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Spirits [Terminé]
Mer 3 Oct 2018 - 22:30
Cela faisait deux semaines que Levius et Abigail ne s'étaient vu. L'un comme l'autre menait sa vie de son côté, un peu comme si rien n'était arrivé, alors qu'en vérité, c'était tout l'inverse. L'ultime barrière abattue, ils s'étaient livré l'un à l'autre comme jamais et dans leur étreinte scellèrent même un engagement pour l'avenir. L'on pouvait donc s'interroger sur la raison d'être d'une telle trêve.
En vérité, cette séparation œuvrait comme une respiration après le tumulte. Pour le jeune homme, il s'agissait de retrouver un point d'accroche avec le réel. Tout ceci avait malmené sa sensibilité et il éprouvait assez naturellement le besoin de se recentrer sur lui-même. Levius s'était laissé emplir d'Abigail jusqu'au fond de l'âme. Il s'était offert au point d'oublier son nom, sans prendre garde au vertige qui l'attendrait en réaction.
Mais dès le lendemain, le contrecoup avait frappé : le jeune homme ressentit l'urgent besoin de demeurer seul. Tout contact avec le monde extérieur lui paraissait une agression insupportable. Le bruit, les odeurs, la lumière : la moindre stimulation un tant soit peu excessive retranchait cette nature douce et paisible aux confins de son être.
Levius n'avait pas décroché un mot des jours durant (ou bien le minimum exigé par son emploi aux Trois Corneilles). Il avait repoussé toutes potentialités d'interaction, allant même jusqu'à dédaigner les allées rassurantes de la bibliothèque. En outre, on ne l'avait pas vu aux cours de potion, ni de littérature magique. En d'autres termes, Levius avait (en dehors du travail) disparu de la circulation.
Dans la grange de la ferme, il y avait un coin où l'on entreposait les ballots de foin pour les chevaux. Ces derniers étaient empilés sur une hauteur de quatre ou cinq mètres environs, mais à force de les déplacer cela formait comme un escalier, avec des piles moins hautes près de la porte et d'autres plus hautes contre le mur du fond.
Quand Levius cherchait un coin où se cacher, c'était toujours là qu'il allait. Il attendait que le jour soit jaune et, vêtu d'une chemise couleur curry, s'en allait disparaître dans la paille. Au milieu de sa couleur (lui-même s'y confondait, dans ses habits jaunes), il se sentait bien. L'odeur de la paille l'apaisait (au point de pouvoir la sentir en respirant de l'amortensia). C'était un de ces rituels à même de lui faire ressentir la fusion avec le cosmos : une chose toute simple, mais très puissante pour cette âme naïve.
Ce jour là, Levius avait retrouvé son coin dans la paille. Il était grimpé tout en haut de la pile et s'y était couché. Son regard s'était ensuite dissout au niveau des interstices des planches formant le toit de la grange. On y voyait les rayons du soleil filtrer en larges bandes dorées, pour venir mourir sur le mur adjacent et former comme des cicatrices de lumières.
Le garçon ferma les yeux et se mit à songer. Sa rêverie lui amenait des chiffres (toujours les mêmes depuis deux semaines) : 6, 4, 1... Encore et encore. Levius s'était fait harceler par eux au point d'en avoir des migraines. Rouge, bleu, jaune : les couleurs tournaient dans son esprit sans jamais s'arrêter. Il avait eu beaucoup de peine à trouver le sommeil au lendemain et encore après le surlendemain. Cela avait duré une semaine environs, avant que les chiffres ne lui accordent un peu de répit. A présent, ils revenaient, mais sans le harceler. Il pouvait songer à autre chose s'il le voulait : ils ne restaient pas.
Les couleurs, en revanche, c'était un problème. Levius se sentait épuisé à force de visualiser toujours autant de rouge, de bleu et de jaune. Il avait fait ce qu'il avait pu pour évacuer ce trop plein, mais c'était impossible. Là encore, il lui avait fallu patienter sagement jusqu'à ce qu'elle se décident à partir. Levius en était même venu à ne porter que de simples T-shirts blancs pour s'aider (ce qui n'arrivait normalement jamais).
Néanmoins, il avait retrouvé sa quiétude et (par la même) ses habitudes vestimentaires ordinaires. Tout allait mieux à présent. Le jeune homme recommençait doucement à considérer le monde extérieur et il en était venu à se dire qu'il serait temps de revoir Abigail. C'est pourquoi il avait chargé Myriel de remettre à la jeune femme une missive toute simple, où il lui proposait simplement de passer le voir à la ferme (n'importe quel jour). La jeune femme connaissait son emploi du temps et c'est pourquoi il lui laissa le loisir de décider du moment selon ses préférences.
En vérité, cette séparation œuvrait comme une respiration après le tumulte. Pour le jeune homme, il s'agissait de retrouver un point d'accroche avec le réel. Tout ceci avait malmené sa sensibilité et il éprouvait assez naturellement le besoin de se recentrer sur lui-même. Levius s'était laissé emplir d'Abigail jusqu'au fond de l'âme. Il s'était offert au point d'oublier son nom, sans prendre garde au vertige qui l'attendrait en réaction.
Mais dès le lendemain, le contrecoup avait frappé : le jeune homme ressentit l'urgent besoin de demeurer seul. Tout contact avec le monde extérieur lui paraissait une agression insupportable. Le bruit, les odeurs, la lumière : la moindre stimulation un tant soit peu excessive retranchait cette nature douce et paisible aux confins de son être.
Levius n'avait pas décroché un mot des jours durant (ou bien le minimum exigé par son emploi aux Trois Corneilles). Il avait repoussé toutes potentialités d'interaction, allant même jusqu'à dédaigner les allées rassurantes de la bibliothèque. En outre, on ne l'avait pas vu aux cours de potion, ni de littérature magique. En d'autres termes, Levius avait (en dehors du travail) disparu de la circulation.
Dans la grange de la ferme, il y avait un coin où l'on entreposait les ballots de foin pour les chevaux. Ces derniers étaient empilés sur une hauteur de quatre ou cinq mètres environs, mais à force de les déplacer cela formait comme un escalier, avec des piles moins hautes près de la porte et d'autres plus hautes contre le mur du fond.
Quand Levius cherchait un coin où se cacher, c'était toujours là qu'il allait. Il attendait que le jour soit jaune et, vêtu d'une chemise couleur curry, s'en allait disparaître dans la paille. Au milieu de sa couleur (lui-même s'y confondait, dans ses habits jaunes), il se sentait bien. L'odeur de la paille l'apaisait (au point de pouvoir la sentir en respirant de l'amortensia). C'était un de ces rituels à même de lui faire ressentir la fusion avec le cosmos : une chose toute simple, mais très puissante pour cette âme naïve.
Ce jour là, Levius avait retrouvé son coin dans la paille. Il était grimpé tout en haut de la pile et s'y était couché. Son regard s'était ensuite dissout au niveau des interstices des planches formant le toit de la grange. On y voyait les rayons du soleil filtrer en larges bandes dorées, pour venir mourir sur le mur adjacent et former comme des cicatrices de lumières.
Le garçon ferma les yeux et se mit à songer. Sa rêverie lui amenait des chiffres (toujours les mêmes depuis deux semaines) : 6, 4, 1... Encore et encore. Levius s'était fait harceler par eux au point d'en avoir des migraines. Rouge, bleu, jaune : les couleurs tournaient dans son esprit sans jamais s'arrêter. Il avait eu beaucoup de peine à trouver le sommeil au lendemain et encore après le surlendemain. Cela avait duré une semaine environs, avant que les chiffres ne lui accordent un peu de répit. A présent, ils revenaient, mais sans le harceler. Il pouvait songer à autre chose s'il le voulait : ils ne restaient pas.
Les couleurs, en revanche, c'était un problème. Levius se sentait épuisé à force de visualiser toujours autant de rouge, de bleu et de jaune. Il avait fait ce qu'il avait pu pour évacuer ce trop plein, mais c'était impossible. Là encore, il lui avait fallu patienter sagement jusqu'à ce qu'elle se décident à partir. Levius en était même venu à ne porter que de simples T-shirts blancs pour s'aider (ce qui n'arrivait normalement jamais).
Néanmoins, il avait retrouvé sa quiétude et (par la même) ses habitudes vestimentaires ordinaires. Tout allait mieux à présent. Le jeune homme recommençait doucement à considérer le monde extérieur et il en était venu à se dire qu'il serait temps de revoir Abigail. C'est pourquoi il avait chargé Myriel de remettre à la jeune femme une missive toute simple, où il lui proposait simplement de passer le voir à la ferme (n'importe quel jour). La jeune femme connaissait son emploi du temps et c'est pourquoi il lui laissa le loisir de décider du moment selon ses préférences.
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Re: Spirits [Terminé]
Jeu 4 Oct 2018 - 8:37
La vie avait repris son rythme, le monde tournait droit, mais, c'était sans moi. Voilà deux semaines que je vivais en apesanteur de ce qui était arrivé, suspendue dans le temps comme si j'attendais mon jugement dernier. Ne pas avoir de ces nouvelles, et sachant très bien qu'il ne voulait pas me voir en ce moment, je vivais un peu comme après une seconde rupture. Et très clairement, je n'avais pas besoin de cela émotionnellement. Si lui se remettait de ce que je lui avais infligé ce jour-là, moi j'endurais ce qu'il me faisait vivre à présent.
Le lourd et profond sommeil dont j'avais pu bénéficier en m'endormant contre lui n'avait été que la carotte pour faire avancer l'âne. À mes nuits mouvementées par la peur et le désarroi de ma rupture, venait s'ajouter ce vide immense qu'il creusait de son absence. Je ne dormais plus suffisamment pour me reposer convenablement, engendrant de légères cernes sous mes yeux. Je subissais, et refusais de me médicamenter. Encore et toujours, je voulais faire face et lutter.
Mais si la nuit j'étais totalement vulnérable lorsque je n'étais pas au Rainbow, la journée, je restais très combattive. Si je prenais le luxe de m'arrêter un instant pour ne rien faire, mon esprit s'appréciait à se perdre dans des pensées obscures et profondes, faisant apparaître la dépression. Ainsi, durant ces deux semaines, j'avais abattu une quantité colossale de révisions, comptant tout le retard que j'avais pris depuis la pleine lune du mois de juin. Aujourd'hui j'étais en avance sur la théorie de toutes mes matières, quant à la pratique, je peinais toujours autant à l'exécuter à cause de la relation infructueuse que j'entretenais avec ma baguette. Quand bien même j'avais pu l'utiliser, des fois même avec brio, je restais trop apeurée pour être à nouveau en osmose avec elle. Mais les progrès dont j'avais été capable m'encourageaient très clairement.
Et lorsque le manque de sommeil ne me permis plus de réviser aussi efficacement, je prenais la décision de me fatiguer physiquement, par le sport. Puisque je n'étais pas du genre à sortir et à courir, faire du vélo ou autre, je le faisais en restant enfermée chez moi.
Je bénissais les moldus pour réussir à inventer toutes sortes de choses qui, en premier lieu semblaient si insignifiantes, devenaient salutaires pour moi. Possédant plusieurs consoles de jeux vidéo, je ne branchais que celle qui se jouait en bougeant réellement. Ainsi, avec les pixels spécifiques, prenais le temps d'améliorer une partie de ma passion musicale que je maitrisais peu, la danse. Effectuer les mouvements dans le rythme en suivant le bonhomme à l'écran permettait de remplir sa barre de point. Sans devenir une experte, car certaine danses étaient particulièrement difficiles, je prenais du temps pour m'évader dans les chansons que je choisissais tout en améliorant mon pas et mon rythme. Je repoussais alors l'échéance où mes pensées reviendraient à nouveau me hanter.
C'était ce que je m'étais appliquée à faire cette après-midi, voilà pourquoi je sortais de la douche, mes cheveux collés sur mon front et mes épaules, vêtue simplement de mon linge. Lorsque je levais les yeux dans mon salon, je sursautais un peu en voyant Myriel posé sur le perchoir de George, en train de lisser les plumes à ce dernier. Mon cœur accéléra, comme si la séance sportive de tout à l'heure ne lui avait pas suffi et son rythme augmenta à chaque pas que je faisais pour rejoindre les deux oiseaux. Attrapant le parchemin que tenait la chouette, je passais une main distraite sur les volatiles en une caresse perdue avant d'aller m'asseoir sur mon canapé. Il me fallait au moins ça avant d'ouvrir la lettre. Je m'attendais presque à lire des lignes m'incitant à ne plus jamais aller le retrouver, qu'il ne voulait plus entendre parler de moi.
Alors, comment pourrais-je décrire mon soulagement lorsque je prenais connaissance de tout l'opposé ? Heureusement que j'étais assise.
J'avais sans doute dû lire dix fois les mots couchés par Levius avant de relever la tête et réfléchir à nos deux emplois du temps respectifs. Si nous devions nous retrouver, était-ce mieux pour une courte durée, ou pour une plus longue ?
Je restais immobile encore plusieurs minutes avant de me lever pour aller dans ma chambre à pas précipités. Au diable le code, yolo. Je voulais le revoir, et lui aussi voulait me revoir. Merde, autant partir le plus vite possible.
Prenant néanmoins le temps de me préparer, je me vêtais d'une robe à dentelle blanche. Je savais cette couleur, qui n'en était pas vraiment une, neutre, et donc apaisante pour Levius. Néanmoins, avec le temps rafraichit, je devais prendre garde au moindre petit courant d'air. Voilà pourquoi, une fois coiffée, une fine barrette dans les cheveux pour tenir ma frange sur le côté, j'enfilais ma veste en jean bleu et mes chaussures avant de sortir de chez moi pour transplaner directement à la ferme.
Durant ces deux semaines, je n'étais revenue qu'une seule fois, comme une voleuse délinquante, pour trouver un lieu adéquat à mes révisions. J'avais exprès choisit le moment où je savais que le jeune homme était à son travail aux Trois Corneilles pour me poser dans un pré éloigné. Et fort heureusement puisque c'était ce jour-là que j'avais croisé Sterenn.
Chassant ce souvenir de ma mémoire, je restais plantée dans la cours, essayant de deviner où il pouvait se trouver. L'endroit était vaste, et je savais qu'à cette heure il avait terminé son travail à la ferme, n'ayant plus que de petits travaux à accomplir. Ne voulant pas y passer des heures, trop impatiente, j'adoptais ma forme Animagus pour pouvoir suivre sa piste. Triant toutes les odeurs que je recevais, voilà pourquoi j'aimais être sous la forme du chien ici, je finissais par trouver les molécules appartenant à Levius. Activant mon extraordinaire talent olfactif, je suivais sa trace jusque dans la grange, l'odeur grimpant dans les ballots de pailles.
Youpi… Moi qui étais nulle en escalade… Pourtant, je prenais mon courage à deux mains et je bondissais sur la paille, aussi souplement qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, jusqu'à arriver à son sommet.
Les deux pattes avant sur le tout dernier étage, mes yeux se posèrent sur le jeune homme, l'observant comme si je venais de trouver le Saint Graal. Et quand ses prunelles azurs se posèrent sur moi, je détournais la tête en poussant un petit couinement canin, les oreilles s'abaissant, comme si mon maître allait me frapper. Pourtant, je me hissais tout à fait jusqu'à cette cime de paille avant de reprendre forme humaine. D'abord à quatre pattes, je me penchais en arrière pour m'agenouiller tout à fait, gardant une certaine distance avec lui. J'aurai tout donné pour rompre cette trop grande distance qui nous séparait, plonger dans ses bras et me perdre un court instant en un échange de baiser. Je m'enchainais intérieurement pour ne pas le faire, respectant l'indépendance du jeune homme et sa liberté. Pour ne pas me mettre davantage au supplice, je préférais baisser mon regard sur mes mains posées sur mes jambes repliées. Jouant nerveusement avec le tissu blanc de ma robe, je me sentais rougir comme un piment mexicain, ma tête légèrement enfoncée dans mes épaules.
- Bonjour Levius.
Le lourd et profond sommeil dont j'avais pu bénéficier en m'endormant contre lui n'avait été que la carotte pour faire avancer l'âne. À mes nuits mouvementées par la peur et le désarroi de ma rupture, venait s'ajouter ce vide immense qu'il creusait de son absence. Je ne dormais plus suffisamment pour me reposer convenablement, engendrant de légères cernes sous mes yeux. Je subissais, et refusais de me médicamenter. Encore et toujours, je voulais faire face et lutter.
Mais si la nuit j'étais totalement vulnérable lorsque je n'étais pas au Rainbow, la journée, je restais très combattive. Si je prenais le luxe de m'arrêter un instant pour ne rien faire, mon esprit s'appréciait à se perdre dans des pensées obscures et profondes, faisant apparaître la dépression. Ainsi, durant ces deux semaines, j'avais abattu une quantité colossale de révisions, comptant tout le retard que j'avais pris depuis la pleine lune du mois de juin. Aujourd'hui j'étais en avance sur la théorie de toutes mes matières, quant à la pratique, je peinais toujours autant à l'exécuter à cause de la relation infructueuse que j'entretenais avec ma baguette. Quand bien même j'avais pu l'utiliser, des fois même avec brio, je restais trop apeurée pour être à nouveau en osmose avec elle. Mais les progrès dont j'avais été capable m'encourageaient très clairement.
Et lorsque le manque de sommeil ne me permis plus de réviser aussi efficacement, je prenais la décision de me fatiguer physiquement, par le sport. Puisque je n'étais pas du genre à sortir et à courir, faire du vélo ou autre, je le faisais en restant enfermée chez moi.
Je bénissais les moldus pour réussir à inventer toutes sortes de choses qui, en premier lieu semblaient si insignifiantes, devenaient salutaires pour moi. Possédant plusieurs consoles de jeux vidéo, je ne branchais que celle qui se jouait en bougeant réellement. Ainsi, avec les pixels spécifiques, prenais le temps d'améliorer une partie de ma passion musicale que je maitrisais peu, la danse. Effectuer les mouvements dans le rythme en suivant le bonhomme à l'écran permettait de remplir sa barre de point. Sans devenir une experte, car certaine danses étaient particulièrement difficiles, je prenais du temps pour m'évader dans les chansons que je choisissais tout en améliorant mon pas et mon rythme. Je repoussais alors l'échéance où mes pensées reviendraient à nouveau me hanter.
C'était ce que je m'étais appliquée à faire cette après-midi, voilà pourquoi je sortais de la douche, mes cheveux collés sur mon front et mes épaules, vêtue simplement de mon linge. Lorsque je levais les yeux dans mon salon, je sursautais un peu en voyant Myriel posé sur le perchoir de George, en train de lisser les plumes à ce dernier. Mon cœur accéléra, comme si la séance sportive de tout à l'heure ne lui avait pas suffi et son rythme augmenta à chaque pas que je faisais pour rejoindre les deux oiseaux. Attrapant le parchemin que tenait la chouette, je passais une main distraite sur les volatiles en une caresse perdue avant d'aller m'asseoir sur mon canapé. Il me fallait au moins ça avant d'ouvrir la lettre. Je m'attendais presque à lire des lignes m'incitant à ne plus jamais aller le retrouver, qu'il ne voulait plus entendre parler de moi.
Alors, comment pourrais-je décrire mon soulagement lorsque je prenais connaissance de tout l'opposé ? Heureusement que j'étais assise.
J'avais sans doute dû lire dix fois les mots couchés par Levius avant de relever la tête et réfléchir à nos deux emplois du temps respectifs. Si nous devions nous retrouver, était-ce mieux pour une courte durée, ou pour une plus longue ?
Je restais immobile encore plusieurs minutes avant de me lever pour aller dans ma chambre à pas précipités. Au diable le code, yolo. Je voulais le revoir, et lui aussi voulait me revoir. Merde, autant partir le plus vite possible.
Prenant néanmoins le temps de me préparer, je me vêtais d'une robe à dentelle blanche. Je savais cette couleur, qui n'en était pas vraiment une, neutre, et donc apaisante pour Levius. Néanmoins, avec le temps rafraichit, je devais prendre garde au moindre petit courant d'air. Voilà pourquoi, une fois coiffée, une fine barrette dans les cheveux pour tenir ma frange sur le côté, j'enfilais ma veste en jean bleu et mes chaussures avant de sortir de chez moi pour transplaner directement à la ferme.
Durant ces deux semaines, je n'étais revenue qu'une seule fois, comme une voleuse délinquante, pour trouver un lieu adéquat à mes révisions. J'avais exprès choisit le moment où je savais que le jeune homme était à son travail aux Trois Corneilles pour me poser dans un pré éloigné. Et fort heureusement puisque c'était ce jour-là que j'avais croisé Sterenn.
Chassant ce souvenir de ma mémoire, je restais plantée dans la cours, essayant de deviner où il pouvait se trouver. L'endroit était vaste, et je savais qu'à cette heure il avait terminé son travail à la ferme, n'ayant plus que de petits travaux à accomplir. Ne voulant pas y passer des heures, trop impatiente, j'adoptais ma forme Animagus pour pouvoir suivre sa piste. Triant toutes les odeurs que je recevais, voilà pourquoi j'aimais être sous la forme du chien ici, je finissais par trouver les molécules appartenant à Levius. Activant mon extraordinaire talent olfactif, je suivais sa trace jusque dans la grange, l'odeur grimpant dans les ballots de pailles.
Youpi… Moi qui étais nulle en escalade… Pourtant, je prenais mon courage à deux mains et je bondissais sur la paille, aussi souplement qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, jusqu'à arriver à son sommet.
Les deux pattes avant sur le tout dernier étage, mes yeux se posèrent sur le jeune homme, l'observant comme si je venais de trouver le Saint Graal. Et quand ses prunelles azurs se posèrent sur moi, je détournais la tête en poussant un petit couinement canin, les oreilles s'abaissant, comme si mon maître allait me frapper. Pourtant, je me hissais tout à fait jusqu'à cette cime de paille avant de reprendre forme humaine. D'abord à quatre pattes, je me penchais en arrière pour m'agenouiller tout à fait, gardant une certaine distance avec lui. J'aurai tout donné pour rompre cette trop grande distance qui nous séparait, plonger dans ses bras et me perdre un court instant en un échange de baiser. Je m'enchainais intérieurement pour ne pas le faire, respectant l'indépendance du jeune homme et sa liberté. Pour ne pas me mettre davantage au supplice, je préférais baisser mon regard sur mes mains posées sur mes jambes repliées. Jouant nerveusement avec le tissu blanc de ma robe, je me sentais rougir comme un piment mexicain, ma tête légèrement enfoncée dans mes épaules.
- Bonjour Levius.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Jeu 4 Oct 2018 - 19:45
Levius sortit de son état de torpeur au moment où la silhouette d'un chien (qu'il connaissait bien) apparut dans son champ de vision périphérique. Il se mit en appuis sur son avant bras et suivit l'animal du regard, au moment où celui-ci sauta et jusqu'à ce qu'il retrouve forme humaine. Abigail se tenait à présent en face de lui.
Le jeune homme eut envie de sourire, mais il ne le fit pas. L'attitude de son amie semblait trahir quelque préoccupation et cela l'interpellait. Elle affichait des manières réservées, presque nerveuses. En outre, elle rougit même au moment de le saluer (ce qui ne lui ressemblait pas tant que cela).
Levius n'était pas lent dès qu'il s'agissait de comprendre ce genre de choses : il voyait qu'elle avait le cœur lourd, même s'il ignorait pourquoi. Assez naturellement, son sens de la déduction le ramena aux deux semaines de séparation, mais en vérité il peinait à y croire. Le jeune homme imaginait difficilement qu'on puisse manquer sa compagnie. La chose sortait très largement du cadre de ses représentations habituelles, pour n'avoir jamais été éprouvée. Lui même s’accommodait tant et si bien de la solitude qu'il oubliait volontiers de ramener ses besoins à leur juste valeur : c'est à dire hors norme.
« Bonjour Abi.
Répliqua-t-il donc de son éternel ton doux, tandis que ses prunelles azur rivaient les mains agitées de la jeune femme. Il ne su pas vraiment quoi lui dire pendant une poignée de secondes. Les pensées jaillissaient en pagaille dans sa tête et il ne savait pas par où commencer. Deux semaines, c'était un temps tout à la fois long et court. Le moral s'y écoulait en fleuve lent, tandis que le train de l'existence filait à vive allure et l'on pouvait en faire généreux comme avare résumé.
« Je suis content de te voir.
Souffla-t-il donc simplement, d'un ton timide. Levius se redressa en tailleur, afin de rétablir un genre d'équilibre entre sa posture et celle de la jeune femme. Il se sentait un brin mal à l'aise de constater combien sa légèreté (durement restaurée) contrastait avec l'état de nerf d'Abigail. D'afficher quelque indolence devenait comme grossier. Il craignait de la blesser à travers son attitude paisible (même s'il ne savait pas encore bien pourquoi). Hélas, Levius semblait bien incapable de deviner ce qui se trouvait dans la tête de son amie en cet instant. Son expérience et sa grande acuité en matière de rapports humains s'arrêtait au seuil des relations de couple. Il ne savait simplement pas et avait besoin qu'on lui explique les choses, tout simplement.
D'un geste un peu hésitant, le jeune homme proposa alors sa main à la jeune femme. Toutefois, il n'osa pas se hasarder plus loin que cela. En effet, les barrières qu'Abigail s'imposaient à elle-même semblaient s'appliquer également à lui. Il ressentait cette distance qu'elle mettait entre eux et cela le repoussait par effet d'empathie.
Le jeune homme eut envie de sourire, mais il ne le fit pas. L'attitude de son amie semblait trahir quelque préoccupation et cela l'interpellait. Elle affichait des manières réservées, presque nerveuses. En outre, elle rougit même au moment de le saluer (ce qui ne lui ressemblait pas tant que cela).
Levius n'était pas lent dès qu'il s'agissait de comprendre ce genre de choses : il voyait qu'elle avait le cœur lourd, même s'il ignorait pourquoi. Assez naturellement, son sens de la déduction le ramena aux deux semaines de séparation, mais en vérité il peinait à y croire. Le jeune homme imaginait difficilement qu'on puisse manquer sa compagnie. La chose sortait très largement du cadre de ses représentations habituelles, pour n'avoir jamais été éprouvée. Lui même s’accommodait tant et si bien de la solitude qu'il oubliait volontiers de ramener ses besoins à leur juste valeur : c'est à dire hors norme.
« Bonjour Abi.
Répliqua-t-il donc de son éternel ton doux, tandis que ses prunelles azur rivaient les mains agitées de la jeune femme. Il ne su pas vraiment quoi lui dire pendant une poignée de secondes. Les pensées jaillissaient en pagaille dans sa tête et il ne savait pas par où commencer. Deux semaines, c'était un temps tout à la fois long et court. Le moral s'y écoulait en fleuve lent, tandis que le train de l'existence filait à vive allure et l'on pouvait en faire généreux comme avare résumé.
« Je suis content de te voir.
Souffla-t-il donc simplement, d'un ton timide. Levius se redressa en tailleur, afin de rétablir un genre d'équilibre entre sa posture et celle de la jeune femme. Il se sentait un brin mal à l'aise de constater combien sa légèreté (durement restaurée) contrastait avec l'état de nerf d'Abigail. D'afficher quelque indolence devenait comme grossier. Il craignait de la blesser à travers son attitude paisible (même s'il ne savait pas encore bien pourquoi). Hélas, Levius semblait bien incapable de deviner ce qui se trouvait dans la tête de son amie en cet instant. Son expérience et sa grande acuité en matière de rapports humains s'arrêtait au seuil des relations de couple. Il ne savait simplement pas et avait besoin qu'on lui explique les choses, tout simplement.
D'un geste un peu hésitant, le jeune homme proposa alors sa main à la jeune femme. Toutefois, il n'osa pas se hasarder plus loin que cela. En effet, les barrières qu'Abigail s'imposaient à elle-même semblaient s'appliquer également à lui. Il ressentait cette distance qu'elle mettait entre eux et cela le repoussait par effet d'empathie.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Jeu 4 Oct 2018 - 22:00
J’avais beaucoup de mal à calmer mon rythme cardiaque, même la tête baissée sur mes genoux. Je devinais par les frémissements de la paille que j’entendais qu’il s’était redressé, mais je n’osais pas pour autant le regarder. J’étais certaine que si je le faisais, je n’allais pas pouvoir garder mon calme. Je ne voulais pas risquer de lui tomber dans les bras ou de faire une quelconque erreur et le mettre mal à l’aise comme je l’avais fait la dernière fois.
C’était une attitude peu commune que j’adoptais là avec lui, j’en avais parfaitement conscience. La dernière fois que j’avais agis ainsi en sa présence devait dater de nos premières rencontres. Après tout, moi aussi j’étais timide et je fuyais le regard des autres lorsque j’étais mal à l’aise… et maintenant, j’étais très mal à l’aise. L’absence de Levius avait créé un véritable gouffre à mon cœur, il m’avait profondément manqué, mais je voulais mettre un point d’honneur à le respecter. Après tout, je n’avais pas non plus été très démonstrative avec mon ex-compagne. Cela dit, ça avait été moins difficile pour moi de supporter la distance avec elle, déjà sans doute à cause de notre différence d’âge, ensuite parce que je devais accepter la nouvelle apparence de mon corps, et surtout, nous ne nous étions pas unies comme je l’avais fait avec mon ami d’enfance.
De ce fait, je n’avais pas conscience que je pouvais lui transmettre mon malaise, oubliant en cet instant l’empathie particulièrement élevée du jeune homme. Je l’étais moi aussi, et c’était ce qui me poussait à agir de la sorte.
Ses propos alors me rassurèrent, mais je restais nerveuse, sans oser relever la tête jusqu’à ce qu’il me tende la main. L’observant comme s’il s’agissait de la plus belle chose qu’il puisse m’offrir, j’hésitais à mon tour de longues secondes avant de cesser de froisser le tissu de ma robe d’une main pour venir joindre mes doigts aux siens. Le contact électrique que je sentais, parce que j’étais amoureuse, eut pour effet de me donner la chair de poule.
Toutefois, sentir enfin sa peau contre la mienne, aussi petit soit-il, me donna le courage de lever enfin les yeux sur lui, révélant mes légères cernes. Ça ne m’empêchait pas de lui sourire, même s’il y avait un fond de tristesse.
- Moi aussi… Tu m’as terriblement manqué…
Terriblement oui, et encore, je faisais attention à mesurer mes mots. J’essayais de toujours garder des distances avec lui, ainsi, je détournais bien vite la tête pour ne pas avoir à supporter son regard qui me sondait. Encore moins que je doive m’imposer de fixer ce corps contre lequel j’avais tant envie de m’appuyer. Le faire pourtant allait me permettre de pouvoir enfin réussir à respirer. Serrant doucement ses doigts, j’essayais de calmer mes faibles tremblements afin de ne pas trop trahir mon état intérieur.
Voilà bien longtemps que j’étais à ce point prise au dépourvu en sa présence. D’ordinaire, j’étais toujours capable de contourner les problèmes, réussir à lui parler malgré ses malaises, même sur des sujets délicats, j’arrivais à mettre mes propres problèmes de côté pour me consacrer totalement à lui et à sa sensibilité. Aujourd’hui, j’échouais totalement, et j’étais véritablement mise à nu, me sentant affaiblie devant ses yeux azurs qui avaient le pouvoir de me foudroyer sur place. Ainsi, j’essayais de mettre de côté mes états d’âme pour me comporter comme d’habitude, mais je ne voulais pas avoir l’air de faire semblant. Je partais du principe que si nous voulions avancer les deux, nous ne devrions pas avoir de secrets. De plus, j’étais fatiguée de toujours me montrer forte face aux autres. Après tout, je restais une personne particulièrement émotive, voilà pourquoi je me protégeais du contact des autres. Le destin avait décidé de me bousculer depuis le début de l’année, et pour la première fois, j’étais réellement dépassée. Osant lui jeter un regard furtif, je poussais un rapide soupir, comme pour me donner du courage.
- Je commençais à croire que tu ne voulais plus me voir.
C’était une attitude peu commune que j’adoptais là avec lui, j’en avais parfaitement conscience. La dernière fois que j’avais agis ainsi en sa présence devait dater de nos premières rencontres. Après tout, moi aussi j’étais timide et je fuyais le regard des autres lorsque j’étais mal à l’aise… et maintenant, j’étais très mal à l’aise. L’absence de Levius avait créé un véritable gouffre à mon cœur, il m’avait profondément manqué, mais je voulais mettre un point d’honneur à le respecter. Après tout, je n’avais pas non plus été très démonstrative avec mon ex-compagne. Cela dit, ça avait été moins difficile pour moi de supporter la distance avec elle, déjà sans doute à cause de notre différence d’âge, ensuite parce que je devais accepter la nouvelle apparence de mon corps, et surtout, nous ne nous étions pas unies comme je l’avais fait avec mon ami d’enfance.
De ce fait, je n’avais pas conscience que je pouvais lui transmettre mon malaise, oubliant en cet instant l’empathie particulièrement élevée du jeune homme. Je l’étais moi aussi, et c’était ce qui me poussait à agir de la sorte.
Ses propos alors me rassurèrent, mais je restais nerveuse, sans oser relever la tête jusqu’à ce qu’il me tende la main. L’observant comme s’il s’agissait de la plus belle chose qu’il puisse m’offrir, j’hésitais à mon tour de longues secondes avant de cesser de froisser le tissu de ma robe d’une main pour venir joindre mes doigts aux siens. Le contact électrique que je sentais, parce que j’étais amoureuse, eut pour effet de me donner la chair de poule.
Toutefois, sentir enfin sa peau contre la mienne, aussi petit soit-il, me donna le courage de lever enfin les yeux sur lui, révélant mes légères cernes. Ça ne m’empêchait pas de lui sourire, même s’il y avait un fond de tristesse.
- Moi aussi… Tu m’as terriblement manqué…
Terriblement oui, et encore, je faisais attention à mesurer mes mots. J’essayais de toujours garder des distances avec lui, ainsi, je détournais bien vite la tête pour ne pas avoir à supporter son regard qui me sondait. Encore moins que je doive m’imposer de fixer ce corps contre lequel j’avais tant envie de m’appuyer. Le faire pourtant allait me permettre de pouvoir enfin réussir à respirer. Serrant doucement ses doigts, j’essayais de calmer mes faibles tremblements afin de ne pas trop trahir mon état intérieur.
Voilà bien longtemps que j’étais à ce point prise au dépourvu en sa présence. D’ordinaire, j’étais toujours capable de contourner les problèmes, réussir à lui parler malgré ses malaises, même sur des sujets délicats, j’arrivais à mettre mes propres problèmes de côté pour me consacrer totalement à lui et à sa sensibilité. Aujourd’hui, j’échouais totalement, et j’étais véritablement mise à nu, me sentant affaiblie devant ses yeux azurs qui avaient le pouvoir de me foudroyer sur place. Ainsi, j’essayais de mettre de côté mes états d’âme pour me comporter comme d’habitude, mais je ne voulais pas avoir l’air de faire semblant. Je partais du principe que si nous voulions avancer les deux, nous ne devrions pas avoir de secrets. De plus, j’étais fatiguée de toujours me montrer forte face aux autres. Après tout, je restais une personne particulièrement émotive, voilà pourquoi je me protégeais du contact des autres. Le destin avait décidé de me bousculer depuis le début de l’année, et pour la première fois, j’étais réellement dépassée. Osant lui jeter un regard furtif, je poussais un rapide soupir, comme pour me donner du courage.
- Je commençais à croire que tu ne voulais plus me voir.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Ven 5 Oct 2018 - 19:25
Abigail mit un peu de temps à prendre la main de Levius et il le remarqua. Sa gestuelle était toujours réservée. Elle agissait comme si elle avait peur de lui ou de ses réactions. Il ne comprenait pas pourquoi : leur relation avait toujours été légère, voire évidente. Ils ne s'étaient jamais interrogé sur le sens de leurs actes, se contentant de se comporter comme l'écho de l'autre. Aucune question ne se posait jamais. Alors cette fois-ci et bien naturellement, Levius ne comprit pas pourquoi cela avait changé.
La jeune femme paraissait très fatiguée. Son visage enfantin affichait de légères cernes. Elle souriait, mais d'aucuns auraient été en mesure de voir combien ce sourire sonnait faux. Ainsi, l’aveu qu'elle fit sonna presque comme une sentence. Levius douta : fallait-il que les deux semaines de séparation fussent effectivement la cause de son abattement ?
Le jeune homme se sentait confus. Les choses commençaient doucement à s'assembler et faire sens dans son esprit, cependant, il n'était toujours sûr de rien. Le doute planait au dessus de ses certitudes et de sa logique habituelle. C'était un peu comme si on venait de lui demander d'ouvrir une serrure carrée avec une clé ronde : il avait beau essayer, cela ne donnait rien et la conclusion que venait d'émettre Abigail l'enfonça encore un peu dans cette impression.
« Pourquoi ?
Levius posa cette simple question à voix basse et d'un ton inquiet. L'affirmation de son amie semblait dire qu'il s'était mal comporté avec elle : on ne parvenait pas à de si graves conclusions sans indices ou faits préalables. Peut-être ne s'était-il pas assez intéressé au sens caché derrière le dessin aux lilas ? Peut-être aurait-il dû la réveiller au lendemain, afin de lui dire au revoir ? Mais son dessin disait déjà tout et elle dormait si bien : Levius n'avait rien voulu ajouter à cette fois-ci, comme à l'autre. Il était désemparé...
Désemparé et terriblement coupable de constater combien son attitude semblait émouvoir la jeune femme. Qu'avait-il donc fait pour la peiner de la sorte ? Depuis combien de temps ruminait-elle ainsi ? Allait-elle le laisser, maintenant que toute l'étendue de son incompétence en matière de relation se révélait ? Une graine d'anxiété germa dans les entrailles de Levius.
« Explique moi, s'il te plaît... Dit-il piteusement. Je ne comprends pas.
Le jeune homme désespérait de constater qu'il était incapable de deviner les raisons du malaise de son amie. Il se rappela alors des mots qu'il avait eu après l'aveu de ses sentiments : « Je n'ai jamais pensé que je pourrais être à la hauteur, de toute façon ». Cette réalité le frappa comme un coup sourd dans les entrailles.
Il se sentait bête, maladroit, immature... Aucun qualificatif ne semblait assez sévère pour le désigner car, comme à son habitude (la plus mauvaise de ses habitudes), Levius ne s'épargnait pas. Anxieux, on le vit donc adresser à Abigail un regard en biais. Un regard timide, presque craintif, comme il attendait de découvrir l'évidence à côté de laquelle il était passé.
La jeune femme paraissait très fatiguée. Son visage enfantin affichait de légères cernes. Elle souriait, mais d'aucuns auraient été en mesure de voir combien ce sourire sonnait faux. Ainsi, l’aveu qu'elle fit sonna presque comme une sentence. Levius douta : fallait-il que les deux semaines de séparation fussent effectivement la cause de son abattement ?
Le jeune homme se sentait confus. Les choses commençaient doucement à s'assembler et faire sens dans son esprit, cependant, il n'était toujours sûr de rien. Le doute planait au dessus de ses certitudes et de sa logique habituelle. C'était un peu comme si on venait de lui demander d'ouvrir une serrure carrée avec une clé ronde : il avait beau essayer, cela ne donnait rien et la conclusion que venait d'émettre Abigail l'enfonça encore un peu dans cette impression.
« Pourquoi ?
Levius posa cette simple question à voix basse et d'un ton inquiet. L'affirmation de son amie semblait dire qu'il s'était mal comporté avec elle : on ne parvenait pas à de si graves conclusions sans indices ou faits préalables. Peut-être ne s'était-il pas assez intéressé au sens caché derrière le dessin aux lilas ? Peut-être aurait-il dû la réveiller au lendemain, afin de lui dire au revoir ? Mais son dessin disait déjà tout et elle dormait si bien : Levius n'avait rien voulu ajouter à cette fois-ci, comme à l'autre. Il était désemparé...
Désemparé et terriblement coupable de constater combien son attitude semblait émouvoir la jeune femme. Qu'avait-il donc fait pour la peiner de la sorte ? Depuis combien de temps ruminait-elle ainsi ? Allait-elle le laisser, maintenant que toute l'étendue de son incompétence en matière de relation se révélait ? Une graine d'anxiété germa dans les entrailles de Levius.
« Explique moi, s'il te plaît... Dit-il piteusement. Je ne comprends pas.
Le jeune homme désespérait de constater qu'il était incapable de deviner les raisons du malaise de son amie. Il se rappela alors des mots qu'il avait eu après l'aveu de ses sentiments : « Je n'ai jamais pensé que je pourrais être à la hauteur, de toute façon ». Cette réalité le frappa comme un coup sourd dans les entrailles.
Il se sentait bête, maladroit, immature... Aucun qualificatif ne semblait assez sévère pour le désigner car, comme à son habitude (la plus mauvaise de ses habitudes), Levius ne s'épargnait pas. Anxieux, on le vit donc adresser à Abigail un regard en biais. Un regard timide, presque craintif, comme il attendait de découvrir l'évidence à côté de laquelle il était passé.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Ven 5 Oct 2018 - 20:58
En constatant et en entendant le piteux état de Levius, je réalisais que, encore une fois, j'en demandais trop, alors que justement, je m'appliquais à ne rien vouloir faire. La culpabilité vint s'ajouter à ma confusion. La peine et les interrogations de mon compagnon vinrent m'envahir, sous pression de ma grande empathie envers lui. Mes épaules s'affaissèrent, trop faibles pour supporter autant de poids.
Lorsque nous étions amis, tout était léger et coulait de source, puisque nous n'avions aucune contrainte. À présent que nous voulions nous engager, il y avait celle d'aimer l'autre comme il était. Moi je devais respecter l'indépendance de Levius, mais lui… lui devait réussir à songer que, des fois, j'allais avoir besoin de lui, de sa présence. Il y avait un évident mal entendu et je souhaitais très rapidement crever l'abcès car je ne voulais pas de ça entre nous. Avec mes relations amicales, je m'en fichais, je pouvais faire avec. Mais en la personne de Levius, c'était hors de question, d'autant plus que j'étais en partie responsable de notre état. Moi qui voulais passer un moment simple avec lui, pour ne pas le surcharger émotionnellement, voilà que j'étais arrivée tel un plomb de plusieurs kilos dans une balance si fragilement équilibrée. Osant un regard en biais, pour ne pas me mettre en erreur et ne pas lui imposer mon regard, j'essayais de trouver les bons mots avec une maladresse palpable.
- Ben… je pense que à cause de moi la dernière fois tu as été trop surpassé émotionnellement alors je t'ai laissé tranquille, j'attendais de tes nouvelles tous les jours, mais je n'ai rien osé réclamer.
Les mots prononcés décrivaient ce que je ressentais, pourtant il n'y avait aucune accusation dans mon ton. Il était doux et sans reproche bien qu'un peu tremblant. Nous nous connaissions par cœur, mais nous étions en train de nous découvrir autrement, en tant que couple. Restant nerveuse, car je craignais de mal m'exprimer, j'essayais de continuer.
- Alors j'ai trouvé le temps long au bout d'un moment et… je ne sais pas… j'ai fini par conclure que tu ne voulais plus me voir parce que je suis trop lourde pour toi émotionnellement…
Venant légèrement me mordre la lèvre inférieure, mal à l'aise, je parvenais enfin à me redresser tout en caressant sa main de mon pouce libre de mouvement. Je ne voulais pas l'accabler, bien au contraire, j'essayais de prendre toute la responsabilité de ce qui arrivait, même si son manque avait clairement été une torture pour moi. Je savais que ça n'avait pas été intentionnel de sa part. Bien sûr, je savais que ce que je disais-là n'était pas uniquement dû à mon aimé, et je me devais de le lui dire, pour éviter qu'il n'ait trop de remords, surtout de manière injustifiée. Parce que je savais qu'il était comme ça.
- Mais c'est un mélange de tout ce qui m'arrive ces derniers temps tu sais. Je… j'ai eu peur d'être à nouveau toute seule. Je veux dire, livrée à moi-même.
Car c'était ainsi que j'avais vécu ma rupture, même si elle avait été douce et faites dans un amour profond. Être seule n'était pas le fond du problème. Mon couple avec Adoración a vu le jour en partie à cause de mon accident, et l'espagnole avait toujours été à mes côtés pour me soutenir dans mes nuits et mes cauchemars. Ne plus être ainsi accompagnée de la sorte m'avait à ce point désarçonnée, ça m'avait été si insupportable, que je m'étais réfugiée dans les bras de mon meilleur ami… et ça aussi, j'allais devoir en parler à Levius, un jour. Joignant nos mains de celle restée libre, je continuais, toujours tranquillement, de plus en plus apaisée, à force de pouvoir m'ouvrir et qu'il n'y ait pas de non-dit entre nous.
- Tu n'as rien à te reprocher, tu es qui tu es, et je ne veux pas te changer maintenant que nous nous sommes avoués nos sentiments. Je t'aime comme tu es. C'est juste que… que j'aurai envie d'être plus souvent proche de toi. Ça me rassure, à cause de toutes mes peurs.
Je n'avais pas besoin de m'étendre sur le sujet, il les connaissait de manière très précise, peut-être même plus qu'Aileas. Rompant alors le contact avec ma seconde main, je la ramenai lentement sur ma cuisse pour que mes doigts revinrent jouer nerveusement avec le tissu de ma robe. Baissant à nouveau la tête, comme si ce que j'allais dire était un crime honteux, ma voix s'éteignit pour murmurer.
- J'aimerai être dans tes bras, pouvoir m'appuyer contre toi, j'étouffe de désir de t'embrasser… mais je n'ose pas… parce que je ne veux pas te faire de mal émotionnellement… j'ai peur de te perdre trop longtemps... que ce soit deux semaines ou sept ans...
Lorsque nous étions amis, tout était léger et coulait de source, puisque nous n'avions aucune contrainte. À présent que nous voulions nous engager, il y avait celle d'aimer l'autre comme il était. Moi je devais respecter l'indépendance de Levius, mais lui… lui devait réussir à songer que, des fois, j'allais avoir besoin de lui, de sa présence. Il y avait un évident mal entendu et je souhaitais très rapidement crever l'abcès car je ne voulais pas de ça entre nous. Avec mes relations amicales, je m'en fichais, je pouvais faire avec. Mais en la personne de Levius, c'était hors de question, d'autant plus que j'étais en partie responsable de notre état. Moi qui voulais passer un moment simple avec lui, pour ne pas le surcharger émotionnellement, voilà que j'étais arrivée tel un plomb de plusieurs kilos dans une balance si fragilement équilibrée. Osant un regard en biais, pour ne pas me mettre en erreur et ne pas lui imposer mon regard, j'essayais de trouver les bons mots avec une maladresse palpable.
- Ben… je pense que à cause de moi la dernière fois tu as été trop surpassé émotionnellement alors je t'ai laissé tranquille, j'attendais de tes nouvelles tous les jours, mais je n'ai rien osé réclamer.
Les mots prononcés décrivaient ce que je ressentais, pourtant il n'y avait aucune accusation dans mon ton. Il était doux et sans reproche bien qu'un peu tremblant. Nous nous connaissions par cœur, mais nous étions en train de nous découvrir autrement, en tant que couple. Restant nerveuse, car je craignais de mal m'exprimer, j'essayais de continuer.
- Alors j'ai trouvé le temps long au bout d'un moment et… je ne sais pas… j'ai fini par conclure que tu ne voulais plus me voir parce que je suis trop lourde pour toi émotionnellement…
Venant légèrement me mordre la lèvre inférieure, mal à l'aise, je parvenais enfin à me redresser tout en caressant sa main de mon pouce libre de mouvement. Je ne voulais pas l'accabler, bien au contraire, j'essayais de prendre toute la responsabilité de ce qui arrivait, même si son manque avait clairement été une torture pour moi. Je savais que ça n'avait pas été intentionnel de sa part. Bien sûr, je savais que ce que je disais-là n'était pas uniquement dû à mon aimé, et je me devais de le lui dire, pour éviter qu'il n'ait trop de remords, surtout de manière injustifiée. Parce que je savais qu'il était comme ça.
- Mais c'est un mélange de tout ce qui m'arrive ces derniers temps tu sais. Je… j'ai eu peur d'être à nouveau toute seule. Je veux dire, livrée à moi-même.
Car c'était ainsi que j'avais vécu ma rupture, même si elle avait été douce et faites dans un amour profond. Être seule n'était pas le fond du problème. Mon couple avec Adoración a vu le jour en partie à cause de mon accident, et l'espagnole avait toujours été à mes côtés pour me soutenir dans mes nuits et mes cauchemars. Ne plus être ainsi accompagnée de la sorte m'avait à ce point désarçonnée, ça m'avait été si insupportable, que je m'étais réfugiée dans les bras de mon meilleur ami… et ça aussi, j'allais devoir en parler à Levius, un jour. Joignant nos mains de celle restée libre, je continuais, toujours tranquillement, de plus en plus apaisée, à force de pouvoir m'ouvrir et qu'il n'y ait pas de non-dit entre nous.
- Tu n'as rien à te reprocher, tu es qui tu es, et je ne veux pas te changer maintenant que nous nous sommes avoués nos sentiments. Je t'aime comme tu es. C'est juste que… que j'aurai envie d'être plus souvent proche de toi. Ça me rassure, à cause de toutes mes peurs.
Je n'avais pas besoin de m'étendre sur le sujet, il les connaissait de manière très précise, peut-être même plus qu'Aileas. Rompant alors le contact avec ma seconde main, je la ramenai lentement sur ma cuisse pour que mes doigts revinrent jouer nerveusement avec le tissu de ma robe. Baissant à nouveau la tête, comme si ce que j'allais dire était un crime honteux, ma voix s'éteignit pour murmurer.
- J'aimerai être dans tes bras, pouvoir m'appuyer contre toi, j'étouffe de désir de t'embrasser… mais je n'ose pas… parce que je ne veux pas te faire de mal émotionnellement… j'ai peur de te perdre trop longtemps... que ce soit deux semaines ou sept ans...
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Ven 5 Oct 2018 - 21:53
Levius écouta attentivement les explications d'Abigail, avec cette façon caractéristique qu'il avait de toujours regarder à côté des personnes. Il semblait distrait, comme habité par quelque songerie abstraite, mais en réalité il ne manquait pas un mot du discours de son amie. A ce titre, cette dernière avait visiblement bien compris les enjeux de la conversation, puisqu'elle s'appliqua à exposer clairement et simplement le fond de sa pensée. Ainsi, Levius put enfin reconstituer le schéma des deux semaines passées et se mettre correctement à la place d'Abigail.
En outre, elle parvenait à présenter ses sentiments sans omettre de ménager ceux du garçon. Ce dernier comprit qu'il n'avait pas besoin de s'accabler de trop (même s'il s'en empêchait difficilement). Cependant, les dernières paroles de la jeune femme le troublèrent au point de lui arracher un discret sursaut. Levius n'imaginait pas qu'elle redoute à ce point de le déborder. Il se sentait déconcerté par le portrait que cela traçait de lui, loin d'imaginer que son caractère fusse si problématique. Il était tout à la fois touché et blessé par ce dernier aveu et hésita longuement avant de répondre quoi que ce soit.
« Je... Abi...
Bégaya-t-il. On le vit passer une main décontenancée sur son front. Puis, il réajusta nerveusement la position de ses lunettes de vue et regarda distraitement à droite et à gauche. Quelques secondes s'écoulèrent ainsi avant qu'il ne se décide à approcher d'elle afin de la prendre simplement dans ses bras.
Le contact eut pour effet d'accélérer vivement le rythme de son cœur et le faire rougir : depuis deux semaines, c'était tout comme s'ils ne s'étaient jamais étreints. Levius réalisa alors combien les sentiments d'Abigail s'appuyaient sur des choses tangibles : ne pas se voir érodait le vécu. C'était un fait qu'il n'avait jamais envisagé. Pensif, il la serra un moment contre son épaule, avant de se décider à déposer un baiser sur son front et reprendre la parole.
« Pardon... Je... Je ne me suis pas rendu compte. Dit-il. C'est juste que...
Il ne savait pas comment exprimer clairement les choses. A nouveau, le silence s'imposa donc sur eux, tandis que le sorcier réfléchissait à ce qu'il avait envie de dire. Aux pensées s'ajouta le contact tiède des deux corps enlacés. Levius se demanda comment il était parvenu à se dispenser de la chaleur si douce et unique de son amie pendant tout ce temps... Et ce fut précisément cette question qui lui permis d'amorcer son discours.
« Quand je suis dans cet état, je ne vois pas le temps passer.
Il avait l'impression que sa raison n'était pas légitime. Il poursuivit néanmoins.
« Je... Tu sais... C'est que je n'ai pas vraiment envie de t'imposer ça. Tu me connais, tu sais... Tu sais comment je suis, quand je suis dans ma bulle. Je me dis que tu n'as rien à gagner à rester avec moi dans ces moments là... Ce n'est pas... Ce n'est objectivement pas agréable.
Il s'exprimait doucement, presque comme un enfant honteux qui se confondrait en excuse après avoir fait une bêtise.
« Je veux être là pour toi Abi, mais... Je ne sais pas, je me dis que parfois, je risque surtout d'être un poids pour toi. Tu n'as pas besoin de te rajouter la gestion de mon tempérament sur le dos dans ces... Dans ces moments là. Ce n'est pas... Je ne le fais pas exprès. Si je pouvais, je fonctionnerais autrement... Je t'assure que...
Il commençait à s'embrouiller, à ne plus savoir comment agencer toutes les idées qui s'imposaient à son esprit. Tout se présentait en même temps, il avait du mal à trier, ordonner.
« Pardon Abi. Dit-il enfin à voix basse. Je te jure que j'essayerais de faire plus attention. Mais... Je ne suis pas sûr d'y arriver tout de suite... S'il te plaît, ne m'en veut pas trop... Si je n'y arrive pas tout de suite.
En outre, elle parvenait à présenter ses sentiments sans omettre de ménager ceux du garçon. Ce dernier comprit qu'il n'avait pas besoin de s'accabler de trop (même s'il s'en empêchait difficilement). Cependant, les dernières paroles de la jeune femme le troublèrent au point de lui arracher un discret sursaut. Levius n'imaginait pas qu'elle redoute à ce point de le déborder. Il se sentait déconcerté par le portrait que cela traçait de lui, loin d'imaginer que son caractère fusse si problématique. Il était tout à la fois touché et blessé par ce dernier aveu et hésita longuement avant de répondre quoi que ce soit.
« Je... Abi...
Bégaya-t-il. On le vit passer une main décontenancée sur son front. Puis, il réajusta nerveusement la position de ses lunettes de vue et regarda distraitement à droite et à gauche. Quelques secondes s'écoulèrent ainsi avant qu'il ne se décide à approcher d'elle afin de la prendre simplement dans ses bras.
Le contact eut pour effet d'accélérer vivement le rythme de son cœur et le faire rougir : depuis deux semaines, c'était tout comme s'ils ne s'étaient jamais étreints. Levius réalisa alors combien les sentiments d'Abigail s'appuyaient sur des choses tangibles : ne pas se voir érodait le vécu. C'était un fait qu'il n'avait jamais envisagé. Pensif, il la serra un moment contre son épaule, avant de se décider à déposer un baiser sur son front et reprendre la parole.
« Pardon... Je... Je ne me suis pas rendu compte. Dit-il. C'est juste que...
Il ne savait pas comment exprimer clairement les choses. A nouveau, le silence s'imposa donc sur eux, tandis que le sorcier réfléchissait à ce qu'il avait envie de dire. Aux pensées s'ajouta le contact tiède des deux corps enlacés. Levius se demanda comment il était parvenu à se dispenser de la chaleur si douce et unique de son amie pendant tout ce temps... Et ce fut précisément cette question qui lui permis d'amorcer son discours.
« Quand je suis dans cet état, je ne vois pas le temps passer.
Il avait l'impression que sa raison n'était pas légitime. Il poursuivit néanmoins.
« Je... Tu sais... C'est que je n'ai pas vraiment envie de t'imposer ça. Tu me connais, tu sais... Tu sais comment je suis, quand je suis dans ma bulle. Je me dis que tu n'as rien à gagner à rester avec moi dans ces moments là... Ce n'est pas... Ce n'est objectivement pas agréable.
Il s'exprimait doucement, presque comme un enfant honteux qui se confondrait en excuse après avoir fait une bêtise.
« Je veux être là pour toi Abi, mais... Je ne sais pas, je me dis que parfois, je risque surtout d'être un poids pour toi. Tu n'as pas besoin de te rajouter la gestion de mon tempérament sur le dos dans ces... Dans ces moments là. Ce n'est pas... Je ne le fais pas exprès. Si je pouvais, je fonctionnerais autrement... Je t'assure que...
Il commençait à s'embrouiller, à ne plus savoir comment agencer toutes les idées qui s'imposaient à son esprit. Tout se présentait en même temps, il avait du mal à trier, ordonner.
« Pardon Abi. Dit-il enfin à voix basse. Je te jure que j'essayerais de faire plus attention. Mais... Je ne suis pas sûr d'y arriver tout de suite... S'il te plaît, ne m'en veut pas trop... Si je n'y arrive pas tout de suite.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Ven 5 Oct 2018 - 23:51
Ainsi intimidée face à lui et ce que je venais de dire, je n'osais plus bouger, totalement immobile face à lui comme une statue de sel. Mais lorsqu'il s'approcha enfin pour me prendre dans ses bras, à l'instar de notre nuit d'amour, je retrouvais vie. M'appuyant sur son épaule tout en cachant mon visage dans son cou, je passais tendrement mes mains dans son dos pour raffermir notre étreinte. Sans me formaliser de son silence, je me contentais d'apprécier simplement ce contact chaud que j'avais tant souhaité retrouver depuis des jours. Comme s'il venait de me donner de l'oxygène alors que j'étouffais, je prenais le temps d'inspirer longuement et profondément.
Bien que peu convaincante, sa première explication me suffisait, et soulagée de ne pas être repoussée ou être un poids pour lui, je fermais les yeux en me sentant petit à petit apaisée, mes tremblements cessant aussi. Mes pensées commencèrent à s'envoler durant le court instant de silence qui s'installait jusqu'à ce qu'il reprenne ses explications.
Attentive et sans jugement, je l'écoutais sans l'interrompre un seul instant, mes paupières s'ouvrant sensiblement. Collée à lui, je sentais son rythme cardiaque augmenter, alors que je le devinais se confondre en excuse, mais s'embrouiller également. Devinant rapidement qu'il commençait à être envahi par trop de pensées, je relevais lentement la tête lorsqu'il terminait pour l'observer, non sans une pointe amoureuse. Glissant une main de son dos, je la passais tendrement dans ses cheveux ne réussissant à le quitter du regard, sans pour lui imposer le mien.
- Allons, calmes toi.
Lentement, je me penchais sur lui pour déposer un délicat baiser sur le bout de son nez.
- Je ne te demande pas d'y arriver tout de suite, ni même de changer, c'est ce que tu es que j'apprécie Levius, pas un autre toi.
Retrouvant ce sourire que j'avais d'ordinaire avec lui, je gravais les traits de son visage dans ma mémoire, comme si le voir d'aussi près à la lumière du jour était la plus belle chose qui puisse m'arriver aujourd'hui. Je ne relevais pas ses excuses, parce qu'à mes yeux, il n'avait pas besoin de le faire.
- Tu n'es pas un poids pour moi, même lorsque tu es dans ces états. Au contraire, je veux t'aider, moi aussi je veux être là pour toi… mais je ne veux pas m'imposer si ma présence ne t'encourage pas à te calmer, tu vois ? Je voudrai que tu puisses me voir un peu comme un réceptacle.
Tant et si bien amoureuse de lui, j'étais prête à sacrifier ma présence auprès de lui pour ne pas le déranger. Néanmoins, je profitais, un peu lâchement, de l'instant, pour lui suggérer une solution qui pourrait peut-être nous convenir à tous les deux. Je ne serai pas chassée, et s'il en avait besoin, il me saurait non loin. J'étais l'une des rares personnes qui savait plus ou moins gérer ses crises, selon leur niveau, j'avais donc confiance en moi, en l'avenir et en mon sens de l'improvisation. Et quand bien même, rester avec lui ne signifiait pas que je voulais me greffer à lui, je n'étais pas de ce genre, et il le savait. Mon seul souhait était d'être à ses côtés, comme son ombre, discrète et au loin, suivant la lumière qui éclairerait notre couple.
N'y tenant plus, je venais rompre le dernier espace qui me séparait de lui. En chemin, j'articulais un "je t'aime" à peine audible avant de venir l'embrasser avec une infinie tendresse.
Bien que peu convaincante, sa première explication me suffisait, et soulagée de ne pas être repoussée ou être un poids pour lui, je fermais les yeux en me sentant petit à petit apaisée, mes tremblements cessant aussi. Mes pensées commencèrent à s'envoler durant le court instant de silence qui s'installait jusqu'à ce qu'il reprenne ses explications.
Attentive et sans jugement, je l'écoutais sans l'interrompre un seul instant, mes paupières s'ouvrant sensiblement. Collée à lui, je sentais son rythme cardiaque augmenter, alors que je le devinais se confondre en excuse, mais s'embrouiller également. Devinant rapidement qu'il commençait à être envahi par trop de pensées, je relevais lentement la tête lorsqu'il terminait pour l'observer, non sans une pointe amoureuse. Glissant une main de son dos, je la passais tendrement dans ses cheveux ne réussissant à le quitter du regard, sans pour lui imposer le mien.
- Allons, calmes toi.
Lentement, je me penchais sur lui pour déposer un délicat baiser sur le bout de son nez.
- Je ne te demande pas d'y arriver tout de suite, ni même de changer, c'est ce que tu es que j'apprécie Levius, pas un autre toi.
Retrouvant ce sourire que j'avais d'ordinaire avec lui, je gravais les traits de son visage dans ma mémoire, comme si le voir d'aussi près à la lumière du jour était la plus belle chose qui puisse m'arriver aujourd'hui. Je ne relevais pas ses excuses, parce qu'à mes yeux, il n'avait pas besoin de le faire.
- Tu n'es pas un poids pour moi, même lorsque tu es dans ces états. Au contraire, je veux t'aider, moi aussi je veux être là pour toi… mais je ne veux pas m'imposer si ma présence ne t'encourage pas à te calmer, tu vois ? Je voudrai que tu puisses me voir un peu comme un réceptacle.
Tant et si bien amoureuse de lui, j'étais prête à sacrifier ma présence auprès de lui pour ne pas le déranger. Néanmoins, je profitais, un peu lâchement, de l'instant, pour lui suggérer une solution qui pourrait peut-être nous convenir à tous les deux. Je ne serai pas chassée, et s'il en avait besoin, il me saurait non loin. J'étais l'une des rares personnes qui savait plus ou moins gérer ses crises, selon leur niveau, j'avais donc confiance en moi, en l'avenir et en mon sens de l'improvisation. Et quand bien même, rester avec lui ne signifiait pas que je voulais me greffer à lui, je n'étais pas de ce genre, et il le savait. Mon seul souhait était d'être à ses côtés, comme son ombre, discrète et au loin, suivant la lumière qui éclairerait notre couple.
N'y tenant plus, je venais rompre le dernier espace qui me séparait de lui. En chemin, j'articulais un "je t'aime" à peine audible avant de venir l'embrasser avec une infinie tendresse.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Sam 6 Oct 2018 - 22:00
L'injonction d'Abigail ramena aussitôt Levius à un état de calme relatif. Il ne fallait jamais hésiter à lui ordonner de faire taire ses pensées, aux moments où celles-ci l'envahissaient. Le jeune homme ne disposait pas du cadre mental possédé (normalement) par tous les individus et qui circonscrivait les pensées aux murs de la raison. Il pouvait aisément glisser dans l'excès et parvenir aux pires conclusions sur la base de faits dérisoires. La logique perdait de sa valeur à mesure qu'il se hasardait en conjonctures. Là était son fardeau et c'est pourquoi il vivait l'autorité des ordres sains comme de véritables mains providentielles tendues vers lui.
Ainsi, le rythme de son cœur commença à s'apaiser à partir du moment où Abigail lui ordonna simplement de se calmer et la suite l'atteint sans soulever beaucoup d'anxiété. Il comprenait la bienveillance avec laquelle son amie tentait de se rapprocher de lui. Vouloir l'accompagner dans ses moments terribles, n'était-ce pas là une belle marque d'amour ?
Levius le comprenait, mais il peinait à accepter l'idée comme une requête. Il ne voulait vraiment pas devenir un poids pour elle. Il était même persuadé qu'Abigail serait prête à prendre sur elle au début, mais qu'à terme cela éroderait leurs rapports. Le jeune homme avait bien conscience de ses limites et qu'à certains moments, son fonctionnement tirait davantage vers le handicap que la normalité.
Fort de ces pensées, le garçon se laissa embrasser sans mot dire. Il eut un sursaut du cœur en entendant prononcer les mots d'amour : c'était la première fois. Alors, son cœur se remit à tambouriner dans sa poitrine et il oublia momentanément toutes formes de préoccupations. Le baiser s'éternisa même un peu, car Levius la retint au moment de partir. Il avait joint sur ses joues deux mains tendres et s'en vint poser son front contre celui de la jeune femme une fois que le précédent geste fut épuisé.
« Tu me fais tellement plaisir...
Souffla-t-il sur le ton d'une confidence que l'on aurait arraché de force (il avait l'air à bout de souffle, comme face à une chose trop grande et qui le dépasserait). Le jeune homme réalisait (sans doute) ce que cela faisait de s'entendre dire que l'on est aimé. Il n'avait jamais reçu pareil cadeau (si ce n'est à travers les termes de l'amitié et de l'attachement familial). Son regard azur regardait loin, mais son esprit rivait le cœur (et rien d'autre). Levius se sentait profondément heureux en cet instant. Il en oublia presque le reste.
« Pendant les jours qui ont suivi, il y avait des chiffres partout. Il retint son souffle pendant quelques secondes avant de reprendre. Ça ne m'a pas dérangé au début, mais ils ne voulaient pas me laisser.
Le jeune homme savait qu'il n'y avait rien de cohérent (en apparence) dans un tel discours, pour la bonne et simple raison que la plupart des gens ne percevait pas le monde comme lui. Néanmoins, Abigail connaissait suffisamment le sujet pour qu'il s'enhardisse à une tentative.
« Je me sentais à fleur de peau... La moindre sollicitation était comme une agression. Tu vois c'est... C'est pour ça que je ne tiens pas à ce que tu sois là dans ce genre de moment. Ça n'a... ça n'a rien de personnel, mais parfois je ne supporte plus rien... Qu'on me parle, qu'on me touche, qu'on... Rien du tout.
Il haussa vaguement les épaules, s'arrêta et soupira brièvement avant de fermer lentement les yeux.
« Je m'en veux de dire ça. Souffla-t-il. Ne le prend pas pour toi surtout. Ça n'a rien à voir...
Le jeune homme eut l'air de réfléchir. Trois ou quatre secondes s'écoulèrent de la sorte mais, alors qu'il semblait prêt à laisser répondre la jeune femme, Levius éprouva quand même le besoin d'ajouter quelque chose.
« Cela dit si... Si jamais tu as envie de me voir, j'aimerais que tu me le dises avant de... Avant de commencer à penser des choses. S'il-te plaît...
Ainsi, le rythme de son cœur commença à s'apaiser à partir du moment où Abigail lui ordonna simplement de se calmer et la suite l'atteint sans soulever beaucoup d'anxiété. Il comprenait la bienveillance avec laquelle son amie tentait de se rapprocher de lui. Vouloir l'accompagner dans ses moments terribles, n'était-ce pas là une belle marque d'amour ?
Levius le comprenait, mais il peinait à accepter l'idée comme une requête. Il ne voulait vraiment pas devenir un poids pour elle. Il était même persuadé qu'Abigail serait prête à prendre sur elle au début, mais qu'à terme cela éroderait leurs rapports. Le jeune homme avait bien conscience de ses limites et qu'à certains moments, son fonctionnement tirait davantage vers le handicap que la normalité.
Fort de ces pensées, le garçon se laissa embrasser sans mot dire. Il eut un sursaut du cœur en entendant prononcer les mots d'amour : c'était la première fois. Alors, son cœur se remit à tambouriner dans sa poitrine et il oublia momentanément toutes formes de préoccupations. Le baiser s'éternisa même un peu, car Levius la retint au moment de partir. Il avait joint sur ses joues deux mains tendres et s'en vint poser son front contre celui de la jeune femme une fois que le précédent geste fut épuisé.
« Tu me fais tellement plaisir...
Souffla-t-il sur le ton d'une confidence que l'on aurait arraché de force (il avait l'air à bout de souffle, comme face à une chose trop grande et qui le dépasserait). Le jeune homme réalisait (sans doute) ce que cela faisait de s'entendre dire que l'on est aimé. Il n'avait jamais reçu pareil cadeau (si ce n'est à travers les termes de l'amitié et de l'attachement familial). Son regard azur regardait loin, mais son esprit rivait le cœur (et rien d'autre). Levius se sentait profondément heureux en cet instant. Il en oublia presque le reste.
« Pendant les jours qui ont suivi, il y avait des chiffres partout. Il retint son souffle pendant quelques secondes avant de reprendre. Ça ne m'a pas dérangé au début, mais ils ne voulaient pas me laisser.
Le jeune homme savait qu'il n'y avait rien de cohérent (en apparence) dans un tel discours, pour la bonne et simple raison que la plupart des gens ne percevait pas le monde comme lui. Néanmoins, Abigail connaissait suffisamment le sujet pour qu'il s'enhardisse à une tentative.
« Je me sentais à fleur de peau... La moindre sollicitation était comme une agression. Tu vois c'est... C'est pour ça que je ne tiens pas à ce que tu sois là dans ce genre de moment. Ça n'a... ça n'a rien de personnel, mais parfois je ne supporte plus rien... Qu'on me parle, qu'on me touche, qu'on... Rien du tout.
Il haussa vaguement les épaules, s'arrêta et soupira brièvement avant de fermer lentement les yeux.
« Je m'en veux de dire ça. Souffla-t-il. Ne le prend pas pour toi surtout. Ça n'a rien à voir...
Le jeune homme eut l'air de réfléchir. Trois ou quatre secondes s'écoulèrent de la sorte mais, alors qu'il semblait prêt à laisser répondre la jeune femme, Levius éprouva quand même le besoin d'ajouter quelque chose.
« Cela dit si... Si jamais tu as envie de me voir, j'aimerais que tu me le dises avant de... Avant de commencer à penser des choses. S'il-te plaît...
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Sam 6 Oct 2018 - 22:56
Quand, au moment de me reculer, il me retint, encadrant mon visage de ses mains, j'en perdais un peu la notion du haut et du bas. Une nouvelle ivresse vint alcooliser délicieusement mon âme et je me laissais emporter dans ce Nirvana. Passant mes deux mains sur sa nuque, je me perdais en caresses subtiles, même lorsque le contact fut rompu pour laisser place à celui de nos fronts. Je m'obstinais à garder les yeux fermés pour encore mieux savourer l'instant. Avec plaisir, je prenais conscience que depuis notre dernière rencontre, je voulais prolonger chaque moment passé avec lui, ne serait-ce que de quelques secondes. Il m'envahissait de toute sa présence, colorant mon corps et l'entier de ma sphère privée, le tout accompagné d'une chaleur rassurante. Moi qui étais très insécurisée dernièrement, ce contact me faisait le plus grand bien.
Lentement, je réalisais que je devenais dépendante, et j'avais l'intime conviction que ça allait durer toute ma vie. Tout comme j'étais condamnée à aimer Adoración jusqu'à la fin de mes jours. Je savais que j'allais devoir parler d'elle à Levius un jour, tout comme de ma relation charnelle avec le Summerbee, pourtant, je ne m'en sentais pas le courage aujourd'hui. Je voulais profiter que nous puissions pour la première fois nous retrouver, et ne pas nous surcharger émotionnellement. Nous en avions trop fait la fois passée.
Mon ami d'enfance c'était insinué en moi depuis que nous étions enfants, et je n'avais jamais réellement pu me passer de lui. Sans que je ne m'en rende compte, il était resté dans un coin de ma tête et de mon cœur. Un endroit bien à lui. Ça avait toujours été là, je n'en avais juste pas conscience. Avec un sourire tendre, j'accueillais ses mots avec tranquillité, le serrant doucement contre moi un peu plus fort pendant quelques secondes.
La suite me força pourtant à rouvrir les paupières au monde, me redressant légèrement, quittant le contact de son visage pour mieux le considérer, toujours sans lui imposer mon regard. De temps à autre, je regardais devant moi pour réfléchir à tout ce qu'il disait.
Je connaissais sa manière de fonctionner et de voir le monde, ainsi, je n'étais ni surprise, ni choquée de sa confidence. Même si pour moi la situation restait abstraite, je traduisais avec mes propres mots, comme si je possédais un décodeur. Pouvoir l'expliquer en revanche ne m'étais que difficilement possible. C'était un ressenti tout au fond de mon être, comme si j'étais une partie de lui qui s'était envolée un jour. Il était l'une des miennes. Ensemble, nous étions réunis et nous formions un tout. Ça avait déjà été le cas lorsque nous étions plus jeunes et de simples amis. S'en était d'autant plus vrai maintenant que nous nous étions avoué nos sentiments amoureux.
- Quels chiffres te hantaient à ce point ?
Je savais que les nombres avaient une signification particulière pour Levius, et je désirais vraiment lui venir en aide, même si je me trouvais obligée d'improviser la plupart du temps. Fort heureusement, ma grande empathie envers sa personne m'aidait, en plus de nos deux esprits jumeaux.
Néanmoins, je me sentais désemparée en ressentant la porte close. Non pas que je m'en voulais de ne pas pouvoir lui venir en aide, je savais bien qu'il n'avait besoin que de calme et de lui pour se retrouver. Je ressentais du désarroi uniquement parce que je me sentais inutile, et parce que je ressentais là comme une fatalité, que rien ne pouvait changer, qu'il n'y avait aucune autre solution.
Rapidement, je réfléchissais alors à notre avenir. Si par exemple un jour nous venions à vivre ensemble sous le même toit, comment allions-nous gérer ce genre de situations ? La ferme était un endroit idéal pour se faire, car elle me permettait de rester à l'extérieur de sa bulle sans pour autant devoir y pénétrer. Je pouvais veiller sur lui sans qu'il ne me voie, et ce challenge là, je l'acceptais sans aucune hésitation. Mais si nous devions vivre dans un endroit plus petit, comme mon appartement, il était clair que ça n'allait pas être possible.
Me blottissant tendrement contre lui, je soupirai légèrement en répondant d'une voix lointaine, toujours aux prises de mes réflexions silencieuses.
- Je ne le prends pas pour moi… j'aimerai juste… je ne sais pas… trouver une solution. Pour que nous puissions vivre ensemble dans la sérénité.
Toujours en train de remuer ses dernières paroles, il me fallut le temps de rassembler mes idées. Tout comme lui, des fois mes pensées pouvaient s'envoler loin et devenir extravagantes et injustifiées. Voilà pourquoi j'avais pensé qu'il ne voulait plus me voir, mais je comprenais ce qu'il voulait me dire. Comme il avait besoin d'être cadré de temps à autre, il en était de même pour moi.
- Je voudrais bien… mais comment puis-je le faire si la moindre sollicitation extérieure t'agresse ?
Rebondissant sans agressivité sur ce qu'il venait de me dire, je relevais la tête pour le regarder, toujours sans le moindre jugement. Je voulais véritablement comprendre et trouver une solution, pour notre avenir. Je ne pouvais pas me contenter de le voir toutes les deux semaines, et je craignais tout au fond de mon être qu'il disparaisse pendant sept ans comme il l'avait déjà fait. Même si à ce moment je n'avais pas souffert de son absence, confiante que rien n'allait changer, et ça avait été le cas, ça n'allait plus être possible pour moi en l'état actuel. C'était une crainte viscérale qui s'était soulevée durant ces deux semaines et je savais par avance que je n'allais pas pouvoir le supporter. Perdre d'abord Adoración, puis Levius, pour plusieurs années chacun... Non. J'en perdrais la raison, sans le moindre doute.
Chassant de mon esprit cet abandon qui me menaçait dans l'ombre, aux côtés du loup-garou, je ne pouvais retenir un frisson, m'accrochant davantage à mon aimé. Après un instant de plus, je réussissais à sourire en coin, songeant à une vieille histoire que j'avais lue des années auparavant.
- Est-ce que tu connais le mythe d'Androgyne ?
Lentement, je réalisais que je devenais dépendante, et j'avais l'intime conviction que ça allait durer toute ma vie. Tout comme j'étais condamnée à aimer Adoración jusqu'à la fin de mes jours. Je savais que j'allais devoir parler d'elle à Levius un jour, tout comme de ma relation charnelle avec le Summerbee, pourtant, je ne m'en sentais pas le courage aujourd'hui. Je voulais profiter que nous puissions pour la première fois nous retrouver, et ne pas nous surcharger émotionnellement. Nous en avions trop fait la fois passée.
Mon ami d'enfance c'était insinué en moi depuis que nous étions enfants, et je n'avais jamais réellement pu me passer de lui. Sans que je ne m'en rende compte, il était resté dans un coin de ma tête et de mon cœur. Un endroit bien à lui. Ça avait toujours été là, je n'en avais juste pas conscience. Avec un sourire tendre, j'accueillais ses mots avec tranquillité, le serrant doucement contre moi un peu plus fort pendant quelques secondes.
La suite me força pourtant à rouvrir les paupières au monde, me redressant légèrement, quittant le contact de son visage pour mieux le considérer, toujours sans lui imposer mon regard. De temps à autre, je regardais devant moi pour réfléchir à tout ce qu'il disait.
Je connaissais sa manière de fonctionner et de voir le monde, ainsi, je n'étais ni surprise, ni choquée de sa confidence. Même si pour moi la situation restait abstraite, je traduisais avec mes propres mots, comme si je possédais un décodeur. Pouvoir l'expliquer en revanche ne m'étais que difficilement possible. C'était un ressenti tout au fond de mon être, comme si j'étais une partie de lui qui s'était envolée un jour. Il était l'une des miennes. Ensemble, nous étions réunis et nous formions un tout. Ça avait déjà été le cas lorsque nous étions plus jeunes et de simples amis. S'en était d'autant plus vrai maintenant que nous nous étions avoué nos sentiments amoureux.
- Quels chiffres te hantaient à ce point ?
Je savais que les nombres avaient une signification particulière pour Levius, et je désirais vraiment lui venir en aide, même si je me trouvais obligée d'improviser la plupart du temps. Fort heureusement, ma grande empathie envers sa personne m'aidait, en plus de nos deux esprits jumeaux.
Néanmoins, je me sentais désemparée en ressentant la porte close. Non pas que je m'en voulais de ne pas pouvoir lui venir en aide, je savais bien qu'il n'avait besoin que de calme et de lui pour se retrouver. Je ressentais du désarroi uniquement parce que je me sentais inutile, et parce que je ressentais là comme une fatalité, que rien ne pouvait changer, qu'il n'y avait aucune autre solution.
Rapidement, je réfléchissais alors à notre avenir. Si par exemple un jour nous venions à vivre ensemble sous le même toit, comment allions-nous gérer ce genre de situations ? La ferme était un endroit idéal pour se faire, car elle me permettait de rester à l'extérieur de sa bulle sans pour autant devoir y pénétrer. Je pouvais veiller sur lui sans qu'il ne me voie, et ce challenge là, je l'acceptais sans aucune hésitation. Mais si nous devions vivre dans un endroit plus petit, comme mon appartement, il était clair que ça n'allait pas être possible.
Me blottissant tendrement contre lui, je soupirai légèrement en répondant d'une voix lointaine, toujours aux prises de mes réflexions silencieuses.
- Je ne le prends pas pour moi… j'aimerai juste… je ne sais pas… trouver une solution. Pour que nous puissions vivre ensemble dans la sérénité.
Toujours en train de remuer ses dernières paroles, il me fallut le temps de rassembler mes idées. Tout comme lui, des fois mes pensées pouvaient s'envoler loin et devenir extravagantes et injustifiées. Voilà pourquoi j'avais pensé qu'il ne voulait plus me voir, mais je comprenais ce qu'il voulait me dire. Comme il avait besoin d'être cadré de temps à autre, il en était de même pour moi.
- Je voudrais bien… mais comment puis-je le faire si la moindre sollicitation extérieure t'agresse ?
Rebondissant sans agressivité sur ce qu'il venait de me dire, je relevais la tête pour le regarder, toujours sans le moindre jugement. Je voulais véritablement comprendre et trouver une solution, pour notre avenir. Je ne pouvais pas me contenter de le voir toutes les deux semaines, et je craignais tout au fond de mon être qu'il disparaisse pendant sept ans comme il l'avait déjà fait. Même si à ce moment je n'avais pas souffert de son absence, confiante que rien n'allait changer, et ça avait été le cas, ça n'allait plus être possible pour moi en l'état actuel. C'était une crainte viscérale qui s'était soulevée durant ces deux semaines et je savais par avance que je n'allais pas pouvoir le supporter. Perdre d'abord Adoración, puis Levius, pour plusieurs années chacun... Non. J'en perdrais la raison, sans le moindre doute.
Chassant de mon esprit cet abandon qui me menaçait dans l'ombre, aux côtés du loup-garou, je ne pouvais retenir un frisson, m'accrochant davantage à mon aimé. Après un instant de plus, je réussissais à sourire en coin, songeant à une vieille histoire que j'avais lue des années auparavant.
- Est-ce que tu connais le mythe d'Androgyne ?
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Dim 7 Oct 2018 - 10:32
Le jeune homme sembla se renfrogner un peu quand Abigail lui demanda quels chiffres étaient venus le hanter. Il n'osa pas le dire, car son amie disposait du « code » et s'il lui avouait la présence du 6, du 4 et du 1 auprès de lui, elle traduirait cela en « Abi » et comprendrait alors la vérité cachée sous les signes.
Cette idée le mettait à nu d'une manière désagréable. Il ne savait pas très bien pourquoi, mais Levius ne voulait pas éprouver cette sensation maintenant. Il avait le sentiment d'avoir enfin restauré son intégrité psychique, en resserrant son monde subjectif autour de lui même, et c'était un peu comme s'il craignait de replonger en lui disant.
La fusion était une sensation extraordinaire, mais dont le jeune homme se méfiait beaucoup. Dans la quête d'absolu, il voyait toujours un risque de se perdre ou de s'oublier en chemin. Ses sentiments étaient trop fort pour qu'il les raisonne efficacement. S'il lâchait un tant soit peu la bride, ces derniers deviendraient probablement incontrôlables. Levius s'enivrait des hauteurs, mais il avait le vertige. Le risque de chute l'effrayait au point de chercher à tout prix à éviter les montées rapides.
« Plusieurs... Répondit-il finalement. Ce n'est pas important.
La gestuelle du garçon se détendit tout à fait après qu'il eut évacué le sujet. Cette histoire de chiffre n'était (de toute façon) qu'un symptôme fort peu signifiant (en définitive) d'un problème d'ensemble. Abigail craignait l'abandon et Levius la fusion : il y avait là une incompatibilité fondamentale.
Il allait sans dire qu'aucune vie de couple ne pourrait jamais se bâtir sur de telles bases (même si le jeune homme était encore très loin d'y penser), à moins de commencer (déjà) un travail d'ajustement. Levius comprenait bien les enjeux d'une telle conversation (somme toute assez banale entre deux jeunes individus épris l'un de l'autre). En outre, il avait perçu les difficultés intrinsèques à leurs deux tempéraments dès le début et même si tout ceci ne l'étonnait guère, il ne l'accueillait pas sereinement pour autant. Ainsi, Abigail pointa bien vite la contradiction (apparente) située dans la requête de Levius.
« Il n'y a pas de solution parfaite, je pense... Mais on peut trouver un compromis.
Dit-il doucement. Il tenait à présent les mains d'Abigail dans les siennes et y accrochait son regard bleu.
« Si tu arrives à accepter de me voir dans un état où je ne suis pas vraiment là mentalement, je peux accepter de t'avoir physiquement auprès de moi.
Il y avait du sens dans la disposition de cette phrase. Levius était un être de l'esprit plus que du corps. Il se contentait des souvenirs pour étreindre et d'imaginer pour satisfaire ses envies. Cette tendance était un héritage de l'enfance : il devait encore apprendre à descendre sur terre pour vivre au milieu de ses semblables. Là se situait certainement la plus importante tâche d'Abigail (s'il en était une), mais Levius était amoureux (et cela comptait beaucoup) : c'était certainement la première fois qu'il avait envie d'essayer, de s'adapter, de prendre sur lui pour avancer en direction de l'autre.
« Dans tous les cas... Se hasarda-t-il enfin. Tu as le droit de demander des choses et... J'ai le droit de les accepter ou de les refuser... Et inversement... Mais ne me dispense pas de la prise de décision.
Le jeune homme estimait ce point comme particulièrement important : si Abigail commençait à se frustrer pour lui, cela n'irait pas. De la même façon que cela n'irait pas si elle décidait (à la place de Levius) quand il se sentait capable de la voir ou non. Tout ceci avait trait à la notion de responsabilité : si Abigail s'empêchait de dire à Levius qu'elle avait envie de le voir, comment le tenir pour responsable de la distance imposée ? Assurément, le sorcier était persuadé qu'il était plus sain de s'avertir mutuellement de ses besoins en temps et en heure (quitte à créer un conflit mineur), plutôt que de se frustrer et attendre que la situation pourrisse (et empire).
Fort de cette conclusion, Levius porta les mains d'Abigail à sa bouche et embrassa respectivement le dos de l'une et de l'autre. Il releva ensuite très brièvement les yeux vers elle au moment où elle évoqua le mythe d'androgyne, lui servant un de ces furtifs regards perçant dont il avait le secret.
« Oui... C'est un mythe que l'on retrouve en psychanalyse. Pourquoi ?
Cette idée le mettait à nu d'une manière désagréable. Il ne savait pas très bien pourquoi, mais Levius ne voulait pas éprouver cette sensation maintenant. Il avait le sentiment d'avoir enfin restauré son intégrité psychique, en resserrant son monde subjectif autour de lui même, et c'était un peu comme s'il craignait de replonger en lui disant.
La fusion était une sensation extraordinaire, mais dont le jeune homme se méfiait beaucoup. Dans la quête d'absolu, il voyait toujours un risque de se perdre ou de s'oublier en chemin. Ses sentiments étaient trop fort pour qu'il les raisonne efficacement. S'il lâchait un tant soit peu la bride, ces derniers deviendraient probablement incontrôlables. Levius s'enivrait des hauteurs, mais il avait le vertige. Le risque de chute l'effrayait au point de chercher à tout prix à éviter les montées rapides.
« Plusieurs... Répondit-il finalement. Ce n'est pas important.
La gestuelle du garçon se détendit tout à fait après qu'il eut évacué le sujet. Cette histoire de chiffre n'était (de toute façon) qu'un symptôme fort peu signifiant (en définitive) d'un problème d'ensemble. Abigail craignait l'abandon et Levius la fusion : il y avait là une incompatibilité fondamentale.
Il allait sans dire qu'aucune vie de couple ne pourrait jamais se bâtir sur de telles bases (même si le jeune homme était encore très loin d'y penser), à moins de commencer (déjà) un travail d'ajustement. Levius comprenait bien les enjeux d'une telle conversation (somme toute assez banale entre deux jeunes individus épris l'un de l'autre). En outre, il avait perçu les difficultés intrinsèques à leurs deux tempéraments dès le début et même si tout ceci ne l'étonnait guère, il ne l'accueillait pas sereinement pour autant. Ainsi, Abigail pointa bien vite la contradiction (apparente) située dans la requête de Levius.
« Il n'y a pas de solution parfaite, je pense... Mais on peut trouver un compromis.
Dit-il doucement. Il tenait à présent les mains d'Abigail dans les siennes et y accrochait son regard bleu.
« Si tu arrives à accepter de me voir dans un état où je ne suis pas vraiment là mentalement, je peux accepter de t'avoir physiquement auprès de moi.
Il y avait du sens dans la disposition de cette phrase. Levius était un être de l'esprit plus que du corps. Il se contentait des souvenirs pour étreindre et d'imaginer pour satisfaire ses envies. Cette tendance était un héritage de l'enfance : il devait encore apprendre à descendre sur terre pour vivre au milieu de ses semblables. Là se situait certainement la plus importante tâche d'Abigail (s'il en était une), mais Levius était amoureux (et cela comptait beaucoup) : c'était certainement la première fois qu'il avait envie d'essayer, de s'adapter, de prendre sur lui pour avancer en direction de l'autre.
« Dans tous les cas... Se hasarda-t-il enfin. Tu as le droit de demander des choses et... J'ai le droit de les accepter ou de les refuser... Et inversement... Mais ne me dispense pas de la prise de décision.
Le jeune homme estimait ce point comme particulièrement important : si Abigail commençait à se frustrer pour lui, cela n'irait pas. De la même façon que cela n'irait pas si elle décidait (à la place de Levius) quand il se sentait capable de la voir ou non. Tout ceci avait trait à la notion de responsabilité : si Abigail s'empêchait de dire à Levius qu'elle avait envie de le voir, comment le tenir pour responsable de la distance imposée ? Assurément, le sorcier était persuadé qu'il était plus sain de s'avertir mutuellement de ses besoins en temps et en heure (quitte à créer un conflit mineur), plutôt que de se frustrer et attendre que la situation pourrisse (et empire).
Fort de cette conclusion, Levius porta les mains d'Abigail à sa bouche et embrassa respectivement le dos de l'une et de l'autre. Il releva ensuite très brièvement les yeux vers elle au moment où elle évoqua le mythe d'androgyne, lui servant un de ces furtifs regards perçant dont il avait le secret.
« Oui... C'est un mythe que l'on retrouve en psychanalyse. Pourquoi ?
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Dim 7 Oct 2018 - 11:52
Sans trop savoir pourquoi, j'avais la sensation que la réponse évasive de Levius concernant les chiffres qui l'avait harcelé était une forme de fuite. Essayerait-il de me cacher quelque chose ? Mais ne souhaitant pas être intrusive, c'était après tout les fondements de notre conversation, je me contentais de cligner des yeux en respectant son jardin secret. S'il jugeait que ça n'allait pas porter préjudice à notre futur, alors je n'avais pas à m'en faire.
Toutefois, je croyais entrevoir le problème sur lequel nous allions bâtir notre couple, et je devais avouer que je craignais ce que ça allait pouvoir engendrer. Certes nous étions prêts à faire un pas vers l'autre et à respecter fondamentalement tout ce qui faisait de nous ce que nous représentions, mais serait-ce un socle assez solide ? Je savais que l'engagement ne faisait pas peur à Levius dans le sens où il avait déjà pris des décisions difficiles dans sa vie, comme changer de cursus, quitter sa famille et son pays, prendre sous sa responsabilité des enfants. Il avait sans doute bien plus de courage que moi. Car au fond, durant tout ce temps, je m'étais contentée de rester dans ma bulle, m'appliquant à ne faire aucune vague pour que personne ne me remarque. Même si le synésthésique ne s'en rendait pas compte, il avait été plusieurs fois sur les devants de la scène pendant que moi je restais dans l'ombre, derrière les rideaux, à craindre ce monde qui m'entourait et dont je me protégeais depuis l'enfance. Il m'avait fallu rencontrer une flamme en la personne d'Aislin pour qu'elle embrase mon quotidien, pour que je m'ouvre au monde, au point même qu'un jour, je sois consumée jusqu'en amour. Si au début de l'année mon existence avait été une feuille blanche immaculée, elle était à présent calcinée, et je n'entrevoyais plus de solution pour me sauver. D'âme et de corps, je n'étais plus ce que j'avais été les premiers mois de cette année 2018. Sans doute même n'étais-je plus que le reflet de moi-même. Je m'étais perdue en chemin.
Voilà pourquoi la suggestion de Levius me convenait, même si elle n'était pas parfaite. Je savais que j'étais prête à le voir dans n'importe quel état. Sans doute que je souffrirais de certaines, mais ça m'était égal tant que ma présence, aussi minime soit-elle, puisse lui venir en aide. Je le connaissais assez pour savoir que je saurai improviser sans jamais imposer ma présence physique. Car là était bien une contrainte qu'il proposait que je ne pouvais pas entrevoir pour le moment. Je la mettais sous silence cependant. Grande timide et effacée que j'étais, je n'avais jamais imposé ma présence à qui que ce soit, même en pleine détresse. Adoración avait dû beaucoup insister pour me garder auprès d'elle durant mes nuits de cauchemars.
Alors, comment pourrai-je prévoir de rester physiquement proche du jeune homme contre lequel je venais de trouver refuge ? Si la moindre sollicitation extérieure lui ferait du mal, je savais d'avance que je m'effacerai. J'étais ainsi. Un simple croquis léger dans un coin d'un parchemin oublié. Un passage de gomme rapide et négligé, et je n'étais plus.
Lorsqu'il vint doucement prendre mes mains dans les siennes, je ne pouvais m'empêcher de sourire avec une certaine candeur. Il fallait bien commencer quelque part. Il était toutefois ironique de constater que nous nous étions rencontrés dans les étoiles, il y a deux semaines de cela, nos corps en parfaites fusions cosmiques et qu'à présent, il me semblait sentir une chaîne autour ma cheville qui me liait directement à la réalité. Régulièrement plongée dans mes rêveries, principalement composées de dragons, j'avais toujours estimé que je n'étais pas faite pour vivre ici, à savoir, de manière trop terre à terre. Voilà en quoi mon comportement raisonnait avec celui de Levius même si lui avait bien plus de mal à retrouver son équilibre. Était-ce cela qui était défini comme une désillusion ?
Pourtant contre lui en ce moment même, sur ce sommet de paille qu'était le nôtre, je retrouvais ce nuage dans lequel nous pouvions avoir refuge dès que nous le souhaitions.
- D'accord.
Il n'y avait rien à dire de plus. Nous avions un compromis, même si j'ignorais être en possession du courage dont j'allais avoir besoin pour rester physiquement auprès de lui durant ses crises. Il y avait rester, et rester. Il y avait le toucher, le regarder, lui parler, et simplement demeurer au loin, à l'observer en silence avec si peu d'interactions qu'elles en deviendraient anecdotiques. C'était à cette deuxième solution que je songeais, et non pas la première. Quant au sommeil, je me contenterais de ce que je trouverai. Être animagi avait ses avantages aussi pour ce genre de situations.
Il me recommandait deux fois de rester bien présente et d'oser me montrer. J'avais aussi accepté cela, sans être certaine d'y parvenir encore une fois. Nonobstant, je reconnaissais qu'il avait raison. Ce genre de secret, ou de sacrifice dans une relation n'était pas sain. Je le savais uniquement pour l'amitié, ou la fraternité. C'était déjà une règle importante, alors elle n'en était que décuplée en amour. Je n'en avais pas le moindre doute.
Élargissant un peu mon sourire, mon regard se remplissait de tendresse alors que je le voyais embrasser mes mains. La douceur de ses lèvres sur ma peau fut une caresse de soie que je souhaitais sentir encore et encore. Osant lever mon index, je venais frôler son visage alors que je le devinais intrigué par le lien invisible que j'avais fait entre nous et le mythe d'Androgyne. D'amoureuse, mon expression devint amusée. Ce mythe était l'un de mes favoris lorsque j'étais enfant.
Il racontait l'histoire de la création de l'humanité. En ce temps, l'être humain avait quatre jambes, quatre bras, un corps et une tête. Créature orgueilleuse et avide de pouvoir, ils grimpèrent jusqu'aux cieux pour défier les dieux. Pour mettre un terme à cette conduite déplorable, le dieu décida de les couper en deux, divisant ainsi leur puissance, multipliant le nombre d'être humain sur terre. Quand donc il fut dédoublé par cette coupure, chaque morceau regrettait sa moitié et essayait de s'unir à nouveau à elle.
C'était un résumé que je trouvais charmant pour expliquer cette quête qu'avait chaque vie à toujours chercher son âme sœur, sa moitié, son double, pour vivre avec elle. C'était l'amour.
De nos deux âmes jumelles et de par la connaissance de ce mythe, j'étais persuadée qu'à cette époque, Levius et moi étions une seule et même personne. Je trouvais cette image particulièrement romantique, et c'était une évidente explication à nos nombreuses similitudes et tolérances communes. Il en avait encore fait preuve en énonçant sa proposition. Foudroyée par l'azur des prunelles du jeune homme, je sentais mon cœur sauter dans ma poitrine avant que je ne lui réponde.
- Et bien… je trouve que cette histoire nous ressemble. Nous sommes un tout une fois réuni, côte à côte, mais nous sommes divisés lorsque nous sommes séparés. Tu l'as dit toi-même : j'accepte ton refuge mental et tu acceptes ma présence corporelle. Tu es l'esprit, je suis le corps.
Après tout, nous nous étions déjà élevés au rang de divinité cette merveilleuse nuit. C'était un aboutissement normal et logique. En cet instant, j'étais un peu éprise d'un certain romantisme et d'une certaine poésie. Même si le message était aussi particulier que nous.
Toutefois, je croyais entrevoir le problème sur lequel nous allions bâtir notre couple, et je devais avouer que je craignais ce que ça allait pouvoir engendrer. Certes nous étions prêts à faire un pas vers l'autre et à respecter fondamentalement tout ce qui faisait de nous ce que nous représentions, mais serait-ce un socle assez solide ? Je savais que l'engagement ne faisait pas peur à Levius dans le sens où il avait déjà pris des décisions difficiles dans sa vie, comme changer de cursus, quitter sa famille et son pays, prendre sous sa responsabilité des enfants. Il avait sans doute bien plus de courage que moi. Car au fond, durant tout ce temps, je m'étais contentée de rester dans ma bulle, m'appliquant à ne faire aucune vague pour que personne ne me remarque. Même si le synésthésique ne s'en rendait pas compte, il avait été plusieurs fois sur les devants de la scène pendant que moi je restais dans l'ombre, derrière les rideaux, à craindre ce monde qui m'entourait et dont je me protégeais depuis l'enfance. Il m'avait fallu rencontrer une flamme en la personne d'Aislin pour qu'elle embrase mon quotidien, pour que je m'ouvre au monde, au point même qu'un jour, je sois consumée jusqu'en amour. Si au début de l'année mon existence avait été une feuille blanche immaculée, elle était à présent calcinée, et je n'entrevoyais plus de solution pour me sauver. D'âme et de corps, je n'étais plus ce que j'avais été les premiers mois de cette année 2018. Sans doute même n'étais-je plus que le reflet de moi-même. Je m'étais perdue en chemin.
Voilà pourquoi la suggestion de Levius me convenait, même si elle n'était pas parfaite. Je savais que j'étais prête à le voir dans n'importe quel état. Sans doute que je souffrirais de certaines, mais ça m'était égal tant que ma présence, aussi minime soit-elle, puisse lui venir en aide. Je le connaissais assez pour savoir que je saurai improviser sans jamais imposer ma présence physique. Car là était bien une contrainte qu'il proposait que je ne pouvais pas entrevoir pour le moment. Je la mettais sous silence cependant. Grande timide et effacée que j'étais, je n'avais jamais imposé ma présence à qui que ce soit, même en pleine détresse. Adoración avait dû beaucoup insister pour me garder auprès d'elle durant mes nuits de cauchemars.
Alors, comment pourrai-je prévoir de rester physiquement proche du jeune homme contre lequel je venais de trouver refuge ? Si la moindre sollicitation extérieure lui ferait du mal, je savais d'avance que je m'effacerai. J'étais ainsi. Un simple croquis léger dans un coin d'un parchemin oublié. Un passage de gomme rapide et négligé, et je n'étais plus.
Lorsqu'il vint doucement prendre mes mains dans les siennes, je ne pouvais m'empêcher de sourire avec une certaine candeur. Il fallait bien commencer quelque part. Il était toutefois ironique de constater que nous nous étions rencontrés dans les étoiles, il y a deux semaines de cela, nos corps en parfaites fusions cosmiques et qu'à présent, il me semblait sentir une chaîne autour ma cheville qui me liait directement à la réalité. Régulièrement plongée dans mes rêveries, principalement composées de dragons, j'avais toujours estimé que je n'étais pas faite pour vivre ici, à savoir, de manière trop terre à terre. Voilà en quoi mon comportement raisonnait avec celui de Levius même si lui avait bien plus de mal à retrouver son équilibre. Était-ce cela qui était défini comme une désillusion ?
Pourtant contre lui en ce moment même, sur ce sommet de paille qu'était le nôtre, je retrouvais ce nuage dans lequel nous pouvions avoir refuge dès que nous le souhaitions.
- D'accord.
Il n'y avait rien à dire de plus. Nous avions un compromis, même si j'ignorais être en possession du courage dont j'allais avoir besoin pour rester physiquement auprès de lui durant ses crises. Il y avait rester, et rester. Il y avait le toucher, le regarder, lui parler, et simplement demeurer au loin, à l'observer en silence avec si peu d'interactions qu'elles en deviendraient anecdotiques. C'était à cette deuxième solution que je songeais, et non pas la première. Quant au sommeil, je me contenterais de ce que je trouverai. Être animagi avait ses avantages aussi pour ce genre de situations.
Il me recommandait deux fois de rester bien présente et d'oser me montrer. J'avais aussi accepté cela, sans être certaine d'y parvenir encore une fois. Nonobstant, je reconnaissais qu'il avait raison. Ce genre de secret, ou de sacrifice dans une relation n'était pas sain. Je le savais uniquement pour l'amitié, ou la fraternité. C'était déjà une règle importante, alors elle n'en était que décuplée en amour. Je n'en avais pas le moindre doute.
Élargissant un peu mon sourire, mon regard se remplissait de tendresse alors que je le voyais embrasser mes mains. La douceur de ses lèvres sur ma peau fut une caresse de soie que je souhaitais sentir encore et encore. Osant lever mon index, je venais frôler son visage alors que je le devinais intrigué par le lien invisible que j'avais fait entre nous et le mythe d'Androgyne. D'amoureuse, mon expression devint amusée. Ce mythe était l'un de mes favoris lorsque j'étais enfant.
Il racontait l'histoire de la création de l'humanité. En ce temps, l'être humain avait quatre jambes, quatre bras, un corps et une tête. Créature orgueilleuse et avide de pouvoir, ils grimpèrent jusqu'aux cieux pour défier les dieux. Pour mettre un terme à cette conduite déplorable, le dieu décida de les couper en deux, divisant ainsi leur puissance, multipliant le nombre d'être humain sur terre. Quand donc il fut dédoublé par cette coupure, chaque morceau regrettait sa moitié et essayait de s'unir à nouveau à elle.
C'était un résumé que je trouvais charmant pour expliquer cette quête qu'avait chaque vie à toujours chercher son âme sœur, sa moitié, son double, pour vivre avec elle. C'était l'amour.
De nos deux âmes jumelles et de par la connaissance de ce mythe, j'étais persuadée qu'à cette époque, Levius et moi étions une seule et même personne. Je trouvais cette image particulièrement romantique, et c'était une évidente explication à nos nombreuses similitudes et tolérances communes. Il en avait encore fait preuve en énonçant sa proposition. Foudroyée par l'azur des prunelles du jeune homme, je sentais mon cœur sauter dans ma poitrine avant que je ne lui réponde.
- Et bien… je trouve que cette histoire nous ressemble. Nous sommes un tout une fois réuni, côte à côte, mais nous sommes divisés lorsque nous sommes séparés. Tu l'as dit toi-même : j'accepte ton refuge mental et tu acceptes ma présence corporelle. Tu es l'esprit, je suis le corps.
Après tout, nous nous étions déjà élevés au rang de divinité cette merveilleuse nuit. C'était un aboutissement normal et logique. En cet instant, j'étais un peu éprise d'un certain romantisme et d'une certaine poésie. Même si le message était aussi particulier que nous.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Dim 7 Oct 2018 - 20:56
Levius se sentait soulagé car il avait le sentiment d'être parvenu à un compromis acceptable avec Abigail. Cette dernière n'avait rien trouvé à redire à sa proposition et il prenait cela comme argent comptant. Toutefois, le jeune homme connaissait assez bien son amie pour savoir qu'il devrait demeurer attentif la prochaine fois qu'il serait question pour elle de revendiquer un besoin. La jeune femme avait ce tempérament effacé qu'il comprenait pour le partager, mais qui poussait à toujours reléguer ses envies au second plan. Levius craignait d'imposer trop de choses sans le vouloir.
Quand il glissait dans les méandres de sa tête, il ne se rendait pas compte des effets que cela produisait sur l'extérieur. Sans personne pour le rappeler à l'ordre, cet état pouvait durer longtemps. Néanmoins, il avait la naïveté de croire qu'un peu de bonne volonté suffirait à dépasser les caractéristiques les plus ancrés de sa personnalité. Un optimisme des débuts, sans doute, peut-être un brin excessif, mais qui témoignait au moins d'une réelle bonne volonté de sa part.
Levius aimait Abigail et en lui faisant part de ses sentiments, il s'était aussi engagé à lui plaire (et ce peu importe le prix). Le jeune homme ne s'était jamais cru digne d'elle, mais maintenant qu'il l'avait, Levius souhaitait absolument faire au mieux.
Le garçon peinait toujours à regarder Abigail (les moments de courage vivaient au secret de leur dernière étreinte), mais il lui lançait (de temps à autre) ces petits coups d’œils suffisants à imprimer durablement son image sur la rétine. Comme il la voyait sourire, Levius se sentait heureux. Il savourait lentement la magie d'un regard aperçu, la tiédeur réconfortante des mains qui se tiennent et toutes ces sortes de choses anodines dont seuls les amoureux perçoivent la valeur. Sa présence l'amenait dans un univers de douceur où rien de grave ne semblait à même d'arriver. Levius mesurait sa chance sans parvenir à y croire tout à fait encore... Et tandis qu'il se laissait aller à ces quelques considérations romantiques, Abigail lui parla du mythe d'androgyne.
« Il y a aussi une dimension tragique dans ce mythe, tu sais.
Souffla-t-il doucement, tout en jouant machinalement avec les doigts de la jeune femme. Son visage affichait un léger sourire : il fixait un point insignifiant de l'espace et se balançait très lentement (presque imperceptiblement) d'avant en arrière.
« Quand les deux êtres furent séparés, il y a eu des pertes... Du sang, une coupure moins nette par endroit, ce genre de chose... Et ce que cela dit des hommes et des femmes, c'est qu'en pensant se retrouver, ils font face à l'impossibilité d'une réunion parfaite. C'est une quête impossible, mais on ne parvient pas à s'y résoudre, car on voudrait tellement y croire... Que c'est possible de vivre l'osmose.
Levius releva alors doucement les yeux vers Abigail. Son sourire arquait un coin de sa bouche : il approcha d'une lenteur infinie et s'en vint déposer un baiser sur les lèvres de la jeune femme.
« C'est pour ça qu'on continue de s'aimer, d'essayer et de chercher... Murmura-t-il alors, à quelques centimètres de sa bouche. Et quand on parvient à renoncer à l'illusion de la perfection, le réel s'ouvre avec toute sa richesse... On ne raisonne plus par rapport à soi même, on donne, on s'adapte...
Le jeune homme approcha une seconde fois afin de l'embrasser à nouveau.
« Et c'est une très belle chose, parce-que c'est la vie... Sans rêve et sans illusion, juste dans sa beauté crue.
Ses yeux azurs renvoyaient des feux passionnés tandis qu'il la regardait.
Quand il glissait dans les méandres de sa tête, il ne se rendait pas compte des effets que cela produisait sur l'extérieur. Sans personne pour le rappeler à l'ordre, cet état pouvait durer longtemps. Néanmoins, il avait la naïveté de croire qu'un peu de bonne volonté suffirait à dépasser les caractéristiques les plus ancrés de sa personnalité. Un optimisme des débuts, sans doute, peut-être un brin excessif, mais qui témoignait au moins d'une réelle bonne volonté de sa part.
Levius aimait Abigail et en lui faisant part de ses sentiments, il s'était aussi engagé à lui plaire (et ce peu importe le prix). Le jeune homme ne s'était jamais cru digne d'elle, mais maintenant qu'il l'avait, Levius souhaitait absolument faire au mieux.
Le garçon peinait toujours à regarder Abigail (les moments de courage vivaient au secret de leur dernière étreinte), mais il lui lançait (de temps à autre) ces petits coups d’œils suffisants à imprimer durablement son image sur la rétine. Comme il la voyait sourire, Levius se sentait heureux. Il savourait lentement la magie d'un regard aperçu, la tiédeur réconfortante des mains qui se tiennent et toutes ces sortes de choses anodines dont seuls les amoureux perçoivent la valeur. Sa présence l'amenait dans un univers de douceur où rien de grave ne semblait à même d'arriver. Levius mesurait sa chance sans parvenir à y croire tout à fait encore... Et tandis qu'il se laissait aller à ces quelques considérations romantiques, Abigail lui parla du mythe d'androgyne.
« Il y a aussi une dimension tragique dans ce mythe, tu sais.
Souffla-t-il doucement, tout en jouant machinalement avec les doigts de la jeune femme. Son visage affichait un léger sourire : il fixait un point insignifiant de l'espace et se balançait très lentement (presque imperceptiblement) d'avant en arrière.
« Quand les deux êtres furent séparés, il y a eu des pertes... Du sang, une coupure moins nette par endroit, ce genre de chose... Et ce que cela dit des hommes et des femmes, c'est qu'en pensant se retrouver, ils font face à l'impossibilité d'une réunion parfaite. C'est une quête impossible, mais on ne parvient pas à s'y résoudre, car on voudrait tellement y croire... Que c'est possible de vivre l'osmose.
Levius releva alors doucement les yeux vers Abigail. Son sourire arquait un coin de sa bouche : il approcha d'une lenteur infinie et s'en vint déposer un baiser sur les lèvres de la jeune femme.
« C'est pour ça qu'on continue de s'aimer, d'essayer et de chercher... Murmura-t-il alors, à quelques centimètres de sa bouche. Et quand on parvient à renoncer à l'illusion de la perfection, le réel s'ouvre avec toute sa richesse... On ne raisonne plus par rapport à soi même, on donne, on s'adapte...
Le jeune homme approcha une seconde fois afin de l'embrasser à nouveau.
« Et c'est une très belle chose, parce-que c'est la vie... Sans rêve et sans illusion, juste dans sa beauté crue.
Ses yeux azurs renvoyaient des feux passionnés tandis qu'il la regardait.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Dim 7 Oct 2018 - 23:16
Appuyée ainsi contre Levius, je me perdais en ce contact doux et si rassurant. La légèreté qui régnait à nouveau entre nous était salutaire, car elle avait toujours été présente. Ne plus la ressentir était un véritable drame dans le sens où tout aurait changé, définitivement et incontestablement. Pourtant, me lier à lui n'était qu'une évidence, il n'y avait pas à ce que la situation change davantage, encore moins en mauvais. Bien au contraire, nous avions tout à y gagner, et maintenant que les doutes et les peurs étaient passés, je profitais pleinement de l'instant que nous vivions ensemble, à nouveau reculés de tout.
Ses coups d'œil me suffisaient à me rendre heureuse, car même si je les voyais furtifs, je les savais particulièrement observateurs, comme un appareil photo pourrait capter l'instant présent. Je ne voulais pas changer ce qu'il était, et sa difficulté à me regarder faisait partie de lui. Qui plus est, les moments où il pouvait le faire ne rendait l'événement que plus unique et beau. La situation était si différente qu'avec Adoración qu'elle me rassérénait d'autant plus. Elle avait été une femme très sûre d'elle, certaine de ses choix et peu prise au doute malgré ses tourments. Cette différence de taille entre mes deux relations amoureuses me soulagea, car elle permettait d'avorter le lien automatique que souhaitait faire mon esprit.
J'apprenais à vivre autrement, d'une autre manière qu'avec elle comme guide. Cette fois, nous étions le berger de l'autre. C'était effrayant, moi qui avais l'habitude de n'éclairer que mon propre chemin. Mais nos mains entremêlées me rappelaient sans cesse que je n'étais plus seule, et j'espérais ne plus l'être du tout. Je savais que je mettrais tout en œuvre pour parvenir à satisfaire le jeune homme, car je ne désirais que le meilleur pour lui.
Enchantée de voir enfin un sourire apparaître sur son visage, je le fixais, un peu rêveuse tandis que je le laissais jouer avec mes doigts tout en l'écoutant avec une attention mesurée. J'avais conscience du côté tragique de l'histoire, d'une perte du cœur et de l'âme qui, malgré tous les efforts, ne pourrait plus jamais être comblée. C'était une évidence. Mais ce mythe laissait entrevoir l'espoir d'une réconciliation. Qu'il y avait toujours une autre personne, quelque part, qui nous attendait. Des fois, elle était même à côté de nous des années durant sans qu'elle n'y paraisse. Mes prunelles brunes s'attardèrent alors sur Levius lorsque je m'apprêtais à lui répondre. Mais sa manière de s'approcher de moi, doucement, me propulsa en apesanteur. Les yeux clos, je répondais à son baiser, sentant mon cœur suffoquer délicieusement.
Tout ce qui se trouvait autour de nous disparaissait alors instantanément. Il n'y avait plus que Levius et moi dans un espace infini que nous pouvions modeler à notre image. Je restais toutefois suspendue à ses lèvres alors que je l'écoutais murmurer, si près. Ses mots me transpercèrent. Même s'ils n'étaient pas forcément encourageants et positifs, les dimensions qu'il y mettait en m'embrassant de la sorte n'en furent que plus grands et rassurants.
Quand le second baiser fut déposé, je me sentais en proie aux flammes. Il venait d'allumer un véritable incendie en moi, j'étais en transe. J'avais vu le brasier s'approcher, et je m'étais laissée faire, appréciant cette combustion qui vint se loger au creux de mon ventre.
Habitée par cette chaleur nouvelle, j'osais le regarder, et ses reflets passionnés que je lisais dans l'azur de ses yeux eurent raison des dernières barrières de ma volonté.
Éprise, je passais mes bras sur ses épaules pour m'accrocher à lui avant de venir l'embrasser franchement et sans détour. Sans gêne, je venais coller mon corps devenu bouillant contre le sien. Si c'était sa manière de me séduire, il y arrivait parfaitement bien, et il me fallut plusieurs longues secondes de ce tendre et farouche baisé pour que je puisse retrouver un tant soit peu mes esprits. C'est avec beaucoup de mal, et une volonté hors norme que j'y mettais fin en soupirant longuement, restant toujours proche de ses lèvres qui me poussaient au pêché. Après un nouvel instant de silence, celui dont j'avais besoin pour retrouver la parole, je déglutissais en tremblant légèrement de plaisir.
- L'amour c'est un tout… ce n'est pas que dévotion et abnégation…
Je ne le savais que trop bien, car je soupçonnais que c'est ce qui m'était arrivée dans ma relation avec l'enseignante. À trop nous préoccuper de l'autre, nous nous étions perdues, malgré un amour évident et sincère. Je ne voulais pas réitérer dans ma neuve relation avec mon ami d'enfance.
Restant tout contre lui, je redressais lentement mon visage pour venir déposer un baiser sur son front, puis lui embrasser les deux paupières d'une lenteur toute calculée et maitrisée. Descendant sur sa joue et la commissure de ses lèvres, je restais pendue là, savourant que mon cœur ne soit plus logé dans ma poitrine, mais dans la sienne, pour battre à l'unisson avec le sien. Je savais qu'il en prendrait soin, aucune crainte vint noircir ce tableau d'osmose si parfaite.
Non, je ne recherchais pas la perfection avec Levius, je ne voulais pas de l'irréel, et même si être avec lui signifiait être dans un autre monde, je savais que tout était bien vrai. Et c'est ce qui me faisait aimer d'autant plus chaque instant, chaque précieuse seconde avec lui. Une main se décrocha de sa nuque pour glisser sur son épaule et venir se promener sur son torse et ses côtes.
Gardant un pouls plus rapide que la normale, j'essayais de ne pas céder à mes envies primitives. Une idée me foudroya alors, mais sans réussir à me faire cesser de promener mes doigts sur lui, ni reculer mon visage du sien. D'un ton quelque peu vacillant, je murmurais en ayant l'illusion de reprendre une autre conversation malgré mes pulsions.
- Tu ne voulais pas que je t'apprenne à devenir animagus ?
Ses coups d'œil me suffisaient à me rendre heureuse, car même si je les voyais furtifs, je les savais particulièrement observateurs, comme un appareil photo pourrait capter l'instant présent. Je ne voulais pas changer ce qu'il était, et sa difficulté à me regarder faisait partie de lui. Qui plus est, les moments où il pouvait le faire ne rendait l'événement que plus unique et beau. La situation était si différente qu'avec Adoración qu'elle me rassérénait d'autant plus. Elle avait été une femme très sûre d'elle, certaine de ses choix et peu prise au doute malgré ses tourments. Cette différence de taille entre mes deux relations amoureuses me soulagea, car elle permettait d'avorter le lien automatique que souhaitait faire mon esprit.
J'apprenais à vivre autrement, d'une autre manière qu'avec elle comme guide. Cette fois, nous étions le berger de l'autre. C'était effrayant, moi qui avais l'habitude de n'éclairer que mon propre chemin. Mais nos mains entremêlées me rappelaient sans cesse que je n'étais plus seule, et j'espérais ne plus l'être du tout. Je savais que je mettrais tout en œuvre pour parvenir à satisfaire le jeune homme, car je ne désirais que le meilleur pour lui.
Enchantée de voir enfin un sourire apparaître sur son visage, je le fixais, un peu rêveuse tandis que je le laissais jouer avec mes doigts tout en l'écoutant avec une attention mesurée. J'avais conscience du côté tragique de l'histoire, d'une perte du cœur et de l'âme qui, malgré tous les efforts, ne pourrait plus jamais être comblée. C'était une évidence. Mais ce mythe laissait entrevoir l'espoir d'une réconciliation. Qu'il y avait toujours une autre personne, quelque part, qui nous attendait. Des fois, elle était même à côté de nous des années durant sans qu'elle n'y paraisse. Mes prunelles brunes s'attardèrent alors sur Levius lorsque je m'apprêtais à lui répondre. Mais sa manière de s'approcher de moi, doucement, me propulsa en apesanteur. Les yeux clos, je répondais à son baiser, sentant mon cœur suffoquer délicieusement.
Tout ce qui se trouvait autour de nous disparaissait alors instantanément. Il n'y avait plus que Levius et moi dans un espace infini que nous pouvions modeler à notre image. Je restais toutefois suspendue à ses lèvres alors que je l'écoutais murmurer, si près. Ses mots me transpercèrent. Même s'ils n'étaient pas forcément encourageants et positifs, les dimensions qu'il y mettait en m'embrassant de la sorte n'en furent que plus grands et rassurants.
Quand le second baiser fut déposé, je me sentais en proie aux flammes. Il venait d'allumer un véritable incendie en moi, j'étais en transe. J'avais vu le brasier s'approcher, et je m'étais laissée faire, appréciant cette combustion qui vint se loger au creux de mon ventre.
Habitée par cette chaleur nouvelle, j'osais le regarder, et ses reflets passionnés que je lisais dans l'azur de ses yeux eurent raison des dernières barrières de ma volonté.
Éprise, je passais mes bras sur ses épaules pour m'accrocher à lui avant de venir l'embrasser franchement et sans détour. Sans gêne, je venais coller mon corps devenu bouillant contre le sien. Si c'était sa manière de me séduire, il y arrivait parfaitement bien, et il me fallut plusieurs longues secondes de ce tendre et farouche baisé pour que je puisse retrouver un tant soit peu mes esprits. C'est avec beaucoup de mal, et une volonté hors norme que j'y mettais fin en soupirant longuement, restant toujours proche de ses lèvres qui me poussaient au pêché. Après un nouvel instant de silence, celui dont j'avais besoin pour retrouver la parole, je déglutissais en tremblant légèrement de plaisir.
- L'amour c'est un tout… ce n'est pas que dévotion et abnégation…
Je ne le savais que trop bien, car je soupçonnais que c'est ce qui m'était arrivée dans ma relation avec l'enseignante. À trop nous préoccuper de l'autre, nous nous étions perdues, malgré un amour évident et sincère. Je ne voulais pas réitérer dans ma neuve relation avec mon ami d'enfance.
Restant tout contre lui, je redressais lentement mon visage pour venir déposer un baiser sur son front, puis lui embrasser les deux paupières d'une lenteur toute calculée et maitrisée. Descendant sur sa joue et la commissure de ses lèvres, je restais pendue là, savourant que mon cœur ne soit plus logé dans ma poitrine, mais dans la sienne, pour battre à l'unisson avec le sien. Je savais qu'il en prendrait soin, aucune crainte vint noircir ce tableau d'osmose si parfaite.
Non, je ne recherchais pas la perfection avec Levius, je ne voulais pas de l'irréel, et même si être avec lui signifiait être dans un autre monde, je savais que tout était bien vrai. Et c'est ce qui me faisait aimer d'autant plus chaque instant, chaque précieuse seconde avec lui. Une main se décrocha de sa nuque pour glisser sur son épaule et venir se promener sur son torse et ses côtes.
Gardant un pouls plus rapide que la normale, j'essayais de ne pas céder à mes envies primitives. Une idée me foudroya alors, mais sans réussir à me faire cesser de promener mes doigts sur lui, ni reculer mon visage du sien. D'un ton quelque peu vacillant, je murmurais en ayant l'illusion de reprendre une autre conversation malgré mes pulsions.
- Tu ne voulais pas que je t'apprenne à devenir animagus ?
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Lun 8 Oct 2018 - 23:05
Levius vit le feu embraser les entrailles d'Abigail dès l'instant où ses prunelles azur s'en vinrent percuter les yeux bruns de la jeune femme. Aussitôt, l'étincelle de passion qu'il avait allumé en l'embrassant s'attisa et quand elle le prit pour l'embrasser à son tour, il se sentit consumé tout à fait. Le corps d'Abigail était chaud, le sien aussi. Il se laissa entraîner vers l'avant, récupérant son équilibre en posant deux mains fermes de part et d'autres de son amie, penché sur elle comme un amant en chemin vers la volupté. Tout cela dura un moment, au point que Levius eut bien du mal à la laisser partir. Comme elle articulait, il lui lançait des regards fiévreux et demandeurs, regrettant sans doute déjà l'éloignement (quand bien même ne serait-il que de quelques centimètres). Le souffle qu'elle projetait sur sa bouche en parlant, l'odeur de sa peau mettait ses sens aux aguets. Il voulait encore s'abreuver à la source de son amour, s'enivrer jusqu'à la chute et ne penser qu'après.
Néanmoins, Abigail s'efforçait de raison garder. Il la laissa rétablir une forme de distance, en apposant sur son visage de lents et calculés baisers. Levius ferma les yeux et se laissa faire, mais il entendait toujours son cœur tambouriner en réclamant davantage. En outre, sa bouche entrouverte donnait à son souffle la sonorité légère du désir. Il avait envie et de sentir les mains de la jeune femme le parcourir ne faisait qu'accentuer cette tendance.
« Si...
Répondit-il dans un murmure, comme elle le rappelait à cette demande qu'il avait faite le jour de leurs retrouvailles. Devenir animagus était le nouvel objectif de Levius en tant que sorcier. Outre l'étape que cela représentait (en terme d'accomplissement magique), il sentait avoir des choses à gagner (d'un point de vue personnel) en se lançant dans cette quête. Cependant, Abigail n'était pas étrangère à l'affaire car il y aurait eu fort à parier pour que le jeune homme ne tenta pas l'aventure si elle n'avait pas été là pour lui enseigner.
Levius ouvrit alors les yeux : il avait toujours le regard fiévreux. Comme il était encore penché sur elle, on le vit enfouir son visage dans le cou de la jeune femme, où il déposa plusieurs baisers chauds et lourds de sens. Son entreprise l'amena ensuite en direction du décolleté de la jeune femme, où il poursuivit.
« Apprend moi.
Dit-il, l'embrassant toujours. Naturellement, son attitude ne témoignait d'aucune volonté studieuse : Levius était aux prises avec des envies bien différentes de celles auxquelles aspirent normalement les bons élèves. En outre, ses mains avaient quitté la paille pour se poser sur les genoux de la jeune femme, où elles commençaient déjà à glisser en remontant sous les pans de la robe blanche.
Voyant pour la première fois Levius, nul n'aurait pu présager d'une telle propension aux choses de l'amour. Pourtant, il semblait bien qu'une fois lancé sur la voie de la volupté, le garçon fût bien difficile à arrêter. Cependant, c'était une chose intéressante, car il se pouvait bien que cela ait à voir avec ce nouvel objectif qu'ils venaient de se lancer. Encore fallait-il s'en rendre compte : les feux appelaient à bien peu de raison.
Néanmoins, Abigail s'efforçait de raison garder. Il la laissa rétablir une forme de distance, en apposant sur son visage de lents et calculés baisers. Levius ferma les yeux et se laissa faire, mais il entendait toujours son cœur tambouriner en réclamant davantage. En outre, sa bouche entrouverte donnait à son souffle la sonorité légère du désir. Il avait envie et de sentir les mains de la jeune femme le parcourir ne faisait qu'accentuer cette tendance.
« Si...
Répondit-il dans un murmure, comme elle le rappelait à cette demande qu'il avait faite le jour de leurs retrouvailles. Devenir animagus était le nouvel objectif de Levius en tant que sorcier. Outre l'étape que cela représentait (en terme d'accomplissement magique), il sentait avoir des choses à gagner (d'un point de vue personnel) en se lançant dans cette quête. Cependant, Abigail n'était pas étrangère à l'affaire car il y aurait eu fort à parier pour que le jeune homme ne tenta pas l'aventure si elle n'avait pas été là pour lui enseigner.
Levius ouvrit alors les yeux : il avait toujours le regard fiévreux. Comme il était encore penché sur elle, on le vit enfouir son visage dans le cou de la jeune femme, où il déposa plusieurs baisers chauds et lourds de sens. Son entreprise l'amena ensuite en direction du décolleté de la jeune femme, où il poursuivit.
« Apprend moi.
Dit-il, l'embrassant toujours. Naturellement, son attitude ne témoignait d'aucune volonté studieuse : Levius était aux prises avec des envies bien différentes de celles auxquelles aspirent normalement les bons élèves. En outre, ses mains avaient quitté la paille pour se poser sur les genoux de la jeune femme, où elles commençaient déjà à glisser en remontant sous les pans de la robe blanche.
Voyant pour la première fois Levius, nul n'aurait pu présager d'une telle propension aux choses de l'amour. Pourtant, il semblait bien qu'une fois lancé sur la voie de la volupté, le garçon fût bien difficile à arrêter. Cependant, c'était une chose intéressante, car il se pouvait bien que cela ait à voir avec ce nouvel objectif qu'ils venaient de se lancer. Encore fallait-il s'en rendre compte : les feux appelaient à bien peu de raison.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Mar 9 Oct 2018 - 12:03
Mon corps entrait en résonance avec celui de Levius, me donnant toutes les difficultés du monde à lutter contre mon envie. Le souffle qu'il déposait sur nos lèvres si proches me fit frémir de plaisir tandis que je me submergeais de ses regards fiévreux.
La distance que nous nous étions imposées durant deux semaines avait eu cet effet puissant que le magnétisme de nos deux êtres ne pouvait résister plus longtemps. Restant accrochée à lui alors qu'il me surplombait légèrement, j'exaltais tandis qu'il venait recouvrir la peau de mon cou de ses baisers, prenant pleinement conscience du chemin qu'il empruntait. Fermant les yeux, je ne me faisais pas prier pour glisser une main sous le pan de sa chemise tandis que l'autre vint se perdre derrière la tête du jeune homme. Ainsi, elle l'incitait à rester là où il était et à ne surtout pas se décoller. Les paupières closes, je m'abreuvais alors de le sentir ainsi contre moi, voulant me faire encore plus petite pour qu'il puisse mieux me protéger de ses bras si rassurant. J'inspirais longuement non loin de son oreille pour me souler de son odeur mêlant shampoing et paille.
Mes doigts contre sa peau n'eurent aucun autre but que de connaître davantage les traits de ses muscles discrets qui me faisaient chavirer alors que je ne les voyais même pas.
Je me trouvais idiote de ne l'avoir jamais regardé ainsi. Combien de fois nous étions nous rendus au bord des rivières ou des lacs pour s'y baigner lorsque nous étions enfants ou de jeunes adolescents ? Ma conscience n'avait jamais atteint ce sommet qu'était celui d'imaginer que je pouvais désirer Levius aussi fort, fermée à toutes choses de l'amour jusqu'alors. À présent que j'en prenais pleinement conscience, je réalisais qu'il m'avait toujours attiré sans pour autant que j'y prenne garde un seul instant. Ignorante petite Abigail que j'étais. Innocente, chaste et pure qui ne se préoccupait que de la vie des dragons, du bien-être des animaux et de la pousse des végétaux. Était-ce seulement possible d'être passée à côté de ce que mon aimé était devenu ? Force était de constater que oui. J'avais été aveugle à ce point, et maintenant que j'avais ouvert mes yeux sur lui, je ne pouvais être qu'éblouie à chaque instant.
Continuant vainement à suivre les demandes verbales de mon compagnon, je réussissais à murmurer, d'une voix tremblante, trahissant le profond désir que je ressentais de m'unir à lui.
- Il… te faut d'abord une feuille de mandragore et…
Inutile. Ce que je ressentais à l'intérieur de mon corps était si proche de l'implosion que me voix s'étrangla en un long soupir de convoitise et d'envie. Ses baisers me faisaient perdre toute notion de raison alors que mon décolleté pouvait aisément être mis à l'écart par les fermetures simples de ma robe. Crispant mes mains sur sa peau, je poussais un nouveau soupir jusqu'à ce que je réalisais la direction que prenais ses mains sous ma robe. D'abord les ressentant chaudes et exploratrices, elles ne firent qu'accroître mon amour pour le jeune homme jusqu'à ce que le frôlement vienne heurter l'une de mes cicatrices.
Ce fut alors une descente aux enfers instantanée, mon paradis m'étant volé avec une violence inouïe. Je sursautais dans ses bras.
Lors de nos retrouvailles, je n'en avais pas fait plus façon car nous étions dans la pénombre. À présent en pleine lumière du jour, je craignais que Levius puisse poser les yeux sur moi. Ma robe n'étant pas enchantée, j'avais conscience qu'il avait eu le loisir d'observer et d'embrasser la marque qui me traversait de part et d'autre les clavicules. Et même si pour lui mon apparence meurtrie n'entrait pas en compte et que ça lui était égal, ce n'était pas mon cas.
Chez moi, j'avais retiré tous les miroirs pouvant trahir un coup d'œil sur mon nouveau corps. J'avais toujours eu la peau immaculée, et me retrouver ainsi meurtrie était un véritable choc. Je n'arrivais plus à m'accepter tout à fait.
Rapidement, la main qui se suffisait en caresses sur le torse du jeune homme vint saisir l'une des sienne à travers le tissu de ma robe pour l'interrompre alors que mon envie s'étiolait, laissant place à la crainte et au doute.
- A… Attends… s'il te plait… Pas comme ça… Tu… tu me verras... comme je suis...
Ce que je disais n'avait aucun sens, mais j'avais foi en Levius, je savais qu'il comprendrait ce que je voulais dire, et surtout, ce que je craignais. Mon regard trahissait l'incendie qu'il y avait en moi, toujours bien présent, mais la peur qu'il me découvre véritablement, et qu'il ne m'accepte plus avait pris le dessus. Je ne voulais pas le perdre tandis que je me jugeais à présent laide. C'est le souffle saccadé à cause de mon désir que je plongeais mes prunelles dans les siennes. Je l'aimais, et je le voulais ardemment en cet instant. Mais je ne souhaitais surtout pas le repousser.
La distance que nous nous étions imposées durant deux semaines avait eu cet effet puissant que le magnétisme de nos deux êtres ne pouvait résister plus longtemps. Restant accrochée à lui alors qu'il me surplombait légèrement, j'exaltais tandis qu'il venait recouvrir la peau de mon cou de ses baisers, prenant pleinement conscience du chemin qu'il empruntait. Fermant les yeux, je ne me faisais pas prier pour glisser une main sous le pan de sa chemise tandis que l'autre vint se perdre derrière la tête du jeune homme. Ainsi, elle l'incitait à rester là où il était et à ne surtout pas se décoller. Les paupières closes, je m'abreuvais alors de le sentir ainsi contre moi, voulant me faire encore plus petite pour qu'il puisse mieux me protéger de ses bras si rassurant. J'inspirais longuement non loin de son oreille pour me souler de son odeur mêlant shampoing et paille.
Mes doigts contre sa peau n'eurent aucun autre but que de connaître davantage les traits de ses muscles discrets qui me faisaient chavirer alors que je ne les voyais même pas.
Je me trouvais idiote de ne l'avoir jamais regardé ainsi. Combien de fois nous étions nous rendus au bord des rivières ou des lacs pour s'y baigner lorsque nous étions enfants ou de jeunes adolescents ? Ma conscience n'avait jamais atteint ce sommet qu'était celui d'imaginer que je pouvais désirer Levius aussi fort, fermée à toutes choses de l'amour jusqu'alors. À présent que j'en prenais pleinement conscience, je réalisais qu'il m'avait toujours attiré sans pour autant que j'y prenne garde un seul instant. Ignorante petite Abigail que j'étais. Innocente, chaste et pure qui ne se préoccupait que de la vie des dragons, du bien-être des animaux et de la pousse des végétaux. Était-ce seulement possible d'être passée à côté de ce que mon aimé était devenu ? Force était de constater que oui. J'avais été aveugle à ce point, et maintenant que j'avais ouvert mes yeux sur lui, je ne pouvais être qu'éblouie à chaque instant.
Continuant vainement à suivre les demandes verbales de mon compagnon, je réussissais à murmurer, d'une voix tremblante, trahissant le profond désir que je ressentais de m'unir à lui.
- Il… te faut d'abord une feuille de mandragore et…
Inutile. Ce que je ressentais à l'intérieur de mon corps était si proche de l'implosion que me voix s'étrangla en un long soupir de convoitise et d'envie. Ses baisers me faisaient perdre toute notion de raison alors que mon décolleté pouvait aisément être mis à l'écart par les fermetures simples de ma robe. Crispant mes mains sur sa peau, je poussais un nouveau soupir jusqu'à ce que je réalisais la direction que prenais ses mains sous ma robe. D'abord les ressentant chaudes et exploratrices, elles ne firent qu'accroître mon amour pour le jeune homme jusqu'à ce que le frôlement vienne heurter l'une de mes cicatrices.
Ce fut alors une descente aux enfers instantanée, mon paradis m'étant volé avec une violence inouïe. Je sursautais dans ses bras.
Lors de nos retrouvailles, je n'en avais pas fait plus façon car nous étions dans la pénombre. À présent en pleine lumière du jour, je craignais que Levius puisse poser les yeux sur moi. Ma robe n'étant pas enchantée, j'avais conscience qu'il avait eu le loisir d'observer et d'embrasser la marque qui me traversait de part et d'autre les clavicules. Et même si pour lui mon apparence meurtrie n'entrait pas en compte et que ça lui était égal, ce n'était pas mon cas.
Chez moi, j'avais retiré tous les miroirs pouvant trahir un coup d'œil sur mon nouveau corps. J'avais toujours eu la peau immaculée, et me retrouver ainsi meurtrie était un véritable choc. Je n'arrivais plus à m'accepter tout à fait.
Rapidement, la main qui se suffisait en caresses sur le torse du jeune homme vint saisir l'une des sienne à travers le tissu de ma robe pour l'interrompre alors que mon envie s'étiolait, laissant place à la crainte et au doute.
- A… Attends… s'il te plait… Pas comme ça… Tu… tu me verras... comme je suis...
Ce que je disais n'avait aucun sens, mais j'avais foi en Levius, je savais qu'il comprendrait ce que je voulais dire, et surtout, ce que je craignais. Mon regard trahissait l'incendie qu'il y avait en moi, toujours bien présent, mais la peur qu'il me découvre véritablement, et qu'il ne m'accepte plus avait pris le dessus. Je ne voulais pas le perdre tandis que je me jugeais à présent laide. C'est le souffle saccadé à cause de mon désir que je plongeais mes prunelles dans les siennes. Je l'aimais, et je le voulais ardemment en cet instant. Mais je ne souhaitais surtout pas le repousser.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Mar 9 Oct 2018 - 18:58
Abigail paraissait fléchir aux injonctions de l'amour : Levius s'y appliquait soigneusement. Ses mains aventureuses ajoutaient aux conquêtes de sa bouche, à mesure qu'il parcourait la peau de son amie. Le jeune homme découvrait tout juste qu'il est possible d’éprouver du plaisir à entraîner quelqu'un à sa suite. L'idée de faire céder Abigail accroissait dangereusement ses propres envies. Il n'avait jamais imaginé qu'une telle chose fut possible. Tout ceci était encore abstrait, mais il accueillait ces nouveautés sans guère d'anxiété. Le jeune homme se montrait (à l'inverse) curieux et enthousiaste. Son train de vie solitaire semblait l'avoir épargné de tout complexe ou crainte particulière. Ainsi, il abordait la chose sans se poser de question, suivant simplement le cours de ses propres émotions (comme il en avait l'habitude).
Néanmoins, il semblait bien que cette évidence ne soit pas tout à fait partagée. Au bout d'un moment (et à force d'aller plus avant), Levius se heurta aux barrières de la peur : Abigail venait d'arrêter la trajectoire de sa main sous la robe et le priait désormais d'arrêter. Le garçon obtempéra immédiatement et releva les yeux dans sa direction. Il semblait un peu déconcerté, mais c'était à cause de l'inquiétude plutôt que la frustration. Pendant un instant, ce fut comme s'il cherchait à départager le désir d'Abigail de ses peurs, afin de déterminer qui il valait mieux voir triompher pour aujourd'hui.
« Oui. Répondit-il donc en souriant doucement. Oui, s'il te plaît. Ça me plairait... Tu es belle.
Il baissa les yeux en rougissant légèrement. Le jeune homme avait agit sans se poser de question et cela l'avait amené à négliger les sentiments d'Abigail vis à vis de son corps meurtris. Levius ne se rappelait pas d'une telle réserve au jour de leur première fois, mais il devina que la pénombre d'alors avait dû influencer l'aisance de sa compagne à ce moment là. A présent, ils étaient dehors, en plein jour... Ce n'était pas tout à fait la même chose : il le comprenait.
« Écoute... Je ne touche pas tes habits, d'accord ? Je fais attention où je pose mes mains...
Il haussa les sourcils en hochant légèrement la tête, comme une manière de lui demander si elle lui faisait confiance.
« Détend toi. Dit-il encore. Ne pense à rien.
Levius estimait qu'ils n'étaient pas obligé de régler cette question maintenant et que si Abigail ne se sentait pas assez à l'aise pour se montrer, alors elle n'y était pas obligée. Le jeune homme avait beau être tout à fait inexpérimenté en matière de volupté (pratique), il avait vu assez d'estampes japonaises pour savoir que l'on se dispensait très bien d'ôter ses vêtements au moment de convoler.
Lentement, il s'en retourna donc embrasser la femme qu'il aimait et, ce faisant, attendit qu'elle lève la pression de ses mains pour reprendre ses explorations érotiques.
Comme il connaissait déjà fort bien le corps de cette dernière, Levius prit soin d'éviter toutes les cicatrices. Abigail n'en avait que peu au niveau des cuisses, mais cela suffisait manifestement à enclencher une sorte de réflexe de protection chez elle. Aussi se montra-t-il particulièrement délicat et attentif. Après un moment, il lui ôta son sous vêtement et ce fut tout : à aucun moment le jeune homme n'essaya de la dénuder plus que cela. Puis, de fil en aiguille, la course de ses baisers le mena sous les plis de la robe blanche. Il s'y perdit et le reste s'offrit au secret de la grange.
« J'ai vu ça dans un livre sur les arts d'Inde...
Fit le jeune homme d'un ton pensif, comme il demeurait étendu sur la paille, après avoir épuisé toute l'énergie de sa compagne. Le garçon n'avait rien demandé de plus que cela : il avait manifestement simplement envie de lui faire plaisir et c'était tout. Passant un revers de manche au coin de sa bouche, on le vit chercher la proximité d'Abigail en offrant son bras pour qu'elle vienne s'y blottir.
« Qu'est-ce que je dois faire avec la mandragore ?
Néanmoins, il semblait bien que cette évidence ne soit pas tout à fait partagée. Au bout d'un moment (et à force d'aller plus avant), Levius se heurta aux barrières de la peur : Abigail venait d'arrêter la trajectoire de sa main sous la robe et le priait désormais d'arrêter. Le garçon obtempéra immédiatement et releva les yeux dans sa direction. Il semblait un peu déconcerté, mais c'était à cause de l'inquiétude plutôt que la frustration. Pendant un instant, ce fut comme s'il cherchait à départager le désir d'Abigail de ses peurs, afin de déterminer qui il valait mieux voir triompher pour aujourd'hui.
« Oui. Répondit-il donc en souriant doucement. Oui, s'il te plaît. Ça me plairait... Tu es belle.
Il baissa les yeux en rougissant légèrement. Le jeune homme avait agit sans se poser de question et cela l'avait amené à négliger les sentiments d'Abigail vis à vis de son corps meurtris. Levius ne se rappelait pas d'une telle réserve au jour de leur première fois, mais il devina que la pénombre d'alors avait dû influencer l'aisance de sa compagne à ce moment là. A présent, ils étaient dehors, en plein jour... Ce n'était pas tout à fait la même chose : il le comprenait.
« Écoute... Je ne touche pas tes habits, d'accord ? Je fais attention où je pose mes mains...
Il haussa les sourcils en hochant légèrement la tête, comme une manière de lui demander si elle lui faisait confiance.
« Détend toi. Dit-il encore. Ne pense à rien.
Levius estimait qu'ils n'étaient pas obligé de régler cette question maintenant et que si Abigail ne se sentait pas assez à l'aise pour se montrer, alors elle n'y était pas obligée. Le jeune homme avait beau être tout à fait inexpérimenté en matière de volupté (pratique), il avait vu assez d'estampes japonaises pour savoir que l'on se dispensait très bien d'ôter ses vêtements au moment de convoler.
Lentement, il s'en retourna donc embrasser la femme qu'il aimait et, ce faisant, attendit qu'elle lève la pression de ses mains pour reprendre ses explorations érotiques.
Comme il connaissait déjà fort bien le corps de cette dernière, Levius prit soin d'éviter toutes les cicatrices. Abigail n'en avait que peu au niveau des cuisses, mais cela suffisait manifestement à enclencher une sorte de réflexe de protection chez elle. Aussi se montra-t-il particulièrement délicat et attentif. Après un moment, il lui ôta son sous vêtement et ce fut tout : à aucun moment le jeune homme n'essaya de la dénuder plus que cela. Puis, de fil en aiguille, la course de ses baisers le mena sous les plis de la robe blanche. Il s'y perdit et le reste s'offrit au secret de la grange.
« J'ai vu ça dans un livre sur les arts d'Inde...
Fit le jeune homme d'un ton pensif, comme il demeurait étendu sur la paille, après avoir épuisé toute l'énergie de sa compagne. Le garçon n'avait rien demandé de plus que cela : il avait manifestement simplement envie de lui faire plaisir et c'était tout. Passant un revers de manche au coin de sa bouche, on le vit chercher la proximité d'Abigail en offrant son bras pour qu'elle vienne s'y blottir.
« Qu'est-ce que je dois faire avec la mandragore ?
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Mar 9 Oct 2018 - 20:34
Lorsque mon regard croisait le sien, je ressentais un profond désarroi et beaucoup de regret de l'interrompre ainsi. Il semblait si dévoué, et il était si mignon avec son petit air de chaton. J'aurai eu envie de le reprendre dans mes bras et terminer ce que nous avions commencé, mais je restais tétanisée. Surtout, j'avais beaucoup de mal à croire ce qu'il me disait. Il me demandait avec une grande douceur de pouvoir me regarder. J'en eu une boule au fond de ma gorge.
Je n'étais pas gênée de me montrer lorsqu'il s'agissait de médicomages comme Aedan ou Aileas, ou d'une personne neutre. Je me fichais de mon apparence avec mes amis, car je ne me montrais pas dans mon entièreté. Avec Levius, je craignais véritablement de lui révéler ce que j'étais devenue. J'angoissais qu'il puisse comprendre et voir ce qui était arrivé. Ressentir et revivre, comme pour moi, ce que j'avais vécu cette nuit là. Je le savais si empathique que je soupçonnais que ce fait ne soit pas impossible.
Mais à le voir rougir de la sorte, aussi spontanément, je devinais bien qu'il n'y avait pas de faux semblant. De plus, je le connaissais assez pour le savoir sincère même si j'avais du mal à entendre ce qu'il prétendait sur moi. Attentive à ses paroles tendres, je réussissais petit à petit à me détendre.
Lorsqu'il revint m'embrasser, je ne pouvais laisser échapper une petite larme d'émotion couler le long de ma joue. En me relâchant tout à fait, et cessant de mettre la moindre pression sur lui et en l'enlaçant à nouveau contre moi, je faisais ce que je n'avais jamais fais à personne avant lui : je lui donnais ma totale confiance.
Aveugle de cet amour qui nous animait, je décidais de ne plus me formaliser pour l'instant. Après tout, mes cuisses et mes bras n'étaient pas les plus touchés, je savais que le problème allait être accentué lorsque je devrais lui exposer mon dos et ma nuque. Mais pour l'heure, je décidais de croire en lui.
Ainsi, je me laissais faire, profitant à nouveau de cet instant de passion qu'il fit naître en moi comme la fois précédente jusqu'à l'implosion, sans parvenir à rester discrète tant je l'avais désiré. Croyant sincèrement que mon cerveau avait éclaté, je restais inerte de longues secondes, le regard perdu dans un paradis que seule moi pouvais voir. J'étais aux anges, et jamais je n'aurai cru que ressentir pareille sensation était possible, surtout sans mourir. Car j'étais belle et bien vivante. J'entendais toujours les craquements légers et typiques de la grange. Je sentais le picotement de la paille sur ma peau à travers ma robe, et surtout, je sentais Levius juste là, à côté de moi. Lorsqu'il reprit la parole, je clignais très lentement des paupières, comme si je redescendais sur terre à une vitesse délicate. Doucement, je tournais la tête dans sa direction pour le regarder avec un petit sourire taquin en coin, non sans venir me pincer la lèvre d'un air enjôleur, mes yeux pétillant d'amour.
- Je ne savais pas que tu avais ce genre de littérature mon cœur.
C'était la première fois que je l'appelais ainsi, et je n'avais même pas fais exprès. Trop emportée par ma joie et mes sentiments, c'était sorti tout seul, spontanément.
Lorsqu'il me tendit son bras, ce sourire s'élargissait tandis que je roulais sur moi-même pour venir me coller contre lui jusqu'à déposer un baiser sur sa joue. Toutefois, je n'arrêtais pas là ma course, et venais à mon tour le dominer, passant mes jambes à califourchon de part et d'autre de son corps après avoir remonté un peu ma robe au sommet de mes cuisses.
J'avais parfaitement pris connaissance de sa question, et même si mon feu s'était éteint, j'avais toujours un désir présent qui me poussait, tout au fond de moi. Me penchant en avant en me collant contre lui, je venais l'embrasser langoureusement pour entreprendre des caresses osées sur le bas de son ventre.
Ce n'était pas correct si l'un avait pu atteindre le paroxysme du plaisir et pas l'autre, ainsi, je m'employais à lui renvoyer les mêmes sensations, si ce n'était pas plus. Puisque je venais de le vivre, je savais très bien anticiper ce qu'il fallait faire ou non, attentive aux moindres retours de mon aimé. La grange fut témoin d'un deuxième secret à cet instant.
- ça tu vois... je ne l'ai lu nul part...
Venant lui susurrer à l'oreille, je reprenais ma place tout contre lui sans pour autant me déplacer sur le côté, restant les jambes chacune d'un côté du corps de mon compagnon. Coulant un dernier baiser tendre sur ses lèvres, comme si je ne désirais pas interrompre ce moment trop brutalement, je me serrais contre lui avant de déposer ma tête sur son torse en fermant les yeux.
Laissant le silence s'installer quelques secondes, je me souvenais de sa question.
- Ah oui, la mandragore... Il te faut prendre une feuille et la mettre dans ta bouche. Tu dois la garder ainsi un mois durant.
Remuant un peu, j'attrapais ma veste en jean que j'avais fini par abandonner durant nos ébats pour fouiller dans une poche interne. J'en sortais alors un bout de papier que je lui présentais en lui agitant sous le nez, le haut du corps à nouveau redressé pour lui faire tout à fait face. Mes cheveux encadrant nos deux visages, je souriais encore.
- Je t'ai tout détaillé là-dessus, mais je veux être présente à chaque étape. Ce n'est pas négociable.
Je n'étais pas gênée de me montrer lorsqu'il s'agissait de médicomages comme Aedan ou Aileas, ou d'une personne neutre. Je me fichais de mon apparence avec mes amis, car je ne me montrais pas dans mon entièreté. Avec Levius, je craignais véritablement de lui révéler ce que j'étais devenue. J'angoissais qu'il puisse comprendre et voir ce qui était arrivé. Ressentir et revivre, comme pour moi, ce que j'avais vécu cette nuit là. Je le savais si empathique que je soupçonnais que ce fait ne soit pas impossible.
Mais à le voir rougir de la sorte, aussi spontanément, je devinais bien qu'il n'y avait pas de faux semblant. De plus, je le connaissais assez pour le savoir sincère même si j'avais du mal à entendre ce qu'il prétendait sur moi. Attentive à ses paroles tendres, je réussissais petit à petit à me détendre.
Lorsqu'il revint m'embrasser, je ne pouvais laisser échapper une petite larme d'émotion couler le long de ma joue. En me relâchant tout à fait, et cessant de mettre la moindre pression sur lui et en l'enlaçant à nouveau contre moi, je faisais ce que je n'avais jamais fais à personne avant lui : je lui donnais ma totale confiance.
Aveugle de cet amour qui nous animait, je décidais de ne plus me formaliser pour l'instant. Après tout, mes cuisses et mes bras n'étaient pas les plus touchés, je savais que le problème allait être accentué lorsque je devrais lui exposer mon dos et ma nuque. Mais pour l'heure, je décidais de croire en lui.
Ainsi, je me laissais faire, profitant à nouveau de cet instant de passion qu'il fit naître en moi comme la fois précédente jusqu'à l'implosion, sans parvenir à rester discrète tant je l'avais désiré. Croyant sincèrement que mon cerveau avait éclaté, je restais inerte de longues secondes, le regard perdu dans un paradis que seule moi pouvais voir. J'étais aux anges, et jamais je n'aurai cru que ressentir pareille sensation était possible, surtout sans mourir. Car j'étais belle et bien vivante. J'entendais toujours les craquements légers et typiques de la grange. Je sentais le picotement de la paille sur ma peau à travers ma robe, et surtout, je sentais Levius juste là, à côté de moi. Lorsqu'il reprit la parole, je clignais très lentement des paupières, comme si je redescendais sur terre à une vitesse délicate. Doucement, je tournais la tête dans sa direction pour le regarder avec un petit sourire taquin en coin, non sans venir me pincer la lèvre d'un air enjôleur, mes yeux pétillant d'amour.
- Je ne savais pas que tu avais ce genre de littérature mon cœur.
C'était la première fois que je l'appelais ainsi, et je n'avais même pas fais exprès. Trop emportée par ma joie et mes sentiments, c'était sorti tout seul, spontanément.
Lorsqu'il me tendit son bras, ce sourire s'élargissait tandis que je roulais sur moi-même pour venir me coller contre lui jusqu'à déposer un baiser sur sa joue. Toutefois, je n'arrêtais pas là ma course, et venais à mon tour le dominer, passant mes jambes à califourchon de part et d'autre de son corps après avoir remonté un peu ma robe au sommet de mes cuisses.
J'avais parfaitement pris connaissance de sa question, et même si mon feu s'était éteint, j'avais toujours un désir présent qui me poussait, tout au fond de moi. Me penchant en avant en me collant contre lui, je venais l'embrasser langoureusement pour entreprendre des caresses osées sur le bas de son ventre.
Ce n'était pas correct si l'un avait pu atteindre le paroxysme du plaisir et pas l'autre, ainsi, je m'employais à lui renvoyer les mêmes sensations, si ce n'était pas plus. Puisque je venais de le vivre, je savais très bien anticiper ce qu'il fallait faire ou non, attentive aux moindres retours de mon aimé. La grange fut témoin d'un deuxième secret à cet instant.
- ça tu vois... je ne l'ai lu nul part...
Venant lui susurrer à l'oreille, je reprenais ma place tout contre lui sans pour autant me déplacer sur le côté, restant les jambes chacune d'un côté du corps de mon compagnon. Coulant un dernier baiser tendre sur ses lèvres, comme si je ne désirais pas interrompre ce moment trop brutalement, je me serrais contre lui avant de déposer ma tête sur son torse en fermant les yeux.
Laissant le silence s'installer quelques secondes, je me souvenais de sa question.
- Ah oui, la mandragore... Il te faut prendre une feuille et la mettre dans ta bouche. Tu dois la garder ainsi un mois durant.
Remuant un peu, j'attrapais ma veste en jean que j'avais fini par abandonner durant nos ébats pour fouiller dans une poche interne. J'en sortais alors un bout de papier que je lui présentais en lui agitant sous le nez, le haut du corps à nouveau redressé pour lui faire tout à fait face. Mes cheveux encadrant nos deux visages, je souriais encore.
- Je t'ai tout détaillé là-dessus, mais je veux être présente à chaque étape. Ce n'est pas négociable.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Mer 10 Oct 2018 - 20:37
La réponse de la jeune femme arracha à Levius un sourire coupable. Comme il pinçait les lèvres, ses joues rougirent légèrement et il eut un bref rire clair. On le vit ensuite opiner timidement du chef en regardant ailleurs, reconnaissant (sans le dire) qu'il était pris. Le jeune homme ressentait ce qui se rapprochait le plus de la joie en cet instant. D'avoir ainsi comblé son amie lui faisait plaisir et il entendait encore résonner doucement le surnom qu'elle venait d'employer à son endroit.
Tout ceci l'enivrait doucement et, ce faisant, il songea à toutes les choses qu'elle ignorait encore sur lui (bien qu'il en découvrit tout autant à mesure qu'avançait leur relation). Car si Levius avait toujours aimé Abigail, l'inverse n'était pas vrai. Il figurait qu'elle dû longtemps le percevoir comme un être dépourvu de sexualité et de désirs (comme on l'imagine pudiquement des membres de sa famille), mais Levius était comme tout le monde.
Ce qui le distinguait des jeunes gens de son âge concernait la forme plutôt que l'essence. Ainsi, il avait bâti sa curiosité au gré des gravures et des tableaux de maître. Son érotisme juvénile s'était souvent exprimé au travers du dessin et quand certains s'abandonnaient avec leur muse dans des draps, lui, couchait ses modèles sur papier.
Cependant, les choses changeaient. Abigail connaissait désormais cette facette de l'identité de Levius (ou plutôt la découvrait tout en dévoilant la sienne). La collision de leurs mondes subjectifs avait cela de beau qu'elle créait de nouvelles choses à mesure que l'un faisait un pas en direction de l'autre. Ainsi, il se laissa surprendre par l'audace de la jeune femme : le garçon ne s'attendait pas à se voir enfourcher de la sorte et sa naïveté accroissait encore l'intensité toute particulière du moment. Face à l'aplomb d'Abigail, Levius sentit ses entrailles s'embraser vivement. La dévisageant d'un air interdit, il eut presque le souffle coupé. Son dos se cambra légèrement et il la regarda faire comme on le ferait d'une chose toute à la fois terrifiante et fascinante. Le reste le suffoqua jusqu'à atteindre sa petite mort, il se laissa délicieusement agoniser et, quand Abigail s'en retourna auprès de lui (une fois que tout fut terminé), le jeune homme ferma doucement les yeux. Il n'avait même plus la force (ni la volonté) de sourire à sa réplique : insolence légitime de celle qui se savait vainqueur.
Levius n'aurais jamais imaginé vivre une telle expérience, un jour. Quelque chose fleurissait dans sa poitrine : une sensation tiède et étouffante dont il ne pouvait se défaire. Cette dernière le submergeait d'émotion et le paralysa tout à fait après un moment. Alors, il arrêta de lutter. Rien n'advint en dehors d'un peu plus de bonheur, car cette chose était de l'amour. Le jeune homme se laissait stupéfier en constatant ce que cela faisait d'être aimé : la plus simple, la plus élémentaire des sensations, mais aussi la plus rare et la plus essentielle. En cet instant, Levius se sentit le plus chanceux des hommes.
Il aurait sans doute voulu prolonger longuement ce moment, mais Abigail reprit le fil de la conversation et le jeune homme dû s'efforcer d'ouvrir un œil et s'intéresser à ce qu'elle était en train de dire. On le vit ensuite lever une main afin de prendre le papier, avant de le déplier lentement et commencer à lire.
« Je vois. Dit-il pensivement. J'aurais une très bonne raison de ne pas parler pendant un mois, alors...
Il replia méticuleusement le bout de papier et le fourra dans la poche de son pantalon, avant de fermer les yeux une nouvelle fois. Levius pensait et il était certain que bon nombre de ces pensées auraient pu fleurir en question (s'il l'avait voulu), mais le jeune homme sentait plutôt l'envie de demeurer silencieux. Il imaginait le parcours d'Abigail cherchant à devenir animagus. En outre, il se demanda si elle y était parvenu à la première tentative et toute sortes de choses du même ordre. Puis, il se laissa distraire par le chant lointain des oiseaux à l'extérieur de la grange.
Levius ne voulait pas relancer la discussion tout de suite. Il était plutôt avide de recevoir ce que son amie aurait à dire (si tant est qu'elle ait effectivement quelque chose à ajouter). Il ne restait que les doigts du garçon (passant négligemment sur le bras de la jeune femme) pour maintenir le contact entre eux.
Tout ceci l'enivrait doucement et, ce faisant, il songea à toutes les choses qu'elle ignorait encore sur lui (bien qu'il en découvrit tout autant à mesure qu'avançait leur relation). Car si Levius avait toujours aimé Abigail, l'inverse n'était pas vrai. Il figurait qu'elle dû longtemps le percevoir comme un être dépourvu de sexualité et de désirs (comme on l'imagine pudiquement des membres de sa famille), mais Levius était comme tout le monde.
Ce qui le distinguait des jeunes gens de son âge concernait la forme plutôt que l'essence. Ainsi, il avait bâti sa curiosité au gré des gravures et des tableaux de maître. Son érotisme juvénile s'était souvent exprimé au travers du dessin et quand certains s'abandonnaient avec leur muse dans des draps, lui, couchait ses modèles sur papier.
Cependant, les choses changeaient. Abigail connaissait désormais cette facette de l'identité de Levius (ou plutôt la découvrait tout en dévoilant la sienne). La collision de leurs mondes subjectifs avait cela de beau qu'elle créait de nouvelles choses à mesure que l'un faisait un pas en direction de l'autre. Ainsi, il se laissa surprendre par l'audace de la jeune femme : le garçon ne s'attendait pas à se voir enfourcher de la sorte et sa naïveté accroissait encore l'intensité toute particulière du moment. Face à l'aplomb d'Abigail, Levius sentit ses entrailles s'embraser vivement. La dévisageant d'un air interdit, il eut presque le souffle coupé. Son dos se cambra légèrement et il la regarda faire comme on le ferait d'une chose toute à la fois terrifiante et fascinante. Le reste le suffoqua jusqu'à atteindre sa petite mort, il se laissa délicieusement agoniser et, quand Abigail s'en retourna auprès de lui (une fois que tout fut terminé), le jeune homme ferma doucement les yeux. Il n'avait même plus la force (ni la volonté) de sourire à sa réplique : insolence légitime de celle qui se savait vainqueur.
Levius n'aurais jamais imaginé vivre une telle expérience, un jour. Quelque chose fleurissait dans sa poitrine : une sensation tiède et étouffante dont il ne pouvait se défaire. Cette dernière le submergeait d'émotion et le paralysa tout à fait après un moment. Alors, il arrêta de lutter. Rien n'advint en dehors d'un peu plus de bonheur, car cette chose était de l'amour. Le jeune homme se laissait stupéfier en constatant ce que cela faisait d'être aimé : la plus simple, la plus élémentaire des sensations, mais aussi la plus rare et la plus essentielle. En cet instant, Levius se sentit le plus chanceux des hommes.
Il aurait sans doute voulu prolonger longuement ce moment, mais Abigail reprit le fil de la conversation et le jeune homme dû s'efforcer d'ouvrir un œil et s'intéresser à ce qu'elle était en train de dire. On le vit ensuite lever une main afin de prendre le papier, avant de le déplier lentement et commencer à lire.
« Je vois. Dit-il pensivement. J'aurais une très bonne raison de ne pas parler pendant un mois, alors...
Il replia méticuleusement le bout de papier et le fourra dans la poche de son pantalon, avant de fermer les yeux une nouvelle fois. Levius pensait et il était certain que bon nombre de ces pensées auraient pu fleurir en question (s'il l'avait voulu), mais le jeune homme sentait plutôt l'envie de demeurer silencieux. Il imaginait le parcours d'Abigail cherchant à devenir animagus. En outre, il se demanda si elle y était parvenu à la première tentative et toute sortes de choses du même ordre. Puis, il se laissa distraire par le chant lointain des oiseaux à l'extérieur de la grange.
Levius ne voulait pas relancer la discussion tout de suite. Il était plutôt avide de recevoir ce que son amie aurait à dire (si tant est qu'elle ait effectivement quelque chose à ajouter). Il ne restait que les doigts du garçon (passant négligemment sur le bras de la jeune femme) pour maintenir le contact entre eux.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Mer 10 Oct 2018 - 22:38
Les lectures érotiques de mon compagnon ne m'étonnaient qu'à moitié, tout d'abord parce que je le constatais surprenant et doué durant l'acte. Aussi que sa timidité apparente et sa manière bien à lui de vivre ici et ailleurs ne le rendait que plus attentif aux petites choses, aux détails, trois fois rien qui échappaient au commun des mortels. Ne doutant pas un instant qu'il me réserverait encore des surprises, je craignais de ne pas pouvoir en faire de même. Durant plus de vingt ans je ne trouvais qu'un plaisir amoureux, ou tout du moins ce qui s'y apparentait, dans l'observation et l'étude des dragons. Vierge de toute émotion de ce type pour qui que ce soit jusqu'à ma rencontre avec Adoración, j'étais à l'instar d'un parchemin vierge, la pointe de la plume à peine posée sur le papier. Mon histoire s'écrivait lentement, pourtant, il y avait déjà des tâches et des ratures. C'était une ombre au tableau que j'allais devoir dévoiler un jour ou l'autre.
Mais l'échéance repoussée encore une fois je me consacrais totalement à lui. Il y a deux semaines, il avait donné de son temps et de son énergie pour moi, jusqu'à nos décès spirituels. Sans raison que ça se réitère, je m'appliquais à lui plaire encore plus que ce n'était déjà le cas. Voilà bien longtemps qu'il nourrissait des sentiments à mon égard sans que je ne le remarque. Il était temps de corriger cela, et pour ce faire, j'allais me rendre désirable, encore plus, toujours plus. Dans le seul et unique but de la tentation. Je ne le faisais pas dans un but d'abnégation et de sacrifice total. Pour la première fois de ma vie, j'avais réellement envie de conquérir, de prendre soin de moi et de mon apparence. Toujours vaguement coquette, je ne m'étais jamais vraiment souciée du jugement des autres. Lors de ma relation secrète avec l'enseignante je n'avais pas non plus atteint ce stade de désir, trop traumatisée par mes maux. La relation écourtée et étouffée dans l'œuf mit définitivement fin à ces extravagances du cœur.
Voilà donc un nouveau sentiment naissant en moi. Celui de me rendre séduisante, pour l'homme que j'aimais. C'est uniquement guidée par ces pulsions que je parvenais à le satisfaire malgré mon inexpérience.
Les premières instructions de son objectif sorcier confiées, je ne parvenais pas à me détacher de lui tout à fait même après qu'il eut rangé mon papier dans sa poche. Le toisant avec un regard remplit de douceur et d'amour, je nous laissais encore derrière ce rideau de cheveux qu'étaient les miens. Gloussant sensiblement à sa remarque, ma voix s'éleva en un timide murmure.
- Tu es égoïste, j'aurai envie de l'entendre, ta voix. Et comment vais-je pouvoir t'embrasser ? Ce sera timide, de la sorte.
Je venais déposer un délicat baiser sur ses lèvres avant de le rompre, ma bouche frôlant la sienne.
- Et non plus ainsi.
Revenant l'embrasser, je n'hésitais pas pour me faire langoureuse et à nouveau désirable. Nous vivrons inévitablement un mois d'abstinence, et je savais par avance que ça allait paraître particulièrement long. Ces détails qui m'avaient échappés lors de mon propre apprentissage me frappaient à présent. L'épreuve était difficile, ce n'était pas une nouveauté. Ça allait l'être d'autant plus pour notre vie à deux. La perspective de ce que nous pourrions accomplir plus tard était une motivation suffisante pour accepter ce sacrifice sans broncher davantage.
Voilà pourquoi je m'unissais à lui en un baiser prolongé, comme s'il allait être le dernier avant trop longtemps.
Le silence qui s'installa ensuite entre nous n'était que la finalisation de ce qui avait été abouti depuis mon arrivée. Fermant les yeux, j'appréciais ce moment avec délectation, et je savais par avance qu'il allait pouvoir se prolonger jusqu'au soir si aucun de nous ne se décidait à bouger.
Sans doute m'étais-je assoupie contre son torse, bercée par les battements de son cœur et ses caresses sur mon épaule. Je revenais d'un songe profond mais réparateur. Il n'y avait qu'en sa présence que je parvenais à dormir de la sorte, me rendant vie à chaque fois, mais n'effaçant pas les stigmates de la fatigue sous mes yeux pour autant.
Sans trop savoir pourquoi l'image de la jument de Levius m'apparut alors que je sortais lentement de ma rêverie. Rapprochement de mon inconscient animal au sujet de l'apprentissage animagus, sans aucun doute.
Dans un soupir, je me laissais glisser sur le côté pour m'agenouiller à côté de mon aimé en me frottant les yeux, me donnant l'allure d'une petite enfant. Combien de temps étais-je restée ainsi contre lui ? Impossible de l'estimer.
- Comment va Jane ?
Mais l'échéance repoussée encore une fois je me consacrais totalement à lui. Il y a deux semaines, il avait donné de son temps et de son énergie pour moi, jusqu'à nos décès spirituels. Sans raison que ça se réitère, je m'appliquais à lui plaire encore plus que ce n'était déjà le cas. Voilà bien longtemps qu'il nourrissait des sentiments à mon égard sans que je ne le remarque. Il était temps de corriger cela, et pour ce faire, j'allais me rendre désirable, encore plus, toujours plus. Dans le seul et unique but de la tentation. Je ne le faisais pas dans un but d'abnégation et de sacrifice total. Pour la première fois de ma vie, j'avais réellement envie de conquérir, de prendre soin de moi et de mon apparence. Toujours vaguement coquette, je ne m'étais jamais vraiment souciée du jugement des autres. Lors de ma relation secrète avec l'enseignante je n'avais pas non plus atteint ce stade de désir, trop traumatisée par mes maux. La relation écourtée et étouffée dans l'œuf mit définitivement fin à ces extravagances du cœur.
Voilà donc un nouveau sentiment naissant en moi. Celui de me rendre séduisante, pour l'homme que j'aimais. C'est uniquement guidée par ces pulsions que je parvenais à le satisfaire malgré mon inexpérience.
Les premières instructions de son objectif sorcier confiées, je ne parvenais pas à me détacher de lui tout à fait même après qu'il eut rangé mon papier dans sa poche. Le toisant avec un regard remplit de douceur et d'amour, je nous laissais encore derrière ce rideau de cheveux qu'étaient les miens. Gloussant sensiblement à sa remarque, ma voix s'éleva en un timide murmure.
- Tu es égoïste, j'aurai envie de l'entendre, ta voix. Et comment vais-je pouvoir t'embrasser ? Ce sera timide, de la sorte.
Je venais déposer un délicat baiser sur ses lèvres avant de le rompre, ma bouche frôlant la sienne.
- Et non plus ainsi.
Revenant l'embrasser, je n'hésitais pas pour me faire langoureuse et à nouveau désirable. Nous vivrons inévitablement un mois d'abstinence, et je savais par avance que ça allait paraître particulièrement long. Ces détails qui m'avaient échappés lors de mon propre apprentissage me frappaient à présent. L'épreuve était difficile, ce n'était pas une nouveauté. Ça allait l'être d'autant plus pour notre vie à deux. La perspective de ce que nous pourrions accomplir plus tard était une motivation suffisante pour accepter ce sacrifice sans broncher davantage.
Voilà pourquoi je m'unissais à lui en un baiser prolongé, comme s'il allait être le dernier avant trop longtemps.
Le silence qui s'installa ensuite entre nous n'était que la finalisation de ce qui avait été abouti depuis mon arrivée. Fermant les yeux, j'appréciais ce moment avec délectation, et je savais par avance qu'il allait pouvoir se prolonger jusqu'au soir si aucun de nous ne se décidait à bouger.
Sans doute m'étais-je assoupie contre son torse, bercée par les battements de son cœur et ses caresses sur mon épaule. Je revenais d'un songe profond mais réparateur. Il n'y avait qu'en sa présence que je parvenais à dormir de la sorte, me rendant vie à chaque fois, mais n'effaçant pas les stigmates de la fatigue sous mes yeux pour autant.
Sans trop savoir pourquoi l'image de la jument de Levius m'apparut alors que je sortais lentement de ma rêverie. Rapprochement de mon inconscient animal au sujet de l'apprentissage animagus, sans aucun doute.
Dans un soupir, je me laissais glisser sur le côté pour m'agenouiller à côté de mon aimé en me frottant les yeux, me donnant l'allure d'une petite enfant. Combien de temps étais-je restée ainsi contre lui ? Impossible de l'estimer.
- Comment va Jane ?
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Dim 14 Oct 2018 - 14:45
Levius se laissa conquérir par les assauts de la jeune femme, quand celle-ci ajouta à la rhétorique une démonstration de sa passion à travers un baiser tiède, puis chaud. Comme elle l'embrassait, le jeune homme l'encercla de ses bras, le souffle court. Il semblait bien qu'Abigail dispose de ses sentiments à l'envie : un seul geste, un seul mot et il se retrouvait enchaîné à elle à la manière d'un esclave consentant.
Son amie (qui était désormais bien plus que cela) pouvait faire de lui ce qu'elle voulait en vérité. Levius n'était pas assez fort pour lui résister (peut-être ne le voulait-il pas, dans le fond). Assurément, il se serait excusé d'avoir évoqué la possibilité de se taire (quand bien même n'était-ce là qu'une plaisanterie), si cela avait été à propos. Alors, quand leur baiser se termina enfin, il la regarda comme s'il s'agissait d'une entité presque surnaturelle et face à laquelle lui, Levius Bird, n'était qu'une petite chose insignifiante.
Elle venait d'incendier son cœur au point qu'il entendait ce dernier battre dans un coin de sa tête (comme un écho lointain). A présent, l'un dans les bras de l'autre, ils laissaient le temps filer en profitant de la sensation simple d'être ensemble. Levius maintenait autour d'elle l'étreinte de ses bras. Paupières closes, il passait dans son dos des mains distraites : caresses tendres et délicates visant à se rappeler furtivement à elle, tandis qu'ils se perdaient dans leurs pensées respectives.
Un moment passa, impossible à quantifier. Abigail se détourna alors doucement de son compagnon et, après s'être frotté les yeux à la manière d'une petite fille, interrogea le garçon au sujet de sa jument gestante.
« Elle va bien.
Dit-il en ouvrant les yeux à son tour. Il pivota sur le côté, la tête contre son bras replié. Les doigts de sa main libre jouaient avec un brin de paille.
« Le vétérinaire doit passer dans deux semaines pour le suivi.
L'informa-t-il encore. Quelques secondes s'écoulèrent (comme il paraissait réfléchir), puis Levius se redressa en position assise.
« On va la voir ?
Il esquissa un sourire et se laissa ensuite glisser souplement au bas de la pile de paille. Comme il était grand, cela ne représentait qu'un petit saut pour lui. Le jeune homme se tourna toutefois en direction de la jeune femme afin de lui offrir ses bras pour qu'elle s'y appuie au moment de sauter. Après quoi, le duo s'en alla en direction du pré où Jane paissait tranquillement en compagnie des autres chevaux.
« Je n'ai pas encore trouvé aucune idée de nom pour le poulain.
Dit-il en venant appuyer ses bras contre une planche horizontale de la clôture. Arthur (un imposant hongre d'un mètre quatre vingt au garrot) approcha alors, la curiosité piquée par l'arrivé des deux sorciers. Levius utilisa alors la clôture comme une échelle et lui monta sur le dos. Il laissa ensuite l'animal se promener à loisir, le regard posé sur Abigail qui vérifiait l'état de la jument.
Son amie (qui était désormais bien plus que cela) pouvait faire de lui ce qu'elle voulait en vérité. Levius n'était pas assez fort pour lui résister (peut-être ne le voulait-il pas, dans le fond). Assurément, il se serait excusé d'avoir évoqué la possibilité de se taire (quand bien même n'était-ce là qu'une plaisanterie), si cela avait été à propos. Alors, quand leur baiser se termina enfin, il la regarda comme s'il s'agissait d'une entité presque surnaturelle et face à laquelle lui, Levius Bird, n'était qu'une petite chose insignifiante.
Elle venait d'incendier son cœur au point qu'il entendait ce dernier battre dans un coin de sa tête (comme un écho lointain). A présent, l'un dans les bras de l'autre, ils laissaient le temps filer en profitant de la sensation simple d'être ensemble. Levius maintenait autour d'elle l'étreinte de ses bras. Paupières closes, il passait dans son dos des mains distraites : caresses tendres et délicates visant à se rappeler furtivement à elle, tandis qu'ils se perdaient dans leurs pensées respectives.
Un moment passa, impossible à quantifier. Abigail se détourna alors doucement de son compagnon et, après s'être frotté les yeux à la manière d'une petite fille, interrogea le garçon au sujet de sa jument gestante.
« Elle va bien.
Dit-il en ouvrant les yeux à son tour. Il pivota sur le côté, la tête contre son bras replié. Les doigts de sa main libre jouaient avec un brin de paille.
« Le vétérinaire doit passer dans deux semaines pour le suivi.
L'informa-t-il encore. Quelques secondes s'écoulèrent (comme il paraissait réfléchir), puis Levius se redressa en position assise.
« On va la voir ?
Il esquissa un sourire et se laissa ensuite glisser souplement au bas de la pile de paille. Comme il était grand, cela ne représentait qu'un petit saut pour lui. Le jeune homme se tourna toutefois en direction de la jeune femme afin de lui offrir ses bras pour qu'elle s'y appuie au moment de sauter. Après quoi, le duo s'en alla en direction du pré où Jane paissait tranquillement en compagnie des autres chevaux.
« Je n'ai pas encore trouvé aucune idée de nom pour le poulain.
Dit-il en venant appuyer ses bras contre une planche horizontale de la clôture. Arthur (un imposant hongre d'un mètre quatre vingt au garrot) approcha alors, la curiosité piquée par l'arrivé des deux sorciers. Levius utilisa alors la clôture comme une échelle et lui monta sur le dos. Il laissa ensuite l'animal se promener à loisir, le regard posé sur Abigail qui vérifiait l'état de la jument.
- InvitéInvité
Re: Spirits [Terminé]
Dim 14 Oct 2018 - 15:45
Comment ne pas apprécier ces moments simples, bien à nous, où nous retrouvions chacun la place d'entité dans les yeux de l'autre ? Dans ses bras, je me sentais d'autant plus fragile et apeurée, alors que je le sentais fort et protecteur à mon encontre. L'espace d'un instant, je m'y étais perdue, si sereine et apaisée que je m'étais endormie. L'expression "dans les bras de Morphée" prenait tout son sens, même si mon Morphée portait un autre prénom dans cette vie.
Il m'était donc difficile de revenir tout à fait à moi, sentant encore ses caresses rassurantes dans mon dos. Pourtant, je ne perdais aucune information qu'il me donnait concernant sa jument. Je la savais gestante depuis environ six mois. Il allait falloir la surveiller étroitement durant les froids mois de l'hiver. Elle allait avoir besoin de plus d'énergie, et je ne doutais pas que Levius était déjà tout à fait au point là-dessus. Hochant la tête lorsqu'il me signifiait la venue du vétérinaire, je fis taire le fond de ma pensée qui était d'aller voir l'animal pour m'assurer que tout se déroule bien. Après tout, je n'étais pas diplômée, et j'étais davantage à l'aise avec les animaux magiques. Mais ceux dénués de magies étaient tout aussi fascinants et je tenais l'ensemble de mon savoir principalement de ma mère.
Mais comme si nos esprits jumeaux étaient restés tout à fait en phase malgré notre nouvelle relation et notre séparation, mon compagnon me proposa de rendre visite aux chevaux. Répondant à son sourire, j'opinais une nouvelle fois avant de le regarder se laisser glisser en bas du tas de paille. Pour moi, c'était une grande descente. Je m'apprêtais à reprendre ma forme canine afin d'être certaine de ne pas tomber de trop haut, mais les bras tendus de Levius me séduisaient mieux.
Voilà pourquoi je restais assise et me laissais choir à mon tour, posant mes mains sur les solides épaules de mon aimé. Durant ce court instant de chute, je plongeais mes prunelles dans les siennes, une question soulevée par les ténèbres de mon esprit faisant alors surface.
Serait-il toujours présent pour me tendre ses bras ? Est-ce qu'un jour ne préférerait-il pas me repousser, prétendant que je suis trop lourde à sa conscience ? Brisant ainsi le cycle de sa tranquille solitude ?
Comme une gangrène, cette idée germa au fond de mon cœur pour s'y loger, me rappelant de manière sadique notre amitié qui avait toujours été particulière. Tout avait aujourd'hui indubitablement changé, et j'ignorais encore si nous allions être assez forts pour pouvoir lutter ensemble, de front, ou si un jour, l'appelle de l'isolation sera plus fort.
Durant notre marche, je mettais ces doutes de côté, ne voulant pas leur donner de l'importance à présent, surtout que nous en avions discuté un moment plus tôt. Je me faisais sûrement du souci pour rien. Fort heureusement, les équidés eurent cet effet sur moi qu'ont tous les animaux. Ils me rassurèrent, prirent mes peurs pour jouer avec et les emmener loin. Ainsi, je laissais Levius s'accouder à la clôture tandis que moi je me baissais pour passer par-dessous, enjambant la planche la plus basse.
- Tu as le temps encore. Il lui reste quoi ? Quatre ou cinq mois ?
Sans vraiment me préoccuper de l'imposant Arthur, je restais focalisée sur Jane en l'approchant avec cette douceur qui me caractérisait si bien. Me présentant d'abord en glissant mes doigts sur son encolure, je pris un petit instant pour la caresser tranquillement. Je connaissais l'instinct protecteur des futures mères, je n'avais aucune envie de la stresser. Lorsqu'enfin elle baissa la tête pour retourner manger, me donnant ainsi son accord silencieux, je laissais couler mes mains vers ses flancs pour commencer à la palper avec précision et savoir-faire. Après tout, j'avais déjà eu affaire à des Abraxans gestants, Jane n'était pas si différente, en dehors des ailes caractéristiques.
Mais après un instant, je me sentais observée, j'allégeais alors la pression de mes doigts lorsque je détournais timidement le regard en direction du grand hongre qui avait accueilli mon compagnon sur son dos. Sentant son regard sur moi, je sentais mon cœur se crisper légèrement de bonheur tandis que mes joues devinrent légèrement roses. Venant alors poser mon front contre le flanc de la jument, je fermais les yeux pour retrouver toute contenance et concentration. Même si mes mouvements semblaient timides et trop légers, ils me suffisaient pour deviner et comprendre l'état général de l'animal. Les paupières clauses, j'arrivais à voir, à l'instar d'une échographie, ce que j'étais en train de manipuler. Non pas que j'ai des talents et des yeux lasers, simplement que ma grande empathie et mes connaissances importantes m'avaient permis d'atteindre ce niveau.
Après un instant, je contournais la jument pour effectuer la même démarche de l'autre côté. Je m'enivrais de son odeur équine typique mélangeant poussière de paille, fourrage et terre. Je sentais battre sur mon front les battements de son cœur si fort tandis que chacun de ses muscles puissants frémissaient à mes manipulations. Elle aurait pu me renverser comme une mouche, elle aurait pu s'en aller, mais elle n'en fit rien, en confiance.
C'est avec un sourire que je me reculais une fois certaine de mon diagnostic. Flattant une dernière fois Jane à l'encolure, je la laissais à sa tranquillité en rejoignant le hongre et son propriétaire.
- Il n'y a rien d'anormal, tout va bien. Mais il est encore petit.
De cette dernière précision, je lui signifiais que des problèmes pouvaient encore arriver durant les mois à venir. Exactement comme pour les humains. Passant une main distraite sur le pelage d'Arthur, je gardais un instant le silence avant de lever les yeux sur Levius. Je me surprenais à l'admirer un peu, du haut de son pied d'estale.
- Tu… tu voudrais qu'on y réfléchisse ensemble ? Au nom du poulain. Même si je pense que tu auras une révélation en le voyant lorsqu'il sera là.
Je lui proposais mon aide, mais dans mes propos, je signifiais bien que ce poulain était le sien, et que je ne m'interposais pas. C'était une manière pour moi de rester à distance de sa vie privée, de respecter cette solitude dont il avait tant besoin malgré notre relation. Toutefois, il était vrai que j'aurai aimé pouvoir participer à la vie de ce petit être, comme s'il pouvait, malgré lui, renforcer nos sentiments amoureux et nous rasséréner dans cette relation.
Lorsqu'Arthur fit un pas pour reprendre sa promenade, je me reculais légèrement pour éviter d'être bousculée. Je les regardais s'éloigner un peu tandis que je joignais mes mains dans mon dos en détournant le regard à l'horizon, me laissant, l'espace de quelque seconde, portée par ces folles pensées et ces doutes qui m'envahissaient petit à petit malgré moi.
Il m'était donc difficile de revenir tout à fait à moi, sentant encore ses caresses rassurantes dans mon dos. Pourtant, je ne perdais aucune information qu'il me donnait concernant sa jument. Je la savais gestante depuis environ six mois. Il allait falloir la surveiller étroitement durant les froids mois de l'hiver. Elle allait avoir besoin de plus d'énergie, et je ne doutais pas que Levius était déjà tout à fait au point là-dessus. Hochant la tête lorsqu'il me signifiait la venue du vétérinaire, je fis taire le fond de ma pensée qui était d'aller voir l'animal pour m'assurer que tout se déroule bien. Après tout, je n'étais pas diplômée, et j'étais davantage à l'aise avec les animaux magiques. Mais ceux dénués de magies étaient tout aussi fascinants et je tenais l'ensemble de mon savoir principalement de ma mère.
Mais comme si nos esprits jumeaux étaient restés tout à fait en phase malgré notre nouvelle relation et notre séparation, mon compagnon me proposa de rendre visite aux chevaux. Répondant à son sourire, j'opinais une nouvelle fois avant de le regarder se laisser glisser en bas du tas de paille. Pour moi, c'était une grande descente. Je m'apprêtais à reprendre ma forme canine afin d'être certaine de ne pas tomber de trop haut, mais les bras tendus de Levius me séduisaient mieux.
Voilà pourquoi je restais assise et me laissais choir à mon tour, posant mes mains sur les solides épaules de mon aimé. Durant ce court instant de chute, je plongeais mes prunelles dans les siennes, une question soulevée par les ténèbres de mon esprit faisant alors surface.
Serait-il toujours présent pour me tendre ses bras ? Est-ce qu'un jour ne préférerait-il pas me repousser, prétendant que je suis trop lourde à sa conscience ? Brisant ainsi le cycle de sa tranquille solitude ?
Comme une gangrène, cette idée germa au fond de mon cœur pour s'y loger, me rappelant de manière sadique notre amitié qui avait toujours été particulière. Tout avait aujourd'hui indubitablement changé, et j'ignorais encore si nous allions être assez forts pour pouvoir lutter ensemble, de front, ou si un jour, l'appelle de l'isolation sera plus fort.
Durant notre marche, je mettais ces doutes de côté, ne voulant pas leur donner de l'importance à présent, surtout que nous en avions discuté un moment plus tôt. Je me faisais sûrement du souci pour rien. Fort heureusement, les équidés eurent cet effet sur moi qu'ont tous les animaux. Ils me rassurèrent, prirent mes peurs pour jouer avec et les emmener loin. Ainsi, je laissais Levius s'accouder à la clôture tandis que moi je me baissais pour passer par-dessous, enjambant la planche la plus basse.
- Tu as le temps encore. Il lui reste quoi ? Quatre ou cinq mois ?
Sans vraiment me préoccuper de l'imposant Arthur, je restais focalisée sur Jane en l'approchant avec cette douceur qui me caractérisait si bien. Me présentant d'abord en glissant mes doigts sur son encolure, je pris un petit instant pour la caresser tranquillement. Je connaissais l'instinct protecteur des futures mères, je n'avais aucune envie de la stresser. Lorsqu'enfin elle baissa la tête pour retourner manger, me donnant ainsi son accord silencieux, je laissais couler mes mains vers ses flancs pour commencer à la palper avec précision et savoir-faire. Après tout, j'avais déjà eu affaire à des Abraxans gestants, Jane n'était pas si différente, en dehors des ailes caractéristiques.
Mais après un instant, je me sentais observée, j'allégeais alors la pression de mes doigts lorsque je détournais timidement le regard en direction du grand hongre qui avait accueilli mon compagnon sur son dos. Sentant son regard sur moi, je sentais mon cœur se crisper légèrement de bonheur tandis que mes joues devinrent légèrement roses. Venant alors poser mon front contre le flanc de la jument, je fermais les yeux pour retrouver toute contenance et concentration. Même si mes mouvements semblaient timides et trop légers, ils me suffisaient pour deviner et comprendre l'état général de l'animal. Les paupières clauses, j'arrivais à voir, à l'instar d'une échographie, ce que j'étais en train de manipuler. Non pas que j'ai des talents et des yeux lasers, simplement que ma grande empathie et mes connaissances importantes m'avaient permis d'atteindre ce niveau.
Après un instant, je contournais la jument pour effectuer la même démarche de l'autre côté. Je m'enivrais de son odeur équine typique mélangeant poussière de paille, fourrage et terre. Je sentais battre sur mon front les battements de son cœur si fort tandis que chacun de ses muscles puissants frémissaient à mes manipulations. Elle aurait pu me renverser comme une mouche, elle aurait pu s'en aller, mais elle n'en fit rien, en confiance.
C'est avec un sourire que je me reculais une fois certaine de mon diagnostic. Flattant une dernière fois Jane à l'encolure, je la laissais à sa tranquillité en rejoignant le hongre et son propriétaire.
- Il n'y a rien d'anormal, tout va bien. Mais il est encore petit.
De cette dernière précision, je lui signifiais que des problèmes pouvaient encore arriver durant les mois à venir. Exactement comme pour les humains. Passant une main distraite sur le pelage d'Arthur, je gardais un instant le silence avant de lever les yeux sur Levius. Je me surprenais à l'admirer un peu, du haut de son pied d'estale.
- Tu… tu voudrais qu'on y réfléchisse ensemble ? Au nom du poulain. Même si je pense que tu auras une révélation en le voyant lorsqu'il sera là.
Je lui proposais mon aide, mais dans mes propos, je signifiais bien que ce poulain était le sien, et que je ne m'interposais pas. C'était une manière pour moi de rester à distance de sa vie privée, de respecter cette solitude dont il avait tant besoin malgré notre relation. Toutefois, il était vrai que j'aurai aimé pouvoir participer à la vie de ce petit être, comme s'il pouvait, malgré lui, renforcer nos sentiments amoureux et nous rasséréner dans cette relation.
Lorsqu'Arthur fit un pas pour reprendre sa promenade, je me reculais légèrement pour éviter d'être bousculée. Je les regardais s'éloigner un peu tandis que je joignais mes mains dans mon dos en détournant le regard à l'horizon, me laissant, l'espace de quelque seconde, portée par ces folles pensées et ces doutes qui m'envahissaient petit à petit malgré moi.
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Re: Spirits [Terminé]
Dim 14 Oct 2018 - 17:36
Levius acquiesça d'un air insouciant après Abigail. Il n'était pas pressé de nommer le poulain, mais cela faisait parti des choses que l'on pouvait spontanément dire quand elles nous traversent l'esprit. Le jeune homme imaginait (de toute façon) que le nom s'accorderait à la thématique offerte aux chevaux de la ferme et qu'il s'agirait donc certainement du prénom d'un auteur (ou d'une autrice) de littérature anglaise classique.
Grand amateur d'art, Levius s'était prit à nommer tous les animaux que la rudesse des grand-parent Bird délaissaient aux qualificatifs simples de « chevaux », « chat » ou « poule ». L'on trouvait donc, dans sa basse cour, un Zola, Hugo et Verlaine, côtoyant le majestueux Kant, qui lui-même régnait en maître sur les discrètes Courbet, Monet et Vinci (pour ne citer qu'elles). Hommage étrange aux grands maîtres, sans doute, mais qui ne dénotait pas avec l'allure curieuse de cette ferme incroyable.
Levius se tut donc pour observer les gestes de sa compagne bipède, experte et attentive, tandis que le grand Arthur menait son train indolemment. Après un moment, il la délaissa toutefois pour s'intéresser à une touffe d'herbe que l'hongre tentait d'atteindre dans un recoin inaccessible. Les pensées de Levius étaient sans doute aussi volatiles que les mouches ennuyant les yeux de l'imposant mâle. Ainsi, il ne revint à Abigail qu'au moment où celle-ci conclu sur la bonne santé du petit.
Le jeune homme acquiesça donc d'un air tranquille, mais quand il fut question de trouver un nom au poulain, son expression s'affadit un peu : il semblait réaliser quelque chose.
« Pourquoi pas. Dit-il néanmoins. Si tu as des idées, je serais heureux de les entendre.
Arthur continua sa course indifférent des échanges entre les deux êtres humains présents dans son enclos. Comme il s'éloignait, Levius décida de descendre (d'un mouvement aussi souple et aisé que s'il s'agissait des bottes de paille dans la grange), afin de rejoindre Abigail. Cependant, en constatant l'allure qu'elle avait, la légèreté de son moral s’alourdit un peu.
« Je sens que quelque chose ne va pas.
Glissa-t-il doucement, presque comme une confidence.
« Ça fait... Comme un point, juste ici...
Il posa deux doigts sur sa poitrine, au niveau du sternum, afin d'illustrer son propos. Le regard de Levius se posa alors sur les mains de la jeune femme (qui semblait voir à travers elle) et il força un sourire. A dire vrai, le jeune homme n'avait aucune idée de la réalité des sentiments d'Abigail en cet instant. Il se laissait simplement guider par son empathie naturelle et la connexion extraordinaire qu'il possédait avec son amie d'enfance. Le moindre geste, la moindre expression, le moindre regard fuyant devenait un indice sourd qui s’immisçait en lui jusqu'à créer le doute : l'intuition des choses.
Levius attendit quelques secondes, puis s'en alla chercher les mains de la jeune femme derrière son dos et les garda dans les siennes jusqu'à ce qu'elle se décide à parler.
Grand amateur d'art, Levius s'était prit à nommer tous les animaux que la rudesse des grand-parent Bird délaissaient aux qualificatifs simples de « chevaux », « chat » ou « poule ». L'on trouvait donc, dans sa basse cour, un Zola, Hugo et Verlaine, côtoyant le majestueux Kant, qui lui-même régnait en maître sur les discrètes Courbet, Monet et Vinci (pour ne citer qu'elles). Hommage étrange aux grands maîtres, sans doute, mais qui ne dénotait pas avec l'allure curieuse de cette ferme incroyable.
Levius se tut donc pour observer les gestes de sa compagne bipède, experte et attentive, tandis que le grand Arthur menait son train indolemment. Après un moment, il la délaissa toutefois pour s'intéresser à une touffe d'herbe que l'hongre tentait d'atteindre dans un recoin inaccessible. Les pensées de Levius étaient sans doute aussi volatiles que les mouches ennuyant les yeux de l'imposant mâle. Ainsi, il ne revint à Abigail qu'au moment où celle-ci conclu sur la bonne santé du petit.
Le jeune homme acquiesça donc d'un air tranquille, mais quand il fut question de trouver un nom au poulain, son expression s'affadit un peu : il semblait réaliser quelque chose.
« Pourquoi pas. Dit-il néanmoins. Si tu as des idées, je serais heureux de les entendre.
Arthur continua sa course indifférent des échanges entre les deux êtres humains présents dans son enclos. Comme il s'éloignait, Levius décida de descendre (d'un mouvement aussi souple et aisé que s'il s'agissait des bottes de paille dans la grange), afin de rejoindre Abigail. Cependant, en constatant l'allure qu'elle avait, la légèreté de son moral s’alourdit un peu.
« Je sens que quelque chose ne va pas.
Glissa-t-il doucement, presque comme une confidence.
« Ça fait... Comme un point, juste ici...
Il posa deux doigts sur sa poitrine, au niveau du sternum, afin d'illustrer son propos. Le regard de Levius se posa alors sur les mains de la jeune femme (qui semblait voir à travers elle) et il força un sourire. A dire vrai, le jeune homme n'avait aucune idée de la réalité des sentiments d'Abigail en cet instant. Il se laissait simplement guider par son empathie naturelle et la connexion extraordinaire qu'il possédait avec son amie d'enfance. Le moindre geste, la moindre expression, le moindre regard fuyant devenait un indice sourd qui s’immisçait en lui jusqu'à créer le doute : l'intuition des choses.
Levius attendit quelques secondes, puis s'en alla chercher les mains de la jeune femme derrière son dos et les garda dans les siennes jusqu'à ce qu'elle se décide à parler.
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Re: Spirits [Terminé]
Dim 14 Oct 2018 - 18:28
D'autres ne verraient rien. Ces petits détails qui ne pouvaient tromper ni l'un ni l'autre. Peut-être m'étais déjà trop avancée en proposant mon aide pour le nom du futur équidé car voilà que l'expression de mon aimé se tira légèrement. Sans doute que personne en dehors de moi ne l'aurait remarqué, sauf peut-être sa grand-mère, qui sait au fond ? J'aimais à croire que j'avais cette extraordinaire capacité à le lire, mais le doute s'insinuant en moi me soufflait que je me faisais des idées. Affres auxquels je n'étais d'ordinaire pas victime.
Voilà pourquoi je fermais les yeux en inspirant profondément, essayant de calmer mon esprit qui avait décidé de me pourrir ma journée. Ce n'est que lorsque j'entendais le bruit sourd des pieds de Levius retrouver l'herbe que je m'autorisais à rouvrir les paupières pour le contempler en train de s'approcher. Un peu plus et j'aurai pu chavirer, croyant à un mirage comme une personne perdue au beau milieu du désert, désirant si fort quelque chose qu'elle lui apparaît.
Sans imposer mes prunelles foncées au jeune homme, je fixais l'ensemble de son visage avec une délectation non feinte, m'attardant sur la commissure de ses lèvres. Ses propos néanmoins me prouvèrent que lui se fiait toujours aussi bien à son instinct et à notre connexion. Et il n'avait pas tort. Alors sans doute que moi non plus après tout ? À sa désignation, je ne pus m'empêcher de sourire, presque enchantée de son illustration. Ça aussi, c'était ce que j'aimais chez lui. C'est pour ça que je ne résistais pas lorsqu'il venait chercher mes mains. Baissant mon regard, je n'arrivais pas à m'empêcher d'élargir mon sourire, un peu gênée tandis que je m'entendais souffler, presque glousser, amusée par ses propos. Entremêlant mes doigts aux siens, je les observais comme pour me donner du courage.
- J'ai juste peur de te perdre.
Inutile d'expliquer tout le cheminement que je ressentais, toutes les questions que je me posais, il n'y avait finalement que cette conclusion. Je n'avais jamais réellement perdu Levius, même durant nos sept ans de séparation, ma crainte pouvait donc paraître absurde. Toutefois je ne désirais pas aller à l'encontre de ses besoins vitaux, et je savais que la solitude et la liberté en faisait partie. À contrario, j'avais aussi conscience que lui révéler mes doutes rajoutait du poids à cette dite angoisse.
Avec amertume je réalisais qu'il allait me falloir du temps pour être pleinement rassurée lorsque je ne le verrai pas, et cesser de me dire que je ne serai pas de trop lorsque nous serions ensemble, maintenant que ma sphère pénétrait davantage la sienne depuis le début de notre relation. Il me fallait aussi prendre sur moi et ne pas faire sans cesse le parallèle avec ce qui allait hypothétiquement arriver, et ce que j'avais vécu avec Adoración. Dans un murmure, j'osais me confier encore.
- Excuses moi… c'est nouveau pour moi tout ça.
Bien sûr Levius savait qu'il n'était pas mon premier partenaire, mais il n'avait pour l'heure aucun détail. Ma relation avec l'ancienne enseignante avait été si différente que je vivais celle que j'entretenais avec Levius comme si elle était ma première. Elle l'était d'ailleurs sur bon nombre de point. Je ne pensais simplement pas être aussi apeurée de fauter. Voilà bien la première fois de ma vie que je me remettais sans cesse en question et que je me préoccupais de comment agir face à un autre. Cette idée ne m'avait jamais traversé l'esprit en plus de vingt ans. Osant lui jeter un regard furtif, un nouveau sourire léger se dessina sur mes lèvres.
- Qu'est-ce que c'était ? Ce qui t'as traversé l'esprit lorsque nous parlions du nom du poulain ?
Voilà pourquoi je fermais les yeux en inspirant profondément, essayant de calmer mon esprit qui avait décidé de me pourrir ma journée. Ce n'est que lorsque j'entendais le bruit sourd des pieds de Levius retrouver l'herbe que je m'autorisais à rouvrir les paupières pour le contempler en train de s'approcher. Un peu plus et j'aurai pu chavirer, croyant à un mirage comme une personne perdue au beau milieu du désert, désirant si fort quelque chose qu'elle lui apparaît.
Sans imposer mes prunelles foncées au jeune homme, je fixais l'ensemble de son visage avec une délectation non feinte, m'attardant sur la commissure de ses lèvres. Ses propos néanmoins me prouvèrent que lui se fiait toujours aussi bien à son instinct et à notre connexion. Et il n'avait pas tort. Alors sans doute que moi non plus après tout ? À sa désignation, je ne pus m'empêcher de sourire, presque enchantée de son illustration. Ça aussi, c'était ce que j'aimais chez lui. C'est pour ça que je ne résistais pas lorsqu'il venait chercher mes mains. Baissant mon regard, je n'arrivais pas à m'empêcher d'élargir mon sourire, un peu gênée tandis que je m'entendais souffler, presque glousser, amusée par ses propos. Entremêlant mes doigts aux siens, je les observais comme pour me donner du courage.
- J'ai juste peur de te perdre.
Inutile d'expliquer tout le cheminement que je ressentais, toutes les questions que je me posais, il n'y avait finalement que cette conclusion. Je n'avais jamais réellement perdu Levius, même durant nos sept ans de séparation, ma crainte pouvait donc paraître absurde. Toutefois je ne désirais pas aller à l'encontre de ses besoins vitaux, et je savais que la solitude et la liberté en faisait partie. À contrario, j'avais aussi conscience que lui révéler mes doutes rajoutait du poids à cette dite angoisse.
Avec amertume je réalisais qu'il allait me falloir du temps pour être pleinement rassurée lorsque je ne le verrai pas, et cesser de me dire que je ne serai pas de trop lorsque nous serions ensemble, maintenant que ma sphère pénétrait davantage la sienne depuis le début de notre relation. Il me fallait aussi prendre sur moi et ne pas faire sans cesse le parallèle avec ce qui allait hypothétiquement arriver, et ce que j'avais vécu avec Adoración. Dans un murmure, j'osais me confier encore.
- Excuses moi… c'est nouveau pour moi tout ça.
Bien sûr Levius savait qu'il n'était pas mon premier partenaire, mais il n'avait pour l'heure aucun détail. Ma relation avec l'ancienne enseignante avait été si différente que je vivais celle que j'entretenais avec Levius comme si elle était ma première. Elle l'était d'ailleurs sur bon nombre de point. Je ne pensais simplement pas être aussi apeurée de fauter. Voilà bien la première fois de ma vie que je me remettais sans cesse en question et que je me préoccupais de comment agir face à un autre. Cette idée ne m'avait jamais traversé l'esprit en plus de vingt ans. Osant lui jeter un regard furtif, un nouveau sourire léger se dessina sur mes lèvres.
- Qu'est-ce que c'était ? Ce qui t'as traversé l'esprit lorsque nous parlions du nom du poulain ?
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Re: Spirits [Terminé]
Mer 17 Oct 2018 - 18:29
Levius eut un demi sourire. La réponse de son amie l'enveloppait d'une curieuse impression : il ne savait pas vraiment quoi en penser. Cette peur et cette nouveauté, ils en avaient déjà parlé, c'était leur cheval de bataille à eux et au sujet duquel ils s'étaient promis de prendre garde. Comme une menace guettant la moindre opportunité de se manifester, un spectre tout juste menaçant qui s’immiscerait à la manière d'un poison : le jeune homme peinait à désigner précisément ce que cela lui faisait. Tout ce qu'il savait, c'était que d'entendre Abigail évoquer ses peurs généraient en lui une forme d'anxiété (sans doute par capillarité). Il interrogeait ses propres capacités à l'apaiser, tout en ressentant (dans sa chair, par empathie) ses peurs à elle. La nature l'invitait alors à se détourner vivement (comme un réflexe de survie) et il devait se discipliner pour rester tranquille auprès d'elle. C'était inconfortable et douloureux, car il ne voulait pas constater qu'il était possible de ressentir cela à l'endroit de la personne aimée.
Silencieux tout d'abord, le garçon s'appliqua néanmoins à considérer la question qu'Abigail venait de lui poser au sujet de ses pensées.
« Hé bien... Par réflexe, il regarda Arthur (complice du moment). J'ai vu que tu étais toujours prudente avec moi... Je me suis simplement demandé pourquoi.
A dire vrai, il avait bien une idée sur la question, mais s'abstint de formuler la moindre hypothèse (car il préférait entendre directement ce qu'elle aurait à en dire, elle). Le jeune homme laissa s'égrainer quelques secondes, puis son regard revint se ficher sur leurs mains jointes.
« Tu sais... Pour moi aussi tout est nouveau. Il haussa les épaules d'une manière un peu expéditive (et qui laissait à penser qu'il dévalorisait un peu son propre propos par avance). Je n'ai jamais eu... D'autres histoires, comme toi.
Levius pinça alors les lèvres. Son visage s'abaissa encore un peu et on le vit se recroqueviller un peu sur lui-même. Tout son être renvoyait une sensation de malaise, ou de timidité. On sentait qu'il n'osait pas aller au bout de ses pensées, qu'il pesait ses mots et pesait soigneusement le pour et le contre.
« Je... C'est peut-être bête, ce que je vais dire, mais... Il eut un court souffle du nez. Parfois, quand on est ensemble... Souvent... J'ai l'impression qu'on n'est pas vraiment tout seul. Enfin...
Le jeune homme changea son pied d'appuis, il regarda à droite, puis à gauche et ses doigts s'agitèrent légèrement autour des mains de la jeune femme.
« Ne le prend pas mal, ce n'est pas... Ce n'est pas grave. Juste... J'ai l'impression que tu penses beaucoup aux autres. Enfin... C'est juste... Je ne sais pas pourquoi, en fait... Ni ce que tu te dis. Ça... ça m'inquiète... un peu... Enfin... Je me demande si je dois être inquiet, en fait.
Avouer tout cela semblait lui avoir coûté. Le jeune homme avait l'allure honteuse, comme s'il s'attendait à se voir vivement réprimandé pour avoir osé dire pareils propos. Ainsi (et avec une grande précipitation), on l'entendit ajouter :
« Mais ne te sens pas obligée de te justifier de quoi que ce soit, surtout. Tu n'as pas à le faire... ça ne me regarde pas.
Silencieux tout d'abord, le garçon s'appliqua néanmoins à considérer la question qu'Abigail venait de lui poser au sujet de ses pensées.
« Hé bien... Par réflexe, il regarda Arthur (complice du moment). J'ai vu que tu étais toujours prudente avec moi... Je me suis simplement demandé pourquoi.
A dire vrai, il avait bien une idée sur la question, mais s'abstint de formuler la moindre hypothèse (car il préférait entendre directement ce qu'elle aurait à en dire, elle). Le jeune homme laissa s'égrainer quelques secondes, puis son regard revint se ficher sur leurs mains jointes.
« Tu sais... Pour moi aussi tout est nouveau. Il haussa les épaules d'une manière un peu expéditive (et qui laissait à penser qu'il dévalorisait un peu son propre propos par avance). Je n'ai jamais eu... D'autres histoires, comme toi.
Levius pinça alors les lèvres. Son visage s'abaissa encore un peu et on le vit se recroqueviller un peu sur lui-même. Tout son être renvoyait une sensation de malaise, ou de timidité. On sentait qu'il n'osait pas aller au bout de ses pensées, qu'il pesait ses mots et pesait soigneusement le pour et le contre.
« Je... C'est peut-être bête, ce que je vais dire, mais... Il eut un court souffle du nez. Parfois, quand on est ensemble... Souvent... J'ai l'impression qu'on n'est pas vraiment tout seul. Enfin...
Le jeune homme changea son pied d'appuis, il regarda à droite, puis à gauche et ses doigts s'agitèrent légèrement autour des mains de la jeune femme.
« Ne le prend pas mal, ce n'est pas... Ce n'est pas grave. Juste... J'ai l'impression que tu penses beaucoup aux autres. Enfin... C'est juste... Je ne sais pas pourquoi, en fait... Ni ce que tu te dis. Ça... ça m'inquiète... un peu... Enfin... Je me demande si je dois être inquiet, en fait.
Avouer tout cela semblait lui avoir coûté. Le jeune homme avait l'allure honteuse, comme s'il s'attendait à se voir vivement réprimandé pour avoir osé dire pareils propos. Ainsi (et avec une grande précipitation), on l'entendit ajouter :
« Mais ne te sens pas obligée de te justifier de quoi que ce soit, surtout. Tu n'as pas à le faire... ça ne me regarde pas.
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