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A beautiful day (Ambro/Niko)
Mer 24 Juil 2019 - 15:56
« A beautiful day »
Las, peut-être morne, quoique morose, certainement maussade, voilà une trépidante aube qui se levait sur ses ternes maux. Au gré de cette oblongue épopée que constituait l’existence minimaliste d’un être éperdu dans le cosmos grandiloquent, dans l’absolu métaphysique…il y avait de ces fastidieuses journées qui rappelaient à tout à chacun l’effrois du quotidien. Senjiro en cette douceâtre matinée semblait assuré de devoir s’y adonner. Ce n’était guère de la nonchalance, mais un odieux abattement qui l’avait extirpé de ses songes oscillant entre lucidité et facticité…Dernièrement son cycle de sommeil se clairsemait de frasques insolentes qui brisait sa volubile quiétude. Le sorcier n’en ressortait que plus irascible qu’à l’accoutumée. L’exil s’illustrait sous les lueurs du salut, mais tonnait objectivement comme un bourreau intransigeant. Il n’y avait guère rien de salvateur dans cette marginalité que l’homme entretenait malgré lui. Cet épanchement malsain prenait racine dans des accoutumances d’un jadis encore trop frais pour être omis. Une lippe ébranlait l’immobilisme de son faciès et un vacillement tremblant éprenait ses battoires jusque-là unies autour d’un bol. L’immédiateté de l’instant fut sublimé en une brisure rutilante, l’éclat escorté d’une détonation qui ne trompait guère. Un ruminement monotone grinçait telle une perfidie sifflée à la vie qui n’avait de cesse que de confirmer les quelques facéties auxquelles songeaient le jeune homme : cette journée s’annonçait fort aigre. Haussant avec une indifférence manifeste les épaules l’aveugle se contentait d’enjamber la débâcle occasionnée par cette myriade de maux dont son essence se parait aléatoirement et qu’il connaissait amplement pour être les pourvoyeurs … de vision, de sensation… de révélation. Haïssable faculté, haïssable confrontation avec une intériorité bien trop réceptive. La pulpe opaline de ses doigts s’agrippait nerveusement au sommet de sa canne à pommeau tant dis que froidement il balayait le sol. Les légères oppositions et résistance qu’il ressentait à travers ce bras armé d’opportunité lui laissait penser que ce bol de faïence avait été infortunément généreux s’éparpillant sur ce parquet à loisir. Comme sonné par une invective mordante le sang-pur serrait les dents croulant sous le fardeau qu’était cette impotence irascible. Cruelle maîtresse qu’était la cécité, certes, mais à défaut se muait-elle en épouse exclusive et fidèle. Un frisson courait son échine, jusque-là voutée au-dessus des copeaux éparpillés, tant dis qu’une légère confusion gagnait sa conscience. Un halo éclatant et profondément aveuglant lui faisait plisser les yeux. Cela irradiait ses globes oculaires pourtant crevés à la cime. Sen haïssait ces manifestations intempestives, ces contrariétés de la destinée. Ses sourcils de jais se froissaient et le sorcier se détournait brusquement de cette scène. Il délaissait la pièce se saisissait de sa canne à pommeau pour scinder celle-ci en deux parties distinctes. Son poignet se cassait presque rageusement et en une fraction de seconde lévitait à lui quelques vêtements sombres, de jais, outrageusement noir pour une matinée d’été. Enfilés à la hâte Senjiro Fujitsu transplanait dans la seconde qui suivait. Comment outrepasser de tels assauts et omettre en partie l’effroyable compagne qui l’importunait tant ? En quêtant de la compagnie dans les ruelles d’Iverness. Chaleur d’ores-et-déjà tiède, le japonais imposait aux quelques voyeurs une distorsion visuelle. L’art de transplaner pouvait s’avérer fort utile … il n’en demeurait pas que cette pratique demeurait disgracieuse. Naturellement, les prunelles de Senjiro ne lui relataient guère le pittoresque balconnet sur lequel il s’était téléporté, mais celui-ci ne le connaissait que trop amplement. Les Laszewski en avait l’acquisition depuis un certain temps et force était de constater que le sorcier était un familier de cette lignée. En son crâne tourmenté les traits bien connu du balcon se dessinait. D’instinct Sen pivotait avec assurance ce qui pouvait déconcerter eu égard à son … handicap ? Il avait acquis la localisation des divers aléas de la niche polonaise et en théorie l’aveugle pouvait se mouvoir sans véritablement d’encombre au gré de cet espace clos. Cependant, il semblait y avoir un monde si ce n’est un véritable gouffre entre théorie et pratique. Son épiderme blafard glissait sur l’arrête de la porte qui par fortune était demeurée entrouverte. Les infâmes chaleurs galvanisaient probablement les comportements survivalistes songeait-il au comble de la naïveté … Les polonais étaient également détenteur de Quatre. Créature féline à la souplesse somme toute admirable, certes, mais qui le rendait le plus souvent relativement silencieux ? Une ombre planante, un spectre dans les méandres de cet appartement que Senjiro avait omis trop occupé qu’il était par ces quelques frissons qui le secouait encore. S’estimant en terre conquise le japonais s’octroyait une gageure. Rien d’extrêmement altruiste à son sens, cela était davantage l’héritage d’une stricte tradition nippone. Il était relativement incongru de s’immiscer dans les appartements d’autrui, alors il se devait de résorber son audace n’est-ce pas ? Un geste tranchant et froid de la baguette agitait son bras, tant dis qu’un plateau de Pounchkis surgissait…lévitant dans la vacuité ces beignets traditionnels polonais se posaient sur ce qu’il se souvenait être un guéridon ? Aucune brisure, aucune sonorité crissant ne lui indiquait la maladresse de ses gestes et le sorcier estimait ainsi son devoir de respect accomplit. Certes, l’idée ne l’enchantait nullement. Ces Pounchkis étaient dénué de cyanure alors même qu’ils étaient destinés à ravir la panse de l’ensemble des habitants, même .. ce fameux Ambrozy. Très cher Ambrozy..Ce songe lui arrachait un rictus railleur alors que son mètre quatre-vingt-cinq prenait place dans un canapé. Un miaulement sirupeux escortait ce mouvement. Quatre ! « Yon*… » soufflait- son timbre rauque. Ses prunelles roulaient lassées alors que sa paume passait sous le poitrail de l’animal. D’un geste condescendant il octroyait une impulsion énergique à Quatre. Les félins retombaient toujours sur leur patte cela était de notoriété publique..Au détail près que les polonais avaient peut-être bougé leur meuble ? Investit dans des plantes ? Ses souvenirs s’étaient flétris sous l’écrasante chaleur que cette matinée annonçait ? Qu’importait ! Un bruit retentissant s’élevait accompagné d’un énième miaulement. Et de deux songeait le sorcier qui ne retenait guère un soupire las. Il avait lancé Quatre sur un pot de fleur ? Ambrozy n’avait qu’à pas laissé traîner ces plantations impies... Et quoiqu'il en était, son présent pardonnait cette offense, si offense il y avait .. Dans le meilleure des cas ces beignets raviraient Nikola et cela valait peut-être bien une faveur faite au rouquin.
* yon = Quatre en japonais
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