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Une crêpe et tout ira mieux
Le dos posé contre l’écorce d’un arbre centenaire, les jambes recroquevillées contre son corps frêle, Elia Muller semblait vouloir disparaître. En cette matinée automnale où l’air frais revigorait les sens, elle revivait. Il s’était passé tant de choses en si peu de temps que son calme olympien avait bien failli ficher le camp. Un panel d’émotions s’imposaient malgré elle à son esprit, jouant chaque jour un peu plus avec sa raison. Elle n’avait pas les épaules assez larges pour tenir bon et affronter le regard des autres étudiants. Elle en avait assez de peser chacun de ses mots, de réfléchir aux conséquences d’actions même minimes. Les souvenirs des mois récents se répercutent encore dans sa tête, transformant ses rêves innocents en cauchemars dont elle ne parvient à se réveiller. Bien que certains ennuis soient terminés, la pression qui pèse sur ses épaules lui ait de plus en plus dure à supporter. La cadette est à cran et, si elle ne trouve pas un moyen de relâcher la pression ne serait-ce qu’une seconde, elle craquera. Il ne le faut pas. Jamais. Elle doit tenir bon, ravaler sa souffrance et afficher devant tous un sourire à toute épreuve. Elle doit se montrer forte !
Un caquètement lointain la contraint à sortir de ses pensées. Tender ! La brune se mit à rouler des yeux, épuisée à la simple idée de se retrouver face à ce maudit poulet. Elle devait fuir, vite. D’un bon, la jeune femme se redressa et prit la poudre d’escampette. Ses pas l’entrainèrent bien vite jusqu’au grille de l’université encore recouverte de la rosée du matin. Elle n’avait aucune idée de l’endroit où aller, d’autant plus qu’à cette heure matinale rien à sa connaissance ne se trouvait ouvert. Elle ne se voyait pas non plus retourner à la faculté ou même dans sa chambre. Elle étoufferait littéralement. Une image apparue alors dans son esprit, lui réchauffant instantanément le cœur. Oui, cet endroit serait parfait. La brune ferma doucement les paupières et, en un claquement de doigts, transplana vers une adorable chaumière. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Elia avait toujours apprécié ces maisons traditionnelles et l’atmosphère qu’elles dégageaient. Un léger sourire tenta son apparition sur ses lèvres alors qu’elle toquait à la porte de la Cabane. Mince ! Et si Scylla dormait ? Ce qu’elle pouvait être stupide. Perdue dans ses pensées, elle en avait oublié l’heure. Pourvu qu’elle ne lui fasse pas passer un sale quart d’heure… Remarque, ça aurait le mérite de lui changer les idées.
Emmitouflée dans un pull trop large pour elle, elle attendait plus ou moins patiemment qu’on vienne lui ouvrir. Lorsque ceci fut fait, elle fut emportée par une élan de joie et se jeta littéralement au cou de la sorcière. Elle avait l’impression que cela faisait une éternité qu’elles ne s’étaient pas vues.
« Scylla ! »
Ses prunelles sombres s’attardèrent un instant sur le ventre rebondie de la jeune femme et, cette fois-ci, elle ne put refréner un doux sourire d’illuminer son visage.
« Je suis désolée de venir à l’improviste… Surtout à cette heure mais… Je sais ! Pour me faire pardonner, que dis-tu d’une flopée de crêpes ? »
Elia battit des cils, joueuse. Scylla n’avait jamais pu refuser ses petites gourmandises maison faites par ses bons soins.
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Re: Une crêpe et tout ira mieux
- Whaou la tronche que j'ai ! Je me fais peur toute seule !
Elle s'apprête à aller se recoucher quand elle entend toquer à la porte. Elle lève un sourcil étonné.
- Qui ça peut être à cette heure là ? Je vais aller voir.
Ni une, ni deux elle se dirige vers la porte d'entrée. Enfin pas trop rapidement non plus, vu qu'elle a bien la tête dans le pâté. Quand elle ouvre la porte, elle voit sa cousine Elia. La sorcière frotte ses yeux. Peut être qu'elle est en train de rêver. Pourquoi sa cousine est dehors à une heure aussi matinale. Le calin que lui fait Elia lui fait comprendre qu'elle est bel et bien là.
- Ne reste pas dehors. Tu va attraper froid.
La proposition des crêpes ne tombent pas dans l'oreille d'une sourde. Même si sans ça, elle n'aurait pas laissé sa cousine se les cailler.
- Un petit café ça te dis pour accompagner les crêpes ? Je reviens je vais prévenir Thomas que tu es là. Fais comme chez toi. Je ne serais pas longue.
Aussitôt dit, aussitôt fait. La future maman va prévenir Thomas de la présence d'Elia. Puis, elle revient vers sa cousine.
- Qu'est ce que tu faisais dehors dans ce froid ? Tu as des soucis ? Tu peux m'en parler.
Le côté maman poule ressort. Voir sa cousine à cette heure ci et la voilà qui se fait des films. Pourtant, ce n'est pas le genre d'Elia de s'attirer des problèmes.
- Tu as bien fait de venir ici. Tu peux venir à n'importe quel moment.
D'un coup de baguette, elle prépare la table du petit dejeuner. Les boissons chaudes et des jus de fruits apparaissent.
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Re: Une crêpe et tout ira mieux
« Ne reste pas dehors. Tu vas attraper froid. »
Scylla et ses manières de mère poule… Le regard de la brune glissa sur le ventre de la future maman tandis qu’un sourire délicat étira ses lèvres. Elle sera extraordinaire. Elle en mettrait sa main à couper. Elia reporta ses orbes noires sur le visage tiraillé de l’hôte et ne put empêcher un rictus moqueur de transformer son sourire. Etre enceinte ne devait pas être simple tous les jours.
« Je te remercie. C’est vrai qu’il fait plutôt frais maintenant. »
La sorcière glissa ses mains au fond de ses poches, un poil honteuse de sortir une phrase aussi bateau. Maintenant qu’elle se trouvait sur le pas de sa porte, elle se demandait bien ce qu’elle pourrait trouver comme excuse. Qui pourrait bien venir sonner à votre porte à une heure aussi matinale, sans y être invité ? Un démarcheur ou, plus vraisemblablement, une âme perdue. Dans le cas présent, il y avait certainement le mot "problème" qui clignotait sur sa tête. Feindre l’innocence…
« Avec plaisir. Je commence à préparer tout ça. »
La jeune femme entama donc une préparation en bonne et due forme : à la manière moldue, autrement dit. Peut-être était-ce dans sa tête mais elle trouvait que les crêpes, et plus largement tous les plats, étaient meilleurs faits à l’huile de coude. La voix délicieuse de sa cousine l'interpella, affirmant par la même occasion ce qu’elle pensait plus tôt. La prochaine fois, elle fera mine d’apporter un petit quelque chose pour ne pas avoir l’air d’une folle qui débarque. Sentant l’heure des explications approchées, elle fit l’impasse sur son credo et usa de sa baguette pour sauter le temps de pause. Hop, elle démarre la cuisson comme si de rien était.
« Excuses-moi d’avance. Je rate toujours la première. Je ne sais pas pourquoi. »
Elia les enchaine une à une tout en constatant qu’elle avait peut-être vu un peu trop grand. Tant pis, il n’y en a jamais assez de toute façon. Non ? Elle attrapa sa tasse fumante et s’adossa à la gazinière, coupant d’un œil maternel ses gourmandises.
« En fait, j’avais besoin de me changer les idées, de voir du monde en dehors de la fac. ‘Puis comme je sais que tu fais d’excellents cafés, je me suis dit que je pouvais m’inviter. »
Les derniers mots se clôturèrent par un clin d’œil moqueur. Elle n’avait pas envie de se justifier, choses qu’elle faisait un peu trop en ce moment. Elle ne voulait pas non plus ennuyer sa cousine avec des problèmes aussi insignifiants. Elia rassembla donc les crêpes dans une assiette et les disposa sur la table.
« J’en ai surement fait un peu trop mais bon, on va dire que tu vas manger pour deux donc je suis toute pardonnée. Comment tu vas toi ? Tu arrives à te reposer un peu malgré le petit diable qui sommeille en toi ? »
La jeune femme trempa ses lèvres dans sa boisson, savourant le liquide chaud. S’il y avait bien un truc qui la faisait craquer, c’était bien le café.
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Re: Une crêpe et tout ira mieux
- Tu en as bien de la chance de ne rater que la première.
Scylla en cuisine et encore plus en pâtisserie, c'est une véritable catastrophe. L'estomac de Thomas s'en souvient encore. Les première crêpes sont faites. Son compagnon salue Elia et fait un bisou à Scylla. La sorcière lui propose d'emporter quelques crêpes avec lui avant qu'il aille travailler.
Les deux cousines sont seules à présent. Elia lui dit qu'elle avait juste besoin de se changer les idées et de voir d'autres personnes que ceux qu'elle côtoie habituellement.
- Et tu as bien fait ! Tu viens ici quand tu le veux !
Il y a une montagne de crêpes qui les attends. Scylla en a l'eau à la bouche, rien qu'en les regardant. Comme une horde de zombie face à un humain, elle se jette sur les fameuses crêpes, prêtent à en dévorer le maximum. Entre-temps, elle était partie chercher du beurre, de la confiture, du nutella. Tous ce qu'on peut y ajouter selon ses goûts.
- Elle bouge énormément. À croire que c'est de famille. Ma mère et la tienne m'ont expliqué que pendant plusieurs de leur grossesse, on ne leur a pas fait de cadeaux.
Elle sourit à sa cousine et rajoute d'une voix douce.
- J'ai grande hâte que mon petit diablotin arrive ! Je me dis que c'est la dernière ligne droite.
Elle prend une gorgée de son café encore bien chaud. Elle en prend moins depuis qu'elle est enceinte. Alors elle prend le temps de le savourer. Elle repose sa tasse et demande à sa cousine.
- Comment vas-tu en ce moment ? Tout se passe bien avec Victor ?
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