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My first ED ▬ English Day [Aldéric]
Dim 23 Mai 2010 - 19:23
- M'aurait-on avertie que j'en aurai ris aussi fort que possible. Moi, en Angleterre! La plus Française des Italiennes dans un pays froid et pluvieux, il faut croire le destin s'amusait à mes dépends. Encore dans le taxi me menant jusqu'à ma future école, je réfléchissais à ce que je laissais derrière moi tout en contemplant les gouttes dévaler la vitre de l'automobile. Il ne pleuvait presque plus, une aubaine. Mais le temps était gris, maussade, comme un jour d'hiver sur Paris, comme aucune journée sur Milan. Je n'irais pas jusqu'à dire que la nostalgie de mes pays, de mes parents me prenait alors subitement, mais peut être la peur de découvrir ce nouvel environnement, où je ne connaissais encore personne.
Avant même que je ne m'en aperçoive, le taxi s'arrêta. Levant la tête, je contemplais cette immense bâtisse, ce château fortifié semblant sortir d'un autre temps. Je mis quelques minutes avant de sortir de mon carrosse, un peu sonnée d'être déjà arrivée. Attrapant mes valises, je me dirigeais vers l'accueil la plus proche afin d'avoir des informations. J'allais pour l'instant résider dans une chambre université. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, je n'avais pas encore de correspondants, des erreurs dans les registres me privant d'une aide pourtant précieuse. Il me fallait attendre quelques temps qu'une liste soit mise sur pieds afin de connaître enfin l'identité de celui ou celle qui me servirais, je l'espère, de bouée de sauvetage dans cet univers inconnu. On m'indiquait ma chambre assez rapidement, c'était au moins cela, je n'allais pas devoir attendre cinq jours pour dormir dans un lit. Elle était petite, première constatation, et nous étions censés y vivre à deux? Heureusement que le sort encore une fois bien clément m'accorda d'être seule dans ce placard à balai. Enfin, après m'y être habituée, je la trouve finalement plutôt agréable, plus si petite. Une grande fenêtre donnait sur un immense parc, magnifique. Je restais là, quelques minutes, perdue dans la contemplation de ce paysage magnifique, finalement ma chambre était placée merveilleusement.
Après une journée entière passée dans les transports, ce moment de repos n'était pas de trop, bien au contraire. Envisageant au début de défaire mes affaires, je décidais que cela attendrai encore quelques temps. Je ne commençais pas les cours avant deux jours, j'avais donc loisir de me promener et de m'occuper de mon installation. Une douche, voila ce qui était important. Je découvrais donc la plus petite salle de bain de ma vie, petite mais chaleureuse, c'était au moins cela de pris, non? M'asseyant dans la douche, j'accrochais le pommeau en hauteur, et allumais l'eau. Se précipitant sur moi, sa fraîcheur me fit du bien. Je ne bougeais pas, recroquevillée sur moi-même, la tête tanto dans mes genoux, tanto dirigée vers l'eau, je prenais le temps. Pour la première fois de ma vie, je prenais le temps de m'habituer. Et lorsque finalement je me levais, et commençais ma douche à proprement parlé, c'est uniquement parce que je l'avais décidais, et non parce qu'il le fallait, ce qui me faisait un bien fou.
Fraîchement habillée d'une robe blanche, de bottes de cuir marron et d'une veste, je sortais, le sourire aux lèvres, de ma chambre. Flânant un peu au début dans les couloirs, je découvrais une ambiance agréable et joviale, finalement collant parfaitement à mon caractère. Il était logique, vu mon esprit absent et la grandeur de ce bâtiment, que je me perde bien rapidement. Après être tournée en rond, être tombée deux fois, m'être cognée cinq fois, et m'être faite abordée une fois pour me faire acheter une drogue quelconque, je fini par prendre le bon couloir, celui débouchant sur la cour intérieure. Je devais donc rendre mes papiers dans un bureau se trouvant non loin de là. A la recherche de ce fameux bureau, je ne m'empêchais pourtant d'observer l'architecture magnifique des bâtiments et l'incroyable verdure des lieux. Les élèves fourmillaient dans tous les endroits possibles et imaginables, tous riants et discutant malgré un soleil pratiquement absent. J'avais trouvé le bureau, une première victoire. J'étais pourtant totalement perdue dans cette immense école, et surtout, totalement seule.
Au milieu de cette cour presque cosmopolite, je me retrouvais bien seule et cela me sauta aux yeux pour la première fois. Plantée en plein milieu, immobile, un peu perdue, sans doutes faisais-je peine à voir. Encore habillée comme à Edeulys, dans le sud de la France, la température et l'ensoleillement n'avaient plus rien à voir malheureusement. La chose que je craignais le plus était arrivée... Je ressemblais à une touriste.
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Re: My first ED ▬ English Day [Aldéric]
Ven 28 Mai 2010 - 17:30
L’université de magie. Quelle blague. Des fois, je venais à me demander ce que je foutais ici, tant j’avais l’impression d’être à part, un espèce de freak qu’on se plaisait à éviter, et à paradoxalement, inventer la vie. Je ne me sentais pas en phase avec le reste de mes camarades, ne sachant pas intégrer ce monde de folie, préférant rester dans le mien, certes plus sombre. Je vivais à longueur de temps dans mon appartement, clope au bec, rail de coke à peine fini, en train de tirer quelques pauvres notes de ma guitare. Je sortais de temps en temps avec le restant du groupe, revenais parfois avec une fille. Ma vie ne tenait plus à grand-chose, je l’avais de toute façon refusée. Je me complaisais dans mon état de loque, je n’étais rien d’autre qu’un putain de junkie qui foirait sa vie. Loin de là l’idée de m’en plaindre, parce si ça me faisait chier, sans doute aurais-je essayé de m’en tirer. Mais puisque je ne bougeais pas, m’enfermant dans mon apathie, c’est à croire que ça me plaisait de rester ainsi. Pour une fois, j’étais sorti de mon trou, retrouvant la lumière du jour. J’avais l’impression d’étouffer dans mon chez moi. J’aimais bien voir Emrys et Mona squatter, mais parfois j’avais envie d’être seul, et les entendre parler ou jouer n’aidait pas. Aller à Hungcalf n’était pas la meilleure option pour chercher un peu de solitude. Il y avait toujours du monde, l’endroit grouillait toujours d’étudiants. Mais franchement, cette université magique, ce n’était que de la poudre aux yeux. Poudre…C’est le cas de le dire, d’ailleurs. Je ne connaissais pas d’élèves à Hungcalf qui n’avaient pas côtoyé de près la débauche, ou goûté à ces plaisirs interdits que représentait la drogue. D’ailleurs je me demandais si vraiment la direction cautionnait ce qui se passait par ici, puisque aucune mesure n’avait jamais été réellement prise pour tout ça…Après tout, les profs n’étaient pas si bêtes, ils devaient bien voir que la moitié des élèves de leurs classes venaient avec la gueule de bois, ou complètement défoncés. Ou alors, le taux d’absentéisme était élevé, l’école était immanquablement peuplée de je m’enfoutistes ou de personnes qui à la première occasion allaient boire un coup dans le bistrot du coin. Triste caricature que voilà, pourtant, j’appartenais à ces deux catégories de personnes.
Je n’avais pas mis les pieds en classe depuis un bon moment déjà, tant et si bien que j’avais du mal à imaginer à quoi ressemblait un cours. Je savais que ce n’était pas comme ça que j’allais réussir mon semestre, mais au fond je ne m’en préoccupais pas plus que cela, en fait je m’en fichais. La fac n’était ni plus, ni moins qu’un plan B, une solution de secours pour m’éviter le naufrage social, après tout, j’avais presque été mis dehors par le paternel il y a un bon moment de cela. Des fois, au hasard des couloirs je croisais des acharnés du travail, ceux qui considéraient la bibliothèque universitaire comme leur seconde maison. Si eux voulaient réussir, grand bien leur fasse, la réussite scolaire ne faisait pas partie de mes objectifs principaux. Je me demandais parfois comment j’ai pu arriver à la troisième année d’étude à Hungcalf. Peut-être qu’au fond j’avais fini par me réfugier dans le travail parce que je n’avais rien d’autre à faire, parce que c’était un moyen de panser mon âme exsangue, de penser à autre chose. Et puis, les années avaient passé, je m’étais laissé dériver. La dérive était telle à présent que je me foutais de tout et de tout le monde, vouant la plus profonde indifférence jusqu’à mon sort même. Je bousillais cette vie qui ne voulait plus de moi, je faisais n’importe quoi, voguant dans ce monde que je ne reconnaissais pas. Je voyais les gens défiler, le monde bouger, les jours passer, quand bien même je ne faisais que de me figer, m’enfonçant dans cette catatonie qui était au fil du temps devenue même. Je m’emmerdais dans ma vie, profondément même. Tout ce que j’étais capable de faire était de rester perché sur ce putain de muret, en attendant que ça se passe. Rien de nouveau à Hungcalf, toutes les mêmes gueules à l’envers, rien n’avait changé par rapport à la dernière fois. Il y avait juste cette monotonie qui me tordait le bide. Il y avait juste ces histoires de cocufiage qui étaient susceptibles de me distraire, et encore. En finale, c’était toujours la même chose, les histoires de cul finissant par toutes se ressembler.
Quand je disais que rien n’avait changé à Hungcalf, je me trompais. En fait, j’avais noté un détail différent par rapport à d’habitude. Les lieux étaient toujours pareils, il n’y avait pas de surprise de ce côté-là. Mais dans le lot de simulacres communs au reste de l’école, une tête nouvelle avait fait son apparition. Mes yeux clairs avaient accroché la silhouette féminine et discrète d’une jeune fille que je n’avais encore jamais vue à Hungcalf. Peut-être qu’elle était là depuis le début, peut-être qu’elle était arrivée pendant mon absence, je n’en savais rien. Mais elle apportait un peu de changement dans toute cette monotonie. D’autant plus qu’elle n’avait pas l’indifférence de la routine ancrée sur son visage, je pouvais y voir une certaine peur, une certaine appréhension. Elle semblait décontenancée. Elle était sûrement un peu plus inédite que je l’avais tout d’abord présagé. Je m’allumai une cigarette, toujours assis sur mon murer, l’observant du coin de l’œil. J’entrepris d’en tirer quelques bouffées, l’air nonchalant.
La plupart des étudiants présents ne l’avaient même pas remarquée, vaquant à leurs occupations. Dans le coin là bas, un couple d’amoureux était en train de s’étreindre, sur les dalles d’autres jeunes étaient assis, fumant et discutant, tout en riant des blagues idiotes de leurs copains, sans se soucier de quoi que ce soit d’autre. A croire que moi seul avait repéré la jeune femme. Je finis par me lever, en ayant plus qu’assez de rester assis. Je regardais le ciel, lunettes de soleil calées sur le nez. Je tirai une énième latte de ma clope. Je n’avais toujours pas ralenti sur la clope, ça plus le café, j’étais singulièrement à cran ces temps ci. Facilement irritable. Franchement infréquentable. Clairement à exiler. Mais il était temps pour moi de cesser de faire l’asocial. Tôt ou tard, j’allais devoir fréquenter à nouveau des gens, me sortir de ma torpeur. Et puis même. Je n’allais pas la laisser là, non ? D’autant plus qu’elle était jolie. Vraiment très jolie. Serait-ce que je me sois remis en chasse ? Probablement. Je fis alors les quelques pas qui nous séparaient, avant de me retrouver près d’elle. D’une voix légèrement rauque je murmurai, juste suffisamment pour rester audible.
« -Tu es perdue ? aurais-tu besoin de quelqu’un pour retrouver ton chemin ? »
Lui décochant un sourire discret, un de ces sourires dont j’avais le secret, j’achevai alors ma cigarette, avant de la jeter au sol et de l’écraser d’un coup de talon. Mes yeux clairs détaillant à présent son visage que je n’avais vu que de loin, renforçant ma première impression. Elle n’était pas du tout désagréable à regarder, bien au contraire. Je me délectai alors de ce charmant spectacle, allumant une seconde clope, attendant sa réponse. La convenance aurait voulu que je la consulte avant, pour savoir si la fumée que j’exhalais presque dans un râle de bonheur était susceptible de la déranger ou non, mais je ne m’étais jamais emmerdé avec les convenances. La preuve, j’aurais dû en guise de préambule lui balancer un simple bonjour mais je ne l’avais pas dit, comme si ça m’arracherait la gueule de le faire. Sachant que de toute façon, dans le pire des cas, j’allais me prendre une veste. Ce serait foutrement dommage qu’elle ait une opinion aussi négative des élèves d’Hungcalf dès son arrivée.
Je n’avais pas mis les pieds en classe depuis un bon moment déjà, tant et si bien que j’avais du mal à imaginer à quoi ressemblait un cours. Je savais que ce n’était pas comme ça que j’allais réussir mon semestre, mais au fond je ne m’en préoccupais pas plus que cela, en fait je m’en fichais. La fac n’était ni plus, ni moins qu’un plan B, une solution de secours pour m’éviter le naufrage social, après tout, j’avais presque été mis dehors par le paternel il y a un bon moment de cela. Des fois, au hasard des couloirs je croisais des acharnés du travail, ceux qui considéraient la bibliothèque universitaire comme leur seconde maison. Si eux voulaient réussir, grand bien leur fasse, la réussite scolaire ne faisait pas partie de mes objectifs principaux. Je me demandais parfois comment j’ai pu arriver à la troisième année d’étude à Hungcalf. Peut-être qu’au fond j’avais fini par me réfugier dans le travail parce que je n’avais rien d’autre à faire, parce que c’était un moyen de panser mon âme exsangue, de penser à autre chose. Et puis, les années avaient passé, je m’étais laissé dériver. La dérive était telle à présent que je me foutais de tout et de tout le monde, vouant la plus profonde indifférence jusqu’à mon sort même. Je bousillais cette vie qui ne voulait plus de moi, je faisais n’importe quoi, voguant dans ce monde que je ne reconnaissais pas. Je voyais les gens défiler, le monde bouger, les jours passer, quand bien même je ne faisais que de me figer, m’enfonçant dans cette catatonie qui était au fil du temps devenue même. Je m’emmerdais dans ma vie, profondément même. Tout ce que j’étais capable de faire était de rester perché sur ce putain de muret, en attendant que ça se passe. Rien de nouveau à Hungcalf, toutes les mêmes gueules à l’envers, rien n’avait changé par rapport à la dernière fois. Il y avait juste cette monotonie qui me tordait le bide. Il y avait juste ces histoires de cocufiage qui étaient susceptibles de me distraire, et encore. En finale, c’était toujours la même chose, les histoires de cul finissant par toutes se ressembler.
Quand je disais que rien n’avait changé à Hungcalf, je me trompais. En fait, j’avais noté un détail différent par rapport à d’habitude. Les lieux étaient toujours pareils, il n’y avait pas de surprise de ce côté-là. Mais dans le lot de simulacres communs au reste de l’école, une tête nouvelle avait fait son apparition. Mes yeux clairs avaient accroché la silhouette féminine et discrète d’une jeune fille que je n’avais encore jamais vue à Hungcalf. Peut-être qu’elle était là depuis le début, peut-être qu’elle était arrivée pendant mon absence, je n’en savais rien. Mais elle apportait un peu de changement dans toute cette monotonie. D’autant plus qu’elle n’avait pas l’indifférence de la routine ancrée sur son visage, je pouvais y voir une certaine peur, une certaine appréhension. Elle semblait décontenancée. Elle était sûrement un peu plus inédite que je l’avais tout d’abord présagé. Je m’allumai une cigarette, toujours assis sur mon murer, l’observant du coin de l’œil. J’entrepris d’en tirer quelques bouffées, l’air nonchalant.
La plupart des étudiants présents ne l’avaient même pas remarquée, vaquant à leurs occupations. Dans le coin là bas, un couple d’amoureux était en train de s’étreindre, sur les dalles d’autres jeunes étaient assis, fumant et discutant, tout en riant des blagues idiotes de leurs copains, sans se soucier de quoi que ce soit d’autre. A croire que moi seul avait repéré la jeune femme. Je finis par me lever, en ayant plus qu’assez de rester assis. Je regardais le ciel, lunettes de soleil calées sur le nez. Je tirai une énième latte de ma clope. Je n’avais toujours pas ralenti sur la clope, ça plus le café, j’étais singulièrement à cran ces temps ci. Facilement irritable. Franchement infréquentable. Clairement à exiler. Mais il était temps pour moi de cesser de faire l’asocial. Tôt ou tard, j’allais devoir fréquenter à nouveau des gens, me sortir de ma torpeur. Et puis même. Je n’allais pas la laisser là, non ? D’autant plus qu’elle était jolie. Vraiment très jolie. Serait-ce que je me sois remis en chasse ? Probablement. Je fis alors les quelques pas qui nous séparaient, avant de me retrouver près d’elle. D’une voix légèrement rauque je murmurai, juste suffisamment pour rester audible.
« -Tu es perdue ? aurais-tu besoin de quelqu’un pour retrouver ton chemin ? »
Lui décochant un sourire discret, un de ces sourires dont j’avais le secret, j’achevai alors ma cigarette, avant de la jeter au sol et de l’écraser d’un coup de talon. Mes yeux clairs détaillant à présent son visage que je n’avais vu que de loin, renforçant ma première impression. Elle n’était pas du tout désagréable à regarder, bien au contraire. Je me délectai alors de ce charmant spectacle, allumant une seconde clope, attendant sa réponse. La convenance aurait voulu que je la consulte avant, pour savoir si la fumée que j’exhalais presque dans un râle de bonheur était susceptible de la déranger ou non, mais je ne m’étais jamais emmerdé avec les convenances. La preuve, j’aurais dû en guise de préambule lui balancer un simple bonjour mais je ne l’avais pas dit, comme si ça m’arracherait la gueule de le faire. Sachant que de toute façon, dans le pire des cas, j’allais me prendre une veste. Ce serait foutrement dommage qu’elle ait une opinion aussi négative des élèves d’Hungcalf dès son arrivée.
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Re: My first ED ▬ English Day [Aldéric]
Sam 29 Mai 2010 - 12:01
- Un peu perdue au milieu de cette foule, je commençais juste à me rendre compte de mon insignifiance. Tournant lentement sur moi même, je détaillais les élèves autour de moi. Une jeune fille, assise sur un muret était au milieu d'un livre, comme happée par sa passion de la lecture elle semblait ne s'apercevoir de rien d'autre. Juste à côté d'elle, un jeune homme la regardait, il l'observait simplement entrain de lire les yeux fixés sur son visage. J'imaginais que si, seulement une minute, levait-elle les yeux de son livre, peut être une histoire entre ces deux là pourrait-elle naître. Mais le destin est parfois joueur. A ma droite, des étudiants réunis en un groupe étaient assis au sol, fumant et riant entre eux, comme si le monde leur appartenait, comme s'ils étaient seuls sur Terre. Je me souvenais avec précision du plaisir que l'on peut prendre entre amis, à simplement discuter, j'en étais à présent privée.
La dure réalité me frappa, pour la première fois depuis mon arrivée. La solitude était à présent ma seule amie. Je ne connaissais personne, personne ne me connaissait. Dans le flot d'étudiants, je disparaissais, happée de banalité. Tiraillée entre l'envie de rentrer dans ma chambre, et le devoir de rendre certains papiers, je restais immobile au centre de cette cour. Je rêvais de soleil, de rires, de chaleur. Je récoltais les nuages, le froid, et la solitude. L'Angleterre ne me paraissait plus être le symbole de mon émancipation, simplement une prison de plus. Bon, il me fallait cesser de geindre. Je devais demander des informations, filer au bureau en question, me débrouiller pour obtenir une sorte de plan et rentrer dans ma chambre. Au moins, dans cette pièce, ma solitude était réelle, moins douloureuse. Je n'avais jamais vraiment été une fille solitaire, me complaisant au contraire dans la foule et l'animation. Se sentir seule, entourée de tant de personnes, était pire que de l'être réellement.
Je repensais encore à mes années difficiles, celles qui me valurent une plongée en enfer. Je repense à mon rituel du matin, un peu d'alcool, de drogue, afin que la journée paraisse moins dure, moins monotone. Je me rappelais de ces fêtes destructrices, de tous ces hommes qui n'avaient même plus de visages, de ces amis que j'entraînais inexorablement dans ma chute. J'en étais à présent sortie, mais combien d'entre eux l'étaient? La drogue se révéler être un ennemi coriace et puissant, s'en détacher fut sûrement l'épreuve la plus intense de ma vie, je ne suis même pas sûre d'être capable de lui résister encore. L'alcool restait un ami fidèle des moments de faiblesse, compagnon d'amnésie, remède à la douleur, peut être étais-je à présent plus distante, mais les ponts ne seraient sûrement jamais coupés. La déchéance de la petite fille modèle en dépravée, quoi de plus amusant à constater.
Mon téléphone sonna, si soudainement qu'il me tira de mes pensées en un sursaut discret. Fouillant mon sac je le trouvais enfin, et voyant le numéro j'hésitais longtemps à décrocher. L'appelant n'étant autre qu'un fantôme de mon passé, un homme blessé dont je m'étais servie quelques temps avant de le jeter, comme les autres. Lui pourtant était gentil, et amoureux, grave erreur car l'amour n'avait aucune place dans ma vie à cette époque. Malgré toute mon injustice, il restait là, près de moi lorsque je décidais enfin de reprendre ma vie en main. Lui, savait que jamais je ne l'aimerai. Il savait que seul Antoine était capable de me faire aimer. Mais il restait.
__ Allo?
Gabrielle? Où es-tu? Je...
Il semblait si inquiet, je comprenais qu'il était temps de couper court à cette histoire.
__ Je suis partie. Et je vais y rester longtemps. Je suis désolée.
D'accord. Tu ne m'appellera pas, n'est-ce pas?
__ Je suis désolée.
Moi aussi.
Il raccrocha, presque immédiatement. Il avait finalement compris. J'étais triste que cela se termine comme cela, qu'il comprenne de cette manière, mais il serai heureux. Il rencontrerai la fille que j'aurai du être, cette femme parfaite prête à tout pour le rendre heureux. Tout ce que je n'aurai jamais pu être.
« -Tu es perdue ? aurais-tu besoin de quelqu’un pour retrouver ton chemin ? »
Un peu déboussolée, j'entendais cette voix rauque et étrangère. S'adressait-il à moi? Quelqu'un m'aurait-il enfin remarquée? Fixant mon regard sur l'étranger, je me remettais doucement dans la réalité. La fumée de sa cigarette presque finie me ramenant à la vie d'une certaine manière. Je n'avais pas fumé depuis trois mois bientôt, manque d'envie peut être, mais cette odeur agissait sur moi comme l'odeur d'un gâteau au chocolat agit sur une femme au régime. Emplissant mes poumons de la magique fragrance, je soufflais ma peur et ma tristesse. Il n'était pas très avenant, visage creusé, tout en lui démontrait un style de vie à fuir. Tout ce que je devais éviter, tout ce que je devais fuir. Pourtant, lui seul m'avait remarquée, lui seul avait été capable de se concentrer sur autre chose que lui même.
__ Euh... Je... Oui. Je recherche le bureau des Admissions. Je dois rendre des papiers.
Passant ma main dans mes cheveux, je les ramenais vers l'arrière car enfin le soleil avait décidé de sortir de sa prison nuageuse, tapant directement sur la cour, il rendais l'ambiance un peu plus chaude. Allumant une deuxième cigarette, l'inconnu continua de me dévisager. Apparemment la politesse n'étais pas son fort. Se présenter non plus d'ailleurs. Je ne connaissais toujours pas son nom, et son attitude me laissait penser qu'il valait mieux pour moi de ne pas trop m'attarder avec lui. Pourtant, il était ma seul chance de m'y retrouver un peu dans cette immense école inconnue. Je décidais donc de garder mes remarques pour moi, et de compter sur son aide.
__ Tu pourrais m'indiquer le chemin à prendre, s'il te plait?
- InvitéInvité
Re: My first ED ▬ English Day [Aldéric]
Lun 2 Aoû 2010 - 11:54
J’étais Aldéric. Autrement dit, je n’étais personne. Une ombre parmi tant d’autres, en quête de lumière. Je ne croyais pas en Dieu, je n’y avais jamais cru. J’étais seul, avec mes regrets, avec mes vieux démons qui me hantaient. Je ne savais pas ce qui m’avait poussé à aller parler à cette fille. Probablement ce besoin inconscient de combler ma propre solitude, ou alors, pour racheter mon âme errante. J’aurais aimé que quelqu’un m’aide moi aussi, peut-être n’en aurais-je pas été à ce point là. On avait probablement cherché à m’aider, seulement, j’avais refusé toutes les mains tendues, persuadé que je pouvais m’en sortir seul. Je n’avais de toute façon jamais pu m’appuyer sur mes parents, ma mère n’était pas en état, psychologiquement parlant, de supporter un adolescent en pleine crise, et mon père me haïssait. Voilà à quoi tenait mon existence pitoyable, que je noyais dans l’alcool et la drogue. Je connaissais pas mal de monde à Hungcalf. Cela était probablement dû au fait que j’enchaînais les gros rassemblements d’étudiants, qui s’inscrivaient principalement dans la débauche. Certains étaient rapidement devenus mon point d’ancrage. Mona par exemple. Au tout départ, je la fréquentais de façon très sporadique, absolument pas régulièrement. Je lui parlais de temps à autre, à la fin d’un cours, et bien souvent je n’étais pas aimable, elle m’avait souvent reproché mon côté grincheux. Heureusement pour moi, elle n’avait pas renoncé à me connaître, quand bien même j’avais cette tendance naturelle à vouloir éloigner les gens de moi. Je ne les aimais pas, conséquemment, je n’en voulais pas. A présent, Mona faisait partie des personnes essentielles à mon existence. La baise n’était qu’un aspect parmi tant d’autres de notre relation, en fait, elle m’avait surtout apporté d’un point de vue musical. J’avais été foutrement irrité qu’une fille puisse s’y connaître mieux que moi en matière de gratte, mais j’avais fini par oublier mon orgueil démesuré, et par l’écouter. Ce que je n’ai absolument pas regretté, je m’étais grâce à elle sensiblement amélioré.
Je m’étais rendu compte qu’aller voir la nouvelle était une idée absurde. J’ignorais totalement comment j’allais me présenter à elle, ou encore, ce que j’allais bien pouvoir faire ensuite. Le fait est que je ne suis absolument pas doué pour lier connaissance, encore moins pour maintenir une discussion durable, ne répondant habituellement que par monosyllabes. Je n’avais qu’à tomber sur une bavarde et je serais foutu. J’étais un cas en ce qui concernait les relations sociales, et là encore cette rencontre improvisée me ramenait à la dure et cruelle réalité. Comme tant d’autres, j’étais condamné à ne rester qu’un fantôme, inexistant aux yeux du monde. Le pire, c’est que je ne faisais rien pour sortir de cette condition, comme si au fond je m’y plaisais. Mon vécu faisait de moi quelqu’un, encore plus quand on savait qu’il avait été difficile. La drogue avait annihilé le peu de personnalité que j’avais acquis. Si autrefois je m’étais battu pour exister aux yeux d’un père insensible à mon sort, aujourd’hui je n’avais plus la foi de le faire. J’étais fatigué, lassé, et pourtant je n’avais que vingt ans. Dans ma tête, je me sentais beaucoup plus vieux, et j’avais le sentiment d’être passé à côté de beaucoup de choses. Comme si au fond la drogue et la dépravation avaient figé mon existence, entravant une possible évolution. J’avais l’impression d’avoir tout vécu, tout vu, tout entendu, j’étais désabusé, crevé, au bout du rouleau, avec la forte envie, parfois, de me trancher les veines pour quitter cette existence minable à laquelle je m’étais voué par moi-même. Si j’étais dans un stade aussi avancé dans la déchéance, c’était de mon simple fait. C’est de ma faute si cet individu aigre, sordide et prétentieux avait surgi, et pris le pas sur celui que j’avais été avant. Encore une fois, j’avais suffisamment été prétentieux pour croire que je pouvais venir en aide à la demoiselle, comme si un déchet humain était capable de jouer les guides touristiques. Quelle ironie.
« -Euh... Je... Oui. Je recherche le bureau des Admissions. Je dois rendre des papiers.Tu pourrais m'indiquer le chemin à prendre, s'il te plait? »
Je l’impressionnais, clairement. Le pire dans tout ça, c’est que je ne savais pas comment je devais le prendre, si je devais en être flatté ou au contraire désolé. Dans le fond, je n’étais pas méchant, même si tout laissait présager le contraire. Seulement, je ne voulais pas me défaire de cette armure qui m’enveloppait, c’était ma façon de me protéger du monde extérieur. J’espérais que de la sorte, ils ne puissent jamais m’atteindre. Mais une autre partie de moi souhaitait se montrer tel qu’il était vraiment. Je me suis toujours efforcé de me donner l’air d’un type dur à cuire, qui en avait bavé dans la vie. C’était plus ou moins le cas. Sauf que j’étais humain, et par conséquent, j’étais faible. Je ne pouvais pas résister indéfiniment à tout ce qui pouvait bien me tomber dessus, j’avais rapidement atteint mon point de rupture. Depuis, j’étais perdu, je ne savais pas où aller, ni même à qui me vouer. Je survivais dans un monde hostile, faisant partie de cette jeunesse définitivement bradée, à la limite de l’irrécupérable. Je souhaitais néanmoins prouver que je pouvais au moins être utile à quelqu’un, et faire ma bonne action de la journée. Je me rendis compte que j’étais en train de la dévisager, ce qui en soi n’était pas le comble de la politesse, bien au contraire. Mon regard se faisait perçant, scrutateur et curieux. Je finis par baisser les yeux, comme pour réparer mon erreur. D’un geste las, presque mécanique, je tirai une taffe sur ma cigarette, avant de me tourner vers elle, après un long silence qui sembla durer une éternité.
« Le bureau des admissions. OK. Je peux t’y accompagner si tu veux. Je connais le chemin, enfin je crois. Tu n’as qu’à me suivre, on devrait vite y être. »
Bordel, mec, c’est si dur que ça d’être sympa, pour une fois? À croire que si. Je n’avais pu m’empêcher de répondre sèchement, le ton clairement marqué par l’arrogance. Comme d’habitude, je me donnais l’air d’un type sûr de lui, un brin prétentieux. Le genre clairement inamical, qui ne donnait pas envie de se lier avec quelqu’un comme moi. Encore une fois, mon mécanisme de rejet automatique des gens s’était enclenché. Je regardai la nouvelle arrivante de nouveau, l’air impassible. Je finis ma deuxième clope, et j’allais tout naturellement enchaîner sur une troisième, quand je me dis que ce n’était pas raisonnable. Il ne me restait pas beaucoup de cigarettes dans mon paquet, et je devais tenir une bonne partie de la journée avec, à moins que j’arrive à en piquer à Mona sitôt rentré à l’appartement. Elle trouvait malgré tout que je fumais beaucoup trop, et m’incitait plus ou moins explicitement à arrêter. Elle refusait parfois de me filer ses clopes quand j’avais terminé les miennes, mais comme je pétais les plombs assez facilement lorsque j’en manquais, elle finissait par me les céder. Elle ne cautionnait pas pour autant, qu’on se le dise. Il s’écoula un long moment entre celui où nous nous étions mis en route, et celui où nous entrâmes dans l’un des bâtiments qui constituaient l’université. Je me décidai finalement à rompre le silence qui s’était installé, poussé par ma curiosité qui voulait en savoir davantage sur ma compagne du moment. J’ouvris la porte, pour la laisser passer.
« Alors comme ça tu viens d’où? Vu ton accent, tu n’es probablement pas anglaise. Moi, c’est Aldéric. Je suis chez les Wright, et j’en suis déjà à ma troisième année ici. Autant dire que ça remonte un brin. Par contre je suis un pur brittish, quoique j’ai probablement quelque part des origines néerlandaises, mais je ne saurais en jurer. »
Je faisais des efforts. Je tentais d’établir un peu de conversation, bien que cela m’en coûtait, n’étant pas d’ordinaire trop loquace. Je m’efforçais de me montrer sympathique et avenant, comme pour me racheter de mon impolitesse quelques instants plus tôt. J’essayais également de plaisanter, et d’en dire un tant soit peu sur moi tout en évitant les sujets difficiles, un véritable petit exploit. Ceci dit, elle avait le choix. Soit elle pouvait me considérer comme le dernier des connard, et esquiver avec habileté chacune de mes questions, ce que j’aurais bien mérité, soit elle pouvait jouer le jeu et répondre…Sachant qu’en ce qui me concernait, le naturel revenait vite au galop.
Je m’étais rendu compte qu’aller voir la nouvelle était une idée absurde. J’ignorais totalement comment j’allais me présenter à elle, ou encore, ce que j’allais bien pouvoir faire ensuite. Le fait est que je ne suis absolument pas doué pour lier connaissance, encore moins pour maintenir une discussion durable, ne répondant habituellement que par monosyllabes. Je n’avais qu’à tomber sur une bavarde et je serais foutu. J’étais un cas en ce qui concernait les relations sociales, et là encore cette rencontre improvisée me ramenait à la dure et cruelle réalité. Comme tant d’autres, j’étais condamné à ne rester qu’un fantôme, inexistant aux yeux du monde. Le pire, c’est que je ne faisais rien pour sortir de cette condition, comme si au fond je m’y plaisais. Mon vécu faisait de moi quelqu’un, encore plus quand on savait qu’il avait été difficile. La drogue avait annihilé le peu de personnalité que j’avais acquis. Si autrefois je m’étais battu pour exister aux yeux d’un père insensible à mon sort, aujourd’hui je n’avais plus la foi de le faire. J’étais fatigué, lassé, et pourtant je n’avais que vingt ans. Dans ma tête, je me sentais beaucoup plus vieux, et j’avais le sentiment d’être passé à côté de beaucoup de choses. Comme si au fond la drogue et la dépravation avaient figé mon existence, entravant une possible évolution. J’avais l’impression d’avoir tout vécu, tout vu, tout entendu, j’étais désabusé, crevé, au bout du rouleau, avec la forte envie, parfois, de me trancher les veines pour quitter cette existence minable à laquelle je m’étais voué par moi-même. Si j’étais dans un stade aussi avancé dans la déchéance, c’était de mon simple fait. C’est de ma faute si cet individu aigre, sordide et prétentieux avait surgi, et pris le pas sur celui que j’avais été avant. Encore une fois, j’avais suffisamment été prétentieux pour croire que je pouvais venir en aide à la demoiselle, comme si un déchet humain était capable de jouer les guides touristiques. Quelle ironie.
« -Euh... Je... Oui. Je recherche le bureau des Admissions. Je dois rendre des papiers.Tu pourrais m'indiquer le chemin à prendre, s'il te plait? »
Je l’impressionnais, clairement. Le pire dans tout ça, c’est que je ne savais pas comment je devais le prendre, si je devais en être flatté ou au contraire désolé. Dans le fond, je n’étais pas méchant, même si tout laissait présager le contraire. Seulement, je ne voulais pas me défaire de cette armure qui m’enveloppait, c’était ma façon de me protéger du monde extérieur. J’espérais que de la sorte, ils ne puissent jamais m’atteindre. Mais une autre partie de moi souhaitait se montrer tel qu’il était vraiment. Je me suis toujours efforcé de me donner l’air d’un type dur à cuire, qui en avait bavé dans la vie. C’était plus ou moins le cas. Sauf que j’étais humain, et par conséquent, j’étais faible. Je ne pouvais pas résister indéfiniment à tout ce qui pouvait bien me tomber dessus, j’avais rapidement atteint mon point de rupture. Depuis, j’étais perdu, je ne savais pas où aller, ni même à qui me vouer. Je survivais dans un monde hostile, faisant partie de cette jeunesse définitivement bradée, à la limite de l’irrécupérable. Je souhaitais néanmoins prouver que je pouvais au moins être utile à quelqu’un, et faire ma bonne action de la journée. Je me rendis compte que j’étais en train de la dévisager, ce qui en soi n’était pas le comble de la politesse, bien au contraire. Mon regard se faisait perçant, scrutateur et curieux. Je finis par baisser les yeux, comme pour réparer mon erreur. D’un geste las, presque mécanique, je tirai une taffe sur ma cigarette, avant de me tourner vers elle, après un long silence qui sembla durer une éternité.
« Le bureau des admissions. OK. Je peux t’y accompagner si tu veux. Je connais le chemin, enfin je crois. Tu n’as qu’à me suivre, on devrait vite y être. »
Bordel, mec, c’est si dur que ça d’être sympa, pour une fois? À croire que si. Je n’avais pu m’empêcher de répondre sèchement, le ton clairement marqué par l’arrogance. Comme d’habitude, je me donnais l’air d’un type sûr de lui, un brin prétentieux. Le genre clairement inamical, qui ne donnait pas envie de se lier avec quelqu’un comme moi. Encore une fois, mon mécanisme de rejet automatique des gens s’était enclenché. Je regardai la nouvelle arrivante de nouveau, l’air impassible. Je finis ma deuxième clope, et j’allais tout naturellement enchaîner sur une troisième, quand je me dis que ce n’était pas raisonnable. Il ne me restait pas beaucoup de cigarettes dans mon paquet, et je devais tenir une bonne partie de la journée avec, à moins que j’arrive à en piquer à Mona sitôt rentré à l’appartement. Elle trouvait malgré tout que je fumais beaucoup trop, et m’incitait plus ou moins explicitement à arrêter. Elle refusait parfois de me filer ses clopes quand j’avais terminé les miennes, mais comme je pétais les plombs assez facilement lorsque j’en manquais, elle finissait par me les céder. Elle ne cautionnait pas pour autant, qu’on se le dise. Il s’écoula un long moment entre celui où nous nous étions mis en route, et celui où nous entrâmes dans l’un des bâtiments qui constituaient l’université. Je me décidai finalement à rompre le silence qui s’était installé, poussé par ma curiosité qui voulait en savoir davantage sur ma compagne du moment. J’ouvris la porte, pour la laisser passer.
« Alors comme ça tu viens d’où? Vu ton accent, tu n’es probablement pas anglaise. Moi, c’est Aldéric. Je suis chez les Wright, et j’en suis déjà à ma troisième année ici. Autant dire que ça remonte un brin. Par contre je suis un pur brittish, quoique j’ai probablement quelque part des origines néerlandaises, mais je ne saurais en jurer. »
Je faisais des efforts. Je tentais d’établir un peu de conversation, bien que cela m’en coûtait, n’étant pas d’ordinaire trop loquace. Je m’efforçais de me montrer sympathique et avenant, comme pour me racheter de mon impolitesse quelques instants plus tôt. J’essayais également de plaisanter, et d’en dire un tant soit peu sur moi tout en évitant les sujets difficiles, un véritable petit exploit. Ceci dit, elle avait le choix. Soit elle pouvait me considérer comme le dernier des connard, et esquiver avec habileté chacune de mes questions, ce que j’aurais bien mérité, soit elle pouvait jouer le jeu et répondre…Sachant qu’en ce qui me concernait, le naturel revenait vite au galop.
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