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Sortilège et désenchantement
Mer 17 Jan 2018 - 22:03
Soir de semaine : ambiance tranquille au Vampire's night. Les habitués discutent entre eux autour des tables, tandis que les plus enhardis se risquent sur la piste ou dans la black room. On danse, on se divertit, mais sans excès. Personne ne cherche les problèmes, c'est bon enfant. Le genre de soirée qui laisse place aux longues considérations.
Moi, je suis accoudé au bar. Le regard déjà vitreux, je bois un énième verre, tout en écoutant les remontrances de la proprio. Elle en a marre de voir ma tronche passer de vigueur à décrépitude, à chaque fois qu'un truc me contrarie.
Je me ramène l'air accablé par on ne sait quoi et je me biture jusqu'à ne plus pouvoir tenir debout : elle dit que c'est du gâchis et un tas d'autres trucs dont je peine à me rappeler après coup. Elle dit que ce serait quelqu'un d'autre, elle s'en foutrait. Mais moi, elle trouve ça bête parce que je suis un peu comme eux. J'aime bien faire semblant de l'écouter.
Je me sens comme à la maison, un peu.
Ça change.
Aujourd'hui, c'est mardi.
J'aurais dû me pointer dans le bureau de Castilla pour ma petite leçon hebdomadaire. Mais je ne l'ai pas fait.
La semaine dernière, ma nouvelle gourou des sortilège m'a filé du boulot. J'étais confiant au début. Et puis après, plus tellement. Car j'ai eu beau tenter, essayer encore et encore... Impossible de sortir quoique ce soit. Impossible de me concentrer, impossible de produire un effet décent.
Rien.
J'ai commencé à baliser.
Comme un gosse, j'ai pris peur. Je me suis mis à cogiter dans tous les sens. A me demander ce qui cloche chez moi... Pourquoi je n'y arrive pas et tous ces trucs stériles qui ne servent à rien, si ce n'est m'enfoncer encore davantage.
Peu à peu, la frustration s'est changée en révolte. J'ai retrouvé ce petit goût amer que l'on a quand on en veut au monde entier pour ses propres failles. Mes limites ont ravivé la colère du désespéré qui veut tout foutre en l'air, plutôt que de faire preuve d'humilité en reconnaissant ses limites.
Et c'est à peu près ce que j'ai fais : tout foutre en l'air.
Le soir venu, je me suis habillé pour sortir. J'ai pris mes cliques et mes claques direction Myrddin Wyllt District. Et depuis à peu près vingt-trois heures, je picole comme un gros con.
Je noie mes faux problèmes dans l'alcool, tout en sachant pertinemment que c'est un allé simple vers le précipice.
Car arrivera un moment où il me faudra justifier de ce gros manque de respect auprès de Castilla... Faire mon mea culpa et tout le bordel, alors qu'il aurait été beaucoup plus simple de lui parler de ce problème dès le début.
Un peu comme un adulte responsable, finalement.
Mais non. Je ne suis pas comme ça. Faut que je me flagelle, faut que je me fasse du mal.
Orgueil de masochiste à deux balles.
Moi, je suis accoudé au bar. Le regard déjà vitreux, je bois un énième verre, tout en écoutant les remontrances de la proprio. Elle en a marre de voir ma tronche passer de vigueur à décrépitude, à chaque fois qu'un truc me contrarie.
Je me ramène l'air accablé par on ne sait quoi et je me biture jusqu'à ne plus pouvoir tenir debout : elle dit que c'est du gâchis et un tas d'autres trucs dont je peine à me rappeler après coup. Elle dit que ce serait quelqu'un d'autre, elle s'en foutrait. Mais moi, elle trouve ça bête parce que je suis un peu comme eux. J'aime bien faire semblant de l'écouter.
Je me sens comme à la maison, un peu.
Ça change.
Aujourd'hui, c'est mardi.
J'aurais dû me pointer dans le bureau de Castilla pour ma petite leçon hebdomadaire. Mais je ne l'ai pas fait.
La semaine dernière, ma nouvelle gourou des sortilège m'a filé du boulot. J'étais confiant au début. Et puis après, plus tellement. Car j'ai eu beau tenter, essayer encore et encore... Impossible de sortir quoique ce soit. Impossible de me concentrer, impossible de produire un effet décent.
Rien.
J'ai commencé à baliser.
Comme un gosse, j'ai pris peur. Je me suis mis à cogiter dans tous les sens. A me demander ce qui cloche chez moi... Pourquoi je n'y arrive pas et tous ces trucs stériles qui ne servent à rien, si ce n'est m'enfoncer encore davantage.
Peu à peu, la frustration s'est changée en révolte. J'ai retrouvé ce petit goût amer que l'on a quand on en veut au monde entier pour ses propres failles. Mes limites ont ravivé la colère du désespéré qui veut tout foutre en l'air, plutôt que de faire preuve d'humilité en reconnaissant ses limites.
Et c'est à peu près ce que j'ai fais : tout foutre en l'air.
Le soir venu, je me suis habillé pour sortir. J'ai pris mes cliques et mes claques direction Myrddin Wyllt District. Et depuis à peu près vingt-trois heures, je picole comme un gros con.
Je noie mes faux problèmes dans l'alcool, tout en sachant pertinemment que c'est un allé simple vers le précipice.
Car arrivera un moment où il me faudra justifier de ce gros manque de respect auprès de Castilla... Faire mon mea culpa et tout le bordel, alors qu'il aurait été beaucoup plus simple de lui parler de ce problème dès le début.
Un peu comme un adulte responsable, finalement.
Mais non. Je ne suis pas comme ça. Faut que je me flagelle, faut que je me fasse du mal.
Orgueil de masochiste à deux balles.
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Re: Sortilège et désenchantement
Ven 19 Jan 2018 - 16:20
Le talent a quelque chose d’injuste. Nous n’en sommes pas tous pourvu de manière égale. Pour certains, c’est quelque chose d’évident, presque inné. Leur talent s’exprime naturellement dès leur plus jeune âge sans qu’ils aient le moindre effort à fournir. Leur réussite impressionne et laisse croire au reste du monde qu’ils sont des êtres exceptionnels, qu’ils ont quelque chose de plus que le commun des mortels. Je n’en crois rien. Je crois que chaque personne a un don pour quelque chose mais que les circonstances, le manque d’opportunités ou encore simplement les aléas de la vie peuvent nous empêcher de jamais le découvrir. Pour la plupart des gens, ça n’a aucune importance. Ils s’accommodent sans problème de cette apparente absence de talent. Pour d’autres en revanche cela ne fait que les conforter dans leurs échecs et la constante dévalorisation de leurs capacités au point qu’ils ne soient plus en mesure de découvrir leur propre talent. Bien sûr il y aura toujours des gens plus doués que d’autres, mais je ne crois pas qu’il existe réellement de bon à rien. C’est ce que je me suis toujours efforcée d’enseigner à mes élèves et c’est ce qu’il va falloir que je fasse comprendre à monsieur Cioban.
Mais pour ça, encore faudrait-il qu’il se présente à notre rendez-vous hebdomadaire. Voilà déjà deux heures qu’il devrait être là et pourtant je ne vois toujours pas l’ombre d’un semi-vampire à ma porte. Habituellement je m’en serais probablement offusquée, mais dans le cas présent je n’en suis pas vraiment surprise. En réalité, je pense pouvoir dire que j’ai provoqué cette situation.
Lors de notre première leçon, je lui ai demandé d’effectuer des sortilèges assez simples. Pour la plupart ceux que j’enseignais à mes élèves de première année à Beauxbâtons. Le but était surtout de le mettre en confiance tout en faisant un premier bilan de ses capacités et de ses connaissances. Puis lors de la leçon suivante, j’ai commencé à augmenter la difficulté afin d’identifier ses limites et ses lacunes. Grâce à ces deux leçons, j’ai pu me faire une idée du potentiel de mon élève et surtout de ce qu’il l’a empêché de le développer. Ses capacités ne sont pas en cause, loin de là. Avec l’enseignement adéquat, je crois que monsieur Cioban pourrait devenir un très grand enchanteur. Probablement même bien plus doué que moi. Non, le concernant, le problème est ailleurs. Je crois que si un épouvantard pouvait prendre la forme de l’échec alors voilà à quoi ressemblerait celui de Thomas Cioban. C’est pour cette raison que je lui ai demandé de s’exercer sur un sortilège particulièrement compliqué jusqu’à notre prochaine leçon. Je savais pertinemment qu’il n’y arriverait pas sans davantage d’explications et de conseils. Mais j’avais besoin de le confronter à l’échec pour évaluer sa réaction et pouvoir l’aider à le surmonter. Son absence de ce soir démontre le succès de mon expérience.
Je lui accorde encore une heure supplémentaire pour venir me trouver avant de quitter mon bureau. Je n’ai pas l’intention d’en rester là et encore moins de le laisser abandonner aussi facilement. Il m’a demandé mon aide et je ne vais pas le lâcher. Hungcalf est un petit monde et les rumeurs y circulent vite. J’ai très vite su après mon arrivée que le concierge fréquentait assidûment les différents bars de la ville. C’est en toute logique dans l’un d’eux que je pense le trouver ce soir. Après un bref passage à la Taverne du Troll, c’est finalement au Vampire’s Night que je le trouve.
Il est déjà minuit passée lorsque j’arrive dans la boîte de nuit. Je crois bien n’avoir pas mis les pieds dans un tel établissement depuis avant mon mariage. Je repère immédiatement monsieur Cioban accoudé au bar. Alignés devant lui, un certain nombre de verres vides témoignent d’une alcoolisation déjà avancée. D’un pas assuré, je vais directement dans sa direction et alors qu’il s’apprête à lever le coude une énième fois, je tends la main pour lui confisquer son verre et le reposer sur le comptoir.
- Je crois que vous avez suffisamment bu pour ce soir monsieur Cioban.
Il n’y a aucune sévérité ni remontrance dans ma voix lorsque je m’adresse à lui. Seulement cette autorité naturelle que j’ai acquise avec mes années d’enseignement.
Mais pour ça, encore faudrait-il qu’il se présente à notre rendez-vous hebdomadaire. Voilà déjà deux heures qu’il devrait être là et pourtant je ne vois toujours pas l’ombre d’un semi-vampire à ma porte. Habituellement je m’en serais probablement offusquée, mais dans le cas présent je n’en suis pas vraiment surprise. En réalité, je pense pouvoir dire que j’ai provoqué cette situation.
Lors de notre première leçon, je lui ai demandé d’effectuer des sortilèges assez simples. Pour la plupart ceux que j’enseignais à mes élèves de première année à Beauxbâtons. Le but était surtout de le mettre en confiance tout en faisant un premier bilan de ses capacités et de ses connaissances. Puis lors de la leçon suivante, j’ai commencé à augmenter la difficulté afin d’identifier ses limites et ses lacunes. Grâce à ces deux leçons, j’ai pu me faire une idée du potentiel de mon élève et surtout de ce qu’il l’a empêché de le développer. Ses capacités ne sont pas en cause, loin de là. Avec l’enseignement adéquat, je crois que monsieur Cioban pourrait devenir un très grand enchanteur. Probablement même bien plus doué que moi. Non, le concernant, le problème est ailleurs. Je crois que si un épouvantard pouvait prendre la forme de l’échec alors voilà à quoi ressemblerait celui de Thomas Cioban. C’est pour cette raison que je lui ai demandé de s’exercer sur un sortilège particulièrement compliqué jusqu’à notre prochaine leçon. Je savais pertinemment qu’il n’y arriverait pas sans davantage d’explications et de conseils. Mais j’avais besoin de le confronter à l’échec pour évaluer sa réaction et pouvoir l’aider à le surmonter. Son absence de ce soir démontre le succès de mon expérience.
Je lui accorde encore une heure supplémentaire pour venir me trouver avant de quitter mon bureau. Je n’ai pas l’intention d’en rester là et encore moins de le laisser abandonner aussi facilement. Il m’a demandé mon aide et je ne vais pas le lâcher. Hungcalf est un petit monde et les rumeurs y circulent vite. J’ai très vite su après mon arrivée que le concierge fréquentait assidûment les différents bars de la ville. C’est en toute logique dans l’un d’eux que je pense le trouver ce soir. Après un bref passage à la Taverne du Troll, c’est finalement au Vampire’s Night que je le trouve.
Il est déjà minuit passée lorsque j’arrive dans la boîte de nuit. Je crois bien n’avoir pas mis les pieds dans un tel établissement depuis avant mon mariage. Je repère immédiatement monsieur Cioban accoudé au bar. Alignés devant lui, un certain nombre de verres vides témoignent d’une alcoolisation déjà avancée. D’un pas assuré, je vais directement dans sa direction et alors qu’il s’apprête à lever le coude une énième fois, je tends la main pour lui confisquer son verre et le reposer sur le comptoir.
- Je crois que vous avez suffisamment bu pour ce soir monsieur Cioban.
Il n’y a aucune sévérité ni remontrance dans ma voix lorsque je m’adresse à lui. Seulement cette autorité naturelle que j’ai acquise avec mes années d’enseignement.
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Re: Sortilège et désenchantement
Dim 21 Jan 2018 - 21:23
Je sens mon verre filer entre mes doigts. Quand mon regard s'y pose, il n'y est plus. J'entends alors le claquement mat caractéristique de la matière sur le comptoir, tandis que ma vision périphérique capture la silhouette de celle que je n'attendais pas.
Comme dans un rêve étrange, je me tourne lentement et pose les yeux sur Mrs Castilla. La stupeur me prive de tout mouvement pendant une seconde ou deux. Je me demande si tout ceci est bien réel, ou si j'ai bu au point d'en avoir des hallucinations. Absurde, inattendue : la scène serait presque digne d'un théâtre de boulevard.
« Hé bien... vous savez gérer vos entrées, vous.
Fais-je finalement, au sortir de ma sidération. La défaite se lit sur mon visage. L'état dans lequel je me trouve ne me permet plus de dissimuler quoi que ce soit, à ce stade. Laissant échapper un court soupir, je me retourne face au bar.
Mon regard accroche brièvement celui de la proprio, un peu plus loin, en train d'essuyer un verre. Elle semble avoir très bien compris la scène et esquisse un sourire empreint de satisfaction. Je réplique par un genre de grimace, en montrant les dents.
« Comment avez-vous fait pour me trouver ?
Je demande alors, comme si c'était important. Les faits étaient là : qu'est-ce que ça pouvait bien foutre de savoir comment elle s'y était prise ? Une question de fierté, sans doute.
Je n'imagine pas Mrs Castilla écumer toutes les adresses de la ville, à moins d'avoir déjà une petite idée de l'endroit où me trouver. Cela implique donc que ma réputation de gros buveur lui est parvenu aux oreilles... Comme si tout ceci n'était pas déjà assez humiliant.
Dépité plus que jamais, je m'en vais chercher le verre confisqué quelques instants plus tôt, d'une main à la précision hasardeuse. Si j'avais eu les idées claires, je m'en serais naturellement abstenu : question de contexte et de cohérence.
Mais tout ce qui venait d'advenir était déjà flou, pour tout dire. Je n'étais pas vraiment en mesure de réagir de la plus intelligente des manières. Ce que je savais, en cet instant, c'est que je me sentais con... Et par conséquent, j'avais envie de boire.
Comme dans un rêve étrange, je me tourne lentement et pose les yeux sur Mrs Castilla. La stupeur me prive de tout mouvement pendant une seconde ou deux. Je me demande si tout ceci est bien réel, ou si j'ai bu au point d'en avoir des hallucinations. Absurde, inattendue : la scène serait presque digne d'un théâtre de boulevard.
« Hé bien... vous savez gérer vos entrées, vous.
Fais-je finalement, au sortir de ma sidération. La défaite se lit sur mon visage. L'état dans lequel je me trouve ne me permet plus de dissimuler quoi que ce soit, à ce stade. Laissant échapper un court soupir, je me retourne face au bar.
Mon regard accroche brièvement celui de la proprio, un peu plus loin, en train d'essuyer un verre. Elle semble avoir très bien compris la scène et esquisse un sourire empreint de satisfaction. Je réplique par un genre de grimace, en montrant les dents.
« Comment avez-vous fait pour me trouver ?
Je demande alors, comme si c'était important. Les faits étaient là : qu'est-ce que ça pouvait bien foutre de savoir comment elle s'y était prise ? Une question de fierté, sans doute.
Je n'imagine pas Mrs Castilla écumer toutes les adresses de la ville, à moins d'avoir déjà une petite idée de l'endroit où me trouver. Cela implique donc que ma réputation de gros buveur lui est parvenu aux oreilles... Comme si tout ceci n'était pas déjà assez humiliant.
Dépité plus que jamais, je m'en vais chercher le verre confisqué quelques instants plus tôt, d'une main à la précision hasardeuse. Si j'avais eu les idées claires, je m'en serais naturellement abstenu : question de contexte et de cohérence.
Mais tout ce qui venait d'advenir était déjà flou, pour tout dire. Je n'étais pas vraiment en mesure de réagir de la plus intelligente des manières. Ce que je savais, en cet instant, c'est que je me sentais con... Et par conséquent, j'avais envie de boire.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Ven 26 Jan 2018 - 17:06
D’ordinaire, je n’éprouve aucune pitié pour ces gens qui boivent plus que de raison, qui vont noyer leurs problèmes dans l’alcool plutôt que de les affronter. Pourtant, en cet instant, j’éprouve de la compassion pour monsieur Cioban. Peut-être parce que c’est moi qui l’ai poussé dans ses retranchements. Après tout quand il ne s’est pas présenté pour notre leçon, je savais exactement dans quels endroits je devais aller chercher. Quelque part, je savais quelles seraient les conséquences de mon expérience. Lorsqu’il fait mine de reprendre son verre, je l’en déleste à nouveau avant qu’il puisse y tremper ses lèvres. Avec un soupir, je lui prends le bras pour l’entrainer avec moi.
- Venez, vous avez besoin de prendre l’air.
Sans surprise il proteste.
- Je vais très bien.
Je ne l’écoute pas et continue de l’entraîner vers la sortie. Déjà visiblement bien alcoolisé, il peine à marcher droit et tangue passablement. Mais l’avantage en est qu’il ne résiste pas ou peu et je n’ai pas vraiment de difficulté à l’entrainer à ma suite.
- Vraiment ? Ce n’est pas l’impression que vous donnez monsieur Cioban.
- Vous savez tout mieux que tout le monde, vous.
Son ton est aussi peu aimable que puéril. Rien d’étonnant si l’on tient compte de son état d’ébriété. Dans une vague tentative de faire valoir son autonomie, il tente de se dégager de mon emprise et ne manque pas de se prendre les pieds dans ses propres pas. Je le rattrape juste avant qu’il ne perde tout à fait l’équilibre et je raffermis ma prise sur son bras. Puisqu’il m’y contraint par son attitude, j’adopte un ton autoritaire.
- Cessez de faire l’enfant voulez-vous ?
Sans lui laisser davantage le temps de protester, je guide jusqu’à la sortie. Une fois à l’extérieur, je le pousse d’autorité à s’asseoir sur le bord du trottoir à trois pas à peine de l’entrée du Vampire’s Nigth. Je secoue la tête d’un air désapprobateur. Je n’ose imaginer combien de verres il a déjà bus avant que je n’intervienne. Je ne peux m’empêcher de lui en faire la remarque.
- Comment avez-vous pu vous mettre dans un tel état en si peu de temps ?
- Venez, vous avez besoin de prendre l’air.
Sans surprise il proteste.
- Je vais très bien.
Je ne l’écoute pas et continue de l’entraîner vers la sortie. Déjà visiblement bien alcoolisé, il peine à marcher droit et tangue passablement. Mais l’avantage en est qu’il ne résiste pas ou peu et je n’ai pas vraiment de difficulté à l’entrainer à ma suite.
- Vraiment ? Ce n’est pas l’impression que vous donnez monsieur Cioban.
- Vous savez tout mieux que tout le monde, vous.
Son ton est aussi peu aimable que puéril. Rien d’étonnant si l’on tient compte de son état d’ébriété. Dans une vague tentative de faire valoir son autonomie, il tente de se dégager de mon emprise et ne manque pas de se prendre les pieds dans ses propres pas. Je le rattrape juste avant qu’il ne perde tout à fait l’équilibre et je raffermis ma prise sur son bras. Puisqu’il m’y contraint par son attitude, j’adopte un ton autoritaire.
- Cessez de faire l’enfant voulez-vous ?
Sans lui laisser davantage le temps de protester, je guide jusqu’à la sortie. Une fois à l’extérieur, je le pousse d’autorité à s’asseoir sur le bord du trottoir à trois pas à peine de l’entrée du Vampire’s Nigth. Je secoue la tête d’un air désapprobateur. Je n’ose imaginer combien de verres il a déjà bus avant que je n’intervienne. Je ne peux m’empêcher de lui en faire la remarque.
- Comment avez-vous pu vous mettre dans un tel état en si peu de temps ?
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Ven 26 Jan 2018 - 18:51
Mrs Castilla ne tarde pas à se manifester à nouveau dans mon espace mental en me confisquant mon verre une seconde fois. Un geste qui ne manque pas de m'agacer, moi qui peine à formuler des idées claires et ne raisonne plus que par des bribes d'émotions brutes et décousues. Je vois dans son intervention une nuisance intrusive.
La voilà déjà qui me prend le bras et tente de m'entraîner à sa suite, direction la sortie. Je proteste mollement. Les sensations de mon corps sont comme engourdies. J'oublie le fait que, si je le voulais, je pourrais très bien rester ici... Ou m'en aller pour de bon.
Je n'aime pas la voir tenter de m'imposer des trucs, comme si j'étais trop con pour savoir ce qui est bon pour moi, ou si je vais bien. D'ailleurs, c'est ce que je lui dis : je vais très bien. Tout du moins, j'allais très bien avant qu'elle n'arrive pour jouer aux redresseurs de tort.
Quand l'ivresse caresse la mauvaise foi.
Et Castilla qui réplique à nouveau. Mon énervement s’accroît encore : en quoi l'impression que je donne peut bien la concerner ? Cette fois-ci, ma réponse est plus aigre. Je n'ai jamais aimé les attitudes moralisatrices. Elle croit tout savoir, digne et propre sur elle qu'elle est... J'ai l'air encore plus idiot, par contraste.
D'ailleurs, je suis sûr que dans le fond, ça lui fait plaisir... De voir combien il existe des individus pathétiques, quand elle n'aura fait qu'aligner les succès. Ça la conforte dans l'idée qu'elle vaut mieux que tout le monde. Car c'est évident, qu'elle n'a fait que les bons choix dans la vie, cette femme.
C'est...
Je ne sais plus. Je sens que je perds l'équilibre... Et puis non, une main me rattrape. La sienne sans doute.
Je peine à me situer. Probablement l'un des couloirs du Vampire's.
Probablement.
Ses mots me parviennent comme un écho lointain.
« Faire l'enfant »...
Est-ce que je fais l'enfant, moi ?
L'air frais du dehors opère à la manière d'une claque sur mon visage. Je sens qu'on me pousse à m'asseoir, ce à quoi mon corps appesanti ne résiste guère. Le contact avec le trottoir est un peu brutal. Je pose les mains sur le rebord de ciment, tout en cherchant mon équilibre.
Assit, les choses me semblent moins troubles.
« En si peu de temps ? Je grommelle après elle, tandis que sa question fait son chemin dans mon esprit. Quelle heure est-il ?
Je lève l'index, comme pour lui intimer de ne rien dire. Ma main s'en va alors fouiller la poche intérieure de ma veste, en quête de mon smartphone. Je regarde l'heure et mes yeux s'écarquillent.
« Put... Oh merde. Chaud...
J'ai un genre d'éclat de rire totalement nerveux, contenu dans la main que je viens plaquer sur ma bouche. S'il était plus de minuit, l'heure n'était malgré tout pas assez avancée pour justifier d'une telle cuite. J'avais effectivement enchaîné les verres sans discontinuer. Et le pire dans tout cela, c'est que je m'en était absolument pas rendu compte.
« C'est que vous avez affaire à un spécialiste.
Fais-je finalement d'un ton beaucoup plus sérieux, en réponse à sa question. Je range mon téléphone, pour sortir les cigarettes.
Un vice en compense un autre...
Pendant ce temps, mon invité surprise s'en vient prendre place à côté de moi en répondant par une petite pique ironique. je lui adresse un regard en coin, avant de soupirer.
« Vous auriez aussi bien fait de rester chez vous Castilla... J'ai le ton amer. Qu'est-ce que vous essayez de prouver en venant me chercher comme ça ? Heh...
Je me frotte les yeux du revers de la main. Tout m’éblouis, tout est désagréable... rugueux.
« C'est juste une perte de temps.
La voilà déjà qui me prend le bras et tente de m'entraîner à sa suite, direction la sortie. Je proteste mollement. Les sensations de mon corps sont comme engourdies. J'oublie le fait que, si je le voulais, je pourrais très bien rester ici... Ou m'en aller pour de bon.
Je n'aime pas la voir tenter de m'imposer des trucs, comme si j'étais trop con pour savoir ce qui est bon pour moi, ou si je vais bien. D'ailleurs, c'est ce que je lui dis : je vais très bien. Tout du moins, j'allais très bien avant qu'elle n'arrive pour jouer aux redresseurs de tort.
Quand l'ivresse caresse la mauvaise foi.
Et Castilla qui réplique à nouveau. Mon énervement s’accroît encore : en quoi l'impression que je donne peut bien la concerner ? Cette fois-ci, ma réponse est plus aigre. Je n'ai jamais aimé les attitudes moralisatrices. Elle croit tout savoir, digne et propre sur elle qu'elle est... J'ai l'air encore plus idiot, par contraste.
D'ailleurs, je suis sûr que dans le fond, ça lui fait plaisir... De voir combien il existe des individus pathétiques, quand elle n'aura fait qu'aligner les succès. Ça la conforte dans l'idée qu'elle vaut mieux que tout le monde. Car c'est évident, qu'elle n'a fait que les bons choix dans la vie, cette femme.
C'est...
Je ne sais plus. Je sens que je perds l'équilibre... Et puis non, une main me rattrape. La sienne sans doute.
Je peine à me situer. Probablement l'un des couloirs du Vampire's.
Probablement.
Ses mots me parviennent comme un écho lointain.
« Faire l'enfant »...
Est-ce que je fais l'enfant, moi ?
L'air frais du dehors opère à la manière d'une claque sur mon visage. Je sens qu'on me pousse à m'asseoir, ce à quoi mon corps appesanti ne résiste guère. Le contact avec le trottoir est un peu brutal. Je pose les mains sur le rebord de ciment, tout en cherchant mon équilibre.
Assit, les choses me semblent moins troubles.
« En si peu de temps ? Je grommelle après elle, tandis que sa question fait son chemin dans mon esprit. Quelle heure est-il ?
Je lève l'index, comme pour lui intimer de ne rien dire. Ma main s'en va alors fouiller la poche intérieure de ma veste, en quête de mon smartphone. Je regarde l'heure et mes yeux s'écarquillent.
« Put... Oh merde. Chaud...
J'ai un genre d'éclat de rire totalement nerveux, contenu dans la main que je viens plaquer sur ma bouche. S'il était plus de minuit, l'heure n'était malgré tout pas assez avancée pour justifier d'une telle cuite. J'avais effectivement enchaîné les verres sans discontinuer. Et le pire dans tout cela, c'est que je m'en était absolument pas rendu compte.
« C'est que vous avez affaire à un spécialiste.
Fais-je finalement d'un ton beaucoup plus sérieux, en réponse à sa question. Je range mon téléphone, pour sortir les cigarettes.
Un vice en compense un autre...
Pendant ce temps, mon invité surprise s'en vient prendre place à côté de moi en répondant par une petite pique ironique. je lui adresse un regard en coin, avant de soupirer.
« Vous auriez aussi bien fait de rester chez vous Castilla... J'ai le ton amer. Qu'est-ce que vous essayez de prouver en venant me chercher comme ça ? Heh...
Je me frotte les yeux du revers de la main. Tout m’éblouis, tout est désagréable... rugueux.
« C'est juste une perte de temps.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Dim 28 Jan 2018 - 15:18
Assise sur le trottoir à côté de monsieur Cioban, je tourne la tête vers lui pour l’observer. Son air dépité et son regard désabusés font peine à voir. Et son état d’ébriété n’arrange rien. Pourtant je ne fais pas de commentaire sur ce sujet, je me contente de l’écouter se dévaloriser.
- C'est juste une perte de temps.
J’estime qu’il est temps d’abandonner mon ton moralisateur et c’est avec moins d’agressivité que je lui réponds.
- Puisqu’il s’agit de mon temps, permettez-moi d’en être seule juge.
Il ouvre la bouche comme pour dire quelque chose puis y renonce, visiblement déstabilisé. Un instant, il fuit mon regard puis se décide finalement à tourner à nouveau les yeux vers moi pour déclarer sur un ton à mi-chemin entre la plainte et l’agressivité.
- C'est la deuxième fois que vous éludez mes questions. Pourquoi vous faites ça ?
Je laisse échapper un léger soupir. Si je veux avancer, il vaut probablement mieux que j’évite de trop le contrarier ivre comme il est. Dans le cas contraire, je risque tout simplement de le braquer. La nuit s’annonce déjà longue et compliquée, inutile de me compliquer moi-même la tâche. Je réponds donc à sa première question que j’ai ignorée quelques instants plus tôt au bar.
- Vous voulez savoir comment je vous ai retrouvé ? Hungcalf est un petit monde et votre réputation n’a pas mis longtemps à arriver à mes oreilles.
Après une pause trop courte pour qu’il puisse m’interrompre, je poursuis sur la seconde question qu’il me reproche d’avoir éludée.
- Quand à ce que je cherche à prouver, simplement que vous valez mieux que cette réputation, rien de plus. Y a-t-il autre chose que vous voudriez savoir monsieur Cioban ?
Il ne répond pas, se contentant de fumer sa cigarette en silence. Je lui laisse le temps de décider de reprendre la parole ou non. Je ne suis pas pressée. Et tant pis si je dois passer une nuit blanche, ça ne me tuera pas. J’ai toujours fait passer les intérêts de mes élèves avant les miens. Il n’y a aucune raison que ça change. Peu importe qu’il ne soit pas un élève ordinaire. J’attends patiemment, le regardant fumer. Je considère un instant le paquet de cigarettes qu’il n’a pas rangé et qui est posé entre nous sur le trottoir. Je tends la main et interromps mon geste juste avant de le prendre pour demander.
- Vous permettez ?
- C'est juste une perte de temps.
J’estime qu’il est temps d’abandonner mon ton moralisateur et c’est avec moins d’agressivité que je lui réponds.
- Puisqu’il s’agit de mon temps, permettez-moi d’en être seule juge.
Il ouvre la bouche comme pour dire quelque chose puis y renonce, visiblement déstabilisé. Un instant, il fuit mon regard puis se décide finalement à tourner à nouveau les yeux vers moi pour déclarer sur un ton à mi-chemin entre la plainte et l’agressivité.
- C'est la deuxième fois que vous éludez mes questions. Pourquoi vous faites ça ?
Je laisse échapper un léger soupir. Si je veux avancer, il vaut probablement mieux que j’évite de trop le contrarier ivre comme il est. Dans le cas contraire, je risque tout simplement de le braquer. La nuit s’annonce déjà longue et compliquée, inutile de me compliquer moi-même la tâche. Je réponds donc à sa première question que j’ai ignorée quelques instants plus tôt au bar.
- Vous voulez savoir comment je vous ai retrouvé ? Hungcalf est un petit monde et votre réputation n’a pas mis longtemps à arriver à mes oreilles.
Après une pause trop courte pour qu’il puisse m’interrompre, je poursuis sur la seconde question qu’il me reproche d’avoir éludée.
- Quand à ce que je cherche à prouver, simplement que vous valez mieux que cette réputation, rien de plus. Y a-t-il autre chose que vous voudriez savoir monsieur Cioban ?
Il ne répond pas, se contentant de fumer sa cigarette en silence. Je lui laisse le temps de décider de reprendre la parole ou non. Je ne suis pas pressée. Et tant pis si je dois passer une nuit blanche, ça ne me tuera pas. J’ai toujours fait passer les intérêts de mes élèves avant les miens. Il n’y a aucune raison que ça change. Peu importe qu’il ne soit pas un élève ordinaire. J’attends patiemment, le regardant fumer. Je considère un instant le paquet de cigarettes qu’il n’a pas rangé et qui est posé entre nous sur le trottoir. Je tends la main et interromps mon geste juste avant de le prendre pour demander.
- Vous permettez ?
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Dim 28 Jan 2018 - 17:28
Castilla s'est radoucie. Je crois. Son intonation est moins autoritaire, moins inflexible qu'avant.
Elle élude toutefois ma remarque en m'expliquant qu'elle peut bien disposer de son temps comme elle veut. Le genre de truc évident, mais qui ne répond pas vraiment à ce que j'essayais de dire un peu plus tôt.
C'est juste une manière de me dissuader de remettre en question sa présence.
Moi, ça me frustre. Je ne sais pas si elle s'en rend compte mais... Y'a pas d'accroches dans ce qu'elle me dit. C'est totalement impersonnel. Je suis juste désemparé, quand j'entends ça. Que pourrais-je bien répondre à part « OK, d'accord » ?
C'est trop vague, trop facile de simplement déclarer « je fais ce que je veux », en substance. J'ai nulle part où me caler, là dedans. Ça me renvoie à moi-même et puis c'est tout.
Comme si j'avais besoin de ça.
J'ai bien compris que c'était son caractère, de jamais trop en dire sur elle ou son ressenti. Mais là, pour le coup, ça m'angoisse d'avoir l'impression de parler à un mur. Je ne pourrais pas apparaître plus piteusement devant elle. Et elle ne me donne rien à quoi m'accrocher, pour avoir l'impression que mes émotions sont prises en compte.
Que j'existe.
C'est comme si elle ne me voyait pas, finalement. Comme si j'étais que dalle. Mais putain, c'est l'histoire de ma vie d'avoir l'impression d'être que dalle... Qu'on me dédaigne juste, qu'on me laisse crever avec mes problèmes, parce que ça n'intéresse personne.
Alors elle vient me chercher, me dire que j'ai trop bu et que ça a pas l'air d'aller.
D'accord.
Et après quoi, Castilla ?
Alors je lui demande : pourquoi vous éludez mes questions.
C'est simple.
Mais là encore, elle ne me répond pas. Elle répond à mes questions d'avant.
C'est le serpent qui se mord la queue.
J'ai l'impression de m'être pris une baffe dans la gueule.
Et ce qu'elle me dit n'arrange rien à l'affaire, parce que ça confirme juste ce que je savais déjà en terme de réputation et le reste. Sur le moment, j'ai envie de tout foutre en l'air... Je ne sais pas.
Juste tout envoyer chier.
Ça me serre dans la poitrine, ça m’oppresse.
Mais sa seconde intervention tue cette décharge dans l’œuf. J'arrive pas à la connecter au reste. Pour moi, c'est juste des conneries. Elle dit ça, mais n'en pense rien.
C'est obligé.
Et puis le silence retombe sur nos têtes, parce que je n'ai rien de plus à dire. Enfin, si en vérité. J'ai beaucoup de choses à dire... Mais je me sens complètement abattu.
Je me sens vide.
Juste vide.
Cela dure un petit moment.
Puis, Castilla me demande si elle peut prendre une cigarette dans le paquet laissé là. Je hausse les épaules en guise de réponse, avant d'aller fouiller dans la poche de ma veste en quête du briquet qui va avec. Je lui tend, les yeux toujours rivés sur le vide, tandis que ma propre cigarette se consume toute seule.
« C'est marrant, j'aurais pas cru que vous fumiez.
Fais-je d'un ton à demi absent. Je dis ça comme ça. Dans le fond, je n'en ai rien à foutre qu'elle fume ou non. C'est simplement que ça m'a traversé l'esprit et que j'ai aucun filtre pour m'empêcher de le dire.
« Je suis désolé. Finis-je par ajouter. Je ne vais pas très bien.
J'ai la voix qui se casse un peu. Mon expression se contracte légèrement, comme quand on tente de refréner un flot d'émotion trop intense. C'est comme de la tristesse, mais à un niveau totalement irrationnel.
J'espère juste que ça ne va pas se terminer en délire du mec qui répète « je suis désolé » en boucle, parce que là... On atteindrait le sommet.
Elle élude toutefois ma remarque en m'expliquant qu'elle peut bien disposer de son temps comme elle veut. Le genre de truc évident, mais qui ne répond pas vraiment à ce que j'essayais de dire un peu plus tôt.
C'est juste une manière de me dissuader de remettre en question sa présence.
Moi, ça me frustre. Je ne sais pas si elle s'en rend compte mais... Y'a pas d'accroches dans ce qu'elle me dit. C'est totalement impersonnel. Je suis juste désemparé, quand j'entends ça. Que pourrais-je bien répondre à part « OK, d'accord » ?
C'est trop vague, trop facile de simplement déclarer « je fais ce que je veux », en substance. J'ai nulle part où me caler, là dedans. Ça me renvoie à moi-même et puis c'est tout.
Comme si j'avais besoin de ça.
J'ai bien compris que c'était son caractère, de jamais trop en dire sur elle ou son ressenti. Mais là, pour le coup, ça m'angoisse d'avoir l'impression de parler à un mur. Je ne pourrais pas apparaître plus piteusement devant elle. Et elle ne me donne rien à quoi m'accrocher, pour avoir l'impression que mes émotions sont prises en compte.
Que j'existe.
C'est comme si elle ne me voyait pas, finalement. Comme si j'étais que dalle. Mais putain, c'est l'histoire de ma vie d'avoir l'impression d'être que dalle... Qu'on me dédaigne juste, qu'on me laisse crever avec mes problèmes, parce que ça n'intéresse personne.
Alors elle vient me chercher, me dire que j'ai trop bu et que ça a pas l'air d'aller.
D'accord.
Et après quoi, Castilla ?
Alors je lui demande : pourquoi vous éludez mes questions.
C'est simple.
Mais là encore, elle ne me répond pas. Elle répond à mes questions d'avant.
C'est le serpent qui se mord la queue.
J'ai l'impression de m'être pris une baffe dans la gueule.
Et ce qu'elle me dit n'arrange rien à l'affaire, parce que ça confirme juste ce que je savais déjà en terme de réputation et le reste. Sur le moment, j'ai envie de tout foutre en l'air... Je ne sais pas.
Juste tout envoyer chier.
Ça me serre dans la poitrine, ça m’oppresse.
Mais sa seconde intervention tue cette décharge dans l’œuf. J'arrive pas à la connecter au reste. Pour moi, c'est juste des conneries. Elle dit ça, mais n'en pense rien.
C'est obligé.
Et puis le silence retombe sur nos têtes, parce que je n'ai rien de plus à dire. Enfin, si en vérité. J'ai beaucoup de choses à dire... Mais je me sens complètement abattu.
Je me sens vide.
Juste vide.
Cela dure un petit moment.
Puis, Castilla me demande si elle peut prendre une cigarette dans le paquet laissé là. Je hausse les épaules en guise de réponse, avant d'aller fouiller dans la poche de ma veste en quête du briquet qui va avec. Je lui tend, les yeux toujours rivés sur le vide, tandis que ma propre cigarette se consume toute seule.
« C'est marrant, j'aurais pas cru que vous fumiez.
Fais-je d'un ton à demi absent. Je dis ça comme ça. Dans le fond, je n'en ai rien à foutre qu'elle fume ou non. C'est simplement que ça m'a traversé l'esprit et que j'ai aucun filtre pour m'empêcher de le dire.
« Je suis désolé. Finis-je par ajouter. Je ne vais pas très bien.
J'ai la voix qui se casse un peu. Mon expression se contracte légèrement, comme quand on tente de refréner un flot d'émotion trop intense. C'est comme de la tristesse, mais à un niveau totalement irrationnel.
J'espère juste que ça ne va pas se terminer en délire du mec qui répète « je suis désolé » en boucle, parce que là... On atteindrait le sommet.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Dim 28 Jan 2018 - 19:21
Je prends le briquet et j’allume la cigarette que je lui ai prise. La fumée âcre m’irrite la gorge au début. Il n’aurait pas cru que je fumais. Moi non plus à vrai dire. Enfin… d’un air distrait, je regarde le bout rougeoyant de la cigarette. Depuis combien de temps n’en avais-je pas eu une entre les doigts ? Depuis la fin de mon mariage si je me souviens bien. Je prends une nouvelle bouffée en écoutant monsieur Cioban parler. Je tourne la tête vers lui et c’est avec compassion que je lui réponds.
- Je sais.
Je n’en dis pas plus, lui laissant l’opportunité de déverser ce qu’il a sur le cœur si c’est ce dont il a besoin. Nous fumons en silence. Ce n’est que lorsque j’écrase ma cigarette sur le bord du trottoir que je finis par le rompre.
- Je vous ai attendu ce soir.
Il écrase sa cigarette à son tour et répond.
- Je sais oui. Je suis navré.
Enfouissant son visage dans ses mains, il se frotte les yeux. Encore une fois, je garde quelques instants le silence, lui laissant la possibilité de prendre la parole. Puis encore une fois je finis par le relancer.
- Et si vous me disiez pourquoi ?
Il n’y a ni jugement ni rancune dans ma voix. Je cherche simplement à le pousser à se confier. J’ai déjà une petite idée sur la question. J’ai cherché à provoquer son échec pour voir quelle réaction il aurait. La fuite était l’hypothèse la plus probable et ça n’a pas manqué. Cependant, j’aimerais qu’il formule ce qu’il ressent. J’ai besoin de le comprendre pour pouvoir l’aider. Et pour l’instant, je manque encore d’éléments.
- Je sais.
Je n’en dis pas plus, lui laissant l’opportunité de déverser ce qu’il a sur le cœur si c’est ce dont il a besoin. Nous fumons en silence. Ce n’est que lorsque j’écrase ma cigarette sur le bord du trottoir que je finis par le rompre.
- Je vous ai attendu ce soir.
Il écrase sa cigarette à son tour et répond.
- Je sais oui. Je suis navré.
Enfouissant son visage dans ses mains, il se frotte les yeux. Encore une fois, je garde quelques instants le silence, lui laissant la possibilité de prendre la parole. Puis encore une fois je finis par le relancer.
- Et si vous me disiez pourquoi ?
Il n’y a ni jugement ni rancune dans ma voix. Je cherche simplement à le pousser à se confier. J’ai déjà une petite idée sur la question. J’ai cherché à provoquer son échec pour voir quelle réaction il aurait. La fuite était l’hypothèse la plus probable et ça n’a pas manqué. Cependant, j’aimerais qu’il formule ce qu’il ressent. J’ai besoin de le comprendre pour pouvoir l’aider. Et pour l’instant, je manque encore d’éléments.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Dim 28 Jan 2018 - 23:11
Castilla fume sa cigarette en silence. Je comprend que ce n'est pas dans ses habitudes, à la manière dont elle vit les premières bouffées. Cela dit, ce n'est manifestement pas une première non plus : elle a simplement dû arrêter depuis un moment. Heh... C'est ironique de voir ce qu'une simple clope peut vous apprendre d'une personne avare en mot.
Après un moment à ne rien dire, nos regards contemplant simplement la vie nocturne, elle m'interpelle d'un constat tout simple. Je le sais, qu'elle m'a attendu. C'est ce que je lui dis d'ailleurs. Je lui dis que je sais et que je suis désolé, parce qu'il n'y a rien à dire d'autre.
Le flot anarchique de mes émotions s'est un peu tassé entre temps... Mais je me sens toujours extrêmement las. Un peu comme une maison après une inondation, pour dire les choses de manière imagée : le calme est revenu, mais toutes les affaires sont crades et en bordel. Dans ma tête, c'est pareil.
Je ne sais pas quoi dire, alors je me planque simplement dans mes mains. Tout est une source d'agression : la lumière des néons, les éclats de voix des passants à deux pas du Vampire's, la légère fraîcheur nocturne... Je devrais être au chaud en train de picoler à cette heure. Ou chez moi à broyer du noir, dans le pire des cas.
Mais pas ici.
Qu'est-ce que je peux bien lui dire ?
« Je ne sais pas.
Je réponds.
« Est-ce que c'est vraiment utile d'expliquer le pourquoi du comment ?
J'ajoute, comme cherchant un moyen d'y couper. Elle me dit que si je veux qu'elle m'aide, alors oui. J'affiche une mine renfrognée en réponse.
Ce serait facile de lui dire, en vrai. Il suffirait de raconter tous les trucs qui m'ont traversé l'esprit depuis le début de la soirée. Égrainer les choses les unes après les autres : méthodique. Je n'aurais pas de mal à le faire, en théorie. Je sais déjà ce qui cloche : j'y ai réfléchis. Au moins un peu.
Mais ça ne veut pas.
Je n'arrive juste pas à formuler les choses. Ça reste coincé au fond de ma gorge, parce que parler impliquerait de mettre à nu certains aspects hautement conflictuels de mon identité. Les fondations : mes mécanismes de défense psychique hérissent leurs piques, en réaction à toute menace qui risquerait de les ébranler.
Ce n'est pas que je ne veux pas : je ne peux pas.
« Je ne sais pas.
Je répète dans un murmure, n'ayant que cela sous la main pour palier au silence, l'air complètement décomposé.
Après un moment à ne rien dire, nos regards contemplant simplement la vie nocturne, elle m'interpelle d'un constat tout simple. Je le sais, qu'elle m'a attendu. C'est ce que je lui dis d'ailleurs. Je lui dis que je sais et que je suis désolé, parce qu'il n'y a rien à dire d'autre.
Le flot anarchique de mes émotions s'est un peu tassé entre temps... Mais je me sens toujours extrêmement las. Un peu comme une maison après une inondation, pour dire les choses de manière imagée : le calme est revenu, mais toutes les affaires sont crades et en bordel. Dans ma tête, c'est pareil.
Je ne sais pas quoi dire, alors je me planque simplement dans mes mains. Tout est une source d'agression : la lumière des néons, les éclats de voix des passants à deux pas du Vampire's, la légère fraîcheur nocturne... Je devrais être au chaud en train de picoler à cette heure. Ou chez moi à broyer du noir, dans le pire des cas.
Mais pas ici.
Qu'est-ce que je peux bien lui dire ?
« Je ne sais pas.
Je réponds.
« Est-ce que c'est vraiment utile d'expliquer le pourquoi du comment ?
J'ajoute, comme cherchant un moyen d'y couper. Elle me dit que si je veux qu'elle m'aide, alors oui. J'affiche une mine renfrognée en réponse.
Ce serait facile de lui dire, en vrai. Il suffirait de raconter tous les trucs qui m'ont traversé l'esprit depuis le début de la soirée. Égrainer les choses les unes après les autres : méthodique. Je n'aurais pas de mal à le faire, en théorie. Je sais déjà ce qui cloche : j'y ai réfléchis. Au moins un peu.
Mais ça ne veut pas.
Je n'arrive juste pas à formuler les choses. Ça reste coincé au fond de ma gorge, parce que parler impliquerait de mettre à nu certains aspects hautement conflictuels de mon identité. Les fondations : mes mécanismes de défense psychique hérissent leurs piques, en réaction à toute menace qui risquerait de les ébranler.
Ce n'est pas que je ne veux pas : je ne peux pas.
« Je ne sais pas.
Je répète dans un murmure, n'ayant que cela sous la main pour palier au silence, l'air complètement décomposé.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Lun 29 Jan 2018 - 8:18
J’observe monsieur Cioban. Il me semble perdu, désemparé. Contrairement à ce qu’il dit, je sais qu’au fond de lui il sait de quoi il retourne. Mais il semble incapable de le formuler. Est-ce qu’il ne trouve pas les mots ou est-ce qu’ils sont trop difficiles à admettre. Je l’ignore. Mais il semble que la confidence ne viendra pas si je ne l’aide pas un peu. En d’autres circonstances, je l’aurais sans doute bousculé un peu, provoqué même pour le pousser à verbaliser son échec. Mais je m’abstiens. Sa détresse est plus grande que je ne l’avais anticipé et l’alcool n’aide pas à arranger les choses. L’enfoncer ne mènera à rien.
Je reste songeuse quelques instants. Je dois le convaincre de ne pas baisser les bras, de ne pas faire cette erreur. Mais je m’aperçois qu’il est plus facile de conseiller un enfant ou un adolescent qu’un adulte. Ai-je déjà été dans pareille situation ? Oui, probablement. Certainement même. Et je sais précisément à quelle période de ma vie. Peut-être est-ce là la solution. D’un geste distrait, mes doigts jouent avec la manche de mon manteau. Le regard posé sur mes mains, je décide de me confier un peu, à demi-mots.
- Lorsque j’étais jeune, j’ai vécu un évènement qui aurait pu bouleverser ma vie. Ça a été le cas dans un sens, mais pas autant qu’il n’aurait dû.
Je marque une légère pause, cherchant comment formuler ma pensée sans non plus trop en dire.
- J’aurais pu à l’époque choisir une toute autre direction. Mais j’ai eu peur de ne pas être à la hauteur, j’ai eu peur de ne pas en être capable. J’ai baissé les bras et j’ai choisi la fuite.
Je marque une nouvelle pause, lui laissant le temps d’assimiler ce que je viens de dire avant de poursuivre.
- J’ai choisi la facilité, je n’ai pas osé m’écarter des repères qui constituaient ma vie même si ça me rendait malheureuse. Je le regrette encore aujourd’hui. Si c’était à refaire, avec le recul, je prendrais une décision différente, peu importe la difficulté.
Je tourne à nouveau le regard vers lui pour ajouter.
- Vous avez entrepris une démarche difficile en venant solliciter mon aide monsieur Cioban. Ne baissez pas les bras maintenant. Vous le regretteriez et il pourrait être trop tard lorsque vous vous en apercevrez.
Je me tais cette fois, le laissant faire son choix.
Je reste songeuse quelques instants. Je dois le convaincre de ne pas baisser les bras, de ne pas faire cette erreur. Mais je m’aperçois qu’il est plus facile de conseiller un enfant ou un adolescent qu’un adulte. Ai-je déjà été dans pareille situation ? Oui, probablement. Certainement même. Et je sais précisément à quelle période de ma vie. Peut-être est-ce là la solution. D’un geste distrait, mes doigts jouent avec la manche de mon manteau. Le regard posé sur mes mains, je décide de me confier un peu, à demi-mots.
- Lorsque j’étais jeune, j’ai vécu un évènement qui aurait pu bouleverser ma vie. Ça a été le cas dans un sens, mais pas autant qu’il n’aurait dû.
Je marque une légère pause, cherchant comment formuler ma pensée sans non plus trop en dire.
- J’aurais pu à l’époque choisir une toute autre direction. Mais j’ai eu peur de ne pas être à la hauteur, j’ai eu peur de ne pas en être capable. J’ai baissé les bras et j’ai choisi la fuite.
Je marque une nouvelle pause, lui laissant le temps d’assimiler ce que je viens de dire avant de poursuivre.
- J’ai choisi la facilité, je n’ai pas osé m’écarter des repères qui constituaient ma vie même si ça me rendait malheureuse. Je le regrette encore aujourd’hui. Si c’était à refaire, avec le recul, je prendrais une décision différente, peu importe la difficulté.
Je tourne à nouveau le regard vers lui pour ajouter.
- Vous avez entrepris une démarche difficile en venant solliciter mon aide monsieur Cioban. Ne baissez pas les bras maintenant. Vous le regretteriez et il pourrait être trop tard lorsque vous vous en apercevrez.
Je me tais cette fois, le laissant faire son choix.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Lun 29 Jan 2018 - 9:59
Après un court moment de silence, Mrs Castilla prend finalement la parole. Son intonation a changé. On n'est plus du tout sur le même registre que précédemment. Interpellé par son timbre autant que le contenu, je tourne doucement les yeux dans sa direction, presque en catimini. Un peu comme si j'avais peur qu'elle s'arrête de causer, si elle remarque que je la regarde.
Ce qu'elle m'avoue demeure très vague. Elle me parle d'un mauvais choix et de regret, sans pour autant entrer dans le détail. Je sens, néanmoins, beaucoup de sincérité filtrer à travers cette confession faite à demi mot. Ça me touche. J'ai enfin l'impression de me trouver face à quelqu'un... D'épais ? Pas juste une façade distante. Je ne sais pas comment dire.
Je crois que ça me rassure un peu.
Quand elle tourne les yeux vers moi pour poser sa conclusion, je détourne le regard en direction de la ville. Je comprends ce qu'elle essaye de me dire. Je le sais déjà, dans le fond.
Alors pourquoi faut-il que ce soit si pénible ? Je pourrais simplement faire ce que j'ai à faire, sans me torturer l'esprit... Sans que tout ceci prenne des proportions délirantes. Pourquoi m'est-il à ce point difficile de garder le contrôle sur ma vie ? Castilla a raison de me traiter d'enfant : j''agis de manière impulsive, comme un gamin intolérant à la frustration.
C'est navrant.
« La fuite ne vous a pas trop mal réussi apparemment. Fais-je finalement, le ton un peu désabusé. Vous enseignez dans une université renommée... Tout a l'air d'aller plutôt bien pour vous. Vous avez du caractère.
On était loin d'une vie teintée d'échec, à mes yeux. C'était même plutôt l'inverse : la position idéale. Du prestige, de la réussite...
« J'ai du mal à imaginer quelque chose à même de vous mettre en difficulté. Vous avez l'air tellement...
Je complète la phrase en figurant un carré d'un geste des mains. Sa confession m'a un peu délié la langue. Je me sens plus ouvert à la conversation que précédemment... Mais cette histoire m'intrigue. C'est encore un peu faible pour m'inciter à partir moi-même dans les confidences. Et maintenant qu'elle a ouvert une brèche, j'ai envie de m'y engager... Parce qu'au final, je ne sais pratiquement rien d'elle.
Ce qu'elle m'avoue demeure très vague. Elle me parle d'un mauvais choix et de regret, sans pour autant entrer dans le détail. Je sens, néanmoins, beaucoup de sincérité filtrer à travers cette confession faite à demi mot. Ça me touche. J'ai enfin l'impression de me trouver face à quelqu'un... D'épais ? Pas juste une façade distante. Je ne sais pas comment dire.
Je crois que ça me rassure un peu.
Quand elle tourne les yeux vers moi pour poser sa conclusion, je détourne le regard en direction de la ville. Je comprends ce qu'elle essaye de me dire. Je le sais déjà, dans le fond.
Alors pourquoi faut-il que ce soit si pénible ? Je pourrais simplement faire ce que j'ai à faire, sans me torturer l'esprit... Sans que tout ceci prenne des proportions délirantes. Pourquoi m'est-il à ce point difficile de garder le contrôle sur ma vie ? Castilla a raison de me traiter d'enfant : j''agis de manière impulsive, comme un gamin intolérant à la frustration.
C'est navrant.
« La fuite ne vous a pas trop mal réussi apparemment. Fais-je finalement, le ton un peu désabusé. Vous enseignez dans une université renommée... Tout a l'air d'aller plutôt bien pour vous. Vous avez du caractère.
On était loin d'une vie teintée d'échec, à mes yeux. C'était même plutôt l'inverse : la position idéale. Du prestige, de la réussite...
« J'ai du mal à imaginer quelque chose à même de vous mettre en difficulté. Vous avez l'air tellement...
Je complète la phrase en figurant un carré d'un geste des mains. Sa confession m'a un peu délié la langue. Je me sens plus ouvert à la conversation que précédemment... Mais cette histoire m'intrigue. C'est encore un peu faible pour m'inciter à partir moi-même dans les confidences. Et maintenant qu'elle a ouvert une brèche, j'ai envie de m'y engager... Parce qu'au final, je ne sais pratiquement rien d'elle.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Lun 29 Jan 2018 - 16:47
J’esquisse un sourire sans joie à sa dernière remarque. C’est vrai, ma situation actuelle n’est pas si mauvaise et je sais que je dégage une assurance qui en a déjà impressionné plus d’un. Et pourtant… J’abandonnerais volontiers ma réussite si ça pouvait me permettre de revenir en arrière. Levant un instant les yeux vers le ciel nocturne, je le contemple un bref instant avant de répondre.
- Vous avez raison, je n’ai sans doute pas à me plaindre de ma situation. Mais avant ça, monsieur Cioban, avant ça ?
Je marque une pause, hésitant à pousser plus loin la confession. Mon passé n’est pas un sujet que j’aborde aisément. Mais d’un autre côté, il semble que ce soit aussi le cas de monsieur Cioban et n’est-ce pas ce que je cherche à obtenir, qu’il se confie à moi ? Il demande, comme pour m’encourager à poursuivre sur cette voie.
- Qu'en était-il ?
Je tourne la tête vers lui, pour répondre d’un ton faussement léger.
- J’ai été mariée, vous le saviez ?
Mon regard se porte à nouveau devant moi en ajoutant comme s’il s’agissait d’un simple constat. Pourtant le mépris de moi-même que je ressens vis-à-vis de cette période de ma vie est palpable.
- Un mariage arrangé à un homme que je n’aimais pas. Il fallait bien préserver la pureté du sang.
Je le regarde à nouveau.
- Ça duré 6 ans.
Il est rare que je parle de cette époque. C’est un pan de ma vie que je préfèrerais effacer. Les personnes à le connaître et avec qui j’ai encore des contacts sont rares. Mais il n’est que la conséquence directe du choix que j’ai fait ce fameux jour.
Je me tais à nouveau. J’imagine que cette bribe de confidence ne lui suffira pas. À présent que j’ai soulevé le couvercle, il voudra certainement regarder plus avant dans la boîte de Pandore. Mais je préfère le laisser poser ses questions plutôt que de me laisser aller à en révéler plus que nécessaire.
- Vous avez raison, je n’ai sans doute pas à me plaindre de ma situation. Mais avant ça, monsieur Cioban, avant ça ?
Je marque une pause, hésitant à pousser plus loin la confession. Mon passé n’est pas un sujet que j’aborde aisément. Mais d’un autre côté, il semble que ce soit aussi le cas de monsieur Cioban et n’est-ce pas ce que je cherche à obtenir, qu’il se confie à moi ? Il demande, comme pour m’encourager à poursuivre sur cette voie.
- Qu'en était-il ?
Je tourne la tête vers lui, pour répondre d’un ton faussement léger.
- J’ai été mariée, vous le saviez ?
Mon regard se porte à nouveau devant moi en ajoutant comme s’il s’agissait d’un simple constat. Pourtant le mépris de moi-même que je ressens vis-à-vis de cette période de ma vie est palpable.
- Un mariage arrangé à un homme que je n’aimais pas. Il fallait bien préserver la pureté du sang.
Je le regarde à nouveau.
- Ça duré 6 ans.
Il est rare que je parle de cette époque. C’est un pan de ma vie que je préfèrerais effacer. Les personnes à le connaître et avec qui j’ai encore des contacts sont rares. Mais il n’est que la conséquence directe du choix que j’ai fait ce fameux jour.
Je me tais à nouveau. J’imagine que cette bribe de confidence ne lui suffira pas. À présent que j’ai soulevé le couvercle, il voudra certainement regarder plus avant dans la boîte de Pandore. Mais je préfère le laisser poser ses questions plutôt que de me laisser aller à en révéler plus que nécessaire.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Lun 29 Jan 2018 - 22:20
Il semblerait que la main rassurante de la nuit sache desserrer le nœud des secrets. A travers sa remarque, Castilla me signifie que ce qu'elle aujourd'hui est résulte d'une évolution. Cet aplomb serait le fruit de la résilience, plus que d'une nature... Encore qu'il me semble que les deux soient liés. Les événements révèlent ce que nous sommes déjà sans l'être, je crois...
Je l'interroge tout de même, afin de l'inviter à aller plus avant.
Qu'en était-il ?
Ce qu'elle m'avoue me prend un peu de court, même si l'élément en lui même n'a rien de surprenant ou d'inhabituel. En effet, on pouvait décemment imaginer qu'une femme de son âge fut mariée. Non, c'est plutôt l'ensemble du contexte qui me surprend.
De lier cela à quelque chose de déplaisant...
Et ce ton qu'elle emploi, comme s'il ne s'agissait de rien... Moi qui sait briller par ma mauvaise foi n'ai guère de mal à comprendre que le sujet n'a rien d'anodin au contraire. Je sais quel genre d'émotion une telle façon de présenter les choses dissimule.
Et tandis qu'elle me livre des bribes de son histoire, je demeure ainsi à l'observer, les sourcils légèrement froncés. Six ans à vivre aux côtés d'un homme qu'elle n'aimait pas, pour satisfaire des traditions poussiéreuses... Tout du moins, je le présume : la pratique est encore courante de nos jours, il suffit d'aller regarder du côté des élèves.
« C'est inquiétant ce que vous me dites là...
Fais-je, d'un voix reflétant le propos. Une femme qui dit avoir fuit son mari d'Espagne jusqu'en Écosse, ça n'a rien de rassurant. Mon cerveau ne peut pas s'empêcher d'imaginer des trucs horribles. Ça me révolte tout en me faisant flipper.
« Qu'est-ce qu'il vous a fait ?
Je me tourne tout à fait vers elle au moment de lui demander. Mon intonation évoque un chien prêt à mordre. Une émotion jetée d'autant plus vivement que l'ivresse exacerbe tout ce que je ressens. Mais l'idée que l'on puisse s'en prendre à une femme me rend dingue... Et c'est un peu ce que j'ai l'impression de comprendre, avec ce qui vient d'être dit.
Je l'interroge tout de même, afin de l'inviter à aller plus avant.
Qu'en était-il ?
Ce qu'elle m'avoue me prend un peu de court, même si l'élément en lui même n'a rien de surprenant ou d'inhabituel. En effet, on pouvait décemment imaginer qu'une femme de son âge fut mariée. Non, c'est plutôt l'ensemble du contexte qui me surprend.
De lier cela à quelque chose de déplaisant...
Et ce ton qu'elle emploi, comme s'il ne s'agissait de rien... Moi qui sait briller par ma mauvaise foi n'ai guère de mal à comprendre que le sujet n'a rien d'anodin au contraire. Je sais quel genre d'émotion une telle façon de présenter les choses dissimule.
Et tandis qu'elle me livre des bribes de son histoire, je demeure ainsi à l'observer, les sourcils légèrement froncés. Six ans à vivre aux côtés d'un homme qu'elle n'aimait pas, pour satisfaire des traditions poussiéreuses... Tout du moins, je le présume : la pratique est encore courante de nos jours, il suffit d'aller regarder du côté des élèves.
« C'est inquiétant ce que vous me dites là...
Fais-je, d'un voix reflétant le propos. Une femme qui dit avoir fuit son mari d'Espagne jusqu'en Écosse, ça n'a rien de rassurant. Mon cerveau ne peut pas s'empêcher d'imaginer des trucs horribles. Ça me révolte tout en me faisant flipper.
« Qu'est-ce qu'il vous a fait ?
Je me tourne tout à fait vers elle au moment de lui demander. Mon intonation évoque un chien prêt à mordre. Une émotion jetée d'autant plus vivement que l'ivresse exacerbe tout ce que je ressens. Mais l'idée que l'on puisse s'en prendre à une femme me rend dingue... Et c'est un peu ce que j'ai l'impression de comprendre, avec ce qui vient d'être dit.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Lun 29 Jan 2018 - 23:25
Un instant, la réaction de monsieur Cioban me laisse perplexe. Puis je comprends où il veut en venir et je m’empresse de dissiper ses inquiétudes. Je balaye ses craintes d’un geste de la main et le rassure.
- Oh rien de grave rassurez-vous. En fait il m’a même rendu service dans un sens.
Il semble avoir oublié que nous parlions de lui à l’origine et demande aussitôt.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Je hausse les épaules. Pour moi c’est une évidence. La fin de mon mariage était tout ce dont j’avais besoin pour prendre enfin les bonnes décisions. Trop tard malheureusement. C’est donc avec une pointe d’amertume que je donne davantage de précisions à monsieur Cioban.
- En me répudiant, il m’a donné le courage de faire ce que j’aurais dû faire sept ans plus tôt. Abandonner mes repères et suivre ma propre voie.
Il semble réfléchir à mes paroles comme pour en déchiffrer le sens caché.
- Vous répudier ? Ça se... ça se fait encore ça ?
Il se passe la main sur le front, l'air un peu paumé.
- Je... Désolé, je n'y connais pas grand-chose en mariage. Mais c'est pas... C'est pas comme un divorce, on est d'accord ?
Je ne peux m’empêcher de sourire légèrement à sa remarque. Il faut dire qu’il a mis précisément le doigt sur toute l’ironie de la chose. Quand on y réfléchit, cette pratique archaïque et démodée m’a permis de me libérer du carcan de toutes ces vieilles traditions. Un comble, non ?
- Vous seriez surpris de ce qui se fait encore dans le milieu très traditionaliste de certaines familles comme la mienne.
J’ajoute simplement pour préciser la situation.
- Peu importe les subtilités, la finalité est la même. Je suis partie et il a épousé une autre femme.
Il n’y a pas grand-chose à en dire de plus en vérité.
- Oh rien de grave rassurez-vous. En fait il m’a même rendu service dans un sens.
Il semble avoir oublié que nous parlions de lui à l’origine et demande aussitôt.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Je hausse les épaules. Pour moi c’est une évidence. La fin de mon mariage était tout ce dont j’avais besoin pour prendre enfin les bonnes décisions. Trop tard malheureusement. C’est donc avec une pointe d’amertume que je donne davantage de précisions à monsieur Cioban.
- En me répudiant, il m’a donné le courage de faire ce que j’aurais dû faire sept ans plus tôt. Abandonner mes repères et suivre ma propre voie.
Il semble réfléchir à mes paroles comme pour en déchiffrer le sens caché.
- Vous répudier ? Ça se... ça se fait encore ça ?
Il se passe la main sur le front, l'air un peu paumé.
- Je... Désolé, je n'y connais pas grand-chose en mariage. Mais c'est pas... C'est pas comme un divorce, on est d'accord ?
Je ne peux m’empêcher de sourire légèrement à sa remarque. Il faut dire qu’il a mis précisément le doigt sur toute l’ironie de la chose. Quand on y réfléchit, cette pratique archaïque et démodée m’a permis de me libérer du carcan de toutes ces vieilles traditions. Un comble, non ?
- Vous seriez surpris de ce qui se fait encore dans le milieu très traditionaliste de certaines familles comme la mienne.
J’ajoute simplement pour préciser la situation.
- Peu importe les subtilités, la finalité est la même. Je suis partie et il a épousé une autre femme.
Il n’y a pas grand-chose à en dire de plus en vérité.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Mar 30 Jan 2018 - 9:29
Mes doutes sont rapidement balayés par Mrs Castilla, mais j'éprouve malgré tout le besoin de la relancer encore afin de savoir ce dont il était véritablement question. L'enseignante précise donc son propos en évoquant la manière dont la relation avec son mari a pris fin.
Le terme employé me laisse un peu perplexe. Je fouille brièvement dans mon esprit embrumé, à la recherche de notions relatives à cette pratique. Mais, à dire vrai, à part dans les livres d'histoire, je n'avais jamais vraiment entendu parler de répudiation. Je crois qu'il s'agit d'une sorte d'annulation, ou quelque chose comme ça. Quand au pourquoi du comment... Je ne sais pas.
Je lui demande donc, parce que ça m'étonne... Et me justifie juste derrière. L'ivresse ne m'aide pas à cogiter : je dois certainement avoir l'air complètement stupide.
Mais bon.
Mon interlocutrice conclu donc sur ce point et j'acquiesce à sa suite. Les familles de sang pur, je ne les fréquentais pas. A priori... Mais je savais qu'il s'y passait des choses d'un autre temps. Les mariages arrangés, le dédain vis à vis des sangs dits « impurs »...
J'en avais pas mal fréquenté lors de mes jeunes années d'étude et même encore maintenant avec les grandes fratrie à Hungcalf. Inutile de préciser qu'on ne s'était jamais tellement entendu. Tout du moins, avec les plus traditionalistes d'entre eux.
Enfin, du coup, j'ai finalement l'impression de comprendre ce qu'elle a voulu dire.
« Et ça vous a mené ici.
J'apporte en guise de conclusion. La chose me semble assez claire. Encore que, je suis peut-être passé à côté de quelque chose, mais je crois avoir compris l'idée.
Je crois que je commence à avoir mal à la tête. Les néons me niquent les yeux depuis tout à l'heure : d'avoir bu accentue ma sensibilité générale.
« J'ai jamais tellement envisagé de me marier.
Fais-je alors, comme une relance naturelle à la conversation en cours.
« Enfin, si, clairement. Mais ça ne s'est pas fait. J'ai toujours plus ou moins foutu en l'air mes relations.
Je me penche légèrement sur son épaule en disant cela, sans songer au fait que je sens probablement le whisky à plein nez et que ça ne doit pas être bien agréable. Mais bon, c'est pas le genre de trucs auxquels on pense quand on est bourré.
« Le contrat sous-jacent au mariage, c'est les enfants. J'ajoute en allant river mon regard devant moi. Mais si j'ai des enfants, ils seront comme moi, voyez ? Ce serait pas un cadeau à leur faire. Vu ce que c'est... Je ne pourrais pas assumer de l'infliger à d'autres. Je serais tout le temps inquiet pour eux. Qu'on leur parle mal... Qu'on les regarde de travers... Même qu'on tente de les tuer. Heh, c'est même pas exagéré.
Je me frotte les yeux, avant de laisser échapper un soupir d'inconfort.
« Quand j'ai quitté la Roumanie et que je suis arrivé à Londres, y'avait une dame à la gare... Je sais pas, une vieille un peu... Elle me regardait drôlement. Et puis au bout d'un moment, tandis que ma mère achetait un ticket ou je sais pas quoi... Elle est venue. Elle m'a regardé et elle m'a dit « t'es un monstre, t'es maudit, tu devrais pas exister ».
Je m'en vais fouiller dans la poche intérieure de ma veste, pour sortir mes lunettes de soleil et les poser sur le nez.
« On ne m'avait jamais dit ça. Je veux dire... Avant j'habitais avec mon père et les siens quoi. Là, je débarque chez les sorciers, à Londres. Et on me dit ça. J'avais six ans. Je sais pas comment j'ai compris ça à l'époque. Ce dont je suis sûr, c'est que c'est un peu jeune pour s'entendre dire qu'on ne devrait pas exister.
J'étire un vague sourire qui n'en est pas un. Raconter cette histoire m'a donné envie de fumer : je sors une autre cigarette et me l'allume.
« Je ne sais plus pourquoi je vous raconte ça...
Le terme employé me laisse un peu perplexe. Je fouille brièvement dans mon esprit embrumé, à la recherche de notions relatives à cette pratique. Mais, à dire vrai, à part dans les livres d'histoire, je n'avais jamais vraiment entendu parler de répudiation. Je crois qu'il s'agit d'une sorte d'annulation, ou quelque chose comme ça. Quand au pourquoi du comment... Je ne sais pas.
Je lui demande donc, parce que ça m'étonne... Et me justifie juste derrière. L'ivresse ne m'aide pas à cogiter : je dois certainement avoir l'air complètement stupide.
Mais bon.
Mon interlocutrice conclu donc sur ce point et j'acquiesce à sa suite. Les familles de sang pur, je ne les fréquentais pas. A priori... Mais je savais qu'il s'y passait des choses d'un autre temps. Les mariages arrangés, le dédain vis à vis des sangs dits « impurs »...
J'en avais pas mal fréquenté lors de mes jeunes années d'étude et même encore maintenant avec les grandes fratrie à Hungcalf. Inutile de préciser qu'on ne s'était jamais tellement entendu. Tout du moins, avec les plus traditionalistes d'entre eux.
Enfin, du coup, j'ai finalement l'impression de comprendre ce qu'elle a voulu dire.
« Et ça vous a mené ici.
J'apporte en guise de conclusion. La chose me semble assez claire. Encore que, je suis peut-être passé à côté de quelque chose, mais je crois avoir compris l'idée.
Je crois que je commence à avoir mal à la tête. Les néons me niquent les yeux depuis tout à l'heure : d'avoir bu accentue ma sensibilité générale.
« J'ai jamais tellement envisagé de me marier.
Fais-je alors, comme une relance naturelle à la conversation en cours.
« Enfin, si, clairement. Mais ça ne s'est pas fait. J'ai toujours plus ou moins foutu en l'air mes relations.
Je me penche légèrement sur son épaule en disant cela, sans songer au fait que je sens probablement le whisky à plein nez et que ça ne doit pas être bien agréable. Mais bon, c'est pas le genre de trucs auxquels on pense quand on est bourré.
« Le contrat sous-jacent au mariage, c'est les enfants. J'ajoute en allant river mon regard devant moi. Mais si j'ai des enfants, ils seront comme moi, voyez ? Ce serait pas un cadeau à leur faire. Vu ce que c'est... Je ne pourrais pas assumer de l'infliger à d'autres. Je serais tout le temps inquiet pour eux. Qu'on leur parle mal... Qu'on les regarde de travers... Même qu'on tente de les tuer. Heh, c'est même pas exagéré.
Je me frotte les yeux, avant de laisser échapper un soupir d'inconfort.
« Quand j'ai quitté la Roumanie et que je suis arrivé à Londres, y'avait une dame à la gare... Je sais pas, une vieille un peu... Elle me regardait drôlement. Et puis au bout d'un moment, tandis que ma mère achetait un ticket ou je sais pas quoi... Elle est venue. Elle m'a regardé et elle m'a dit « t'es un monstre, t'es maudit, tu devrais pas exister ».
Je m'en vais fouiller dans la poche intérieure de ma veste, pour sortir mes lunettes de soleil et les poser sur le nez.
« On ne m'avait jamais dit ça. Je veux dire... Avant j'habitais avec mon père et les siens quoi. Là, je débarque chez les sorciers, à Londres. Et on me dit ça. J'avais six ans. Je sais pas comment j'ai compris ça à l'époque. Ce dont je suis sûr, c'est que c'est un peu jeune pour s'entendre dire qu'on ne devrait pas exister.
J'étire un vague sourire qui n'en est pas un. Raconter cette histoire m'a donné envie de fumer : je sors une autre cigarette et me l'allume.
« Je ne sais plus pourquoi je vous raconte ça...
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Mar 30 Jan 2018 - 15:12
J’écoute patiemment son histoire. J’ai finalement réussi à le faire parler on dirait. Je comprends un peu mieux sa peur de l’échec et du rejet. J’en avais déjà eu un aperçu lorsqu’il m’avait demandé mon point de vue sur les semi-vampires à notre première rencontre. J’en ai cette fois une idée plus précise. Il est évident qu’il n’est pas facile d’avoir une bonne image de soi-même dans ces conditions. Lorsqu’il termine son récit, je demande doucement.
- C’est pour ça que vous n’êtes pas venu ce soir ? Par crainte que je vous juge ?
- En partie oui. Mais je crois qu'au-delà de ça c'est... Une manière de fonctionner.
Je souris légèrement à sa réponse.
- Dans ce cas il faudra vous habituer à ce que je vous courre après.
Je marque une légère pause et avant d’ajouter.
- Je suppose que l’exercice que je vous avais donné n’a pas été couronné de succès ?
J’avais vu juste et il ne tarde pas à me le confirmer.
- C'est rien de le dire...
Encore une fois, c’est d’un ton bienveillant que je m’adresse à lui. Dans la situation actuelle, le brusquer ne servirait à rien bien au contraire. Je dois lui montrer qu’au moins en ma présence, il ne doit avoir peur d’échouer. Après tout il est même là pour ça. C’est en échouant qu’on apprend. Et je suis bien décidée à ce qu’il apprenne quelque chose ce soir.
- Vous avez votre baguette ? Vous pouvez me montrer ?
- Dans cet état, vous êtes sûre ? Vous avez une bonne assurance ?
Je souris.
- Sans doute ai-je davantage confiance dans vos capacités que vous.
D’un large geste, je désigne la rue autour de nous. L’heure avançant, les passants se sont raréfiés pour finalement laisser la rue tout à fait déserte et les fêtards du Vampire’s Night ne sortiront pas avant encore une heure ou deux.
- Et puis nous sommes seuls, autant en profiter.
- C’est pour ça que vous n’êtes pas venu ce soir ? Par crainte que je vous juge ?
- En partie oui. Mais je crois qu'au-delà de ça c'est... Une manière de fonctionner.
Je souris légèrement à sa réponse.
- Dans ce cas il faudra vous habituer à ce que je vous courre après.
Je marque une légère pause et avant d’ajouter.
- Je suppose que l’exercice que je vous avais donné n’a pas été couronné de succès ?
J’avais vu juste et il ne tarde pas à me le confirmer.
- C'est rien de le dire...
Encore une fois, c’est d’un ton bienveillant que je m’adresse à lui. Dans la situation actuelle, le brusquer ne servirait à rien bien au contraire. Je dois lui montrer qu’au moins en ma présence, il ne doit avoir peur d’échouer. Après tout il est même là pour ça. C’est en échouant qu’on apprend. Et je suis bien décidée à ce qu’il apprenne quelque chose ce soir.
- Vous avez votre baguette ? Vous pouvez me montrer ?
- Dans cet état, vous êtes sûre ? Vous avez une bonne assurance ?
Je souris.
- Sans doute ai-je davantage confiance dans vos capacités que vous.
D’un large geste, je désigne la rue autour de nous. L’heure avançant, les passants se sont raréfiés pour finalement laisser la rue tout à fait déserte et les fêtards du Vampire’s Night ne sortiront pas avant encore une heure ou deux.
- Et puis nous sommes seuls, autant en profiter.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Mar 30 Jan 2018 - 21:51
Castilla fait le lien entre mon anecdote et la déconfiture de ce soir. J'avoue que j'étais presque en train d'oublier le contexte du cours loupé et le reste... On était tranquillement en train de discuter. Ça me plaisait bien. Je crois.
Enfin... Je suppose que sa détermination n'a pas de limites. Alors je consent à m'interroger sur sa question et lui fournir une réponse pas trop vague. Bien sûr, j'ai peur d'être jugé. Mais à mon âge, c'est bien plus que ça.
Avec le temps, j'ai pris de l'assurance : fondamentalement. Je ne me torture plus comme avant au point d'avoir des idées vraiment noires. Je sais qui je suis, quand bien même cela serait une source de souffrances. Mais...
J'ai pris l'habitude de vivre de manière dysfonctionnelle.
Je ne sais pas comment gérer les choses autrement qu'en me démontant la gueule.
Le sourire de Castilla m'en arrache un petit en retour. Je crois que ça ne me déplairait pas qu'elle me court après.
Mais bon.
Reconnaître le fait d'avoir échoué à son exercice me fait l'effet d'une épine plantée dans la fesse gauche, pour dire les choses de manière imagées. C'est foncièrement désagréable et totalement dispensable.
Cela dit, j'ai assez de conscience pour éviter de faire trop le malin, au point où j'en suis. Alors je reconnais simplement cet état de fait : non, ça n'a pas été couronné de succès, en effet. Comme elle me demande ma baguette, j'ai un petit moment de flottement. Est-ce qu'elle veut que je fasse de la magie avec, genre... Maintenant ?
Sur un trait d'humour, je lui demande si elle a une bonne assurance... Parce que de m'essayer à un sort dans cet état risque de faire des dégâts dans le voisinage. Sans blague... Si je n'y parviens pas sobre, comment pourrais-je espérer m'en sortir ivre ?
Sans être un expert, cela me paraît tout à fait impossible.
Je consent néanmoins à sortir ma complice de sycomore, pour le geste. J'avais la chance de bien m'entendre avec cette baguette. Cela dit, elle avait la particularité d'être extrêmement rapide, entre le bois et le cheveux de harpie. Sans doute la combinaison la plus véloce du marché, sans exagérer.
Donc autant dire que ça risquait de partir au quart de tour cette histoire.
Castilla me désigne la rue d'un geste de la main : effectivement, il n'y a personne. Faire de la magie, ce n'est pas le genre d'idée qui me viendrait en premier dans un tel contexte. Mais enfin...
Je me lève comme je peux. Pas simple : autant, assit, ça allait... Autant debout... J'ai l'impression que tout tangue un peu. Ou alors c'est moi.
« Je vous préviens que si ça tourne mal... Hé bien... Je vous l'aurais dit.
Castilla me répond que tout ira bien, dégainant sa propre baguette au cas où.
A peu près stable sur mes appuis, je tente vaguement de rassembler ce qui me reste de capacités cognitives. Les notions me reviennent par bribes décousues, tandis que j’essaie de me concentrer sur la formule.
Un bref geste de la main suffit pour que le sort parte, comme l'on pouvait s'en douter. Je n'ai pratiquement aucun contrôle sur ce que je fais. Ma concentration est équivalente à celle d'un poisson rouge en état de mort cérébrale.
Malheureusement, l'effet est loin d'être celui escompté. En effet, à quelques mètres de là, sur la façade de l'immeuble en face de nous, tous les carreaux de l'un des appartements volent soudain en éclats.
Trop rapide cette baguette... Trop rapide, je l'ai toujours dit.
Mes yeux s'écarquillent de stupeur, tandis que la lumière s'allume dans le dit logement. On entend jurer, tandis que se dessine, en ombre, la silhouette d'un type armé de sa baguette, visiblement prêt à en découdre avec le petit malin qui vient de détruire ses fenêtres.
« Je vous l'avais dit ! Je vous l'avais dit !
Fais-je, avant de l'attraper par le bras et me mettre à courir. Réflexe primaire du type habitué à se faire courser pour ses conneries depuis le plus jeune âge.
Voilà ce qu'il en coûte de me faire confiance.
Enfin... Je suppose que sa détermination n'a pas de limites. Alors je consent à m'interroger sur sa question et lui fournir une réponse pas trop vague. Bien sûr, j'ai peur d'être jugé. Mais à mon âge, c'est bien plus que ça.
Avec le temps, j'ai pris de l'assurance : fondamentalement. Je ne me torture plus comme avant au point d'avoir des idées vraiment noires. Je sais qui je suis, quand bien même cela serait une source de souffrances. Mais...
J'ai pris l'habitude de vivre de manière dysfonctionnelle.
Je ne sais pas comment gérer les choses autrement qu'en me démontant la gueule.
Le sourire de Castilla m'en arrache un petit en retour. Je crois que ça ne me déplairait pas qu'elle me court après.
Mais bon.
Reconnaître le fait d'avoir échoué à son exercice me fait l'effet d'une épine plantée dans la fesse gauche, pour dire les choses de manière imagées. C'est foncièrement désagréable et totalement dispensable.
Cela dit, j'ai assez de conscience pour éviter de faire trop le malin, au point où j'en suis. Alors je reconnais simplement cet état de fait : non, ça n'a pas été couronné de succès, en effet. Comme elle me demande ma baguette, j'ai un petit moment de flottement. Est-ce qu'elle veut que je fasse de la magie avec, genre... Maintenant ?
Sur un trait d'humour, je lui demande si elle a une bonne assurance... Parce que de m'essayer à un sort dans cet état risque de faire des dégâts dans le voisinage. Sans blague... Si je n'y parviens pas sobre, comment pourrais-je espérer m'en sortir ivre ?
Sans être un expert, cela me paraît tout à fait impossible.
Je consent néanmoins à sortir ma complice de sycomore, pour le geste. J'avais la chance de bien m'entendre avec cette baguette. Cela dit, elle avait la particularité d'être extrêmement rapide, entre le bois et le cheveux de harpie. Sans doute la combinaison la plus véloce du marché, sans exagérer.
Donc autant dire que ça risquait de partir au quart de tour cette histoire.
Castilla me désigne la rue d'un geste de la main : effectivement, il n'y a personne. Faire de la magie, ce n'est pas le genre d'idée qui me viendrait en premier dans un tel contexte. Mais enfin...
Je me lève comme je peux. Pas simple : autant, assit, ça allait... Autant debout... J'ai l'impression que tout tangue un peu. Ou alors c'est moi.
« Je vous préviens que si ça tourne mal... Hé bien... Je vous l'aurais dit.
Castilla me répond que tout ira bien, dégainant sa propre baguette au cas où.
A peu près stable sur mes appuis, je tente vaguement de rassembler ce qui me reste de capacités cognitives. Les notions me reviennent par bribes décousues, tandis que j’essaie de me concentrer sur la formule.
Un bref geste de la main suffit pour que le sort parte, comme l'on pouvait s'en douter. Je n'ai pratiquement aucun contrôle sur ce que je fais. Ma concentration est équivalente à celle d'un poisson rouge en état de mort cérébrale.
Malheureusement, l'effet est loin d'être celui escompté. En effet, à quelques mètres de là, sur la façade de l'immeuble en face de nous, tous les carreaux de l'un des appartements volent soudain en éclats.
Trop rapide cette baguette... Trop rapide, je l'ai toujours dit.
Mes yeux s'écarquillent de stupeur, tandis que la lumière s'allume dans le dit logement. On entend jurer, tandis que se dessine, en ombre, la silhouette d'un type armé de sa baguette, visiblement prêt à en découdre avec le petit malin qui vient de détruire ses fenêtres.
« Je vous l'avais dit ! Je vous l'avais dit !
Fais-je, avant de l'attraper par le bras et me mettre à courir. Réflexe primaire du type habitué à se faire courser pour ses conneries depuis le plus jeune âge.
Voilà ce qu'il en coûte de me faire confiance.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Mar 30 Jan 2018 - 23:56
Effectivement, le résultat n’est pas très glorieux. Malgré tout, si l’on tient compte de son état d’ébriété et avec ce que je viens d’observer, je suis d’autant plus convaincue qu’avec le travail adéquat, il sera capable de grandes choses.
Mais pour l’heure, il y a plus urgent. Sa maladresse a causé des dégâts et il va falloir donner quelques explications au sorcier mécontent qui vit ici. Enfin moi c’est ce que je ferais, mais de toute évidence monsieur Cioban ne semble pas vouloir suivre cette stratégie. Avant même que je puisse dire un mot, il me saisit par le bras et m’entraine dans sa course folle. J’ai tout juste le temps de lancer un sortilège informulé pour réparer les dégâts qu’il a causés avant de le suivre malgré moi dans sa fuite. Ce n’est qu’après avoir tourné dans une ruelle un peu plus loin qu’il s’arrête et lâche mon bras.
Tandis qu’il s’appuie contre le mur le plus proche, je m’efforce de reprendre mon souffle. Il éclate de rire comme un gosse fier de l’avoir échappé belle. Je n’arrive pas vraiment à lui en vouloir. Je le regarde avec un mélange d’incrédulité et d’amusement. Je crois que je n’avais pas couru comme ça depuis… eh bien depuis longtemps. J’écarte quelques mèches de cheveux rebelles qui sont tombés devant mes yeux. Sur mes joues, je sens le picotement caractéristique du froid qui me laisse supposer qu’elles ont pris une légère teinte rosée. Entre deux inspirations, je demande.
- Ça aussi c’est votre manière de fonctionner ?
- Vous vouliez me courir après, vous êtes servie. Je suis un homme très littéral.
Il reprend un peu son souffle, puis il se redresse tant bien que mal. Lâchant le mur pour se placer face à moi, il glousse comme un adolescent.
- Vos cheveux, vraiment, si vous pouviez vous voir...
Il éclate d'un rire franc et bon enfant. Je souris, passant mes doigts dans mes cheveux pour essayer de les rediscipliner un peu. Ce à quoi je renonce rapidement. Et puis comme son rire est communicatif, je me mets à rire à mon tour. Ce n’est que lorsque je me calme que je reprends la parole.
- Je l’admets, ce n’était peut-être pas ma meilleure idée. Mais au moins je vous ai redonné le sourire.
Mais pour l’heure, il y a plus urgent. Sa maladresse a causé des dégâts et il va falloir donner quelques explications au sorcier mécontent qui vit ici. Enfin moi c’est ce que je ferais, mais de toute évidence monsieur Cioban ne semble pas vouloir suivre cette stratégie. Avant même que je puisse dire un mot, il me saisit par le bras et m’entraine dans sa course folle. J’ai tout juste le temps de lancer un sortilège informulé pour réparer les dégâts qu’il a causés avant de le suivre malgré moi dans sa fuite. Ce n’est qu’après avoir tourné dans une ruelle un peu plus loin qu’il s’arrête et lâche mon bras.
Tandis qu’il s’appuie contre le mur le plus proche, je m’efforce de reprendre mon souffle. Il éclate de rire comme un gosse fier de l’avoir échappé belle. Je n’arrive pas vraiment à lui en vouloir. Je le regarde avec un mélange d’incrédulité et d’amusement. Je crois que je n’avais pas couru comme ça depuis… eh bien depuis longtemps. J’écarte quelques mèches de cheveux rebelles qui sont tombés devant mes yeux. Sur mes joues, je sens le picotement caractéristique du froid qui me laisse supposer qu’elles ont pris une légère teinte rosée. Entre deux inspirations, je demande.
- Ça aussi c’est votre manière de fonctionner ?
- Vous vouliez me courir après, vous êtes servie. Je suis un homme très littéral.
Il reprend un peu son souffle, puis il se redresse tant bien que mal. Lâchant le mur pour se placer face à moi, il glousse comme un adolescent.
- Vos cheveux, vraiment, si vous pouviez vous voir...
Il éclate d'un rire franc et bon enfant. Je souris, passant mes doigts dans mes cheveux pour essayer de les rediscipliner un peu. Ce à quoi je renonce rapidement. Et puis comme son rire est communicatif, je me mets à rire à mon tour. Ce n’est que lorsque je me calme que je reprends la parole.
- Je l’admets, ce n’était peut-être pas ma meilleure idée. Mais au moins je vous ai redonné le sourire.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Jeu 1 Fév 2018 - 23:16
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous atterrissons dans une ruelle adjacente, hors de toute vue. Mes pas se dirigent machinalement vers le mur le plus proche, contre lequel je ne tarde pas à échouer, toujours à deux doigts de perdre l'équilibre. C'est d'ailleurs un miracle d'avoir pu tenir jusque là sans trébucher.
Passablement essoufflé et encore sous le coup de l'adrénaline, je me sens porté par un genre d'euphorie à demi irrationnelle. La scène repasse dans mon esprit : les carreaux brisés, le type qui sort en furie... Rien que d'imaginer la tronche qu'il a dû tirer en voyant ça : je ne peux m'empêcher de rire. Un rire d'enfant content d'avoir berné son monde, profond et sincère.
Mrs Castilla n'est pas en reste : toute essoufflée qu'elle est, la chevelure en désordre. Je pense qu'elle ne s'attendait pas à ça. Il faut dire que l'on ne se côtoie que depuis peu de temps et, jusqu'alors, de manière très formelle. Elle n'a pas encore l'habitude de mes excentricités. Pas que je le fasse exprès... Mais il y a des natures à s'attirer des emmerdes.
C'est comme ça.
Sentant de nouveau l'équilibre de mon corps, je me redresse avant de me tourner vers elle. Mes yeux se rivent sur son visage rougi par le froid et l'effort, ses boucles brunes emmêlées et cette expression passablement incrédule qu'elle affiche...
Assurément, la prestance et la dignité en a pris un sacré coup. Refrénant un rire franc, je me contente de glousser comme un gamin et lui en fait la remarque. Malheureusement, l’hilarité l'emporte sur la retenue. Incapable de me retenir plus longtemps, j'éclate finalement de rire pour de bon, porté dans un élan de moquerie sans méchanceté.
Bonne joueuse, elle ne tarde pas à rire à son tour et je dois bien admettre que cela me fait assez plaisir. Je ne l'avais jamais entendu rire avant cela. Un moment de complicité bienvenu après tant de lourdeur et de sujets sérieux.
Je réplique à sa dernière remarque par un haussement d'épaule entendu, l'air de dire « ça arrive même aux meilleurs ». Puis, palpant les poches de ma veste, je réalise.
« Merde, je crois que j'ai oublié mes clopes sur le trottoir.
Ce constat m'arrache un petit rire, reste de l'euphorie précédente. Je lève mes mains vides avec dépit, avant de poursuivre.
« Hé bien... Puisque la magie c'est cuit pour ce soir et que... Qu'on est là : je vous paye un verre ?
C'est dit d'un ton léger : rapport au contexte. L'intéressée répond aussitôt par la positive. Je hausse les sourcils en réaction, l'air presque surpris.
« Je ne m'attendais pas à ce que vous acceptiez si facilement... Après-vous.
Fais-je, avant de jeter un coup d’œil dans la rue principale. Personne en vue : on retourne au Vampire's. J'en profite d'ailleurs pour récupérer mon paquet de cigarette au passage. Toujours en place : il n'y a vraiment pas un rat.
A l'intérieur, l'ambiance est restée la même. Les gens vont et viennent tranquillement. La soirée se déroule sans fausse note. Comme c'est de coutume, on se rend d'abord au bar pour commander. Je me tourne donc vers Mrs Castilla.
« Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?
Passablement essoufflé et encore sous le coup de l'adrénaline, je me sens porté par un genre d'euphorie à demi irrationnelle. La scène repasse dans mon esprit : les carreaux brisés, le type qui sort en furie... Rien que d'imaginer la tronche qu'il a dû tirer en voyant ça : je ne peux m'empêcher de rire. Un rire d'enfant content d'avoir berné son monde, profond et sincère.
Mrs Castilla n'est pas en reste : toute essoufflée qu'elle est, la chevelure en désordre. Je pense qu'elle ne s'attendait pas à ça. Il faut dire que l'on ne se côtoie que depuis peu de temps et, jusqu'alors, de manière très formelle. Elle n'a pas encore l'habitude de mes excentricités. Pas que je le fasse exprès... Mais il y a des natures à s'attirer des emmerdes.
C'est comme ça.
Sentant de nouveau l'équilibre de mon corps, je me redresse avant de me tourner vers elle. Mes yeux se rivent sur son visage rougi par le froid et l'effort, ses boucles brunes emmêlées et cette expression passablement incrédule qu'elle affiche...
Assurément, la prestance et la dignité en a pris un sacré coup. Refrénant un rire franc, je me contente de glousser comme un gamin et lui en fait la remarque. Malheureusement, l’hilarité l'emporte sur la retenue. Incapable de me retenir plus longtemps, j'éclate finalement de rire pour de bon, porté dans un élan de moquerie sans méchanceté.
Bonne joueuse, elle ne tarde pas à rire à son tour et je dois bien admettre que cela me fait assez plaisir. Je ne l'avais jamais entendu rire avant cela. Un moment de complicité bienvenu après tant de lourdeur et de sujets sérieux.
Je réplique à sa dernière remarque par un haussement d'épaule entendu, l'air de dire « ça arrive même aux meilleurs ». Puis, palpant les poches de ma veste, je réalise.
« Merde, je crois que j'ai oublié mes clopes sur le trottoir.
Ce constat m'arrache un petit rire, reste de l'euphorie précédente. Je lève mes mains vides avec dépit, avant de poursuivre.
« Hé bien... Puisque la magie c'est cuit pour ce soir et que... Qu'on est là : je vous paye un verre ?
C'est dit d'un ton léger : rapport au contexte. L'intéressée répond aussitôt par la positive. Je hausse les sourcils en réaction, l'air presque surpris.
« Je ne m'attendais pas à ce que vous acceptiez si facilement... Après-vous.
Fais-je, avant de jeter un coup d’œil dans la rue principale. Personne en vue : on retourne au Vampire's. J'en profite d'ailleurs pour récupérer mon paquet de cigarette au passage. Toujours en place : il n'y a vraiment pas un rat.
A l'intérieur, l'ambiance est restée la même. Les gens vont et viennent tranquillement. La soirée se déroule sans fausse note. Comme c'est de coutume, on se rend d'abord au bar pour commander. Je me tourne donc vers Mrs Castilla.
« Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Dim 4 Fév 2018 - 0:40
À vrai dire, je ne m’attendais pas non plus à accepter aussi facilement. Je n’ai pas l’habitude de sortir ainsi. Je crois bien que ça fait une éternité que je ne suis pas allée boire un verre. A fortiori au milieu de la nuit un mardi soir. Pourtant, c’est tout naturellement que je suis monsieur Cioban pour retourner vers le Vampire’s Night. Il me précède au bar et se tourne vers moi pour savoir ce que je souhaite commander. Je hausse les épaules, un peu dubitative.
- Je vous avoue que je n’ai pas l’habitude de ce genre d’endroit. Qu’est-ce que vous me conseillez ?
- Hé bien... Ça dépend. Est-ce qu'il y a quelque chose que vous n'aimez pas du tout déjà ?
Je secoue légèrement la tête.
- Je ne suis pas difficile.
Il me jauge un instant du regard avant de répondre.
- Alors je vous conseille une caïpirinha.
Je souris et je lui fais signe de passer la commande. Nous allons ensuite nous installer à une table et j’en profite pour regarder un peu plus autour de moi. Depuis combien de temps est-ce que je ne suis pas sortie comme ça. Ça remonte à avant mon mariage, c’est certain. Ma foi, si ça peut aider monsieur Cioban à être plus à l’aise pour nos prochaines leçons, ça ne peut pas faire de mal.
Je sirote doucement une gorgée de cocktail. Un alcool fort que je serais bien incapable d’identifier, du citron vert et du sucre. Ce n’est pas mauvais. Espérons simplement que ça ne monte pas trop à la tête. J’adresse un sourire à monsieur Cioban pour engager la conversation sur un sujet relativement neutre.
- Vous semblez avoir vos habitudes ici.
Je préfère prendre les devants et le faire parler de lui. Je me suis déjà bien plus confiée que je ne l’aurais pensé ce soir et j’aimerais éviter d’en revenir à certains sujets. C’est plus prudent. Je n’ai pas l’habitude de boire et je crains que l’alcool ne me pousse à en dire plus que je ne le souhaiterais.
- Je vous avoue que je n’ai pas l’habitude de ce genre d’endroit. Qu’est-ce que vous me conseillez ?
- Hé bien... Ça dépend. Est-ce qu'il y a quelque chose que vous n'aimez pas du tout déjà ?
Je secoue légèrement la tête.
- Je ne suis pas difficile.
Il me jauge un instant du regard avant de répondre.
- Alors je vous conseille une caïpirinha.
Je souris et je lui fais signe de passer la commande. Nous allons ensuite nous installer à une table et j’en profite pour regarder un peu plus autour de moi. Depuis combien de temps est-ce que je ne suis pas sortie comme ça. Ça remonte à avant mon mariage, c’est certain. Ma foi, si ça peut aider monsieur Cioban à être plus à l’aise pour nos prochaines leçons, ça ne peut pas faire de mal.
Je sirote doucement une gorgée de cocktail. Un alcool fort que je serais bien incapable d’identifier, du citron vert et du sucre. Ce n’est pas mauvais. Espérons simplement que ça ne monte pas trop à la tête. J’adresse un sourire à monsieur Cioban pour engager la conversation sur un sujet relativement neutre.
- Vous semblez avoir vos habitudes ici.
Je préfère prendre les devants et le faire parler de lui. Je me suis déjà bien plus confiée que je ne l’aurais pensé ce soir et j’aimerais éviter d’en revenir à certains sujets. C’est plus prudent. Je n’ai pas l’habitude de boire et je crains que l’alcool ne me pousse à en dire plus que je ne le souhaiterais.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Dim 4 Fév 2018 - 21:52
La professeure semble un peu perplexe. Comme je l'imaginais, elle m'avoue n'avoir pas l'habitude de sortir dans ce genre d'établissement. Pas besoin d'être un aigle pour s'en douter. Cette femme mène vraisemblablement une vie davantage comparable à celle de l'époque de son mariage que d'un célibataire habitué des bars dans mon genre. Ce qui est bien normal, soit dit en passant.
Dans l'idée de la conseiller, je commence donc par interroger ses goûts. Et dans la mesure où elle semble ouverte à tout, je prends un court instant pour réfléchir... Finalement, c'est la caïpirinha qui s'impose à mon esprit. Un cocktail brésilien à base de cachaça et de citron vert. Je trouve que ça lui va bien, je ne sais pas pourquoi.
De mon côté, je décide de garder en ton en optant pour un Cuba Libre... Tout en prenant bien soin de préciser « léger » au barman, histoire de ne pas trop aggraver mon alcoolémie. J'ai beau avoir l'habitude, ce n'est pas utile de charger plus la mule à ce stade. D'ailleurs, le secret pour se bourrer efficacement la gueule, c'est de savoir gérer son timing : quand s'arrêter, quand poursuivre... Tout un art, on peut le dire.
Je dirais même : des années d'expérience.
Bref, fort de ces quelques considération hautement philosophiques, nous prenons nos verres et allons nous installer à une table. Je lève mon verre, de sorte à l'inviter à trinquer, puis la conversation reprend tranquillement.
« J'ai mes habitudes dans la plupart des bars de la ville, oui.
Fais-je. Mais ça, elle le sait déjà. C'est même ce qui lui a permis de retrouver ma trace.
« J'aime bien profiter de la nuit pour prendre du temps pour moi... Mais parfois, j'ai juste envie de sortir voir du monde.
Jusqu'à minuit, l'Université et la ville demeuraient relativement vivantes. Mais entre trois et six heures du matin, on ne croisait pratiquement personne. Il fallait imaginer ce que cela représentait, de veiller quand tout le monde dort et ce, tous les jours de l'année, sans exception. On n'a pas le même rythme que les autres.
C'est un sujet d'incompréhension insoluble. Je vis des choses que le reste de mes semblables ne connaîtra jamais et inversement. J'ignore les désagréments de l'insomnie, les rêves, la fatigue. Je me maintiens simplement dans un état d'équilibre relatif. Et mes forces se régénèrent par la rêverie et le fait de m'extraire du monde.
Ça n'a l'air de rien, comme ça.
« Ici, c'est aussi pour les proprio. Je les apprécie bien.
J'ajoute dans la foulée. C'est idiot, mais ça me fait plaisir de pouvoir évoquer librement ma nature, au cours d'une conversation. Je n'ai pas besoin de faire attention. Je peux dire ce que je pense. C'est assez reposant.
« Et vous, alors ? Fais-je. Comment aimez vous occuper votre temps libre ? J'ai cru comprendre que vous étiez assez fan de Quidditch.
Dans l'idée de la conseiller, je commence donc par interroger ses goûts. Et dans la mesure où elle semble ouverte à tout, je prends un court instant pour réfléchir... Finalement, c'est la caïpirinha qui s'impose à mon esprit. Un cocktail brésilien à base de cachaça et de citron vert. Je trouve que ça lui va bien, je ne sais pas pourquoi.
De mon côté, je décide de garder en ton en optant pour un Cuba Libre... Tout en prenant bien soin de préciser « léger » au barman, histoire de ne pas trop aggraver mon alcoolémie. J'ai beau avoir l'habitude, ce n'est pas utile de charger plus la mule à ce stade. D'ailleurs, le secret pour se bourrer efficacement la gueule, c'est de savoir gérer son timing : quand s'arrêter, quand poursuivre... Tout un art, on peut le dire.
Je dirais même : des années d'expérience.
Bref, fort de ces quelques considération hautement philosophiques, nous prenons nos verres et allons nous installer à une table. Je lève mon verre, de sorte à l'inviter à trinquer, puis la conversation reprend tranquillement.
« J'ai mes habitudes dans la plupart des bars de la ville, oui.
Fais-je. Mais ça, elle le sait déjà. C'est même ce qui lui a permis de retrouver ma trace.
« J'aime bien profiter de la nuit pour prendre du temps pour moi... Mais parfois, j'ai juste envie de sortir voir du monde.
Jusqu'à minuit, l'Université et la ville demeuraient relativement vivantes. Mais entre trois et six heures du matin, on ne croisait pratiquement personne. Il fallait imaginer ce que cela représentait, de veiller quand tout le monde dort et ce, tous les jours de l'année, sans exception. On n'a pas le même rythme que les autres.
C'est un sujet d'incompréhension insoluble. Je vis des choses que le reste de mes semblables ne connaîtra jamais et inversement. J'ignore les désagréments de l'insomnie, les rêves, la fatigue. Je me maintiens simplement dans un état d'équilibre relatif. Et mes forces se régénèrent par la rêverie et le fait de m'extraire du monde.
Ça n'a l'air de rien, comme ça.
« Ici, c'est aussi pour les proprio. Je les apprécie bien.
J'ajoute dans la foulée. C'est idiot, mais ça me fait plaisir de pouvoir évoquer librement ma nature, au cours d'une conversation. Je n'ai pas besoin de faire attention. Je peux dire ce que je pense. C'est assez reposant.
« Et vous, alors ? Fais-je. Comment aimez vous occuper votre temps libre ? J'ai cru comprendre que vous étiez assez fan de Quidditch.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Dim 4 Fév 2018 - 23:35
Monsieur Cioban répond de bonne grâce à ma question. Tout en l’écoutant, je bois de temps à autre une gorgée de cocktail. La fatigue à cette heure avancée aidant, je sens l’alcool faire doucement son effet. Il va falloir que j’y prenne garde. Mais je ne veux pas non plus paraître impolie en ne terminant pas mon verre.
Je hoche légèrement la tête en signe de compréhension alors qu’il me parle de son besoin récurrent de voir du monde la nuit. J’imagine en effet que le temps doit quelques fois lui paraître bien long. J’esquisse un léger sourire lorsqu’il mentionne les propriétaires des lieux. C’est vrai que maintenant qu’il le souligne c’est assez évident. Cependant, l’alcool doit déjà avoir commencé de ralentir mon esprit puisque je n’ai pas le temps d’enchainer sur une autre question avant que lui-même le fasse.
- Et vous, alors ? Comment aimez-vous occuper votre temps libre ? J'ai cru comprendre que vous étiez assez fan de Quidditch.
Heureusement, rien de trop personnel. C’est donc avec sincérité et sans détour que je réponds.
- Pour être honnête, je ne m’accorde que peu de temps libre comme vous dites.
Je bois une nouvelle gorgée avant de poursuivre avec un sourire.
- Mais il est vrai que je ne manque jamais un match des Frelons de Wimbourne.
- C'est ce que j'ai cru comprendre.
Il me répond d’un air entendu, sans doute en référence aux articles de journaux et photos qu’il a pu voir dans mon bureau. Pour qui ne connait pas notre relation, c’est vrai qu’il est facile de me confondre avec ces groupies dont Hermès ne manque pas parmi ses admirateurs. Je secoue la tête comme pour le détromper.
- Vous savez, je ne suis pas tout à fait une groupie monsieur Cioban.
- Ah non ?
Je peux lire un vif intérêt dans son regard. De toute évidence, ma remarque a piqué sa curiosité et je ne me fais pas prier pour lui donner davantage d’explication. Après tout, c’est une information qui n’est pas si difficile à trouver pour qui s’intéresse aux ragots people.
- Hermès Delacroix. Je l’ai eu comme élève à Beauxbâtons. J’ai dû le menacer de le garder en retenue jusqu’à la fin de l’année pour qu’il intègre l’équipe de Quidditch.
Je termine mon verre avant de conclure.
- Finalement, il m’a demandé de devenir son agent quand il a débuté sa carrière.
Je hoche légèrement la tête en signe de compréhension alors qu’il me parle de son besoin récurrent de voir du monde la nuit. J’imagine en effet que le temps doit quelques fois lui paraître bien long. J’esquisse un léger sourire lorsqu’il mentionne les propriétaires des lieux. C’est vrai que maintenant qu’il le souligne c’est assez évident. Cependant, l’alcool doit déjà avoir commencé de ralentir mon esprit puisque je n’ai pas le temps d’enchainer sur une autre question avant que lui-même le fasse.
- Et vous, alors ? Comment aimez-vous occuper votre temps libre ? J'ai cru comprendre que vous étiez assez fan de Quidditch.
Heureusement, rien de trop personnel. C’est donc avec sincérité et sans détour que je réponds.
- Pour être honnête, je ne m’accorde que peu de temps libre comme vous dites.
Je bois une nouvelle gorgée avant de poursuivre avec un sourire.
- Mais il est vrai que je ne manque jamais un match des Frelons de Wimbourne.
- C'est ce que j'ai cru comprendre.
Il me répond d’un air entendu, sans doute en référence aux articles de journaux et photos qu’il a pu voir dans mon bureau. Pour qui ne connait pas notre relation, c’est vrai qu’il est facile de me confondre avec ces groupies dont Hermès ne manque pas parmi ses admirateurs. Je secoue la tête comme pour le détromper.
- Vous savez, je ne suis pas tout à fait une groupie monsieur Cioban.
- Ah non ?
Je peux lire un vif intérêt dans son regard. De toute évidence, ma remarque a piqué sa curiosité et je ne me fais pas prier pour lui donner davantage d’explication. Après tout, c’est une information qui n’est pas si difficile à trouver pour qui s’intéresse aux ragots people.
- Hermès Delacroix. Je l’ai eu comme élève à Beauxbâtons. J’ai dû le menacer de le garder en retenue jusqu’à la fin de l’année pour qu’il intègre l’équipe de Quidditch.
Je termine mon verre avant de conclure.
- Finalement, il m’a demandé de devenir son agent quand il a débuté sa carrière.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Lun 5 Fév 2018 - 23:42
J'interroge Castilla sur sa passion manifeste du Quidditch. C'est vrai que je n'avais pas vraiment eu l'occasion d'aborder le sujet, depuis la première fois où on s'était parlé... Mais la décoration de son bureau m'avait pas mal interpellé ce jour là. Outre les articles relatifs aux matchs des différentes équipes, il y avait ces photo de Delacroix encadrées. Le genre de détail qui donne envie d'en savoir plus. Ce n'est pas banal, disons.
La professeure commence par m'avouer qu'elle ne se donne pas souvent l'occasion de sortir, ce qui ne fait que confirmer l'idée que je m'étais faite de la question. Elle a un côté assez rangé : ça se voit. Pour autant, je suis persuadé qu'elle ne serait pas contre le fait de s'amuser un peu de temps en temps. Il suffit de regarder la facilité avec laquelle elle avait accepté de prendre un verre.
Et ces quelques considérations me font me demander quel genre de femme elle était, plus jeune... Genre, avant son mariage.
Enfin, qu'importe...
Je l'écoute me parler de l'assiduité avec laquelle elle suit les performances des Frelons. Mais ce qui retient le plus mon attention, c'est quand elle évoque le fait de n'être pas une simple groupie. Je l'interroge, l’œil pétillant soudain d'intérêt.
Et je dois bien admettre que les explications sont à la hauteur du suspense. Quand elle m'avoue finalement son lien avec le fameux Hermès, je ne peux retenir une expression de stupéfaction, qui laisse ensuite place à un petit rire admiratif.
« Je n'en reviens pas...
Fais-je, quelque peu impressionné, avant de prendre une gorgée de mon Cuba Libre.
« Vous savez vraiment comment parvenir à vos fins, visiblement. Je m'en souviendrai pour la suite... Encore que, entre nous, je n'en doutais pas.
Je joue avec les rondelles de citron vert, du bout de ma paille, tandis que mon regard la détaille, un peu en biais. Le parcours de cette femme est décidément très intéressant. Je dois bien admettre être assez heureux d'avoir cette occasion d'en apprendre plus sur elle, ce soir.
Il y a des gens dont il est dommage de passer à côté, je pense. Et je commence à comprendre que Castilla a certainement plus à m'apprendre que de simples sortilèges. Sa vie même semble riche d'enseignements.
J'ose espérer n'être pas inintéressant en comparaison.
Elle me répond alors simplement qu'elle essaye d'aider ses élèves comme elle peut. J'esquisse un petit sourire en coin. Tout le monde ne fait pas ça, au contraire. Son acharnement à tirer les autres vers le haut est assez hors norme, je pense.
« Et cette histoire a-t-elle un rapport avec votre venue à Hungcalf ?
Je demande alors, poursuivant sur le sujet du même intérêt. Entre temps, un serveur passer ramasser les verres vides sur les différentes tables. Il en profite pour demander à mon interlocutrice si elle veut autre chose.
La professeure commence par m'avouer qu'elle ne se donne pas souvent l'occasion de sortir, ce qui ne fait que confirmer l'idée que je m'étais faite de la question. Elle a un côté assez rangé : ça se voit. Pour autant, je suis persuadé qu'elle ne serait pas contre le fait de s'amuser un peu de temps en temps. Il suffit de regarder la facilité avec laquelle elle avait accepté de prendre un verre.
Et ces quelques considérations me font me demander quel genre de femme elle était, plus jeune... Genre, avant son mariage.
Enfin, qu'importe...
Je l'écoute me parler de l'assiduité avec laquelle elle suit les performances des Frelons. Mais ce qui retient le plus mon attention, c'est quand elle évoque le fait de n'être pas une simple groupie. Je l'interroge, l’œil pétillant soudain d'intérêt.
Et je dois bien admettre que les explications sont à la hauteur du suspense. Quand elle m'avoue finalement son lien avec le fameux Hermès, je ne peux retenir une expression de stupéfaction, qui laisse ensuite place à un petit rire admiratif.
« Je n'en reviens pas...
Fais-je, quelque peu impressionné, avant de prendre une gorgée de mon Cuba Libre.
« Vous savez vraiment comment parvenir à vos fins, visiblement. Je m'en souviendrai pour la suite... Encore que, entre nous, je n'en doutais pas.
Je joue avec les rondelles de citron vert, du bout de ma paille, tandis que mon regard la détaille, un peu en biais. Le parcours de cette femme est décidément très intéressant. Je dois bien admettre être assez heureux d'avoir cette occasion d'en apprendre plus sur elle, ce soir.
Il y a des gens dont il est dommage de passer à côté, je pense. Et je commence à comprendre que Castilla a certainement plus à m'apprendre que de simples sortilèges. Sa vie même semble riche d'enseignements.
J'ose espérer n'être pas inintéressant en comparaison.
Elle me répond alors simplement qu'elle essaye d'aider ses élèves comme elle peut. J'esquisse un petit sourire en coin. Tout le monde ne fait pas ça, au contraire. Son acharnement à tirer les autres vers le haut est assez hors norme, je pense.
« Et cette histoire a-t-elle un rapport avec votre venue à Hungcalf ?
Je demande alors, poursuivant sur le sujet du même intérêt. Entre temps, un serveur passer ramasser les verres vides sur les différentes tables. Il en profite pour demander à mon interlocutrice si elle veut autre chose.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Jeu 8 Fév 2018 - 21:37
Avant que je puisse répondre à la dernière question de monsieur Cioban, un serveur nous interrompt. Tout en me débarrassant de mon verre vide, il s’adresse à moi pour m’en proposer un autre. Je secoue la tête avec un petit sourire d’excuse.
- Je crois que ce ne serait pas bien raisonnable.
Le serveur se retire et je reporte mon attention sur mon compagnon de soirée. N’ayant plus de verre pour les occuper, je joins mes mains sur la table. J’ai l’esprit embrumé et il me semble que mon cerveau fonctionne au ralenti. L’interruption du serveur a embrouillé mes pensées et je demande.
- Que disait-on ?
Soudain je me souviens et j’enchaine immédiatement.
- Ah oui, ma venue à Hungcalf.
Je fais mine de réfléchir un instant. Je ne l’ai jamais réellement formulé ainsi, mais si je veux être honnête, oui, la présence d’Hermès parmi les étudiants de l’université a beaucoup si ce n’est tout à voir avec ma décision d’accepter ce poste. Je ne suis pas à proprement parler carriériste, j’aurais tout aussi bien pu continuer d’aider mes élèves à l’académie de Beauxbâtons. Et pourtant, me voilà. Sans doute ma décision aurait-elle été différente sans Hermès. Mais je vois mal comment réellement expliquer tout ça à monsieur Cioban. Aussi j’essaie de me contenter d’une réponse un peu vague, sans entrer dans les détails.
- C’est un poste intéressant et une bonne opportunité pour ma carrière. Mais peut-être y a-t-il un lien en effet.
Evidemment, il n’est pas dupe.
- Vous faites encore des mystères Castilla.
C’est avec un léger sourire un brin joueur qu’il me répond et il ajoute sur le même ton.
- Mais j'ai l'impression que ça fait partie de votre style.
Il n’imagine pas à quel point il a raison. Il est rare que je me confie et plus rares encore sont les personnes auprès de qui je le fais. Je souris à mon tour.
- Vous avez raison. J’évite en général de parler de moi.
C’est assez injuste quand on y pense. Je l’ai poussé à me livrer un souvenir relativement intime un peu plus tôt et je rechigne à présent à répondre à quelques questions simples. Je me penche légèrement en arrière pour m’adosser à mon siège et j’ajoute, dans une tentative de mon me montrer plus fairplay.
- Mais puisque vous m’avez offert un verre, disons que je vais faire une exception. Dites-moi ce que vous voulez savoir et j’essaierai de répondre sans détour.
Une petite voix en moi tente de me dire que je vais le regretter. Mais à présent que c’est dit, je n’ai pas pour habitude de revenir sur ma parole.
- Je crois que ce ne serait pas bien raisonnable.
Le serveur se retire et je reporte mon attention sur mon compagnon de soirée. N’ayant plus de verre pour les occuper, je joins mes mains sur la table. J’ai l’esprit embrumé et il me semble que mon cerveau fonctionne au ralenti. L’interruption du serveur a embrouillé mes pensées et je demande.
- Que disait-on ?
Soudain je me souviens et j’enchaine immédiatement.
- Ah oui, ma venue à Hungcalf.
Je fais mine de réfléchir un instant. Je ne l’ai jamais réellement formulé ainsi, mais si je veux être honnête, oui, la présence d’Hermès parmi les étudiants de l’université a beaucoup si ce n’est tout à voir avec ma décision d’accepter ce poste. Je ne suis pas à proprement parler carriériste, j’aurais tout aussi bien pu continuer d’aider mes élèves à l’académie de Beauxbâtons. Et pourtant, me voilà. Sans doute ma décision aurait-elle été différente sans Hermès. Mais je vois mal comment réellement expliquer tout ça à monsieur Cioban. Aussi j’essaie de me contenter d’une réponse un peu vague, sans entrer dans les détails.
- C’est un poste intéressant et une bonne opportunité pour ma carrière. Mais peut-être y a-t-il un lien en effet.
Evidemment, il n’est pas dupe.
- Vous faites encore des mystères Castilla.
C’est avec un léger sourire un brin joueur qu’il me répond et il ajoute sur le même ton.
- Mais j'ai l'impression que ça fait partie de votre style.
Il n’imagine pas à quel point il a raison. Il est rare que je me confie et plus rares encore sont les personnes auprès de qui je le fais. Je souris à mon tour.
- Vous avez raison. J’évite en général de parler de moi.
C’est assez injuste quand on y pense. Je l’ai poussé à me livrer un souvenir relativement intime un peu plus tôt et je rechigne à présent à répondre à quelques questions simples. Je me penche légèrement en arrière pour m’adosser à mon siège et j’ajoute, dans une tentative de mon me montrer plus fairplay.
- Mais puisque vous m’avez offert un verre, disons que je vais faire une exception. Dites-moi ce que vous voulez savoir et j’essaierai de répondre sans détour.
Une petite voix en moi tente de me dire que je vais le regretter. Mais à présent que c’est dit, je n’ai pas pour habitude de revenir sur ma parole.
- InvitéInvité
Re: Sortilège et désenchantement
Jeu 8 Fév 2018 - 23:03
Mrs Castilla a bu trop vite : il semble que son esprit soit déjà ralentis par l’afflux d'alcool. Elle n'a pourtant bu qu'un seul verre, mais bon. Je vois bien qu'elle n'a pas l'habitude... Ça me fait doucement sourire.
J'aurais bien été tenté de l'inciter à en prendre un autre, au passage du serveur, mais j'ai pour principe de ne jamais inciter qui que ce soit à boire. Enfin, surtout les femmes, pour tout dire. L'alcool doit toujours se consommer quand on en a envie et hors de toute influence extérieure. C'est qu'elle serait fichue d'accepter par convention sociale.
Considérons que j'ai largement assez bu pour deux.
Conformément à son habitude, elle répond à ma question de façon nébuleuse, comme une manière d'en dire le moins possible. Je ne manque pas de le lui faire remarquer gentiment. C'est amusant, cette habitude qu'elle a de garder pour elle les choses, comme si un secret inavouable se cachait derrière chaque événement de sa vie.
La professeure admet bien volontiers cette tendance constitutive et décide de se montrer belle joueuse en me donnant accès à l'information de mon choix. Je me redresse, avant de me laisser doucement retomber contre le dossier de ma chaise, tout en croisant lentement les bras. Mes yeux noirs la fixent d'un air empreint de défi.
Je la jauge en silence.
« Non, non, non, ça ne marche pas comme ça... Fais-je, avec un sourire amusé. Vous n'allez pas me dire une chose au prétexte que je vous ai invité à prendre un verre. Quel genre d'homme serais-je d'en profiter, hun ?
Je me penche alors en avant, les avants bras en appuis contre la table jouant avec mon verre. Naturellement, ma compagne du soir me demande comment ça marche, dans ce cas. J'esquisse l’ombre d'un sourire.
« Comme ça doit marcher dans les relations, Castilla : selon l'envie.
Je m’interromps pour prendre une gorgée de ma boisson.
« Il n'y a pas de mal à parler de soi de temps en temps, vous savez. Ça ne nous met pas en danger : regardez moi.
Je me redresse à nouveau, d'un ample mouvement félin, illustrant mon propos d'un geste de la main.
« Vous connaissez la plupart de mes faiblesses... Et qu'est-ce que ça change ? Je sais qui je suis, vous aussi, non ? Vous croyez que me parler va vous mettre en danger ? Je hausse un sourcil. Ou alors vous estimez simplement que nous ne nous connaissons pas assez pour cela... Auquel cas, je ne suis personne pour vous tirer des confessions.
J'aurais bien été tenté de l'inciter à en prendre un autre, au passage du serveur, mais j'ai pour principe de ne jamais inciter qui que ce soit à boire. Enfin, surtout les femmes, pour tout dire. L'alcool doit toujours se consommer quand on en a envie et hors de toute influence extérieure. C'est qu'elle serait fichue d'accepter par convention sociale.
Considérons que j'ai largement assez bu pour deux.
Conformément à son habitude, elle répond à ma question de façon nébuleuse, comme une manière d'en dire le moins possible. Je ne manque pas de le lui faire remarquer gentiment. C'est amusant, cette habitude qu'elle a de garder pour elle les choses, comme si un secret inavouable se cachait derrière chaque événement de sa vie.
La professeure admet bien volontiers cette tendance constitutive et décide de se montrer belle joueuse en me donnant accès à l'information de mon choix. Je me redresse, avant de me laisser doucement retomber contre le dossier de ma chaise, tout en croisant lentement les bras. Mes yeux noirs la fixent d'un air empreint de défi.
Je la jauge en silence.
« Non, non, non, ça ne marche pas comme ça... Fais-je, avec un sourire amusé. Vous n'allez pas me dire une chose au prétexte que je vous ai invité à prendre un verre. Quel genre d'homme serais-je d'en profiter, hun ?
Je me penche alors en avant, les avants bras en appuis contre la table jouant avec mon verre. Naturellement, ma compagne du soir me demande comment ça marche, dans ce cas. J'esquisse l’ombre d'un sourire.
« Comme ça doit marcher dans les relations, Castilla : selon l'envie.
Je m’interromps pour prendre une gorgée de ma boisson.
« Il n'y a pas de mal à parler de soi de temps en temps, vous savez. Ça ne nous met pas en danger : regardez moi.
Je me redresse à nouveau, d'un ample mouvement félin, illustrant mon propos d'un geste de la main.
« Vous connaissez la plupart de mes faiblesses... Et qu'est-ce que ça change ? Je sais qui je suis, vous aussi, non ? Vous croyez que me parler va vous mettre en danger ? Je hausse un sourcil. Ou alors vous estimez simplement que nous ne nous connaissons pas assez pour cela... Auquel cas, je ne suis personne pour vous tirer des confessions.
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