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Dis moi qu'aurais-je pu faire de mieux ? [PV Adoración]
Sam 9 Juin 2018 - 16:35
J'étais légèrement enjouée ce soir-là. Je rentrais à peine de mon séjour au Japon organisé par le professeur de divinisation. Au départ, je n'avais absolument pas voulu m'y rendre, mais monsieur Helsing m'avait un peu forcé la main, prétextant que je devais me renseigner sur les dragons japonais. Il en avait de bonnes lui, si j'allais à ce séjour, c'était pour me détendre et réviser… mais bon, l'appelle du dragon avait été plus fort, bien évidemment, et j'avais donc voyagé à l'autre bout du caillou durant une semaine avec d'autres élèves. Et même si j'avais beaucoup révisé, et que j'avais passé beaucoup de temps dans mes recherches, avec un traducteur, grâce au ciel il avait été là lui, je me sentais reposée. Peut-être que monsieur Helsing avait ressenti ma fatigue et mes tourments de ces derniers mois, et que ma fonction d'assistante en dehors de l'université n'avait été qu'un prétexte pour lui, pour m'envoyer là-bas plus facilement. Pour que je puisse me détendre et relâcher la pression. Connaissant l'énergumène je ne serai pas surprise qu'il l'ait fait exprès, et je n'allais pas devoir manquer de le remercier.
Ainsi donc, la semaine avait été particulièrement bonne, et c'est l'esprit bien plus léger que d'ordinaire que je retournais dans ma chambre pour y déposer la plupart de mes affaires, saluant ma colocataire au passage. Je lui promettais de lui raconter mon séjour au Japon, mais avant tout, je devais aller à mon rendez-vous. Car si la dernière fois, en Louisiane, le décalage horaire m'avait joué des tours, aujourd'hui je ne m'étais pas faites avoir. J'avais été particulièrement attentive au jour et à l'heure pour ne pas être en retard et manquer à nouveau mon cours de Sortilèges avec madame Castilla. Une fois, pas deux. Je m'en voulais encore pour la première fois.
Sans compter que je m'étais beaucoup entraînée pour le sortilège du patronus. De fumée blanche qui ressemblait à un ersatz de brouillard, j'en étais venue à réussir à former un bouclier, patronus incorporel donc, si ma théorie était exacte. Et j'allais pouvoir en avoir le cœur net dans un instant.
Quittant ma compagne de chambre et ses nombreux comics, je reprenais mon sac et repartais dans les couloirs.
Mademoiselle Dowell ne s'arrêtait donc jamais d'étudier !
Je m'arrachais un léger rire toute seule à cette pensée alors que je traversais l'université, toujours accompagnée de cette étrange euphorie. Je n'allais pas à un cours ou à une corvée, j'allais à un rendez-vous agréable, avec une personne que j'appréciais beaucoup plus que ce que voulait le raisonnable, pour apprendre et avancer dans une matière qui m'intéressais.
Lorsque toutes les bonnes conditions étaient réunies, pourquoi fallait-il broyer du noir ? Encore un peu et je me serai mise à pousser la chansonnette. Heureusement, je n'étais pas si dingue, et j'étais bien trop discrète pour cela.
Aucun nuage à l'horizon, que de belles choses en perspective pour ce soir, et peut-être allais-je enfin pouvoir réussir mon patronus corporel ? Pour finir la semaine en beauté, ça aurait été merveilleux. Et c'est machinalement que j'entrais dans la salle de cours, et que je toquais à la porte du bureau de l'enseignante pour entrer… sauf que la porte était fermée.
Ah ben crotte. Penchant la tête sur le côté, je sortais mon téléphone de ma poche pour le sortir de sa veille et vérifier l'heure. J'avais un peu d'avance, mais tout de même pas des heures. Qu'importe, elle était peut-être en train de faire la grosse commission. Après tout, ça arrivait même aux plus beaux et aux plus impressionnants. Pouffant à cette pensée, me traitant moi-même d'idiote, je fis volte-face pour aller m'asseoir à ma place habituelle dans la salle de cours. Un court instant, je contemplais la salle vide et tranquille, réalisant que c'était la première fois que je m'y rendais avec autant de sérénité. Ça faisait un bien fou. Et c'est sans essayer de quitter cette sensation que je fouillais dans mon sac et que j'en sortais mon journal sur les dragons. L'ouvrant à la page concernant les races japonaises, je me mis à compléter mes notes du Japon pour monsieur Helsing. Je n'étais pas pressée, et j'avais des choses à faire, alors j'attendais sagement que l'enseignante arrive. Sauf si elle m'avait oublié. Mais non elle ne m'a pas oublié. J'espère ?
Ainsi donc, la semaine avait été particulièrement bonne, et c'est l'esprit bien plus léger que d'ordinaire que je retournais dans ma chambre pour y déposer la plupart de mes affaires, saluant ma colocataire au passage. Je lui promettais de lui raconter mon séjour au Japon, mais avant tout, je devais aller à mon rendez-vous. Car si la dernière fois, en Louisiane, le décalage horaire m'avait joué des tours, aujourd'hui je ne m'étais pas faites avoir. J'avais été particulièrement attentive au jour et à l'heure pour ne pas être en retard et manquer à nouveau mon cours de Sortilèges avec madame Castilla. Une fois, pas deux. Je m'en voulais encore pour la première fois.
Sans compter que je m'étais beaucoup entraînée pour le sortilège du patronus. De fumée blanche qui ressemblait à un ersatz de brouillard, j'en étais venue à réussir à former un bouclier, patronus incorporel donc, si ma théorie était exacte. Et j'allais pouvoir en avoir le cœur net dans un instant.
Quittant ma compagne de chambre et ses nombreux comics, je reprenais mon sac et repartais dans les couloirs.
Mademoiselle Dowell ne s'arrêtait donc jamais d'étudier !
Je m'arrachais un léger rire toute seule à cette pensée alors que je traversais l'université, toujours accompagnée de cette étrange euphorie. Je n'allais pas à un cours ou à une corvée, j'allais à un rendez-vous agréable, avec une personne que j'appréciais beaucoup plus que ce que voulait le raisonnable, pour apprendre et avancer dans une matière qui m'intéressais.
Lorsque toutes les bonnes conditions étaient réunies, pourquoi fallait-il broyer du noir ? Encore un peu et je me serai mise à pousser la chansonnette. Heureusement, je n'étais pas si dingue, et j'étais bien trop discrète pour cela.
Aucun nuage à l'horizon, que de belles choses en perspective pour ce soir, et peut-être allais-je enfin pouvoir réussir mon patronus corporel ? Pour finir la semaine en beauté, ça aurait été merveilleux. Et c'est machinalement que j'entrais dans la salle de cours, et que je toquais à la porte du bureau de l'enseignante pour entrer… sauf que la porte était fermée.
Ah ben crotte. Penchant la tête sur le côté, je sortais mon téléphone de ma poche pour le sortir de sa veille et vérifier l'heure. J'avais un peu d'avance, mais tout de même pas des heures. Qu'importe, elle était peut-être en train de faire la grosse commission. Après tout, ça arrivait même aux plus beaux et aux plus impressionnants. Pouffant à cette pensée, me traitant moi-même d'idiote, je fis volte-face pour aller m'asseoir à ma place habituelle dans la salle de cours. Un court instant, je contemplais la salle vide et tranquille, réalisant que c'était la première fois que je m'y rendais avec autant de sérénité. Ça faisait un bien fou. Et c'est sans essayer de quitter cette sensation que je fouillais dans mon sac et que j'en sortais mon journal sur les dragons. L'ouvrant à la page concernant les races japonaises, je me mis à compléter mes notes du Japon pour monsieur Helsing. Je n'étais pas pressée, et j'avais des choses à faire, alors j'attendais sagement que l'enseignante arrive. Sauf si elle m'avait oublié. Mais non elle ne m'a pas oublié. J'espère ?
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Re: Dis moi qu'aurais-je pu faire de mieux ? [PV Adoración]
Lun 11 Juin 2018 - 19:39
Il est 18h05 lorsque je transplane enfin à l’entrée du domaine sur lequel s’étend l’université. Je maudis intérieurement les employés du département des jeux et sports magiques ministère qui, pour un simple document égaré, m’ont mise en retard. Ayant moi-même travaillé au ministère de la magie en Espagne avant d’être enseignante, je sais qu’il suffit d’un peu d’organisation, de méthode et de conscience professionnelle pour mener à bien toutes les démarches en temps et en heure. Je me félicite néanmoins de m’occuper moi-même de ces corvées administratives concernant la carrière d’Hermès et de pouvoir ainsi le soulager de ce poids.
Tachant de mettre ma contrariété de côté, je traverse le campus d’un pas pressé pour gagner le premier étage du château et plus précisément mon bureau devant lequel mademoiselle Dowell doit déjà m’attendre depuis plusieurs minutes avec sa ponctualité habituelle. La jeune femme a souhaité poursuivre nos cours hebdomadaires jusqu’à la toute fin de l’année scolaire et je me dois donc d’honorer notre rendez-vous. C’est installée à sa place habituelle que je la trouve à mon arrivée dans la salle de cours. Studieuse et concentrée, elle ne semble pas avoir remarqué ma présence. Je m’approche donc pour venir m’installer sur le siège à côté du sien avant de la saluer.
- Bonsoir mademoiselle Dowell. Pardonnez mon retard, j’ai été retenue au ministère.
Levant le nez de ce sur quoi elle travaillait, la jeune femme m’adresse un sourire enjoué.
- Je vous en prie. Rien de grave j’espère ?
Je balaie ses inquiétudes d’un geste de la main.
- De la simple paperasse administrative, rien de bien méchant.
Je me penche alors légèrement sur le travail de la jeune femme. Je sais par Even Helsing que mademoiselle Dowell a entrepris la rédaction d’un important travail de recherche sur les dragons. Connaissant sa passion pour le sujet, je ne peux qu’en être curieuse et c’est avec un intérêt sincère que je demande.
- Sur quoi travaillez-vous ?
Tachant de mettre ma contrariété de côté, je traverse le campus d’un pas pressé pour gagner le premier étage du château et plus précisément mon bureau devant lequel mademoiselle Dowell doit déjà m’attendre depuis plusieurs minutes avec sa ponctualité habituelle. La jeune femme a souhaité poursuivre nos cours hebdomadaires jusqu’à la toute fin de l’année scolaire et je me dois donc d’honorer notre rendez-vous. C’est installée à sa place habituelle que je la trouve à mon arrivée dans la salle de cours. Studieuse et concentrée, elle ne semble pas avoir remarqué ma présence. Je m’approche donc pour venir m’installer sur le siège à côté du sien avant de la saluer.
- Bonsoir mademoiselle Dowell. Pardonnez mon retard, j’ai été retenue au ministère.
Levant le nez de ce sur quoi elle travaillait, la jeune femme m’adresse un sourire enjoué.
- Je vous en prie. Rien de grave j’espère ?
Je balaie ses inquiétudes d’un geste de la main.
- De la simple paperasse administrative, rien de bien méchant.
Je me penche alors légèrement sur le travail de la jeune femme. Je sais par Even Helsing que mademoiselle Dowell a entrepris la rédaction d’un important travail de recherche sur les dragons. Connaissant sa passion pour le sujet, je ne peux qu’en être curieuse et c’est avec un intérêt sincère que je demande.
- Sur quoi travaillez-vous ?
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Re: Dis moi qu'aurais-je pu faire de mieux ? [PV Adoración]
Lun 11 Juin 2018 - 21:51
Je laissais l'enseignante s'asseoir à côté de moi sans me défaire de mon sourire alors que je sentais l'angoisse monter légèrement en moi. Cependant, j'arrivais à la contrôler sans mal à cause de mon bien-être de l'instant. Je n'avais pas envie de me prendre la tête alors que je rentrais d'un si beau séjour. J'essayais donc de me mettre à l'aise, comme je le faisais avec monsieur Helsing. Il y avait toutes les raisons du monde pour que la situation soit différente pourtant. Le problème était que je ne pouvais rien montrer, et même ce que je ressentais, initialement, je n'y avais pas le droit. Mais j'ignorais si le savoir allait me suffire. C'était pour ces raisons que, sans bouger, je la laissais se pencher vers mon carnet, rompant davantage la distance que je trouvais toujours trop grande entre nous. Amusée, je posais un coude sur le bureau tout en appuyant mon menton dans la paume de ma main, fermant mon journal et le poussant un peu vers elle pour qu'elle puisse le prendre et le feuilleter à sa guise.
Ce carnet était mon recueil, toutes mes recherches et toutes mes observations. Ça n'avait pas de rapport direct avec mes cours, simplement la manifestation de ma passion trop débordante. Et j'étais touchée qu'elle veuille s'y intéressé, ne serait-ce qu'un tout petit peu.
- Ce n'est pas grand-chose… juste… des notes, des pensées et des observations.
Pas grand-chose oui, pas grand-chose. Je savais que la plupart des personnes qui voyaient mon carnet étaient étonnées par mon travail. Même monsieur Helsing semblait l'apprécier, et il m'aidait de temps à autre à le compléter. Pourtant, je n'en retirais aucune gloire et aucune fierté. Je l'avais fait par pure passion, comme si c'était une évidence, et j'étais même presque choquée que les autres élèves en dragonologie n'aient pas pris la même initiative. C'était pourtant évidant que lorsqu'on s'intéresse à des créatures magiques d'une telle envergure, il fallait s'y pencher de très près, prendre des notes, tout observer et tout retranscrire. Un détail, une lacune, une information manquante pouvait être un risque extrêmement périlleux. J'écrivais tout ceci non seulement pour ma sécurité, mais d'abord et avant tout parce que ma passion me rongeait de l'intérieur. Elle prenait en esclavage chaque parcelle de mon être, et tout me soufflait à me diriger vers la dragonologie depuis ma plus tendre enfance. Mon but avait toujours été clairement défini, et jamais je n'avais été perturbée dans mon travail. Jamais…
Mon regard brun, qui gardait sa lueur de joie, ne pouvait s'empêcher de se charger d'une certaine tendresse et d'un peu d'admiration alors qu'il coulait tranquillement et sans indiscrétion sur le visage de mon professeur juste là, à quelque centimètre de moi.
Je n'avais jamais été perturbée dans mon travail… jamais jusqu'à maintenant. Comme si mon corps et mon esprit s'étaient ouverts à une autre dimension, quelque chose dont je ne me croyais pas capable. Un sentiment que j'avais soigneusement évité, dont je pensais être épargnée.
Avant tout, j'avais ressenti du dégoût, du rejet, de la peur… puis la douleur et la lutte étaient telles, que j'avais fini par abdiquer. Je m'étais abandonnée. J'avais épousé ce poids, je l'avais serré contre moi, et j'avais cessé de me battre. J'avais tout accepté, et depuis, j'étais plus légère.
Mais si proche, j'en perdais mes ailes qui, comme Icare, brulaient lorsque je m'approchais trop de mon soleil.
Un peu amusée et attendrie par l'attention avec laquelle madame Castilla lisait mon journal, je me redressais et me permettais de me pencher vers elle dans le but d'attraper délicatement le livre, sans pour autant le lui retirer des mains. Mon épaule contre la sienne, mes doigts effleurant les siens, je tournais les pages jusqu'à arriver à mes notes concernant les dragons de Louisiane. Respectueusement, je ramenais ensuite mes mains vers moi, apparemment sans la moindre arrière-pensée, et je me remettais droite, rompant ainsi tout contact avec elle. Je ne désirais pas la mettre mal à l'aise dans un instant si cher à mon cœur. Néanmoins, je ne pouvais que me sentir étrange à son contact, ce que je taisais en hurlant intérieurement.
- Tenez, ça par exemple. Les raisons de mon absence de l'autre fois.
Oui parce que je m'en voulais encore d'avoir manqué à mon devoir ce jour-là, j'en venais forcément à lui en reparler. Jusqu'à ce que je puisse me pardonner moi-même. Et encore une fois, comme si je craignais d'oublier ses traits, ou plutôt, que je ne pouvais pas me lasser de les regarder, je recommençais à l'observer tranquillement alors qu'elle lisait mes écrits après avoir hoché la tête, visiblement intéressée. De temps à autre, pour ne pas paraître trop insistante et indiscrète, je baladais mon regard entre elle, mon livre ou encore la salle de classe. Pour moi, en cet instant, tout était parfait. Elle paraissait vraiment intéressée, bien que je devinais que sa lecture soit en diagonale. On y aurait passé la soirée sans cela, même si ça n'aurait pas été pour me déranger. Je constatais toutefois qu'elle ne se contentait pas d'un rapide coup d'œil, mais qu'il y avait comme une sorte de mécanisme en elle qui se mettait en place. Comme si elle m'analysait… comme si j'étais un livre ouvert.
Alors que je la voyais sur les dernières pages, celles des chants et des poèmes, je récitais un passage du chant d'une mère dragon à ses dragonnets, par cœur, comme s'il m'avait toujours inspiré.
- "Apprends par cœur ceci, mon précieux dragonnet, tu seras sûr de vivre encore de longues années."
En quelques mots, j'avais résumé l'existence même de ce carnet. Que j'apprenne tout ceci par cœur, et je serai certaine de ne pas finir croquée par ces animaux incroyables. Plongeant mon regard dans celui de mon enseignante, j'élargissais un peu mon sourire, proche du rire, avant de poursuivre.
- Je n'ai pas terminé de travailler dessus. Je ne sais pas si un jour ce sera terminé en fait. J'y note tout ce que j'apprends, observe ou pense. Monsieur Helsing m'a demandé des recherches sur les dragons japonais. C'est ce que j'écrivais en attendant votre arrivée.
Je ne lâchais rien, et je ne lâcherai rien, j'étais comme ça, et je le lui avais dit : j'aimais relever les défis. Le sortilège du patronus en était l'exemple parfait même si pour l'heure son accomplissement n'était pas totalement abouti. Reposant mon regard sur elle, je l'observais, comme si j'attendais un commentaire de sa part, comme si ça avait de l'importance pour moi, et c'était le cas, ça en avait.
Pour sûr, j'aimais les défis et je ne craignais pas de les relever. Mais à quel prix ? …
Ce carnet était mon recueil, toutes mes recherches et toutes mes observations. Ça n'avait pas de rapport direct avec mes cours, simplement la manifestation de ma passion trop débordante. Et j'étais touchée qu'elle veuille s'y intéressé, ne serait-ce qu'un tout petit peu.
- Ce n'est pas grand-chose… juste… des notes, des pensées et des observations.
Pas grand-chose oui, pas grand-chose. Je savais que la plupart des personnes qui voyaient mon carnet étaient étonnées par mon travail. Même monsieur Helsing semblait l'apprécier, et il m'aidait de temps à autre à le compléter. Pourtant, je n'en retirais aucune gloire et aucune fierté. Je l'avais fait par pure passion, comme si c'était une évidence, et j'étais même presque choquée que les autres élèves en dragonologie n'aient pas pris la même initiative. C'était pourtant évidant que lorsqu'on s'intéresse à des créatures magiques d'une telle envergure, il fallait s'y pencher de très près, prendre des notes, tout observer et tout retranscrire. Un détail, une lacune, une information manquante pouvait être un risque extrêmement périlleux. J'écrivais tout ceci non seulement pour ma sécurité, mais d'abord et avant tout parce que ma passion me rongeait de l'intérieur. Elle prenait en esclavage chaque parcelle de mon être, et tout me soufflait à me diriger vers la dragonologie depuis ma plus tendre enfance. Mon but avait toujours été clairement défini, et jamais je n'avais été perturbée dans mon travail. Jamais…
Mon regard brun, qui gardait sa lueur de joie, ne pouvait s'empêcher de se charger d'une certaine tendresse et d'un peu d'admiration alors qu'il coulait tranquillement et sans indiscrétion sur le visage de mon professeur juste là, à quelque centimètre de moi.
Je n'avais jamais été perturbée dans mon travail… jamais jusqu'à maintenant. Comme si mon corps et mon esprit s'étaient ouverts à une autre dimension, quelque chose dont je ne me croyais pas capable. Un sentiment que j'avais soigneusement évité, dont je pensais être épargnée.
Avant tout, j'avais ressenti du dégoût, du rejet, de la peur… puis la douleur et la lutte étaient telles, que j'avais fini par abdiquer. Je m'étais abandonnée. J'avais épousé ce poids, je l'avais serré contre moi, et j'avais cessé de me battre. J'avais tout accepté, et depuis, j'étais plus légère.
Mais si proche, j'en perdais mes ailes qui, comme Icare, brulaient lorsque je m'approchais trop de mon soleil.
Un peu amusée et attendrie par l'attention avec laquelle madame Castilla lisait mon journal, je me redressais et me permettais de me pencher vers elle dans le but d'attraper délicatement le livre, sans pour autant le lui retirer des mains. Mon épaule contre la sienne, mes doigts effleurant les siens, je tournais les pages jusqu'à arriver à mes notes concernant les dragons de Louisiane. Respectueusement, je ramenais ensuite mes mains vers moi, apparemment sans la moindre arrière-pensée, et je me remettais droite, rompant ainsi tout contact avec elle. Je ne désirais pas la mettre mal à l'aise dans un instant si cher à mon cœur. Néanmoins, je ne pouvais que me sentir étrange à son contact, ce que je taisais en hurlant intérieurement.
- Tenez, ça par exemple. Les raisons de mon absence de l'autre fois.
Oui parce que je m'en voulais encore d'avoir manqué à mon devoir ce jour-là, j'en venais forcément à lui en reparler. Jusqu'à ce que je puisse me pardonner moi-même. Et encore une fois, comme si je craignais d'oublier ses traits, ou plutôt, que je ne pouvais pas me lasser de les regarder, je recommençais à l'observer tranquillement alors qu'elle lisait mes écrits après avoir hoché la tête, visiblement intéressée. De temps à autre, pour ne pas paraître trop insistante et indiscrète, je baladais mon regard entre elle, mon livre ou encore la salle de classe. Pour moi, en cet instant, tout était parfait. Elle paraissait vraiment intéressée, bien que je devinais que sa lecture soit en diagonale. On y aurait passé la soirée sans cela, même si ça n'aurait pas été pour me déranger. Je constatais toutefois qu'elle ne se contentait pas d'un rapide coup d'œil, mais qu'il y avait comme une sorte de mécanisme en elle qui se mettait en place. Comme si elle m'analysait… comme si j'étais un livre ouvert.
Alors que je la voyais sur les dernières pages, celles des chants et des poèmes, je récitais un passage du chant d'une mère dragon à ses dragonnets, par cœur, comme s'il m'avait toujours inspiré.
- "Apprends par cœur ceci, mon précieux dragonnet, tu seras sûr de vivre encore de longues années."
En quelques mots, j'avais résumé l'existence même de ce carnet. Que j'apprenne tout ceci par cœur, et je serai certaine de ne pas finir croquée par ces animaux incroyables. Plongeant mon regard dans celui de mon enseignante, j'élargissais un peu mon sourire, proche du rire, avant de poursuivre.
- Je n'ai pas terminé de travailler dessus. Je ne sais pas si un jour ce sera terminé en fait. J'y note tout ce que j'apprends, observe ou pense. Monsieur Helsing m'a demandé des recherches sur les dragons japonais. C'est ce que j'écrivais en attendant votre arrivée.
Je ne lâchais rien, et je ne lâcherai rien, j'étais comme ça, et je le lui avais dit : j'aimais relever les défis. Le sortilège du patronus en était l'exemple parfait même si pour l'heure son accomplissement n'était pas totalement abouti. Reposant mon regard sur elle, je l'observais, comme si j'attendais un commentaire de sa part, comme si ça avait de l'importance pour moi, et c'était le cas, ça en avait.
Pour sûr, j'aimais les défis et je ne craignais pas de les relever. Mais à quel prix ? …
- InvitéInvité
Re: Dis moi qu'aurais-je pu faire de mieux ? [PV Adoración]
Sam 16 Juin 2018 - 16:25
Je feuillette attentivement le journal de mademoiselle Dowell. Je ne lis pas tout dans le détail bien évidemment, cela prendrait trop de temps. Mais je prends quand même la peine d’avoir un aperçu concret de l’ensemble de son travail. Cela représente à l’évidence des heures de recherche et de ce que je peux constater, son travail n’a rien à envier à bon nombres d’ouvrages de référence sur le sujet. C’est donc avec cette idée à l’esprit que je demande, continuant de tourner lentement les pages.
- Vous envisagez de le publier ?
- Non pas du tout.
Elle rougit un peu, sans doute sous l’effet du compliment que ma question sous-entend.
- C’est dommage. C’est un travail remarquable.
Je pense sincèrement ce que je dis et je crois que mademoiselle Dowell commence à me connaître suffisamment pour savoir que je n’ai pas l’habitude de faire des compliments à la légère. Je suis assez douée pour juger du talent des gens et je pense que la jeune femme ne s’est pas trompée en choisissant la dragonologie.
- Si vous changez d’avis, n’hésitez pas à venir me voir, je pourrai vous aider.
- Vous me flattez, je ne manquerai pas de venir vous voir. Mais vous savez ce n'est que le travail d'une étudiante passionnée... Rien de plus.
Je referme le journal et lui adresse un sourire en le faisant glisser vers elle.
- Vous devriez savoir que je ne suis pas une adepte de la flatterie mademoiselle Dowell.
Elle tend lentement la main vers son journal et le récupère avec des gestes mesurés.
- Oui, excusez-moi, je ne voulais pas paraître désobligeante. Je voulais seulement dire... que je ne sais pas si tout ceci vaut quelque chose, pour les dragonologistes accomplis. Après tout, je ne fais que débuter.
Joignant mes mains sur la table, j’insiste, sans me départir de mon sourire.
- Ne vous sous-estimez pas. Du peu que j’en ai vu, c’est un important travail de recherche que vous avez accompli. Votre rigueur compense largement votre manque d’expérience.
Je comprends que la jeune femme ait des doutes quant à la qualité de son travail et c’est même tout à son honneur de faire preuve d’une telle modestie. Cependant, je n’ai pas pour habitude de laisser mes étudiants dans l’ignorance de leur talent lorsque je le décèle.
- Vous envisagez de le publier ?
- Non pas du tout.
Elle rougit un peu, sans doute sous l’effet du compliment que ma question sous-entend.
- C’est dommage. C’est un travail remarquable.
Je pense sincèrement ce que je dis et je crois que mademoiselle Dowell commence à me connaître suffisamment pour savoir que je n’ai pas l’habitude de faire des compliments à la légère. Je suis assez douée pour juger du talent des gens et je pense que la jeune femme ne s’est pas trompée en choisissant la dragonologie.
- Si vous changez d’avis, n’hésitez pas à venir me voir, je pourrai vous aider.
- Vous me flattez, je ne manquerai pas de venir vous voir. Mais vous savez ce n'est que le travail d'une étudiante passionnée... Rien de plus.
Je referme le journal et lui adresse un sourire en le faisant glisser vers elle.
- Vous devriez savoir que je ne suis pas une adepte de la flatterie mademoiselle Dowell.
Elle tend lentement la main vers son journal et le récupère avec des gestes mesurés.
- Oui, excusez-moi, je ne voulais pas paraître désobligeante. Je voulais seulement dire... que je ne sais pas si tout ceci vaut quelque chose, pour les dragonologistes accomplis. Après tout, je ne fais que débuter.
Joignant mes mains sur la table, j’insiste, sans me départir de mon sourire.
- Ne vous sous-estimez pas. Du peu que j’en ai vu, c’est un important travail de recherche que vous avez accompli. Votre rigueur compense largement votre manque d’expérience.
Je comprends que la jeune femme ait des doutes quant à la qualité de son travail et c’est même tout à son honneur de faire preuve d’une telle modestie. Cependant, je n’ai pas pour habitude de laisser mes étudiants dans l’ignorance de leur talent lorsque je le décèle.
- InvitéInvité
Re: Dis moi qu'aurais-je pu faire de mieux ? [PV Adoración]
Sam 16 Juin 2018 - 17:59
Mon cerveau carburait à toute allure en cet instant précis. Évidemment, je n'avais jamais songé à publier mes écrits car je n'avais aucune prétention. Après tout, ce n'était que de simples observations, et le fait qu'il y ait des anecdotes avec les dragons de la vision moldu pouvait en offenser plus d'un, les sangs-purs notamment. J'étais une personne discrète, et je n'avais pas envie de me faire remarquer avec la publication d'un livre qui pouvait subir les railleries et la condescendance des gens. Affronter le monde extérieure à ma bulle était difficile pour moi, je débutais à peine depuis le début de cette année, et je devais dire que j'en étais très chamboulée. Regardant mon enseignante à mes côtés, je ne pouvais m'empêcher de me perdre dans mes pensées un instant. Vraiment très fortement chamboulée. Je venais me pincer la lèvre inférieure, tout en réfléchissant. Je n'étais jamais fermée aux propositions qui s'offraient à moi, sauf éventuellement pour le chant… et encore, monsieur Helsing avait réussi à me faire intégrer son groupe de musique de ma maison. Décidément, j'étais faible… et peut-être trop influençable. Mais si le professeur de dragonologie avait pu me convaincre autour d'un café dans un vieux grenier connu pour dealer de la drogue, pourquoi la femme à côté de moi ne réussirait pas à en faire de même ? Elle était bien plus importante à mes yeux que monsieur Helsing, ses paroles et ses compliments avaient d'autant plus de poids. Et dernier point, nous n'étions pas dans un grenier.
Caressant nerveusement la couverture de mon livre, je ne cessais de regarder mon enseignante. Je voulais lui faire confiance. Elle me proposait son aide… ça signifiait de passer davantage de temps avec elle. C'était ce que je désirai, même si ce n'était pas raisonnable.
- Il y aura sûrement beaucoup de choses à modifier…
- Ça je ne peux pas vous le dire sans avoir lu plus en détail.
Je souriais. Cette information était évidente, et je ne comptais pas me lancer dans un tel projet sans qu'elle n'ait davantage approfondi sa lecture. Réfléchissant encore un court instant, je faisais à nouveau glisser mon précieux carnet vers elle. C'était la première fois que j'allais faire ça, ça me demandait beaucoup d'effort, comme si je me séparais d'une partie de mon être. Et c'était un peu le cas.
- Je peux vous le confier si vous voulez.
Je lui faisais assez confiance pour qu'elle ne l'abîme pas et ne juge pas à outrance ce qui y était inscrit. Après tout, celui-ci était bientôt complet, je pouvais donc tout à fait entamer un nouveau journal, et j'avais déjà un sujet : les dragons japonais
- J'ai cru comprendre que ce journal était important pour vous, ne risque-t-il pas de vous manquer ?
Mon sourire s'élargissant sur mon visage et je vins à la fixer avec amusement.
- C'est vrai. Mais il faut bien ça, non ?
- Je ferai en sorte de vous le restituer rapidement
Elle hochait la tête avec un sourire tout en tendant sa main vers mon journal. Il me fallut une fraction de seconde pour réagir et finir de pousser le journal vers elle. J'avais l'impression de lui offrir mon cœur. Ce qui était extrêmement dérangeant et perturbant. Surtout dans mon état. C'était comme si j'aurai aimé être mon carnet, et terminer moi aussi entre ses mains. Et il me fallut un effort incommensurable pour ne pas me rapprocher d'elle. Je la voyais glisser mon livre à ses côtés pour le mettre de côté, et je le regardais comme si je me séparais d'un bout de mon âme.
Mon esprit pourtant initialement léger ce soir s'éveillait soudainement et me rappela une chose importante que j’avais failli oublier.
- Ho oui tiens…
Je me penchais pour récupérer mon sac et le fouiller, y plongeant mon bras entier. Le sortilège d'Extension était pratique, mais pour trouver une chose spécifique à l'intérieur c'était des fois difficile, surtout en rentrant de voyage. Mon regard finit par s'illuminer et je sortais une jolie boite en bois colorée.
- Je vous ai ramené ceci du Japon.
La voyant hausser les sourcils, étonnée, je l'entendais me dire.
- Il ne fallait pas.
- Vous changerez d'avis lorsque vous aurez goûté.
En vérité, c'était une boite à thé. Je lui ouvrais pour lui montrer le contenu. Il y avait plusieurs sachets, avec des explications traduites de l'origine des mélanges. Je les avais presque tous goûté là-bas, et en grande amatrice de thé, je n'avais pas pu m'empêcher d'en ramener quelque boites aux personnes que j'appréciais. Madame Castilla en faisait partie.
Je lui laissais un instant pour observer le boitier. À l'instar de mon livre, je lui glissais dans sa direction et alors qu'elle tendait sa main pour le récupérer, je ne pus m'en empêcher.
On m'avait dit de laisser parler mon cœur. On m'avait dit de ne pas trop réfléchir. On m'avait dit d'accepter la situation et de m'y abandonner. Et je n'y voyais même plus le mal. Trop retenue depuis trop longtemps, c'était totalement une action du cœur, poussée par mon âme trop abîmée. J'en avais envie. Alors je l'avais fait.
Trop à proximité l'une vers l'autre, il m'avait été trop difficile de lui laisser mon journal sans rien faire, et maintenant, c'était ce présent qui allait s'envoler sans que j'essaie. C'était bien trop difficile pour moi de résister alors que la situation était neuve pour moi. Et… moi, j'avais envie d'y goûter, même si je ne pensais pas au thé présentement… mais bel et bien à ses lèvres. J'avais été trop tentée, comme un péché originel. C'était mon premier baiser. Et il me paraissait être le plus doux et le plus délicat de tous. Pourquoi est-ce que ça en aurait été autrement ? Il n'y avait pas de mal… si ?
Caressant nerveusement la couverture de mon livre, je ne cessais de regarder mon enseignante. Je voulais lui faire confiance. Elle me proposait son aide… ça signifiait de passer davantage de temps avec elle. C'était ce que je désirai, même si ce n'était pas raisonnable.
- Il y aura sûrement beaucoup de choses à modifier…
- Ça je ne peux pas vous le dire sans avoir lu plus en détail.
Je souriais. Cette information était évidente, et je ne comptais pas me lancer dans un tel projet sans qu'elle n'ait davantage approfondi sa lecture. Réfléchissant encore un court instant, je faisais à nouveau glisser mon précieux carnet vers elle. C'était la première fois que j'allais faire ça, ça me demandait beaucoup d'effort, comme si je me séparais d'une partie de mon être. Et c'était un peu le cas.
- Je peux vous le confier si vous voulez.
Je lui faisais assez confiance pour qu'elle ne l'abîme pas et ne juge pas à outrance ce qui y était inscrit. Après tout, celui-ci était bientôt complet, je pouvais donc tout à fait entamer un nouveau journal, et j'avais déjà un sujet : les dragons japonais
- J'ai cru comprendre que ce journal était important pour vous, ne risque-t-il pas de vous manquer ?
Mon sourire s'élargissant sur mon visage et je vins à la fixer avec amusement.
- C'est vrai. Mais il faut bien ça, non ?
- Je ferai en sorte de vous le restituer rapidement
Elle hochait la tête avec un sourire tout en tendant sa main vers mon journal. Il me fallut une fraction de seconde pour réagir et finir de pousser le journal vers elle. J'avais l'impression de lui offrir mon cœur. Ce qui était extrêmement dérangeant et perturbant. Surtout dans mon état. C'était comme si j'aurai aimé être mon carnet, et terminer moi aussi entre ses mains. Et il me fallut un effort incommensurable pour ne pas me rapprocher d'elle. Je la voyais glisser mon livre à ses côtés pour le mettre de côté, et je le regardais comme si je me séparais d'un bout de mon âme.
Mon esprit pourtant initialement léger ce soir s'éveillait soudainement et me rappela une chose importante que j’avais failli oublier.
- Ho oui tiens…
Je me penchais pour récupérer mon sac et le fouiller, y plongeant mon bras entier. Le sortilège d'Extension était pratique, mais pour trouver une chose spécifique à l'intérieur c'était des fois difficile, surtout en rentrant de voyage. Mon regard finit par s'illuminer et je sortais une jolie boite en bois colorée.
- Je vous ai ramené ceci du Japon.
La voyant hausser les sourcils, étonnée, je l'entendais me dire.
- Il ne fallait pas.
- Vous changerez d'avis lorsque vous aurez goûté.
En vérité, c'était une boite à thé. Je lui ouvrais pour lui montrer le contenu. Il y avait plusieurs sachets, avec des explications traduites de l'origine des mélanges. Je les avais presque tous goûté là-bas, et en grande amatrice de thé, je n'avais pas pu m'empêcher d'en ramener quelque boites aux personnes que j'appréciais. Madame Castilla en faisait partie.
Je lui laissais un instant pour observer le boitier. À l'instar de mon livre, je lui glissais dans sa direction et alors qu'elle tendait sa main pour le récupérer, je ne pus m'en empêcher.
On m'avait dit de laisser parler mon cœur. On m'avait dit de ne pas trop réfléchir. On m'avait dit d'accepter la situation et de m'y abandonner. Et je n'y voyais même plus le mal. Trop retenue depuis trop longtemps, c'était totalement une action du cœur, poussée par mon âme trop abîmée. J'en avais envie. Alors je l'avais fait.
Trop à proximité l'une vers l'autre, il m'avait été trop difficile de lui laisser mon journal sans rien faire, et maintenant, c'était ce présent qui allait s'envoler sans que j'essaie. C'était bien trop difficile pour moi de résister alors que la situation était neuve pour moi. Et… moi, j'avais envie d'y goûter, même si je ne pensais pas au thé présentement… mais bel et bien à ses lèvres. J'avais été trop tentée, comme un péché originel. C'était mon premier baiser. Et il me paraissait être le plus doux et le plus délicat de tous. Pourquoi est-ce que ça en aurait été autrement ? Il n'y avait pas de mal… si ?
- InvitéInvité
Re: Dis moi qu'aurais-je pu faire de mieux ? [PV Adoración]
Sam 16 Juin 2018 - 21:26
Étonnée que mademoiselle Dowell m’ait rapporté un cadeau de son voyage au Japon, l’esprit encore focalisé sur la confiance qu’elle m’a portée en me confiant son journal, je me suis laissée surprendre. Je n’ai pas vraiment réalisé ce qui se passait avant que la jeune femme ne dépose ses lèvres sur les miennes dans un baiser timide. Je me fige un instant, prise au dépourvu quelques secondes. Puis je me ressaisis et d’une main sur son épaule, je repousse doucement la jeune femme. J’ai perdu mon sourire et c’est le regard sans doute plus sévère que je ne le voudrais que je m’adresse à elle.
- Je suis désolée mademoiselle Dowell si je vous ai donné l’impression qu’il y avait davantage entre nous qu’une relation élève-professeur. Je crois qu’il vaut mieux que nous en restions là pour les cours particuliers.
Sans attendre davantage, je me redresse et je me lève de ma chaise. Plus par réflexe parce que j’avais la main posée dessus que dans un geste véritablement délibéré, j’ai pris avec moi le coffret de thés et le journal de la jeune femme sur lequel je l’avais posé. Dans un élan de politesse davantage destiné à me donner une contenance qu'à me montrer agréable, j’adresse un dernier salut à la jeune femme.
- Bonne soirée mademoiselle Dowell.
Je me dirige alors vers mon bureau d’un pas décidé et disparais à l’intérieur sans me retourner. Fermant la porte derrière moi, je ne m’attarde pas plus dans la pièce et vais directement à mon appartement attenant. Ce n’est qu’une fois dans l’intimité de mon chez moi que je me laisse aller dans un fauteuil pour réfléchir à ce qui vient de se passer. Mon regard se pose sur le coffret de thés et le journal à présent posés sur mes genoux. De toute ma carrière, je n’ai jamais eu à faire face à une telle situation. Mais alors que je me repasse la scène dans ma tête, je ne parviens pas à déterminer ce qui me trouble le plus. Que la jeune femme ait franchi une barrière que je ne pensais jamais voir franchie ou ce que ça m’a coûté de la repousser.
- Je suis désolée mademoiselle Dowell si je vous ai donné l’impression qu’il y avait davantage entre nous qu’une relation élève-professeur. Je crois qu’il vaut mieux que nous en restions là pour les cours particuliers.
Sans attendre davantage, je me redresse et je me lève de ma chaise. Plus par réflexe parce que j’avais la main posée dessus que dans un geste véritablement délibéré, j’ai pris avec moi le coffret de thés et le journal de la jeune femme sur lequel je l’avais posé. Dans un élan de politesse davantage destiné à me donner une contenance qu'à me montrer agréable, j’adresse un dernier salut à la jeune femme.
- Bonne soirée mademoiselle Dowell.
Je me dirige alors vers mon bureau d’un pas décidé et disparais à l’intérieur sans me retourner. Fermant la porte derrière moi, je ne m’attarde pas plus dans la pièce et vais directement à mon appartement attenant. Ce n’est qu’une fois dans l’intimité de mon chez moi que je me laisse aller dans un fauteuil pour réfléchir à ce qui vient de se passer. Mon regard se pose sur le coffret de thés et le journal à présent posés sur mes genoux. De toute ma carrière, je n’ai jamais eu à faire face à une telle situation. Mais alors que je me repasse la scène dans ma tête, je ne parviens pas à déterminer ce qui me trouble le plus. Que la jeune femme ait franchi une barrière que je ne pensais jamais voir franchie ou ce que ça m’a coûté de la repousser.
- InvitéInvité
Re: Dis moi qu'aurais-je pu faire de mieux ? [PV Adoración]
Sam 16 Juin 2018 - 23:19
Je restais plantée là, penaude, mon cerveau n'étant capable de me fournir que deux informations. L'une, c'est que j'étais en train de serrer la main au diablotin alors qu'il me faisait visiter l'enfer. La deuxième, qu'elle était partie avec mon journal. Elle m'avait rejetée, mais elle avait tout de même emporté une partie de moi, et l'une des plus importante. Je me sentais dépouillée... comment lui était-il possible de faire preuve de tant de froideur ? J'en revenais soudainement à la raison qui m'avait fait éviter le sentiment amoureux tout ce temps... c'était pour éviter ce genre de situation.
- M...on journal...
Devenue l'ombre de moi-même, j'attrapais mon sac, en me levant lentement. Et c'est mollement que je traversais les couloirs. J'évitais les rares élèves encore debout, et je ne les regardais même pas. Mon corps entier était en feu, j'étais consumée par le chagrin et la douleur. Aucun mot n'était assez puissant pour pouvoir décrire ma détresse à ce moment précis.
Arrivée dehors après de longues minutes de marche avec la sensation d'être sous l'effet de l'alcool, je m'enfonçais, comme à mon habitude, dans la forêt. Mon point de panique était tel que je n'avais même pas réalisé m'être transformée en Animagus un instant après. Ainsi mon pelage noir disparu dans la pénombre, avalé par les ombres de mon chaos. Soudainement, je me mettais à courir, éperdue, et ce, bien plus longtemps que ce que j'aurai pu imaginer, peut-être des heures durant. Je m'épuisais bien plus vite sous cette forme. Pourtant mon corps entier allait exploser. Je pensais qu'en me défoulant, en ne cessant de bouger, il allait finir par irriguer d'avantage mon cœur et non plus mon cerveau. Ainsi, j'aurai pu être amputée de toutes mes pensées. De tout ce qui m'envahissait. Rien ne changea. Je n'avais nulle part où aller, hors de question de rebrousser chemin et retourner à l'université dans cet état… En dehors de chez ma sœur. Et c'est là-bas que je me rendais, après avoir repris ma forme humaine et en transplanant.
Arrivée dans le couloir de l'immeuble, je rentrais par la porte d'entrée de son appartement. D'ordinaire je ne venais pas sans la prévenir dans son petit chez elle d'étudiante, aux Etats-Unis. Mais j'étais devenue une fantôme, j'avais mal partout, et ce n'était pas à cause de ma course nocturne effrénée. Aileas, sursauta en me voyant, esclaffant mon prénom alors qu'elle chassait toute activité qu'elle était en train de faire. Sans prévenir, sans crier gare, ne la laissant même pas réaliser ma présence imprévue, je venais lui sauter dans les bras, à tel point qu'elle en tombait par terre, et moi avec. Ce fut la libération. Comme si je les avais retenues toute la nuit, mes larmes coulèrent à flot sur mes joues.
Ma sœur, si compréhensive, si douce et avenante, ne posait aucune question. Elle connaissait l'histoire, sans être aux faits de tous les détails. Je lui avais dit, trop en besoin de ses précieux conseils. Mais même sans cela, il lui était facile de comprendre ce qui était arrivé. Elle m'enlaçait avec la tendresse d'une petite sœur qui essayait de réconforter son aînée. Elle glissait une main dans mes cheveux pour les caresser avec une tendresse fraternelle que je lui découvrais. Je m'abandonnais totalement dans ses bras, mouillant son chemisier.
Combien de temps s'était écoulé ? Il me semblait juste un instant…. Un instant qui s'était figé dans le temps. Aileas réussissait à me relever, et c'est en me soutenant qu'elle m'emmenait jusqu'à sa chambre. Elle réussissait à me faire retirer quelques vêtements pour mon confort, avant de m'allonger dans son lit.
J'avais eu un sursis le temps du déplacement, réussissant à ravaler mes sanglots, mais c'est sur son oreiller que je me mettais à nouveau à pleurer à chaudes larmes. Impossible de les arrêter, et je savais que c'était ridicule. Ma gorge n'arrivait à laisser échapper que des plaintes, il m'était impossible de parler, de prononcer le moindre mot. Ma sœur, si parfaite, eut la gentillesse de me rejoindre, de me serrer contre elle. Je me blottissais comme une enfant. Si mon corps et ma voix avaient cessé de grandir et de mûrir à 15 ans, c'était pour cet instant. Maintenant j'en étais persuadée. J'avais 25 ans et pourtant je pleurais comme une jeune adolescente qui venait de vivre sa première rupture. Et c'était le cas. Je m'accrochais aux habits d'Aileas comme à une bouée de sauvetage, de peur de me noyer. Je la serrais si fort que je la sentais remuer de temps à autre, comme pour libérer la circulation de son sang que je bloquais. Pourtant, elle ne disait rien, elle ne se plaignait pas. Elle se contentait de me murmurer de douces paroles. Elle essayait de me soutenir, de me réconforter au mieux. Dans ma poitrine, à la place de ce sentiment amoureux douloureux, je sentais à présent un vide immense. Je n'avais jamais vécu une telle peine, même à la mort d'un proche.
C'était un fossé qui avait été creusé. Je me sentais comme morte de l'intérieur. Et c'est dans ce précipice que je me jetais, et dans lequel je tombais. Je pensais avoir touché le fond, mais jamais il ne vint. J'étais en chute libre dans l'obscurité de mon être, perdue dans la détresse d'un amour à sens unique.
C'est avachie, lourde, ankylosée, molle, lente et perdue que je m'éveillais lentement. Quand est-ce que je m'étais endormie ? Je ne m'en étais même pas rendue compte. Quelle heure était-il ? Quel jour étions-nous ? J'étais si anéantie et anesthésiée que je n'arrivais qu'à simplement cligner des paupières. C'est une caresse dans mes cheveux qui me reliait au monde réel. Aileas ?
- Tu sais que même quand tu dors tu pleures ?
Aileas …. Ma bien chère et si précieuse Aileas. Sa voix était celle des anges. Ils venaient sans doute me chercher car j'étais à présent morte de chagrin. Je tournais lentement mon visage vers elle. Elle me souriait. Même après tout ce temps à être dans ses bras, à pleurer comme une imbécile, elle ne m'en voulait pas. Elle n'avait pas bougé. Elle m'avait soutenue, jusqu'au bout, et bien plus encore. Je sentais mon corps trembler contre le sien, pourtant son contact si chaud et rassurant m'apaisais un peu. Je clignais péniblement des yeux pour essayer de retrouver convenablement la vue, voyant toujours trouble. Je sentais mon visage bouffi par les larmes et la douleur, j'étais même étonnée de pouvoir encore ouvrir les paupières, je pensais qu'elles auraient triplé de volume.
- Ah, et tu baves aussi.
Je l'entendais pouffer et par le grand Merlin…. Qu'est-ce que ça me faisait du bien… c'était un petit code entre nous. Histoire de se moquer tendrement de l'autre. C'était une petite phrase que je lui lançais lorsque c'était moi qui la consolait. Car l'inverse n'avait jamais été nécessaire avant. À croire que j'avais rattrapé le temps perdu. Elle réussissait à m'arracher l'esquisse d'un sourire, et je dû faire un effort monumental pour parler. Mais pour elle, tous les efforts en valaient la peine.
- T..a… gueule…
Elle riait doucement en me serrant plus étroitement contre elle.
- Ah tu es revenue, quel soulagement ! J'étais prête à appeler les urgences tu sais.
Je venais me frotter péniblement le visage, comme si ce simple geste me coûtait toute mon énergie vitale.
- Pardon… Je n'ai pas réfléchi.
-Tu n'étais pas en état.
Cette simple phrase me jetait mes souvenirs en plein visage. Après tout, est-ce que j'avais réellement vécu tout ça, ou est-ce que je l'avais déformé ? Je me souvenais de vendredi soir, de ce cours privé. De cette tentative. De ma fuite, de mon désarroi. Je me voyais venir ici, m'effondrer… puis c'était le trou noir. Comme si j'étais une enfant, Aileas passait sa main dans ma frange pour la retirer de devant mes yeux. Même si sa voix restait celle des anges, elle prenait un ton un peu plus grave.
- Ça n'a pas marché ?
J'aurai aimé lui parler. J'aurai aimé lui dire toute la franche vérité. J'aurai aimé lui confirmer cet échec. Pourtant, ce sont de nouveaux sanglots qui éclatèrent. Elle revint me serrer plus étroitement contre elle.
- Aaahhh non ne recommence pas ! Excuse-moi je n'aurai pas dû te poser cette question.
Il me fallut quelques minutes pour réussir à me calmer à nouveau. J'étais étonnée que je puisse encore pleurer, je pensais ne plus avoir de larmes en stock après tout ce que j'avais versé. Je me trompais. Comme quoi, les ressources du corps pouvaient être impressionnantes. Après un instant de calme et de silence, j'arrivais à m'éclaircir la gorge tant bien que mal.
- On est quel jour ?
- Samedi matin.
Samedi… j'avais couru toute la nuit de vendredi et pleuré cette même journée durant sans interruption. Avec le décalage horaire, j'étais revenue en arrière, j'avais à nouveau vécu ma journée, comme si je sanglotais par avance de ce qui allait m'arriver. Je me sentais minable. Pourtant, je n'allais pas mieux. Tant bien que mal, je réussissais à me redresser et m'asseoir en m'appuyant contre le mur. Ma sœur suivait le mouvement et j'en vins à l'admirer. À la trouver belle, magnifique, divine. Je lui devais énormément, et jamais je ne pourrai éponger ma dette. Elle me fixait avec une tendresse et une compassion débordante.
- Tu veux en parler ?
De peur de pleurer à nouveau si j'essayais de parler, je me contentais de secouer la tête négativement. Non, vraiment, je ne voulais pas en parler. Elle savait tout ce qu'il y avait à savoir, elle n'avait pas besoin d'entendre le fin mot de l'histoire, ni de qui il s'agissait vraiment. Je savais qu'au fond d'elle, elle avait compris l'essentiel. À savoir, que je n'étais jamais tombée amoureuse avant, et que je n'avais jamais autant souffert. Que ça ne s'est pas déroulé comme je l'aurai espéré, et que ça se terminait en un profond chagrin d'amour. Ce vide en moi…. J'avais l'impression qu'il était visible de l'extérieur. Je trouvais miraculeux que je ne sois pas devenue catatonique.
Aileas se levait du lit en me faisant face.
- Bon, tu permets mais moi je vais sous la douche, et tu devrais faire de même, tu as une mine de déterrée.
Sans même me regarder dans un miroir je savais qu'elle avait raison. Je la regardais s'en aller, et je restais assise, sans broncher. Lorsqu'elle revint, ma sœur vint m'embrasser la joue, comme elle avait l'habitude de le faire. Cela me suffisait pour retrouver l'énergie nécessaire à me rendre sous la douche à mon tour. Rassemblant rapidement mes habits, je m'enfermais dans la pièce, et me perdait sous l'eau brûlante qui ruisselait sur mon petit corps meurtri. Mais tenir debout était bien trop pénible. Mes jambes se dérobèrent et je venais m'asseoir, recroquevillée sur moi-même. Je fixais le vide. Ce gouffre dans mon âme. Il me projetait des images, des souvenirs. Des bons moments passés ensemble. De cette confiance qui c'était installée, de cet ensemble. Un tout que je croyais parfait. De ses regards, malgré elle, et des gestes, malgré moi. Est-ce que j'avais imaginé tout ça ? Mon esprit malade, désirant à ce point me rapprocher d'elle, aurait-il déformé la vérité ? N'aurai-je fait que voir ce que je voulais voir en obstruant le reste ? Je n'en étais plus certaine. Elle semblait tout aussi désemparée que moi vendredi. Sauf si, encore une fois, c'était une déformation de la réalité. Je ne savais plus.
Je baissais la tête sur mes bras, complétement repliée sur moi-même, je m'abandonnais à nouveau dans ce trou sans fond, cette fissure géante dans mon cœur. Sous l'eau, je sentais encore une fois des larmes couler le long de mes joues. Cela ne cessera donc jamais ?
À peine sortie de la douche, je voyais ma sœur m'attendre de pied ferme devant la chambre. Elle me prenait la main en m'entraînant, puis elle fermait la porte, comme si elle craignait que quelqu'un puisse entrer chez elle et nous déranger. Elle me lâchait alors que je me questionnais, sans énergie, sur ce qu'elle avait envie de faire. Je la voyais m'indiquer le lit, signe que je devais m'asseoir. Je fermais les yeux et m'exécutais. Je n'avais aucune envie de le faire. J'avais compris ce qu'elle voulait.
- Adé… s'il te plait non.
- Teuteuh ! Tu me dois bien ça. Et ça va te faire du bien, allé !
Elle prenait une chaise et venait s'asseoir en face de moi, comme si elle attendait que je lui fasse un numéro de claquette. Ma voix était cassée, perdue. Je me faisais peur lorsque je m'entendais. Il était impensable que je puisse chanter. Je savais que ma petite sœur aimait ma voix. Souvent nous improvisions des chansons toutes les deux, elle à la guitare, moi au chant. C'était l'un de nos jardins secrets. Ça nous rendait joyeuses, nous faisant oublier nos soucis. Je comprenais sa démarche, pourtant je n'en avais pas la force.
- Je t'en prie… je ne vais pas y arriver…
- Meuuh si ! Il te suffit de le vouloir, et je sais que tu le veux, aller ! De toute façon, tu n'as pas le choix. Hop !
J'ouvrais péniblement la bouche et laissais échapper quelques notes. Elles s'envolèrent jusqu'au sommet du plafond. Elles le crevèrent et sortirent de la maison. C'était un appel de détresse… et si je ne pouvais pas expliquer à ma sœur ce qui était arrivé vraiment… je pouvais le lui chanter. Je réfléchissais longuement, improvisant mentalement une mélodie. Puis, comme un vieux réflexe, comme un instinct de survie, comme prendre pour la première fois sa bouffée d'oxygène à sa venue au monde, je forçais à nouveau sur mes cordes vocales.
D'abord timide et brisée, ma voix se fit de plus en plus assurée, et, lentement, je retrouvais du tonus, de l'assurance, lentement, je redevenais moi-même, comme si cette chanson était mon exorcisme. À la dernière note, je parvenais à sourire à ma sœur avec un regard rempli de gratitude et d'amour. Elle se levait pour venir m'embrasser la joue.
- Ça va mieux ?
- Oui… merci.
Je réussissais à passer le reste de ma journée en sa présence. Elle me faisait visiter le quartier et certaines boutiques américaines. Ça me changeait les pensées. Ici, tout était si différent, si immense. Je me savais bien entourée, et je savais que je pouvais compter sur elle. C'était tout ce qui importait. Finalement, j'avais bien fait de venir, même si je m'en voulais de lui avoir accaparé tout son temps. Surtout à ma sœur, sachant qu'elle avait bien souvent ses week-ends remplis avec ses amis. Par ailleurs, elle ne manquait pas à me présenter à plusieurs personnes lorsque nous les croisions dans les rues.
J'étais hantée par la peur de devoir à nouveau l'affronter, elle, dès demain, aux cours. Mais je ne pouvais pas perdre la face, et ce n'était pas par fierté, ou à cause de mon journal. C'était pour elle. Pour la protéger. Pour éviter les rumeurs qui pouvaient se former entre nous. Je me fichais d'être une victime de ce que les gens pouvaient dire dans mon dos. Je ne voulais pas qu'elle en pâtisse également. Elle ne le méritait pas. Tout ce qui était arrivé était ma faute. Il m'aurait été bien plus simple de sécher les cours, de changer de branche facultative. Mais je savais à quel point il pouvait y avoir des fouines dans l'université. Je savais les conclusions hâtives qui pouvaient naître d'un rien. Je préférais donc semer le doute en restant présente, fidèle à moi-même, calme, discrète, invisible. Ça avait toujours été facile d'être transparente, ça n'allait donc pas être plus compliqué malgré la situation. Je me mettais même au défi de réussir à me faire oublier d'elle durant ses cours. Elle m'avait remarqué… elle allait pouvoir m'effacer… Comme la craie de son tableau noir. Un simple coup d'éponge humide, et il n'y avait plus aucune trace. Je n'insisterai pas. Je ne la dérangerai pas. Je me laisserai souffler, balayer. Parce que je tenais à elle, je l'aimais. Profondément. De toute mon âme. Je découvrais douloureusement ce qu'était l'amour. Le vrai. Le pur. Le nu.
- M...on journal...
Devenue l'ombre de moi-même, j'attrapais mon sac, en me levant lentement. Et c'est mollement que je traversais les couloirs. J'évitais les rares élèves encore debout, et je ne les regardais même pas. Mon corps entier était en feu, j'étais consumée par le chagrin et la douleur. Aucun mot n'était assez puissant pour pouvoir décrire ma détresse à ce moment précis.
Arrivée dehors après de longues minutes de marche avec la sensation d'être sous l'effet de l'alcool, je m'enfonçais, comme à mon habitude, dans la forêt. Mon point de panique était tel que je n'avais même pas réalisé m'être transformée en Animagus un instant après. Ainsi mon pelage noir disparu dans la pénombre, avalé par les ombres de mon chaos. Soudainement, je me mettais à courir, éperdue, et ce, bien plus longtemps que ce que j'aurai pu imaginer, peut-être des heures durant. Je m'épuisais bien plus vite sous cette forme. Pourtant mon corps entier allait exploser. Je pensais qu'en me défoulant, en ne cessant de bouger, il allait finir par irriguer d'avantage mon cœur et non plus mon cerveau. Ainsi, j'aurai pu être amputée de toutes mes pensées. De tout ce qui m'envahissait. Rien ne changea. Je n'avais nulle part où aller, hors de question de rebrousser chemin et retourner à l'université dans cet état… En dehors de chez ma sœur. Et c'est là-bas que je me rendais, après avoir repris ma forme humaine et en transplanant.
Arrivée dans le couloir de l'immeuble, je rentrais par la porte d'entrée de son appartement. D'ordinaire je ne venais pas sans la prévenir dans son petit chez elle d'étudiante, aux Etats-Unis. Mais j'étais devenue une fantôme, j'avais mal partout, et ce n'était pas à cause de ma course nocturne effrénée. Aileas, sursauta en me voyant, esclaffant mon prénom alors qu'elle chassait toute activité qu'elle était en train de faire. Sans prévenir, sans crier gare, ne la laissant même pas réaliser ma présence imprévue, je venais lui sauter dans les bras, à tel point qu'elle en tombait par terre, et moi avec. Ce fut la libération. Comme si je les avais retenues toute la nuit, mes larmes coulèrent à flot sur mes joues.
Ma sœur, si compréhensive, si douce et avenante, ne posait aucune question. Elle connaissait l'histoire, sans être aux faits de tous les détails. Je lui avais dit, trop en besoin de ses précieux conseils. Mais même sans cela, il lui était facile de comprendre ce qui était arrivé. Elle m'enlaçait avec la tendresse d'une petite sœur qui essayait de réconforter son aînée. Elle glissait une main dans mes cheveux pour les caresser avec une tendresse fraternelle que je lui découvrais. Je m'abandonnais totalement dans ses bras, mouillant son chemisier.
Combien de temps s'était écoulé ? Il me semblait juste un instant…. Un instant qui s'était figé dans le temps. Aileas réussissait à me relever, et c'est en me soutenant qu'elle m'emmenait jusqu'à sa chambre. Elle réussissait à me faire retirer quelques vêtements pour mon confort, avant de m'allonger dans son lit.
J'avais eu un sursis le temps du déplacement, réussissant à ravaler mes sanglots, mais c'est sur son oreiller que je me mettais à nouveau à pleurer à chaudes larmes. Impossible de les arrêter, et je savais que c'était ridicule. Ma gorge n'arrivait à laisser échapper que des plaintes, il m'était impossible de parler, de prononcer le moindre mot. Ma sœur, si parfaite, eut la gentillesse de me rejoindre, de me serrer contre elle. Je me blottissais comme une enfant. Si mon corps et ma voix avaient cessé de grandir et de mûrir à 15 ans, c'était pour cet instant. Maintenant j'en étais persuadée. J'avais 25 ans et pourtant je pleurais comme une jeune adolescente qui venait de vivre sa première rupture. Et c'était le cas. Je m'accrochais aux habits d'Aileas comme à une bouée de sauvetage, de peur de me noyer. Je la serrais si fort que je la sentais remuer de temps à autre, comme pour libérer la circulation de son sang que je bloquais. Pourtant, elle ne disait rien, elle ne se plaignait pas. Elle se contentait de me murmurer de douces paroles. Elle essayait de me soutenir, de me réconforter au mieux. Dans ma poitrine, à la place de ce sentiment amoureux douloureux, je sentais à présent un vide immense. Je n'avais jamais vécu une telle peine, même à la mort d'un proche.
C'était un fossé qui avait été creusé. Je me sentais comme morte de l'intérieur. Et c'est dans ce précipice que je me jetais, et dans lequel je tombais. Je pensais avoir touché le fond, mais jamais il ne vint. J'étais en chute libre dans l'obscurité de mon être, perdue dans la détresse d'un amour à sens unique.
C'est avachie, lourde, ankylosée, molle, lente et perdue que je m'éveillais lentement. Quand est-ce que je m'étais endormie ? Je ne m'en étais même pas rendue compte. Quelle heure était-il ? Quel jour étions-nous ? J'étais si anéantie et anesthésiée que je n'arrivais qu'à simplement cligner des paupières. C'est une caresse dans mes cheveux qui me reliait au monde réel. Aileas ?
- Tu sais que même quand tu dors tu pleures ?
Aileas …. Ma bien chère et si précieuse Aileas. Sa voix était celle des anges. Ils venaient sans doute me chercher car j'étais à présent morte de chagrin. Je tournais lentement mon visage vers elle. Elle me souriait. Même après tout ce temps à être dans ses bras, à pleurer comme une imbécile, elle ne m'en voulait pas. Elle n'avait pas bougé. Elle m'avait soutenue, jusqu'au bout, et bien plus encore. Je sentais mon corps trembler contre le sien, pourtant son contact si chaud et rassurant m'apaisais un peu. Je clignais péniblement des yeux pour essayer de retrouver convenablement la vue, voyant toujours trouble. Je sentais mon visage bouffi par les larmes et la douleur, j'étais même étonnée de pouvoir encore ouvrir les paupières, je pensais qu'elles auraient triplé de volume.
- Ah, et tu baves aussi.
Je l'entendais pouffer et par le grand Merlin…. Qu'est-ce que ça me faisait du bien… c'était un petit code entre nous. Histoire de se moquer tendrement de l'autre. C'était une petite phrase que je lui lançais lorsque c'était moi qui la consolait. Car l'inverse n'avait jamais été nécessaire avant. À croire que j'avais rattrapé le temps perdu. Elle réussissait à m'arracher l'esquisse d'un sourire, et je dû faire un effort monumental pour parler. Mais pour elle, tous les efforts en valaient la peine.
- T..a… gueule…
Elle riait doucement en me serrant plus étroitement contre elle.
- Ah tu es revenue, quel soulagement ! J'étais prête à appeler les urgences tu sais.
Je venais me frotter péniblement le visage, comme si ce simple geste me coûtait toute mon énergie vitale.
- Pardon… Je n'ai pas réfléchi.
-Tu n'étais pas en état.
Cette simple phrase me jetait mes souvenirs en plein visage. Après tout, est-ce que j'avais réellement vécu tout ça, ou est-ce que je l'avais déformé ? Je me souvenais de vendredi soir, de ce cours privé. De cette tentative. De ma fuite, de mon désarroi. Je me voyais venir ici, m'effondrer… puis c'était le trou noir. Comme si j'étais une enfant, Aileas passait sa main dans ma frange pour la retirer de devant mes yeux. Même si sa voix restait celle des anges, elle prenait un ton un peu plus grave.
- Ça n'a pas marché ?
J'aurai aimé lui parler. J'aurai aimé lui dire toute la franche vérité. J'aurai aimé lui confirmer cet échec. Pourtant, ce sont de nouveaux sanglots qui éclatèrent. Elle revint me serrer plus étroitement contre elle.
- Aaahhh non ne recommence pas ! Excuse-moi je n'aurai pas dû te poser cette question.
Il me fallut quelques minutes pour réussir à me calmer à nouveau. J'étais étonnée que je puisse encore pleurer, je pensais ne plus avoir de larmes en stock après tout ce que j'avais versé. Je me trompais. Comme quoi, les ressources du corps pouvaient être impressionnantes. Après un instant de calme et de silence, j'arrivais à m'éclaircir la gorge tant bien que mal.
- On est quel jour ?
- Samedi matin.
Samedi… j'avais couru toute la nuit de vendredi et pleuré cette même journée durant sans interruption. Avec le décalage horaire, j'étais revenue en arrière, j'avais à nouveau vécu ma journée, comme si je sanglotais par avance de ce qui allait m'arriver. Je me sentais minable. Pourtant, je n'allais pas mieux. Tant bien que mal, je réussissais à me redresser et m'asseoir en m'appuyant contre le mur. Ma sœur suivait le mouvement et j'en vins à l'admirer. À la trouver belle, magnifique, divine. Je lui devais énormément, et jamais je ne pourrai éponger ma dette. Elle me fixait avec une tendresse et une compassion débordante.
- Tu veux en parler ?
De peur de pleurer à nouveau si j'essayais de parler, je me contentais de secouer la tête négativement. Non, vraiment, je ne voulais pas en parler. Elle savait tout ce qu'il y avait à savoir, elle n'avait pas besoin d'entendre le fin mot de l'histoire, ni de qui il s'agissait vraiment. Je savais qu'au fond d'elle, elle avait compris l'essentiel. À savoir, que je n'étais jamais tombée amoureuse avant, et que je n'avais jamais autant souffert. Que ça ne s'est pas déroulé comme je l'aurai espéré, et que ça se terminait en un profond chagrin d'amour. Ce vide en moi…. J'avais l'impression qu'il était visible de l'extérieur. Je trouvais miraculeux que je ne sois pas devenue catatonique.
Aileas se levait du lit en me faisant face.
- Bon, tu permets mais moi je vais sous la douche, et tu devrais faire de même, tu as une mine de déterrée.
Sans même me regarder dans un miroir je savais qu'elle avait raison. Je la regardais s'en aller, et je restais assise, sans broncher. Lorsqu'elle revint, ma sœur vint m'embrasser la joue, comme elle avait l'habitude de le faire. Cela me suffisait pour retrouver l'énergie nécessaire à me rendre sous la douche à mon tour. Rassemblant rapidement mes habits, je m'enfermais dans la pièce, et me perdait sous l'eau brûlante qui ruisselait sur mon petit corps meurtri. Mais tenir debout était bien trop pénible. Mes jambes se dérobèrent et je venais m'asseoir, recroquevillée sur moi-même. Je fixais le vide. Ce gouffre dans mon âme. Il me projetait des images, des souvenirs. Des bons moments passés ensemble. De cette confiance qui c'était installée, de cet ensemble. Un tout que je croyais parfait. De ses regards, malgré elle, et des gestes, malgré moi. Est-ce que j'avais imaginé tout ça ? Mon esprit malade, désirant à ce point me rapprocher d'elle, aurait-il déformé la vérité ? N'aurai-je fait que voir ce que je voulais voir en obstruant le reste ? Je n'en étais plus certaine. Elle semblait tout aussi désemparée que moi vendredi. Sauf si, encore une fois, c'était une déformation de la réalité. Je ne savais plus.
Je baissais la tête sur mes bras, complétement repliée sur moi-même, je m'abandonnais à nouveau dans ce trou sans fond, cette fissure géante dans mon cœur. Sous l'eau, je sentais encore une fois des larmes couler le long de mes joues. Cela ne cessera donc jamais ?
À peine sortie de la douche, je voyais ma sœur m'attendre de pied ferme devant la chambre. Elle me prenait la main en m'entraînant, puis elle fermait la porte, comme si elle craignait que quelqu'un puisse entrer chez elle et nous déranger. Elle me lâchait alors que je me questionnais, sans énergie, sur ce qu'elle avait envie de faire. Je la voyais m'indiquer le lit, signe que je devais m'asseoir. Je fermais les yeux et m'exécutais. Je n'avais aucune envie de le faire. J'avais compris ce qu'elle voulait.
- Adé… s'il te plait non.
- Teuteuh ! Tu me dois bien ça. Et ça va te faire du bien, allé !
Elle prenait une chaise et venait s'asseoir en face de moi, comme si elle attendait que je lui fasse un numéro de claquette. Ma voix était cassée, perdue. Je me faisais peur lorsque je m'entendais. Il était impensable que je puisse chanter. Je savais que ma petite sœur aimait ma voix. Souvent nous improvisions des chansons toutes les deux, elle à la guitare, moi au chant. C'était l'un de nos jardins secrets. Ça nous rendait joyeuses, nous faisant oublier nos soucis. Je comprenais sa démarche, pourtant je n'en avais pas la force.
- Je t'en prie… je ne vais pas y arriver…
- Meuuh si ! Il te suffit de le vouloir, et je sais que tu le veux, aller ! De toute façon, tu n'as pas le choix. Hop !
J'ouvrais péniblement la bouche et laissais échapper quelques notes. Elles s'envolèrent jusqu'au sommet du plafond. Elles le crevèrent et sortirent de la maison. C'était un appel de détresse… et si je ne pouvais pas expliquer à ma sœur ce qui était arrivé vraiment… je pouvais le lui chanter. Je réfléchissais longuement, improvisant mentalement une mélodie. Puis, comme un vieux réflexe, comme un instinct de survie, comme prendre pour la première fois sa bouffée d'oxygène à sa venue au monde, je forçais à nouveau sur mes cordes vocales.
I can never tell what you want
Even with time, you'll never learn to move on
I'm trying my best to lift you up, to repair
But when I stop, you never seem to stay there
And I'm holding on, I'm holding on
I'll wait until you're really gone
And try to find another way
But I can not stay
I can do no right for doing wrong
I'll swallow my pride, I only want to belong
I'm trying my best to toughen up, for these days
And maybe I'll find another time for this place
And I'm holding on, I'm holding on
I'll wait until you're really gone
And try to find another way
But I can not stay
And try to find another way
But I can not stay
Even with time, you'll never learn to move on
I'm trying my best to lift you up, to repair
But when I stop, you never seem to stay there
And I'm holding on, I'm holding on
I'll wait until you're really gone
And try to find another way
But I can not stay
I can do no right for doing wrong
I'll swallow my pride, I only want to belong
I'm trying my best to toughen up, for these days
And maybe I'll find another time for this place
And I'm holding on, I'm holding on
I'll wait until you're really gone
And try to find another way
But I can not stay
And try to find another way
But I can not stay
- Spoiler:
D'abord timide et brisée, ma voix se fit de plus en plus assurée, et, lentement, je retrouvais du tonus, de l'assurance, lentement, je redevenais moi-même, comme si cette chanson était mon exorcisme. À la dernière note, je parvenais à sourire à ma sœur avec un regard rempli de gratitude et d'amour. Elle se levait pour venir m'embrasser la joue.
- Ça va mieux ?
- Oui… merci.
Je réussissais à passer le reste de ma journée en sa présence. Elle me faisait visiter le quartier et certaines boutiques américaines. Ça me changeait les pensées. Ici, tout était si différent, si immense. Je me savais bien entourée, et je savais que je pouvais compter sur elle. C'était tout ce qui importait. Finalement, j'avais bien fait de venir, même si je m'en voulais de lui avoir accaparé tout son temps. Surtout à ma sœur, sachant qu'elle avait bien souvent ses week-ends remplis avec ses amis. Par ailleurs, elle ne manquait pas à me présenter à plusieurs personnes lorsque nous les croisions dans les rues.
J'étais hantée par la peur de devoir à nouveau l'affronter, elle, dès demain, aux cours. Mais je ne pouvais pas perdre la face, et ce n'était pas par fierté, ou à cause de mon journal. C'était pour elle. Pour la protéger. Pour éviter les rumeurs qui pouvaient se former entre nous. Je me fichais d'être une victime de ce que les gens pouvaient dire dans mon dos. Je ne voulais pas qu'elle en pâtisse également. Elle ne le méritait pas. Tout ce qui était arrivé était ma faute. Il m'aurait été bien plus simple de sécher les cours, de changer de branche facultative. Mais je savais à quel point il pouvait y avoir des fouines dans l'université. Je savais les conclusions hâtives qui pouvaient naître d'un rien. Je préférais donc semer le doute en restant présente, fidèle à moi-même, calme, discrète, invisible. Ça avait toujours été facile d'être transparente, ça n'allait donc pas être plus compliqué malgré la situation. Je me mettais même au défi de réussir à me faire oublier d'elle durant ses cours. Elle m'avait remarqué… elle allait pouvoir m'effacer… Comme la craie de son tableau noir. Un simple coup d'éponge humide, et il n'y avait plus aucune trace. Je n'insisterai pas. Je ne la dérangerai pas. Je me laisserai souffler, balayer. Parce que je tenais à elle, je l'aimais. Profondément. De toute mon âme. Je découvrais douloureusement ce qu'était l'amour. Le vrai. Le pur. Le nu.