(mood) La catastrophe de ton anniversaire de l’an dernier t’a convaincue de rester enfermée chez toi, ce soir. Potion d’amortentia ingérée t’ayant poussée à révéler le secret de ta lycanthropie à Oz, et lui avouer que tu savais, pour la sienne. Serment inviolable pour vous protéger mutuellement, devenus alliés avant qu’il ne se fasse pincer. Assez de mésaventures pour te désenchanter entièrement de ton anniversaire et de la fête que tu devais choisir pour naître. Pas de conneries de Saint-Valentin dans l’air, de senteurs de rose, bercée par des chants d’Eros. T’as réglé tes derniers dossiers au Ministère avant de tirer ta révérence, indiquant à tes collègues que tu n’avais aucunement l’intention de rester pour le service de livraison des roses. Si ça se trouve, avec ta chance tu serais assise près d’un couple en pleine demande de mariage si tu décidais d’aller au restaurant.
Une pensée te ramène vers Lisandre, malgré tout. Si ton cœur ne s’est pas réellement saisi d’amour pour le lycan, sa présence t’apporte un confort tranquille et serein, tout comme son attitude calme et rassurante. Tirant ton portable d’une poche, tu te retiens de lui envoyer un texto pour lui demander ce qu’il fait, ce soir – relation qui se veut éphémère et bien loin d’être exclusive, mais tu n’aurais pas dit non à l’idée d’accompagner les mouvements de la marée par ceux des hanches du lycan contre les tiennes. Séduction oubliée pour l’heure, malgré tout : tu transplanes vers les quais de la marina d’Inverness, où trône ton fidèle Insubmersible. Légèrement insouciante dans ton déplacement magique, tu rates presque la surface de bois des quais, atterrissant la pointe des pieds sur le bord de la structure, tes bras s’étirent automatiquement, et tu te rattrapes de justesse d’un mouvement de balancier qui t’évite de boire la tasse.
Stabilisée, tu adresses un regard de défi à l’ondine, comme si le loch constituait un adversaire que tu venais de vaincre. D’une main, tu fais valser ta valise sur le pont de l’Insubmersible III, alors que ton chien t’accueille de jappements excités. « J’arrive, vieux », dis-tu simplement à la silhouette canine se découpant sous la lumière de la lune. Le vent se lève, pourtant, et tu te figes – bleu. Tu fermes les yeux pour te composer une contenance, et tu laisses quelques secondes passer – Éphrem est loin d’être un imbécile, tu sais clairement qu’il est là, et le simple fait de prendre le temps d’inspirer est en soi un aveu de faiblesse que tu décides de lui offrir comme un gage de bonne volonté, pour la dernière fois. C’est que vous vous êtes peu revus, depuis – davantage par manque d’occasion que par évitement, mais comment réparer ces ponts brûlés avec violence entre vous? Comment réparer ce qui a été détruit par les presque aveux? L’indicible qui plane entre vous depuis toutes ces années. Lentement, tu te retournes vers lui, iris clairs détaillant sa silhouette. Traînant sur sa mâchoire, ses prunelles sombres comme l’abysse du loch. Un sourire léger étire tes lèvres, et tu t’adresses à lui en russe. « J'espère que t’es pas venu les mains vides pour mon anniversaire, connard ». La familiarité qui annonce le ton – on peut recommencer, si tu veux. Être