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All we do is play it safe, all we do is live inside a cage (Stan)
Sam 16 Mar 2019 - 2:52
Le flot d’étudiants s’écoulait à un rythme régulier, passant sous l’arche de la grande porte de la salle de cours de potions. Nonchalamment appuyé contre le mur de briques du sous-sol, les bras croisés contre son torse, Nikolaï attendait celui qu’il évitait depuis plusieurs années. Il aurait pu quitter simplement les lieux, ne pas lui reparler, ne pas revenir sur cet accident, mais il était trop irrité, trop passablement énervé. Le Russe était sanguin, plus enclin à se venger et à confronter qu’à pardonner. Il n’avait aucune raison de se tenir tranquille, de ne provoquer aucune discussion.
Il aurait bien voulu assassiner deux personnes, aujourd’hui : l’enseignant qui l’avait mis en binôme avec un ancien pote et l’ancien pote en question, qui avait tout fait foirer. Il n’avait pas été ravi, lorsqu’on lui avait annoncé qu’il concocterait sa potion avec Stanislav. Dire qu’il le détestait était un euphémisme. Rancunier, il lui en voulait encore pour cette lointaine époque où il n’avait pas compris son changement de direction, où il ne l’avait pas suffisamment questionné, où il l’avait jugé, en bon sang pur obéissant qu’il était, sans chercher à voir davantage que ce qu’il croyait saisir de la situation. Le Wright ne pouvait se rappeler qu’avec hargne de leur ultime dispute, celle qui avait consacré leur nouveau statut d’ennemis, en détruisant une amitié construite au fil des années. Il avait peut-être eu tort, de ne pas tout lui révéler, de garder les informations cruciales pour lui, en se disant qu’il n’avait pas besoin de les lui fournir. C’était peut-être une erreur, de s’attaquer à lui là où il savait qu’il risquait de le blesser, sans chercher à se calmer, sans se contrôler. Mais c’était le passé, c’était loin et s’il avait fait des conneries, il n’était pas le seul. Ils étaient tous les deux coupables; Stan peut-être plus, du moins, à ses yeux.
Leur équipe temporaire ne pouvait que mal tourner. Il ne savait pas trop ce qui s’était exactement passé, durant ce cours catastrophique : de piques en piques, tout s’était envenimé et le contenu du chaudron avait explosé. Il en gardait d’ailleurs un beau souvenir violacé sur le bas de son blouson. Ils avaient ensuite été séparés, à la grande joie du Russe qui, sous l’impulsion du moment, aurait été capable de frapper son ancien ami, juste pour assouvir une vengeance puérile, pour provoquer des coups qui dérangent, qui soignent, qui détruisent et qui réparent. En final, il avait quitté le local en premier, frustré d’avoir échoué une potion, lui qui réussissait plutôt bien dans ce domaine habituellement. Et bien sûr, c’était la faute de ce type. Pas la sienne.
Il guetta les têtes qui s’échappaient du local, sans savoir exactement ce qu’il lui dirait. Pardon. Ce mot, il ne savait pas depuis combien de temps il lui brûlait les lèvres. Depuis combien d’années, de mois, de secondes. Il était rancunier et colérique, mais pas débile. Il savait depuis longtemps qu’il avait lui-même ses torts, dans cette confrontation ultime qui les avait déchirés. Sauf qu’il préférait étouffer ce vieux remord, le bastonner, le ligoter, l’obliger à se terrer. Stanislav avait aussi ses torts et il s’était toujours promis de ne jamais faire le premier pas, quitte à être son ennemi jusqu’à la fin de leurs vies.
Il l’apostropha aussitôt qu’il l’aperçut, se redressant simplement pour se mettre à travers son chemin. Sa machoîre se crispa, son regard se fît assassin, sa voix devînt accusatrice:
« T’as fait exprès, avoue. »
Stanislav avait déconné, encore une fois, et il ne se gênerait pas pour lui dire. Au fond, il ne savait même pas qui avait mis les ingrédients coupables, ceux qui avaient gâché la potion. Et ça n’avait pas vraiment d’importance parce que le problème n’était pas celui qui était invoqué pour justifier une énième dispute.
« Tu peux pas faire autrement que de gâcher tout ce que tu touches », continua-t-il, un sourire cynique étirant ses lèvres.
Et lui ne pouvait pas faire autrement que de remuer le passé, parce que s’engueuler avec Stan, c’était aussi conserver une relation avec son ancien ami, d’une façon bien particulière, un peu malsaine, où aucun des deux ne cède devant l’autre.
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Re: All we do is play it safe, all we do is live inside a cage (Stan)
Dim 17 Mar 2019 - 11:26
Stanislav était de très mauvaise humeur. Le cours de potion ne le mettait que rarement dans de bonne disposition, lui qui trouvait cette matière assez inutile. Pourtant cette fois, ça avait été pire que tout. Il avait fallu qu'il se retrouve avec le pire partenaire possible. Nikolaï. S'ils avaient été amis à une époque, les choses avaient changées lorsque le russe avait décidé de tourner le dos à ceux de son sang pour se mettre à fréquenter le premier né-moldu venu. Stan avait bien tenté de le dissuader de faire une telle erreur mais la discussion avait vite dégénéré et ils en étaient venus aux mains. Rien de très étonnant vu leur caractère à chacun. Si ça n'avait été que ça, ils auraient sûrement pu se rabibocher facilement. D'autant plus que c'était clairement Stan qui avait eu le dessus lors de rix. Dans sa tête au moins. Mais son ancien ami s'était permis de faire une remarque concernant sa relation avec Charlie. A l'époque, lui et sa cousine n'avait pas repris contact et le commentaire l'avait d'autant plus blessé. Pourtant, sa rancœur était passée depuis longtemps et si Nikolaï avait fait le premier pas vers lui, il aurait été heureux de reprendre contact. Mais ça n'était jamais arrivé et le grymm était bien trop fier pour aller le solliciter.
Évidemment, la journée ayant mal commencé , la suite ne devait pas mieux se passer. Alors qu'il espérait rentrer tranquillement chez lui, sa journée de cours étant finie, Stan constata que Nikolaï avait visiblement décidé de l'attendre, ce qui ne présageait rien de bon. Sa première impression fut vite confirmée par les mots qui sortirent de la bouche du russe. Des accusations concernant l'explosion du chaudron et une attaque personnelle. Rien de bien nouveau. Face au regard noir qu'il lui lançait, Stanislav décida instinctivement d'opter pour une autre approche. Ses traits se déforment légèrement quittant l'expression froide qui était si souvent la sienne pour afficher un rictus moqueur et méprisant.
“Je n’y suis pour rien si fréquenter le premier venu a visiblement des effets négatifs sur tes capacités de sorcier Nikolaï. Ce n’est pas comme si je t’avais pas prévenu.”
Stan était parfaitement conscient que l’erreur venait probablement de lui. Les potions ne lui étaient pas aussi innées que le reste et ces derniers temps il avait de plus en plus de mal à focaliser son attention avec tous les chamboulements qui se produisaient dans sa vie. Il avait probablement ajouté ou mal dosé un élément qui avait rendu le mélange instable. Par contre, s’il ne l’aurait que difficilement admis devant qui que ce soit, il était totalement invraisemblable pour le grymm de reconnaître sa faute devant son ancien ami.
Faisant un pas sur le côté pour chercher à contourner le russe qui lui barrait la route, il enchaîna sur un ton hautain.
“Si tu permets, j’ai mieux à faire que d'écouter tes jérémiades ridicules. Je trouve ça lassant à force.”
Stanislav se doutait un peu qu’il ne pourrait pas partir si facilement. Il n’en avait pas vraiment envie de toute manière. Il aimait ces échanges houleux avec Nikolaï, c’était une façon de ne pas perdre totalement contact. Il partait du principe que si le russe venait chercher le conflit, c’est qu’il allait bien...c’était le principal. Même s’il n’avait pas compris sa décision, qu’il s’était senti trahi quand son ami avait décidé de tourner le dos aux siens, avec le recul il était simplement triste de ne pas avoir réussi à le retenir. Il ne savait pas exactement ce qui s’était passé, il se doutait qu’il lui manquait des éléments pour éclairer le choix de Nikolaï, mais il ne comprenait pas ce qui pouvait justifier un tel changement de cap. Pour autant, il conservait une certaine affection pour le russe...ce qui ne l'empêchait pas d’être odieux et désagréable au possible avec lui chaque fois que les hostilités se relançaient.
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