse à se montrer : « Je me souviens oui. » Elle avait fait l’effort de ne pas en reparler, de ça, et d’autres choses arrivées lorsque le lufkin était sous l’emprise de la sucrerie ensorcelée. Coeur maladroit et inexpérimenté qui refusait de se souvenir, esprit trop compartimenté qui préférait faire comme si de rien n’était alors que les images des souvenirs la rendaient amère. Mais les mots, ma petite protégée, elle n’avait pas oublié. Avec les péripéties qu’ils avaient vécus par la suite, elle n’en n’avait pas fait une priorités une fois sortis du château mais le fait qu’Evandro en reparle piquait au vif sa curiosité.
Cinq ans. Elle ne peine pas à faire le calcul, il y avait une année de trop. Mais elle ne comprenait pas. Incompréhension qui laisse place à une certaine dureté dans son regard, elle se sent flouée de ne pas faire le lien. Elle qui avait l’habitude de tout savoir, de tout deviner se trouvait dans une situation qui la mettait mal à l’aise : attente douloureuse de la suite des aveux du brun elle plante ses mains dans le creux de ses jambes pour ne pas montrer l’impatience qui commençait à l’envahir. Elle voulait lui laisser le temps de trouver ses mots bien que l’attente était lancinante : cela semblait difficile pour lui d’en parler et si Adalia n’était pas connue pour son empathie, il n’y avait pas d’effort qu’elle ne ferait pas pour le brésilien.
« J’ai promis que je te protègerais dès ton arrivée à Hungcalf. » Il est livide et l’incompréhension ne fait que croitre dans l’esprit de la Blackthorn. De multitudes de questions se bousculaient dans sa tête, créant un vacarme assourdissant sous son crâne, un bourdonnement qui lui donnait la nausée alors qu’elle ne connaissait rien encore du mal qui allait les frapper tous deux. Le silence se pose sur le couple, seulement brisé par les rires et les éclats de voix des passants. Adalia, perplexe, passe une main dans ses cheveux avant de lâcher, aveu de faiblesse qui lui coutait, moue agacée qui se glisse fugacement sur son visage : « Je ne suis pas sûre de comprendre… » Doux euphémisme alors qu’elle nageait dans un épais brouillard. « Tu as promis que tu me protègerais… » Elle fronce doucement les sourcil avant de demander d’une voix douce : « A qui as-tu fait cette promesse ? » Calme conservé malgré l’agitation interne, elle ne voulait pas céder à quelconque panique ou pousser Evandro à se sentir encore plus acculé par ses questions pressées. Il y avait certainement une explication logique. Avait-il promis à l’un de ses frères ? à Kiran ? à Hae ? Cela semblait incongru, chacun étant présent à Hungcalf lors de l’entrée de leur cadette à l’université. A Claudia et Aloysius ? C’était encore moins probable, surtout qu’il ne lui semblaient pas que Blackthorn et Delgado se côtoient particulièrement. Elle écarte toutes les suppositions une par une aucune ne lui semblant faire sens.
Le détail des années lui revient en tête, quelque chose ne correspond pas, elle se risque à poser une question qu’elle risquait de regretter ensuite. « Je… » Elle soupire doucement, situation devenant inconfortable pour l’un comme pour l’autre. « Est-ce que tu me connaissais avant Hungcalf ? » Elle faisait suffisamment confiance à sa propre mémoire pour savoir que ce n’était pas le cas de son côté. Elle se souvenait des premières fois qu’ils s’étaient croisés dans la salle commune des lufkins. Premiers échanges de paroles sans grand intérêt : partage de leurs lectures et bien vite, le brésilien avait su se faire une place dans le quotidien de la madrilène. Elle avait pensé à un heureux hasard : mais tout semblait indiquer le contraire maintenant. Pourtant, elle ne parvenait pas à comprendre. Pourquoi le cacher ? Pourquoi la protéger ?
solsken (code) tumblr (icons) @evandro delgado
Pour la première fois il remonte les yeux vers son visage, évoquant un évènement du bal d’Halloween dont il pensait qu’elle n’avait pas le souvenir. Acquiesçant doucement elle tente de paraitre moins sèche que son naturel la pousse à se montrer : « Je me souviens oui. » Elle avait fait l’effort de ne pas en reparler, de ça, et d’autres choses arrivées lorsque le lufkin était sous l’emprise de la sucrerie ensorcelée. Coeur maladroit et inexpérimenté qui refusait de se souvenir, esprit trop compartimenté qui préférait faire comme si de rien n’était alors que les images des souvenirs la rendaient amère. Mais les mots, ma petite protégée, elle n’avait pas oublié. Avec les péripéties qu’ils avaient vécus par la suite, elle n’en n’avait pas fait une priorités une fois sortis du château mais le fait qu’Evandro en reparle piquait au vif sa curiosité.
Cinq ans. Elle ne peine pas à faire le calcul, il y avait une année de trop. Mais elle ne comprenait pas. Incompréhension qui laisse place à une certaine dureté dans son regard, elle se sent flouée de ne pas faire le lien. Elle qui avait l’habitude de tout savoir, de tout deviner se trouvait dans une situation qui la mettait mal à l’aise : attente douloureuse de la suite des aveux du brun elle plante ses mains dans le creux de ses jambes pour ne pas montrer l’impatience qui commençait à l’envahir. Elle voulait lui laisser le temps de trouver ses mots bien que l’attente était lancinante : cela semblait difficile pour lui d’en parler et si Adalia n’était pas connue pour son empathie, il n’y avait pas d’effort qu’elle ne ferait pas pour le brésilien.
« J’ai promis que je te protègerais dès ton arrivée à Hungcalf. » Il est livide et l’incompréhension ne fait que croitre dans l’esprit de la Blackthorn. De multitudes de questions se bousculaient dans sa tête, créant un vacarme assourdissant sous son crâne, un bourdonnement qui lui donnait la nausée alors qu’elle ne connaissait rien encore du mal qui allait les frapper tous deux. Le silence se pose sur le couple, seulement brisé par les rires et les éclats de voix des passants. Adalia, perplexe, passe une main dans ses cheveux avant de lâcher, aveu de faiblesse qui lui coutait, moue agacée qui se glisse fugacement sur son visage : « Je ne suis pas sûre de comprendre… » Doux euphémisme alors qu’elle nageait dans un épais brouillard. « Tu as promis que tu me protègerais… » Elle fronce doucement les sourcil avant de demander d’une voix douce : « A qui as-tu fait cette promesse ? » Calme conservé malgré l’agitation interne, elle ne voulait pas céder à quelconque panique ou pousser Evandro à se sentir encore plus acculé par ses questions pressées. Il y avait certainement une explication logique. Avait-il promis à l’un de ses frères ? à Kiran ? à Hae ? Cela semblait incongru, chacun étant présent à Hungcalf lors de l’entrée de leur cadette à l’université. A Claudia et Aloysius ? C’était encore moins probable, surtout qu’il ne lui semblaient pas que Blackthorn et Delgado se côtoient particulièrement. Elle écarte toutes les suppositions une par une aucune ne lui semblant faire sens.
Le détail des années lui revient en tête, quelque chose ne correspond pas, elle se risque à poser une question qu’elle risquait de regretter ensuite. « Je… » Elle soupire doucement, situation devenant inconfortable pour l’un comme pour l’autre. « Est-ce que tu me connaissais avant Hungcalf ? » Elle faisait suffisamment confiance à sa propre mémoire pour savoir que ce n’était pas le cas de son côté. Elle se souvenait des premières fois qu’ils s’étaient croisés dans la salle commune des lufkins. Premiers échanges de paroles sans grand intérêt : partage de leurs lectures et bien vite, le brésilien avait su se faire une place dans le quotidien de la madrilène. Elle avait pensé à un heureux hasard : mais tout semblait indiquer le contraire maintenant. Pourtant, elle ne parvenait pas à comprendre. Pourquoi le cacher ? Pourquoi la protéger ?
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Mer 11 Déc 2019 - 22:51
Elle s’éloignait la petite, chagrin accompagnant l’éloignement de son tiraillement doucereux. Et bien que cela l’attristait, une voix mesquine lui susurrait à l’esprit que c’était pour le mieux. Le pire était à venir, le coup de grâce narguant par son existante. Pendant ce temps, soumise à une incompréhension qu’il ne faisait qu’agrandir, elle reprenait les airs de glace, la dureté retrouvant aisément ses gestes et posture. Une main se perdit dans sa longue chevelure tandis que sa voix révélait de cette vulnérabilité qui vous agaçait. La peur de se tromper, la peur de l’inconnu : elle se laissait emporter par le courant, naufragée contre son gré. Elle usait d’un calme surréaliste, nageant la mer qui s’agitait sans lâcher prise tandis qu’elle posait les bonnes questions, usant d’une douceur qu’il savait éphémère. Les nuages imaginaires approchaient, signe incontestable de la tempête qui frapperait le couple sous peu. En avait-elle conscience ? Voyait-elle l’horreur qui plombait au-dessus d’elle ? Of course not. Car l’étendue de son aveu débutait à peine. Il n’avait que frôlé la surface, douloureuse menace qui pointait à peine le bout de son nez. Et lui, pendant ce temps, il la ressentait jusque dans ses os, vibrations incessantes qui le faisait frémir : cette peur qui vous tenait prisonnier. Car c’était bien la peur qu’il ressentait. Evandro était terrorisé par la suite de son récit, par la confession qui flottait aux abords de ses lèvres, prête à s’évader. Il s’accrocha à la dernière bouée offerte, répit qui tirait à sa fin, mais dont il étirait les derniers filaments. Lâche et faible, il s’accrochait à la patience qui s’épuisait. “Non, nous nous sommes véritablement rencontrés à Hungcalf. Je ne connaissais que ton nom avant.”, répondit le brésilien, sans plus, de nouvelles secondes s'allongeant de leur lenteur démesurée. Il ne faisait qu’ajouter à une incompréhension pourtant déjà immense, il s’en doutait. L’ombre d’un instant, l’héritier s’aventura à peser le pour et le contre; l’ignorance agaçante contre la vérité torturante. Faisait-il réellement le bon choix ? Il avait agi sous l’émotion, sous le désir brûlant. Mais voilà qu’il se questionnait : est-ce que toute vérité, aussi douloureuse qu’elle soit, était toujours meilleure que le mensonge réconfortant ? Interrogation qui arrivait bien trop tard pour ne poser réelle importance.
L’heure avait sonné, véridique. Le jugement devait tomber, la mascarade devait disparaître. D’un soupir faisant écho à celui d'Adalia, l’héritier Delgado remonta son regard sur elle. Filho da puta. La honte s’agrandissait, se faisant violence en lui. Il y a cinq ans, il était un homme différent, l’arrogance du sang pur trônant au-dessus de tout. Ce sentiment de supériorité, de dominance, était recherché avant tout, sans réelle considération pour ceux qui en subissaient les conséquences, quelles qu'elles soient. Tout ce qui importait était l’hégémonie de leur nom, de leur compagnie. Endettée aux Delgados, la famille Villanueva avait encore plusieurs contacts qui pouvaient bénéficier l’entreprise botanique, et confronté à l’attrait de cette dette, celle-ci avait surplombé le reste. Mais maintenant, lorsque ses yeux osaient se poser sur la demoiselle, remarquant le froid qui l’envahissait, la nervosité de son corps, la culpabilité de l’héritier ne faisait que décupler, douloureuse. “Dios mio, lo siento mucho, querida”, soupira-t-il, prémisse à ce qui suivrait. L’abattement était plus notable que jamais, sa tête se penchant, fixant, sans réellement le voir, l’oiseau gambadant près d’eux. “J’ai fait la promesse de te protéger à tes parents, la familia Villanueva. Tu connais ce nom, n’est-ce pas ?”, soupira-t-il, regardant d’au travers ses cils la demoiselle, ses mains se tortillant l'une autour de l'autre. Bourreau, il regardait la guillotine tomber. L’épée de Démoclès descendait, tranchante, sans pitié aucune pour ses deux victimes.
La promesse qu’il avait faite pesait lourd sur ses épaules, poids insoutenable qu’il peinait à porter. Et pourtant, il n’arrivait point à détester l’obligation qu’il s’était vu donner. Car sans elle, Adalia n’aurait été qu’un visage parmi tant d’autres, une étudiante à qui il n'aurait peut-être point porté attention. Ce serment avait, malgré tout ce qu’il causait aujourd’hui, offert une possibilité qu'il chérissait maintenant du plus profond de son âme, une opportunité de connaître réellement cette femme qui faisait partie intégrale de sa vie quotidienne. Si leur rencontre avait débuté sous l'obligation promise, leur histoire s'était écrite de leur propre gré. Ils étaient les auteurs de leur propre récit, la cause réelle de leurs premières salutations. Il espérait maintenant seulement que son aveu ne sonnerait pas la fin de leur chapitre, une page ultime qui séparerait à tout jamais leur histoire. Le silence s'alourdissait, remplis de non-dits qu'il peinait à énoncer.
"J'aurais dû te le te dire avant, bien avant. Mais le silence faisait aussi partie de ma promesse...", continua-t-il d'un murmure chambranlant. Cette vérité n'était pas la sienne à dire. Il le savait. Et pourtant, le désir avait été trop grand, irrésistible. Leur amitié, s'aveuglait-il encore à penser, avait tant évolué. Comment pouvait-il explorer, oser découvrir ce que son coeur lui criait si l’essence même de leur relation avait été bâti sur un mensonge. Sans la plus pure des honnêtetés, ce que le brésilien s’interdisait de reconnaître était voué au plus grand des échecs.
L’heure avait sonné, véridique. Le jugement devait tomber, la mascarade devait disparaître. D’un soupir faisant écho à celui d'Adalia, l’héritier Delgado remonta son regard sur elle. Filho da puta. La honte s’agrandissait, se faisant violence en lui. Il y a cinq ans, il était un homme différent, l’arrogance du sang pur trônant au-dessus de tout. Ce sentiment de supériorité, de dominance, était recherché avant tout, sans réelle considération pour ceux qui en subissaient les conséquences, quelles qu'elles soient. Tout ce qui importait était l’hégémonie de leur nom, de leur compagnie. Endettée aux Delgados, la famille Villanueva avait encore plusieurs contacts qui pouvaient bénéficier l’entreprise botanique, et confronté à l’attrait de cette dette, celle-ci avait surplombé le reste. Mais maintenant, lorsque ses yeux osaient se poser sur la demoiselle, remarquant le froid qui l’envahissait, la nervosité de son corps, la culpabilité de l’héritier ne faisait que décupler, douloureuse. “Dios mio, lo siento mucho, querida”, soupira-t-il, prémisse à ce qui suivrait. L’abattement était plus notable que jamais, sa tête se penchant, fixant, sans réellement le voir, l’oiseau gambadant près d’eux. “J’ai fait la promesse de te protéger à tes parents, la familia Villanueva. Tu connais ce nom, n’est-ce pas ?”, soupira-t-il, regardant d’au travers ses cils la demoiselle, ses mains se tortillant l'une autour de l'autre. Bourreau, il regardait la guillotine tomber. L’épée de Démoclès descendait, tranchante, sans pitié aucune pour ses deux victimes.
La promesse qu’il avait faite pesait lourd sur ses épaules, poids insoutenable qu’il peinait à porter. Et pourtant, il n’arrivait point à détester l’obligation qu’il s’était vu donner. Car sans elle, Adalia n’aurait été qu’un visage parmi tant d’autres, une étudiante à qui il n'aurait peut-être point porté attention. Ce serment avait, malgré tout ce qu’il causait aujourd’hui, offert une possibilité qu'il chérissait maintenant du plus profond de son âme, une opportunité de connaître réellement cette femme qui faisait partie intégrale de sa vie quotidienne. Si leur rencontre avait débuté sous l'obligation promise, leur histoire s'était écrite de leur propre gré. Ils étaient les auteurs de leur propre récit, la cause réelle de leurs premières salutations. Il espérait maintenant seulement que son aveu ne sonnerait pas la fin de leur chapitre, une page ultime qui séparerait à tout jamais leur histoire. Le silence s'alourdissait, remplis de non-dits qu'il peinait à énoncer.
"J'aurais dû te le te dire avant, bien avant. Mais le silence faisait aussi partie de ma promesse...", continua-t-il d'un murmure chambranlant. Cette vérité n'était pas la sienne à dire. Il le savait. Et pourtant, le désir avait été trop grand, irrésistible. Leur amitié, s'aveuglait-il encore à penser, avait tant évolué. Comment pouvait-il explorer, oser découvrir ce que son coeur lui criait si l’essence même de leur relation avait été bâti sur un mensonge. Sans la plus pure des honnêtetés, ce que le brésilien s’interdisait de reconnaître était voué au plus grand des échecs.
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Mer 11 Déc 2019 - 23:50
little did you know
Le temps semble s’être arrêté, secondes s’étirant à l’extrême sous l’attente douloureuse de la Blackthorn. Elle avait beau ne pas avoir les clés pour comprendre ce qui se jouait dans l’esprit du brésilien, elle avait beau ne pas pouvoir se douter une seule seconde de ce qu’il allait lui révéler elle sentait bien la tension qui se jouait entre eux deux. Il hésite, il ne sait par où commencer, il s’excuse, il fait chemin arrière. Elle, yeux rivés sur son visage, prend son mal en patience. Mais, finalement, elle aurait sans doute préféré que la délivrance n’arrive jamais. Il avoue : il avoue la promesse, et le nom qu’il prononce a pour effet de rendre livide l’espagnole en moins d’un instant.
Villanueva. Le nom résonne comme un écho infini dans son crâne, accent madrilène qu’elle ne connaissait que trop bien malgré des années où le patronyme avait été passé sous silence. Interdite, elle met quelques secondes à faire le lien, clignant des yeux quelques fois pour sortir de sa léthargie, coup de massue qui la laissait légèrement chancelante sur le banc, tremblante malgré elle. Villanueva. Elle ne pensait plus jamais entendre ce nom. Villanueva. Comme le souvenir fané d’une autre vie qu’elle avait manquée. L’inclinaison récurrente d’oublier ses origines, pour ne pas souffrir plus, pour ne plus penser qu’elle avait été laissée de côté. Elle pensait que c’était pour le mieux Adalia : que si ses parents l’avaient emmenée avec eux sur ce navire, elle aurait péri au fond de l’Atlantique en même temps qu’eux. Elle pensait que c’était pour le mieux car elle n’avait rien à reprocher à sa vie actuelle : les Blackthorn n’avaient jamais été des parents aimants, amis elle avait sa fratrie, frères et soeur de coeur qu’elle n’échangerai pour rien au monde, pas même la possibilité de les rencontrer, rien qu’une seconde. Elle avait fait le deuil de cette famille qui lui avait donné la vie : les Blackthorn ne l’avaient d’ailleurs jamais poussée à prendre contact avec ses origines, de l’Espagne elle ne connaissait que ce qu’on lui avait raconté, des Villanueva, seulement le nom et la certitude qu’elle pourrait leur faire honneur s’ils la voyaient de là où ils étaient.
« Je… » Elle a la voix qui tremble, légèrement rauque malgré elle, elle tousse quelques fois comme pour faire disparaitre son trouble en même temps que le voile sur ses cordes vocales. Les questions se bousculaient à ses lèvres alors que sa gorge était serrée par des émotions contraires : elle ne savait même pas par où commencer. Elle ne savait même pas si elle devait être triste, en colère, haineuse, surprise ou totalement dévastée. Les bourrasques de la tempête emportaient tout sur leur passage : elle qui pensait que les vagues calmes de la marina suffiraient à la maintenir sur la terre ferme se voyait entrainée vers le large par cet aveu. Elle ressentait trop d’émotion, comme si son coeur, peu habitué à de tels déferlement, plus accoutumé à la décontraction de la froideur, au calme de l’hypocrisie mondaine et à ce masque qui lissait toute surprise la réduisant à de légers soubresauts d’humeur Elle lève le regard vers Evandro, grands yeux sombres qui tentent de s’accrocher aux siens, tentative désespérée pour ne pas se noyer, mais elle ne trouve aucune amarre pour s’y raccrocher. La culpabilité dans le regard du brésilien ne laissait aucun doute sur la véracité de ses propos. Elle passe ses mains sur son visage, phalanges blanches d’avoir trop serré les points, doigts engourdis alors qu’elle tentait de garder le contrôle. Elle doit commencer par le début, mais tout lui semble si incongru. « Mes parents, difficile pour elle ne serait-ce que d’admettre que ses parents sont autres que les Blackthorn, t’ont demandé il y a cinq ans, elle appuie sur le nombre d’années, comme pour mettre en lumière l’absurde de la situation, famille disparue en mer à l’aube du deuxième millénaire, de me protéger à Hungcalf ? » Cela n’avait aucun sens. Et pourtant, elle poursuit le raisonnement, esprit logique qui cherchait à remettre les informations dans l’ordre, tentative de se dissocier de ce qui était entrain d’arriver. « Les Villanueva… elle cherche ses mots, ahurie de l’idée qu’elle émettait à voix haute, ont survécu au naufrage ? »
Perdue en eaux troubles, elle cherche confirmation auprès du lufkin, s’accrochant tout de même à ses paroles bien que tout semblait réduit à néant. Avait-il menti durant toute ces années ? Elle ne parvenait à comprendre : elle ne voulait pas comprendre. Car, malgré les aveux partiels, malgré les questions qui restaient encore sans réponse, il y avait bien quelque chose que l’espagnole comprenait. Evandro n’était pas une ombre bienveillante sur chacun de ses gestes par le plus grand des hasards. Sa présence lors de ses grandes tristesses, lors de ses chutes, lors des évènements sombres qui avaient jalonnés ses premières années universitaires n’était pas liée à un simple alignement des astres en sa faveur. Il était là parce qu’on lui avait demandé, obligation du serment signé auprès d’une famille oubliée : et quelle famille ? Un père qui avait laissé croire à sa mort durant presque deux décennies, une mère qui avait réussi à vivre en sachant sa fille abandonnée sur un autre continent. « Ce n’était que mensonge alors ? Toutes ces années ? » Elle finit par demander, ombre qui plane sur son regard, voix assombrie par les pièces qui s’emboitaient finalement. Il y a des centaines de choses qu’elle souhaite comprendre : des centaines de choses qu’elle souhaite savoir mais au delà de toute il y a cette impression d’avoir été trompée, d’avoir été manipulée durant des années par des personnes en qui elle avait une confiance aveugle. Il y avait l’égo de l’enfant qui était meurtri par l’abandon et qui se voyait blessé une nouvelle fois par l’impression de n’être qu’un poids supplémentaire, une obligation, une promesse à honorer. Au delà de la nouvelle assommante, elle se sentait trahie par son ami, cet ami qui avait une place toute spéciale dans son coeur, pouvait-elle l’appeler simplement ami ? Pouvait-elle ignorer ce qui étreignait son coeur depuis quelques temps ? Mais surtout : pouvait-elle ignorer que tout se brisait en ce moment même sous la force des vagues et de la houle ?
solsken (code) tumblr (icons) @evandro delgado
Villanueva. Le nom résonne comme un écho infini dans son crâne, accent madrilène qu’elle ne connaissait que trop bien malgré des années où le patronyme avait été passé sous silence. Interdite, elle met quelques secondes à faire le lien, clignant des yeux quelques fois pour sortir de sa léthargie, coup de massue qui la laissait légèrement chancelante sur le banc, tremblante malgré elle. Villanueva. Elle ne pensait plus jamais entendre ce nom. Villanueva. Comme le souvenir fané d’une autre vie qu’elle avait manquée. L’inclinaison récurrente d’oublier ses origines, pour ne pas souffrir plus, pour ne plus penser qu’elle avait été laissée de côté. Elle pensait que c’était pour le mieux Adalia : que si ses parents l’avaient emmenée avec eux sur ce navire, elle aurait péri au fond de l’Atlantique en même temps qu’eux. Elle pensait que c’était pour le mieux car elle n’avait rien à reprocher à sa vie actuelle : les Blackthorn n’avaient jamais été des parents aimants, amis elle avait sa fratrie, frères et soeur de coeur qu’elle n’échangerai pour rien au monde, pas même la possibilité de les rencontrer, rien qu’une seconde. Elle avait fait le deuil de cette famille qui lui avait donné la vie : les Blackthorn ne l’avaient d’ailleurs jamais poussée à prendre contact avec ses origines, de l’Espagne elle ne connaissait que ce qu’on lui avait raconté, des Villanueva, seulement le nom et la certitude qu’elle pourrait leur faire honneur s’ils la voyaient de là où ils étaient.
« Je… » Elle a la voix qui tremble, légèrement rauque malgré elle, elle tousse quelques fois comme pour faire disparaitre son trouble en même temps que le voile sur ses cordes vocales. Les questions se bousculaient à ses lèvres alors que sa gorge était serrée par des émotions contraires : elle ne savait même pas par où commencer. Elle ne savait même pas si elle devait être triste, en colère, haineuse, surprise ou totalement dévastée. Les bourrasques de la tempête emportaient tout sur leur passage : elle qui pensait que les vagues calmes de la marina suffiraient à la maintenir sur la terre ferme se voyait entrainée vers le large par cet aveu. Elle ressentait trop d’émotion, comme si son coeur, peu habitué à de tels déferlement, plus accoutumé à la décontraction de la froideur, au calme de l’hypocrisie mondaine et à ce masque qui lissait toute surprise la réduisant à de légers soubresauts d’humeur Elle lève le regard vers Evandro, grands yeux sombres qui tentent de s’accrocher aux siens, tentative désespérée pour ne pas se noyer, mais elle ne trouve aucune amarre pour s’y raccrocher. La culpabilité dans le regard du brésilien ne laissait aucun doute sur la véracité de ses propos. Elle passe ses mains sur son visage, phalanges blanches d’avoir trop serré les points, doigts engourdis alors qu’elle tentait de garder le contrôle. Elle doit commencer par le début, mais tout lui semble si incongru. « Mes parents, difficile pour elle ne serait-ce que d’admettre que ses parents sont autres que les Blackthorn, t’ont demandé il y a cinq ans, elle appuie sur le nombre d’années, comme pour mettre en lumière l’absurde de la situation, famille disparue en mer à l’aube du deuxième millénaire, de me protéger à Hungcalf ? » Cela n’avait aucun sens. Et pourtant, elle poursuit le raisonnement, esprit logique qui cherchait à remettre les informations dans l’ordre, tentative de se dissocier de ce qui était entrain d’arriver. « Les Villanueva… elle cherche ses mots, ahurie de l’idée qu’elle émettait à voix haute, ont survécu au naufrage ? »
Perdue en eaux troubles, elle cherche confirmation auprès du lufkin, s’accrochant tout de même à ses paroles bien que tout semblait réduit à néant. Avait-il menti durant toute ces années ? Elle ne parvenait à comprendre : elle ne voulait pas comprendre. Car, malgré les aveux partiels, malgré les questions qui restaient encore sans réponse, il y avait bien quelque chose que l’espagnole comprenait. Evandro n’était pas une ombre bienveillante sur chacun de ses gestes par le plus grand des hasards. Sa présence lors de ses grandes tristesses, lors de ses chutes, lors des évènements sombres qui avaient jalonnés ses premières années universitaires n’était pas liée à un simple alignement des astres en sa faveur. Il était là parce qu’on lui avait demandé, obligation du serment signé auprès d’une famille oubliée : et quelle famille ? Un père qui avait laissé croire à sa mort durant presque deux décennies, une mère qui avait réussi à vivre en sachant sa fille abandonnée sur un autre continent. « Ce n’était que mensonge alors ? Toutes ces années ? » Elle finit par demander, ombre qui plane sur son regard, voix assombrie par les pièces qui s’emboitaient finalement. Il y a des centaines de choses qu’elle souhaite comprendre : des centaines de choses qu’elle souhaite savoir mais au delà de toute il y a cette impression d’avoir été trompée, d’avoir été manipulée durant des années par des personnes en qui elle avait une confiance aveugle. Il y avait l’égo de l’enfant qui était meurtri par l’abandon et qui se voyait blessé une nouvelle fois par l’impression de n’être qu’un poids supplémentaire, une obligation, une promesse à honorer. Au delà de la nouvelle assommante, elle se sentait trahie par son ami, cet ami qui avait une place toute spéciale dans son coeur, pouvait-elle l’appeler simplement ami ? Pouvait-elle ignorer ce qui étreignait son coeur depuis quelques temps ? Mais surtout : pouvait-elle ignorer que tout se brisait en ce moment même sous la force des vagues et de la houle ?
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Lun 23 Déc 2019 - 0:40
Étourdi, l’ombre d’un instant, le jeune homme se demanda pourquoi les touristes ne s’étaient pas arrêtés, brusqués par l’éclat de sa voix, par le hurlement de son aveu. Comment pouvaient-ils s'émerveiller, rire et sourire encore, quand le monde venait de s’écrouler ? Ne voyait-il pas que la lumière du soleil venait de se tamiser, de s’éclipser derrière les nuages ténébreux ? La puissance du nom était-elle que malgré le murmure, ses paroles semblaient avoir été criées, hurlées à ses oreilles. Mais sa voix n’avait à peine été plus forte qu’un chuchotement, un soupire douloureux qui était mort aussi rapidement qu’il avait osé s’élever. Et tel un enfant regardant les horreurs derrière ses petits doigts écartés, le brésilien releva finalement les yeux vers celle qui s’était muée dans le silence, cloîtrée dans ses pensées. C’était étrange comment la surprise pouvait tout de même vous frapper, vous harceler, même si le résultat était celui qu’on redoutait, qu’on savait venir. Elle tremblait, feuille frappée par les vents violents. Son visage se faisait absent, distant, perdu dans cette mer qui avait englouti ses parents. Sauf que cet océan n’avait point été meurtrier. Et cette révélation choquait, arrachait les murs bâtis par le deuil. Vivre cette douleur, cette ignoble peine sans réelle raison, aucune ; c’était la définition de la torture, du supplice sadique. Et le brésilien venait d’en être le tyran, détruisant de quelques mots les murs protecteurs, y laissant entrer une souffrance dont elle n'apercevait qu'à peine l’étendu réel. Mais bien assez vite, elle ne pourrait voir rien d’autre, ne ressentirait rien d’autre que les contractions cruelles. Elle ne ressentirait rien d’autre que l'arrière goût du dégoût, que cette souffrance qu'elle s'était vue infliger sans explications. Car la raison se cachait derrière la décision de ses parents, eux seuls connaissant l'objectif de la mascarade imposée. Cette décision dont Evandro n’en connaissait que les sous-entendus, le murmure des non-dits. Leur accord ne jouait pas dans les détails émotionnels ; une simple entente contractuelle entre deux parties volontaires. Et tandis qu’au moment où leur main s’étaient serrées, le brésilien n’avait eu aucun intérêt à en apprendre davantage, en cet instant, la brûlure de l’incompréhension rageait dans tout son être, délirante. Au final, il ne pourrait que souffler quelques réponses, freiné par les limites de ses connaissances ; optique qui le tourmentait insidieusement, sans répit.
La voix de sa petite protégée s’éleva, douce malgré le tremblement qui y vivait. Il avait envie de la prendre dans ses bras, de l’enfouir contre son torse, de la serrer en murmurant de ses phrases sans sens qui réconfortaient malgré tout. Il avait envie de réparer le coeur qu’il venait lui-même de fendre, de sécher les pleures qu’elle n’oserait jamais lui montrer, fière petit oiseau qu’elle était. Et tandis qu’il se noyait dans ses propres envies, irréalistes et égoïstes, sa voix à elle se cassait, pauses incertaines forcées par l’incompréhension. Illusion fracassée par un aveu qui ne débutait qu’à peine, prémisse déjà bien douloureuse à une histoire cruelle et sans merci. La demoiselle reformulait, répétait, jouait des mots pour chercher à comprendre une vérité qui ressemblait douloureusement à la douceur d’une cruauté imposée. Et il pouvait comprendre. L'annonce était si incongrue qu'elle œuvrait dans les sphères du ridicule. Mais pourtant, elle était si vraie que la jeune femme ne pourrait bientôt plus nier que son monde s’était réellement écroulé, que tout ce qu’elle croyait n’était que déception. Il avait l’impression de la voir s'éloigner au large tandis que lui, restait figé sur les sables de la plage, regardant de loin, impuissant.
Le regard de la brunette cherchait le sien, perdue. Et lui, il avait envie de détourner le regard, la culpabilité s’enflammant à l’incompréhension qu’il y lisait. Mais il ne méritait pas la pitié, ne méritait pas le repos quand il venait lui-même d’arracher celui-ci à Ada. Alors il tenait son regard, les yeux bien grands ouverts malgré le désir de se cacher dans la noirceur, sa culpabilité envahissant le brun de ses iris. Elle entrouvrit ses lèvres, laissant évader une question qui peinait à se formuler, sidérée. Sa question était directe, simple ; six petits mots qui demandaient cependant tant à Evandro. Une grimace se dessina sur les traits de ce dernier, réflexe qu’il ne censurait plus, un hochement de tête tremblant accompagnant sa voix colorée d’une lourdeur inaccoutumée : “Oui, ils ont survécu”. Une main trouva confort sur sa nuque tendue, la froideur le saisissant momentanément. “Ils ont accosté au Brésil et y résident depuis. Leur naufrage… n’était qu’une rumeur qu’ils ont commencée eux-mêmes”, ajouta-t-il d’un murmure interdit, maudissant son incertitude maladive. Il lui devait la vérité, même si celle-ci se limitait au peu de son savoir, victime de son insolence. À chaque phrase qu’il ajoutait, tentant de réduire le brouillard qui avait envahi sa petite douceur, l’héritier avait l’impression amère de tourner le couteau dans la plaie, de meurtrir toujours un peu plus celle qui comptait tant à ses yeux. Elle avait le droit de savoir, d’exiger réponses à ses doutes et si l’optique de la blesser toujours plus le rendait nauséeux, l’idée de l’abandonner suite à son aveu le répugnait. Et donc il attendait, laissant le silence s'immiscer entre eux, lourd et tendu. Jusqu’à ce qu’elle ne le brisât à nouveau, la voix sombre, ténébreuse.
L’esprit vagabondant toujours dans le souvenir de son contrat non écrit, Evandro ne réalisa point l’ampleur de sa question, perdu dans les réminiscences des parents qu'il avait, peut-être, plus connu que la principale concernée. Est-ce que leur mort était bien une mascarade ? Claro que si. Bien que le destin avait voulu autre chose, arrachant finalement des bras d'une fille délaissée ceux d'une mère qui regretterait à jamais d'avoir garder le silence. Et donc, dans la rusticité du moment, Evandro décida de répondre laconiquement à cette question. Ne réalisant point ce qu'il sous-entendait sans le vouloir, de ses lèvres s’échappa un simple et doux “Oui”.
La voix de sa petite protégée s’éleva, douce malgré le tremblement qui y vivait. Il avait envie de la prendre dans ses bras, de l’enfouir contre son torse, de la serrer en murmurant de ses phrases sans sens qui réconfortaient malgré tout. Il avait envie de réparer le coeur qu’il venait lui-même de fendre, de sécher les pleures qu’elle n’oserait jamais lui montrer, fière petit oiseau qu’elle était. Et tandis qu’il se noyait dans ses propres envies, irréalistes et égoïstes, sa voix à elle se cassait, pauses incertaines forcées par l’incompréhension. Illusion fracassée par un aveu qui ne débutait qu’à peine, prémisse déjà bien douloureuse à une histoire cruelle et sans merci. La demoiselle reformulait, répétait, jouait des mots pour chercher à comprendre une vérité qui ressemblait douloureusement à la douceur d’une cruauté imposée. Et il pouvait comprendre. L'annonce était si incongrue qu'elle œuvrait dans les sphères du ridicule. Mais pourtant, elle était si vraie que la jeune femme ne pourrait bientôt plus nier que son monde s’était réellement écroulé, que tout ce qu’elle croyait n’était que déception. Il avait l’impression de la voir s'éloigner au large tandis que lui, restait figé sur les sables de la plage, regardant de loin, impuissant.
Le regard de la brunette cherchait le sien, perdue. Et lui, il avait envie de détourner le regard, la culpabilité s’enflammant à l’incompréhension qu’il y lisait. Mais il ne méritait pas la pitié, ne méritait pas le repos quand il venait lui-même d’arracher celui-ci à Ada. Alors il tenait son regard, les yeux bien grands ouverts malgré le désir de se cacher dans la noirceur, sa culpabilité envahissant le brun de ses iris. Elle entrouvrit ses lèvres, laissant évader une question qui peinait à se formuler, sidérée. Sa question était directe, simple ; six petits mots qui demandaient cependant tant à Evandro. Une grimace se dessina sur les traits de ce dernier, réflexe qu’il ne censurait plus, un hochement de tête tremblant accompagnant sa voix colorée d’une lourdeur inaccoutumée : “Oui, ils ont survécu”. Une main trouva confort sur sa nuque tendue, la froideur le saisissant momentanément. “Ils ont accosté au Brésil et y résident depuis. Leur naufrage… n’était qu’une rumeur qu’ils ont commencée eux-mêmes”, ajouta-t-il d’un murmure interdit, maudissant son incertitude maladive. Il lui devait la vérité, même si celle-ci se limitait au peu de son savoir, victime de son insolence. À chaque phrase qu’il ajoutait, tentant de réduire le brouillard qui avait envahi sa petite douceur, l’héritier avait l’impression amère de tourner le couteau dans la plaie, de meurtrir toujours un peu plus celle qui comptait tant à ses yeux. Elle avait le droit de savoir, d’exiger réponses à ses doutes et si l’optique de la blesser toujours plus le rendait nauséeux, l’idée de l’abandonner suite à son aveu le répugnait. Et donc il attendait, laissant le silence s'immiscer entre eux, lourd et tendu. Jusqu’à ce qu’elle ne le brisât à nouveau, la voix sombre, ténébreuse.
L’esprit vagabondant toujours dans le souvenir de son contrat non écrit, Evandro ne réalisa point l’ampleur de sa question, perdu dans les réminiscences des parents qu'il avait, peut-être, plus connu que la principale concernée. Est-ce que leur mort était bien une mascarade ? Claro que si. Bien que le destin avait voulu autre chose, arrachant finalement des bras d'une fille délaissée ceux d'une mère qui regretterait à jamais d'avoir garder le silence. Et donc, dans la rusticité du moment, Evandro décida de répondre laconiquement à cette question. Ne réalisant point ce qu'il sous-entendait sans le vouloir, de ses lèvres s’échappa un simple et doux “Oui”.
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Lun 23 Déc 2019 - 1:35
little did you know
Ils avaient survécu. C’était insensé. Alors qu’Evandro lui expliquait que le naufrage n’était qu’un prétexte, l’espagnole fronçait les sourcils, totalement désemparée face à cette révélation. Elle ne connaissait pas ses gens, ils partageaient seulement le même sang, mais, l’idée de les savoir vivants rebattait tant de cartes qu’elle se trouvait comme perdue en haute mer, submergée par cette déclaration. Elle perdait pieds, elle se sentait couler et, dans une tentative presque désespérée, elle avait essayé de se raccrocher à celui qui avait toujours été là. Evandro.
La question est simple : du moins c’est ce qu’il semble à la Blackthorn qui est obnubilée par la potentielle trahison qu’elle a subit. Oui. Si le reste de l’aveu avait semblé difficile à expliciter pour le brésilien, cette réponse ne se fit pas attendre. Le ton est posé, presque doux mais il fait l’effet d’un claque à la madrilène. Et c’est finalement ce simple mot qui fait s’écrouler toutes les tentatives de contrôle de la jeune sorcière. Au delà de l’aveu, au delà de cette révélation qui ne faisait aucun sens, il y avait cette vérité : le fait que c’était un mensonge qui avait mené les actions d’Evandro à son égard. L’abandon était une chose, elle avait appris à vivre avec l’idée que ses parents l’avaient laissée sur le vieux continent, mais la trahison du sorcier était une sensation toute nouvelle dont elle avait sous-estimé l’impact. Elle sent son masque s’effriter, elle sent la nausée monter à sa gorge, larmes qui viennent se coincer aux coins de ses yeux sombres qui ne parviennent pas à se détacher du visage de l’étudiant. Elle ne comprenait pas comment il avait pu lui faire ça. Comment il avait pu faire semblant tout ce temps, elle s’était ouverte à lui comme elle ne l’avait fait avec personne, le laissant se faire une place dans son fort intérieur, partageant avec lui ses peines mais aussi ses joies et tout reposait sur du vent. Elle avait pourtant eu l’impression, sentiment étrange qu’ils partageaient quelque chose de vrai, quelque chose qu’elle n’avait pas partagé avec quiconque avant, cette fois où ils dansaient tous les deux, corps se frôlant sans oser s’étreindre, chaleur de leurs regards lorsqu’ils parvenaient à enchainer les pas, ces fois où elle était venue se blottir dans ses bras secouée par le geste de son frère, ces fois où ils vivaient leurs aventures imaginaires : elle avait vraiment pensé qu’ils avaient quelque chose d’unique. Visiblement, il était encore meilleur acteur qu’elle ne l’a jamais été. Arrivant à berner même celle qui vivait continuellement sous un masque.
Finalement, elle coupe le contact visuel, regard froid qui va s’accrocher aux rochers frappés par les vagues : elle ravale ses larmes, elle ne s’abaisserait pas à lui faire ce cadeau de la voir blessée. Persuadée qu’il n’était pas de son côté, sa réponse semblait suffisamment explicite pour que la jeune femme cherche à se préserver de lui. Et elle était douée pour éloigner les autres Adalia, aussi cassante qu’elle pouvait être mielleuse lorsque la situation l’exigeait. « J’espère que ça valait le coup. » J’espère que ça valait le coup de me trahir, de me faire croire que je comptais pour toi, de me laisser me rendre compte que tu comptais pour moi. Elle ne parvient pas à cacher son amertume l’enfant, vexée, blessée dans son ego et surtout déboussolée. Elle avait l’impression de perdre ses repères et ça la poussait à une froideur qu’elle n’avait jamais réservé au lufkin : « Ils t’ont payé cher j’imagine ? Peu étonnant pour des gens qui sont prêts à abandonner leur fille de l’autre côté de l’océan. » Elle distille son poison, rancoeur qui ressortait au grand jour. Sentiments avortés et enfermés durant des années parce qu’elle pensait qu’elle n’aurait jamais affaire à une telle situation. Mais l’abandon, elle s’en souvenait : seule Villanueva laissée derrière, une des gouvernantes lui avait rapidement expliqué alors que Claudia et Aloysius cherchaient à éviter le sujet - et ce même s'ils n’avaient jamais été particulièrement enclin à quelconque dialogue avec leurs enfants d’adoption.
Main passée sur son visage, tentative de reconstruire le masque en même temps qu’elle remet en place ses idées et finalement elle plante à nouveau son regard sur le visage d’Evandro. Mais il n’y a plus de douceur, plus d’inquiétude, plus de pitié ou de patience, elle en avait terminé d’être compatissante, cela n’avait jamais été dans ses habitudes et visiblement, elle aurait mieux fait de ne pas faire d’exception avec le brésilien. Les émotions sont une faiblesse : elle avait oublié la leçon des Blackthorn et elle en payait le prix. Elle ne voulait plus faire l’erreur, elle voulait surtout faire taire cette plainte douloureuse de son coeur qui manquait un battement à chaque fois qu’elle réalisait un peu plus la teneur des aveux d’Evandro, autant concernant sa famille que les concernant, eux deux, héros de conte dont les pages étaient balayées par la houle, emportées par les vagues déchainées de la tempête qui se jouait juste au dessus d’eux. Alors, elle le scrutait, regard froid, lames aiguisées qui cherchaient à toucher leur cible, besoin de le briser autant qu’elle se sentait brisée sans savoir vraiment comment elle pouvait s’y prendre : pourquoi l’orgueil la poussait-elle à de tels extrêmes ? « Pourquoi aujourd’hui ? » Avant d’en savoir plus, elle devait comprendre pourquoi le rôle était devenu si lourd à porter, pourquoi brusquement il avait décidé de lancer cette bombe dans la vie si bien rangée de la lufkin. « Le butin n’était plus si intéressant ? Un autre a proposé plus ? A quoi tient donc l'allégeance des Delgado ? » Elle résumait l’accord à sa potentielle valeur pécuniaire : pour elle, il n’y avait aucune possibilité autre pour qu’Evandro ait pu accepter cette tâche et donc aujourd’hui, s’en délester. Elle peinait à le regarder : l’impression d’observer un inconnu, elle ne savait pas qui il était, elle ne savait pas ce qu’il voulait d’elle. Elle ne se rendait pas compte que sa question pourrait mener à un aveu encore plus douloureux, elle ne se rendait pas compte qu’elle n’avait pas terminé sa longue chute et que ce compagnon bienveillant depuis des années, se transformait de plus en plus en oiseau de mauvaise augure.
solsken (code) tumblr (icons) @evandro delgado
La question est simple : du moins c’est ce qu’il semble à la Blackthorn qui est obnubilée par la potentielle trahison qu’elle a subit. Oui. Si le reste de l’aveu avait semblé difficile à expliciter pour le brésilien, cette réponse ne se fit pas attendre. Le ton est posé, presque doux mais il fait l’effet d’un claque à la madrilène. Et c’est finalement ce simple mot qui fait s’écrouler toutes les tentatives de contrôle de la jeune sorcière. Au delà de l’aveu, au delà de cette révélation qui ne faisait aucun sens, il y avait cette vérité : le fait que c’était un mensonge qui avait mené les actions d’Evandro à son égard. L’abandon était une chose, elle avait appris à vivre avec l’idée que ses parents l’avaient laissée sur le vieux continent, mais la trahison du sorcier était une sensation toute nouvelle dont elle avait sous-estimé l’impact. Elle sent son masque s’effriter, elle sent la nausée monter à sa gorge, larmes qui viennent se coincer aux coins de ses yeux sombres qui ne parviennent pas à se détacher du visage de l’étudiant. Elle ne comprenait pas comment il avait pu lui faire ça. Comment il avait pu faire semblant tout ce temps, elle s’était ouverte à lui comme elle ne l’avait fait avec personne, le laissant se faire une place dans son fort intérieur, partageant avec lui ses peines mais aussi ses joies et tout reposait sur du vent. Elle avait pourtant eu l’impression, sentiment étrange qu’ils partageaient quelque chose de vrai, quelque chose qu’elle n’avait pas partagé avec quiconque avant, cette fois où ils dansaient tous les deux, corps se frôlant sans oser s’étreindre, chaleur de leurs regards lorsqu’ils parvenaient à enchainer les pas, ces fois où elle était venue se blottir dans ses bras secouée par le geste de son frère, ces fois où ils vivaient leurs aventures imaginaires : elle avait vraiment pensé qu’ils avaient quelque chose d’unique. Visiblement, il était encore meilleur acteur qu’elle ne l’a jamais été. Arrivant à berner même celle qui vivait continuellement sous un masque.
Finalement, elle coupe le contact visuel, regard froid qui va s’accrocher aux rochers frappés par les vagues : elle ravale ses larmes, elle ne s’abaisserait pas à lui faire ce cadeau de la voir blessée. Persuadée qu’il n’était pas de son côté, sa réponse semblait suffisamment explicite pour que la jeune femme cherche à se préserver de lui. Et elle était douée pour éloigner les autres Adalia, aussi cassante qu’elle pouvait être mielleuse lorsque la situation l’exigeait. « J’espère que ça valait le coup. » J’espère que ça valait le coup de me trahir, de me faire croire que je comptais pour toi, de me laisser me rendre compte que tu comptais pour moi. Elle ne parvient pas à cacher son amertume l’enfant, vexée, blessée dans son ego et surtout déboussolée. Elle avait l’impression de perdre ses repères et ça la poussait à une froideur qu’elle n’avait jamais réservé au lufkin : « Ils t’ont payé cher j’imagine ? Peu étonnant pour des gens qui sont prêts à abandonner leur fille de l’autre côté de l’océan. » Elle distille son poison, rancoeur qui ressortait au grand jour. Sentiments avortés et enfermés durant des années parce qu’elle pensait qu’elle n’aurait jamais affaire à une telle situation. Mais l’abandon, elle s’en souvenait : seule Villanueva laissée derrière, une des gouvernantes lui avait rapidement expliqué alors que Claudia et Aloysius cherchaient à éviter le sujet - et ce même s'ils n’avaient jamais été particulièrement enclin à quelconque dialogue avec leurs enfants d’adoption.
Main passée sur son visage, tentative de reconstruire le masque en même temps qu’elle remet en place ses idées et finalement elle plante à nouveau son regard sur le visage d’Evandro. Mais il n’y a plus de douceur, plus d’inquiétude, plus de pitié ou de patience, elle en avait terminé d’être compatissante, cela n’avait jamais été dans ses habitudes et visiblement, elle aurait mieux fait de ne pas faire d’exception avec le brésilien. Les émotions sont une faiblesse : elle avait oublié la leçon des Blackthorn et elle en payait le prix. Elle ne voulait plus faire l’erreur, elle voulait surtout faire taire cette plainte douloureuse de son coeur qui manquait un battement à chaque fois qu’elle réalisait un peu plus la teneur des aveux d’Evandro, autant concernant sa famille que les concernant, eux deux, héros de conte dont les pages étaient balayées par la houle, emportées par les vagues déchainées de la tempête qui se jouait juste au dessus d’eux. Alors, elle le scrutait, regard froid, lames aiguisées qui cherchaient à toucher leur cible, besoin de le briser autant qu’elle se sentait brisée sans savoir vraiment comment elle pouvait s’y prendre : pourquoi l’orgueil la poussait-elle à de tels extrêmes ? « Pourquoi aujourd’hui ? » Avant d’en savoir plus, elle devait comprendre pourquoi le rôle était devenu si lourd à porter, pourquoi brusquement il avait décidé de lancer cette bombe dans la vie si bien rangée de la lufkin. « Le butin n’était plus si intéressant ? Un autre a proposé plus ? A quoi tient donc l'allégeance des Delgado ? » Elle résumait l’accord à sa potentielle valeur pécuniaire : pour elle, il n’y avait aucune possibilité autre pour qu’Evandro ait pu accepter cette tâche et donc aujourd’hui, s’en délester. Elle peinait à le regarder : l’impression d’observer un inconnu, elle ne savait pas qui il était, elle ne savait pas ce qu’il voulait d’elle. Elle ne se rendait pas compte que sa question pourrait mener à un aveu encore plus douloureux, elle ne se rendait pas compte qu’elle n’avait pas terminé sa longue chute et que ce compagnon bienveillant depuis des années, se transformait de plus en plus en oiseau de mauvaise augure.
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Mar 24 Déc 2019 - 16:56
L'effet fut immédiat. Omnubilé par le visage de son amie, le brésilien se retrouva glacé, paralysé par la résultante de son laconisme. L'aveu avait frappé avec la puissance de la réalisation douloureuse et bien qu'elle retenait ses larmes, traitresses perles salées, ces dernières se coinçaient au coin de ses beaux yeux bleus, évidentes. Evandro ne pouvait que les remarquer, avalant de travers tandis qu'il hésitait à bouger. Leur regard était plongé l'un dans l'autre, transpercés et tandis que le jeune homme y lisait clair comme le jour le reflet douloureux de sa tribulation, le sentiment d'imposteur, lui, jouait de sa férocité, soudant les lèvres de l'héritier d'un mutisme forcé. D’un détournement de la tête, la jeune femme brisa le contact visuel, fuyante. La situation empirait, dérapait. Il sentait le contrôle lui glisser d'entre les doigts et si le début de la conversation suivait l'ombre d'un plan, la suite œuvrait d'elle-même, incontrôlable. Adalia se refermait, disparaissait derrière ce masque de glace qui lui était si habituel. Froide et figée, son expression restait stoïque, parfaite petite poupée d'indifférence. Et tandis qu'il observait son visage se cloître derrière le mur impénétrable des Blackthorn, le brésilien sentait, quant à lui, son coeur s'accélérer, perdre son rythme constant. Sa poitrine se contraignait, douloureuse et à cet instant précis, le jeune homme sentit une terreur qu'il ne reconnaissait que trop bien enflammer son être, cette peur qu'il tentait depuis toujours d'ignorer. Mais voilà qu'elle agressait, puissante et torturante. Il refusait de la nommer, refusait de mettre le mot sur cette frayeur qui résidait en lui, effrayé que d’oser y prononcer le nom ne la rendrait que plus forte, plus réelle. Il sentait la demoiselle disparaître, s'éloigner pour ne plus jamais revenir et son être se rebellait à l’idée. Não, não era para ser assim. Il ne voulait pas, pouvait pas la perdre. Mais que ce passait-il dans son esprit ?
Puis, elle naquit, doucereuse pensée. L'écho d'une terrible réalisation qu'il n'avait point considérée. Et pourtant. Et pourtant, elle était si évidente, si claire qu'il se maudit de ne pas y avoir pensé auparavant. Stupido. "Queri…", il s'arrêta, net, la dernière syllabe prise dans sa gorge, refusant d’être prononcée. Ses yeux se fermirent, une main passant sur ses paupières closes. Il ne pouvait pas ajouter à sa douleur, car si pour lui ce surnom avait été des plus sincères, pour elle, il n'était rien de plus qu'un autre mensonge qu'il lui avait fait subir. Il avala de travers, sa bouche sèche, se détestant plus que jamais pour son manque d'assurance. Mais il devait rétablir la réalité. Il le devait, sinon… sinon… Sa respiration resta prise dans sa gorge, et l'ombre d'un moment, Evandro eut l'impression de se noyer. Il pouvait sentir l'eau envahir cruellement ses poumons, empêchant l’air d'y vivre ; illusion irréelle qui pourtant brûlait sa gorge d’une souffrance bien réelle. Il avait mal, éprouvant la conséquence de ses propres actions. Au final, il ne pouvait que se détester lui-même et cette réalisation était d'autant plus douloureuse, vive mutilation qu’il s’était infligé lui-même au même moment qu’il avait foudroyé Adalia. Vivement, il se leva du banc, tournant le dos à la demoiselle tandis qu'une main passait dans ses cheveux, crispée. Sa tête tomba doucement vers l'avant, se tordant légèrement, un soupir mourrant contre ses lèvres.
Mais aussi rapidement qu'il s'était lui-même masqué, il se retournait de nouveau, faisant face à celle qui se camouflait envers et contre tous, celle qui se barricadait contre lui. Doucement, il s'approcha d'elle, s'accroupissant à ses devants, silencieux. Il resta quelques instants figé, incertain, le regard fixant les jambes de celle qu'il avait trahi avant de remonter son visage vers le sien, lenteur presque exagérée. Celui de l'homme était un livre ouvert, les protections entourant normalement son esprit, détruites, anéanties, transpirant l'honnêteté qu'il espérait désespérément qu'elle apercevrait. "Adalia, personne ne me paie, personne. Ne vois-tu pas que je te dis tout ça, que je t'avoue tout car je n'en peux plus de te mentir ?", débuta-t-il, le ton pressé par l'angoisse, tiraillement insidieux de ses entrailles, torture dont il était la seule et unique cause. Une main se posa contre le genou de la brunette, mouvement d'une douceur qui suait le désespoir, transpirait le chagrin. "Notre rencontre a peut-être était créée par obligation, mais notre amitié… elle est réelle, sincère", continua-t-il, les yeux fixés sur son visage, priant tout son être qu'elle comprenne, qu'elle réussisse à distinguer l'illusion de la vérité. Por favor querida.
Et tandis qu’il espérait, allumé du désespoir, la question initiale de la brunette lui revint à l'esprit, envahissante. Pourquoi aujourd’hui ? Ce n'était pas le bon moment, mais lui-même ricanait intérieurement à son propre ridicule ; jamais il n'y aurait de bon moment. Jamais. Si plus tard, le calme aurait retrouvé quelque peu de ses forces, douce puissance calmante, l'annonce ne serait qu'encore plus frappante, destructrice par son essence. Et donc, d'une respiration fébrile, le jeune homme s’arma du peu de courage qui lui restait, tentant de se préparer à ce qui suivrait, mais sans réel succès, aucun. "Algo paso con tu familia. J'ai appris la nouvelle il y a quelques jours seulement et je ne pouvais plus vivre avec moi-même. Avec ce mensonge. Avec toute cette histoire. C'est trop". Quelques secondes seulement, le dénombrement s'effondrant lentement, pénible tictac de l’horloge. Son esprit criait les secondes : trois deux, un, tel le décompte funèbre d'une nouvelle année débutant. Coup de grâce qu'il oserait finalement donner, maudissant ses propres résolutions d'un même souffle tandis qu’il prononçait finalement le nom d’une mère disparue. "Esperanza Villanueva...", tu madre. Il ferma les yeux, secouant quelque peu la tête avant de plonger son regard dans celui glacial de la demoiselle. Lo sitento mucho querida. "... a rendu l'âme il y a quelques jours."
Puis, elle naquit, doucereuse pensée. L'écho d'une terrible réalisation qu'il n'avait point considérée. Et pourtant. Et pourtant, elle était si évidente, si claire qu'il se maudit de ne pas y avoir pensé auparavant. Stupido. "Queri…", il s'arrêta, net, la dernière syllabe prise dans sa gorge, refusant d’être prononcée. Ses yeux se fermirent, une main passant sur ses paupières closes. Il ne pouvait pas ajouter à sa douleur, car si pour lui ce surnom avait été des plus sincères, pour elle, il n'était rien de plus qu'un autre mensonge qu'il lui avait fait subir. Il avala de travers, sa bouche sèche, se détestant plus que jamais pour son manque d'assurance. Mais il devait rétablir la réalité. Il le devait, sinon… sinon… Sa respiration resta prise dans sa gorge, et l'ombre d'un moment, Evandro eut l'impression de se noyer. Il pouvait sentir l'eau envahir cruellement ses poumons, empêchant l’air d'y vivre ; illusion irréelle qui pourtant brûlait sa gorge d’une souffrance bien réelle. Il avait mal, éprouvant la conséquence de ses propres actions. Au final, il ne pouvait que se détester lui-même et cette réalisation était d'autant plus douloureuse, vive mutilation qu’il s’était infligé lui-même au même moment qu’il avait foudroyé Adalia. Vivement, il se leva du banc, tournant le dos à la demoiselle tandis qu'une main passait dans ses cheveux, crispée. Sa tête tomba doucement vers l'avant, se tordant légèrement, un soupir mourrant contre ses lèvres.
Mais aussi rapidement qu'il s'était lui-même masqué, il se retournait de nouveau, faisant face à celle qui se camouflait envers et contre tous, celle qui se barricadait contre lui. Doucement, il s'approcha d'elle, s'accroupissant à ses devants, silencieux. Il resta quelques instants figé, incertain, le regard fixant les jambes de celle qu'il avait trahi avant de remonter son visage vers le sien, lenteur presque exagérée. Celui de l'homme était un livre ouvert, les protections entourant normalement son esprit, détruites, anéanties, transpirant l'honnêteté qu'il espérait désespérément qu'elle apercevrait. "Adalia, personne ne me paie, personne. Ne vois-tu pas que je te dis tout ça, que je t'avoue tout car je n'en peux plus de te mentir ?", débuta-t-il, le ton pressé par l'angoisse, tiraillement insidieux de ses entrailles, torture dont il était la seule et unique cause. Une main se posa contre le genou de la brunette, mouvement d'une douceur qui suait le désespoir, transpirait le chagrin. "Notre rencontre a peut-être était créée par obligation, mais notre amitié… elle est réelle, sincère", continua-t-il, les yeux fixés sur son visage, priant tout son être qu'elle comprenne, qu'elle réussisse à distinguer l'illusion de la vérité. Por favor querida.
Et tandis qu’il espérait, allumé du désespoir, la question initiale de la brunette lui revint à l'esprit, envahissante. Pourquoi aujourd’hui ? Ce n'était pas le bon moment, mais lui-même ricanait intérieurement à son propre ridicule ; jamais il n'y aurait de bon moment. Jamais. Si plus tard, le calme aurait retrouvé quelque peu de ses forces, douce puissance calmante, l'annonce ne serait qu'encore plus frappante, destructrice par son essence. Et donc, d'une respiration fébrile, le jeune homme s’arma du peu de courage qui lui restait, tentant de se préparer à ce qui suivrait, mais sans réel succès, aucun. "Algo paso con tu familia. J'ai appris la nouvelle il y a quelques jours seulement et je ne pouvais plus vivre avec moi-même. Avec ce mensonge. Avec toute cette histoire. C'est trop". Quelques secondes seulement, le dénombrement s'effondrant lentement, pénible tictac de l’horloge. Son esprit criait les secondes : trois deux, un, tel le décompte funèbre d'une nouvelle année débutant. Coup de grâce qu'il oserait finalement donner, maudissant ses propres résolutions d'un même souffle tandis qu’il prononçait finalement le nom d’une mère disparue. "Esperanza Villanueva...", tu madre. Il ferma les yeux, secouant quelque peu la tête avant de plonger son regard dans celui glacial de la demoiselle. Lo sitento mucho querida. "... a rendu l'âme il y a quelques jours."
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Ven 27 Déc 2019 - 23:15
little did you know
Alors qu’il lui tourne le dos quelques instants, l’espagnole fait disparaitre les larmes d’un geste : elle ne voulait pas ajouter un peu plus à la honte qui laminait déjà son esprit. Elle tentait de garder la face, elle refusait de plier échine face aux attaques de la vérité. Elle reste de glace parce qu’elle ne veut pas lui montrer que ça la touche et pourtant, face à elle, il n’a jamais été aussi ouvert : jamais encore elle n’a pu lire autant d’émotions sur son visage, dans ses yeux qui venaient à nouveau se fixer dans les siens, dans ses mots, brulants d’urgence, d’angoisse. Et, tandis qu’il justifie son geste, il y a cette part d’elle qui voulait le croire : qui voulait partager son désarroi, qui voulait se laisser aller à passer au delà de sa rancune. Elle voulait être optimiste, avoir foi en lui, croire qu’il n’avait pas menti, et pourtant elle n’y parvenait pas. Sursaut sec lorsqu’il vient poser sa main contre son genou, geste brusque, elle se dégage de son contact : elle ne veut pas qu’il la touche, elle ne veut pas qu’il essaye de la réconforter, elle ne veut pas se réfugier entre ses bras comme si de rien n’était. Elle s’éloigne, elle le repousse sans un mot, il n’y a que les tremblements de ses mains, enfoncées dans ses poches pour laisser imaginer la déception, la tristesse qui secoue son esprit et son coeur. Parce que c’était trop gros, c’était trop, trop pour lui pardonner. Trop de mensonges, il s’était glissé trop facilement dans son quotidien, parenthèse auprès de lui devenue nécessité pour préserver son équilibre fragile, elle s’était faite avoir bien trop aisément. Elle lui en voulait et elle s’en voulait de s’être laissée bernée par ses calomnies. « No me toques Evandro. » Elle siffle entre ses dents ne souhaitant se perdre dans les extravagances d’une scène qui pourrait attirer les regards sur leur échange.
Second aveux, ou troisième ? Elle ne comptait même plus, mais une nouvelle fois, il peine à mettre les mots sur ce qu’il devait dire. Elle, victime comme bourreau, sent sa mâchoire se serrer, façade impassible qui menaçait à tout moment de se briser, elle garde le regard fixé sur le visage d’Evandro, qui semblait redouter les mots qui sortiraient de sa propre bouche. Esperanza Villanueva… le patronyme ne lui semblait même pas si familier et pourtant elle faisait aisément le lien. On lui avait dit quel était son nom, à cette femme qui lui avait donné la vie. Au fond de ses affaires, jaunie par le temps mais totalement indemne car elle ne l’avait que très peu regardée, il y a avait une photo de cette femme, à qui elle ressemblait de plus en plus Adalia. Sa mère, mais que cela voulait donc dire de plus que partager le même sang ? Cette mère l’avait abandonnée alors à quoi bon évoquer son souvenir ? La brune qui avait quelques années de plus qu’elle lorsque cette photo avait été prise, avec un enfant dans les bras, un de ses frères et soeurs peut être, un de ceux qui n’avaient pas été laissés de côté. Elle a rendu l’âme Les mots tombent et, alors qu’il parle, Evandro doit pouvoir observer le temps de battement dans le regard de l’espagnole. Cet instant où elle ne réalise pas, ce moment où il lui semble que cela ne la concerne pas, ce moment où elle ne comprend pas tout ce que signifie cet aveux. Elle est morte, et avec elle disparait toute possibilité d’avoir des réponses : lui avait-elle manqué ? Pourquoi était-elle partie ? Pourquoi n’avait-elle pas essayé de retrouver sa fille ? Mais surtout, même si Adalia ne s’en rendait pas encore compte : elle perdait toute possibilité de connaitre un jour cette femme qui l’avait tant aimée. Et finalement, elle sort de sa torpeur. Petite moue, qui traverse un instant son visage, sursaut d’émotion, trouble visible le temps d’un clignement d’yeux, avant que la glace n’y reprenne ses droits. Réaction qu’il n’aurait certainement attendu, détachement presque inquiétant tant elle était froide. Enfant qui ne se rendait pas compte, enfant qui était bien trop amère pour être triste.
« Et donc ? » Interrogation qui n’en n’était pas une, elle refuse d’en entendre plus, regard noir qui vient frapper le visage du lufkin alors que la Blackthorn se perd dans la violence de ses sombres pensées. « Elle est peut-être morte il y a quelques jours à peine, soit, mais moi, ça fait bientôt vingt ans que je l’ai enterrée. » Le fatidique décompte, bientôt, le macabre anniversaire de leur naufrage. « En même temps que ce soit disant père qui t’a investi de cette mission et de toute cette famille maudite qui m’a abandonnée sur le vieux continent. » Les mauvais rêves ressurgissent, les nuits passées à pleurer parce qu’elle ne comprenait pas qu’ils aient pu la laisser. Ces doutes, cette peur qu’elle avait fini par enfermer en même temps que les souvenirs qu’elle avait d’eux. « Et à quoi bon survivre ? Envoyer un laquais protéger leur dernière née parce qu’ils ne sont pas capables de le faire ? » Il y avait la haine de cette famille qui l’avait laissée de côté plus encore que pour le messager de cette mascarade. Elle ne comprenait pas : s’ils étaient morts, elle n’avait plus à leur en vouloir, mais ils avaient vécu, certains vivaient même encore. A quoi bon ? Elle ne cessait de se le répéter, tempête balayant tout derrière son visage glacé. La houle qui arrachait ses certitudes, les vagues qui détruisaient ses convictions, les bases sur lesquelles elle s’était construite avec l’impression d’avoir trouvé sa place chez ceux qui l’avaient adoptée. Elle n’avait pas connu l’amour, mais ils ne l’avaient jamais abandonnée et elle s’était persuadée que c’était la norme, qu’elle n’avait droit qu’à ça mais que c’était suffisant. Mensonge, elle voulait plus, elle voulait comprendre pourquoi ils l’avaient laissée, pourquoi ils n’avait jamais cherché à la retrouver, à reprendre contact. Pourquoi ils avaient préféré passer par lui plutôt que de la contacter directement.
Silence qui se pose à nouveau, elle peine à trouver les mots qui sauront signifier ce qu’elle ressent. Parce qu’elle ressent bien trop et qu’elle n’a pas l’habitude la princesse : plus accoutumée à feindre qu’à maitriser l’ouragan de son âme. « J’aurais préféré qu’ils meurent, j’aurais préféré que tu ne sois pas chargé de me protéger, j’aurais préféré que le nous qui me tenait tant à coeur n’ait jamais existé, pas même lié à tes mensonges. » Elle tente de maitriser le rythme de sa voix mais certains mots s’accrochent, se perdent, se confondent tandis qu’elle serre un peu plus les poings pour contenir la douleur.
solsken (code) tumblr (icons) @evandro delgado
Second aveux, ou troisième ? Elle ne comptait même plus, mais une nouvelle fois, il peine à mettre les mots sur ce qu’il devait dire. Elle, victime comme bourreau, sent sa mâchoire se serrer, façade impassible qui menaçait à tout moment de se briser, elle garde le regard fixé sur le visage d’Evandro, qui semblait redouter les mots qui sortiraient de sa propre bouche. Esperanza Villanueva… le patronyme ne lui semblait même pas si familier et pourtant elle faisait aisément le lien. On lui avait dit quel était son nom, à cette femme qui lui avait donné la vie. Au fond de ses affaires, jaunie par le temps mais totalement indemne car elle ne l’avait que très peu regardée, il y a avait une photo de cette femme, à qui elle ressemblait de plus en plus Adalia. Sa mère, mais que cela voulait donc dire de plus que partager le même sang ? Cette mère l’avait abandonnée alors à quoi bon évoquer son souvenir ? La brune qui avait quelques années de plus qu’elle lorsque cette photo avait été prise, avec un enfant dans les bras, un de ses frères et soeurs peut être, un de ceux qui n’avaient pas été laissés de côté. Elle a rendu l’âme Les mots tombent et, alors qu’il parle, Evandro doit pouvoir observer le temps de battement dans le regard de l’espagnole. Cet instant où elle ne réalise pas, ce moment où il lui semble que cela ne la concerne pas, ce moment où elle ne comprend pas tout ce que signifie cet aveux. Elle est morte, et avec elle disparait toute possibilité d’avoir des réponses : lui avait-elle manqué ? Pourquoi était-elle partie ? Pourquoi n’avait-elle pas essayé de retrouver sa fille ? Mais surtout, même si Adalia ne s’en rendait pas encore compte : elle perdait toute possibilité de connaitre un jour cette femme qui l’avait tant aimée. Et finalement, elle sort de sa torpeur. Petite moue, qui traverse un instant son visage, sursaut d’émotion, trouble visible le temps d’un clignement d’yeux, avant que la glace n’y reprenne ses droits. Réaction qu’il n’aurait certainement attendu, détachement presque inquiétant tant elle était froide. Enfant qui ne se rendait pas compte, enfant qui était bien trop amère pour être triste.
« Et donc ? » Interrogation qui n’en n’était pas une, elle refuse d’en entendre plus, regard noir qui vient frapper le visage du lufkin alors que la Blackthorn se perd dans la violence de ses sombres pensées. « Elle est peut-être morte il y a quelques jours à peine, soit, mais moi, ça fait bientôt vingt ans que je l’ai enterrée. » Le fatidique décompte, bientôt, le macabre anniversaire de leur naufrage. « En même temps que ce soit disant père qui t’a investi de cette mission et de toute cette famille maudite qui m’a abandonnée sur le vieux continent. » Les mauvais rêves ressurgissent, les nuits passées à pleurer parce qu’elle ne comprenait pas qu’ils aient pu la laisser. Ces doutes, cette peur qu’elle avait fini par enfermer en même temps que les souvenirs qu’elle avait d’eux. « Et à quoi bon survivre ? Envoyer un laquais protéger leur dernière née parce qu’ils ne sont pas capables de le faire ? » Il y avait la haine de cette famille qui l’avait laissée de côté plus encore que pour le messager de cette mascarade. Elle ne comprenait pas : s’ils étaient morts, elle n’avait plus à leur en vouloir, mais ils avaient vécu, certains vivaient même encore. A quoi bon ? Elle ne cessait de se le répéter, tempête balayant tout derrière son visage glacé. La houle qui arrachait ses certitudes, les vagues qui détruisaient ses convictions, les bases sur lesquelles elle s’était construite avec l’impression d’avoir trouvé sa place chez ceux qui l’avaient adoptée. Elle n’avait pas connu l’amour, mais ils ne l’avaient jamais abandonnée et elle s’était persuadée que c’était la norme, qu’elle n’avait droit qu’à ça mais que c’était suffisant. Mensonge, elle voulait plus, elle voulait comprendre pourquoi ils l’avaient laissée, pourquoi ils n’avait jamais cherché à la retrouver, à reprendre contact. Pourquoi ils avaient préféré passer par lui plutôt que de la contacter directement.
Silence qui se pose à nouveau, elle peine à trouver les mots qui sauront signifier ce qu’elle ressent. Parce qu’elle ressent bien trop et qu’elle n’a pas l’habitude la princesse : plus accoutumée à feindre qu’à maitriser l’ouragan de son âme. « J’aurais préféré qu’ils meurent, j’aurais préféré que tu ne sois pas chargé de me protéger, j’aurais préféré que le nous qui me tenait tant à coeur n’ait jamais existé, pas même lié à tes mensonges. » Elle tente de maitriser le rythme de sa voix mais certains mots s’accrochent, se perdent, se confondent tandis qu’elle serre un peu plus les poings pour contenir la douleur.
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Lun 6 Jan 2020 - 18:03
À peine sa main posée contre le genou féminin que la princesse frémit, se défilant de son touché pour se consoler dans une solitude tendue. S’il ne pouvait les voir, il pouvait les ressentir, ces murs qu’elle bâtissait autour d’elle, s’isolant dans un monde auquel il avait, à peine quelques instants plus tôt, appartenu. L’éloignement était peut-être visible que physiquement, mais mentalement, elle se tenait au loin, naufragée sur une île qu’il peinait à atteindre, secoué. Il ressentait le courant le repousser, le tirer vers les profondeurs d’un océan sans pardon et pourtant. Et pourtant, il ne pouvait empêcher sa fiévreuse persévérance, son combat de déchaîner contre l’eau qui s’amassait dans ses poumons, étouffante. La bataille rageait en lui pour la rejoindre, pour atteindre celle qui disparaissait doucement sous ses yeux. Le visage de glace, l’expression impassible ; elle avait tout de l'héritière Blackthorn et rien de l’Adalia qu’il connaissait. D’un regard figé, elle murmura froidement sa demande, un ordre qui lui brûla tout le corps d’un feu tortureux. Et devant ses yeux suppliants, il la reconnaissait de moins en moins, confronté à cette parure qui ne lui était plus destinée depuis si longtemps. Mais voilà qu’elle revenait à son indifférence blessante, à son apathie frigorifique. Et ça faisait mal. Cette réalisation, cette vision ; ce ravin qui se creusait, s’agrandissait exponentiellement à chaque pénible seconde qui s’écoulait, silence imperturbable. La douleur se mélangeait à une peur viscérale, cette terreur de perdre à tout jamais celle qui comptait tant à ses yeux. La solitude le narguait de nouveau, effrayante et méprisante : cette perspective que tout se terminerait sous les éclats brutaux d’une explosion, que plus jamais, son doux sourire lui serait destiné. Il s’était creusé une place sous ses barrières, ne réalisant point, au départ, que l’effacement des murs était partagé, synchronisé. Leur amitié n’avait jamais été d’une voie unique. Au contraire. Mais maintenant, tout changeait, réaction protectrice suite aux vérités qu’il se forçait à avouer.
Et le pire était que la finalité de ses aveux n’était toujours pas atteinte ; la missive reçue de sa famille lourde contre son corps. Il en avait tant dit déjà, trop dit déjà. Et si l’optique dans révéler un peu plus le rendait nauséeux, grimace incertaine sur son visage d’une ouverture qui lui était incongru, il ne pouvait plus reculer, plus retarder l'inévitable. Son corps se raidit subtilement, épaules serrées tandis qu’il annonçait ce qu’il aurait préféré éviter, finalement, d’énoncer. Ce nom qui lui était plus familier qu’à elle, ironie du destin qui aujourd’hui le rendait aigre. Grinçante réalité qu’il regrettait n’apercevoir que maintenant. La réaction de celle qu’il considérait toujours son amie, implacable égoïsme, fut tout aussi immédiate que sa froideur exagérée. L’amertume, intense et profonde, couvrit son beau visage. Un instant si court, mais qu’il aurait pu durer un éternité que cela n’aurait pas changé sa violence. Les reflets de la perturbation, des émotions qui existaient réellement, contraintes en son être. Car aussi rapidement elles étaient apparues qu’elles s’effaçaient, étouffées derrière cette façade durcie que portait le joli visage d’une inconnue. Elle ne se ressemblait plus la petite, mine d’un stoïcisme sans pareil tandis que son regard noir s'abattait sur lui et de nouveau, la peur l'assaillit. Cette envahissante émotion qui refusait de se taire, criant ses rancoeurs et douleurs à ses oreilles.
La voix de la jeune femme s’éleva. Deux mots qui annoncèrent le début d’une tempête violente et sans réellement le réaliser, ses muscles se durcissent, le regard fixé sur celle dont les yeux le brisaient doucement par leur dureté. Elle appuie sur les années, sa voix d’une sévérité qui lui ait tant étrangère d’elle. Les mots étaient choisis pour faire mal, pour faire souffrir le porteur de mauvaises nouvelles. Qu’ils soient morts ou vivants, elle s’en fichait, la haine coulant sur ses paroles, teintant ses phrases. Et si elle détestait sa famille biologique, elle s'assurait que celui qui se tenait tout près d’elle comprendrait que, lui aussi, recevrait maintenant la même considération : aucune. Le mot laquais raisonna en lui, la surprise envahissant, sans contraintes, son visage exposé. Les sourcils se froncèrent, les lèvres se pincèrent : et d’un mouvement presque imperceptible, son corps s’éloigna d’elle. Le mutisme sembla s’imposer, les mots lui manquant pour communiquer réellement l’effet qu’elle causait. Si le silence ne semblait plus vouloir le quitter, elle, elle continuait. Tel un animal blessé, elle mordait, se défendait. À cet instant précis, l’héritier Delgado comprit qu’il jouait le prédateur dans cette équation, force menaçante qui ne faisait que torturer encore plus, encore toujours par son unique présence. Et si l’homme croyait que ses mots mourraient enfin, elle ajouta de ces dernières phrases qui tombaient telles une guillotine. “J’aurais préféré qu’ils meurent, j’aurais préféré que tu ne sois pas chargé de me protéger, j’aurais préféré que le nous qui me tenait tant à coeur n’ait jamais existé, pas même lié à tes mensonges.”
Une gifle aurait été moins douloureuse, moins frappante. Il sentit l’air s’évader, aussi brusquement qu’un coup reçu au ventre. Il pouvait comprendre ce qu’il venait d’imposer, les répercussions de ces horribles vérités ; il s’était attendu à la difficulté de la discussion, aux émotions qui en suivraient, à la culpabilité qu’il ressentirait à la voir souffrir. La conversation avait pris une tournure cruelle, la douleur partagée, mais sans qu’ils puissent s’aider à surmonter la montagne qui s’était créée. Il savait qu’il avait une grande part de torts et si son âme souffrait, torturée par la culpabilité et les fautes qui lui étaient données, la destruction de leur amitié l’acheva. Car c’est ce qu’elle annonçait la petite. Le désir que tout ce qu’ils étaient ensemble n’ait jamais été. Et si depuis les derniers instants son visage oeuvrait d’une ouverture qui lui était mystérieuse, les réflexes revinrent en force, conquérant ce qui ne serait bientôt plus ; les barrières remontèrent, son esprit se protégeant d’une attaque qui n’était au final point magique. La souffrance restait, saisissante, inoubliable. L’occlumancie n’empêchait pas au final de ressentir, simplement de laisser entrevoir l’étendue des émotions ; une réalité qu’il maudissait intérieurement d’une férocité qui l’étonnait. Il déglutit, le son étrangement bruyant. Il se releva, lentement, la force lui manquant pour relever son propre corps. Ses yeux s’évadèrent l’ombre d’un moment, se réconfortant d’une noirceur éphémère, avant de se poser de nouveau sur le visage de la princesse. Princesse qui était maintenant vêtue de noir, les nuages sombres la caressant tandis qu’elle s’enfonçait dans les ténèbres. Il ne savait pas quoi dire ; le mutisme combattant la panoplie de choses qu’il aurait voulu lui murmurer. Et pourtant.
“Je suis désolé que tu n’aies pas ce que tu désires”, débuta-t-il, la voix plus cassante qu’il ne l’aurait voulu, une fébrilité qu’il ne contrôlait plus colorant ses syllabes. Son menton se releva à peine. “Se faire abandonner si jeune fait mal”, continua-t-il, ne sachant pas si elle savait que lui-même avait vécu les souffrances de l’abandon. “Je regrette beaucoup ce que tes parents biologiques t’ont fait subir même si je ne connais pas leurs raisons....”. Sa voix s'éteignit, la vulnérabilité quelque chose qu’il arborait. Sa mâchoire se serra, un combat intérieur que son cerveau avait contre son coeur. “Mais je ne regretterai jamais la promesse que j’ai faite à Señor Villanueva, car au moins, elle m’a permis de te rencontrer.”
Et le pire était que la finalité de ses aveux n’était toujours pas atteinte ; la missive reçue de sa famille lourde contre son corps. Il en avait tant dit déjà, trop dit déjà. Et si l’optique dans révéler un peu plus le rendait nauséeux, grimace incertaine sur son visage d’une ouverture qui lui était incongru, il ne pouvait plus reculer, plus retarder l'inévitable. Son corps se raidit subtilement, épaules serrées tandis qu’il annonçait ce qu’il aurait préféré éviter, finalement, d’énoncer. Ce nom qui lui était plus familier qu’à elle, ironie du destin qui aujourd’hui le rendait aigre. Grinçante réalité qu’il regrettait n’apercevoir que maintenant. La réaction de celle qu’il considérait toujours son amie, implacable égoïsme, fut tout aussi immédiate que sa froideur exagérée. L’amertume, intense et profonde, couvrit son beau visage. Un instant si court, mais qu’il aurait pu durer un éternité que cela n’aurait pas changé sa violence. Les reflets de la perturbation, des émotions qui existaient réellement, contraintes en son être. Car aussi rapidement elles étaient apparues qu’elles s’effaçaient, étouffées derrière cette façade durcie que portait le joli visage d’une inconnue. Elle ne se ressemblait plus la petite, mine d’un stoïcisme sans pareil tandis que son regard noir s'abattait sur lui et de nouveau, la peur l'assaillit. Cette envahissante émotion qui refusait de se taire, criant ses rancoeurs et douleurs à ses oreilles.
La voix de la jeune femme s’éleva. Deux mots qui annoncèrent le début d’une tempête violente et sans réellement le réaliser, ses muscles se durcissent, le regard fixé sur celle dont les yeux le brisaient doucement par leur dureté. Elle appuie sur les années, sa voix d’une sévérité qui lui ait tant étrangère d’elle. Les mots étaient choisis pour faire mal, pour faire souffrir le porteur de mauvaises nouvelles. Qu’ils soient morts ou vivants, elle s’en fichait, la haine coulant sur ses paroles, teintant ses phrases. Et si elle détestait sa famille biologique, elle s'assurait que celui qui se tenait tout près d’elle comprendrait que, lui aussi, recevrait maintenant la même considération : aucune. Le mot laquais raisonna en lui, la surprise envahissant, sans contraintes, son visage exposé. Les sourcils se froncèrent, les lèvres se pincèrent : et d’un mouvement presque imperceptible, son corps s’éloigna d’elle. Le mutisme sembla s’imposer, les mots lui manquant pour communiquer réellement l’effet qu’elle causait. Si le silence ne semblait plus vouloir le quitter, elle, elle continuait. Tel un animal blessé, elle mordait, se défendait. À cet instant précis, l’héritier Delgado comprit qu’il jouait le prédateur dans cette équation, force menaçante qui ne faisait que torturer encore plus, encore toujours par son unique présence. Et si l’homme croyait que ses mots mourraient enfin, elle ajouta de ces dernières phrases qui tombaient telles une guillotine. “J’aurais préféré qu’ils meurent, j’aurais préféré que tu ne sois pas chargé de me protéger, j’aurais préféré que le nous qui me tenait tant à coeur n’ait jamais existé, pas même lié à tes mensonges.”
Une gifle aurait été moins douloureuse, moins frappante. Il sentit l’air s’évader, aussi brusquement qu’un coup reçu au ventre. Il pouvait comprendre ce qu’il venait d’imposer, les répercussions de ces horribles vérités ; il s’était attendu à la difficulté de la discussion, aux émotions qui en suivraient, à la culpabilité qu’il ressentirait à la voir souffrir. La conversation avait pris une tournure cruelle, la douleur partagée, mais sans qu’ils puissent s’aider à surmonter la montagne qui s’était créée. Il savait qu’il avait une grande part de torts et si son âme souffrait, torturée par la culpabilité et les fautes qui lui étaient données, la destruction de leur amitié l’acheva. Car c’est ce qu’elle annonçait la petite. Le désir que tout ce qu’ils étaient ensemble n’ait jamais été. Et si depuis les derniers instants son visage oeuvrait d’une ouverture qui lui était mystérieuse, les réflexes revinrent en force, conquérant ce qui ne serait bientôt plus ; les barrières remontèrent, son esprit se protégeant d’une attaque qui n’était au final point magique. La souffrance restait, saisissante, inoubliable. L’occlumancie n’empêchait pas au final de ressentir, simplement de laisser entrevoir l’étendue des émotions ; une réalité qu’il maudissait intérieurement d’une férocité qui l’étonnait. Il déglutit, le son étrangement bruyant. Il se releva, lentement, la force lui manquant pour relever son propre corps. Ses yeux s’évadèrent l’ombre d’un moment, se réconfortant d’une noirceur éphémère, avant de se poser de nouveau sur le visage de la princesse. Princesse qui était maintenant vêtue de noir, les nuages sombres la caressant tandis qu’elle s’enfonçait dans les ténèbres. Il ne savait pas quoi dire ; le mutisme combattant la panoplie de choses qu’il aurait voulu lui murmurer. Et pourtant.
“Je suis désolé que tu n’aies pas ce que tu désires”, débuta-t-il, la voix plus cassante qu’il ne l’aurait voulu, une fébrilité qu’il ne contrôlait plus colorant ses syllabes. Son menton se releva à peine. “Se faire abandonner si jeune fait mal”, continua-t-il, ne sachant pas si elle savait que lui-même avait vécu les souffrances de l’abandon. “Je regrette beaucoup ce que tes parents biologiques t’ont fait subir même si je ne connais pas leurs raisons....”. Sa voix s'éteignit, la vulnérabilité quelque chose qu’il arborait. Sa mâchoire se serra, un combat intérieur que son cerveau avait contre son coeur. “Mais je ne regretterai jamais la promesse que j’ai faite à Señor Villanueva, car au moins, elle m’a permis de te rencontrer.”
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Jeu 9 Jan 2020 - 17:52
little did you know
Elle écoute sans vraiment entendre les émotions derrière les mots, elle se refuse à le croire, elle se refuse à reconnaitre la vérité au delà de la tristesse que cette conversation lui procurait. Elle restait dans le déni Adalia, parce que c’était bien trop et qu’elle se sentait glisser dans les affres d’émotions incontrôlées. « Se faire abandonner si jeune n’est rien. » Sifflement mauvais qui s’échappe des lèvres de l’espagnole, visage détourné quelques instants, regard plongé dans les vagues alors qu’elle tait les cris de son enfance. Les questions aux gouvernantes, l’exigence d’apprendre l’espagnol pour se rapprocher d’eux, cet accent forcé au début pour ne pas renier ses origines et qui teinte toujours ses mots. Elle avait tout fait pour se porter au plus proche d’eux malgré les réserves de sa famille d’adoption. Au fur et à mesure, elle avait pensé oublier, elle avait fait comme si cela n’importait pas, comme si elle n’avait jamais manqué d’une mère ou d’un père, parce qu’elle avait tout ce qu’elle désirait grâce aux Blackthorn. Parce que malgré les mots et les maux, malgré les cris, les coups étouffés par la protection d’un fratrie : ils avaient toujours été là. « Rien par rapport à la trahison d’une personne en qui tu avais placé ta confiance Evandro. » Accents amers de ce prénom prononcé si souvent : la douceur des moments passés noyée par la force des courants des aveux. Elle se noie Adalia mais cette fois, c’est le brésilien qui lui maintient la tête immergée. Elle n’avait jamais pratiqué l’occlumencie mais elle pouvait se vanter de savoir faire disparaitre ses sentiments et ses pensées derrière le masque de l’indifférence. Mais lui, avait réussi à les dépasser avec une facilité déconcertante : confiance gagnée, présence recherchée, naïveté qui lui aura finalement couté cher. La Blackthorn se promet de ne plus faire cette erreur, de ne plus se mettre ainsi à découvert, la froideur lui avait toujours au moins évité de telles désillusions.
« Mais je ne regretterai jamais la promesse que j’ai faite à Señor Villanueva, car au moins, elle m’a permis de te rencontrer. » Les derniers mots se meurent dans la gorge d’Evandro et le regard de l’étudiante se voile un peu plus, aveuglée par la colère et la désillusion. Elle veut faire mal, animal blessé qui pensait que mordre pourrait endiguer la douleur, et de l’autre côté, elle sait que plus elle va parler, plus elle va se noyer. Il lui semble déjà qu’elle peine à respirer, si bien que les mots qui se voulaient tranchants, qui se voulaient blessants se muaient en une plainte désespérée : « Et bien estime que cette promesse n’a plus lieu d’être. Tu es libéré de ce poids maintenant. » Elle n’avait pas besoin de lui, elle n’avait pas besoin de sa protection, elle avait les siens, sa famille, ses frères et soeurs qui étaient là envers et contre tous. Pas de promesse idiote, pas de serment politique, ils étaient là parce qu’ils l’aimaient, pas parce qu’on leur avait demandé. Elle n’avait besoin que d’eux, sa famille, ceux qui ne l’avaient jamais abandonnée, jamais déçue malgré les disputes et les mauvaises passes. « Qu’elle aille au diable, cette promesse, en même temps que Señor Villanueva. » Car il n’avait pas le droit de récussiter ainsi, pas le droit de venir réclamer sa place dans la vie de cette enfant qu’il avait laissé, seule et abandonnée, en Espagne. Il n’avait pas le droit de se fendre une place dans sa vie. Il n’avait pas le droit de lui demander de l’aimer, de lui demander d’être sa fille. Cela faisait vingt ans qu’elle ne l’était plus. « Allez tous au diable. » Voix qui se brise, elle sent les larmes lui monter aux yeux, masque qui s’effrite sous la force de la houle, tempête qui hurle dans son coeur et qui menace de tout détruire sur son passage. Elle ne veut plus le regarder, elle ne veut pas qu’il la voit s’effondrer. Elle sent la bile lui monter à la gorge : angoisse mêlée à la tristesse, haine qui s’invite sous ses airs de princesse, elle se redresse brusquement, banc abandonné en même temps que les miettes de sa confiance.
Détachement porté comme un étendard, port de tête altier qu’elle ne met pas longtemps à retrouver tant il est habituel : elle le fixe quelques secondes encore, théâtralité qui lui collait à la peau avant que les mots ne s’échappent de ses lèvres : « Despedida señor delgado. » La distance qui n’a jamais été aussi forte, l’envie de le voir disparaitre non plus. Elle lui tourne le dos pour s’échapper, première larme avant l’averse qui glisse sur sa joue et qu’elle s’empresse de faire disparaitre. Pas de larmes, pas d’émotions, pas de faiblesse, elle tentait de se souvenir des leçons de ses pairs mais elle sentait ses jambes trembler alors qu’elle s’éloignait de la marina avec une once de son coeur qui aurait espérer qu’il n’avoue jamais.
solsken (code) tumblr (icons) @evandro delgado
« Mais je ne regretterai jamais la promesse que j’ai faite à Señor Villanueva, car au moins, elle m’a permis de te rencontrer. » Les derniers mots se meurent dans la gorge d’Evandro et le regard de l’étudiante se voile un peu plus, aveuglée par la colère et la désillusion. Elle veut faire mal, animal blessé qui pensait que mordre pourrait endiguer la douleur, et de l’autre côté, elle sait que plus elle va parler, plus elle va se noyer. Il lui semble déjà qu’elle peine à respirer, si bien que les mots qui se voulaient tranchants, qui se voulaient blessants se muaient en une plainte désespérée : « Et bien estime que cette promesse n’a plus lieu d’être. Tu es libéré de ce poids maintenant. » Elle n’avait pas besoin de lui, elle n’avait pas besoin de sa protection, elle avait les siens, sa famille, ses frères et soeurs qui étaient là envers et contre tous. Pas de promesse idiote, pas de serment politique, ils étaient là parce qu’ils l’aimaient, pas parce qu’on leur avait demandé. Elle n’avait besoin que d’eux, sa famille, ceux qui ne l’avaient jamais abandonnée, jamais déçue malgré les disputes et les mauvaises passes. « Qu’elle aille au diable, cette promesse, en même temps que Señor Villanueva. » Car il n’avait pas le droit de récussiter ainsi, pas le droit de venir réclamer sa place dans la vie de cette enfant qu’il avait laissé, seule et abandonnée, en Espagne. Il n’avait pas le droit de se fendre une place dans sa vie. Il n’avait pas le droit de lui demander de l’aimer, de lui demander d’être sa fille. Cela faisait vingt ans qu’elle ne l’était plus. « Allez tous au diable. » Voix qui se brise, elle sent les larmes lui monter aux yeux, masque qui s’effrite sous la force de la houle, tempête qui hurle dans son coeur et qui menace de tout détruire sur son passage. Elle ne veut plus le regarder, elle ne veut pas qu’il la voit s’effondrer. Elle sent la bile lui monter à la gorge : angoisse mêlée à la tristesse, haine qui s’invite sous ses airs de princesse, elle se redresse brusquement, banc abandonné en même temps que les miettes de sa confiance.
Détachement porté comme un étendard, port de tête altier qu’elle ne met pas longtemps à retrouver tant il est habituel : elle le fixe quelques secondes encore, théâtralité qui lui collait à la peau avant que les mots ne s’échappent de ses lèvres : « Despedida señor delgado. » La distance qui n’a jamais été aussi forte, l’envie de le voir disparaitre non plus. Elle lui tourne le dos pour s’échapper, première larme avant l’averse qui glisse sur sa joue et qu’elle s’empresse de faire disparaitre. Pas de larmes, pas d’émotions, pas de faiblesse, elle tentait de se souvenir des leçons de ses pairs mais elle sentait ses jambes trembler alors qu’elle s’éloignait de la marina avec une once de son coeur qui aurait espérer qu’il n’avoue jamais.
- InvitéInvité
Re: Little did you know [Terminé]
Lun 27 Jan 2020 - 16:46
Elle s’était empressée de le reprendre. Dénigrant ses paroles d’une offense qu’elle n’avait qu’à peine camouflée : la trahison du brésilien était plus douloureuse, était plus frappante. Simply worst. Et contre ses lèvres, son prénom résonnait comme les vagues d’une amertume vicieuse. L'acrimonie excessive coulait sur chacune des syllabes, son nom prononcé comme jamais auparavant. Tandis qu’il observait la princesse se refermer, cloître son réel visage sous les parures qu’elle s’imposait ; lui, il ne pouvait y voir que tout le mal qu’il avait causé, bête immonde. Le coeur de l’homme était écrasé par une grippe infernale, meurtri jusqu'à ce que le souffle du brésilien lui soit arraché sauvagement. Sa gorge se contraignait, crispée par une force redoutable qu'il ne pouvait combattre, vide de toute force. Chaque bouffée d'air le brûlait, doucereuse sensation qu'il peinait à détester réellement. S'il avait cru auparavant comprendre ce que c'était la haine, la rage pure contre un être, aujourd'hui, plus que jamais, il savait qu'il s'était fourvoyé. Car une seule personne méritait de souffrir, d'être détestée avec passion. Une seule personne méritait de se noyer, de se battre contre les vagues vengeresses. Une seule. Et cette personne, c'était lui-même.
Malgré le serrement douloureux de sa gorge, la mâchoire qui s’était resserrée sous la force de son autopunition, il s’était permis un répit temporaire ; l’aveu quittant ses lèvres sous les vagues de l'honnêteté frappante. Il refusait de tout regretter aveuglément si c’était pour ne jamais avoir posé ses yeux sur elle. Si la culpabilité le rongeait d’une ferveur infâme, il n’en était pas moins que leur relation avait compté à ses yeux, petite douceur de ses journées. Jeune femme qu’il avait vue s’épanouir, découvrant un mystère à la fois sous le regard de sa curiosité passionnée. Cette relation, elle voulait tant dire, plus qu’il n’osait s’avouer. Cette même relation qu’il voyait aujourd’hui se briser d’un éclat destructeur, ruines effondrées. Car si pour lui la vérité n’avait plus de mystères, pour sa petite protégée, petite fleur fanée, plus rien ne possédait de sens. Allez tous au diable. Sa belle voix se brisait sous l’émotion, son masque s'effritait. Elle disparaissait sous ses yeux et d’un mouvement désespéré, elle quitta le petit monde privé qu’ils s’étaient créé sur ce banc froid. L’adieu tomba, sec et sans passion ; la fermeture d’un drame théâtrale qui pourtant n’avait rien de faux, rien d’imaginé. Et s’il avait voulu la retenir, lui supplier de le pardonner, il n’en fut, malgré tout, rien. Adalia. Le prénom qu’il voulut murmurer mourut dans sa gorge, prisonnier. Figé, l’héritier ne pouvait que la regarder s'éloigner, le corps faible.
La force l'avait quitté, empêchant de retenir celle pour qui toute son âme se démenait d'aller rejoindre, combat futile. À chaque pas qu'elle prenait, son coeur s'arrêtait un peu plus, un battement manquant l’appel d’un souffle douloureux. Et lorsqu'elle ne fut plus visible, silhouette disparue au loin, son monde s’évanouit avec elle et le jeune homme s'abandonna. D'une force qu'il ne contrôlait plus, il s'effondra sur le banc, son visage tombant contre les paumes ouvertes de ses mains écartées. Il ne bougeait plus, statue immobile entourée de silhouettes agitées, seul point focal d'un tableau flou d'effervescence. Et tandis que les touristes se réjouissaient du paysage, bénissant leur vie et ses petits bonheurs ; celle du brésilien s'effondrait, disparaissant dans le trou noir de ses tourments. Supplices et angoisses ; son coeur se brisait. Les vagues avaient ragé, fracassantes et attirantes, courant vengeur qui souhaitait tout arracher sur son passage. Et s’il avait sauvagement combattu cette mer destructrice, ce tsunami intérieur qui s’abattait violemment, à cet instant, l’abandon vainquit enfin. Et d’un dernier soupir fiévreux, l’homme se laissa submerger. Noyé.
Malgré le serrement douloureux de sa gorge, la mâchoire qui s’était resserrée sous la force de son autopunition, il s’était permis un répit temporaire ; l’aveu quittant ses lèvres sous les vagues de l'honnêteté frappante. Il refusait de tout regretter aveuglément si c’était pour ne jamais avoir posé ses yeux sur elle. Si la culpabilité le rongeait d’une ferveur infâme, il n’en était pas moins que leur relation avait compté à ses yeux, petite douceur de ses journées. Jeune femme qu’il avait vue s’épanouir, découvrant un mystère à la fois sous le regard de sa curiosité passionnée. Cette relation, elle voulait tant dire, plus qu’il n’osait s’avouer. Cette même relation qu’il voyait aujourd’hui se briser d’un éclat destructeur, ruines effondrées. Car si pour lui la vérité n’avait plus de mystères, pour sa petite protégée, petite fleur fanée, plus rien ne possédait de sens. Allez tous au diable. Sa belle voix se brisait sous l’émotion, son masque s'effritait. Elle disparaissait sous ses yeux et d’un mouvement désespéré, elle quitta le petit monde privé qu’ils s’étaient créé sur ce banc froid. L’adieu tomba, sec et sans passion ; la fermeture d’un drame théâtrale qui pourtant n’avait rien de faux, rien d’imaginé. Et s’il avait voulu la retenir, lui supplier de le pardonner, il n’en fut, malgré tout, rien. Adalia. Le prénom qu’il voulut murmurer mourut dans sa gorge, prisonnier. Figé, l’héritier ne pouvait que la regarder s'éloigner, le corps faible.
La force l'avait quitté, empêchant de retenir celle pour qui toute son âme se démenait d'aller rejoindre, combat futile. À chaque pas qu'elle prenait, son coeur s'arrêtait un peu plus, un battement manquant l’appel d’un souffle douloureux. Et lorsqu'elle ne fut plus visible, silhouette disparue au loin, son monde s’évanouit avec elle et le jeune homme s'abandonna. D'une force qu'il ne contrôlait plus, il s'effondra sur le banc, son visage tombant contre les paumes ouvertes de ses mains écartées. Il ne bougeait plus, statue immobile entourée de silhouettes agitées, seul point focal d'un tableau flou d'effervescence. Et tandis que les touristes se réjouissaient du paysage, bénissant leur vie et ses petits bonheurs ; celle du brésilien s'effondrait, disparaissant dans le trou noir de ses tourments. Supplices et angoisses ; son coeur se brisait. Les vagues avaient ragé, fracassantes et attirantes, courant vengeur qui souhaitait tout arracher sur son passage. Et s’il avait sauvagement combattu cette mer destructrice, ce tsunami intérieur qui s’abattait violemment, à cet instant, l’abandon vainquit enfin. Et d’un dernier soupir fiévreux, l’homme se laissa submerger. Noyé.
The end.
|
|