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rien ne sert de courir... - ft. Tommy
Mer 7 Fév 2018 - 23:01
Le panel de la honte
tommy ft. aliénor
Ce soir encore, j’ai eu les yeux plus gros que le ventre. Il faut que je me ré-habitue aux buffets débordants d’Hungcalf après plusieurs années à varier les régimes alimentaires au gré de mes escales. Je me déplace avec autant de grâce que me le permet mon ventre gonflé jusqu’à mes appartements. Le remède, je le connais par coeur. Une bonne tisane et une promenade à l’air libre. Une fois arrivée, je troque mes escarpins pour une paire de sneakers beaucoup plus adaptées à la marche. L’eau chauffe dans sa bouilloire pendant que j’effectue quelques vérifications dans le miroir.
« Mmh… pas top avec cette robe, mais je ne pense pas croiser grand monde alors ça devra faire l’affaire » je me dis.
D’un coup de baguette, l’eau chaude se verse dans le thermos voisin et ce dernier se glisse dans le sac en toile proche de la porte. Je tourne en rond, attrapant et reposant divers objets, pondérant leur utilité pendant ma promenade. D’un sifflement court, j’appelle Ovo qui doit encore être assoupi dans sa cage. Un bruit métallique me confirme ma supposition avant qu’il ne vienne se poser délicatement sur mon épaule. Il secoue sa tête dans mes cheveux avant de tirer légèrement sur une mèche et de se figer, les yeux mi-clos. Ce regard me fait toujours me poser des questions sur son éducation, j’ai l’impression qu’il est continuellement en train de me juger moi et les autres. Il va falloir y remédier tant qu’il est jeune, même si je n’ai pas vraiment toujours été très attentive dans les matières qui pourraient m’être utiles aujourd’hui… J’attrape ma cape et enfile un bonnet avant de m’emparer du sac et de fermer la porte derrière moi.
Ce soir, je me laisse guider par mon inconscient. D’habitude, je serais allée aux jardins, au bord du lac ou à l’orée de la forêt. Mais ce soir, j’ai envie de nouveauté. Cela fait six mois que j’ai pris mon poste à Hungcalf et la routine commence déjà à m’emporter. C’était le risque après tout et j’ai accepté cet emploi en toute connaissance de cause, donc autant faire de mauvaise fortune, bon coeur ! J’avance dans les couloirs, je descends et monte des escaliers en me demandant parfois si je ne me suis pas perdue en ne prêtant pas attention à la direction dans laquelle je me dirige. Je croise plusieurs groupes d’étudiants enjoués, d’autres plus studieux. Je me remémore mon temps passé entre ces murs en tant qu’élève et un sourire étire mes lèvres. C’était une belle époque. Pleine de rebondissements, de joies et de peines. C’est avec nostalgie que je pousse une porte en bois. Le froid s’engouffre dans mes vêtements et m’arrache un cri de surprise. Je m’enroule dans ma cape, relève ma capuche par-dessus mon bonnet et caresse Ovo d’un doigt. Toujours aussi impassible, il semble apprécier l’air frais. Après avoir repris mes esprits, je prends le temps d’observer mon salon de thé privé. La vue imprenable sur le domaine d’Hungcalf me coupe le souffle. Je réalise ne pas avoir passé assez de temps aussi haut perchée sur les remparts. Je dépose mon sac dans le creux de la pierre et me verse une tasse de thé.
Les mains enroulées autour de celle-ci, je souffle doucement sur le liquide fumant.
« Mmh… pas top avec cette robe, mais je ne pense pas croiser grand monde alors ça devra faire l’affaire » je me dis.
D’un coup de baguette, l’eau chaude se verse dans le thermos voisin et ce dernier se glisse dans le sac en toile proche de la porte. Je tourne en rond, attrapant et reposant divers objets, pondérant leur utilité pendant ma promenade. D’un sifflement court, j’appelle Ovo qui doit encore être assoupi dans sa cage. Un bruit métallique me confirme ma supposition avant qu’il ne vienne se poser délicatement sur mon épaule. Il secoue sa tête dans mes cheveux avant de tirer légèrement sur une mèche et de se figer, les yeux mi-clos. Ce regard me fait toujours me poser des questions sur son éducation, j’ai l’impression qu’il est continuellement en train de me juger moi et les autres. Il va falloir y remédier tant qu’il est jeune, même si je n’ai pas vraiment toujours été très attentive dans les matières qui pourraient m’être utiles aujourd’hui… J’attrape ma cape et enfile un bonnet avant de m’emparer du sac et de fermer la porte derrière moi.
Ce soir, je me laisse guider par mon inconscient. D’habitude, je serais allée aux jardins, au bord du lac ou à l’orée de la forêt. Mais ce soir, j’ai envie de nouveauté. Cela fait six mois que j’ai pris mon poste à Hungcalf et la routine commence déjà à m’emporter. C’était le risque après tout et j’ai accepté cet emploi en toute connaissance de cause, donc autant faire de mauvaise fortune, bon coeur ! J’avance dans les couloirs, je descends et monte des escaliers en me demandant parfois si je ne me suis pas perdue en ne prêtant pas attention à la direction dans laquelle je me dirige. Je croise plusieurs groupes d’étudiants enjoués, d’autres plus studieux. Je me remémore mon temps passé entre ces murs en tant qu’élève et un sourire étire mes lèvres. C’était une belle époque. Pleine de rebondissements, de joies et de peines. C’est avec nostalgie que je pousse une porte en bois. Le froid s’engouffre dans mes vêtements et m’arrache un cri de surprise. Je m’enroule dans ma cape, relève ma capuche par-dessus mon bonnet et caresse Ovo d’un doigt. Toujours aussi impassible, il semble apprécier l’air frais. Après avoir repris mes esprits, je prends le temps d’observer mon salon de thé privé. La vue imprenable sur le domaine d’Hungcalf me coupe le souffle. Je réalise ne pas avoir passé assez de temps aussi haut perchée sur les remparts. Je dépose mon sac dans le creux de la pierre et me verse une tasse de thé.
Les mains enroulées autour de celle-ci, je souffle doucement sur le liquide fumant.
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Re: rien ne sert de courir... - ft. Tommy
Jeu 8 Fév 2018 - 0:24
Les hirondelles fendent l'air en silence. De leur vol gracieux, elles filent à pic le long de la muraille. On voit leur dos bleu inscrire un grand arc de cercle au dessus des cimes. Une pirouette et les voilà qui repartent à l'assaut des pierres de taille.
Habiles voltigeuses...
J'agite ma baguette de sycomore d'un geste sec et précis : un oiseau s'ajoute à la mêlée. Le temps s'étire, bref mouvement du poignet : un oiseau de plus. Cela en fait dix... Peut-être plus. Douze ? Non, l'un d'eux a disparu.
Onze, alors.
Onze oiseaux invoqués.
Je rassemble ma concentration et en fait apparaître un autre.
Celui-là reste.
L'exercice peut sembler idiot, mais il me permet de travailler sur l'un de mes plus gros problème en matière de sortilège : maintenir l'attention sur la durée. Mon travail avec Castilla commence peu à peu à porter ses fruits. Je note les premiers progrès, même si cela ne se fait pas sans efforts et qu'ils demeurent relativement insignifiants. Disons que j'ai au moins le sentiment d'évoluer sur une bonne pente. Ça me donne envie de persévérer.
Et puis, depuis que nous avons un peu brisé la glace en abordant des sujets plus personnels, j'ai envie de m'améliorer. Je ne sais pas, c'est un peu idiot... Mais l'idée de l'impressionner en démontrant des progrès me motive davantage que les grandes remises en question qui ne concernent que moi au final.
C'est une préoccupation simple, basique, mais qui marche.
Tout ça pour dire que je m'amuse à invoquer des hirondelles sur la muraille le soir venu. Quand il n'y a plus personne, quand tout est calme, quand il fait sombre : j'aime bien cette atmosphère. C'est mon monde.
La nuit qui s'en vient.
Une odeur de thé capte soudain mon attention.
D'un bref coup d’œil, je réalise n'être plus tout à fait seul. En effet, à bonne distance, quelqu'un vient d'apparaître. Je distingue clairement sa silhouette dans le début de pénombre qui s'installe. L'odeur est assez forte pour mes sens affûtés.
Je décide d'aller voir, par curiosité plus qu'autre chose. Ce n'est pas encore l'heure du couvre feu.
« Aliénor Felcourt... Si je m'attendais à ça.
Fais-je, en arrivant à proximité d'elle, les hirondelles volant tout autour de moi. Mes yeux la détaillent, tandis que mes traits traduisent tout le sentiment d'incrédulité que sa vision m'inspire. Que fait-elle là ?
Cette femme était élève il y a quelques années de cela, dans la maison Lufkin. Je venais juste de commencer à travailler à l'Université, quand elle terminait ses études. Nous n'avions jamais été tellement proche elle et moi. Pour tout dire, nos rapports furent toujours quelque peu... étranges ? Disons les choses comme ça.
Mais j'imagine qu'après tout ce temps, personne n'a vraiment envie de s'en rappeler.
Habiles voltigeuses...
J'agite ma baguette de sycomore d'un geste sec et précis : un oiseau s'ajoute à la mêlée. Le temps s'étire, bref mouvement du poignet : un oiseau de plus. Cela en fait dix... Peut-être plus. Douze ? Non, l'un d'eux a disparu.
Onze, alors.
Onze oiseaux invoqués.
Je rassemble ma concentration et en fait apparaître un autre.
Celui-là reste.
L'exercice peut sembler idiot, mais il me permet de travailler sur l'un de mes plus gros problème en matière de sortilège : maintenir l'attention sur la durée. Mon travail avec Castilla commence peu à peu à porter ses fruits. Je note les premiers progrès, même si cela ne se fait pas sans efforts et qu'ils demeurent relativement insignifiants. Disons que j'ai au moins le sentiment d'évoluer sur une bonne pente. Ça me donne envie de persévérer.
Et puis, depuis que nous avons un peu brisé la glace en abordant des sujets plus personnels, j'ai envie de m'améliorer. Je ne sais pas, c'est un peu idiot... Mais l'idée de l'impressionner en démontrant des progrès me motive davantage que les grandes remises en question qui ne concernent que moi au final.
C'est une préoccupation simple, basique, mais qui marche.
Tout ça pour dire que je m'amuse à invoquer des hirondelles sur la muraille le soir venu. Quand il n'y a plus personne, quand tout est calme, quand il fait sombre : j'aime bien cette atmosphère. C'est mon monde.
La nuit qui s'en vient.
Une odeur de thé capte soudain mon attention.
D'un bref coup d’œil, je réalise n'être plus tout à fait seul. En effet, à bonne distance, quelqu'un vient d'apparaître. Je distingue clairement sa silhouette dans le début de pénombre qui s'installe. L'odeur est assez forte pour mes sens affûtés.
Je décide d'aller voir, par curiosité plus qu'autre chose. Ce n'est pas encore l'heure du couvre feu.
« Aliénor Felcourt... Si je m'attendais à ça.
Fais-je, en arrivant à proximité d'elle, les hirondelles volant tout autour de moi. Mes yeux la détaillent, tandis que mes traits traduisent tout le sentiment d'incrédulité que sa vision m'inspire. Que fait-elle là ?
Cette femme était élève il y a quelques années de cela, dans la maison Lufkin. Je venais juste de commencer à travailler à l'Université, quand elle terminait ses études. Nous n'avions jamais été tellement proche elle et moi. Pour tout dire, nos rapports furent toujours quelque peu... étranges ? Disons les choses comme ça.
Mais j'imagine qu'après tout ce temps, personne n'a vraiment envie de s'en rappeler.
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Re: rien ne sert de courir... - ft. Tommy
Jeu 8 Fév 2018 - 19:10
Le panel de la honte
tommy ft. aliénor
La soirée est paisible, c’est exactement ce que je cherchais en sortant. Le thé me réchauffe les mains qui commençaient à s’engourdir avec le froid. Mon regard est soudainement attiré par un éclair bleuté, puis un suivant. Intriguée, j’essaie de me concentrer et semble discerner peu à peu une forme d’oiseau. Des hirondelles ? Ovo s’agite un peu. Ses yeux s’ouvrent lentement et je le sens déployer ses petites ailes. D’un claquement de langue, je lui somme de se calmer, en vain. Il décolle à la poursuite des oiseaux qui nous tournent autour. Amusée, je le laisse se dépenser. Peut-être que cela lui évitera de cogner contre les barreaux de sa cage toute la nuit pour une fois !
« Aliénor Felcourt… Si je m’attendais à ça ! »résonne non loin de moi.
Je me fige instantanément. Cette voix… Un frisson parcourt mon dos alors que je me remémore le dernier échange avec lui. Thomas Cioban, concierge d’Hungcalf depuis presque dix ans. Ou mon plus grand regret. Je prends ma respiration, apprécie la brûlure de l’air froid qui pénètre mes poumons et me tourne dans sa direction, arborant mon plus beau sourire. Visiblement, il est surpris de me voir ici, moi non. J’ai eu le temps de me renseigner sur le personnel de l’université, de manière à être prête à rencontrer d’anciens professeurs. Evidemment, Tommy faisait partie de cette liste, mais j’aurais aimé choisir le moment de nos retrouvailles pour être franche.
« Thomas ! » dis-je, sincèrement enjouée.
Malgré mes frasques, j’ai toujours pensé qu’il y avait un petit quelque chose d’intriguant chez lui. Il se trouve que cela a également expliqué son immunité face à mon charme (pas tout à fait) naturel et la situation quelque peu délicate qui en découle. Enfin… Je pense peut-être être la seule à me formaliser de ce qui a pu se passer lorsque j’étais encore étudiante. Après tout, de l’eau a coulé sous les ponts, nous avons vieillit, mûrit. Il n’y a plus de quoi se ressasser les bêtises du passé n’est-ce pas? Alors pourquoi l’avoir soigneusement évité depuis pas loin de six mois ? Joker !
« C’est agréable de voir un visage familier parmi tout ce monde ! » dis-je en posant délicatement ma main sur son épaule. « Je n’ai pas le souvenir d’avoir été autant dépassée par le monde il y a quelques années… » je poursuis, pensive.
Le vente semble maintenant souffler dans mon cerveau. Mais qu’est-ce qu’il m’a pris de ramener cette époque hasardeuse sur le devant de la table ? Mes yeux se pose sur ma main, encore sur son épaule. Je la retire de la manière la plus naturelle possible et me détourne pour tenter de dissimuler ma gêne. Je porte la tasse à mes lèvres et me brûle légèrement au passage, mais peu importe. Tout est bon pour me faire taire !
« Aliénor Felcourt… Si je m’attendais à ça ! »résonne non loin de moi.
Je me fige instantanément. Cette voix… Un frisson parcourt mon dos alors que je me remémore le dernier échange avec lui. Thomas Cioban, concierge d’Hungcalf depuis presque dix ans. Ou mon plus grand regret. Je prends ma respiration, apprécie la brûlure de l’air froid qui pénètre mes poumons et me tourne dans sa direction, arborant mon plus beau sourire. Visiblement, il est surpris de me voir ici, moi non. J’ai eu le temps de me renseigner sur le personnel de l’université, de manière à être prête à rencontrer d’anciens professeurs. Evidemment, Tommy faisait partie de cette liste, mais j’aurais aimé choisir le moment de nos retrouvailles pour être franche.
« Thomas ! » dis-je, sincèrement enjouée.
Malgré mes frasques, j’ai toujours pensé qu’il y avait un petit quelque chose d’intriguant chez lui. Il se trouve que cela a également expliqué son immunité face à mon charme (pas tout à fait) naturel et la situation quelque peu délicate qui en découle. Enfin… Je pense peut-être être la seule à me formaliser de ce qui a pu se passer lorsque j’étais encore étudiante. Après tout, de l’eau a coulé sous les ponts, nous avons vieillit, mûrit. Il n’y a plus de quoi se ressasser les bêtises du passé n’est-ce pas? Alors pourquoi l’avoir soigneusement évité depuis pas loin de six mois ? Joker !
« C’est agréable de voir un visage familier parmi tout ce monde ! » dis-je en posant délicatement ma main sur son épaule. « Je n’ai pas le souvenir d’avoir été autant dépassée par le monde il y a quelques années… » je poursuis, pensive.
Le vente semble maintenant souffler dans mon cerveau. Mais qu’est-ce qu’il m’a pris de ramener cette époque hasardeuse sur le devant de la table ? Mes yeux se pose sur ma main, encore sur son épaule. Je la retire de la manière la plus naturelle possible et me détourne pour tenter de dissimuler ma gêne. Je porte la tasse à mes lèvres et me brûle légèrement au passage, mais peu importe. Tout est bon pour me faire taire !
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Re: rien ne sert de courir... - ft. Tommy
Jeu 8 Fév 2018 - 21:45
L'ancienne étudiante m'accueille avec toute la chaleur qui la caractérise. D'aussi loin que je me souvienne, Aliénor s'est toujours comportée de manière extrêmement soignée. A elle seule, elle semble incarner toute la distinction de la haute société sorcière... Française de sang-pur, brillante : l'archétype de la réussite, en somme.
Inutile de dire qu'avec une telle base, sa façon d'être à mon endroit a toujours été un mystère complet. Enfin, la chose n'était plus d'actualité désormais... Mais qui sait : peut-être aurais-je l'occasion d'y revenir, un jour. Ne serait-ce que par curiosité, comme une manière de fermer la boucle.
Ses paroles me font réaliser que sa présence ici n'a rien du hasard. En effet, j'avais été avertis qu'un nouveau professeur devait prendre ses fonctions, il y a quelques mois de cela. On ne m'en avait que vaguement parlé et j'avais alors beaucoup trop de choses à gérer pour m'y intéresser vraiment. Mais, si mes souvenirs sont bons, c'est bien dans cette branche qu'Aliénor termina ses études. Ceci expliquerait cela.
Mon regard passe de sa main à ses yeux, tandis qu'elle se penche sur sa tasse de thé. J'esquisse l'ombre d'un sourire, devinant qu'une certaine forme de gêne l'habite. Je ne sais pas pourquoi, en vérité. Je le sens, c'est tout. Peut-être à cause de cette fameuse histoire, justement ? Peut-être...
« Hungcalf est un terrain conquis pour toi, non ?
Fais-je doucement, un léger rictus en coin, avant de jeter mon regard en direction du parc en contrebas. Je glisse une main à la poche, afin de sortir mon éternel paquet de cigarette.
« On m'a dit que le poste de professeur de potion avait trouvé preneur... Je n'avais pas réalisé que c'était toi.
Je prends un instant pour allumer ma cigarette, la main devant le briquet.
« Cela doit faire bien six mois maintenant... Je n'arrive pas à croire que l'on puisse vivre au même endroit sans se croiser.
Et pourtant... J'avais eu la même déconvenue avec Scylla Muller. La preuve qu'un château assez grand suffisait à garder les gens à distance les uns des autres.
« Enfin, peu importe.
Oui, peu importe. Je tire une bouffée de tabac et ajoute, dans une expiration :
« Comment vas-tu ? L'installation s'est bien passée ?
Inutile de dire qu'avec une telle base, sa façon d'être à mon endroit a toujours été un mystère complet. Enfin, la chose n'était plus d'actualité désormais... Mais qui sait : peut-être aurais-je l'occasion d'y revenir, un jour. Ne serait-ce que par curiosité, comme une manière de fermer la boucle.
Ses paroles me font réaliser que sa présence ici n'a rien du hasard. En effet, j'avais été avertis qu'un nouveau professeur devait prendre ses fonctions, il y a quelques mois de cela. On ne m'en avait que vaguement parlé et j'avais alors beaucoup trop de choses à gérer pour m'y intéresser vraiment. Mais, si mes souvenirs sont bons, c'est bien dans cette branche qu'Aliénor termina ses études. Ceci expliquerait cela.
Mon regard passe de sa main à ses yeux, tandis qu'elle se penche sur sa tasse de thé. J'esquisse l'ombre d'un sourire, devinant qu'une certaine forme de gêne l'habite. Je ne sais pas pourquoi, en vérité. Je le sens, c'est tout. Peut-être à cause de cette fameuse histoire, justement ? Peut-être...
« Hungcalf est un terrain conquis pour toi, non ?
Fais-je doucement, un léger rictus en coin, avant de jeter mon regard en direction du parc en contrebas. Je glisse une main à la poche, afin de sortir mon éternel paquet de cigarette.
« On m'a dit que le poste de professeur de potion avait trouvé preneur... Je n'avais pas réalisé que c'était toi.
Je prends un instant pour allumer ma cigarette, la main devant le briquet.
« Cela doit faire bien six mois maintenant... Je n'arrive pas à croire que l'on puisse vivre au même endroit sans se croiser.
Et pourtant... J'avais eu la même déconvenue avec Scylla Muller. La preuve qu'un château assez grand suffisait à garder les gens à distance les uns des autres.
« Enfin, peu importe.
Oui, peu importe. Je tire une bouffée de tabac et ajoute, dans une expiration :
« Comment vas-tu ? L'installation s'est bien passée ?
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Re: rien ne sert de courir... - ft. Tommy
Ven 9 Fév 2018 - 11:29
Le panel de la honte
tommy ft. aliénor
J’acquiesce à ses observations, me gardant bien de préciser que si l’on avait pas réussi à se voir pendant ce laps de temps, c’est parce que j’avais savamment organisé mon emploi du temps en ce sens. Mes journées ont été remplies au possible, dépassant de loin le maximum légal dans certains pays. Je mentirais si je disais que je ne cherchais pas à m’enfouir sous le travail. Motivée par différentes raisons, la principale étant que je veux absolument faire mes preuves et montrer à mes détracteurs que, malgré mon jeune âge, mon enseignement sera tout aussi qualitatif que celui de mes aînés. Si ce n’est meilleur. Telle est mon ambition à ce poste. Cette passion pour la magie et les potions me pousse à me dépasser chaque jour et surtout, à éveiller un intérêt comparable chez mes élèves. Si l’un d’entre eux finit par marché dans mes pas, ce sera ma plus grande fierté.
« Je vais bien, je te remercie. » dis-je finalement, la voix un peu enrouée.
« Bien » ? Il y a tellement de choses cachées derrière ce demi-mensonge. Non, je ne vais pas bien. Mais qui suis-je pour me plaindre de ma situation alors que j’ai croisé la route de tellement plus malheureux que moi. Je n’ai jamais connu l’adversité, le manque ou la maladie. Mes problèmes personnels sont d’un tout autre genre, le genre qui serait indécent de déballé devant presque n’importe qui. Je sais pertinemment que je ne suis pas la seule à descendre d’une famille aisée, heureuse en apparence, que beaucoup envient. Oui, mon père a choisi de déshérité ses enfants. Oui, je n’ai jamais eu à travailler pour un salaire de ma vie. Et oui, je suis effrayée à l’idée de ne pas réussir et accomplir les objectifs que je me suis fixée. Autant de peurs et d’insécurité qui aliment mes angoisses et déclenchent mes crises de plus en plus fréquemment.
Mais comme à mon habitude, je camoufle, j’étouffe mes sentiments. C’est ce qu’on m’a appris à faire, compte tenu de ma condition. Les conséquences de ma perte de contrôle pourraient être dramatiques pour la famille. Et la famille passe avant tout, y compris mon bien être.
« J’ai la chance d’avoir un appartement en bas, c’est déjà un soucis en moins ! » je dis en souriant. « Certains n’ont pas autant de chance et doivent trouver un logement par leurs propres moyens il me semble… » rien que cette idée me fait frissonner.
Bien que cet espace soit principalement remplis par mes vêtements, j’ai tenté d’en faire quelque chose de cosy, d’agréable à vivre. Il est important que je retrouve un sanctuaire, un équivalent à la maison familiale où je pensais vivre jusqu’à la fin de mes jours, ou presque.
« Après… Je dois bien avouer que c’est un peu humide mais je vais trouver une solution ! » lui dis-je en riant un peu.
Si seulement il n’y avait que l’humidité, ce serait un monde parfait ! Je me sens à nouveau partir dans mes réflexions, m’isoler de mon interlocuteur et me dissocier du moment présent. Je reste silencieuse un instant, prends le temps de vider mon esprit et faire table rase de ces inquiétudes qui me rongent petit à petit. Un léger courant d’air me tire de ma rêverie et je vois Ovo qui virevolte à la poursuite des hirondelles. Amusée, je me tourne vers Tommy et lui souris.
« C’est toi qui les as fait apparaître ? C’est joli… » je dis, contemplant le spectacle. « Je l’arrêterais bien, mais il n’en fait qu’à sa tête dans ces moments là… Je pense qu’il traverse sa crise d’adolescence ! » je finis en riant.
C’est une réalité, je suis nulle en ce qui concerne l’éducation de mon hibou. Têtu, je le soupçonne d’une surdité sélective lorsqu’il s’agit de ma voix. Il est de bonne compagnie cependant, il apporte une présence dans les couloirs vides du niveau inférieur. Si j’apprécie les animaux, il ne me le rendent pas forcément tous. Si seulement Hungcalf avait une écurie, comme Beauxbâtons… Je pense que j’y passerais le plus clair de mon temps !
« Et toi, comment vas-tu ? » je lui demande à la fois par politesse mais aussi par réel intérêt.
Si notre rencontre et notre « relation » ont déterminé beaucoup d’a priori, par la suite et par les on-dits, j’en suis venu à éprouver une réelle curiosité à l’encontre de Tommy. Bien sûr, des rumeurs courent dans le château, peut-être certaine par ma faute lorsque mon égo en a pris un coup, mais j’essaie de m’en détacher aujourd’hui. Qui sait, si je n’avais pas joué aux plus malignes à l’époque, nos échanges auraient pu être tout autre.
« Il s’est quand même passé un certain temps depuis notre dernière rencontre, si je puis dire… » dis-je en hésitant. « Tu es resté là tout ce temps ? » je demande par curiosité.
« Je vais bien, je te remercie. » dis-je finalement, la voix un peu enrouée.
« Bien » ? Il y a tellement de choses cachées derrière ce demi-mensonge. Non, je ne vais pas bien. Mais qui suis-je pour me plaindre de ma situation alors que j’ai croisé la route de tellement plus malheureux que moi. Je n’ai jamais connu l’adversité, le manque ou la maladie. Mes problèmes personnels sont d’un tout autre genre, le genre qui serait indécent de déballé devant presque n’importe qui. Je sais pertinemment que je ne suis pas la seule à descendre d’une famille aisée, heureuse en apparence, que beaucoup envient. Oui, mon père a choisi de déshérité ses enfants. Oui, je n’ai jamais eu à travailler pour un salaire de ma vie. Et oui, je suis effrayée à l’idée de ne pas réussir et accomplir les objectifs que je me suis fixée. Autant de peurs et d’insécurité qui aliment mes angoisses et déclenchent mes crises de plus en plus fréquemment.
Mais comme à mon habitude, je camoufle, j’étouffe mes sentiments. C’est ce qu’on m’a appris à faire, compte tenu de ma condition. Les conséquences de ma perte de contrôle pourraient être dramatiques pour la famille. Et la famille passe avant tout, y compris mon bien être.
« J’ai la chance d’avoir un appartement en bas, c’est déjà un soucis en moins ! » je dis en souriant. « Certains n’ont pas autant de chance et doivent trouver un logement par leurs propres moyens il me semble… » rien que cette idée me fait frissonner.
Bien que cet espace soit principalement remplis par mes vêtements, j’ai tenté d’en faire quelque chose de cosy, d’agréable à vivre. Il est important que je retrouve un sanctuaire, un équivalent à la maison familiale où je pensais vivre jusqu’à la fin de mes jours, ou presque.
« Après… Je dois bien avouer que c’est un peu humide mais je vais trouver une solution ! » lui dis-je en riant un peu.
Si seulement il n’y avait que l’humidité, ce serait un monde parfait ! Je me sens à nouveau partir dans mes réflexions, m’isoler de mon interlocuteur et me dissocier du moment présent. Je reste silencieuse un instant, prends le temps de vider mon esprit et faire table rase de ces inquiétudes qui me rongent petit à petit. Un léger courant d’air me tire de ma rêverie et je vois Ovo qui virevolte à la poursuite des hirondelles. Amusée, je me tourne vers Tommy et lui souris.
« C’est toi qui les as fait apparaître ? C’est joli… » je dis, contemplant le spectacle. « Je l’arrêterais bien, mais il n’en fait qu’à sa tête dans ces moments là… Je pense qu’il traverse sa crise d’adolescence ! » je finis en riant.
C’est une réalité, je suis nulle en ce qui concerne l’éducation de mon hibou. Têtu, je le soupçonne d’une surdité sélective lorsqu’il s’agit de ma voix. Il est de bonne compagnie cependant, il apporte une présence dans les couloirs vides du niveau inférieur. Si j’apprécie les animaux, il ne me le rendent pas forcément tous. Si seulement Hungcalf avait une écurie, comme Beauxbâtons… Je pense que j’y passerais le plus clair de mon temps !
« Et toi, comment vas-tu ? » je lui demande à la fois par politesse mais aussi par réel intérêt.
Si notre rencontre et notre « relation » ont déterminé beaucoup d’a priori, par la suite et par les on-dits, j’en suis venu à éprouver une réelle curiosité à l’encontre de Tommy. Bien sûr, des rumeurs courent dans le château, peut-être certaine par ma faute lorsque mon égo en a pris un coup, mais j’essaie de m’en détacher aujourd’hui. Qui sait, si je n’avais pas joué aux plus malignes à l’époque, nos échanges auraient pu être tout autre.
« Il s’est quand même passé un certain temps depuis notre dernière rencontre, si je puis dire… » dis-je en hésitant. « Tu es resté là tout ce temps ? » je demande par curiosité.
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- InvitéInvité
Re: rien ne sert de courir... - ft. Tommy
Ven 9 Fév 2018 - 19:24
Je souris doucement tandis qu'elle me répond.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que les tracas guettent au delà des beaux sourires de façade. C'est juste une impression, mais bon... J'ai tendance à faire confiance à mon instinct : l'expérience des ans ne cesse de m'y inviter.
Mais peut-être est-ce à cause de tous ces petits soucis insignifiants qu'elle m'énumère ? Trouver un appartement, avoir des problèmes d'humidité : ce n'est pas bien important. A moins d'avoir déjà le moral un peu lourd.
C'est ce que je me dis, en l'écoutant sagement.
Le silence retombe finalement sur nos tête, tandis qu'elle se retire en elle même. Il semblerait que j'ai vu juste. Cela dit, je n'ai pas envie de l'ennuyer en me montrant trop intrusif. Après tout, nous venons à peine de nous retrouver après des années sans nouvelles.
Notre attention se reporte donc sur les hirondelles et le hibou, en train d'effectuer quelques pirouettes. Je profite de sa question pour raconter l'anecdote qui se trouve derrière tout ça.
« Je vais bien. Fais-je. Comme tu peux le voir, je m'entraîne à pratiquer les sortilèges. C'est... Facile de se laisser rouiller, quand on a un boulot qui n'exige pas d'utiliser la magie.
Bon, ce n'est qu'une partie de l'histoire... Mais je pense que c'est suffisant pour comprendre de quoi il retourne. Expliquer que je souhaite rattraper le retard accumulé au fil des ans ne me met pas spécialement à l'aise. Je préfère donc présenter la chose de manière banale, comme si ce n'était rien.
Aliénor poursuit ensuite d'un ton un peu hésitant. Elle évoque la dernière fois que l'on s'est vu... Certainement peu après la remise des diplômes de fin d'étude, si ma mémoire est bonne. Mon sourire se renforce un peu, tandis que je tire une nouvelle bouffée de cigarette.
« Oui. Je suis bien ici. Fais-je. Les petits boulots, j'en ai fais pas mal avant de trouver cette place. Je n'ai plus tellement envie d'autre chose maintenant.
Je souffle un épais nuage blanc, avant de poursuivre.
« Je sais que la plupart des gens ici ont fait de grandes études, alors... Un job comme le mien, ça a l'air vraiment... Je ne sais pas, le pire niveau réalisation personnelle ? Enfin, je ne dis pas que c'est ce que tu penses : entendons-nous bien. Mais... Je sens que je m'enlise, alors j'abrège. Je suis heureux comme ça, en tout cas.
Complexé de n'avoir jamais fait d'études supérieures, j'éprouve parfois le besoin de justifier le fait d'exercer un travail non qualifié. C'est idiot, mais bon... Le mépris de classe, c'est aussi une réalité, dans certains cas.
On intériorise plus ou moins l'idée qu'on vaut moins que les autres, à force de se recevoir des remarques ou des sous-entendus. Donc bon. J'avais acquis ce type de réflexe un peu absurde... Surtout face à quelqu'un de brillant comme elle.
Bref.
« Qu'est-ce qui t'a décidé à revenir ici ?
Fais-je finalement.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que les tracas guettent au delà des beaux sourires de façade. C'est juste une impression, mais bon... J'ai tendance à faire confiance à mon instinct : l'expérience des ans ne cesse de m'y inviter.
Mais peut-être est-ce à cause de tous ces petits soucis insignifiants qu'elle m'énumère ? Trouver un appartement, avoir des problèmes d'humidité : ce n'est pas bien important. A moins d'avoir déjà le moral un peu lourd.
C'est ce que je me dis, en l'écoutant sagement.
Le silence retombe finalement sur nos tête, tandis qu'elle se retire en elle même. Il semblerait que j'ai vu juste. Cela dit, je n'ai pas envie de l'ennuyer en me montrant trop intrusif. Après tout, nous venons à peine de nous retrouver après des années sans nouvelles.
Notre attention se reporte donc sur les hirondelles et le hibou, en train d'effectuer quelques pirouettes. Je profite de sa question pour raconter l'anecdote qui se trouve derrière tout ça.
« Je vais bien. Fais-je. Comme tu peux le voir, je m'entraîne à pratiquer les sortilèges. C'est... Facile de se laisser rouiller, quand on a un boulot qui n'exige pas d'utiliser la magie.
Bon, ce n'est qu'une partie de l'histoire... Mais je pense que c'est suffisant pour comprendre de quoi il retourne. Expliquer que je souhaite rattraper le retard accumulé au fil des ans ne me met pas spécialement à l'aise. Je préfère donc présenter la chose de manière banale, comme si ce n'était rien.
Aliénor poursuit ensuite d'un ton un peu hésitant. Elle évoque la dernière fois que l'on s'est vu... Certainement peu après la remise des diplômes de fin d'étude, si ma mémoire est bonne. Mon sourire se renforce un peu, tandis que je tire une nouvelle bouffée de cigarette.
« Oui. Je suis bien ici. Fais-je. Les petits boulots, j'en ai fais pas mal avant de trouver cette place. Je n'ai plus tellement envie d'autre chose maintenant.
Je souffle un épais nuage blanc, avant de poursuivre.
« Je sais que la plupart des gens ici ont fait de grandes études, alors... Un job comme le mien, ça a l'air vraiment... Je ne sais pas, le pire niveau réalisation personnelle ? Enfin, je ne dis pas que c'est ce que tu penses : entendons-nous bien. Mais... Je sens que je m'enlise, alors j'abrège. Je suis heureux comme ça, en tout cas.
Complexé de n'avoir jamais fait d'études supérieures, j'éprouve parfois le besoin de justifier le fait d'exercer un travail non qualifié. C'est idiot, mais bon... Le mépris de classe, c'est aussi une réalité, dans certains cas.
On intériorise plus ou moins l'idée qu'on vaut moins que les autres, à force de se recevoir des remarques ou des sous-entendus. Donc bon. J'avais acquis ce type de réflexe un peu absurde... Surtout face à quelqu'un de brillant comme elle.
Bref.
« Qu'est-ce qui t'a décidé à revenir ici ?
Fais-je finalement.
- InvitéInvité
Re: rien ne sert de courir... - ft. Tommy
Sam 10 Fév 2018 - 19:46
Le panel de la honte
tommy ft. aliénor
Je bois une nouvelle gorgée de thé, plus tiède maintenant, alors qu’il m’explique s’être un peu oublié en terme de magie depuis qu’il est ici. C’est certain que ce n’est pas le poste de concierge qui requiert le plus la pratique quotidienne de la magie ici. Moi-même, je ne pratique plus autant qu’avant toutes les formes de magie. Je me demande si je serais encore capable de voler convenablement sur un balai par ailleurs. Cela doit bien faire une dizaine d’années que je n’ai pas essayer, préférant de loin d’autres manières pour voyager. J’avoue apprécier le calme et la tranquillité des trains moldus. Cela me laisse le temps d’admirer le paysage ou de lire des ouvrages sur les potions par exemple. Je luis souris en retour, en espérant faire passer mes pensées et ne pas le rabaisser. Enfin… J’ai toujours eu l’impression que, mis à part pour mes avances grotesques, Tommy a toujours eu une certaine facilité avec les expressions silencieuses. Donc je ne me fais pas trop de soucis pour une mauvaise interprétation des miennes.
Il poursuit, de manière un peu hasardeuse, sur son travail ici. Je ne comprends pas vraiment son hésitation. Me serais-je trompée ? Est-ce qu’à un moment j’aurais fait passer l’impression de le prendre de haut ? Cela m’inquiète un peu, j’ai toujours mis un point d’honneur à ce que ce ne soit pas le cas en dehors du cadre familial. Car oui, dans la sphère où j’évolue habituellement, la vantardise et l’étalage de compétences, aussi douteuses soient-elle, sont de mise. Soucieuse, je pose ma main sur son avant-bras, sans trop réfléchir.
« Tu sais, j’admire ta capacité à avoir su rebondir quand c’était nécéssaire. » je commence. « Je ne sais pas si j’aurais été capable d’enchaîner les jobs et surtout si j’aurais pu me permettre autant de variétés. Alors oui, peut-être que j’ai un diplôme, mais c’est pas un papier qui va t’aider à un mettre un toit sur ta tête et celle de ta famille dans la majorité des cas. » je finis en lui souriant.
J’espère avoir remis les pendules à l’heure dans un sens. J’espère qu’il sait qu’il n’a pas à se sentir inférieur en ma présence, quand bien même sur le papier, nous évoluons dans deux milieux drastiquement différents. Je me pose souvent la question de savoir si je n’aurais pas été plus heureuse si j’avais vu le jour dans une famille plus modeste, avec des plaisirs simples et rares au point de les apprécier à leur juste valeur. Au lieu de ça, j’ai toujours dû faire attention à mes manières, à la façon dont j’étais habillée et le ton que j’employais par rapport à la personne avec qui je discutais. Toujours sur mes gardes, à prêter attention à mon apparence pour que ce ne soit pas utilisé contre le nom Felcourt. Je ne prétends pas que les autres gens n’ont pas de soucis, mais ce sont des inquiétudes tangibles, recevables et réellement déterminantes pour leur avenir.
« Tu veux la version longue ou la version courte ? » dis-je sur le ton de l’humour mais avec une pointe d’amertume tout de même.
Je finis ma tasse de thé et la pose sur la muraille délicatement. Je m’éclaircis la gorge et me tourne à nouveau vers lui. Par moment, j’ai l’impression que son sourire ne s’éteint jamais. Ça a le don de me réchauffer le coeur dans des moments de doute comme celui-ci. J’ai le sentiment de pouvoir lui faire confiance, suite à notre « mésaventure ». Il n’en a jamais parlé et pourtant, dieu sait que certain aurait payé cher pour avoir une preuve de ma déconvenue.
« Au lendemain de l’obtention de mon diplôme, mon père nous a réunis pour nous annoncer sa décision : tant que nous n’aurions pas fait nos preuves dans le monde « réel », nous ne serions plus entretenus par la fortune familiale. » je lui dis calmement.
Je lui souris, tout de même un peu gênée. Je ne suis pas toujours à l’aise de parler finance avec ceux qui ont toujours eu moins, j’ai tendance à trouver cela indécent et maladroit.
« Tu crois que je pourrais t’en emprunter une ? » je dis en désignant son paquet de cigarettes.
Il poursuit, de manière un peu hasardeuse, sur son travail ici. Je ne comprends pas vraiment son hésitation. Me serais-je trompée ? Est-ce qu’à un moment j’aurais fait passer l’impression de le prendre de haut ? Cela m’inquiète un peu, j’ai toujours mis un point d’honneur à ce que ce ne soit pas le cas en dehors du cadre familial. Car oui, dans la sphère où j’évolue habituellement, la vantardise et l’étalage de compétences, aussi douteuses soient-elle, sont de mise. Soucieuse, je pose ma main sur son avant-bras, sans trop réfléchir.
« Tu sais, j’admire ta capacité à avoir su rebondir quand c’était nécéssaire. » je commence. « Je ne sais pas si j’aurais été capable d’enchaîner les jobs et surtout si j’aurais pu me permettre autant de variétés. Alors oui, peut-être que j’ai un diplôme, mais c’est pas un papier qui va t’aider à un mettre un toit sur ta tête et celle de ta famille dans la majorité des cas. » je finis en lui souriant.
J’espère avoir remis les pendules à l’heure dans un sens. J’espère qu’il sait qu’il n’a pas à se sentir inférieur en ma présence, quand bien même sur le papier, nous évoluons dans deux milieux drastiquement différents. Je me pose souvent la question de savoir si je n’aurais pas été plus heureuse si j’avais vu le jour dans une famille plus modeste, avec des plaisirs simples et rares au point de les apprécier à leur juste valeur. Au lieu de ça, j’ai toujours dû faire attention à mes manières, à la façon dont j’étais habillée et le ton que j’employais par rapport à la personne avec qui je discutais. Toujours sur mes gardes, à prêter attention à mon apparence pour que ce ne soit pas utilisé contre le nom Felcourt. Je ne prétends pas que les autres gens n’ont pas de soucis, mais ce sont des inquiétudes tangibles, recevables et réellement déterminantes pour leur avenir.
« Tu veux la version longue ou la version courte ? » dis-je sur le ton de l’humour mais avec une pointe d’amertume tout de même.
Je finis ma tasse de thé et la pose sur la muraille délicatement. Je m’éclaircis la gorge et me tourne à nouveau vers lui. Par moment, j’ai l’impression que son sourire ne s’éteint jamais. Ça a le don de me réchauffer le coeur dans des moments de doute comme celui-ci. J’ai le sentiment de pouvoir lui faire confiance, suite à notre « mésaventure ». Il n’en a jamais parlé et pourtant, dieu sait que certain aurait payé cher pour avoir une preuve de ma déconvenue.
« Au lendemain de l’obtention de mon diplôme, mon père nous a réunis pour nous annoncer sa décision : tant que nous n’aurions pas fait nos preuves dans le monde « réel », nous ne serions plus entretenus par la fortune familiale. » je lui dis calmement.
Je lui souris, tout de même un peu gênée. Je ne suis pas toujours à l’aise de parler finance avec ceux qui ont toujours eu moins, j’ai tendance à trouver cela indécent et maladroit.
« Tu crois que je pourrais t’en emprunter une ? » je dis en désignant son paquet de cigarettes.
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- InvitéInvité
Re: rien ne sert de courir... - ft. Tommy
Sam 10 Fév 2018 - 22:51
Je détourne brièvement la tête quand Aliénor me fait part de son point de vue sur ma carrière.
Je sais qu'elle n'est animée que par de bonnes intentions... Et je vois bien que mes propos lui ont laissé croire que je percevais une forme de jugement, chez elle. Ce qui n'est pas le cas, naturellement...
Il ne s'agit que de moi et mes complexes, rien de plus.
Mais l'entendre ainsi me valider socialement n'est pas la chose la plus agréable qui soit, à dire vrai. C'est même un brin humiliant, d'une certaine façon... D'autant que les boulots d'appoint sont plus le résultat de la nécessité que d'une quelconque capacité d'adaptation de ma part. Et si je le pouvais, j'échangerais volontiers ma place contre son papier...
Mais qu'importe...
Je me contente donc d'ancrer à nouveau mes yeux noirs dans ses prunelles bleues et lui rendre son sourire : radieux.
La conversation en revient à elle. Une fois de plus, la légèreté de ses mots semble encombrée d'un petit quelque chose de trop. Une lourdeur qui invite à l'introspection, au retrait mélancolique... Je ne sais pas. La Lufkin que j'ai connu a bien vécu : c'est ce que je me dis. Tout n'est pas toujours facile, peu importe d'où l'on vient.
Je l'écoute donc me raconter ses mésaventures familiales, mon expression ne trahissant qu'un intérêt sincère. Et comme l'atmosphère de confidence s'y prête, je décide d'approcher un peu et m'adosser au rempart, de sorte à ce que nous soyons à peu près en face l'un de l'autre.
L'anecdote qu'elle me raconte a beau être résumée, elle n'en est pas moins lourde de sens et de conséquences. Son père a donc décidé de la mettre à l'épreuve, ainsi que sa fratrie, en leur coupant les vivres. J'ignore si ce type de fantaisie est courante chez les familles de la haute, mais cela me laisse un peu perplexe.
« Tu n'empruntes rien du tout : prends.
Fais-je, comme elle me demande une cigarette. Je lui tend le paquet, puis vais chercher mon briquet dans la poche intérieure de ma veste.
« Et donc tu es ici pour... Pour faire tes preuves, en somme ? Si j'ai bien suivi...
J'ajoute, poursuivant le fil des déductions. J'inspire un peu d'air, avant d'expirer de la fumée, mes yeux noirs la détaillant attentivement.
« Qu'est-ce que tu en penses de tout ça, au final ? Je veux dire... Cette décision paternelle. Tu penses que c'est pertinent, ou...?
Je sais qu'elle n'est animée que par de bonnes intentions... Et je vois bien que mes propos lui ont laissé croire que je percevais une forme de jugement, chez elle. Ce qui n'est pas le cas, naturellement...
Il ne s'agit que de moi et mes complexes, rien de plus.
Mais l'entendre ainsi me valider socialement n'est pas la chose la plus agréable qui soit, à dire vrai. C'est même un brin humiliant, d'une certaine façon... D'autant que les boulots d'appoint sont plus le résultat de la nécessité que d'une quelconque capacité d'adaptation de ma part. Et si je le pouvais, j'échangerais volontiers ma place contre son papier...
Mais qu'importe...
Je me contente donc d'ancrer à nouveau mes yeux noirs dans ses prunelles bleues et lui rendre son sourire : radieux.
La conversation en revient à elle. Une fois de plus, la légèreté de ses mots semble encombrée d'un petit quelque chose de trop. Une lourdeur qui invite à l'introspection, au retrait mélancolique... Je ne sais pas. La Lufkin que j'ai connu a bien vécu : c'est ce que je me dis. Tout n'est pas toujours facile, peu importe d'où l'on vient.
Je l'écoute donc me raconter ses mésaventures familiales, mon expression ne trahissant qu'un intérêt sincère. Et comme l'atmosphère de confidence s'y prête, je décide d'approcher un peu et m'adosser au rempart, de sorte à ce que nous soyons à peu près en face l'un de l'autre.
L'anecdote qu'elle me raconte a beau être résumée, elle n'en est pas moins lourde de sens et de conséquences. Son père a donc décidé de la mettre à l'épreuve, ainsi que sa fratrie, en leur coupant les vivres. J'ignore si ce type de fantaisie est courante chez les familles de la haute, mais cela me laisse un peu perplexe.
« Tu n'empruntes rien du tout : prends.
Fais-je, comme elle me demande une cigarette. Je lui tend le paquet, puis vais chercher mon briquet dans la poche intérieure de ma veste.
« Et donc tu es ici pour... Pour faire tes preuves, en somme ? Si j'ai bien suivi...
J'ajoute, poursuivant le fil des déductions. J'inspire un peu d'air, avant d'expirer de la fumée, mes yeux noirs la détaillant attentivement.
« Qu'est-ce que tu en penses de tout ça, au final ? Je veux dire... Cette décision paternelle. Tu penses que c'est pertinent, ou...?
- InvitéInvité
Re: rien ne sert de courir... - ft. Tommy
Mar 20 Fév 2018 - 16:18
Le panel de la honte
tommy ft. aliénor
Je saisis la cigarette qu'il me tend ainsi que le briquet. Je demeure silencieuse un long moment après sa question. A mon tour, j'expire la fumée et prends le temps d'apprécier la sensation si particulière au fin fond de mes poumons. Moi qui pensais avoir réussi à me débarrasser de cette stupide addiction, il faut bien que je me rende compte que je me suis voilée la face. Je réfléchis à sa question tout en contemplant la cigarette qui se consume peu à peu avec la brise. Elle est tellement légitime que je culpabilise de ne pas me l'être posée avant aujourd'hui.
Soudain, quelque me chose me frappe. Malgré mon éducation essentiellement tournée autour de l'art d'être bonne à marier le plus tôt possible (et l'échec qui s'en est suivit) j'ai failli à tous mes devoirs d'hôte. Quand bien même nous ne sommes pas dans mes appartements ou ma salle de classe, j'ai quelque chose à offrir qu'il n'a pas et dont il pourrait être friand ! Je secoue la tête en souriant de ma bêtise. Sans plus attendre, je coince la cigarette entre mes lèvres et m'attèle à servir le thé.
« Je vais être complètement honnête... » Parce que je ne ressens pas la nécessité de lui mentir « Je ne me suis jamais posé cette question avant cet instant. »
Je manipule mon sac en toile, en sors deux tasses et le thermos encore plein. Tout en discutant, je nous sers tous les deux, tirant une bouffée de ma cigarette par moment.
« J'imagine qu'il a ses raisons. Après tout, quelque chose doit bien le motiver puisqu'il n'a jamais vécu cela lui-même. » Je referme le thermos et le range soigneusement dans mon sac. « A vrai dire... Je trouve ça censé de nous imposer cette épreuve, si on peut appeler ça comme ça. »
Je me trouve insensible par moment, de qualifier le travail comme une épreuve. Certain n'ont pas le choix et la grande majorité n'a pas d'héritage à la clé. Mais est-ce vraiment cela ma motivation ? L'argent ? Il ne peut pas n'y avoir que ça. Je lui tends une tasse et continue de fumer ma cigarette.
« Ça n'a pas été si traumatisant au final, pour moi. Ni pour mon frère qui, quoi qu'il arrive, aurait travailler. Je me fais plus de soucis pour mes sœurs. Elles n'ont aucune idée de ce l'avenir leur réserve et elles prennent un malin plaisir à faire culpabiliser mon père pour sa décision. » Je dis en soufflant sur mon thé fumant. « Et puis... je mentirais si je disais que je n'étais pas heureuse de revenir ici. Ça a de loin été la meilleure période de ma vie ! »
Je lui souris, gentiment et presque timidement à la fois. Malgré notre différent, il y a toujours eu ce petit quelque chose. Je ne suis jamais parvenue à expliquer son « immunité » face à ma malédiction, en comparaison aux autres hommes (et femmes, par moment...). Si, fut un temps, cela avait particulièrement blessé mon ego, il n'en reste aujourd'hui qu'une confiance sincère et un intérêt mal dissimulé.
Soudain, quelque me chose me frappe. Malgré mon éducation essentiellement tournée autour de l'art d'être bonne à marier le plus tôt possible (et l'échec qui s'en est suivit) j'ai failli à tous mes devoirs d'hôte. Quand bien même nous ne sommes pas dans mes appartements ou ma salle de classe, j'ai quelque chose à offrir qu'il n'a pas et dont il pourrait être friand ! Je secoue la tête en souriant de ma bêtise. Sans plus attendre, je coince la cigarette entre mes lèvres et m'attèle à servir le thé.
« Je vais être complètement honnête... » Parce que je ne ressens pas la nécessité de lui mentir « Je ne me suis jamais posé cette question avant cet instant. »
Je manipule mon sac en toile, en sors deux tasses et le thermos encore plein. Tout en discutant, je nous sers tous les deux, tirant une bouffée de ma cigarette par moment.
« J'imagine qu'il a ses raisons. Après tout, quelque chose doit bien le motiver puisqu'il n'a jamais vécu cela lui-même. » Je referme le thermos et le range soigneusement dans mon sac. « A vrai dire... Je trouve ça censé de nous imposer cette épreuve, si on peut appeler ça comme ça. »
Je me trouve insensible par moment, de qualifier le travail comme une épreuve. Certain n'ont pas le choix et la grande majorité n'a pas d'héritage à la clé. Mais est-ce vraiment cela ma motivation ? L'argent ? Il ne peut pas n'y avoir que ça. Je lui tends une tasse et continue de fumer ma cigarette.
« Ça n'a pas été si traumatisant au final, pour moi. Ni pour mon frère qui, quoi qu'il arrive, aurait travailler. Je me fais plus de soucis pour mes sœurs. Elles n'ont aucune idée de ce l'avenir leur réserve et elles prennent un malin plaisir à faire culpabiliser mon père pour sa décision. » Je dis en soufflant sur mon thé fumant. « Et puis... je mentirais si je disais que je n'étais pas heureuse de revenir ici. Ça a de loin été la meilleure période de ma vie ! »
Je lui souris, gentiment et presque timidement à la fois. Malgré notre différent, il y a toujours eu ce petit quelque chose. Je ne suis jamais parvenue à expliquer son « immunité » face à ma malédiction, en comparaison aux autres hommes (et femmes, par moment...). Si, fut un temps, cela avait particulièrement blessé mon ego, il n'en reste aujourd'hui qu'une confiance sincère et un intérêt mal dissimulé.
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- InvitéInvité
Re: rien ne sert de courir... - ft. Tommy
Mar 20 Fév 2018 - 22:40
Ma question semble plonger Aliénor dans ses pensées. Je la laisse réfléchir sans mot dire, attendant simplement que les choses lui viennent d'une façon qui lui plaira de m'exposer. Nous fumons silencieusement durant les quelques minutes qui suivent, le regard perdu dans le vague.
Puis, comme touchée par quelque inspiration soudaine, elle s'empresse de m'offrir une tasse de thé tout en répondant. Son aveu m'arrache un rictus léger, tandis que je remercie son attention d'un signe de tête assorti d'un « merci » lâché à mi voix.
J'ai le sentiment, en l'écoutant, que nous évoluons sur deux sphères radicalement opposées de la réalité. Cela dit, j'avoue peiner à trancher mon opinion sur la légitimité de cette fameuse épreuve.
A première vue, elle me semble un peu absurde, dans la mesure où tout aura été mis en œuvre pour qu'elle soit couronnée de succès : Aliénor n'aura pas eu besoin de travailler pour financer ses études, elle aura certainement bénéficié des contacts familiaux et autre réseaux d'influence... Autant d’atouts dont sont privées les couches populaires et qui permettent l’accession aux meilleures places.
A quoi bon mettre son enfant à l'épreuve en le jetant sur une piste que l'on aura précédemment pavé d'or ?
D'un autre côté, j'imagine qu'il faut y voir la finalité d'une éducation bien menée : on donne à ses enfants tout ce dont ils ont besoin pour affronter le monde. On les laisse voler de leurs propres ailes et constituer un capital personnel à force de travail. Cela renvoie à une certaine conception du mérite, en somme.
Bénéficier de la fortune parentale à vie n'est pas une preuve d'indépendance. C'est maintenir sa progéniture dans l'enfance, le priver des épreuves de l'existence, des tentatives, des succès, des échecs et du reste. En un sens, cette mise à l'épreuve est aussi un don de liberté, je suppose.
Alors bon... Je ne sais qu'en penser : les deux points de vue se défendent.
Il y aurait sans doute beaucoup à en dire sur un plan purement abstrait, mais... Ma réalité n'a rien à voir avec celle-là. Je n'ai pas à me poser ce genre de question, parce que ma famille ne bénéficie d'aucune opulence matérielle.
Je n'ai pas le luxe de me poser ce genre de question, en somme.
Alors ce qui compte en définitive, c'est ce qu'elle en pense, elle. Et à l'écouter, on dirait bien que la chose n'est pas trop mal reçue. Le fait qu'elle n'ait pas cogité plus que cela sur le sujet montre bien que les choses se sont faites à peu près naturellement.
Je capte son petit sourire d'un air empreint de bienveillance, avant de prendre une gorgée de thé chaud. Le contraste d'avec la brise froide me procure une impression agréable. La sincérité de son dernier aveux fait plaisir à entendre.
« Je suis content alors.
Fais-je gentiment, avant de tirer sur ma cigarette. Je laisse ensuite le silence s'abattre sur nos têtes un moment. Mes yeux noirs la détaillent toujours, tandis que mon visage laisse filtrer un brin de malice.
« C'est amusant, j'ai l'impression de découvrir une autre personne. J'expire un peu de buée mêlée de fumée. Ce n'est pas du tout l'image que j'avais de toi à l'époque où tu étais étudiante.
C'est dit d'un ton doux, pour ne pas trop heurter son ego. Je suis à peu près persuadé qu'elle ne garde pas un excellent souvenir de nos rapports de l'époque, à en juger par les marques de gêne qui n'ont cessé de filtrer depuis le début de notre conversation.
« Mais tu es de très bonne compagnie au naturel.
J'esquisse un sourire roublard. Cette phrase là correspond davantage à mon style un brin provocateur. Je la bouscule sans méchanceté, car je dois bien admettre me trouver démuni face à cette curieuse contradiction des images. J'ai envie de comprendre... Donc je la pousse un peu dans ses retranchements. J'essaie de l'inciter à se justifier d'une manière ou d'une autre... Afin que ce qui doit être dit le soit.
Puis, comme touchée par quelque inspiration soudaine, elle s'empresse de m'offrir une tasse de thé tout en répondant. Son aveu m'arrache un rictus léger, tandis que je remercie son attention d'un signe de tête assorti d'un « merci » lâché à mi voix.
J'ai le sentiment, en l'écoutant, que nous évoluons sur deux sphères radicalement opposées de la réalité. Cela dit, j'avoue peiner à trancher mon opinion sur la légitimité de cette fameuse épreuve.
A première vue, elle me semble un peu absurde, dans la mesure où tout aura été mis en œuvre pour qu'elle soit couronnée de succès : Aliénor n'aura pas eu besoin de travailler pour financer ses études, elle aura certainement bénéficié des contacts familiaux et autre réseaux d'influence... Autant d’atouts dont sont privées les couches populaires et qui permettent l’accession aux meilleures places.
A quoi bon mettre son enfant à l'épreuve en le jetant sur une piste que l'on aura précédemment pavé d'or ?
D'un autre côté, j'imagine qu'il faut y voir la finalité d'une éducation bien menée : on donne à ses enfants tout ce dont ils ont besoin pour affronter le monde. On les laisse voler de leurs propres ailes et constituer un capital personnel à force de travail. Cela renvoie à une certaine conception du mérite, en somme.
Bénéficier de la fortune parentale à vie n'est pas une preuve d'indépendance. C'est maintenir sa progéniture dans l'enfance, le priver des épreuves de l'existence, des tentatives, des succès, des échecs et du reste. En un sens, cette mise à l'épreuve est aussi un don de liberté, je suppose.
Alors bon... Je ne sais qu'en penser : les deux points de vue se défendent.
Il y aurait sans doute beaucoup à en dire sur un plan purement abstrait, mais... Ma réalité n'a rien à voir avec celle-là. Je n'ai pas à me poser ce genre de question, parce que ma famille ne bénéficie d'aucune opulence matérielle.
Je n'ai pas le luxe de me poser ce genre de question, en somme.
Alors ce qui compte en définitive, c'est ce qu'elle en pense, elle. Et à l'écouter, on dirait bien que la chose n'est pas trop mal reçue. Le fait qu'elle n'ait pas cogité plus que cela sur le sujet montre bien que les choses se sont faites à peu près naturellement.
Je capte son petit sourire d'un air empreint de bienveillance, avant de prendre une gorgée de thé chaud. Le contraste d'avec la brise froide me procure une impression agréable. La sincérité de son dernier aveux fait plaisir à entendre.
« Je suis content alors.
Fais-je gentiment, avant de tirer sur ma cigarette. Je laisse ensuite le silence s'abattre sur nos têtes un moment. Mes yeux noirs la détaillent toujours, tandis que mon visage laisse filtrer un brin de malice.
« C'est amusant, j'ai l'impression de découvrir une autre personne. J'expire un peu de buée mêlée de fumée. Ce n'est pas du tout l'image que j'avais de toi à l'époque où tu étais étudiante.
C'est dit d'un ton doux, pour ne pas trop heurter son ego. Je suis à peu près persuadé qu'elle ne garde pas un excellent souvenir de nos rapports de l'époque, à en juger par les marques de gêne qui n'ont cessé de filtrer depuis le début de notre conversation.
« Mais tu es de très bonne compagnie au naturel.
J'esquisse un sourire roublard. Cette phrase là correspond davantage à mon style un brin provocateur. Je la bouscule sans méchanceté, car je dois bien admettre me trouver démuni face à cette curieuse contradiction des images. J'ai envie de comprendre... Donc je la pousse un peu dans ses retranchements. J'essaie de l'inciter à se justifier d'une manière ou d'une autre... Afin que ce qui doit être dit le soit.
- InvitéInvité
Re: rien ne sert de courir... - ft. Tommy
Mer 21 Mar 2018 - 10:34
archivé car un des participants est supprimé
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