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Breathe Me [Terminé]
Lun 12 Aoû 2019 - 15:13
mardi 13 août 2019
Je transplanais au port en cette fin d'après-midi non sans grimacer. C'est que, la journée avait été chargée, et d'autant plus la deuxième partie. Pourtant, cela n'entachait pas mon excellente humeur. Passer le matin à la ferme des oiseaux pour m'occuper de mes recherches et du poulain était déjà une bonne journée en soi. Mais poursuivre le reste de son temps dans une réserve en Hongrie pour observer les Magyar à pointes, race que j'affectionnais parmi toutes celles existantes, c'était purement jubilatoire pour quelqu'un comme moi. Je savais aujourd'hui que j'enverrais mon dossier là-bas aussitôt mes D.E.F.I.S obtenus. Hélas une demi-journée n'avait pas suffi à satisfaire pleinement ma soif d'apprentissage… ou peut-être que oui, maintenant que je remuais mon bras droit qui avait été mis à mal. Heureusement que j'étais d'un naturel averti, la blessure aurait pu être autrement plus grave, et j'avais bénéficié des premiers soins là-bas. Une broutille, un quotidien auquel j'allais devoir m'habituer. Il était ironique pourtant de songer qu'avant juin de l'année passée, je n'avais aucune marque sur le corps tant j'étais prudente à l'approche des reptiles cracheurs de feu. Aucune cicatrice, mon épiderme blanchi de toute agressivité extérieure. Puis la fatalité m'avait rattrapée. Mais sans l'accident, cette blessure aurait été la toute première de ma vie, celle qui m’aurait vraiment laissé une trace. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres alors que je m'approchais de l'Insubmersible III. Une louve avait planté ses griffes avant les dragons, et plus profondément. Qui l'eût cru ?
Me hissant tant bien que mal sur le pont, j'ouvrais la cale pour y descendre, accueillie par Rufus que je gratifiais d'une quantité non négligeable de caresses. Le laissant ensuite aller faire sa vie, comme d'habitude, je lançais des sortilèges simples pour ranger globalement le bateau, même si je ne l'avais pas quitté en désordre en partant ce matin. Mais pourquoi ne pas faire le ménage, la lessive et la vaisselle lorsque tout pouvait se faire automatiquement avec la magie ? D'ordinaire, et en bonne sang-mêlée que j’étais, je prenais toujours la peine de faire ce genre de tâches moi-même, à la main, mais le temps me manquait cruellement dernièrement. Présentement, je voulais avant tout passer à la douche et soigner ma blessure avant la rentrée de Lubia, si elle rentrait ce soir. Pour m'ôter ce doute de la tête, je vérifiais mon téléphone. Pas de messages. Alors oui, elle rentrerait sûrement.
Sans me poser davantage de questions, je filais donc à la salle de bain. C'est que, aller à la ferme me faisait automatiquement me salir, me couvrant de terre, de poussière, de plumes et de poils. Puis, à la réserve, il y avait également diverses odeurs que j'épargnais volontiers à mes proches. Grimaçant un peu à la brûlure sur mon épaule, je soupirais tout de même de soulagement au contact de l'eau froide. Ça m'apprendra à ne pas ouvrir les yeux.
Une fois propre, les cheveux collés sur mon visage, je me séchais prudemment avant de sortir la pharmacie et d'en prendre des compresses contenues dans un bocal. Je savais que je ne les avais pas préparées pour rien, il y a plusieurs mois, alors que je commençais à m'occuper des amphiptères dorés. Je les avais ensorcelées, à l'aide d'Aedan, pour qu'elles gardent un certain effet de froid, pour soulager les brûlures, le tout agrémenté à divers mélanges permettant la reconstitution des tissus de la peau. Je n'aurais donc qu'une marque minuscule en finalité, alors qu'initialement la blessure ne faisait que la taille de mon poing. J'avais vraiment eu de la chance.
Enfin le bandage mis en place, après moult maladresses, il tenait plutôt de manière bancale il fallait le dire, j'enfilais une chemise à carreaux bleue ainsi qu'un simple mini short noir. Fin de journée rimait avec décontraction.
Me passant une main dans mes cheveux seulement essorés, surtout pour les décoller de mon front, les laissant donc en bataille, j'allais me préparer un thé tout en rêvassant, mes prunelles sombres parcourant la décoration. La photo affichée non loin du canapé, la petite tasse fendue, la bouteille de Rakija de miel que j’avais ramené de mon expédition en Ukraine avec les Verts, l'un de mes pulls posé sur une chaise. C'est que, je commençais à me sentir chez moi ici, environ un mois après. En espérant que ça ne dérange pas la propriétaire des lieux.
D'ailleurs, il me semblait entendre Rufus s'agiter sur le pont tandis que je versais ma boisson chaude dans mon mug.
Quand on parle du loup.
Appuyée sur le comptoir, je laissais la jeune femme rentrer à son rythme, mes lèvres trempées dans mon thé, mes prunelles pétillant d'un éclat admiratif. Je ne me lassais jamais de la contempler, même en fin d'une rude journée. Lorsqu’elle prenait enfin le temps de me regarder, je lui souriais avec tendresse.
- Bonsoir mon cœur, tu vas bien ? Tu as passé une bonne journée ?
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Re: Breathe Me [Terminé]
Sam 24 Aoû 2019 - 14:07
Today was a good day. T'es toujours conquérante, dans ton Département. Vous êtes peu de femmes, mais quels extraordinaires spécimens vous êtes, celles qui travaillent en coopération magique internationale. La scène internationale avance toujours plus rapidement qu'on ne peut la saisir, et vous ne comptez pas vos heures, mais c'est ce que tu as toujours aimé de ton emploi. La chasse. Avec la pleine lune qui approche, tu le sens dans tes veines, ce chant si particulier. Tes meilleures réussites, tu les dois à la lune. Réflexes plus affûtés encore qu'à l'ordinaire, puissance pulsant en toi, l'appel du satellite te rend plus précise, plus incisive. Faut pas te chercher, avant la lune. Plus jeune, moins expérimentée, tu en devenais nerveuse, irascible. Quinze ans plus tard, il ne reste que l'énergie canalisée, les réflexes de la nervosité correctement canalisée. Tu accomplis le double de tes objectifs avant la pleine lune, systématiquement. Furie créatrice et prédatrice, tu la laisses te porter, ta meilleure alliée, ton premier amour.
Tes pas te mènent sur l'Insubmersible, et tu entends les aboiements excités de Rufus - il t'accueille toujours ainsi, lorsqu'il rentre à la maison avant toi. Toujours vêtue d'un de tes nombreux costards, tu enroules tes doigts autour d'un cordage pour te hisser gracieusement sur le pont, dédaignant la petite passerelle que tu as installée pour les jambes plus courtes de ta chère et tendre. Faudrait pas qu'elle tombe à l'eau non plus, elle qui semble toujours prendre garde à ne pas attraper froid. Sur le pont, protégée par les sortilèges qui cachent le voilier et ses passagers aux regards, tu retires ton veston, laissant le soleil caresser tes épaules dénudées par le débardeur sans bretelles que tu portais en dessous. Rigolant, tu accueilles ton chien qui te saute dessus avec affection, et tu le serres contre toi alors qu'il te témoigne son enthousiasme. Lui accordant une dernière caresse, tu cales ton veston dans le creux de ton bras et descends le petit escalier menant à la cale élargie par tes bons soins magiques. Ça te fait tout drôle, encore, même si ça fait un mois. D'abord, il y a eu Rufus, arrivé sur l'Insubmersible depuis le départ de Caleb, en février. Puis il y a eu Abi. Tu dirais que ça te semble con, si on te le demandait, mais tu as vécu seule pendant près de la moitié de ta vie, marginale et bercée par les flots. Férocement indépendante, ne souhaitant pas t'attacher à la fois par préférence et par fatalité, il y a de la douceur, ici, un réconfort qui te surprend tous les jours. Le plaisir que quelqu'un t'attende au retour, même si la jeune femme a ses propres occupations qui l'emmènent parfois au loin, elle aussi.
Tu prends le temps de poser ton veston sur un cintre - tu détestes repasser et t'as jamais été douée pour les sorts du genre, mais un costard fripé quand on a affaire à des diplomates étrangers, ça le fait pas. Tes prunelles d'acier se posent sur elle, petit être ébouriffé aux lèvres trempées dans sa tasse fumante, et tu souris, début de pattes d'oie se creusant à la commissure de tes yeux au regard acéré qui devient doux à son contact. Tu feulerais si on osait dire qu'elle t'a apprivoisée, la petite sorcière ... mais tu aurais un sourire en coin, un peu. « Bonsoir mon cœur, tu vas bien ? Tu as passé une bonne journée ? » Tu l'attires à toi, prenant garde à mesurer ta force décuplée par le dernier croissant d'ombre lunaire, et tu poses un baiser délicat au coin de sa bouche. « Hello, you », murmures-tu contre sa bouche. Ça a des goûts de tentation, autant dans le geste que dans l'intention, mais tu te contiens. Jamais, la veille de la pleine lune. Tu t'installes sur le canapé, tapotant une place près de toi à son attention. « Pour une fois c'est mon collègue chargé des dossiers de l'Asie qui va rester tard au bureau », ricanes-tu, satisfaite. C'est qu'avec les conneries du président moldu américain et maintenant, du premier ministre moldu britannique, c'est souvent toi qui dois te coltiner les nuits au Ministère. Mais aujourd'hui, c'est vers Hong Kong que l'attention internationale s'est tournée, et lors de ton départ du soir, t'as pu adresser un beau majeur (amical) à ton collègue, qui ronchonnait. « J'ai pu fermer deux dossiers, et t'aurais dû voir ma stagiaire ce matin, je lui ai balancé une interaction surprise pour voir comment elle se débrouillerait face à l'attaché de mon homologue français ». T'aimes avoir raison, t'es comme n'importe qui, et embaucher @Jaïna Macleòid était une excellente décision. La jeune femme se démène comme une diablesse dans l'eau bénite, multipliant les heures et n'hésitant pas à te poser des questions lorsque ses propres ressources se montrent insuffisantes. Quel changement extraordinaire, après le dernier stagiaire (que tu as mis à la porte, d'ailleurs). « Je pensais qu'il allait se pisser dessus, j'ai failli devoir sortir de la salle pour ne pas m'étouffer de rire ». Tu rigoles, et ton attention se fixe sur ta douce à nouveau, iris clairs attachés aux siens. « et toi? T'es pas allée te foutre en zone radiocative, aujourd'hui? » Tu roules presque les yeux vers le ciel, sourire en coin démentant ton agacement (à moitié) feint.
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Re: Breathe Me [Terminé]
Mar 27 Aoû 2019 - 11:47
Prise ferme et forte, je me laisse attirer contre son corps bouillant, paupières mi-closes pour profiter de la délicatesse du moment. Même s'il ne dura qu'un court instant, je me délectais toujours de sa présence, de cette odeur iodée qu'elle ramenait toujours avec elle. Aujourd'hui s'y était ajoutée toutefois la senteur de l'encre responsable de nombreux parchemins noircis ainsi que des diverses personnes rencontrées durant les nombreuses réunions. Ça ne me dérangeait pas, bien au contraire, car j'avais la sensation de la redécouvrir un peu plus à chaque inspiration. Tentation difficile à réprimander pour moi, parce que l'émotivité de mon caractère ne me permettait que peu de répit lorsque l'intimité était délicieuse, je la laissais s'installer sur le canapé sans cesser un instant de l'observer. Je ne perdais pas une miette de ce que je pouvais observer, comme si, à chaque instant, ce merveilleux cadeau de la vie me serait retiré soudainement. C'était un risque qui hantait toujours mon cœur et dont je n'arrivais pas à me débarrasser. Alors je la contemplais, de haut en bas, de droite à gauche et en diagonale. Je prenais tout. Chaque roulement de muscles que je percevais sous sa peau tatouée, chaque mèche de ses cheveux courts, chaque mouvement de son corps (d'autant plus prédateur en ce moment).
Alors qu'elle m'invitait à prendre place à ses côtés, je me contentais seulement de me redresser du comptoir contre lequel je m'étais à nouveau appuyée, portant une seconde fois mon thé à mes lèvres. Effluves délicieux de fruits rouges. M'approchant ainsi, drapée dans cette chemise bleue un peu trop grande pour moi, masquant mon épiderme malmené pour être moins insupportable à regarder pour elle, je laissais un sourire fendre mes lèvres alors qu'elle me racontait sa journée. Lueur pétillante de malice au fond des prunelles, je m'imaginais parfaitement les scènes qu'elle me décrivait, mais par-dessus tout, j'adorais la voir d'aussi bonne humeur. Les soirs où je la récupérais tranchante et agacée n'étaient pas toujours aisés, mais cela faisait partie de ce tout qu'elle formait.
Petit gloussement s'échappant de ma gorge, je secouais un peu la tête avant de poser ma tasse de thé sur la table devant nous.
- Pourquoi ne suis-je pas étonnée de la part de Jaïna ? Car je connaissais laperche grande blonde pour l'avoir croisé plusieurs fois au ministère, soit sous ma forme humaine, soit ma forme animale pour les jours où j'avais pu accompagner mon amour sur son lieu de travail. Penchant la tête sur le côté, adoptant un air d'autant plus malicieux, je la fixais. Et tu ne m'as même pas invité pour que je puisse voir ça de mes propres yeux, je suis déçue.
Elle était rarement euphorique Lubia, alors forcément, si je pouvais la voir ainsi, j'aimais d'autant plus ne pas manquer ça. Mine faussement boudeuse et triste, je prenais enfin place aux côtés de la sorcière, ramenant mes jambes sous mes fesses, tandis que je laçais un bras autour du sien pour entremêler nos doigts ensemble. Rare était les fois où j'imposais ma présence à Lubia, physiquement, mais il y avait des périodes où le besoin se faisait davantage ressentir. Qui plus est, j'appréciais, comme une libération, de ne plus être dans la retenue, comme lors de mes deux précédentes relations. Alors, pourquoi me priverais-je ?
Prunelles accrochées aux siennes, je pouffais de rire à sa question, qui était davantage une remarque. Serrant fortement mes doigts dans les siens, je vins lui croquer cette épaule dénudée, provocatrice et petite vengeresse.
- Ah ça t'a traumatisé ça hein ? Éclat de victoire sur le visage, je calmais mon amusement. Noooon je ne suis pas allée en zone radioactive mâdâme. J'ai passé la matinée à la ferme pour mes recherches en Amazonie sur les échantillons que je ramène. Ça m'agace, malgré tous mes tests je ne trouve pas ce qui cloche avec les amphiptères, je te jure, je deviens neuneu… Long soupir las. Cela faisait près d'une année que je cherchais la cause des décès mystérieux de cette race, en vain pour l'instant. Je ne me décourageais pas, loin de là, mais en attendant, j'étais impuissante face aux pertes que subissait la réserve. À nouveau, je regardais en coin la sorcière avec un sourire espiègle. Puis j'ai passé l'après-midi en Hongrie, dans une réserve qui étudie les Magyars à Pointes. C'était musclé, un jeune ne s'est pas laissé faire, mais c'était trop bien !
La force timide et impressionnée qui m'habitait d'ordinaire s'effaçait de jour en jour depuis que je vivais ici, et évidemment, lorsque le sujet tournait autour des dragons, l'effet ne manquait jamais, je devenais enjouée, libérée, vraie. Même sans être un grand connaisseur de la dragonologie, tous les sorciers savaient à quel point les Magyars étaient particulièrement virulents. Pourtant c'était ceux que j'appréciais le plus, ironiquement. Petit-être qui se rit du danger. Par ailleurs, installée à la droite de mon aimée, je prenais bien garde à ne pas remuer mon bras blessé, d'autant plus que le bandage tenait par la force des choses, agile comme j'étais.
Fixant la diplomate de ce regard amoureux, je vins lui embrasser la joue en me serrant davantage contre elle avant de murmurer doucement, secrète, au creux de son oreille.
- Que voudrais-tu faire ce soir ?
Alors qu'elle m'invitait à prendre place à ses côtés, je me contentais seulement de me redresser du comptoir contre lequel je m'étais à nouveau appuyée, portant une seconde fois mon thé à mes lèvres. Effluves délicieux de fruits rouges. M'approchant ainsi, drapée dans cette chemise bleue un peu trop grande pour moi, masquant mon épiderme malmené pour être moins insupportable à regarder pour elle, je laissais un sourire fendre mes lèvres alors qu'elle me racontait sa journée. Lueur pétillante de malice au fond des prunelles, je m'imaginais parfaitement les scènes qu'elle me décrivait, mais par-dessus tout, j'adorais la voir d'aussi bonne humeur. Les soirs où je la récupérais tranchante et agacée n'étaient pas toujours aisés, mais cela faisait partie de ce tout qu'elle formait.
Petit gloussement s'échappant de ma gorge, je secouais un peu la tête avant de poser ma tasse de thé sur la table devant nous.
- Pourquoi ne suis-je pas étonnée de la part de Jaïna ? Car je connaissais la
Elle était rarement euphorique Lubia, alors forcément, si je pouvais la voir ainsi, j'aimais d'autant plus ne pas manquer ça. Mine faussement boudeuse et triste, je prenais enfin place aux côtés de la sorcière, ramenant mes jambes sous mes fesses, tandis que je laçais un bras autour du sien pour entremêler nos doigts ensemble. Rare était les fois où j'imposais ma présence à Lubia, physiquement, mais il y avait des périodes où le besoin se faisait davantage ressentir. Qui plus est, j'appréciais, comme une libération, de ne plus être dans la retenue, comme lors de mes deux précédentes relations. Alors, pourquoi me priverais-je ?
Prunelles accrochées aux siennes, je pouffais de rire à sa question, qui était davantage une remarque. Serrant fortement mes doigts dans les siens, je vins lui croquer cette épaule dénudée, provocatrice et petite vengeresse.
- Ah ça t'a traumatisé ça hein ? Éclat de victoire sur le visage, je calmais mon amusement. Noooon je ne suis pas allée en zone radioactive mâdâme. J'ai passé la matinée à la ferme pour mes recherches en Amazonie sur les échantillons que je ramène. Ça m'agace, malgré tous mes tests je ne trouve pas ce qui cloche avec les amphiptères, je te jure, je deviens neuneu… Long soupir las. Cela faisait près d'une année que je cherchais la cause des décès mystérieux de cette race, en vain pour l'instant. Je ne me décourageais pas, loin de là, mais en attendant, j'étais impuissante face aux pertes que subissait la réserve. À nouveau, je regardais en coin la sorcière avec un sourire espiègle. Puis j'ai passé l'après-midi en Hongrie, dans une réserve qui étudie les Magyars à Pointes. C'était musclé, un jeune ne s'est pas laissé faire, mais c'était trop bien !
La force timide et impressionnée qui m'habitait d'ordinaire s'effaçait de jour en jour depuis que je vivais ici, et évidemment, lorsque le sujet tournait autour des dragons, l'effet ne manquait jamais, je devenais enjouée, libérée, vraie. Même sans être un grand connaisseur de la dragonologie, tous les sorciers savaient à quel point les Magyars étaient particulièrement virulents. Pourtant c'était ceux que j'appréciais le plus, ironiquement. Petit-être qui se rit du danger. Par ailleurs, installée à la droite de mon aimée, je prenais bien garde à ne pas remuer mon bras blessé, d'autant plus que le bandage tenait par la force des choses, agile comme j'étais.
Fixant la diplomate de ce regard amoureux, je vins lui embrasser la joue en me serrant davantage contre elle avant de murmurer doucement, secrète, au creux de son oreille.
- Que voudrais-tu faire ce soir ?
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Re: Breathe Me [Terminé]
Sam 31 Aoû 2019 - 22:07
Scène tranquille, paysage amoureux des êtres aimés, habité d'un coeur chaleureux - les vôtres, liés depuis un an sans que vous le sachiez, avant la révélation et la douleur, la peine et la jalousie. L'attirant à toi le temps d'un baiser, tu profites de sa silhouette menue contre la tienne, finement musclée, qu'elle couvre si souvent de baisers et de caresses. Petite sorcière drapée de bleu. « Pourquoi ne suis-je pas étonnée de la part de Jaïna ? Et tu ne m'as même pas invité pour que je puisse voir ça de mes propres yeux, je suis déçue. » Tu rigoles - il est vrai que récemment, vous vous plaisez à ce petit manège, profitant des possibilités offertes par le principe du bring your pet to work. « Que veux-tu, je ne peux pas traîner mon adorable canin tous les jours au boulot », réponds-tu alors qu'elle s'installe près de toi, laçant ses doigts entre les tiens. « Même si t'es vraiment à croquer sous ta forme de berger allemand », complètes-tu en lui adressant un clin d'oeil. Elle est à croquer tout le temps, en fait, il faut l'admettre - même quand tu la vois le matin, les cheveux moins élégants qu'un épouvantail, les yeux collés. Tu la questionnes sur sa propre journée, incluant une pique légère au sujet de son escapadestupideinsensée, une exclamation courroucée t'échappant lorsque ses dents viennent croquer ton épaule. À la mention de la ferme, tu te renfrognes légèrement, mais tu prends sur toi - tu sais que cet endroit maudit fait partie de son quotidien, et tu n'as pas l'intention de faire de ta petite amie un oiseau en cage, loin de là. Ça ne t'empêche pas de ne pas aimer la situation, si? Sourcils froncés à la découverte de son bandage, maintenant, tu plisses les paupières. « C'est handicapant? », questionnes-tu, désignant le bandage du menton. « C'est un miracle que tu ne sois pas encore devenue un méchoui de dragons, Abi ... »
Pourtant, elle change le sujet de conversation, la diablotine, sachant fort bien qu'elle te fait de l'effet. Contact de pétales de roses sur sa joue, tu frissonnes légèrement, et tes doigts se crispent un peu entre les siens. Tu te mords les lèvres, tentant de calmer les battements furieux de ton cœur et les pulsations gagnant tes reins. « Que voudrais-tu faire ce soir ? » Le souffle caressant ton oreille, et tu fermes les yeux à moitié, déglutissant. C'est toujours pire, la veille de la pleine lune. T'es à fleur de peau, tu ressens tout plus intensément. Force décuplée, sens aux aguets ... et tout ce qui va avec. « Vin », commences-tu par prononcer, le souffle rauque, faisant venir une bouteille de bourgogne à vous d'un trait rapide de ta baguette, attrapant du même geste deux tasses - sur un bateau, on se fait pas chier avec des coupes, faut l'avouer. Débouchant la bouteille d'un geste expert, tu cales le bouchon de liège entre tes dents - ça te donne un air comique, probablement, mais tu t'en fous un peu, à la fin d'une journée de travail. Quantité appréciable du liquide sombre dans les tasses, tu rebouches la bouteille avant de la poser sur le sol, à vos pieds. Tendant un verre à Abi, tu la salues, avalant une gorgée en fermant les yeux, satisfaite. « Film », fais-tu en désignant le projecteur qui vous sert de télévision, sans l'allumer. « Câlin », dis-tu enfin, entourant les épaules de la jeune femme d'un de tes bras pour mieux l'embrasser, avant de te replacer pour faire face à l'écran improvisé. « Ça te va? » Espérant qu'elle dise oui, qu'elle s'en contente, plutôt que de te grimper dessus comme elle le fait si souvent - tu espères pouvoir lui résister, mais tu sais que c'est difficile, et tu ne veux pas lui faire de mal. Cette règle, tu l'as apprise à la dure, et tu as dû faire semblant d'être une camée lorsque tu as accidentellement blessé une amante, inventant une combinaison d'adrénaline et de drogues pour expliquer la force avec laquelle tu l'avais projetée contre un mur dans la fougue de ton ardeur, lui rompant deux côtes.
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Re: Breathe Me [Terminé]
Dim 1 Sep 2019 - 21:23
Ce fut mon tour de rouler mes prunelles dans leurs orbites aux remarques de ma bien aimée. J'étais à croquer tout le temps, pas uniquement sous ma forme animagus, je le savais, et elle aussi. Il y avait de ces jours où, sans raison, l'envie enflammait les tripes et elle me sautait dessus. Je ne me plaignais pas et le lui rendait bien. Avoir le sentiment d'être à ce point désirable malgré mon apparence, d'autant plus sachant qu'elle en était l'auteur… Cela avait un goût particulièrement doux. Ce n'était pas toujours contrôlable, la relation, arrivée à ce point, était encore très neuve. Nous étions encore toutes deux victimes du nouveau, du beau et de la découverte de l'autre. En mon fort intérieur, j'espérais ne jamais perdre ça avec elle. Je voulais continuer à la désirer comme aujourd'hui, comme hier, comme avant-hier, comme sur la plage, comme à Ljubljana.
Un large sourire aux lèvres, je laissais trainer mon regard sur son visage, comme si je n'avais pas encore assez mémorisé ses traits. Mais, en réalité, elle était si belle que je ne pouvais pas en décrocher. Même à son exclamation courroucée elle était belle. Ce soir,il y avait une force que je ne connaissais pas encore tout à fait qui émanait d'elle, un quelque chose de mystérieux que j'avais envie de connaître, et j'étais bien obligée de reconnaître que cela m'émoustillais. J'appréciais la voir si énergique, si souriante, à ce point de bonne humeur. Elle faisait chavirer mon cœur. Un rire m'échappa à ses paroles, pétillement malicieux dans les yeux.
Pourtant, je ne répondais pas tout de suite, préférant lui embrasser la joue et davantage accentuer notre proximité. Toutefois, je m'écartais un peu alors qu'elle me suggérait ses plans pour ce soir. Amusée, je la regardais faire, appréciant d'avoir du vin dans une tasse. C'était ce que j'aimais aussi chez Lubia. Se moucher dans du papier toilette et boire du vin dans une tasse. Après tout pourquoi pas ? Inutile de s'encombrer d'objets qui peuvent être aisément remplacés par d'autre.
Sans pouvoir un seul instant la quitter du regard, je l'admirais, ma muse, avec son bouchon dans la bouche en train de nous servir. C'était original, un peu, comme tableau, et j'étais véritablement heureuse de pouvoir en faire partie. Je ne voulais pas descendre de ce petit nuage que nous avions créé toutes les deux. La chute était si brusque, l'atterrissage si violent… Non pour rien au monde je ne voulais changer quoi que ce soit.
Écoutant ses propositions pour la soirée, je gardais ce sourire qui était figé sur mon visage. J'avais bien compris qu'elle se sentait fébrile à mes côtés, ce qui n'était pas pour me déplaire, surtout que plus les minutes passaient, moins je parvenais à me contrôler tout à fait. J'aimais ce genre de fin de journée, paisible. Juste elle et moi, dans notre cocon, sans personne pour nous déranger. Instants simples et doux, si irremplaçables. Plissant les paupières à son baiser, je riais doucement, bienheureuse.
- Ça me va, mais par pitié on ne regarde pas encore Twilight ou Underworld, on les a déjà vu je pense quarante fois, je connais les scripts en entier. Je vais bientôt pouvoir recomposer la musique je te jure.
Les films avec des loups-garous, ça, on en avait vu plusieurs. J'exagérais volontairement évidemment, mais c'était uniquement dans le but de la taquiner. Portant le verre à mes lèvres, je buvais une gorgée du Bourgogne qu'elle avait ouvert avant de le placer sur la table devant nous. Vin et thé, quel étrange mélange. Tant pis, je réchaufferais ma boisson chaude pour demain matin.
Sans rien ajouter, totalement spontanément, je levais les mains vers ma chemise pour la déboutonner totalement. Néanmoins, je ne la fis pas tomber entièrement, juste assez pour découvrir mes épaules et la naissance de ma poitrine. Avec Lubia, je n'avais plus de pudeur, à tel point que je n'avais même pas remis de soutien-gorge après être passée à la douche. Pourquoi faire ? La journée était finie.
Lueur malicieuse dans le regard, je fixais mon aimée, sourire aux coins des lèvres.
- Tu sais mon amour c'est la première fois de ma vie que je suis touchée par un dragon, et ce n'est rien, vraiment. Je me penchais un peu vers elle pour la pousser doucement du coude. Je ne crois pas prendre trop de risque en prétendant que je suis davantage un méchoui de loup-garou que de dragon. Glissant un index tendre mais taquin sur sa joue, parce que je devinais son inquiétude face aux risques que je prenais, j'adoptais cette fois une expression pleine de douceur. C'est un peu handicapant oui, mais surtout parce que je n'ai pas bien réussi à faire le bandage. D'une main ce n'est pas facile. Tu veux bien me le refaire ?
Légèrement, je pivotais sur moi-même pour exposer mon épaule à ma bien-aimée, laissant ce pan de la chemise descendre totalement le long de mes reins afin qu'elle n'entrave pas mon bras.
Un large sourire aux lèvres, je laissais trainer mon regard sur son visage, comme si je n'avais pas encore assez mémorisé ses traits. Mais, en réalité, elle était si belle que je ne pouvais pas en décrocher. Même à son exclamation courroucée elle était belle. Ce soir,il y avait une force que je ne connaissais pas encore tout à fait qui émanait d'elle, un quelque chose de mystérieux que j'avais envie de connaître, et j'étais bien obligée de reconnaître que cela m'émoustillais. J'appréciais la voir si énergique, si souriante, à ce point de bonne humeur. Elle faisait chavirer mon cœur. Un rire m'échappa à ses paroles, pétillement malicieux dans les yeux.
Pourtant, je ne répondais pas tout de suite, préférant lui embrasser la joue et davantage accentuer notre proximité. Toutefois, je m'écartais un peu alors qu'elle me suggérait ses plans pour ce soir. Amusée, je la regardais faire, appréciant d'avoir du vin dans une tasse. C'était ce que j'aimais aussi chez Lubia. Se moucher dans du papier toilette et boire du vin dans une tasse. Après tout pourquoi pas ? Inutile de s'encombrer d'objets qui peuvent être aisément remplacés par d'autre.
Sans pouvoir un seul instant la quitter du regard, je l'admirais, ma muse, avec son bouchon dans la bouche en train de nous servir. C'était original, un peu, comme tableau, et j'étais véritablement heureuse de pouvoir en faire partie. Je ne voulais pas descendre de ce petit nuage que nous avions créé toutes les deux. La chute était si brusque, l'atterrissage si violent… Non pour rien au monde je ne voulais changer quoi que ce soit.
Écoutant ses propositions pour la soirée, je gardais ce sourire qui était figé sur mon visage. J'avais bien compris qu'elle se sentait fébrile à mes côtés, ce qui n'était pas pour me déplaire, surtout que plus les minutes passaient, moins je parvenais à me contrôler tout à fait. J'aimais ce genre de fin de journée, paisible. Juste elle et moi, dans notre cocon, sans personne pour nous déranger. Instants simples et doux, si irremplaçables. Plissant les paupières à son baiser, je riais doucement, bienheureuse.
- Ça me va, mais par pitié on ne regarde pas encore Twilight ou Underworld, on les a déjà vu je pense quarante fois, je connais les scripts en entier. Je vais bientôt pouvoir recomposer la musique je te jure.
Les films avec des loups-garous, ça, on en avait vu plusieurs. J'exagérais volontairement évidemment, mais c'était uniquement dans le but de la taquiner. Portant le verre à mes lèvres, je buvais une gorgée du Bourgogne qu'elle avait ouvert avant de le placer sur la table devant nous. Vin et thé, quel étrange mélange. Tant pis, je réchaufferais ma boisson chaude pour demain matin.
Sans rien ajouter, totalement spontanément, je levais les mains vers ma chemise pour la déboutonner totalement. Néanmoins, je ne la fis pas tomber entièrement, juste assez pour découvrir mes épaules et la naissance de ma poitrine. Avec Lubia, je n'avais plus de pudeur, à tel point que je n'avais même pas remis de soutien-gorge après être passée à la douche. Pourquoi faire ? La journée était finie.
Lueur malicieuse dans le regard, je fixais mon aimée, sourire aux coins des lèvres.
- Tu sais mon amour c'est la première fois de ma vie que je suis touchée par un dragon, et ce n'est rien, vraiment. Je me penchais un peu vers elle pour la pousser doucement du coude. Je ne crois pas prendre trop de risque en prétendant que je suis davantage un méchoui de loup-garou que de dragon. Glissant un index tendre mais taquin sur sa joue, parce que je devinais son inquiétude face aux risques que je prenais, j'adoptais cette fois une expression pleine de douceur. C'est un peu handicapant oui, mais surtout parce que je n'ai pas bien réussi à faire le bandage. D'une main ce n'est pas facile. Tu veux bien me le refaire ?
Légèrement, je pivotais sur moi-même pour exposer mon épaule à ma bien-aimée, laissant ce pan de la chemise descendre totalement le long de mes reins afin qu'elle n'entrave pas mon bras.
- InvitéInvité
Re: Breathe Me [Terminé]
Lun 2 Sep 2019 - 14:40
Tu lèves les yeux au ciel lorsqu'elle évoque les films de loup-garous, pli amusé traversant ton faciès, mais ça t'arrange, en fait. La conversation tellement mondaine qu'on ne croirait pas que les rayons de lune circulent déjà sous ta peau, préparant ta chair à la transformation du lendemain, celle que tu attends avec impatience tous les mois. La douleur, ce creuset duquel tu émerges, feu d'argent lunaire, le droit de ta seconde âme de vivre, de piétiner le sol de ses pattes feutrées. Ta recharge, l'accalmie dans la puissance, la nécessité salvatrice de la course. Courir, toujours, jusqu'à ce que la tension vienne écumer chacun de tes muscles, noués sous ta robe noire. Tu n'oublieras jamais ses traits, à elle. Vus pour la première fois dans cet étrange univers parallèle qui a failli vous détruire. Observés avec une horreur teintée de fascination, tu t'es vue entière pour la première fois en quinze ans, et tu as souri. Bonjour. Comme on saluerait une part de soi, un souvenir d'enfance, perdu depuis si longtemps. La puissance dans le trait, la vélocité dans le geste, la violence en dormance qui n'attendait qu'un signe pour montrer au monde ta rétivité. Perdue dans tes pensées, dans ta hâte, la tension qui habite tes muscles, tu reviens à la réalité en voyant le bandage sur son bras, léger reproche dans la voix, inquiétude s'y mêlant comme on tresserait amour, culpabilité et attente en une guirlande de soie.
Statuesque dans ton immobilité, iris de ciel accrochés à ses moindres gestes, tu absorbes tout de ses mouvements, sa grâce maladroite et inconsciente, les boutons défaits. Tu inspires, un peu trop fort - l'effet est instantané. Peu importe que tu aies vu sa peau des dizaines de fois - l'idée d'une chemise renvoyant sa nudité en dessous te fait l'effet d'un électrochoc. L'attente, l'expectative, celui d'une décharge. Tu te mords une lèvre alors que la petite sorcière fait mine de poursuivre la conversation, mais toi, tu n'entends plus rien, que le hurlement de la louve que tu ne personnifies pas encore, mais qui sommeille toujours en toi. Plus forte, plus impulsive, tu dois faire attention, la veille. Toujours - c'est la veille que les loups-garous se font attraper, le plus souvent. Ils font quelque chose d'impulsif, et le lendemain, ils se font traquer. Tu n'as rien à craindre de ta douce, mais tu te sais plus nerveuse, plus ... bestiale. T'es une louve d'expérience, pourtant, alors tu te contrôles, mais diables qu'elle rend la chose difficile. Elle parle, mais tu l'entends à moitié, t'as le sang qui te bat aux tympans, et tu ne fais que deviner ce qu'elle te dit, jusqu'à ce qu'elle te touche la joue. « C'est un peu handicapant oui, mais surtout parce que je n'ai pas bien réussi à faire le bandage. D'une main ce n'est pas facile. Tu veux bien me le refaire ? » Retournée, t'offrant la vue de sa peau, tu ignores entièrement sa demande, l'attirant plutôt à toi. Les doigts qui se glissent sous les pans de sa chemise, sur son ventre, pour mieux l'appuyer contre ta silhouette, les paumes qui caressent et cherchent les aspérités de sa peau, les lèvres qui dévorent son cou, et tu t'enlises, et tu -
Tu te relèves brusquement, prenant une vive inspiration, posant une main sur ton cœur qui se débat dans ta poitrine. Tu fermes les yeux, expirant lentement l'air accumulé, tentant de calmer ton palpitant et les pulsions qui ont envahi tes reins. Tu comptes tes respirations. Une. Reviens. Le rythme lent de ta poitrine qui se soulève. Deux. Reviens. Le contact de l'air chaud du ventre de ton voilier sur tes épaules dénudées. Trois. Reviens. Enfin, tu ouvres les yeux à nouveau, et tu souris. « Je ne peux pas, la veille ». Tu inspires. « Je veux ... », murmures-tu, la dévorant du regard, elle et sa peau d'ivoire striée de traces auxquelles tu t'habitues, ses yeux sombres dans lesquels tu te perds, surtout lorsque tu la regardes alors que ta bouche la découvre, et tu - Quatre. Reviens. Tu reviens t'asseoir sur le canapé, près d'elle, et vos chevilles se croisent, se touchent. « Mais je ne peux pas. Je risque de te faire mal, et je pense que t'as assez donné à cet égard ».
- InvitéInvité
Re: Breathe Me [Terminé]
Mar 3 Sep 2019 - 20:38
Inutile de me voiler la face, j'étais clairement en train de devenir provocatrice malgré moi. Lubia avait ce pouvoir sur moi de me faire perdre la tête, davantage que mes anciens partenaires. Chose que je ne m'expliquais pas… ou peut-être si, à bien y réfléchir. Au-delà de son apparence qui me faisait sans arrêt chavirer, de son attitude féline et du lien passablement dramatique qui nous reliait, il y avait ce "truc". Ce magnétisme. Cette attirance qui court-circuitait mon cerveau dès que je sentais sa présence non loin de moi. J'étais une personne émotive. Je m'attachais extrêmement vite, et très fort, je le savais bien depuis maintenant plusieurs mois, petite sorcière que j'étais qui n'avais jamais connu l'amour avant ses vingt-six ans. J'étais un peu une adolescente dans mon comportement, à l'image de mon apparence. J'avais conscience d'avoir pensé ça déjà les deux dernières fois, mais j'avais la prétention de croire qu'avec Lubia, je ne m'attachais pas pour rien. Que c'était profond et vrai. Que c'était… pour la vie. Un peu basique comme manière de penser, mais c'était la mienne. Simple et innocente, pure et sincère.
Alors, lorsque je la sentais m'attraper et me serrer contre elle, je ne pus que réagir fortement, guidée par le désir simple de la vouloir, les reins incendiés par le désir. Avec délectation je la laissais me dévorer le cou tandis que je plongeais mes doigts dans sa chevelure pour l'agripper. Ce soir, j'appréciais grandement son côté animal, et elle aurait pu faire de moi tout ce qu'elle désirait. J'avais envie de me laisser faire, de la découvrir ainsi. Je m'appuyais contre elle sans gêne… puis tombais alors que mon soutient se dérobait sans crier gare.
Les yeux arrondis par la surprise, une jambe en l'air par un réflexe qui m'avait poussé à essayer de garder mon équilibre (en vain), mon bras par-dessus la tête, je me retrouvais étalée sur le canapé en papillonnant des yeux. Bah ?
Ne comprenant pas ce qui venait subitement d'arriver, je détournais la tête pour y voir mon aimée en proie à des démons que je ne pouvais pas voir. Ce fut l'inquiétude qui me redressa instantanément, retrouvant ma place assise. J'ouvris la bouche, puis renonça, refermant mes lèvres, me donnant alors l'air d'un poisson hors de l'eau sûrement. Je préférais lui laisser le temps qu'il lui fallait tandis que mes pensées se bousculaient tant je me questionnais.
Alors que son regard d'acier se reposa à nouveau sur moi, je déglutissais, nerveuse. Non pas qu'elle me fasse peur, mais je craignais du sort qui pointait sur moi comme une épée de Damoclès. Jusqu'à ce que le bât blesse. La veille. À nouveau, mes prunelles s'arrondirent au maximum alors que je réalisais mon erreur. Pour une fois. Depuis plus d'un an, pour la seule et unique fois, j'en avais oublié le cycle lunaire. Non seulement je m'en voulais, ce que je démontrais en me mordant la lèvre inférieure, mais aussi, je ressentais une profonde déception. Donc, l'origine de cette bonne humeur, de cette impatience, n'était pas dû à moi, mais à la menteuse grise. Je ne serai donc toujours qu'un second plan.
Sans la presser, je la laissais revenir s'asseoir à mes côtés, laissant le contact de nos chevilles me réchauffer alors que je venais de prendre la douche la plus glacée de ma vie. Avec un sourire maladroit et crispé, je me raclais la gorge avant de répondre, réalisant que si je ne le faisais pas, j'allais sortir un ramassis de mots mélangés et confus.
- Ce... ce n'est pas grave любов. Tu sais, ça ne me fait pas peur.
Sûrement qu'elle s'en doutait déjà, mais j'avais vraiment envie de le lui dire. Désirant la prendre dans mes bras, histoire de retrouver une accroche, un lien, un tant soit peu de chaleur (n'avait-elle pas proposé un simple câlin tout à l'heure ?), je posais mes mains sur ses épaules dans l'intention de l'attirer à moi mais voilà qu'elle m'écartait avec gentillesse, gardant néanmoins mes doigts dans les siens. Étais-je donc devenue soudainement si insupportable ?
Sans insister, je la libérais de mon contact, prétextant de me pencher pour attraper ma tasse de thé encore chaude. Là, je m'écartais pour me recroqueviller sur moi-même à l'opposé du canapé pour lui laisser un maximum d'espace. Ramassée, les genoux collés contre ma poitrine après avoir relevé ma chemise sur mes épaules non sans laisser échapper un frisson, je glissais mes talons sous mon postérieur. Ainsi, je ressemblais à une petite masse verticale, ne prenant plus que quelques centimètres de large. Soudainement, je ne me sentais plus chez moi, rejetée, de trop. Décidément, je plaisais peut-être à Lubia, mais la louve, elle ne m'acceptait toujours pas, elle me rejetait toujours avec autant de férocité et de violence, moi, la petite créature qui lui avait tenu tête, qui lui avait survécu. J'avais beau lui avoir montré et prouvé mon abnégation, ça ne semblait toujours pas lui convenir.
À tout instant, je m'attendais à ce qu'elle me demande de partir, quitter le bateau, pour que je la laisse seule et tranquille.
Cette pensée termina de m'achever. Regard fuyant dans la cuisine à l'horizon du bateau, je trempais mes lèvres dans mon thé fumant avec l'espoir vain qu'il puisse me réchauffer et calmer le souffle froid qui m'habitait à présent.
Durant mon temps de silence, je me permettais tout de même de réfléchir, d'émettre des hypothèses. Elle semblait si sûre d'elle, elle avait de l'expérience face à sa condition. J'hésitais… mais je lui avais laissé du temps. Beaucoup de temps. Des mois, et davantage de jours depuis qu'elle m'avait demandé de m'installer ici. Alors, peut-être naïvement, j'avais la prétention de croire que ce soir, je pouvais me permettre de la questionner un peu. Parce que j'avais besoin de comprendre certaines choses. J'avais besoin de mettre la lumière sur l'ombre de son passé qu'elle me cachait. Ma voix fut timide.
- Parles moi d'eux. De tes autres conquêtes, hommes ou femmes. Ce que tu as vécu avec eux. Est-ce qu'il y en a qui t'ont marqué plus que d'autres ? Certains que tu continues à voir ?
Je n'étais pas jalouse, et mon ton n'avait rien d'autoritaire. Je lui demandais, simplement. Pour comprendre ce qui était arrivé cette veille de pleine lune à l'époque. Pour savoir ce que j'avais de moins que les autres. Pour savoir ce qu'elle avait vécu avec les autres. Pour savoir ce qui me manquait. Pour savoir si j'étais véritablement à l'abri, ici, dans le cocon de son amour. N'avait-elle pas d'autres envies depuis le début de notre relation ? Trop habituée par sa liberté. Devrais-je m'attendre à ce qu'elle… aille voir ailleurs ?
Après tout, n'avait-elle pas eu peur de ma relation avec Levius, et ce, à juste titre ? Je voulais savoir si je devais redouter la même chose.
Alors, lorsque je la sentais m'attraper et me serrer contre elle, je ne pus que réagir fortement, guidée par le désir simple de la vouloir, les reins incendiés par le désir. Avec délectation je la laissais me dévorer le cou tandis que je plongeais mes doigts dans sa chevelure pour l'agripper. Ce soir, j'appréciais grandement son côté animal, et elle aurait pu faire de moi tout ce qu'elle désirait. J'avais envie de me laisser faire, de la découvrir ainsi. Je m'appuyais contre elle sans gêne… puis tombais alors que mon soutient se dérobait sans crier gare.
Les yeux arrondis par la surprise, une jambe en l'air par un réflexe qui m'avait poussé à essayer de garder mon équilibre (en vain), mon bras par-dessus la tête, je me retrouvais étalée sur le canapé en papillonnant des yeux. Bah ?
Ne comprenant pas ce qui venait subitement d'arriver, je détournais la tête pour y voir mon aimée en proie à des démons que je ne pouvais pas voir. Ce fut l'inquiétude qui me redressa instantanément, retrouvant ma place assise. J'ouvris la bouche, puis renonça, refermant mes lèvres, me donnant alors l'air d'un poisson hors de l'eau sûrement. Je préférais lui laisser le temps qu'il lui fallait tandis que mes pensées se bousculaient tant je me questionnais.
Alors que son regard d'acier se reposa à nouveau sur moi, je déglutissais, nerveuse. Non pas qu'elle me fasse peur, mais je craignais du sort qui pointait sur moi comme une épée de Damoclès. Jusqu'à ce que le bât blesse. La veille. À nouveau, mes prunelles s'arrondirent au maximum alors que je réalisais mon erreur. Pour une fois. Depuis plus d'un an, pour la seule et unique fois, j'en avais oublié le cycle lunaire. Non seulement je m'en voulais, ce que je démontrais en me mordant la lèvre inférieure, mais aussi, je ressentais une profonde déception. Donc, l'origine de cette bonne humeur, de cette impatience, n'était pas dû à moi, mais à la menteuse grise. Je ne serai donc toujours qu'un second plan.
Sans la presser, je la laissais revenir s'asseoir à mes côtés, laissant le contact de nos chevilles me réchauffer alors que je venais de prendre la douche la plus glacée de ma vie. Avec un sourire maladroit et crispé, je me raclais la gorge avant de répondre, réalisant que si je ne le faisais pas, j'allais sortir un ramassis de mots mélangés et confus.
- Ce... ce n'est pas grave любов. Tu sais, ça ne me fait pas peur.
Sûrement qu'elle s'en doutait déjà, mais j'avais vraiment envie de le lui dire. Désirant la prendre dans mes bras, histoire de retrouver une accroche, un lien, un tant soit peu de chaleur (n'avait-elle pas proposé un simple câlin tout à l'heure ?), je posais mes mains sur ses épaules dans l'intention de l'attirer à moi mais voilà qu'elle m'écartait avec gentillesse, gardant néanmoins mes doigts dans les siens. Étais-je donc devenue soudainement si insupportable ?
Sans insister, je la libérais de mon contact, prétextant de me pencher pour attraper ma tasse de thé encore chaude. Là, je m'écartais pour me recroqueviller sur moi-même à l'opposé du canapé pour lui laisser un maximum d'espace. Ramassée, les genoux collés contre ma poitrine après avoir relevé ma chemise sur mes épaules non sans laisser échapper un frisson, je glissais mes talons sous mon postérieur. Ainsi, je ressemblais à une petite masse verticale, ne prenant plus que quelques centimètres de large. Soudainement, je ne me sentais plus chez moi, rejetée, de trop. Décidément, je plaisais peut-être à Lubia, mais la louve, elle ne m'acceptait toujours pas, elle me rejetait toujours avec autant de férocité et de violence, moi, la petite créature qui lui avait tenu tête, qui lui avait survécu. J'avais beau lui avoir montré et prouvé mon abnégation, ça ne semblait toujours pas lui convenir.
À tout instant, je m'attendais à ce qu'elle me demande de partir, quitter le bateau, pour que je la laisse seule et tranquille.
Cette pensée termina de m'achever. Regard fuyant dans la cuisine à l'horizon du bateau, je trempais mes lèvres dans mon thé fumant avec l'espoir vain qu'il puisse me réchauffer et calmer le souffle froid qui m'habitait à présent.
Durant mon temps de silence, je me permettais tout de même de réfléchir, d'émettre des hypothèses. Elle semblait si sûre d'elle, elle avait de l'expérience face à sa condition. J'hésitais… mais je lui avais laissé du temps. Beaucoup de temps. Des mois, et davantage de jours depuis qu'elle m'avait demandé de m'installer ici. Alors, peut-être naïvement, j'avais la prétention de croire que ce soir, je pouvais me permettre de la questionner un peu. Parce que j'avais besoin de comprendre certaines choses. J'avais besoin de mettre la lumière sur l'ombre de son passé qu'elle me cachait. Ma voix fut timide.
- Parles moi d'eux. De tes autres conquêtes, hommes ou femmes. Ce que tu as vécu avec eux. Est-ce qu'il y en a qui t'ont marqué plus que d'autres ? Certains que tu continues à voir ?
Je n'étais pas jalouse, et mon ton n'avait rien d'autoritaire. Je lui demandais, simplement. Pour comprendre ce qui était arrivé cette veille de pleine lune à l'époque. Pour savoir ce que j'avais de moins que les autres. Pour savoir ce qu'elle avait vécu avec les autres. Pour savoir ce qui me manquait. Pour savoir si j'étais véritablement à l'abri, ici, dans le cocon de son amour. N'avait-elle pas d'autres envies depuis le début de notre relation ? Trop habituée par sa liberté. Devrais-je m'attendre à ce qu'elle… aille voir ailleurs ?
Après tout, n'avait-elle pas eu peur de ma relation avec Levius, et ce, à juste titre ? Je voulais savoir si je devais redouter la même chose.
- InvitéInvité
Re: Breathe Me [Terminé]
Sam 14 Sep 2019 - 20:21
Cesseras-tu de la repousser un jour? Tu as toujours été comme ça - besoin de ton espace vital, peu encline aux cajoleries lorsqu'un ouragan te saisit, tu préfères la distance, surtout à présent que des pulsions t'habitent, à mi-chemin entre le désir et la violence. Tu lui lances un regard surpris en entendant sa question, incertaine du pied sur lequel tu dois danser. Dans ton monde, toute forme d'information est synonyme de pouvoir. Dans le monde amoureux, l'information n'est-elle pas signe avant-coureur de blessures? Que souhaite la petite sorcière? Le pouvoir, ou la souffrance? Tu ne comprends pas la question. Tu te souviens de ta réaction virulente, la première, qu'elle n'aura jamais vue. Certes, c'était (un peu) différent - toi, tu vas lui parler du passé, des souvenirs qu'elle n'a jamais effleurés. C'est différent (?). Rien à craindre. Pourtant, elle feule en toi, un peu. Instinctif, de pousser contre les instincts curieux des autres - ne révéler que le nécessaire, mais tu l'aimes, la petite sorcière, tu l'aimes et tu lui fais confiance bien malgré toi et sa violente paranoïa, à elle. Mais ce sont ses journées, à elle - qui feule et grogne de tout son soûl, lorsque tu ne veux rien d'autre que de sentir le vent sur ta peau et la caresse du soleil contre les vagues scintillant comme mille diamants. C'est ce qu'elle est, en quelque sorte, ton bel amour, ton petit amour, cet être qui a su enfoncer ses griffes sur ton coeur rétif et capricieux. Alors, tu te passes une main sur le visage, et tu soupires, because you know better. « Je ne dis pas ça pour te faire peur, Abi », fais-tu d'un ton doux. Aucune arme déployée, pas de charmes de la diplomate qui sait toujours quoi dire, le bon mot, les sourires, les menaces - t'es toujours un peu nue, avec elle, même habillée. À la fois par dédain de continuer à travailler alors que t'es de retour cheztoivous, à la fois parce que tu sais qu'elle mérite mieux que les circonvolutions que prennent ta voix, ton visage, tes gestes, lorsque tu cherches à convaincre. Tu avales une gorgée de vin, cherchant à mesurer tes mots non pas pour manipuler, mais pour trouver une commune mesure entre le sérieux de tes affirmations et l'envie de ne pas lui faire peur. T'as toujours un peu peur qu'Abi décide que c'est trop, que t'es plus une bête qu'une humaine et que tu représentes finalement un danger trop grand pour valoir toute la peine et la douleur que tu luicausesas causée.
Doucement, tu appuies le dos de ta main contre le canapé, sentant la texture rugueuse de la tapisserie abîmée et elimée couvrant le meuble. T'aurais les moyens de t'en offrir un autre, un bien, un beau, mais t'as jamais voulu t'en départir - il te ressemble un peu, en fait. La simplicité dans une enveloppe de prétention. Les sensations exacerbées de la lune te cueillent, tissant un cocon irréel autour de ta tête comme si tu pouvais percevoir tout autour de toi, jusqu'aux auras des meubles ornant l'intérieur de l'Insubmersible. « J'ai déjà franchement blessé quelqu'un la veille, donc depuis, je ne touche personne à ce moment-là ». Le regard de terreur et de douleur qu'elle t'a adressé, la sensation d'être monstrueuse alors même que tu avais accepté ta double nature pour ce qu'elle était : un avantage, une bénédiction déguisée en malédiction. Recul vers la case départ, vers l'adulescente terrifiée de sentir sa carcasse se déformer tous les mois et de perdre le contrôle sous le regard impassible de l'astre lunaire. Perte de sens, alors même qu'ils étaient décuplés. Replaçant une mèche rebelle vers l'arrière, tu te mords une lèvre, ne sachant pas par où commencer. Cheville contre cheville, tes prunelles d'acier se posent sur les siennes, impérieuses mais douces. Tu décides de tout lui dire, sans passer par quatre chemins - parce que le secret est protégé de plus d'une façon, parce qu'il faut crever cet abcès un jour ou l'autre. Tu sais que t'as probablement déjà attendu trop longtemps, avant de lui en parler - c'est le non-dit le plus lourd, même si la jeune femme ne t'a jamais mis de pression en la matière. Elle est un ange de patience, et toi tu prends, parce que tu peux, parce qu'elle t'aime, et que tu l'aimes tellement en retour. La petite figure ébouriffée qui s'inquiète pour un rien et pour tout. Tu souris, avant de laisser tomber la bombe - la bombe? Abi doit s'en douter. Mais c'est une chose, de s'en douter, et une autre, de l'entendre à voix haute. « Je ne prends pas de potion tue-loup depuis mes vingt-cinq ans ». La voix neutre, comme si tu parlais de la météo, mais ton regard glisse sur elle, inquiet. « Comme toi, je me suis retrouvée au mauvais endroit quand je me suis fait attaquer. C'était une île interdite aux gens la nuit, un parc national. J'ai pris mes potions pendant des années, en me haïssant ». Haine de soi tellement profonde que tu en finissais moralement amorphe - ne sachant plus vraiment ce qui était bien, ni ce qui était mal.
Ta réputation de tueuse, c'est à l'époque que tu l'as acquise - ô ironie, alors que tu contrôlais encore la bête, muselée. « Jusqu'à ce que je réalise que le lycan qui m'a attaquée n'était probablement pas là par hasard. J'étais sur son territoire, et aucun humain n'était sensé y avoir accès la nuit ... Sauf moi sur mon bateau, bien entendu ». Tu lèves les yeux au ciel, agacée par ta propre stupidité, adressant tout de même un sourire indulgent à Abi alors que tu hausses les épaules. Au final, tu ressens beaucoup de tendresse pour cette adulescente stupide qui ne demandait rien d'autre que de jouer aux pirates. « J'avais 18 ans, et j'étais beaucoup plus stupide qu'aujourd'hui ... mais tout aussi craquante ». Clin d'oeil. Tu ris un peu - tu rirais jaune si tu n'étais pas aussi en paix avec ta nature. « Depuis que j'ai arrêté ... Je vais en Sibérie, dans les steppes de ma grand-mère. Là où même les moteurs gèlent, il n'y a pas âme qui vive, au nord. » Sans potion. Tu ne le dis pas - elle n'est pas stupide, elle comprendra que tu ne fais pas exprès d'aller te les geler sans raison. « Depuis ... Il y a eu certains... » Tu hésites sur les mots à choisir. « avantages qui se sont manifestés. Au niveau des sens ... Et de la force », finis-tu par laisser tomber : le nœud du problème, la raison pour laquelle tu refuses de la toucher aujourd'hui. Tu soupires et acceptes que tu vas devoir faire une démonstration pour qu'elle comprenne et, te levant, tu poses doucement tes phalanges sur le mur du bateau. Désolée mon vieux, promis j'te répare direct après hein. D'un coup sec, ton poing fend le bois comme s'il s'agissait d'une armure de papier kraft. La lumière du jour point au travers, et tu adresses un regard désolé à ta douce. « Donc c'est pas que je veux pas Abi, mais je préfère t'épargner tu vois ». D'un léger reparo tracé de la baguette que tu tires de ta poche gauche, tu effaces les traces de ton geste, caressant doucement le bois réparé et adressant un petit sourire à la pièce, comme si tu t'adressais à un Insubmersible personnifié. Je t'aime mon vieux. Désolée hein. Lèvres plissées en un sourire qui admet ta culpabilité comme une enfant prise la main dans le sac, tu te diriges à nouveau vers le canapé, glissant une petite caresse innocente sur le pied d'Abi. « Promis, j'ai pas fait tout ça pour éluder ta question. Tu veux vraiment savoir? Tu peux me demander tout ce que tu veux, tu sais ». L'information, c'est le pouvoir. Mais tu l'aimes un peu, beaucoup. Agaçante petite sorcière.
- InvitéInvité
Re: Breathe Me [Terminé]
Mer 25 Sep 2019 - 4:38
Je restais obstinément recroquevillée sur moi-même dans ce petit espace que je m'autorisais à peine, là, sur ce canapé qui me paraissait soudainement bien trop rugueux. Accrochée à ma tasse de thé, je désirais en absorber toute la chaleur afin de pouvoir calmer cet air glacial qui soufflait à présent en moi. Non pas que mes ardeurs furent refroidies, ça, je m'en fichais, mais parce que je craignais le coup qui menaçait de me tomber dessus. Le fait que ma tendre me demande de quitter le navire pour la laisser seule. Ou donc irais-je dormir ? Obstinément, sans doute que je resterais sur le port, boule de poils repliée sur elle-même à l'instar des loups, pour garder au maximum sa chaleur corporelle. À attendre à nouveau une autorisation, celle de revenir, d'être à nouveau aimée. Car en ces temps de lumière nocturnes, je savais que l'amour, aux yeux de l'ukrainienne, ce n'était plus moi. Bien malgré elle peut-être, de part ce qui coulait dans son sang, mais les faits étaient là. Étrangement, je constatais que cela blessait mon cœur. Pourtant, je le savais, et je l'aimais, cette créature qui se drapait dans les parures d'une humaine. Je l'aimais déraisonnablement.
Tout cela pourtant, je le gardais pour moi. Dans mes doigts, ceux-là même qui étaient obstinément fermés, noués, verrouillés sur ma tasse de thé. Un peu plus et j'arriverais peut-être à la briser sans le vouloir. Pourtant, labelle bête repris la parole, alors, mon regard sombre revint se poser sur elle. Je voulais mes réponses, pourtant, je ne la pressais pas pour me les donner. Patience. Il était inutile de forcer quoique ce soit avec les instincts sauvages, et Lubia et moi n'avions jamais été pressées. Preuve en était du temps que nous avions mis à nous découvrir de manière plus intime. Temps perdu ? Certes non.
Premièrement, je plissais légèrement les yeux, démontrant à la jeune femme que je ne comprenais pas où elle voulait en venir. Pas la peine d'ouvrir la bouche et d'user du son de ma voix, je restais silencieuse tant que faire se pouvait. Lubia le savait, surtout lorsque le sujet était délicat, même lourd à mes épaules, présentement. Je ne perdais pourtant pas une miette de son comportement alors que je laissais les secondes s'écouler pour qu'elle trouve les bons mots. Ses œillades qu'elle m'adressait, tantôt douces, tantôt désolées, tantôt… inquiètes ? Sa manière de caresser le tissu du canapé sur lequel nous étions installées, elle, plus que moi. Elle semblait hésiter, cette femme d'ordinaire toujours si sûre d'elle. La désarçonnerais-je plus que de raison, et ce, bien malgré moi ? Je peinais à y croire… et franchement, que craignait-elle de moi ? Que je la trompe ? Que j'use de ces informations pour les retourner contre elle ? N'avais-je pas déjà assez fait preuve de ma dévotion et de mon amour démesuré ? Est-ce que mes cicatrices, couplées à notre situation amoureuse actuelle ne lui suffisaient-elles donc pas ?
La vérité tomba. Froide et nue, accentuée par un regard crispé. Ma réaction fut toutefois diamétralement opposée à ce qui aurait dû : je me contentais de hocher simplement de la tête.
Encore une fois, que croyait-elle, mon amour ? Ou devrais-je plutôt dire, que croyaient-elles, mes amours ? Que je ne m'en doutais pas ? Que j'avais été sciemment attaquée par une humaine en pleine conscience sous le cycle lunaire ? Pensait-elle sincèrement que je ne l'avais jamais assez bien observée au quotidien pour ne jamais constater qu'elle ne prenait pas de potion ?
Non, il n'y avait là aucune surprise, donc aucune réaction néfaste à avoir. Je restais calme et à l'écoute, la tête légèrement penchée de côté, l'invitant à continuer, à ne rien craindre de moi.
Un clin d'œil. Je la retrouvais là, ma Lubia, avec cette légèreté. Néanmoins je voyais bien qu'elle agissait ainsi aussi pour se sécuriser elle-même, pour éloigner sa propre angoisse.
Mais tandis qu'elle me révélait le lieu où elle se déplaçait tous les mois, mon corps eut une réaction épidermique, incontrôlée. Un souffle, un rire profondément ironique traversa mes narines, et la lueur dans mes yeux changea sensiblement. De tranquille et patiente, elle devint comme sarcastique. En Sibérie, à chaque cycle. Vraiment ? Sauf une fois, n'est-ce pas ? Une seule et unique fois. Une poussière dans ce rouage si méticuleusement travaillé et ordonné. Une seule et unique fois qui changea nos deux vies de façon encore insoupçonnée à tout jamais.
J'allais devoir travailler sur cet instinct qui me protégeait encore, cette ironie qui pouvait me traverser. Car je ne voulais pas blesser la slave. Mais il allait falloir qu'elle s'explique sur ce point. Vraiment.
Suivant son mouvement des yeux alors qu'elle se redressait, je la fixais poser sa peau contre le bateau, avant de comprendre ce qu'elle voulait véritablement faire. Non, elle n'allait pas le faire. Si ? Mais non, pas sur l'Insubmersible enfin… mais si, vraiment ? Mais non… Ah putain mais si !
J'ouvrais la bouche, le regard devenu alors surpris. Lubia, non, ne f… interrompue par le geste, décontenancée par ce qui venait d'arriver, j'enfonçais ma tête dans mes épaules, paupières crispées et visage caché derrière ma tasse alors que j'entendais le ventre du bâtiment s'ouvrir sans opposer la moindre résistance à mon aimée. Bon sang elle n'était pas obligée d'en arriver là pour me faire une démonstration. J'abhorrais la violence sous toutes ses formes, et détruirenotre son habitat faisait partie, un peu, de cette forme d'obligation, de force, que je n'aimais guère. Pourtant, ce fut un soupir amusé et une œillade presque rieuse que je lui adressais alors qu'elle usait d'un sortilège simple pour réparer les dégâts.
Lubia, mon amour, toujours aussi extrême et intense.
Bon sang ce que je pouvais l'aimer.
Puis, il y eut une caresse. Légère, innocente. Mais sa peau contre la mienne me fit l'effet d'une résurrection. Le petit choc électrique dont j'avais besoin pour enfin sortir de mon mutisme, à présent que je l'avais religieusement écouté sans jamais la juger ou la craindre. Terminant le fond de ma tasse de thé, j'osais me mouvoir pour la déposer sur la table, à côté de mon vin, puis, une fois les mains libres, j'attrapais celle qui m'avait été tendue avant qu'elle ne s'en aille trop loin. Là-bas à quelquescentimètres kilomètres de moi. Toucher doux mais assuré, j'osais regarder ma bien-aimée dans les yeux avant de venir déposer, avec une infinie douceur, mes lèvres sur chacune des phalanges tatouées présentes devant moi. Ce contact, je le savourais comme s'il s'agissait du dernier qui me serait offert, et comme l'animal que j'étais au fond de moi, ce chien aimant et dévoué, j'en vins même à frotter sensiblement ma joue sur ses doigts. Cette chaleur… je voulais l'encrer en moi pour être certaine de ne jamais l'oublier. Je ne voulais pas en être séparée. Jamais.
Gardant obstinément sa peau contre la mienne, je vins reposer mon regard dans le sien, reflet de l'amour que je lui portais. Car ce soir il n'y avait nulle tristesse et nulle crainte. Simplement la découverte de l'autre, encore. Ce qui était fascinant.
Je ne t'oblige à rien, tu le sais, n'est-ce pas ? Je tenais à ce qu'elle s'en rappelle, même si j'étais dans mon droit de savoir la vérité. Je ne la forcerais donc pas à me toucher ce soir si elle ne le désirait pas, même pour me frôler seulement. Je libérais donc sa main, à contre cœur, profitant d'avoir les mains libres pour essayer de remettre mon bandage en place avec difficulté et maladresse. Pour l'heure, les précédents amours attendront, la conversation nous concernait d'abord nous deux, intimement, et cela me convenait. Oui, je veux vraiment savoir. Pas pour déranger ta sphère privée, mais parce que je veux mieux te connaître. Parce que je t'aime. Je restais silencieuse quelques secondes. Pourquoi te haïssais-tu à ce moment ? Y a-t-il eu un événement en particulier pour que tu décides de ne plus prendre de potion Tue-Loup ? Du coup… tu n'es pas fichée au ministère, n'est-ce pas ? Pourquoi… qu'est-ce que… je fronçais les sourcils, pinçant mes lèvres, cherchant le courage dans les yeux de ma tendre. La question fatidique était difficile à formuler. Que s'est-il passé cette nuit-là ?
Cette nuit-là. Cette fameuse nuit. Cette exception qui confirmait la règle. Sa règle. Cette poussière qui s'était glissée dans l'engrenage et qui y était encore collée aujourd'hui. Je voulais savoir. Certes, j'aurais été plus à ma place dans la salle commune des Ethelred à ce moment. Certes, j'aurais dû écouter Aislin. Certes, je n'avais rien à faire dans la forêt de l'université un soir de pleine lune… mais n'avais-je pas été plus à ma place qu'elle ? Elle qui aurait dû être en Sibérie alors ?
Il n'y avait aucune rancune. Mais je voulais savoir. J'en avais le besoin. J'en avais le droit.
Tout cela pourtant, je le gardais pour moi. Dans mes doigts, ceux-là même qui étaient obstinément fermés, noués, verrouillés sur ma tasse de thé. Un peu plus et j'arriverais peut-être à la briser sans le vouloir. Pourtant, la
Premièrement, je plissais légèrement les yeux, démontrant à la jeune femme que je ne comprenais pas où elle voulait en venir. Pas la peine d'ouvrir la bouche et d'user du son de ma voix, je restais silencieuse tant que faire se pouvait. Lubia le savait, surtout lorsque le sujet était délicat, même lourd à mes épaules, présentement. Je ne perdais pourtant pas une miette de son comportement alors que je laissais les secondes s'écouler pour qu'elle trouve les bons mots. Ses œillades qu'elle m'adressait, tantôt douces, tantôt désolées, tantôt… inquiètes ? Sa manière de caresser le tissu du canapé sur lequel nous étions installées, elle, plus que moi. Elle semblait hésiter, cette femme d'ordinaire toujours si sûre d'elle. La désarçonnerais-je plus que de raison, et ce, bien malgré moi ? Je peinais à y croire… et franchement, que craignait-elle de moi ? Que je la trompe ? Que j'use de ces informations pour les retourner contre elle ? N'avais-je pas déjà assez fait preuve de ma dévotion et de mon amour démesuré ? Est-ce que mes cicatrices, couplées à notre situation amoureuse actuelle ne lui suffisaient-elles donc pas ?
La vérité tomba. Froide et nue, accentuée par un regard crispé. Ma réaction fut toutefois diamétralement opposée à ce qui aurait dû : je me contentais de hocher simplement de la tête.
Encore une fois, que croyait-elle, mon amour ? Ou devrais-je plutôt dire, que croyaient-elles, mes amours ? Que je ne m'en doutais pas ? Que j'avais été sciemment attaquée par une humaine en pleine conscience sous le cycle lunaire ? Pensait-elle sincèrement que je ne l'avais jamais assez bien observée au quotidien pour ne jamais constater qu'elle ne prenait pas de potion ?
Non, il n'y avait là aucune surprise, donc aucune réaction néfaste à avoir. Je restais calme et à l'écoute, la tête légèrement penchée de côté, l'invitant à continuer, à ne rien craindre de moi.
Un clin d'œil. Je la retrouvais là, ma Lubia, avec cette légèreté. Néanmoins je voyais bien qu'elle agissait ainsi aussi pour se sécuriser elle-même, pour éloigner sa propre angoisse.
Mais tandis qu'elle me révélait le lieu où elle se déplaçait tous les mois, mon corps eut une réaction épidermique, incontrôlée. Un souffle, un rire profondément ironique traversa mes narines, et la lueur dans mes yeux changea sensiblement. De tranquille et patiente, elle devint comme sarcastique. En Sibérie, à chaque cycle. Vraiment ? Sauf une fois, n'est-ce pas ? Une seule et unique fois. Une poussière dans ce rouage si méticuleusement travaillé et ordonné. Une seule et unique fois qui changea nos deux vies de façon encore insoupçonnée à tout jamais.
J'allais devoir travailler sur cet instinct qui me protégeait encore, cette ironie qui pouvait me traverser. Car je ne voulais pas blesser la slave. Mais il allait falloir qu'elle s'explique sur ce point. Vraiment.
Suivant son mouvement des yeux alors qu'elle se redressait, je la fixais poser sa peau contre le bateau, avant de comprendre ce qu'elle voulait véritablement faire. Non, elle n'allait pas le faire. Si ? Mais non, pas sur l'Insubmersible enfin… mais si, vraiment ? Mais non… Ah putain mais si !
J'ouvrais la bouche, le regard devenu alors surpris. Lubia, non, ne f… interrompue par le geste, décontenancée par ce qui venait d'arriver, j'enfonçais ma tête dans mes épaules, paupières crispées et visage caché derrière ma tasse alors que j'entendais le ventre du bâtiment s'ouvrir sans opposer la moindre résistance à mon aimée. Bon sang elle n'était pas obligée d'en arriver là pour me faire une démonstration. J'abhorrais la violence sous toutes ses formes, et détruire
Lubia, mon amour, toujours aussi extrême et intense.
Bon sang ce que je pouvais l'aimer.
Puis, il y eut une caresse. Légère, innocente. Mais sa peau contre la mienne me fit l'effet d'une résurrection. Le petit choc électrique dont j'avais besoin pour enfin sortir de mon mutisme, à présent que je l'avais religieusement écouté sans jamais la juger ou la craindre. Terminant le fond de ma tasse de thé, j'osais me mouvoir pour la déposer sur la table, à côté de mon vin, puis, une fois les mains libres, j'attrapais celle qui m'avait été tendue avant qu'elle ne s'en aille trop loin. Là-bas à quelques
Gardant obstinément sa peau contre la mienne, je vins reposer mon regard dans le sien, reflet de l'amour que je lui portais. Car ce soir il n'y avait nulle tristesse et nulle crainte. Simplement la découverte de l'autre, encore. Ce qui était fascinant.
Je ne t'oblige à rien, tu le sais, n'est-ce pas ? Je tenais à ce qu'elle s'en rappelle, même si j'étais dans mon droit de savoir la vérité. Je ne la forcerais donc pas à me toucher ce soir si elle ne le désirait pas, même pour me frôler seulement. Je libérais donc sa main, à contre cœur, profitant d'avoir les mains libres pour essayer de remettre mon bandage en place avec difficulté et maladresse. Pour l'heure, les précédents amours attendront, la conversation nous concernait d'abord nous deux, intimement, et cela me convenait. Oui, je veux vraiment savoir. Pas pour déranger ta sphère privée, mais parce que je veux mieux te connaître. Parce que je t'aime. Je restais silencieuse quelques secondes. Pourquoi te haïssais-tu à ce moment ? Y a-t-il eu un événement en particulier pour que tu décides de ne plus prendre de potion Tue-Loup ? Du coup… tu n'es pas fichée au ministère, n'est-ce pas ? Pourquoi… qu'est-ce que… je fronçais les sourcils, pinçant mes lèvres, cherchant le courage dans les yeux de ma tendre. La question fatidique était difficile à formuler. Que s'est-il passé cette nuit-là ?
Cette nuit-là. Cette fameuse nuit. Cette exception qui confirmait la règle. Sa règle. Cette poussière qui s'était glissée dans l'engrenage et qui y était encore collée aujourd'hui. Je voulais savoir. Certes, j'aurais été plus à ma place dans la salle commune des Ethelred à ce moment. Certes, j'aurais dû écouter Aislin. Certes, je n'avais rien à faire dans la forêt de l'université un soir de pleine lune… mais n'avais-je pas été plus à ma place qu'elle ? Elle qui aurait dû être en Sibérie alors ?
Il n'y avait aucune rancune. Mais je voulais savoir. J'en avais le besoin. J'en avais le droit.
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Re: Breathe Me [Terminé]
Mar 15 Oct 2019 - 0:36
Tu peux être une formidable stratège, reine de subtilité - et il y a ces fois où tu préfères laisser parler les gestes. Abi tente de t'arrêter, en vain. « Lubia, non, ne f… » L'ignorant, tu enfonces ton poing dans le ventre du bateau, fendant le bois comme une vulgaire coquille. Réparant d'un coup discret les dégâts, tu souris à ta copine, te redirigeant vers le canapé en caressant avec douceur son pied. « Promis, j'ai pas fait tout ça pour éluder ta question. Tu veux vraiment savoir? Tu peux me demander tout ce que tu veux, tu sais ». Tu la suis du regard alors qu'elle termine son breuvage, posant un baiser sur tes phalanges travaillées d'encre. « Je ne t'oblige à rien, tu le sais, n'est-ce pas ? » Tes doigts la suivent alors que la petite sorcière cherche à remettre son bandage en place avec maladresse, les mettant de côté avec ménagement afin de serrer les liens du tissu. « Je sais », acquiesces-tu en hochant doucement la tête, la laissant poursuivre. « Oui, je veux vraiment savoir. Pas pour déranger ta sphère privée, mais parce que je veux mieux te connaître. Parce que je t'aime. » Tu glisses un regard prudent vers elle - parce que ça t'émerveillera probablement toujours un peu. « Pourquoi te haïssais-tu à ce moment ? Y a-t-il eu un événement en particulier pour que tu décides de ne plus prendre de potion Tue-Loup ? Du coup… tu n'es pas fichée au ministère, n'est-ce pas ? Pourquoi… qu'est-ce que… » Sourire goguenard aux lèvres prenant le dessus pour calmer les battements nerveux de ton coeur, tu fais mine de compter ses questions sur tes doigts. « Que s'est-il passé cette nuit-là ? »
Raclement de gorge. Lente inspiration. « Je n'ai pas grandi en étant fascinée par les créatures magiques comme toi, Abi. Je me voyais comme celui qui m'avait attaquée : un monstre, rien de plus ». Protégées par le fidelitas, tu ne cherches pas à vous isoler davantage, vous sachant à l'abri des oreilles indiscrètes qui auraient pu parvenir à traverser les sortilèges protégeant ton voilier. « C'est dur, pour nous - dur de s'accepter quand on n'a aucune conscience de soi pendant la transformation, et les seules ressources qui existent sur le sujet ne font que te confirmer la monstruosité dont tu te doutes déjà toi-même ». Tu avais cherché des informations, à l'époque - rien qui fasse autre chose que de te confirmer la sauvagerie et la cruauté dont cette étrangère en toi pouvait faire preuve, rien pour te rassurer, te dire que tu pouvais encore devenir une bonne personne. « La température corporelle qui change, l'irritabilité avant la pleine lune, l'impression d'être dans une peau trop petite ... » La peau. Toujours la peau. Traversée de dessins, elle l'était déjà - t'as cherché à te l'approprier davantage encore, multipliant les tatouages en une tentative de marquer ton territoire sur ton propre corps, comme si tu pouvais l'envoyer bouler, cette emmerdeuse sanguinaire qui avait élu domicile entre tes fibres musculaires et au creux de ton âme. « Il n'y a pas eu d'événement particulier, ni de grand déclic. Juste ... la réalisation que peut-être que le loup garou qui m'a transformée n'était pas sur une île déserte par hasard ». Tu laisses planer un petit silence, coulant un regard vers Abi pour vérifier qu'elle te suit, et tu décides de préciser ta pensée - elle a beau être extraordinairement empathique, tu ne veux pas qu'il subsiste de zone grise.
« Que ... peut-être que c'était intentionnel, et donc qu'il était possible de ne pas prendre de tue-loup, mais aussi de ne blesser personne ». Cette balance étrange que tu as réussi à atteindre ... Sauf cette fameuse soirée de juin 2018. Tu cherches tes mots - parce que c'est la première fois que tu parles aussi clairement de ta lycanthropie. « C'est ... Prendre une potion tue-loup, ça calme la bête. Tu restes conscient, mais la bête, à l'intérieur, elle rage, elle hurle. Je suis convaincue que c'est directement lié à l'irritabilité des loups-garous qui prennent des tue-loup. Moi je suis impatiente, avant la pleine lune - mais pas irritable ». Tu te reprends, ne pouvant t'empêcher de plaisanter un peu, pour détendre l'atmosphère (et toi, surtout). « Enfin, sauf quand tu décides de t'enrouler comme un burrito sous la couette, mais bon hein, ça c'est moi, pas l'autre », fais-tu en lui lançant un petit clin d'oeil.
« Bref. Depuis ... Depuis que je ne prends pas de tue-loup, j'ai arrêté de lutter ». Il y a les mots que tu n'oses pas dire. Que tu sais qu'elle comprend, et donc, tu te permets de te taire. Que la bête fait autant partie de ton être que l'humaine, et que donc, si la petite sorcière obstinée qui se tient devant toi croit vraiment t'aimer, c'est qu'elle est amoureuse de la créature qui l'a attaquée. Peut-être sans le réaliser. « Il y a ... beaucoup de moi qui a été ... affûté par ce changement », admets-tu, glissant un regard en coin vers la jeune femme, mesurant tes mots comme tu sais si bien le faire. Affûter, c'est le terme - aiguiser une lame qui était déjà présente. La louve n'a rien inventé, chez toi - tes instincts prédateurs et manipulateurs étaient déjà bien enracinés. Mais là où n'existait que fer, la bête a fait de toi une lance. Tranchante, meurtrière. « Nous sommes indissociables », laisses-tu finalement tomber, comme une sentence qu'on lancerait à un condamné à l'échafaud. « Si tu es vraiment convaincue de m'aimer », commences-tu à articuler, comme si tu voulais lui laisser une énième porte de sortie, « tu dois comprendre ... qu'à travers moi, tu l'aimes, elle aussi ». C'est là le drame et l'ironie de votre relation, ce qui vous suivra toujours - cercles concentriques sans fin.
Ton regard s'assombrit - tu parviens enfin à sa dernière question, la seule, vraiment, à laquelle tu ne sauras jamais échapper. Ça te fait l'effet d'une trappe dans laquelle tu te serais jetée volontairement, comme une imbécile - lâchant un soupir, long, mesuré, tu sembles vouloir expulser la dernière molécule d'air avant de recommencer à parler, parce qu'il te faut du courage. Doucement, tu prends ses mains à nouveau, et un petit sourire triste vient soulever la commissure de tes lèvres. « Je n'avais jamais eu l'intention de venir travailler à Londres », articules-tu, la voix qui murmure presque. Tu sais qu'elle t'entend, et il y a dans ce ton un air de pardon, de quasi-couvert d'anonymat qui vous enveloppe.
« J'étais au sommet de ma pyramide, à Kiev ». Réalité pure - à la fine pointe de ta ligue, rusée et sans pitié, fine stratège sachant tracter à la fois avec l'occident et avec l'Ours. Un trait dur envahit ton visage, et tes lèvres se figent en un rictus de haine. « Si tu penses que le milieu est masculin ici, tu devrais voir le monde diplomatique slave ». Des hommes. Que des hommes, et quel ennui que de voir une femme comme toi, aux préférences sexuelles affichées comme une carte de visite dans ton apparence. Androgyne, tu l'as toujours été, cultivant tes airs comme une peau de caméléon - t'en as payé le prix, il y a un an et demi. « Le directeur à Moscou a décidé de me mettre sur la table de négociations ». Littéralement. L'image quitte tes lèvres, et tu la regrettes instantanément. Tes poings se serrent sans même y songer autour de sa main et, réalisant que tu lui as probablement fait mal, tu lâches ses doigts instantanément, adressant un regard d'excuse à ta douce. « Centre de thérapie, c'est comme ça qu'ils appellent l'endroit où il m'a envoyée », craches-tu d'une voix sifflante, et tu te lèves à nouveau. Soudain, l'Insubmersible te semble incroyablement petit, et t'as envie de déchirer l'univers, de montrer les crocs et d'envoyer un majeur bien senti à tout le monde. Surtout à ces hommes qui détestent les femmes. Tu désignes tes avant-bras, dont la sorcière a déjà découvert les cicatrices sur une plage, une demie-vie auparavant, te semble-t-il. Tu n'as jamais compris la raison pour laquelle ces traces sur ta peau ont échappé aux facultés curatives des lycans - tu n'as jamais cherché à le savoir.
« Ils attachent leurs patients et placent des électrodes sur leur corps », articules-tu, mettant l'accent sur le mot "patients" comme si tu voulais le cracher au visage des figures désormais disparues auxquelles tu ne fais plus face. « Pour régler des débalancements hormonaux, qu'ils disent ». Tu fais les cent pas dans le ventre du voilier, incapable de rester en place. Une vague de rage envahit ton regard d'acier. « et ils testent le produit qu'ils sont en train de créer », laisses-tu tomber. « C'est elle qui nous a tirées de là. Quelques jours avant la pleine lune. Parfois, je me dis que j'aurais préféré rester jusqu'à ma transformation », admets-tu. Les faire payer, tous. Les déchirer de tes crocs et les laisser pour morts - mais il y avait eu les autres torturés, qui, eux, ne méritaient pas ce sort. Donc t'as foutu le camp, peur et rage valsant dans ton ventre en une danse sanglante. Brisant des os, finissant par avoir accès à ta baguette dans le sac en plastique où logeaient tes effets personnels. T'es passée à deux doigts de prononcer un sortilège impardonnable, ce soir-là - et c'est elle qui t'en a empêchée. Parfois, tu te dis que c'est elle, la plus sage des deux - peut-être la moins sauvage, même. « On m'avait prêtée à Londres au printemps pour l'affaire du novichok moldu. Depuis, le directeur du département formulait souvent des propositions d'embauche. C'est la première chose que j'ai fait en sortant de l'enfer bulgare ». Accepter l'offre, t'enfuir. « Je suis arrivée à Londres le jour de la pleine lune, j'ai commencé mon nouvel emploi. J'étais ... désincarnée. Complètement dissociée de mon propre corps ». Les victimes de viol font souvent ça, tu l'as lu - et dans ton cas, tu l'as si bien fait que quelque chose s'était brisé. « Je n'avais même pas réalisé que la pleine lune était ce soir-là. Quand je l'ai sentie venir, j'ai paniqué. J'ai transplané en pensant à une forêt - j'imagine que c'est comme ça que je suis arrivée devant le domaine universitaire. J'ai vu la forêt, au loin - et j'ai couru ». Le reste, tu ne t'en rappelles pas. Tu ne te souviens de rien, pas même du rythme de tes pattes sur le sol. Déconfite, tu adresses un regard implorant à Abi, ne cherchant pas à retenir les larmes qui te montent aux yeux.
- InvitéInvité
Re: Breathe Me [Terminé]
Sam 19 Oct 2019 - 21:10
Je buvais ses paroles comme une assoiffée dans le désert pouvait s'abreuver à la première oasis trouvée. Cet instant entre nous était, me paraissait-il, suspendu dans le temps, comme beaucoup d'autres avant en réalité, mais celui-ci était très différent. D'ordinaire, nous étions plus du genre à nous asseoir sur le pont de l'Insubmersible III pour contempler les passants, si nous restions au port, ou alors simplement observer le temps qui passait si nous étions sur l'eau. Assises sur les plages, il nous arrivait de discuter de tout et de rien, de nos emplois respectifs, de ce que nous vivions à l'université, elle comme conférencière, moi comme universitaire à l'approche de son ultime diplôme. Nous parlions aussi de nous, mais toujours avec une certaine chasteté. Ce soir, il y avait un fond de vérité bien plus significatif que tout ce que nous avions pu vivre jusqu'à aujourd'hui. Car tout était simple, léger, sans tension (pour le moment). Il n'y avait ni colère ni malaise. Simplement la vérité nue, le désir profond de partager ce que nous étions au plus profond de nous-mêmes. Point de dépossession que je n'avais encore jamais atteint à ce point avec autrui, je plaçais entre les doigts tatoués de ma Belle Bête tout ce qui me faisait et me composait. J'étais consciente qu'il en allait de même pour elle, peut-être bien plus que je ne le percevais. Car sa lycanthropie était son plus grand secret, mais c'était ce qui faisait d'elle un tout. Sans ça, nous ne nous serions sûrement jamais connues, tout du moins, pas de la même manière, et j'étais certaine d'une chose : je ne voulais pas connaître Lubia autrement. Même si en l'état c'était difficile, voire terrible et affreux.
Les mains religieusement posées sur mes cuisses, j'écoutais ma bien-aimée en la suivant du regard avec une attention toute particulière. Rien ne m'échappait. Ses moindres faits et gestes, ses moindres mimiques. Elle pouvait plisser des yeux ou hésiter ne serait-ce qu'à la commissure de ses lèvres, je le verrais. Ma très grande empathie et mon talent inné d'observation me permettaient des prouesses. Toutefois, je ne cherchais pas là à analyser la Slave, non. Simplement à être présente pour elle, à être attentive à ses besoins, à son écoute, car j'étais peut-être la seule, ou ne serait-ce l'une des rares personnes, à connaître l'ensemble de cette histoire. Son histoire. Le plus étrange, c'était que je ne ressentais aucune pression de ce secret, aucun poids pesant sur mes épaules. Au contraire, je me sentais comme libérée, car le rideau qui camouflait toutes ces zones d'ombre depuis plus d'un an était enfin révélé. Enfin j'avais accès à la connaissance qui me manquait. La dernière pièce du puzzle que je pouvais assembler sur ce tableau de douleur qu'était ma vie depuis des mois. Depuis juin de l'année 2018.
Toujours sans jugement et apparemment sans surprise, car c'était le cas, je hochais simplement de la tête alors qu'elle me décrivait les effets de la potion Tue-Loup.
- Oui je me rends compte de tout ça. À l'époque, j'ai côtoyé un lycan qui prenait cette potion. Nous passions les nuits de pleine lune ensemble, lui lupin, moi canin. Je souriais rapidement à ces souvenirs. Mais sûrement que les effets de la potion sont propres à chaque loup-garou ?
Zéphyr avait été un ami très particulier, et j'étais triste qu'il ait décidé de partir du jour au lendemain sans donner de nouvelles. Mais dans un sens, je pouvais le comprendre, et Lubia l'avait très bien dit à son tour : reclus de la société, paria, la vie d'un loup-garou n'avait rien d'enviable. Je me plaisais à croire, peut-être naïvement, que j'avais pu soulager cette solitude chez Zéphyr, et je voulais faire davantage pour mon amour.
Puis, je souriais avec aisance et légèreté à la petite plaisanterie qu'elle me lança. J'étais son burrito favori je le savais bien, et surtout, je savais à quel point elle appréciait me déballer pour me croquer. Pourtant, mon air se fit légèrement plus grave à la mention d'une évidence. De l'impossibilité de les dissocier. Aspirant une petite bouffée d'air, je l'expulsais en un soupir, clignant lentement des yeux. J'étais résignée, apparemment.
- Je le sais Lubia, et j'ai accepté cette idée depuis le premier jour. Je te l'ai dit, la meute, tout ça. Je n'avais pas à répéter ce qui avait déjà été dit maintes et maintes fois. Si l'humaine avait déjà pu être témoin de mon engagement envers elle, il me restait à convaincre la louve. La question est surtout… est-ce que elle, elle est prête à m'accepter dans sa vie ? Moi, l'intruse qui lui a tenu tête et qui lui a survécu ?
Prunelles sombres plantées dans celle de ma bien-aimée, je cherchais à m'adresser à elle. Encore une fois, je lui faisais face. Je lui ferai toujours face. Petite effrontée que j'étais. Elle ne m'avait jamais fait peur lorsqu'elle s'était dressée devant moi. Pas au mois de juin. Pas dans le film. Pas ce soir. Ceci était uniquement réservé à l'image que je me faisais d'elle, déformation terrible de mon esprit, celle qui hantait mes cauchemars.
Dans le fond, j'ignorais encore comment je devais considérer Lubia et la louve. Deux esprits dans un seul corps. Les plus scientifiques parleraient d'une maladie, je n'aimais plus utiliser ce terme aujourd'hui. Devais-je m'adresser séparément aux deux entités, ou est-ce que dans le fond, je faisais toujours face à Lubia ? Je ne voulais pas la (les ?) vexer en choisissant de mauvais termes, alors, je marchais toujours un peu sur des œufs dans ce genre de conversations.
Puis enfin. Enfin j'apprenais ce qui était réellement arrivé. Pourquoi elle avait été là. La raison de sa présence. De son trouble. Cette rage qui grondait en elle, et qui s'était littéralement acharnée sur moi ce soir-là. Mauvais endroit au mauvais moment pour nous deux. Malheur qui finalement nous avait condamnées à ne pas pouvoir vivre l'une sans l'autre, attachées par le destin. Au départ, ça n'avait été que terreur et frustration. Aujourd'hui, ce lien, je ne voulais plus m'en défaire, il était ce fil doré qui me rattachait à la vie, celui que les nornes du temps pouvaient couper de leur ciseau à tout moment.
Ma gorge se nouait au fur et à mesure de son récit. Je pouvais y voir les images de ce qui lui était arrivé, des tortures injustes infligées. Je ne la quittais pas un instant des yeux alors qu'elle faisait les cent pas devant moi, esprit encore blessé et furieux (ce qui était compréhensible) de ce qui était arrivé. Le regard implorant qu'elle déposa sur moi effrita mon cœur. Morceaux martelés d'abord de ses coups de griffes, aujourd'hui ils l'étaient d'une pleine et entière compassion. De ce terrible événement que ma compagne avait vécu seule et qu'elle venait de me confier. Je mesurais sans mal les efforts qu'elle venait de fournir pour oser s'ouvrir à ce point.
D'un profond soupir de désarroi, une larme vint couler silencieusement le long de ma joue, accompagnatrice salée et brillante des siennes. Maintenant, présentement, que pouvais-je faire ? La prendre dans mes bras était impossible, elle m'avait rejeté tout à l'heure. J'avais pourtant envie de lui prouver que j'étais là, présente pour elle, et que jamais je ne la quitterais, je le lui avais promis, et je n'en avais aucune envie. Je voulais l'embrasser, pour que dans nos lèvres puissent terminer leurs courses nos larmes. Qu'elles se mêlent à notre étreinte pour mieux nous réconforter, pour mieux nous soulager.
Il n'y avait pourtant que le néant d'un corps tétanisé par la peur de mal faire. Immobile, dans l'impossibilité de me mouvoir, j'inspirais longuement pour essayer de retrouver contenance. Car la plus blessée de nous deux, ce n'était pas moi. Lubia avait été un appui solide pour moi à de nombreuses reprises. Maintenant, c'était mon tour.
Une personne ordinaire aurait simplement repris la parole. Parler. Dire les mots soigneusement choisis dans l'entier du registre de ceux qui étaient réconfortants et doux.
Mais moi, je n'étais pas une personne ordinaire. J'étais faite de douceur, de couleur, de rêverie, de mélodie.
Non, je n'étais pas une personne ordinaire. Alors, tout en restant assise, terrée dans ce coin de canapé, j'ouvrais la bouche, non pas pour discuter, mais pour chanter. Voix légère des anges, initialement peu assurée à cause de la tristesse, je la faisais vraiment découvrir à mon aimée pour la première fois. Mélodie composée uniquement pour elle, lors de mes songes amoureux en nature.
- Can I tell you something just between you and me?
When I hear your voice, I know I'm finally free
Every single word is perfect as it can be
And I need you here with me
When you lift me up, I know that I'll never fall
I can speak to you by saying nothing at all
Every single time, I find it harder to breathe 'Cause I need you here with me
Every day
You're saying the words that I want you to say
There's a pain in my heart and it won't go away
Now I know I'm falling in deep 'Cause I need you here with me
Every day
You're saying the words that I want you to say
There's a pain in my heart and it won't go away
Now I know I'm falling in deep 'Cause I need you here with me
I think I see your face in every place that I go
I try to hide it, but I know that it's gonna show
Every single night, I find it harder to sleep 'Cause I need you here with me
Everyday
You're saying the words that I want you to say
There's a pain in my heart and it won't go away
Now I know I'm falling in deep 'Cause I need you here with me
Every day
You're saying the words that I want you to say
There's a pain in my heart and it won't go away
Now I know I'm falling in deep 'Cause I need you here with me
Can I tell you something just between you and me?
When I hear your voice, I know I'm finally free
Every single word is perfect as it can be 'Cause I need you here with me
Les dernières notes s'enfuyant dans le ventre de l'Insubmersible, je souriais, non sans rougir légèrement, enfonçant ma tête dans mes épaules. Le silence reprit ses droits alors que j'ignorais comment réagir à présent.
Je consolais comme je le pouvais, maladroitement. Mais de manière profondément sincère et amoureuse.
Admirant toujours ma petite-amie, car je ne l'avais à aucun instant quitté du regard, j'osais hasarder une proposition pour le moins surprenante.
- Voudrais-tu te souvenir, voir, ce qui est arrivé ? Un jour, lorsque tu te sentiras prête.
Les mains religieusement posées sur mes cuisses, j'écoutais ma bien-aimée en la suivant du regard avec une attention toute particulière. Rien ne m'échappait. Ses moindres faits et gestes, ses moindres mimiques. Elle pouvait plisser des yeux ou hésiter ne serait-ce qu'à la commissure de ses lèvres, je le verrais. Ma très grande empathie et mon talent inné d'observation me permettaient des prouesses. Toutefois, je ne cherchais pas là à analyser la Slave, non. Simplement à être présente pour elle, à être attentive à ses besoins, à son écoute, car j'étais peut-être la seule, ou ne serait-ce l'une des rares personnes, à connaître l'ensemble de cette histoire. Son histoire. Le plus étrange, c'était que je ne ressentais aucune pression de ce secret, aucun poids pesant sur mes épaules. Au contraire, je me sentais comme libérée, car le rideau qui camouflait toutes ces zones d'ombre depuis plus d'un an était enfin révélé. Enfin j'avais accès à la connaissance qui me manquait. La dernière pièce du puzzle que je pouvais assembler sur ce tableau de douleur qu'était ma vie depuis des mois. Depuis juin de l'année 2018.
Toujours sans jugement et apparemment sans surprise, car c'était le cas, je hochais simplement de la tête alors qu'elle me décrivait les effets de la potion Tue-Loup.
- Oui je me rends compte de tout ça. À l'époque, j'ai côtoyé un lycan qui prenait cette potion. Nous passions les nuits de pleine lune ensemble, lui lupin, moi canin. Je souriais rapidement à ces souvenirs. Mais sûrement que les effets de la potion sont propres à chaque loup-garou ?
Zéphyr avait été un ami très particulier, et j'étais triste qu'il ait décidé de partir du jour au lendemain sans donner de nouvelles. Mais dans un sens, je pouvais le comprendre, et Lubia l'avait très bien dit à son tour : reclus de la société, paria, la vie d'un loup-garou n'avait rien d'enviable. Je me plaisais à croire, peut-être naïvement, que j'avais pu soulager cette solitude chez Zéphyr, et je voulais faire davantage pour mon amour.
Puis, je souriais avec aisance et légèreté à la petite plaisanterie qu'elle me lança. J'étais son burrito favori je le savais bien, et surtout, je savais à quel point elle appréciait me déballer pour me croquer. Pourtant, mon air se fit légèrement plus grave à la mention d'une évidence. De l'impossibilité de les dissocier. Aspirant une petite bouffée d'air, je l'expulsais en un soupir, clignant lentement des yeux. J'étais résignée, apparemment.
- Je le sais Lubia, et j'ai accepté cette idée depuis le premier jour. Je te l'ai dit, la meute, tout ça. Je n'avais pas à répéter ce qui avait déjà été dit maintes et maintes fois. Si l'humaine avait déjà pu être témoin de mon engagement envers elle, il me restait à convaincre la louve. La question est surtout… est-ce que elle, elle est prête à m'accepter dans sa vie ? Moi, l'intruse qui lui a tenu tête et qui lui a survécu ?
Prunelles sombres plantées dans celle de ma bien-aimée, je cherchais à m'adresser à elle. Encore une fois, je lui faisais face. Je lui ferai toujours face. Petite effrontée que j'étais. Elle ne m'avait jamais fait peur lorsqu'elle s'était dressée devant moi. Pas au mois de juin. Pas dans le film. Pas ce soir. Ceci était uniquement réservé à l'image que je me faisais d'elle, déformation terrible de mon esprit, celle qui hantait mes cauchemars.
Dans le fond, j'ignorais encore comment je devais considérer Lubia et la louve. Deux esprits dans un seul corps. Les plus scientifiques parleraient d'une maladie, je n'aimais plus utiliser ce terme aujourd'hui. Devais-je m'adresser séparément aux deux entités, ou est-ce que dans le fond, je faisais toujours face à Lubia ? Je ne voulais pas la (les ?) vexer en choisissant de mauvais termes, alors, je marchais toujours un peu sur des œufs dans ce genre de conversations.
Puis enfin. Enfin j'apprenais ce qui était réellement arrivé. Pourquoi elle avait été là. La raison de sa présence. De son trouble. Cette rage qui grondait en elle, et qui s'était littéralement acharnée sur moi ce soir-là. Mauvais endroit au mauvais moment pour nous deux. Malheur qui finalement nous avait condamnées à ne pas pouvoir vivre l'une sans l'autre, attachées par le destin. Au départ, ça n'avait été que terreur et frustration. Aujourd'hui, ce lien, je ne voulais plus m'en défaire, il était ce fil doré qui me rattachait à la vie, celui que les nornes du temps pouvaient couper de leur ciseau à tout moment.
Ma gorge se nouait au fur et à mesure de son récit. Je pouvais y voir les images de ce qui lui était arrivé, des tortures injustes infligées. Je ne la quittais pas un instant des yeux alors qu'elle faisait les cent pas devant moi, esprit encore blessé et furieux (ce qui était compréhensible) de ce qui était arrivé. Le regard implorant qu'elle déposa sur moi effrita mon cœur. Morceaux martelés d'abord de ses coups de griffes, aujourd'hui ils l'étaient d'une pleine et entière compassion. De ce terrible événement que ma compagne avait vécu seule et qu'elle venait de me confier. Je mesurais sans mal les efforts qu'elle venait de fournir pour oser s'ouvrir à ce point.
D'un profond soupir de désarroi, une larme vint couler silencieusement le long de ma joue, accompagnatrice salée et brillante des siennes. Maintenant, présentement, que pouvais-je faire ? La prendre dans mes bras était impossible, elle m'avait rejeté tout à l'heure. J'avais pourtant envie de lui prouver que j'étais là, présente pour elle, et que jamais je ne la quitterais, je le lui avais promis, et je n'en avais aucune envie. Je voulais l'embrasser, pour que dans nos lèvres puissent terminer leurs courses nos larmes. Qu'elles se mêlent à notre étreinte pour mieux nous réconforter, pour mieux nous soulager.
Il n'y avait pourtant que le néant d'un corps tétanisé par la peur de mal faire. Immobile, dans l'impossibilité de me mouvoir, j'inspirais longuement pour essayer de retrouver contenance. Car la plus blessée de nous deux, ce n'était pas moi. Lubia avait été un appui solide pour moi à de nombreuses reprises. Maintenant, c'était mon tour.
Une personne ordinaire aurait simplement repris la parole. Parler. Dire les mots soigneusement choisis dans l'entier du registre de ceux qui étaient réconfortants et doux.
Mais moi, je n'étais pas une personne ordinaire. J'étais faite de douceur, de couleur, de rêverie, de mélodie.
Non, je n'étais pas une personne ordinaire. Alors, tout en restant assise, terrée dans ce coin de canapé, j'ouvrais la bouche, non pas pour discuter, mais pour chanter. Voix légère des anges, initialement peu assurée à cause de la tristesse, je la faisais vraiment découvrir à mon aimée pour la première fois. Mélodie composée uniquement pour elle, lors de mes songes amoureux en nature.
- Can I tell you something just between you and me?
When I hear your voice, I know I'm finally free
Every single word is perfect as it can be
And I need you here with me
When you lift me up, I know that I'll never fall
I can speak to you by saying nothing at all
Every single time, I find it harder to breathe 'Cause I need you here with me
Every day
You're saying the words that I want you to say
There's a pain in my heart and it won't go away
Now I know I'm falling in deep 'Cause I need you here with me
Every day
You're saying the words that I want you to say
There's a pain in my heart and it won't go away
Now I know I'm falling in deep 'Cause I need you here with me
I think I see your face in every place that I go
I try to hide it, but I know that it's gonna show
Every single night, I find it harder to sleep 'Cause I need you here with me
Everyday
You're saying the words that I want you to say
There's a pain in my heart and it won't go away
Now I know I'm falling in deep 'Cause I need you here with me
Every day
You're saying the words that I want you to say
There's a pain in my heart and it won't go away
Now I know I'm falling in deep 'Cause I need you here with me
Can I tell you something just between you and me?
When I hear your voice, I know I'm finally free
Every single word is perfect as it can be 'Cause I need you here with me
Les dernières notes s'enfuyant dans le ventre de l'Insubmersible, je souriais, non sans rougir légèrement, enfonçant ma tête dans mes épaules. Le silence reprit ses droits alors que j'ignorais comment réagir à présent.
Je consolais comme je le pouvais, maladroitement. Mais de manière profondément sincère et amoureuse.
Admirant toujours ma petite-amie, car je ne l'avais à aucun instant quitté du regard, j'osais hasarder une proposition pour le moins surprenante.
- Voudrais-tu te souvenir, voir, ce qui est arrivé ? Un jour, lorsque tu te sentiras prête.
- Spoiler:
- InvitéInvité
Re: Breathe Me [Terminé]
Lun 21 Oct 2019 - 14:54
Les anglophones ont une expression qui vous qualifierait bien, dans cet étrange ménage à trois que vous composez - elephant in the room. Sauf que votre éléphant est une louve, indissociable de toi. En entendant Abi t'avouer avoir déjà côtoyé un lycan, tes paupières se plissent - la jeune femme croyait être destinée aux dragons, mais peut-être s'est-elle tournée vers les mauvaises créatures magiques pour se créer une spécialité. Tu continues pourtant à t'exprimer, lâchant l'information dont elle a conscience - rappel constant de ta double nature, de cette réalité si particulière qui te caractérise. Les yeux qui épousent ses lèvres alors que la sorcière laisse échapper un soupir. « La question est surtout… est-ce que elle, elle est prête à m'accepter dans sa vie ? Moi, l'intruse qui lui a tenu tête et qui lui a survécu ? » Le bât blesse, et tu ne dis rien, prunelles s'affrontant tout autant qu'elles se caressent du regard. Il y a une part de toi (tu sais très bien laquelle) qui grogne, lorsqu'elle se fait rappeler cet épisode. Une part fondamentalement dominante, celle qui écrase tout ce qui se dresse sur son passage, celle qui te permettra toujours de survivre. What doesn't kill me better run. Toi, rationnellement, tu le sais, que ce n'est pas une pique - mais la part lupine feule. De quel droit? T'as presque envie de la corriger et de lui montrer que t'as pas besoin d'être sous ta forme lycane pour la bouffer, la petite sorcière (et pas de la façon qu'elle aime).
« On verra un soir de pleine lune », te contentes-tu simplement de répondre le ton entendu - tu n'as jamais fait l'expérience d'être sous ta forme lycane avec un animagus. Tu ne savais pas que c'était même une possibilité, bien que l'idée te semble logique : après tout, les lycans ne s'intéressent pas aux animaux. À l'image de toute espèce, ils cherchent à survivre avant tout - et la survie d'une race dépend toujours de sa propagation. Le plus petit microbe a ce réflexe - survivance. Les attaques de loup-garous ne sont pas des actes de mort, peu importe leur violence - ce sont des témoignages de vie, de survie. Survie d'une espèce moins reluisante que d'autres, plus difficile à aimer, à comprendre. Acte de vie, malgré tout. Tes iris clairs dansent avec les siens lorsque tu te rends enfin aux moments fatidiques. L'histoire qui se devait d'être tissée, parce que tu lui devais cette explication qui, si elle ne justifie rien, explique tout. L'épisode bulgare. C'est ainsi que tu le désignes dans ta tête, lorsque tu as besoin d'y faire référence. La source de ton nouvel épouvantard - être attachée, à nouveau. À la merci de la cruauté humaine. On vous croit monstrueux, les lycans - mais rien n'est plus cruel qu'un être humain. Faisant les cent pas, tu finis par te fixer, posant un regard implorant sur elle. L'implorant de comprendre. L'implorant d'accepter. Pas de te pardonner - même si c'est déjà fait, tu ne crois toujours pas le mériter. Tu as accepté de vivre avec cet état de fait, malgré tout.
Tu vois ses larmes, et t'as envie de la rejoindre, mais tu veux surtout te réfugier seule, et lécher tes plaies. Sans la chasser, sans la nier, sans l'abandonner - jamais une négation de la jeune femme, mais une simple affirmation de soi, de ce dont tu as besoin. Déconfite, tu fixes le sol, le dos appuyé contre un mur boisé, avant de te laisser glisser par terre avec lenteur. T'as envie de te rouler en boule, mais sa voix te surprend. Trémolo angélique, et si tu gardes d'abord le visage baissé, ton expression faciale se dégage, se détend. Tu sais qu'elle te fait un cadeau, l'agaçante petite sorcière - tu savais qu'elle chantait, certes, mais tu ne l'avais jamais entendue avant aujourd'hui. Ça a des petits accents angéliques, et surtout, ça a le mérite de calmer ton myocarde affolé. Sans reconnaître les paroles, tu les connais - tu mettrais la main au feu que c'est une création de ton petit (grand) amour. Ça a le mérite de te calmer, les accents qui murmurent et t'enveloppent sans te toucher et, soudain, tu souris. Un sourire amusé et tendre - parce qu'elle a trouvé le moyen de te prendre dans ses bras sans contact, la malicieuse. I can speak to you by saying nothing at all. Tu hoches la tête - t'as compris. Laissant le silence reprendre ses droits sur la cale du bateau, tu l'observes avec un vernis de curiosité alors que le rouge lui monte aux joues, et tu retiens un petit rire. T'as bien fait - ce qu'elle te propose le fait mourir au creux de ta gorge directement. Tu ne caches pas ta surprise, lui adressant un regard prudent. « Je ne sais pas ». Ça a le mérite d'être honnête. « Je ne sais pas ce que ça pourrait nous apporter, de me voir comme ça ». Tu repenses au château de la bête, lorsque tu avais croisé ton reflet dans le miroir. Te voir en lycane pour la première fois - tu avais souri, de pouvoir la rencontrer elle, dans les volutes dorées de son regard. « Je ne sais pas si elle va me traumatiser », admets-tu. « ... Ou si je vais carrément l'admirer ». Tu ne sais pas laquelle des deux perspectives t'apporte le plus de nervosité.
- InvitéInvité
Re: Breathe Me [Terminé]
Mar 22 Oct 2019 - 16:32
Il était des fois où la sensibilité pouvait prendre le dessus sur toute chose. Les maux, les douleurs, la douceur prenant alors sa place pour tout englober et faire fuir le froid terne d'une ambiance malsaine. Si tout avait été simple jusque-là, le drame du chapitre de vie de mon aimée m'avait pourfendu le cœur, et je me devais de la soutenir comme je le pouvais.
Persuadée qu'elle ne méritait pas mon pardon, j'étais à court d'idées pour lui prouver que c'était toujours sincère. Car ainsi était la personne que j'étais : compréhensive, et peut-être un peu naïve de croire en des choses aussi farfelues. D'accorder la grâce si facilement. Mais je n'étais pas un être de rancune et de rancœur. C'était bien trop lourd à porter pour ma petite taille et ma petite personne. Je ne pouvais donc que l'accompagner, rester toujours à ses côtés, car j'aimais toutes les facettes de sa personnalité. Toutes. La réalité était que j'ignorais s'il en allait de même pour elle. Je voyais bien ses petits airs contrariés lorsque je parlais de Levius ou de la ferme. Hélas, elle ne semblait pas comprendre qu'en plantant ses crocs dans ma nuque un an auparavant, elle avait aussi fait saigner mon cœur pour qu'il lui appartienne. Je ne pouvais plus rien changer à cela, tout comme je ne pouvais rien changer aux biens faits que m'apportaient la ferme et ses habitants.
Alors oui, je lui avais pardonné, car qui étais-je pour penser abattre sur elle son jugement dernier ? Je n'avais besoin que d'explications pour comprendre et enfin faire la paix, moi, avec tout ceci.
Lubia n'aurait pas pu me donner meilleures explications, et je comprenais bien mieux l'état dans lequel elle était ce soir-là. Je comprenais la force de l'acharnement qui l'avait habité alors que je m'étais dressée contre elle pour protéger mon amie de l'époque.
En remettant toutes les pièces dans l'ordre, en rassemblant le puzzle, je revoyais des scènes de cette nuit. Je ressentais, comme à ce moment, chaque coup porté sur ma chair. La brûlure violente de ses griffes s'enfonçant dans ma peau et la puissance de sa mâchoire sur ma nuque qui avait manqué de me broyer les os. J'en frissonnais désagréablement, remuant les épaules nerveusement pour me débarrasser de cette sensation.
Non, je ne lui en voulais pas. À aucune des deux. Parce que je comprenais maintenant la frustration, la colère, l'injustice, la peur, l'affolement. Ça aurait traumatisé n'importe qui. N'importe qui.
Et puisqu'il m'était impossible de la toucher physiquement, alors, je me prêtais à cet exercice si différent et spécial. Celui de toucher sans m'approcher. Car j'étais douée à ce petit jeu, art dont j'avais le secret depuis enfant et que j'avais taillé jour après jour, empathie prenant le pas sur tous les maux du monde.
Son maintient s'affaissa, les traits crispés de son visage s'évanouirent, et c'est un sourire que je voyais à présent revenir sur ses lèvres. Voilà qui était mieux. Je n'avais peut-être pas les épaules assez solides pour qu'elle s'y appuie puisqu'elle ne le voulait pas, mais mon âme, elle, était assez forte pour tout supporter. Pour elle.
Sincérité au fond de la voix, je l'écoutais me répondre, ce qui engendra mon propre amusement. Baissant mes yeux sur mes mains, j'agitais lentement mes doigts, une lumière rougeâtre et apaisante apparut alors, comme un minuscule brasier que j'aurais voulu allumer.
- Voyons, elle m'a déjà traumatisé moi. Tu ne pourras donc que l'admirer, comme ça, les sentiments sont partagés. Je ne te propose pas ça pour que tu puisses te contempler, je ne te savais pas si coquette et imbue de toi. Lui jetant un coup d'œil brillant d'amusement, je reprenais calmement. C'est juste que… je ne sais pas trop comment expliquer ça. C'est… c'est ce qui nous est arrivé. Ça nous appartient. Je penchais un peu la tête sur le côté. Pour que tu puisses voir ce qui s'est passé et mieux comprendre. Pas… pas pour te blesser ou pour que tu t'enfonces davantage dans la culpabilité, mais au contraire pour… aller de l'avant. Ôter tous les doutes, pour qu'on puisse continuer à mieux s'entre-aider mutuellement. Je soupirais un peu, la lueur rouge prenant lentement la forme d'une rose entre mes doigts. Fleur que je modelais avec aisance comme une artiste. Pour qu'on puisse fermer ce chapitre de notre vie et vivre heureuses. Encore plus heureuses. Je haussais un peu les épaules. Mais tu n'es pas obligée de répondre tout de suite mon cœur. Juste… réfléchis-y d'accord ? Il existe un moyen simple pour le faire.
Regard sombre et doux posé sur elle, je l'admirais, cette femme que j'aimais tant. C'était difficile pour nous, de vivre avec ce qui était arrivé. Mais pouvoir en parler plus aisément, n'était-ce pas là le prix de notre libération ? Ignorer nos démons n'allait pas les faire disparaître. Ne fallait-il pas les combattre ? Comme j'avais combattu Lubia cette nuit-là ? Je lui laissais le choix, à ma Belle Bête, et encore une fois je ne la forçais en rien. Proposition intéressée et pas si innocente, mais qui pourrait aider au changement et à l'évolution. Pour que notre amour puisse encore grandir, et non pas se briser. Je ne craignais pas que cette révélation puisse nous séparer, bien au contraire.
D'ailleurs, en parlant de nuit, je n'en avais pas eu l'air, mais j'avais relevé sa remarque concernant la pleine lune. L'aurais-je intriguée en mentionnant Zéphyr ? Je revenais dessus, les sourcils légèrement froncés, car j'étais intriguée, nervosité au fond de la gorge. Car la perspective d'un tel moment à deux engendrait bien des concessions et soulevait bien des problèmes, et pas des moindres.
- Ce que tu as dit tout à l'heure… est-ce que tu en aurais envie ? Que nous passions un soir de pleine lune ensemble ? L'air surpris qu'adopta mon amour ne m'étonna guère. Après tout, cette question était aussi saugrenue que la précédente. Mais elle restait un temps silencieuse, la diplomate, comme pour me donner le temps de me rétracter. N'avait-elle toujours pas compris que c'était inutile ? « t'en aurais vraiment envie? ». Amusée, j'élargissais mon sourire en tapotant la place sur le canapé à côté de moi, l'invitant à revenir tout proche. Hey, j'ai posé la question la première ! Petit instant de silence avant de reprendre. Si toi tu le veux aussi alors, oui. C'est juste que… ce sera impossible comme ça. Je fixais la jeune femme d'un air embarrassé avant de reprendre pour clarifier mes pensées, car je réalisais que mes paroles pouvaient prêter à confusion. Bien sûr la revoir sera terrifiant pour moi mais ce n'est pas ça mon véritable souci.
Je lui avais déjà fait face une fois, et même si Lubia ne serait pas présente cette deuxième fois, je restais naïvement persuadée que j'y arriverais quand même. Après tout, je voulais savoir si la louve m'accepterait, n'était-ce pas le meilleur moyen d'en être certaine ? Posant mon regard sur la peau du cou de Lubia, je regardais son tatouage, celui qui ressemblait à un signal de monitoring cachant deux mots : Breath me. Lèvre inférieure pincée, la confidence allait être difficile à prononcer. Chacune son tour ce soir.
Persuadée qu'elle ne méritait pas mon pardon, j'étais à court d'idées pour lui prouver que c'était toujours sincère. Car ainsi était la personne que j'étais : compréhensive, et peut-être un peu naïve de croire en des choses aussi farfelues. D'accorder la grâce si facilement. Mais je n'étais pas un être de rancune et de rancœur. C'était bien trop lourd à porter pour ma petite taille et ma petite personne. Je ne pouvais donc que l'accompagner, rester toujours à ses côtés, car j'aimais toutes les facettes de sa personnalité. Toutes. La réalité était que j'ignorais s'il en allait de même pour elle. Je voyais bien ses petits airs contrariés lorsque je parlais de Levius ou de la ferme. Hélas, elle ne semblait pas comprendre qu'en plantant ses crocs dans ma nuque un an auparavant, elle avait aussi fait saigner mon cœur pour qu'il lui appartienne. Je ne pouvais plus rien changer à cela, tout comme je ne pouvais rien changer aux biens faits que m'apportaient la ferme et ses habitants.
Alors oui, je lui avais pardonné, car qui étais-je pour penser abattre sur elle son jugement dernier ? Je n'avais besoin que d'explications pour comprendre et enfin faire la paix, moi, avec tout ceci.
Lubia n'aurait pas pu me donner meilleures explications, et je comprenais bien mieux l'état dans lequel elle était ce soir-là. Je comprenais la force de l'acharnement qui l'avait habité alors que je m'étais dressée contre elle pour protéger mon amie de l'époque.
En remettant toutes les pièces dans l'ordre, en rassemblant le puzzle, je revoyais des scènes de cette nuit. Je ressentais, comme à ce moment, chaque coup porté sur ma chair. La brûlure violente de ses griffes s'enfonçant dans ma peau et la puissance de sa mâchoire sur ma nuque qui avait manqué de me broyer les os. J'en frissonnais désagréablement, remuant les épaules nerveusement pour me débarrasser de cette sensation.
Non, je ne lui en voulais pas. À aucune des deux. Parce que je comprenais maintenant la frustration, la colère, l'injustice, la peur, l'affolement. Ça aurait traumatisé n'importe qui. N'importe qui.
Et puisqu'il m'était impossible de la toucher physiquement, alors, je me prêtais à cet exercice si différent et spécial. Celui de toucher sans m'approcher. Car j'étais douée à ce petit jeu, art dont j'avais le secret depuis enfant et que j'avais taillé jour après jour, empathie prenant le pas sur tous les maux du monde.
Son maintient s'affaissa, les traits crispés de son visage s'évanouirent, et c'est un sourire que je voyais à présent revenir sur ses lèvres. Voilà qui était mieux. Je n'avais peut-être pas les épaules assez solides pour qu'elle s'y appuie puisqu'elle ne le voulait pas, mais mon âme, elle, était assez forte pour tout supporter. Pour elle.
Sincérité au fond de la voix, je l'écoutais me répondre, ce qui engendra mon propre amusement. Baissant mes yeux sur mes mains, j'agitais lentement mes doigts, une lumière rougeâtre et apaisante apparut alors, comme un minuscule brasier que j'aurais voulu allumer.
- Voyons, elle m'a déjà traumatisé moi. Tu ne pourras donc que l'admirer, comme ça, les sentiments sont partagés. Je ne te propose pas ça pour que tu puisses te contempler, je ne te savais pas si coquette et imbue de toi. Lui jetant un coup d'œil brillant d'amusement, je reprenais calmement. C'est juste que… je ne sais pas trop comment expliquer ça. C'est… c'est ce qui nous est arrivé. Ça nous appartient. Je penchais un peu la tête sur le côté. Pour que tu puisses voir ce qui s'est passé et mieux comprendre. Pas… pas pour te blesser ou pour que tu t'enfonces davantage dans la culpabilité, mais au contraire pour… aller de l'avant. Ôter tous les doutes, pour qu'on puisse continuer à mieux s'entre-aider mutuellement. Je soupirais un peu, la lueur rouge prenant lentement la forme d'une rose entre mes doigts. Fleur que je modelais avec aisance comme une artiste. Pour qu'on puisse fermer ce chapitre de notre vie et vivre heureuses. Encore plus heureuses. Je haussais un peu les épaules. Mais tu n'es pas obligée de répondre tout de suite mon cœur. Juste… réfléchis-y d'accord ? Il existe un moyen simple pour le faire.
Regard sombre et doux posé sur elle, je l'admirais, cette femme que j'aimais tant. C'était difficile pour nous, de vivre avec ce qui était arrivé. Mais pouvoir en parler plus aisément, n'était-ce pas là le prix de notre libération ? Ignorer nos démons n'allait pas les faire disparaître. Ne fallait-il pas les combattre ? Comme j'avais combattu Lubia cette nuit-là ? Je lui laissais le choix, à ma Belle Bête, et encore une fois je ne la forçais en rien. Proposition intéressée et pas si innocente, mais qui pourrait aider au changement et à l'évolution. Pour que notre amour puisse encore grandir, et non pas se briser. Je ne craignais pas que cette révélation puisse nous séparer, bien au contraire.
D'ailleurs, en parlant de nuit, je n'en avais pas eu l'air, mais j'avais relevé sa remarque concernant la pleine lune. L'aurais-je intriguée en mentionnant Zéphyr ? Je revenais dessus, les sourcils légèrement froncés, car j'étais intriguée, nervosité au fond de la gorge. Car la perspective d'un tel moment à deux engendrait bien des concessions et soulevait bien des problèmes, et pas des moindres.
- Ce que tu as dit tout à l'heure… est-ce que tu en aurais envie ? Que nous passions un soir de pleine lune ensemble ? L'air surpris qu'adopta mon amour ne m'étonna guère. Après tout, cette question était aussi saugrenue que la précédente. Mais elle restait un temps silencieuse, la diplomate, comme pour me donner le temps de me rétracter. N'avait-elle toujours pas compris que c'était inutile ? « t'en aurais vraiment envie? ». Amusée, j'élargissais mon sourire en tapotant la place sur le canapé à côté de moi, l'invitant à revenir tout proche. Hey, j'ai posé la question la première ! Petit instant de silence avant de reprendre. Si toi tu le veux aussi alors, oui. C'est juste que… ce sera impossible comme ça. Je fixais la jeune femme d'un air embarrassé avant de reprendre pour clarifier mes pensées, car je réalisais que mes paroles pouvaient prêter à confusion. Bien sûr la revoir sera terrifiant pour moi mais ce n'est pas ça mon véritable souci.
Je lui avais déjà fait face une fois, et même si Lubia ne serait pas présente cette deuxième fois, je restais naïvement persuadée que j'y arriverais quand même. Après tout, je voulais savoir si la louve m'accepterait, n'était-ce pas le meilleur moyen d'en être certaine ? Posant mon regard sur la peau du cou de Lubia, je regardais son tatouage, celui qui ressemblait à un signal de monitoring cachant deux mots : Breath me. Lèvre inférieure pincée, la confidence allait être difficile à prononcer. Chacune son tour ce soir.
- InvitéInvité
Re: Breathe Me [Terminé]
Dim 27 Oct 2019 - 14:48
Les échos mélodieux de sa voix résonnent encore au sein de l'Insubmersible, et ton expression s'éclaire enfin, nuages assombrissant tes iris clairs quittant enfin leur point d'ancrage. Percutée par la surprise lorsqu'elle te propose de revivre cette soirée, tu adresses un regard prudent à ta douce avant de reprendre la parole, étalant tes doutes avec une honnêteté déconcertante. Le souci profond : l'ambivalence face à elle. Traumatisme ou admiration. Tu hausses un sourcil en voyant son amusement en retour, prête à la tancer alors qu'elle te taquine, et tu la rejoins alors qu'elle parle. Ça nous appartient. L'étudiante a raison, et tu en as douloureusement conscience. Peut-être est-ce la dernière étape de votre réconciliation, celle qui demandait à être complétée avant même votre rencontre (humaine). Lorsque la sorcière te propose d'y réfléchir, tu hoches la tête en guise d'assentiment - un jour, peut-être. Iris métalliques se posant sur les artifices floraux créés par la jeune femme, et tu souris. Petite âme d'artiste, cœur de lion caché sous des airs maladifs et frêles. Tu l'aimes, ta copine, et t'es fière d'elle, même si parfois ça te fait rire, ses airs empotés en public. Ça t'attendrit, surtout - parce que tu la sais entreprenante en privé, lorsque sa confiance est conquise. Tu sais que tu vas finir par céder à sa requête qui n'en est pas une. Elle a tellement meilleur caractère que toi, ta douce. T'es lucide, t'es consciente que t'es dure à vivre, parfois. Possessive et caractérielle, prête à tout briser sur ton passage si tu le souhaites - et tu parviens généralement à tes fins, faut l'admettre. Malgré tout, la jeune femme a le don de te surprendre par ses propositions. Peut-être qu'en ton for intérieur, tu t'es toujours dit que la louve passerait deuxième, être étrange mis de côté dont il faudrait tenir compte une ou deux fois par mois. Il y a des mois, t'avais dit there's no shame left in me à Oz - mais c'était faux. Lambeaux de honte accrochés à toi dissimulés sous de l'orgueil - restés sous couvert parce que t'as jamais laissé qui que ce soit t'aimer pour cet étrange être dual que tu es devenue. Avant aujourd'hui. Alors, surprise, tu lui demandes « t'en aurais vraiment envie? » lorsqu'elle te fait la proposition de t'accompagner sous la lune. Incertaine, incrédule qu'elle veuille t'aimer. Quelque part, toujours convaincue que t'es pas digne d'être aimée dans ton entièreté. Le reste te percute.
Sensation d'être plongée dans l'eau glacée, milliers d'aiguilles te perçant la peau.
- InvitéInvité
Re: Breathe Me [Terminé]
Lun 28 Oct 2019 - 10:11
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Suis-je un humain sans futur
Un matériau à haut taux d'usure
J'ai pas voulu pourtant c'est ainsi
Pas choisi d'être une anomalie
Suis-je un humain sans futur
Un matériau à haut taux d'usure
J'ai pas voulu pourtant c'est ainsi
Pas choisi d'être une anomalie
Oui, j'en avais vraiment envie. Parce que je l'aimais et que le désir profond de vivre à proximité d'elle m'habitait un peu plus chaque jour. Mieux la connaître, pouvoir lui montrer qu'elle n'était pas seule. Pas une paria. Pas rejetée. Pas incomprise. Qu'elle n'était pas le monstre qu'elle semblait croire être de temps en temps. Ambiguïté de la situation lorsque la bête prend le dessus, fière et indéfectible, et lorsque l'humaine réalise ce qu'elle peut faire, d'aussi extraordinaire qu'horrible.
Je voulais l'accompagner dans la douleur, dans les moments exceptionnels, pour que s'encre en elle un nouveau tatouage : celui lui rappelant à chaque instant que je l'aimais profondément, et que tant qu'elle me le permettait, je l'accompagnerai. Parce que je n'oubliais pas de respecter son jardin secret, ça lui était bien trop précieux, et Lubia sans ça, ce n'était pas Lubia.
Si dans un instant aussi privé et unique, elle me permettait de courir avec elle, de la voir dans son entièreté, alors j'étais certaine d'avoir pu toucher le centre de son cœur.
Mais voilà, il y avait des vérités qu'il fallait dire. Des secrets à révéler pour que l'avenir soit meilleur, pour autant que ça n'assombrisse pas le présent. Sa réaction, excessive comme je m'y attendais, ne vint pas m'effrayer. Navré serait un meilleur terme. Navrée d'être moi, d'être née avec une anomalie, d'être frêle et fragile, d'être remodelée physiquement de manière atroce à regarder. Le sourire figé sur mes lèvres changea sensiblement pour devenir un peu triste, mélancolique. Passant une main gênée sur ma nuque pour la masser, mes doigts frôlant au passage les quatre trous que les canines de ma Belle Bête avaient laissés, je cherchais mes mots un instant.
- C'est à moi de m'excuser, j'aurais dû t'en parler tout de suite. Je suis désolée. Sourcils se fronçant, car je ne comprenais pas très bien pourquoi je m'excusais (comme si j'avais choisi d'être malade), je cessais de me masser la nuque pour reposer mes mains sur mes cuisses. Je comprendrai si c'est trop pour toi, tu sais… Petit instant de silence suspendu avant de continuer. Mais ce n'est vraiment pas grand-chose dans le fond. Ça n'a pas eu d'importance jusqu'à maintenant, il n'y a pas de raison que ça change, si ?
Clairement, j'essayais aussi bien de la rassurer elle que moi par ses propos. Bien sûr, je croyais dur comme fer ce que je disais. Ma maladie n'avait jamais dirigé ma vie et je ne voulais pas que ça le devienne. Toutefois, je ne voulais pas non plus que ça puisse influencer mon couple d'une quelconque manière. Lubia m'avait aimé jusqu'à aujourd'hui alors qu'elle ne s'était jamais doutée qu'il y avait une anomalie. Qu'est-ce que le savoir changerait dans le fond ? Je restais la même.
Alors rassérénée lorsqu'elle m'attira à elle, je ne pouvais m'empêcher de laisser échapper un petit rire cristallin de soulagement tandis que je m'accrochais à sa nuque, les mains nouées derrière elle. Visage tout proche du sien, nos nez se frôlant, je la fixais avec amusement.
- Parce que tu as cru jusqu'à maintenant que je me collais à toi uniquement pour ton joli corps ?
Plaisanterie qui avait un fond de vérité. Lubia avait un avantage non négligeable par rapport à Levius, c'était qu'elle était un véritable radiateur. J'adorais ça, d'autant plus à l'approche de la pleine lune. Plusieurs fois j'avais failli lui avouer le mal qui m'habitait alors qu'elle me charriait, le matin au réveil, prétendant qu'elle n'avait pas pu bouger comme elle le souhaitait durant son sommeil parce qu'un koala était accroché à elle. Prunelles se mariant avec les siennes, je venais lui déposer un baiser tendre sur les lèvres avant de me blottir contre elle, sans chercher davantage de proximité qu'un simple instant de douceur.
Fermant les yeux, je réfléchissais à un lieu propice à notre rencontre lunaire. Avec elle, tout était toujours extrême. Du froid absolu au chaud brûlant. N'y avait-il pas d'autres solutions, nous qui vivions dans un univers magique avec des lieux incartables ? Douce ironie qui coulait au fond de ma gorge, aux allures de vérité qui me rattrape.
- Ou il y a des lieux interdits comme mmh… Tchernobyl ? Relevant la tête, je ricanais à ma taquinerie, enfonçant ma tête dans mes épaules en prévision de recevoir un retour de bâton de la part de ma bien-aimée. Il y avait bien un lieu qui serait capable de nous accueillir elle et moi. Moi et elle. Qui lui permettrait de courir à son aise et moi de la suivre, à distance, car je n'avais pas sa force, sa forme, sa santé. Tu sais au pire… ça ne me fait pas peur de t'arrêter. Si vraiment les lieux étaient trop incommodants. Je l'avais déjà fait une fois, réitérer n'était pas un problème. Pour nous. Replaçant ma tête sur son épaule après un baiser sur sa joue, je souriais avec ironie. Bien sûr que je les suis. Depuis le mois de juin de l'année passée. D'abord par crainte, maintenant par amour. Pourquoi ?
- InvitéInvité
Re: Breathe Me [Terminé]
Jeu 31 Oct 2019 - 20:44
Combattre des ennemis invisibles dont tu ignorais l'existence jusqu'à quelques moments plus tôt - as-tu mentionné détester les surprises? Celles qui t'empêchent de calculer, de voir trois coups d'avance. Tu pensais que tes transformations lunaires seraient la source de votre perte, mais d'apprendre ainsi qu'elle risque de vous ronger par en dedans te donne envie de grogner. Un soupir aux accents de sifflements excédés quitte tes lèvres, mais tu inspires doucement, fermant les yeux. Ici, au coeur de votre cachette, où tu peux mettre la diplomate et son attirail de manipulation (un peu) en veilleuse. Abi n'est pas à l'article de la mort, elle tombe malade, c'est tout. T'essaies de te rassurer comme tu le peux. Paupières entrouvertes en l'entendant à nouveau, tu jettes un œil à la sorcière. « Un de ces quatre faudra vraiment que tu apprennes à arrêter de t'excuser pour tout, Abi », fais-tu d'une voix tiraillée entre l'affection et l'agacement. tu n'as pas à t'excuser pour la place que tu occupes sur terre, lui avais-tu affirmé il y a de cela une demi-vie, te semble-t-il. « Rien n'est trop, tu le sais bien ». Voix de matamore, tu bombes le torse en une tentative acceptable de la faire rire. « Sauf si tu me dis que t'as fini la vodka dans le congélo », ajoutes-tu avec un ton d'avertissement, un sourcil levé très haut, avant de lui faire remarquer qu'elle est en couple avec un soleil humain, attirant la petite silhouette à toi pour la réchauffer de plus belle. Enchantée par le petit rire que la jeune femme laisse échapper, tu rigoles à ton tour, petit élan de plaisir s'accrochant à toi au même rythme que ta copine. Nez à nez, tu ris à nouveau en l'entendant. « Bah parfait écoute, moi qui essayais de me garder en forme! »
S'habituera-t-elle un jour aux valses que tes humeurs peuvent prendre lorsque tu retires la bride du contrôle que tu exerces sur toi? Réagissant à sa proposition, tu va directement dans les extrêmes : parce que c'est ce que tu connais. Les endroits interdits. « Ou il y a des lieux interdits comme mmh… Tchernobyl ? » Regard faussement courroucé, tu claques de la langue contre ton palais avec un grain d'impatience. Tu ne l'as pas entièrement digérée, celle-là, même si tu acceptes en toute justice que ta copine t'agace avec ta réaction démesurée (à peine). « J'vais te mordre », menaces-tu en faisant mine de la croquer par dessus son t-shirt, sur l'épaule. Tu accueilles son baiser avec un sourire, même si tu grognes - elle t'énerve quand elle tente de t'amadouer avec de l'affection (et ça fonctionne trop bien). Malgré tout, tu poses les lèvres sur la cime de la soie de ses cheveux. « Tu les suis, les pleines lunes? » Ton intrigué, curiosité sans réel ambage cherchant à faire la conversation. « Bien sûr que je les suis. Depuis le mois de juin de l'année passée. Pourquoi ? » Délicatement, tu traces de petits croissants de lune imaginaires sur son épaule, tes doigts agiles s'accrochant à peine au tissus alors que tes ongles en sentent le relief. Réaction épidermique immédiate, mais tu contrôles la vague, à présent, la langueur se mouvant sous toi. « Pour rien. Pour .. savoir, je crois », fais-tu, énigme enveloppée dans une peau humaine, tes songes t'emmenant déjà au loin. Ailleurs, vers tes plaines sibériennes, sous un ciel déchiré de lumières incandescentes, où la louve solitaire est devenue une meute.RP terminé.
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